Incohérence ou cafouillages!
Depuis que l’opposition et les syndicats ont donné l’offensive en tenant marches et meetings pour dénoncer la flambée des prix et en mettant à nu l’incohérence de la politique sociale du gouvernement, le pouvoir semble se perdre les pédales. Après avoir dans un premier temps tenté de minimiser la portée de l’action engagée par ses adversaires, il mobilisa les partis de la majorité pour donner une réplique à la campagne de dénigrement orchestrée contre lui par la COD et certaines organisations de la société civile qui sont elles aussi montées au créneau pour dénoncer le laxisme des autorités face à la question de l’esclavage et de l’arbitraire.
Non content de la réponse apportée par la CPM , le pouvoir se hâte dans des décisions mal étudiées et qui ont tout d’un air du déjà vu frisant l’improvisation . C’est ainsi que le gouvernement sous les ordres du président Mohamed Ould Abdel Aziz a adopté une série de mesures allant dans le sens de la diminution des prix des denrées de première nécessité. Ce qui est en soi une bonne chose. Mais là où cette décision a pêché par excès de précipitation et par manque d’étude c’est qu’au lieu de procéder à une baisse des prix dans tous les marchés, le gouvernement s’est contenté d’ouvrir des boutiques témoins dont tous les mauritaniens notamment les couches moyennes et pauvres ont une mauvaise expérience. En effet ces boutiques coûtent non seulement beaucoup d’argent à l’Etat, mais elles sont gérées de façon anarchique et ne profitent qu’à ceux qui les gèrent. A la place de ces points de vente, il fallait plutôt subventionner les grossistes par des opérations de compensations sur les importations ou sur la baisse des taxes. Cette stratégie élémentaire voire simpliste est loin d’être perçue par les pouvoirs publics qui en croyant bien agir ne font qu’aggraver la situation. Les économistes ont montré les limites d’une telle décision qui relève plus de l’improvisation que d’une volonté cohérente et bien orientée. On est tenté de croire que si les forces de l’opposition n’avaient pas sonné le tocsin les autorités n’allaient pas réagir. Elles continueraient à soutenir que les prix dans nos marchés sont les plus bas au monde. Une astuce longtemps utilisée par les régimes précédents pour défendre l’indéfendable. Le pouvoir doit se ressaisir pour trouver des solutions plus adaptées et surtout plus profitables aux ménages. Le pouvoir d’achat des populations a tellement baissé qu’il convient de prendre des mesures draconiennes plus durables et dont les effets sur le niveau de vie des citoyens doivent être plus immédiats. Il ne sert à rien de jeter de l’argent public par les fenêtres en multipliant des boutiques témoins de toutes sortes de malversations. Les citoyens ne peuvent plus continuer à être sacrifiés à l’autel de la propagande démagogique et sans lendemain.
Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR