Daily Archives: 05/06/2017
L’ETAT LEGALISE L’EXPROPRIATION PAR UN ARRETE FANTOCHE
C’est parti d’un arrêté 04/2017 du 18 Mai 2017 du gouverneur du Brakna (appelle Wali) un certain Abderrahmane Ould Mahfoudh Ould Khatri qui fixe les modalités d’attribution des 2210 ha du casier pilote de Boghe.
Aussitôt annoncé, cet arrêté inspiré de la politique discriminatoire d’en haut, suscitera l’ire des propriétaires de cette région historique appelée les Halaybes.
C’est ainsi le 28 Mai les chefs de villages se réunissent d’urgence chez le doyen Thierno Saada LAM de Toulde et décident de rencontrer le préfet de Boghe (Hakem) pour lui signifier leur opposition à l’arrêté qui donne une espece de base juridique au vol des terres bogheennes au profit de la minorité bidhane faisant fi de la tenure traditionnelle.
L’arrêté en question stipule, a son article 2, donne la composition d’une commission chargée de l’élaboration des listes des bénéficiaires. Cette commission est composée comme suit :
PRESIDENT : Le Hakem de Boghe
MEMBRES : Le maire de la commune de Boghe
Le Délégué régional de l’agriculture
Le directeur régional de la SONADER au Brakna
Le chef du Bureau des affaires foncières au Brakna
Le Percepteur communal au niveau de Boghe
Nonobstant l’existence d’une commission de pilotage dont les membres sont tous originaires de la contrée, le wali, par l’arrêté susmentionné, lance un défi flagrant aux propriétaires qui ont été répertoriés par ladite commission créé il y’a plus de 2 ans. Formée de notables et de techniciens originaires du département, la commission de pilotage composee essentiellement de cadres de l’UPR, a été snobée par le wali et partant par l’état qui lui a préféré la commission que stipule l’article 2 de l’arrêté.
Le vendredi 4 Juin 2017, pendant que l’entrevue entre les 3 commissions (Commission de Pilotage, Commission des chefs de village et la commission du Wali) et le préfet se deroulaient, les populations sont sorties en masse pour exprimer leur opposition au vol de leurs terres soutenues par les plus hautes autorites du pays representees par le gouverneur du Brakna et le prefet de Boghe.
En cette circonstance, nous pensons qu’il est urgent que les bogheens parlent d’une seule voix pour s’opposer a cette agression et ce jusqu’à la dernière énergie. Cet arrêté fantoche est sciemment elabore et a pour conséquence directe et flagrante de légaliser l’expropriation au profit de la minorité arabe.
Bogheens, nous devons exprimer, sans nous voiler la face, nos vives félicitations aux propriétaires terriens et les encourager à maintenir la resistance mais aussi la pression contre cette tentative de vol et d’agression qui est, en porte-à faux, avec la coutume qui est au cœur de l’histoire agraire du Fouta dans son ensemble.
De surcroit, tous les bogheens devraient se joindre à l’élan du refus catégorique et envisager d’autres moyens, ceux-la juridiques nationaux et internationaux pour stopper la volonté de la minorité arabe, via le pouvoir mauritanien, à faire main basse sur les terres du Walo et Diery.
En effet après avoir bâti une technostructure étatique majoritairement arabe, il ne reste au pouvoir qu’a asseoir les bases juridiques dans la politique d’execution des expropriations des paysans noirs de leurs terres.
Cette folie a été enclenchée en Juin 1983 avec l’ordonnance 83 127 portant REORGANISATION FONCIERE ET DOMANIALE. De surcroit, cette situation hideuse est facilitée par une classe politique noire arrimée au système de domination arabe. Cette classe politique noire sans âme, embourgeoisée, inconditionnelle au maitre des lieux contribuent naturellement au maintien des souffrances des paysans noirs.
Inconsolables, médusées, cette population noire l’est depuis plus de deux décennies à cause d’autres violations innommables matérialisées par les nombreuses fosses communes dont celles de Azlat, de Bakaw, de Sorimale, de Thienel Halaybes sans compter ceux et celles assassinés et enfouis a Inal, Bir, NDB ou Jreida.
