Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 24/06/2017

Mauritanie : selon un rapport de l’ONU, les trois quarts du pays vivent dans une extrême pauvreté

Mauritanie : selon un rapport de l’ONU, les trois quarts du pays vivent dans une extrême pauvreté Jeune Afrique – Un rapport de l’ONU pointe l’extrême pauvreté dans laquelle vivent les trois quarts de la population et l’exclusion qui frappe les Haratines. Mais les cercles du pouvoir persistent dans le déni…

C’est un rapport sévère que présentera à la 35e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (6-23 juin) Philip Alston, rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté en Mauritanie, où il a effectué une mission du 2 au 11 mai 2016.

Les conclusions qu’il en a tirées ne sont pas réjouissantes, constatant que « si la Mauritanie avait réalisé des progrès notables dans la lutte contre la pauvreté ces dernières années », les trois quarts de la population vivent « dans un état de pauvreté multidimensionnelle ou dans un état proche ». Outre l’insuffisance de leurs revenus, ils affrontent des difficultés multiples.

Revenus

Selon une enquête gouvernementale de 2014, la pauvreté (revenu d’un ménage inférieur à 1,34 dollar par jour) a été ramenée de 42 % en 2008 à 31 % cette année-là ; 74 % des pauvres vivent dans les zones rurales. Le taux de pauvreté des ménages grimpe à 59,6 % quand le chef de famille est agriculteur.

Accès à l’eau

« Dans les zones rurales où le rapporteur spécial s’est rendu, il constituait un problème majeur et persistant » : niveau des puits très bas contraignant les villageois à faire de longues queues, sources à des kilomètres du village, points d’eau partagés souvent à sec et hors de prix (504 dollars par an, soit plus que le seuil de pauvreté national, fixé à 474 dollars).

Alimentation

« Selon le Programme alimentaire mondial, le pays serait en proie à une insécurité alimentaire chronique et à une forte prévalence de la malnutrition » : d’après l’enquête de suivi de la sécurité alimentaire réalisée en juillet 2015, 26,8 % des ménages étaient confrontés à une insécurité alimentaire durant la période de soudure.

En zone rurale, ce taux montait à 34,7 %. Les wilayas de Hodh el-Charghi, Assaba, Gorgol, Brakna, Tagant et Guidimagha affichent des taux de malnutrition aiguë supérieurs au seuil d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Éducation

« Sur le plan international, la Mauritanie se situe dans la moitié inférieure des pays en ce qui concerne les dépenses consacrées à l’éducation en pourcentage du PIB. » Le taux de scolarisation dans le primaire était de 81,1 % en 2014-2015 et de 26 % dans le secondaire. La même année, seulement 380 écoles primaires sur 4 430 disposaient de l’électricité.

Santé

« Les difficultés pour accéder aux installations de santé ont été citées à maintes reprises parmi les préoccupations majeures », notamment en zone rurale : dispensaire très éloigné ou fermé et personnel de santé rare font que « le taux de mortalité maternelle est parmi les plus élevés du monde : d’après le recensement de 2013, il s’élève à 582 décès pour 100 000 naissances vivantes ». Le taux – « accablant » – de mortalité en 2015 chez les enfants de moins de 5 ans est de 84,7 décès pour 1 000 naissances, alors que le plan d’action 2010-2015 prévoyait 45 pour 1 000.

Exclusion sociale

Philip Alston analyse ensuite l’exclusion qui frappe les Haratines (Maures noirs descendants d’esclaves) et les Afro-Mauritaniens (Peuls, Soninkés, Wolofs). Alors qu’ils représentent plus des deux tiers de la population, ces deux groupes « sont systématiquement absents des postes de responsabilité et constamment exclus de nombreux aspects de la vie économique et sociale », écrit-il.

Il s’appuie sur un rapport de 2014 d’après lequel « seulement 5 des 95 sièges à l’Assemblée nationale étaient occupés par des Haratines et un seul sénateur sur 56 appartenait à ce groupe. De plus, seulement 2 des 13 gouverneurs régionaux et 3 des 53 préfets régionaux sont haratines ». Les proportions sont comparables chez les officiers de l’armée et les gradés de la police. La domination des Beydanes (Maures blancs) est écrasante.

Le rapporteur écrit que « les responsables gouvernementaux n’ont cessé [de lui] répéter qu’il n’existait pas de discrimination en Mauritanie » et de prétendre que « les statistiques citées plus haut n’avaient pas un caractère scientifique, mais sans en proposer d’autres ». Il en conclut que « le fait de nier l’importance que revêtent les origines ethniques et d’affirmer que tous les citoyens sont traités sur un pied d’égalité, en ne faisant aucun effort pour cibler spécifiquement les groupes désavantagés, permet de maintenir en place le système actuel ».

