Daily Archives: 01/11/2016
REGARD CRITIQUE POST- DIALOGUE : PAR SAMBA THIAM PRESIEDENT DES FPC.
Dans le document final de l’accord politique on a, de nouveau, parlé comme dans toutes les réformes administratives, politiques et scolaires précédentes ‘’ du renforcement de la langue arabe ‘’. Il faut soutenir ce renforcement de la langue arabe , mais le soutenir pour la nationalité arabo-berbère …Il n’est plus question de l’appliquer aux Négro-africains car , pour ces derniers , ce ‘’renforcement’’, dans le passé et le présent récent, s’est toujours traduit par davantage d’exclusion . Avec ce ‘’renforcement de la langue arabe’’ on a cherché à faire de l’unitarisme plutôt que l’unité ; Obstinément, on s’évertue à vouloir gommer l’autre identité du pays . Oui donc au renforcement de la langue arabe, mais pour les Arabo-berbères ;au titre du respect de l’ identité négro-africaine qui s’impose et exige, enfin, l’enseignement et l’officialisation immédiate des langues nationales wolof , pulaar , soninke et bambara au même titre que l’arabe ; identité pour identité…
Il n’y a pas de majorité en matière d’identité, tout comme il n’y a pas de majorité en matière de vérité. Rappelons au passage que le stade de promotion ou du choix des caractères pour la transcription de ces langues est un stade dépassé.
L’élite arabo- berbère ne semble pas se résoudre à admettre que l’Unité nationale suppose la reconnaissance de l’autre et dans son identité et dans son altérité! Qu’elle requiert l’égale dignité, l’acceptation et le respect réciproque, l’équité et l’égalité des chances devant les opportunités.
Voilà pourquoi nos langues pulaar , soninke , wolof et bambara doivent être érigées en langue de travail et d’alphabétisation des masses pour en faire de bons citoyens et des acteurs de développement avertis. L’indépendance culturelle, tant prônée , ne doit pas rester sélective . Elle doit rimer avec l’indépendance culturelle de tous , sans esprit partisan …
IL ressort par ailleurs du même accord politique que l’on s’acheminerait vers une consultation référendaire autour de certains points , dont les emblèmes nationaux , à modifier . Il nous semble plutôt que le contenu central de ce référendum, s’il avait lieu , doit d’abord porter sur la question fondamentale, première, du‘’ vivre ensemble’’ à trancher .Voulons-nous , oui ou non, vivre ensemble ‘’? Sur quelles bases, si la réponse devait être affirmative ? A quel prix ? Car comme le soulignait Yehdih : << Un pays est d’abord fondé sur une volonté des diverses parties de coexister , de vivre ensemble , dans la paix . Sans ce choix et cette volonté c’est une partie perdue >>.
Tout le reste constitue des points corollaires à cette question . S’il advenait que la réponse du peuple fût oui, alors forcément la constitution devra être ouverte afin d’y insérer les principes régulateurs du vivre –ensemble qui touchent à la redéfinition du pays ( la Mauritanie est un pays islamique , arabe et négro-africain ), à sa re-caractérisation ( la Mauritanie est bi-raciale , multi ethnique et pluriculturelle ) et aux principes , affirmés, d’équité et d’égalité en droits et devoirs des communautés et des groupes nationaux en présence .
Au sortir du dialogue national inclusif il y a lieu nous semble-t-il, pour rassurer sur la volonté réelle de changement de politique, de poser un certain nombre d’actes concrets qui répondent à des attentes pressantes. Il s’agit , entre autres , de déclarer l’officialisation de toutes les langues nationales , d’acter la représentativité des langues et cultures dans les médias nationaux , de rectifier le processus d’enrôlement à travers une recomposition plus équilibrée et des commissions techniques régionales et de la commission centrale de supervision; de ramener les refugiés du Mali enfin, de geler provisoirement toute occupation ou cession de terres, en attendant la mise en place d’une réforme globale plus juste . Ces points ne requièrent pas de débat particulier pour relever plutôt de l’initiative du Président de la république.