Fort de cette situation provoquée par le régime en place, les bogheens doivent :
– Exprimer leur soutien inconditionnel aux populations du Fouta en général et bogheenne en particulier victimes innocentes de l’arbitraire, de la dictature et de l’esclavage foncier ;
– Encourager les propriétaires à poursuivre le combat du NON CATEGORIQUE face au régime qui s’apprête à légaliser le vol des terres du Walo et du Diery ;
– Exiger le respect de la tenure traditionnelle des terres aussi bien dans le Fouta, le Guidimakha/Gajaga et le Walo ;
– Exiger l’annulation de l’arrêté fantoche et provocateur du Wali du Brakna ;
– Apporter leur solidarité et leur profonde indignation face aux dérives constatées et aux agressions dont ont fait l’objet l’ensemble des paysans de la vallée ;
– Saisir toutes les organisations de droits humains, les partis politiques pour qu’ils se mobilisent afin d’amener les autorités mauritaniennes à annuler ces mesures provocatrices sources de tensions entre les populations au niveau local et national ;
– Saisir la communauté nationale et internationale pour que le gouvernement mauritanien révise l’ordonnance 83 127 portant réorganisation foncière et domaniale dont l’objectif ultime n’est qu’une légalisation de l’expropriation des terres aux paysans noirs.
Fait à New-York le 4 Juin 2017
Adama NGAIDE/USA
Maitrise en SN (ISS)
DESS en Gestion de l’environnement (Universite SENGHOR, Egypt)
MBA.NY.USA
Lancement Fondation Sahel : le discours du président Brahim Bilal Ramdhane
Fondation Sahel – Mesdames…. Messieurs…
Les représentants du corps diplomatique et des Organisations ONUsiennes
Les représentants de la société civile
Les hommes d’opinion,
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
Merci du fond du cœur pour avoir répondu présents à mon appel. J’en suis profondément flatté et honoré. Vous avez, par votre présence, répondu « présents » à l’appel de la Fondation Sahel pour la Défense des Droits de l’Homme, l’Appui à l’Education et à la Paix Sociale.
Il s’agit d’une « Fondation », pas un parti politique ni un syndicat. Même pas une ONG au sens traditionnel du terme. Mais une entité sociale entièrement dédiée à un objectif particulier et continu dans le temps, telle que défini dans certaines références.
C’est la « Fondation Sahel » par référence à ce coin du monde, meurtri par l’Histoire et la Géographie, sources de menaces sur la paix dans le monde, théâtre de manœuvres géopolitiques non sans liens avec les ressources dont il regorge et lieu de vie pour des centaines de millions d’habitants qui le chérissent et ne veulent pas le quitter.
C’est la « Fondation Sahel pour la Défense des Droits de l’Homme ». Terme générique, parfois galvaudé et servi à toutes les sauces mais toujours d’actualité. Concept tellement étranger à notre propre culture qu’il nécessite, pour que nous le comprenions, des trésors de pédagogie.
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
C’est la « Fondation Sahel pour la Défense des Droits de l’Homme, l’Appui à l’Education ». C’est un mot magique qu’est « Education ». A ne pas confondre avec une partie de son contenu qu’est « l’Instruction ».
Tellement on peut être instruit et sans éducation. Mais, avoir une bonne éducation se conçoit rarement sans l’instruction, le savoir et les connaissances qui vont avec. C’est un vieil enseignant de philosophie qui vous en parle. Un hussard de la République, comme le qualifierait les Français, ayant usé, pendant ses trente années de service, des boîtes et des boîtes de craies friables dans des salles de cours souvent délabrées, qui vous l’affirme.
C’est un fruit de l’Education Nationale, jadis appelée « Instruction Publique », avec son système de méritocratie qui récompense l’effort, encourage l’émulation et recherche l’excellence, y compris dans les milieux les plus pauvres et les moins probables, qui vous en parle. Je suis, moi-même, le fruit de cet enseignement publique, jadis gratuit et obligatoire, qui fut le moteur de l’ascenseur social.
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
Aujourd’hui, tous ensemble et avec des milliers d’autres bonnes volontés, nous devons renvoyer l’ascenseur. Renvoyer l’ascenseur à ceux qui sont, de plus en plus nombreux, laissés pour compte dans les bas-fonds de la société, dans les soutes insalubres de notre système social. Ces galériens parqués dans les cales de la société et qui rament sans savoir dans quelle direction ils vont ni quel cap ils doivent tenir. A force de faire des ronds dans l’eau, on finit par ramer à contre-courant, ne plus ramer du tout et se mutiner. Aujourd’hui, la mutinerie est à nos portes. De nombreux événements, dont de très récents, en témoignent.