Trois facteurs perpétuent cette exclusion : la langue, le régime foncier et l’état civil. La langue officielle est l’arabe, que de nombreux Mauritaniens ne parlent pas. Ils ne comprennent donc aucune communication officielle et, souligne Philip Alston, « il n’est pas difficile de déterminer qui profite et qui pâtit d’une telle politique ».

Des situations inextricables

Ensuite, l’abolition du régime foncier traditionnel en 1983 associée à l’expulsion en 1990 vers le Sénégal de 50 000 Afro-Mauritaniens de la vallée du fleuve Sénégal puis à leur retour progressif ont créé des situations inextricables. Sans titre de propriété ni pièce d’identité, ils ne peuvent obtenir de prêts pour les semences et les engrais et sont souvent menacés d’éviction sans indemnisation par des propriétaires beydanes ou de grands groupes du Golfe.

Enfin, « les Haratines et les Afro-Mauritaniens constituent l’écrasante majorité de ceux qui n’ont pas pu obtenir une carte d’identité nationale, sans laquelle on ne peut pas faire grand-chose en Mauritanie », insiste le rapporteur. Sans carte d’identité, pas d’école après le primaire, pas de droit de vote, pas de droit de propriété, pas d’aides publiques.

« De nombreuses démarches administratives ont été introduites en droit et dans la pratique, ce qui a pour effet de dissuader un grand nombre de demandeurs, essentiellement des Haratines et des Afro-Mauritaniens », ajoute-t‑il.

En conclusion, Philip Alston préconise que, préalablement à toute stratégie de lutte contre la pauvreté, le pays se dote d’une base de données de recensement « qui reconnaisse l’appartenance ethnique ». Cette stratégie suppose aussi des « consultations approfondies et authentiques avec un large éventail de la société civile », dont le pouvoir a trop tendance à se méfier.

Enfin, il propose d’organiser « un dialogue national sur les questions foncières » qui donnerait à toutes les personnes concernées la possibilité de dire leurs difficultés. Ce dialogue devrait déboucher sur « une importante révision du cadre juridique du régime de la propriété foncière ».

Ce rapport est-il antigouvernemental, comme l’ont affirmé des ONG proches des autorités ? Non, ce qu’il met en lumière, c’est le déni des cercles du pouvoir, qui ne veulent pas voir les vraies causes de la grave pauvreté qui persiste dans leur pays, parce qu’il leur faudrait reconnaître que leur jeune nation est multiethnique.

Par Alain Faujas

 jeune afrique

FLAMNET- RETRO : Message aux parlementaires européens…

altSi j’avais à parler aux parlementaires européens en visite chez nous voilà ce que je leur dirais :

‘’ La Mauritanie fait face à plusieurs défis . Le défi de la pauvreté , celui de la bonne gouvernance , de la montée de l’islamisme radical-extrémisme réligieux-, de la sécurité .Mais le plus crucial et le plus explosif  défi entre tous demeure celui de l’Unité nationale -ou de la cohabitation- résultat de l’exacerbation de la discrimination qui frappe les populations non arabes , doublée de  la question haratine ( l’esclavage) ‘’ .

Derrière le calme apparent des populations noires victimes  de toute sorte de discriminations, couve une explosion ; il  suffit d’une étincelle ! comme pour le mal,’’ dans une période d’incubation avant l’éclatement de la fièvre’’ . Ces populations  supportent de plus en plus mal  l’exclusion systématique  qu’elles vivent au quotidien  dans tous les secteurs de la vie publique . Une Armée nationale mono-ethnique,  une Police nationale mono-ethnique pour sécuriser  l’ordre inique existant . Des grandes Ecoles spéciales  telle l’école de médicine , l’école polytechnique , l’école des mines , l’école de la magistrature et de la haute Administration , l’école des officiers, l’école aéro-navale, le Prytanée militaire,  quasiment mono-ethniques . Exclues de  l’Administration , des  médias , de  la justice , totalement effacées du secteur économique, voilà que ces populations  voient leurs terres de culture actuellement   menacées. Un enrôlement biométrique vexatoire , conçu pour les déposséder de leur nationalité,  fait beaucoup de  victimes , dont  maintenant des  élèves  et étudiants négro-africains contraints  par l’Administration scolaire d’abandonner l’école ,  empêchés  de passer  examens et concours  parce qu’ils  n’ont  pu se faire enrôler ; des mères , fraîchement accouchées, sont tenues de faire le rang sous le soleil pour enrôler le  nouveau-né dans les bras !

