Yearly Archives: 2011
Libéralisation de l’audio-visuel oui, mais …
Le paysage audio-visuel est en passe de connaître des mutations profondes avec la promulgation et bientôt l’entrée en vigueur de la loi portant sur la libéralisation des outils de communication radiophonique et télévisuelle.Longtemps attendue, cette aubaine apportera ce qu’elle aura de meilleur ou de pire dans un environnement dominé par un monopole des médias audio-visuels par les organes publics.Si ce projet d’ouverture de l’audio-visuel se réalise, ce sera une bataille de gagnée par tous ceux qui des années durant réclament…
la pluralité et la diversité des opinions notamment dans le secteur audio-visuel. On ose dire que la dernière ligne droite est en train d’être franchie à l’issue des conclusions du séminaire qui s’est tenu hier mercredi 11 mai sur l’adoption des cahiers de charge des différents services audio-visuels publics, privés et associatifs. Sous la conduite d’un expert marocain, les travaux de ce séminaire seront décisifs pour la mise en place de l’arsenal juridique qui réglementera ces nouveaux organes. En tout état de cause, il s’agira de trouver à travers ces nouveaux créneaux une autre manière de produire une information libre et soignée au service du public. Le but doit s’orienter vers la promotion d’une presse orale et visuelle de qualité reflétant à la fois la diversité des points de vue mais aussi de l’émancipation des pensées. Oui pour des radios privées, communautaires, oui pour des télévisions libres mais à condition que l’image d’une Mauritanie plurielle apparaisse sous ses beaux jours non pas comme cela se présente dans les organes officiels qui sont loin de bâtir la Mauritanie sur des bases égalitaires et qui restent assujettis aux ordres de leur hiérarchie. Il faut que l’on évolue dans un nouvel environnement débarrassé d’archaïsmes et de velléité de dominer et d’exclure tous ceux qui sont différents du fait de leur appartenance ethnique leur singularité linguistique ou leur particularité culturelle. Nous avons longtemps été servis par le régime insipide des organes publics inféodés au système politique avec ses grilles de programmes disproportionnés par rapport à la diversité culturelle du pays, ses prestations médiocres et un gâchis énorme de temps et d’énergie d’émissions impopulaires et cacophoniques. Les radio et télévisions qui entreront en service sous peu de temps resteront elles aussi sans audience auprès du grand public tant qu’elles emboîteront le pas à leurs consoeurs officielles. Nous savons aussi le risque que peut conduire une radio ou une télévision sectaire et le danger que cela peut causer à l’unité nationale. Les conséquences qui découlent d’une utilisation irresponsable d’outils de communication ont fait des ravages irréparables ailleurs. Nous ne souhaitons pas que de tels médiums prennent leur essor dans un pays aussi fragile que le nôtre. Les cahiers de charge ont beau mettre des garde –fous mais il faut que les règles du jeu soient respectées par tous. Surtout que la raison politique et la puissance financière pourraient avoir raison sur les critères éthiques et déontologiques.
Cheikh Tidiane Dia –LE RENOVATEUR
Déclaration de PLEJ relatif à l´état civil
LE PLEJ rappelle, il dénonce, il propose et il met en garde. Qu’est ce qu’il rappelle ? Qu’est ce qu’il dénonce ? Qu’est ce qu’il propose ? Quelle est sa mise en garde ?D’abord qu’est ce qu’il rappelle ? Qu’il parle ou se taise, le PLEJ tient toujours à rappeler qu’il reste constant et cohérent dans sa position, dans ses principes et dans ses propositions. Il n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais un parti opportuniste qui change de position en fonction des intérêts de ses membres. Il faut que cela soit bien compris.
Le PLEJ : 20 ans durant, milite pour la Mauritanie de la Paix donc de la liberté, de l’Egalité de chances et de la Justice, pour la construction de la Mauritanie de la fraternité : cette Mauritanie reste à construire.
C’est dans la recherche de cette Mauritanie de la fraternité et donc de l’Egalité de chances et de la Justice que le PLEJ dénonce, propose et met en garde.