Si la Mauritanie connait depuis les années 60 des problèmes récurrents, c’est en raison du projet, inavoué, tenace, d’assimilation du groupe négro-africain… impossible à réaliser. On a cherché- on cherche toujours- à copier la réalité du Maghreb, où les populations noires sont reléguées au bas de l’échelle sociale, assujetties aux basses besognes, totalement effacées de la superstructure…C’est une voie sans issue parce que notre histoire et nos trajectoires respectives sont totalement différentes …
L’histoire des populations noires du Maghreb ( 80 millions d’âmes si on inclut l’Egypte ) est complètement différente de celles des populations noires du Waalo , du Tekrour, du Guidimakha . Les premières sont le produit de la traite négrière , surajoutées au substrat négroïde – groupe des vaincus assimilé- ; les secondes( les négro-africains )- autochtones sur la terre de Mauritanie -, ont, quant à elles , vécu libres, avec leur organisation sociale et politique propres ; celles -là ont gardé intactes leur culture, celles-ci ont été assimilées, acculturées et déracinées au double sens du terme .
Telle est la première raison qui justifie pourquoi il faut renoncer à copier le Maghreb…
La seconde raison tient à la proximité du Sénégal et du Mali voisins qui, par l’osmose permanente entre populations, rend tout projet d’assimilation voué à l’échec ; à moins d’un rideau de fer à nos frontières…
Et puis il y a la condition des haratines appelée à évoluer, en raison du vaste mouvement des peuples et des idées induit par la mondialisation…
L’intelligence de la situation , la bonne compréhension, lucide, de ces faits doit nous amener à modifier notre vision et sur les choses et sur notre devenir en commun qui ne peut plus se fonder sur des rapports de domination au travers de projet assimilationniste … Les tenants d’une telle entreprise doivent y renoncer, encore une fois … en dépit de ce que postule la loi de ‘’proximité’’ entre groupes humains . Ces gens doivent enfin intégrer cette vieille donne que ‘’ les hommes naissent libres et égaux en droits ’’, et qu’ils restent fiers de leurs cultures respectives.
Cette reconversion des mentalités devra également s’accompagner d’un changement de perspective…
Efforçons-nous de changer de perspective , ce serait tout bénéfice…
Au lieu de nous entre-déchirer sur un gâteau miniscule, que les uns veulent accaparer pour eux seuls ,à tout prix, travaillons plutôt à en augmenter la dimension… Autrement dit, mettons- nous, ensemble, au travail pour créer plus de richesses , assez de richesses… suffisantes pour le plus grand nombre …
Comment y parvenir ?
En ouvrant les opportunités, en octroyant plus de liberté, en libérant davantage les énergies … Si l’on donnait les mêmes possibilités au lumpen prolétariat du groupe arabo- berbère- laissé pour compte- que l’on accordait aux éléments négro-africains et haratines les plus dynamiques et les plus talentueux les mêmes possibilités et les mêmes opportunités , immanquablement nous accroitrions notre richesse en densifiant notre classe moyenne …En nous départissant de toutes considérations subjectives , pour ne retenir , dans le choix des hommes, que le profil . Des hommes dynamiques , des hommes d’éthique , des hommes talentueux , trempés dans la transparence…
Cette richesse, ainsi créée, détendra nos rapports sociaux assez tendus du moment, et réduirait, ipso-facto , la dépendance actuelle du plus grand nombre et, en dernière conséquence , la quantité de frustrations et de rancœurs accumulées toutes ces années qui, inévitablement, conduisent au conflit, à la violence… Alors que nous devrions nous atteler à panser la plaie des tragiques évènements du passé , à construire la paix ; et la paix ne peut se bâtir durablement sans l’éradication de ces innombrables inégalités et injustices, flagrantes . Aujourd’hui nous vivons tous, nantis comme démunis tous confondus, un stress permanent né de l’inquiétude et de l’angoisse grandissantes d’un lendemain incertain .Changeons donc de perspective …
Changeons de perspective en choisissant de vivre dans la gaieté , la fraternité , le partage …Partager les richesses, partage la joie et les peines ,partager les plaisirs et les douleurs , la souffrance et l’aisance …La vie est si courte !
Une problématique dernière qui aurait dû figurer en bonne place dans le document final : comment venir à bout du désordre généralisé si nous devions conserver le modèle d’Etat centralisé actuel ? On ne peut rien construire dans le désordre …
Samba Thiam
Inspecteur de l’Enseignement Fondamental
Président des Forces Progressistes du Changement (FPC)