 Enrôlement exécuté par des commissions, techniques et de supervision, mono-ethniques  chargées de recenser une population pluriethnique !!!  Présentement plus des 8o centres  d’enrôlement dans la vallée du fleuve sont fermés sous de faux prétextes  et ceux qui restent  ouverts rivalisent d’ardeur en tracasseries …

Les populations  qui avaient été déportées au Sénégal  en 1989  (120.000 dont 12.000 encore au Mali ) ont été, en partie, rapatriées   mais sans pouvoir recouvrer  leur nationalité,  ni retrouver  leurs terres de culture  ou leurs villages d’origine, pour la majorité . S’y ajoute un passif  humanitaire que le gouvernement refuse de solder correctement, que résument et la question des refugiés rentrés  et celle des  purges ethniques opérées  au sein des  forces  armées et de sécurité, à travers des centaines d’exécutions extra-judiciaires  dont le point culminant  fut la pendaison de  28  soldats et officiers négro-africains  un  28 novembre 1990 , en guise de célébration de notre  accès  à la souveraineté interne en 1960 .  Aussi  nos gouvernants  et certains de nos compatriotes veulent que nous célébrions  ensemble dans la joie  cette date devenue pour  nous  autres  une date-symbole du  jour de deuil…

Le colonialisme Français , pour constituer la Mauritanie , a assemblé deux aires culturelles distinctes , deux peuples aux traditions et habitudes mentales différentes , deux entités politiques historiques avec chacune son  organisation politique et sociale propre . Mais les régimes arabo-berbères , presque sans exception, et celui du Président ould Abdel Aziz en particulier , semblent oublier ou veulent méconnaître cette réalité  historique en  s’évertuant  à  gommer l’autre personnalité du pays  pour en faire , à marche forcée , un pays exclusivement ‘’arabe’’…au mépris de l’identité  factuelle de sa diversité . Cette  situation, grave,  interpelle  la classe politique  et intellectuelle arabo-berbère , l’élite en somme- qui doit  sentir, si  elle est capable de  prendre  le pouls du pays , cette  tension  maximale perceptible actuelle. Voilà pourquoi , en son sein, un débat  interne  sur la question du vivre-ensemble s’impose. Oui ou non voulons-nous vivre ensemble, partager un même devenir dans  l’égale dignité ? Cette question lancinante doit être tranchée !  Ce débat  interne constitue  l’urgence du moment.

 

La montée de l’Islamisme radical, autre défi …

Depuis l’avènement du régime actuel on observe dans les médias des discours à tonalité religieuse de caractère violent , intolérant ; dans les mosquées qui poussent tous les cent (100) mètres  on entend des prêches faisant le lit  du salafisme . Des associations  ‘’d’amis du Prophète’’ surgissent , des marches appelant à l’exécution de ould  Mkheitir- le bloggueur- se multiplient , des menaces  ouvertes  de l’assassiner  sont proférées , proférées également à l’endroit de  son avocat  … Le port du niqab se répand  à toute  vitesse dans un territoire devenu  un refuge pour les éléments du Mujao , Ansardine et consort . Une sorte de terrorisme intellectuel de ces islamistes  s’installe, les penseurs libres sont harcelés , pris de peur . En exemple,  mint el Moctar  et  plus récemment  l’activiste mint Brahim sont  attaquées  ouvertement , tout cela au su et au vu des pouvoirs publics qui laissent faire …Tout comme ces intellectuels qui observent sans rien dire et qui finiront  sûrement par s’y brûler pourtant !

En fait la lutte contre le terrorisme est plus proche du faire-semblant que de la réalité . Si en surface ce régime déclare lutter contre le terrorisme , dans les faits  il semble  plutôt flirter  avec ceux qui  le nourrissent ….

Le 3e mandat    autre point explosif

Le Président Abdel Aziz malgré ses déclarations publiques ne donne pas l’impression d’avoir totalement renoncé à briguer le 3e mandat . Il avait procédé par ballons d’essai , puis tenté d’y pousser à travers le dialogue national de septembre 2017 dont les résolutions essentielles ont été dévoyées , entre autres  l’officialisation des langues nationales – point de consensus avéré -. Il chercherait actuellement à négocier ce 3e mandat par l’achat de consciences de certains élus et de quelques leaders de partis politiques  .  Or le 3e mandat constitue pour l’opposition arabo-berbère une ligne rouge à ne pas franchir. Ce serait donc, après la question négro–africaine, le point de rupture dominant, la source potentielle de turbulences  et d’instabilité certaine …

Diplomatie ambigüe, tâtonnante

Une diplomatie ambivalente, suffisante  et pleine de maladresses , qui se veut  participative aux missions de maintien de la paix ( Centrafique , Côte d’Ivoire ) mais entretient un climat de  suspicion et de  tension avec ses voisins immédiats . Avec le Mali il y a un déficit de confiance –à juste raison ;  déficit  de  confiance  également  avec le  Maroc , tension larvée permanente avec le Sénégal, sciemment entretenue, problème de leadership avec l’Algérie que traduit  une relation du ‘’ je t’aime moi non plus’’ …