Qu’est ce qu’il dénonce ?
Il dénonce tout ce qui n’est pas de nature à donner à tous les mauritaniens une même Egalité de chances dans tous les domaines en général et dans celui de la politique relative à l’Etat civil en particulier. Il dénonce par conséquent, le manque de transparence, de clarté, d’égalité de chances et de justice à propos du recensement. Il dénonce en conséquence, toute tentative de séparer Peulhs et toucouleurs ; Peulhs et non Peulhs. Tous sont des Peulhs quelle que soit la diversité de leurs activités spécifiques : (Eleveurs, Agriculteurs, Pêcheurs ou Artisans…Etc).
Le PLEJ dénonce la sous-représentassion de la communauté Nédro-mauritanienne au niveau de la structure nationale chargée du recensement.
Qu’est ce qu’il propose ?
Il propose :
– Une plus grande sensibilisation autour de cette question de recensement.
– Une plus juste représentativité de toutes nos composantes sociales au niveau de toutes les structures chargées des opérations de recensement.
– Il propose beaucoup de vigilance pour que les noms des Négro-mauritaniens ne soient pas déformés comme ce fut le cas dans le passé.
– Il insiste pour que des mesures soient prises pour le recensement correct des mauritaniens se trouvant à l’Extérieur.
– Il insiste aussi sur le fait que c’est surtout pendant la période hivernale que les populations mauritaniennes ont plus de chances d’être chez-elles et donc d’être mieux recensées malgré l’enclavement.
– Il propose que des facilités soient accordées à tout mauritanien qui exprime la volonté d’être mauritanien surtout qu’il y a des mauritaniens qui ne possèdent aucune pièce d’Etat civil, ni pour eux ni pour leurs parents.
Et quelle est la mise en garde du PLEJ?
Le PLEJ met en garde contre toute politique d’exclusion envers tout mauritanien où qu’il se trouve, relative à l’établissement des pièces d’Etat civil ; politique qui a fait trop de mal à notre pays comme il en a fait ailleurs.
LE PLEJ mai 2011
Conviction politique dans un discours à l’assemblée
L’ouverture de la session ordinaire de la rentrée parlementaire a accouché de deux discours, l’un du président du Sénat, l’autre du vice-président de l’assemblée nationale.Le contenu n’a pas beaucoup varié sauf que l’intérimaire de Messaoud Ould Boulkheir s’est fendu d’un discours, dit-il reflétant ses « convictions personnelles » et qui du coup a donné de la curiosité à une certaine opinion publique avide de lire entre les lignes.A défaut d’être trop originale, la prestation a au moins eu le mérite de rester dans le flou.
Et c’est là que réside son originalité. Le message véhicule des principes comme l’unité nationale à travers “(…) un dialogue sincère et responsable entre tous les acteurs politiques à condition que l’intérêt national prime sur toutes les autres considérations. Questions : c’est quoi un dialogue sincère Monsieur le député et qui refuse ce dialogue ? Sur quoi pensez –vous qu’il faut fonder l’unité nationale ? Etes vous au moins convaincu que des bavures graves ont été commises et que des responsables de tels crimes se la coulent douce dans ce bas monde en attendant l’ultime vérité. Etes –vous convaincu alors que l’unité nationale passe à travers le règlement de ces questions. La conviction personnelle doit aussi tenir compte des réalités et nécessite de pointer le doigt sur les vrais problèmes. C’est en ce moment et en ce moment seulement que non seulement vous allez être en accord avec vos convictions mais aussi convaincre l’opinion à laquelle ce discours est, en principe destinée ! Merci d’être un homme de conviction et il en manque beaucoup par les temps qui courent …
Amadou Diaara-LE RÉNOVATEUR
Apostrophe : On est où, là? Par Ahmed Ould Cheikh
Plusieurs sites d’informations ont fait état, la semaine dernière, d’une information extrêmement grave: le directeur du Bureau d’Etudes et de Documentation (BED), le contre-espionnage, est entré en négociation avec certains responsables du syndicat de la Santé, pour tenter de trouver une issue à la crise qui paralyse ce secteur. Au-delà du fait que ce général a mis son nez dans une affaire à laquelle il est totalement étranger, l’info nous rappelle une triste réalité: le pouvoir militaire est, bel et bien, encore là. A tel point que les ministres, pourtant censés gérer ce genre de situation, se retrouvent dépouillés de leurs prérogatives, au profit d’un képi étoilé.
