Daily Archives: 16/06/2017
Communiqué de TPMN relatif aux propos attribués au premier ministre à propos de l’unité nationale
TPMN -Touche pas à ma nationalité a découvert, avec indignation et effarement, en même temps que tous les Mauritaniens, les propos insultants pour la communauté noire de Mauritanie et, au-delà, pour tout le pays, attribués au premier ministre et relayés par la presse ces derniers jours.
Mais si le caractère cru et ignominieux de ces propos peut choquer, surtout s’ils s’avèrent provenir effectivement du premier ministre de la République, en revanche, ils ne sont pas surprenants du point de vue de leur contenu. Mieux, ils ne font que confirmer ce que tout le monde sait déjà : une politique d’apartheid qui ne dit pas son nom.
Comment expliquer en effet que l’électrification de villes appartenant à d’autres régions ou que l’alimentation en eau potable de ces mêmes villes se fassent à partir des barrages de la vallée du fleuve alors que les villes et villages de la vallée qui devaient en être les premiers bénéficiaires ne disposent, pour leur plupart, ni d ‘électricité ni d’eau potable contrairement aux villes riveraines du fleuve du côté sénégalais de la frontière ?
Comment expliquer que l’exploitation du phosphate de Bofal reste encore dans les tiroirs depuis au moins deux décennies ? Comment expliquer que l’immense potentiel agropastoral de la vallée ne soit pas mis en valeur au profit des populations locales et pour une autosuffisance alimentaire de l’ensemble du pays ? Il va de soi que la politique de l’état vis-à-vis de la vallée a toujours été une politique de deux poids deux mesures.
Pire, le passé récent de notre pays et son présent ont fait de la vallée du fleuve une vallée de larmes et de sang avec la tentative de génocide contre la communauté noire et son lot d’exécutions extrajudiciaires, de déportations et d’expropriations dont la dernière en date est la tentative de déposséder les populations de Boghé et de ses environs de leurs terres.
Tragédie entretenue également à travers le génocide biométrique contre ces mêmes ressortissants de la vallée dont beaucoup sont privés d’état-civil et rendues donc apatrides dans leur propre pays.
Touche pas à ma nationalité s’insurge contre ces propos gravissimes attribués au premier ministre mais surtout contre la politique d’exclusion systématique qu’ils sous-tendent.
C’est contre cela que l’Etat se doit de sévir au lieu de voter des lois contre la discrimination qui n’ont d’autre objectif que d’intimider les défenseurs des droits de l’homme en vue de les museler. Ce sont de tels propos et les actes qui les accompagnent qui minent l’unité nationale et mettent en péril l’existence de notre pays.
Pour le Bureau Exécutif,
Le Président,
Alassane DIA
La journée du réfugié sur fond de devoir de mémoire et de justice | Yaya Cherif Kane
La Mauritanie à l’instar de la communauté internationale célèbre le 20 juin prochain la journée des réfugiés. Ils étaient près de 60000 déportés au Sénégal et au Mali en 89 sous le régime de Ould Taya dont 25000 officiellement sont rentrés depuis 2008 grâce à un accord tripartite entre le Sénégal , la Mauritanie et le Haut Commissariat des Réfugiés (HCR).Parmi les personnalités politiques rentrés volontairement par eux-mêmes en 2014 figurent en bonne place le chef historique des FPC ex -FLAM Samba Thiam et son porte-parole Kaaw Bilbassi Touré, symboles de la résistance des noirs.Cette journée revêt pour eux et pour tous les réfugiés de la diaspora une signification particulière.Une occasion pour interpeller le régime de Ould Aziz à rouvrir le dossier de rapatriement des réfugiés au Sénégal et au Mali pour achever le processus de règlement du passif humanitaire.Après plus deux décennies d’exil bon nombre de réfugiés répartis dans les régions du Sud n’ont toujours pas de papiers d’identité et d’accès à leurs terres anciennes. La journée des réfugiés est célébrée chaque année le 20 juin qui coïncide avec l’adoption de la convention des Nations-Unies relatives au statut des réfugiés.En Mauritanie elle revêt une signification particulière pour les 60000 noirs déportés en 89 au Sénégal et au Mali dépossédés de leurs terres, bétail et biens immobiliers sous le régime de Ould Taya.25000 seulement sont rentrés officiellement en 2008 mais bon nombre d’entre n’ont toujours pas de papiers d’identité et d’accès à leurs anciennes terres que l’état mauritanien avait confisqué et revendu une partie à ceux qui voulaient les mettre en valeur. Ces terres agricoles font l’objet aujourd’hui de transactions particulières avec des populations du Nord dans le cadre de l’extension du casier pilote de Boghé. Cette politique d’accaparement des terres agricoles s’inscrit dans le cadre d’une dénégrification de la Mauritanie et vise à appauvrir ces populations et les maintenir dans la dépendance du pouvoir Beydane. Après 27 années d’exil aux Etats -Unis et en Suède pour le chef historique des FPC ex-FLAM Samba Thiam et son porte-parole Kaaw Touré cette journée signifie devoir de mémoire et de justice pour que ce génocide ne se répète plus.Le pardon mais pas l’oubli.Symboles de la résistance des noirs ces deux dirigeants des FPC ont à cœur de rappeler à Ould Aziz que la réconciliation nationale passe par le règlement du passif humanitaire.Dans cette perspective la réouverture du dossier de rapatriement des réfugiés du Sénégal et du Mali est un impératif.L’impunité des criminels du régime de Ould Taya ne ferait que diviser les mauritaniens.Le 20 juin ce sera surtout une mention spéciale aux enfants. L’occasion d’interpeller le gouvernement à assurer la scolarisation de chaque enfant réfugié rentré mais malheureusement devenu étranger chez lui voire apatride.Ils sont des milliers qui se déplacent difficilement à travers le pays faute d’identité.
Yaya Cherif Kane -Journaliste Rouen – France