Obstacles à l’érection d’un Etat  de  droit

Ce régime ne respecte pas les libertés fondamentales. Le Président Ould Abdel Aziz n’arrive pas à se départir des réflexes du général qui éprouve un mépris souverain pour le Droit  et la loi qu’il tourne en dérision. Avec une posture du genre  ‘’la loi c’est moi et seulement moi’’ ,  il ne peut émerger un Etat de droit’’!Les généraux et les libertés font rarement bon ménage, c’est connu . Chaque jour  nous assistons  à  une restriction croissante des libertés. Les libertés d’association , de manifestation  et même de réunion dans des hôtels et domiciles  privés sont empêchées ; une des premières victimes a été  le parti  FPC . Les récentes lois sur la cyber-criminalité s’inscrivent dans ce sillage .  Des associations monoethniques de tir à la cible – milices déguisées- prolifèrent sous la bénédiction du pouvoir …Des opposants sont embastillés sans raison objective, comme les  militants de l’IRA, dernièrement . Pour jouir de  ces droits – pourtant garantis par la constitution- il faut faire allégeance  au  régime, tout  comme pour être reconnu officiellement en tant que parti politique.

Mon parti politique- les Fpc – paie pour son indépendance. Après 23 ans d’exil , nous avons décidé de renoncer  à la lutte illégale  pour  inscrire notre action dans la légalité, et dans le jeu démocratique ; voilà qu’on nous empêche de nous exprimer… Nous avons rempli toutes les conditions légales pour obtenir un récépissé  de reconnaissance légale, voilà qu’on nous le refuse . Des pressions sont exercées sur des Associations reconnues et  des médias privés  pour  nous empêcher de nous exprimer sur leurs plateaux.   

Perspectives anticipees (rencontres de groupes / commissions /ateliers /séminaires /colloques)

Dans les rencontres où vous serez invités, à titre d’hôtes, vous entendrez de la bouche de vos interlocuteurs que tout va bien dans notre pays. Que l’enrôlement des populations se déroule sans accroc, que la diversité culturelle est reconnue , respectée  et observable… tant qu’on voit  Négro-africains et haratines danser et chanter …comme des troubadours pendant  nos  festivals et cérémonials .

On vous dira que la torture est bannie, que la corruption est combattue avec force tout comme l’esclavage  à travers  structures et tribunaux, nouvellement créés…Qu’il y a  des marches, des carnavals organisés en guise de célébration de la  lutte contre la corruption. Ne vous y fiez pas ! Tout cela n’est  qu’un écran de fumée, destiné à abuser les visiteurs et partenaires  mauritaniens . Rien de sérieux, on fait semblant, comme  toujours… La réalité est que la corruption gangrène l’administration, la Justice, l’ état civil , les contrôles aux frontières ou se produit un véritable racquet ; bref elle infeste tous les secteurs publics…On ne prend aucune  mesure élémentaire adéquate sérieuse pour lutter contre le fléau, telle la déclaration de revenu pour les hauts responsables, telle la liberté et l’indépendance réelle  de l’Inspection Générale d’Etat ( IGE), la mise en place  de commissions secrètes chargées du contrôle et du suivi. Dans les opérations de contrôle menées jusqu’ici, les amis du Président sont épargnés , les opposants au régime ciblés et épinglés. On emprisonne ceux-ci , mais on libère ceux-là  pourtant  coupables avérés . Les mauritaniens et surtout  nos gouvernants  excellent dans l’art du faire- semblant et de  la mystification de  l’opinion extérieure .

Enfin , vous verrez , à travers groupes d’individus , ateliers , séminaires, colloques , invariablement , la même ’image, celle d’une Mauritanie ‘’blanche’’ qu’on veut faire naître au forceps; comme si les autres composantes nationales – perçues comme des appendices –  n’avaient pas été  à l’école… Vous verrez  aussi  une ombre entrer vous servir le the, puis sortir comme elle était venue , toujours la même… ou l’autre facette  cachée et atténuée  de la réalité de l’esclavage .

Dernier défi, peut- être pas tant explosif que ça, mais non moins  destructeur : le désordre général – ce désordre fou, partout présent .- dans lequel  ne peut se construire ni progrès ni développement . Sans l’Ordre il n’y a pas d’Etat tout court …

Tel est le visage de notre ‘’ bonne Gouvernance’’ et de notre république…

JOYEUX SEJOUR CHEZ NOUS .

                                                       Nouakchott 20-02-2017

Samba Thiam ( President des FPC)