Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: March 2016

Les USA ne reconnaissent pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental

Les USA ne reconnaissent pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara OccidentalLes USA ne reconnaissent pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental WASHINGTON – Les Etats-Unis ne reconnaissent pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental qu’ils considèrent comme “un territoire non autonome en attente de décolonisation”, ont indiqué mercredi à Washington des Congressmen américains. La commission des droits de l’homme du Congrès américain, Tom Lantos, a tenu à lever toute équivoque sur la position du gouvernement américain à l’égard de la question sahraouie durant l’audition qu’elle a consacré mercredi au statut du Sahara occidental. “Nous devons être clairs, les Etats-Unis n’ont reconnu la souveraineté d’aucun Etat sur les territoires du Sahara occidental qu’ils considèrent plutôt comme un territoire non autonome en attente de décolonisation”, a déclaré le démocrate John Conyers devant un parterre d’hommes politiques américains, d’ONG et d’organismes internationaux venus assister à cette audition, la première du genre tenue par cette commission sur le Sahara occidental occupé. Pour rester en conformité avec cette position, et considérant le territoire sahraoui comme non autonome, les Etats-Unis n’ont pas inclus les produits provenant du Sahara occidental dans l’accord de libre-échange conclu avec le Maroc, a ajouté M. Conyers, en soulignant les efforts déployés par son pays, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, en vue de trouver une solution pacifique à ce conflit qui dure depuis 40 ans. John Conyers a rappelé au cours de cette audition les positions des officiels américains à l’instar de James Baker qui a renoncé à poursuivre sa médiation au Sahara occidental après le refus du Maroc de s’aligner sur son plan prévoyant l’autodétermination du peuple sahraoui. Le représentant de l’Etat de Michigan au Congrès a, par ailleurs, indiqué que les dernières mesures du Maroc visant à pervertir la Minurso a donné l’occasion au gouvernement américain et aux autres membres du Conseil de sécurité de confirmer “les objectifs inavoués du Maroc qui cherche une solution au conflit en dehors du cadre des Nations Unies”. Conyers, également co-président du caucus sahraoui au parlement américain a lancé un appel au gouvernement américain afin d’appuyer au Conseil de sécurité la proposition de doter la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) d’un mandat de surveillance des droits de l’Homme. “Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique (dont) le peuple attend le processus de son autodétermination depuis 25 ans”, a indiqué de son côté, James Mc Govern, coprésident de la commission Tom Lantos. Mc Govern représentant de l’Etat de Massachusetts a soutenu qu’”en dépit des relations qui lient les Etats-Unis au Maroc, le respect des droits de l’homme doit primer sur tout autre intérêt car ce principe représente un élément essentiel dans le maintien de la sécurité dans la région.” Il a, dans ce sens, insisté que la question sahraouie doit être résolue pour éviter un retour aux hostilités. Le Congressman démocrate a appelé le Maroc pour autoriser les observateurs des droits de l’homme de l’ONU à accéder sans restrictions aux territoires sahraouis occupés et à libérer les prisonniers politiques du Front Polisario. “Les enquêtes sur les violations des droits de l’homme dans les territoires occupés sont rendues difficiles en raison des restrictions imposées aux ONG et à la presse”, a t-il relevé. Mc Govern n’a pas manqué de souligner les actions humanitaires de l’Algérie qui a accueilli des milliers de réfugiés sahraouis, ayant fui leur territoires pour échapper aux affres des violences exercées par les autorités marocaines. Pour sa part, le républicain Joseph Pitts qui co-préside la Commission Tom Lantos a noté que la tenue de cette audition intervient à un moment très critique pour le peuple du Sahara occidental et pour la mission de la Minurso, visée par une attitude négative de la part du Maroc. Le Conseil de sécurité qui s’apprête à reconduire le mandat de la Minurso le mois prochain est appelé, selon M. Pitts, ami du Sahara occidental, à renforcer la surveillance des droits de l’Homme dans ces territoires. Joseph Pitts a cité à ce propos le dernier rapport du département d’Etat américain sur les droits de l’homme qui fait état des restrictions aux libertés civiles et aux droits politiques imposés aux Sahraouis par le gouvernement marocain. L’audition qui s’est déroulée au siège de la chambre des représentants du Congrès, a été animée par un panel composé de plusieurs personnalités américaines et internationales, dont Kerry Kennedy, présidente de la fondation Kennedy, Francesco Bastagli, ancien représentant du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental, Eric Goldstein, directeur adjoint à Human Rights Watch et Erik Hagen, directeur de l’observatoire pour la protection des ressources naturelles au Sahara occidental.

aps.dz

 

rapideinfo

Le testament d’Obama

Le testament d’ObamaLe mensuel américain The Atlantic a récemment publié, sous le titre « The Obama doctrine », un long article du journaliste Jeffrey Goldberg écrit à partir de dizaines de rencontres avec notamment le président américain. La vision de Barack Obama sur la plupart des sujets « chauds » de politique internationale nous est livrée. Et le Proche-Orient y occupe une place majeure, actualité oblige.

 

 

C’est un texte rare que publie le mensuel The Atlantic dans sa dernière livraison (datée d’avril). Intitulé «  La doctrine Obama  », l’article, d’une longueur inhabituelle même pour les mensuels américains, est le résultat de dizaines de rencontres de son auteur, le journaliste Jeffrey Goldberg, avec le président américain ainsi que nombre de ses proches à la Maison Blanche et avec des dirigeants étrangers, aboutissant à un portrait du personnage et à une forme de confession. Barack Obama livre sa vision des choses sur la plupart des sujets chauds de politique internationale.
 