Il y a quelques semaines, le chef d’état-major de l’Armée nationale est parti en tournée, dans le nord du pays, avec le ministre de l’Intérieur, pour expliquer, aux populations de ces régions, que le pays va bien. Une façon de couper l’herbe sous les pieds des détracteurs de notre guide bien-aimé. Comme si des paroles en l’air pouvaient suffire à calmer des ventres affamés. Oui, oui, on l’a bien compris: le pays, pour paraphraser Clémenceau, est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des civils.
De quel pays parle-t-on?
Une équipe d’experts du Fonds Monétaire International (FMI), venue évaluer, quinze jours durant, la situation économique du pays, a tenu un point de presse, la semaine dernière, en présence du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque centrale. «Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) réel», a déclaré son chef de la mission, Amine Mati, «s’est chiffré à 5,2%, en 2010, grâce à l’affermissement de la demande extérieure et à la reprise de l’activité dans les secteurs non extractifs». Monsieur Mati a affirmé, en outre, que, pour la même période, «le taux d’inflation a été contenu à 6,1%, malgré la hausse des cours des matières premières, énergie et produits alimentaires notamment. […] La bonne tenue des exportations du secteur minier – fer, or et cuivre – a contribué à l’amélioration du solde courant de la balance des paiements et à consolider le stock des réserves de change qui a atteint 287 millions de dollars, soit l’équivalent de 2,1 mois d’importations».
«Nous avons réussi à rétablir les grands équilibres de l’économie et sommes engagés, en 2011, à stabiliser la croissance à 5,3%, l’inflation à 7%, en dépit des chocs exogènes, tout en poursuivant l’exécution de nos chantiers de réformes économiques et financiers», a indiqué, de son côté, le gouverneur de la Banque centrale, Sid’Ahmed Ould Raïss.
Les deux hommes ont juste oublié de préciser de quel pays parlaient-ils. De la Mauritanie, de la Chine ou de la Suisse?
Une pique acérée d’Ould Hamza
A l’occasion de la cérémonie de la signature du jumelage entre les capitales sénégalaise et mauritanienne, le président de la Communauté urbaine de Nouakchott, Ahmed Ould Hamza, a reçu une forte délégation de ce pays frère. Outre le maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, la délégation comprenait trois ministres, dont deux d’Etat. A la grande surprise des observateurs, aucun membre de notre gouvernement n’a fait le déplacement, pour accueillir ces hôtes de marque ou assister à la signature de l’acte. On savait que les relations entre Ould Abdel Aziz et Ould Hamza, étaient loin d’être au beau fixe mais de là à ordonner le boycott, pur et simple, d’une délégation d’une telle importance, parce qu’elle se déplaçait pour un maire de l’opposition, il n’y a qu’un pas que celui qui devait être le président de tous a allègrement franchi.
Pourtant, le maire de Dakar appartient à l’opposition socialiste. Mais cela n’a pas empêché trois ministres du gouvernement libéral de l’accompagner. Ould Hamza louera, d’ailleurs, l’ouverture d’esprit et la vision du président Wade. Une pique bien acérée, décochée à bout portant, que chacun a appréciée à sa façon.
AOC -LE CALAME
Une hypothèse qui n´est plus à exclure : Et si le Général Ould Abdel Aziz s´auto-proclamait empereur ?