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
C’est la « Fondation Sahel pour la Défense des Droits de l’Homme, l’Appui à l’Education et à la Paix Sociale ». La Paix sociale ne se décrète pas, elle se construit, depuis la base et les fondements. Elle se réfléchit, se discute et surtout prend beaucoup de temps à se mettre en place.
Il est impossible de bâtir la paix sociale, le pacte de société sur l’ignorance, sur la marginalisation et le mépris. Les hordes d’enfant de la rue, produits et rejetés par nos villes et bidonvilles ou venant de nos campagnes sous l’attrait illusoire de la vie citadine, sont autant de bombes à retardement. Ils sont perdus pour eux-mêmes, pour leurs proches et pour la société toute entière.
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
Certains sont choqués par l’utilisation du mot « apartheid » pour qualifier certaine réalités que vivent certains de nos concitoyens. A l’origine, les Afrikaners appelaient « apartheid » un système social où ils imposaient « le développement séparé ». Allez donc dans certains quartiers de Nouakchott et relevez les signes de mixité. C’est vrai qu’à TavraghZeina on rencontre de somptueuses villas en construction gardiennées par de familles nombreuses habitant des bicoques en planches et tôles ondulées. Allez dans les écoles publiques et relevez, là aussi, le taux de mixité.
Ces écoles publiques, au lieu d’être le havre de paix, d’apprentissage, d’instruction et d’éducation, qui en est la vocation première, sont devenues le lieu de désocialisation, de découverte du crime et de la délinquance de moins en moins juvénile. Sous-payés et déconsidérés, les enseignants des écoles publiques vivent leur métier comme un appoint à d’autres emplois plus rémunérateurs.
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
Pour le Sahel, pour les Droits de l’Homme et pour la Paix Sociale, cette situation ne peut plus durer. C’est le crédo de notre Fondation. Comme j’ai eu l’occasion de le dire et je le répète ici, c’est l’une des missions régaliennes de l’Etat. Notre Fondation ne prétend pas se substituer à lui mais nous ne pouvons plus, les enfants délaissés et leurs parents ne peuvent plus attendre que l’Etat prenne ses responsabilités. Nous avons décidé de prendre une part des responsabilités de l’Etat et nous vous demandons de nous y suivre.
Hier encore, nous avons appliqué la même méthode pour lutter contre l’esclavage. Le Législateur avait fait voter une loi, la loi 048/ 2007 ( 031/2015)Nous avions décidé, depuis 2010, de faire appliquer cette loi, comme cette dernière nous y autorise. Nous avions connu, pour cela, la répression, la prison, les menaces sur nos vies et sur celles des nôtres. Mais, nous avons appliqué à notre société l’électrochoc qu’il fallait.
Pour l’éducation, nous comptons procéder par le même esprit pour faire appliquer la loi 054/2001, rendant obligatoire l’enseignement fondamental aux enfants âgés de 6 à 14 ans. Nous irons sur le terrain interpeller les autorités locales, régionales, puis nationales sur l’état des écoles publiques. Nous construirons, là où nous le pourrons, des classes modèles. Nous demanderons à nos adhérents et à nos soutiens de scolariser des enfants dont les parents sont indigents, de prendre en charge les frais de leur scolarité, de les parrainer, de les suivre… Nous organiserons, s’il faut, des caravanes de l’éducation, des sit-in de la scolarisation.
Nous militerons pour que l’Etat investisse dans l’éducation en zones de grande pauvreté avec un système de prise en charge incluant bourses et cantines. Nous organiserons des « écoles de la badya » où des cours de rattrapage ou de préparation à la rentrée seront organisés pendant les grandes vacances. Des olympiades seront organisées entre nos écoles pour encourager l’émulation et récompenser l’effort et le mérite.
Nous avons besoin de vous, de votre soutien moral et matériel pour réussir l’œuvre de la Fondation Sahel pour la Défense des Droits de l’Homme, l’Appui à l’Education et à la Paix Sociale.
Avec, et par l’éducation nous vainquerons les tares de notre société notamment l’esclavage et ses séquelles mais aussi la discrimination.
Avec et par l’éducation nous gagnerons le combat du développement humains et la Mauritanie, notre pays sera sauvée.
Je vous remercie.
Nouakchott, Samedi 3 Juin 2017
CRIDEM