1 Novembre 2016.
www.flamonline.com
DIALOGUE ET DISCRIMINATION RACIALE EN MAURITANIE:
Certains esprits malveillants disent que les nominations racistes de ce lundi au sein de la police sont le fruit du” dialogue national”.! Quelle mauvaise foi! Décidément certains compatriotes ont une mémoire courte. Ont-ils oublié que c´est cette politique de discrimination raciale que dénonçait “Le manifeste du Négro-mauritanien opprimé” de 1986 et qui nous a valu la diabolisation, la dénonciation, la répression la plus sanglante et cinglante de l´histoire politique du pays, jusqu´à l´élimination physique de ceux que nous comptions de plus cher dans notre mouvement et jeté d´autres sur le chemin de l´exil pendant des décennies. Et dans ce même Manifeste nous affirmions essentiellement trois choses :
1- Il y a un problème de coexistence entre les communautés Arabe et Négro-africaine. Nous démontions la mécanique d´un système de discrimination raciale en ce qu´il exclut la composante négro-africaine et haratine de tous les processus de décision. Chiffres á l’appui, nous administrions – s´il en était besoin- les preuves de cette marginalisation et en dévoilions les rouages. Ce problème, disions-nous, ne résultait pas d´un antagonisme naturel latent ou spontané entre communautés, mais plutôt d´un système politique visant à diviser le peuple en exacerbant les préjugés inter-ethniques. Une politique volontairement et exclusivement panarabiste, privilégiant la communauté Arabe á tous les points de vue au détriment de la communauté Noire.
2- Nous attirions l´attention du régime sur l´urgence qu´il y avait à reconnaître, et donc á prendre en charge ce problème pour juguler tout risque de confrontation que pourrait entraîner sa persistance.
3- Enfin, nous préconisions dans la dernière partie du Manifeste un vaste débat national où tous les mauritaniens s´essaieraient autour d´une table afin de résoudre par eux-mêmes, par les vertus et du dialogue et de la concertation, l´ensemble de ces problème.
Nous avions peut-être eu tort d’avoir raison avant tout le monde, c’est à dire d’avoir osé défier seuls les périls à l’époque où la vaillance n’était pas la denrée la plus commune. Nous, on est plutôt honorés d’avoir suscité des vocations dans la défense de la justice et de l’égalité, mais aussi d’avoir crée des émules. La lutte ne vient pas de commencer, nous l´avions commencé avant l´avènement de la toile de facebook, avant que la parole ne soit libérée au pays, avant la liberté de la presse ne soit une réalité, avant que la “démocratisation” ne soit décrétée. Nous avons combattu ce Système sous le régime militaire pur et dur et au moment où certains de nos procureurs d´aujourd´hui applaudissaient le dictateur de Nouakchott, courbaient l´échine ou rasaient les murs devant la terreur du Système. Aujourd´hui chacun peut jouer au héros ou au grand combattant de la liberté parce que les temps et le contexte ont changé. Nous continuons toujours la lutte avec la même fermeté, la même détermination tout en étant attachés à nos principes et convictions les plus profondes. Nous ne devons jamais faiblir, car il est des instants qui font l´histoire. Et nos camarades tombés ou qui ont sacrifié leurs vies, leurs familles, leurs carrières professionnelles, leurs études pour cette lutte ont fait à jamais l´histoire de la Mauritanie. Une autre Mauritanie est incontournable, il est un honneur d´être dans ce camp de refus et de résistance.
Si le régime actuel est de mauvaise foi et persiste dans sa politique raciste et de déni, nous ne pouvons que prendre acte mais nous avons fait notre devoir en tant que force d´alerte et de proposition pour le reste l´histoire jugera la responsabilité des uns et des autres dans le démembrement du pays.
La lutte continue!
Kaaw Toure
Invité Afrique/RFI – Fatimata Mbaye: pas de «volonté réelle d’éradication de l’esclavage en Mauritanie»
Y a-t-il encore des esclaves en Mauritanie ? Oui, affirment les défenseurs des droits de l’homme. Non, répliquent les autorités. Ce qui semble avéré, c’est qu’il existe encore des pratiques d’asservissement, que dénoncent notamment le mouvement abolitionniste, l’ONG Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA).
Or, la répression du pouvoir s’abat sur ce mouvement. L’avocate du barreau de Nouakchott, Fatimata Mbaye, préside l’Association mauritanienne des droits de l’homme (AMDH). De passage à Paris, où elle vient de recevoir le prix Goralska, elle témoigne au micro de Christophe Boisbouvier.
« Le problème, c’est que nous n’avons pas une volonté réelle de l’éradication de l’esclavage en Mauritanie. Nous avons l’impression, nous, les Mauritaniens, que toutes ces lois, que tout cet arsenal qui a été mis en place, n’est pas réellement fait pour les Mauritaniens. »
Pour écouter l’interview, cliquez ici :
https://www.youtube.com/watch?v=J4kh7Re-_g8
rfi