A l’époque d’Ahmed Ould M’Hamed, émir de l’Adrar, la flagornerie était une asymptote du système féodal-vassalique. Sous la république azizienne, cette entorse à l’éthique est en passe de devenir une gangrène. Pourtant, les peuples, même sans défense ni droit, à la différence du temps de la «seïba», ont toujours voulu s’émanciper de la pression, «protectrice» mais combien étouffante, de leurs suzerains. L’insurrection, certes éphémère des Teizegués d’Atar, à l’égard de l’émirat des Oulad Amonni, nonobstant son aspect bouffon-humoristique, véhiculée par la légende populaire, était-elle un pas vers l’auto-détermination? Les Teizegués, lassés de payer une dîme autant excessive qu’avilissante, à leurs yeux, décidèrent de se rendre, un matin, à la cour émirale, afin de donner un «coup d’arrêt» à leur vassalité. La «sorba» attendit que l’émir Ahmed Ould M’Hamed, encore endormi, se réveillât. Et lorsque le «pur-sang» arabe, justement comme un cheval sentant son écurie, se mit à s’étirer et se tourna vers les Teizegués, pour s’enquérir de leurs doléances, les «insurgés», pris de panique, chantonnèrent, d’une seule et même voix: «Votre Altesse, émir de l’Adrar, nous sommes venus vous offrir le double de la dîme». Sans doute la mine répulsive, désinvolte et altière, couplée à la carrure de fantassin turc du prince arabe, selon les chroniqueurs, auront eu raison de la témérité des résidents de Kenewal (camp de Noël). A supposer que cette «tare morphologique» qu’est la laideur d’un guerrier eût contribué, également, dans les deux Hodhs, à raffermir le système feudataire des princes Sidi Ould Hanené, de Bassiknou, et Ethmane Ould Bakar, chef traditionnel des Oulad Nacer, d’Aïoun El Atrouss, il n’en sera, donc, pas de même pour notre général-président, beau comme le mythique Narcisse. Qu’importe car l’anecdote des Teizegués sévit, encore de nos jours, sous une autre enseigne et de manière aberrante. Les tributaires, loin d’être, cette fois, des personnes peu éduquées ou sans défense, sont, plutôt, des universitaires, d’éminents érudits de père en fils, des officiers supérieurs «républicains», fils de «grandes tentes», plus rarement de grandes cases.
Du temps de Maaouya, ne lui avait-on pas offert le Saint Coran, en guise de «modeste présent», pour son «auguste personne»? Ne l’a-t-on pas «menacé» de poursuites judiciaires, pour non-assistance à peuple en danger, s’il ne venait pas à se représenter à l’élection présidentielle, encore et encore? Où est Maaouya, aujourd’hui? Et où sont ceux et leurs semblables qui tenaient ces propos enchanteurs? Personnellement, il m’a suffi de critiquer le général Ould Abdel Aziz, un droit que me confère la Constitution, pour me voir mis au ban de la société des laudateurs. Quand vos vieilles connaissances, vos proches ont peur de vous prendre au téléphone, il y a lieu de s’interroger. Que craignent ces directeurs de départements, ses officiers médecins ayant tenu le serment d’Hippocrate donc contraints de soigner même un ennemi, ces intellectuels «compradores”? S’ils croient tenir leur subsistance du général Aziz, qu’ils cessent de faire leurs prières quotidiennes pour mieux aduler le lion de l’Inchiri. A supposer que ces officiers aient peur réellement du général-président en ami, qu’adviendra-t-il pour ces matamores face à l’ennemi?
Car les mécanismes psycho-physiologiques qui engendrent la peur chez l’homme ne sont point discriminatoires. La peur de se voir couper les vivres, de quitter un poste “juteux” ou de mourir face à un ennemi ont le même dénominateur commun. On peut comprendre que des “niais du parterre» puissent être tentés de s’approprier la logomachie de l’écurie azizienne tenant pour l’instant le haut du pavé. Que des fonctionnaires de l’Etat, concept eternel et transcendantal, de professions libérales, que des officiers auxquels on a inculqué le sens de l’honneur, et que rien n’oblige à entretenir la doxologie, veuillent s’ériger en thuriféraires du régime, il y a de s’inquiéter. Qu’il est loin ce jour où ces mêmes personnes sollicitaient mon concours afin de juguler un litige entre elles et le capitaine, le commandant, le colonel Aziz. Ce dernier, même s’il n’est nanti que du BEPC, sait lire néanmoins entre les lignes. Lorsqu’Aziz était en disgrâce de Maaouya, surtout de 1994 à 2000, tout le monde le fuyait comme la peste. En dehors de son beau-frère Smail Ould Melainine, se calfeutrant au fond du salon et du soutien matériel de Ghazwani alors commandant le BB, destiné à financer les périmètres agricoles à Rosso, rares étaient les visiteurs. Aziz, qui rongeait son frein, étant adjoint opérationnel à la 6ème région militaire, s’était adonné à la pratique sportive afin de mieux purger son désœuvrement. Si Aziz méprise tant les mauritaniens, c’est parce qu’il les a vus du temps de Maaouya se comporter indignement. Personnellement, j’ai vu de mes propres yeux des officiers après 2005, plus anciens qu’Aziz se mettre au garde à vous pour lui; d’anciens présidents de la République tenus d’attendre à la salle d’audience (souvent fait exprès) pour mieux les dompter. C’est ainsi que les flagorneurs ouvrent des boulevards propices à la dérive dictatoriale. Il suffit d’être un homme médiocre, refusant le progrès à son peuple pour s’y engouffrer. Et de cette allégeance qui ne dit pas son nom peut germer la tentation de vouloir un jour s’éterniser au pouvoir en s’autoproclamant premier empereur de Mauritanie.
Déchéance morale et sociétale
Les Romains traitaient d’imperator les généraux victorieux, tout en leur vouant un culte digne de leur rang. Ces héros le méritaient bien, d’ailleurs, récoltant leurs premiers lauriers sur le champ de bataille. En Mauritanie, les officiers, plus souvent tentés par la gloriole – vieille dialectique des noblesses de robe et d’épée – ne franchissent jamais le périmètre du Palais ocre. Mais il y a des signes précurseurs qui ne trompent pas. Quand une atmosphère délétère s’improvise, à l’orée d’un mandat, lui-même à la légitimité tronquée, il n’est jamais trop tôt, pour dénoncer la déchéance morale ou sociétale, ni trop tard, pour prôner une alternative crédible et durable. Le grand théoricien du matérialisme, Karl Marx, dont certaines idées, comme la lutte des classes et la notion de propriété privée, sont, encore, d’actualité, disait : «les hommes font leur propre histoire. Ils ne la font pas arbitrairement mais à partir de circonstances héritées du passé». Que ce passé soit glorieux, pour les uns, ou amphigourique, pour les autres, il demeure le sanctuaire et le seul tremplin, pour bâtir le présent, qui sera, lui-même, demain notre futur. L’avenir nous appartient et à nous de le confectionner, à notre profit, vers des lendemains propices aux aspirations de bien-être et de progrès pour tous. Il arrive que des hommes sans scrupules, poussés par un élan égocentrique sans doute lié aux circonstances de leur enfance, veuillent se singulariser, par des comportements anachroniques, en s’obstinant à gripper, coûte que coûte, la roue de l’Histoire. Jean Bedel Bokassa, sous-officier issu de la coloniale et autoproclamé empereur de Centrafrique, ou le voyou Ben Ali de Tunisie, trompant son peuple 23 ans durant, pourront-ils faire des émules, désormais, dans notre sous-région? En Mauritanie, l’idiosyncrasie du général-président, synonyme d’autorité cassante – donc humiliante – mélangée à la passivité de ses administrés, la complicité des intellectuels du «carpe diem», la frilosité des hommes politiques aux abois, l’indifférence des syndicats, etc., constitue-t-elle, avec celles-ci, des ingrédients propices à l’unanimisme décadent?
Napoléon Bonaparte auquel le président veut, manifestement, ressembler, disait qu’«en politique, une absurdité n’est pas un obstacle». Cette antithèse, émanant d’un génie pas seulement militaire, capable de transcender une erreur d’appréciation ou un échec en succès, ne saurait être le domaine de prédilection du locataire du Palais ocre. Quand bien même le génie de l’Inchiri a, à son actif, la fondation du BASEP. C’est ce bataillon ou épée de Damoclès sans laquelle Ould Abdel Aziz ne saurait, probablement pas, exister, dans son ostensible dimension actuelle, qui régule les pressions et dépressions du microcosme sociopolitique du pays du million de poètes. Sanctuaire d’aberrations, pour les uns, alibi d’impériosité, pour les autres, le BASEP, qui occupe plusieurs hectares en centre-ville, rappelant le triste souvenir des dictatures latino-américaines des années 80, est le symbole même de la négation de la démocratie. La Garde présidentielle, lors de l’inauguration de la «défunte» compagnie Mauritania Airlines, n’a-t-elle humilié le numéro un du Sénat, Ba M’Baré? Ce camouflet, loin d’être un cas isolé, s’inscrit dans la logique d’une doctrine inhérente au caractère du général-président, visant à marginaliser, voire clochardiser, les hommes politiques, qu’ils soient avec ou contre lui. Cependant, ceux qui le défient, de manière frontale, ont plus de chance de survivre que ceux qui baissent la garde, aspirant à quelques subsides qui, d’ailleurs, ne viendront jamais au rendez-vous. Une artiste, amie commune, m’a dit, un jour, qu’Ould Abdel Aziz n’ouvre la main qu’une fois endormi. En ce cas, pourquoi Ba M’Baré n’a-t-il pas démissionné? Où est passée la fierté peulhe? Heureusement, pour moi, que j’ai connu d’autres Peulhs, imbus de cette valeur mais sous d’autres cieux. Lorsque le commandant Saleh Ould Hanené m’a informé, un jour, de son intention de rejoindre la majorité présidentielle, «c’est à tes risques et périls», lui répondis-je. Saleh est le prototype de «l’individu détesté», par le général-président. N’a–il pas voulu s’arroger des prérogatives, lui, le «petit commandant arabisant», en fomentant un coup d’Etat? Et, d’ailleurs, pourquoi le 8 juin 2003 est-il advenu avant le 3 août 2005? Pour le «lion de l’Inchiri», il n’y a qu’un seul «homme», lui-même. Dans la politique d’humiliation des Mauritaniens, toutes tendances confondues, le général orchestre des dols dignes de Machiavel. Le récent report des sénatoriales, surtout dans la moughataa de Kobenni et la désignation, par l’UPR, d’un chérif de Tenwajiw, afin de contrer le candidat soutenu par le chérif de Nioro du Sahel, Mouhamedou Ould Cheikh Hamahoullah, en est l’illustration.
Atmosphère vindicative
L’administration coloniale française, sous le vichyssois régime pro-allemand de 1940, avait tenté de manipuler certaines entités, de part et d’autre des frontières Mali-Mauritanie, afin de contrecarrer l’influence, grandissante, de Cheikh Hamahoullah qui entretenait une résistance, pacifique mais tenace, à l’occupant. Ould Abdel Aziz ne connaît pas l’histoire des deux Hodhs, jadis administrés à partir du Soudan français. Mal conseillé, au plan sociologique, il risque de rouvrir des plaies à peine cicatrisées, entre les voies Qadriya et Tijania. Certains des disciples de Hamahoullah qui n’avait, certainement pas, donné de consignes en ce sens, procédèrent à un massacre contre les Oulad Boum’Hamed des Tenwajiw, à Oum Chgag, plus tard aidés par les Oulad M’Barek, leurs traditionnels alliés (1940/1941). Les maudites sénatoriales, si leurs stupides machinations sont attisées, risquent de soulever les vieux démons de la conspiration coloniale.
Avide de notoriété, le général fils d’Abdel Aziz, dont l’acharnement à usurper le prénom de son père, sinon l’incapacité à imposer le sien, voire sa hantise à l’assumer, est, en soi, un signe révélateur de son obsession, a toujours voulu engranger l’aura des célébrités, spirituelle ou politique, locale ou internationale, à son seul profit. Ainsi, en juillet 2010, à Aïoun El Atrouss, pour donner une dimension sous-régionale à la visite présidentielle, Mouhamedou Ould Cheikhné a quitté Nioro, rien que pour le rencontrer. Cette entrevue ne fera que fortifier Ould Abdel Aziz dans sa tendance à la mégalomanie. Mais, en héritier nanti d’un pouvoir spirituel dont l’influence s’étend de Tlemcen, en Algérie, jusqu’à Adzopé, en Côte d’Ivoire, Mouhamedou n’a nullement besoin des services d’une «écurie» temporelle et donc temporaire, pour raffermir sa réalité empirique. L’exercice du pouvoir actuel rêvait une atmosphère vindicative, sans doute liée à l’histoire intrinsèque du protagoniste. Faudra-t-il recourir, pour les futurs prétendants à la magistrature suprême, à un test de psychanalyse des profondeurs? Voilà un officier qui a soulevé beaucoup d’espoir, depuis le 3 août 2005, mais dont l’égocentrisme indécrottable a pris de court tout un peuple. Ceux qui ont vu naître le pays, en 1960, éprouvent un sentiment de déréliction, tant les chantiers auront été galvaudés, surtout depuis la Transition. Mais, à quelque chose, malheur est bon. C’est le jusqu’auboutisme de Georges Bush qui a ouvert un boulevard à l’ascension d’un Noir, issu de la minorité, à la fonction présidentielle américaine. L’Amérique, dont le credo était d’élire un WASP (White Anglo-Saxon and Protestant), a été traumatisée par la politique manichéenne et, de surcroît, calamiteuse au plan économique, de Bush. Notre pays est en phase d’atteindre un point de non-retour. Il faut se préparer au pire, c’est à dire au premier Empire mauritanien du 21ème siècle. Ce constat de déchéance et d’injustice, envers le brave peuple mauritanien, me rappelle l’attitude, stoïque, d’un soldat qui servit à Bir Moghreïn. Après plus de deux décennies de loyaux services dans l’Armée nationale, le grade de caporal fut octroyé au 2ème classe Ould Kleib. Face à cette distinction pour le moins tardive, Ould Kleib n’a trouvé plus prompt que d’épingler le grade sur sa fesse gauche. C’était là-bas sa place, eu égard à son retard. Le geste d’Ould Kleib, au-delà de son aspect humoristique, propre au milieu socioculturel des Ould Akchar, contient un enseignement philosophique. Un militaire du rang, connaissant sa mission face à l’ennemi, vaut mieux qu’un général distillant les opérations, à partir d’une salle de cartes. En réalité, les militaires ne sont pas formés pour faire de la politique. En général, les puissances mondiales, surtout occidentales, profitent de leur candeur, de leur constriction à la démocratie, pour les asservir. L’inauguration, par le général Ould Abdel Aziz, de la nouvelle compagnie aérienne augure d’une volonté de voyager aussi longtemps que possible. Le général Ould Abdel Aziz a, jusque là, su plier son sort à son destin, en arrivant à Kaédi, le 24 avril 2011, dans un Boeing. Qu’il est loin ce mois d’avril 1981 – presque 30 ans, jour pour jour! – où le sous-lieutenant se préparait à partir en Permission de Courte Durée (PCD) à Nouakchott! Mais, cette fois, à bord d’une 404 berline bleu-ciel, achetée au brigadier de police, feu Boudah, de Monguel. Quelle revanche sur l’histoire! Et, pourtant, on peut faire mieux, pour son peuple, que de se prendre, Narcisse, dans un miroir, pour ce qu’on ne pourra jamais être. Car même la chouette de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit. La nuit, justement bonne conseillère, comme dit le dicton? En attendant le sacre, dérisoire…
Ely Ould Krombelé-LE CALAME