Il apparaît d’abord comme un homme paradoxal, mélange de convictions humanistes et de froid pragmatisme. Peu de présidents américains diront : «  Nous avons une histoire avec l’Iran, avec l’Indonésie et en Amérique centrale. Nous devons être conscients de cette histoire avant de parler d’intervention, et comprendre les suspicions des peuples  » à l’égard des États-Unis, parce qu’eux ont de la mémoire. Pour autant, cela ne modifie rien au précepte numéro un d’Obama : préserver la vie d’un seul Américain prime sur toute autre considération. Il est donc un grand adepte des «  assassinats ciblés  », menés à partir de drones depuis les États-Unis au Pakistan, en Afghanistan ou au Yémen, avec leur cortège de victimes «  collatérales  » (un thème non abordé par Goldberg). L’homme apparaît aussi très convaincu de sa supériorité intellectuelle, se montrant assez méprisant pour les dirigeants du monde, alliés inclus — à part Angela Merkel pour laquelle, quelles que puissent être les divergences, il exprime un profond respect. Il doit ainsi résister aux pressions «  huntingtoniennes  » (de type «  guerre des civilisations  ») de François Hollande et de David Cameron sur la question de «  l’islam radical  », s’irrite-t-il.
 
Ce mépris transparait également envers tous ceux qui adhèrent au Washington playbook, ce «  guide  » non officiel qui fixe les règles de la politique étrangère américaine et auquel, selon lui, adhère l’immense majorité des diplomates et tous ceux qui, dans les think tanks, façonnent la politique étrangère du pays. Ce «  guide  » offre diverses réponses à diverses situations possibles, mais toutes, selon Obama, sont dominées par la propension à privilégier l’usage de la force. Au passage, Goldberg signale, sans citation, qu’Obama est conscient que ces think tanks sont trop liés à leurs sources pour être honnêtes. Ces sources étant d’une part les monarchies du Golfe et de l’autre Israël, il ne cache pas que ces organismes lui sont de peu d’aide à la décision. Quant aux services américains de renseignement, il a peu confiance en leur capacité à appréhender le Proche-Orient. Ainsi, note-t-il, le général Lloyd Austin, chef du Central Command (Centcom) qui y supervise les opérations américaines, lui affirmait-il encore début 2014 que l’organisation de l’État islamique (OEI) n’avait qu’une «  importance marginale  » en Syrie. Mais qui sait si Obama ne se défausse pas ainsi sur ses sources pour éviter les critiques  ?
 

L’Arabie saoudite, une alliée  ?

  Obama n’hésite pas à remettre en cause, du moins intellectuellement, des dogmes durs de la diplomatie américaine. Leon Panetta, ex-patron de la Central Intelligence Agency (CIA) et secrétaire à la défense, rapporte que le président s’est interrogé devant lui : pourquoi faudrait-il qu’Israël bénéficie dudit «  avantage militaire qualitatif  » qui lui donne un accès aux armes les plus sophistiquées auxquelles ses adversaires n’ont pas droit  ? Pour autant qu’on le sache, cette interrogation n’a mené à aucune conclusion à ce jour. Toutefois il apparaît particulièrement méfiant à l’égard d’un pays, l’Arabie saoudite, perçu par la «  communauté  » des géostratèges américains comme un allié indispensable. Il a souvent montré «  son irritation devant la doxa qui implique de traiter l’Arabie saoudite comme un allié  » en toutes circonstances, écrit Goldberg. Il l’a d’ailleurs prouvé en signant l’accord avec l’Iran sur le nucléaire, malgré son hostilité avérée (comme celle d’un autre allié, Israël). Lorsque le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, l’interroge, les réponses d’Obama montrent qu’il n’a aucune illusion sur le rôle des Saoudiens dans l’émergence d’Al-Qaida et de l’OEI. Il a vu en Indonésie comment «  dans les années 1990, des écoles coraniques massivement financées par des Saoudiens  » ont commencé d’ébranler l’islam local très tolérant de son enfance.
 
L’ex-patron du renseignement saoudien, le prince Turki Al-Fayçal, dans un article d’une rare agressivité verbale intitulé «  M. Obama, nous ne sommes pas des ’resquilleurs’   » (un terme utilisé par le président pour évoquer les Saoudiens), allait d’ailleurs montrer combien la relation américano-saoudienne était désormais tendue : lors de sa rencontre avec le nouveau monarque Salman, il a glorifié, rappelle Turki, le leadership de la monarchie saoudienne dans le monde arabe et musulman et «  la nécessité, en particulier, de contrer les activités déstabilisatrices de l’Iran. Et voilà que vous nous accusez de fomenter des conflits confessionnels en Syrie, au Yémen et en Irak s’exclame-t-il. Vous ajoutez l’insulte à la blessure en nous demandant de partager notre espace avec l’Iran  ».
 

Réaliste et internationaliste

  L’Obama qui ressort de l’article apparaît surtout comme un homme hanté par les engagements militaires menés par ses prédécesseurs au Vietnam, en Afghanistan et en Irak, et par lui-même en Libye, tous soldés par des échecs politiques cuisants. Entre les quatre grandes options de la diplomatie américaine moderne que sont l’isolationnisme, le réalisme, l’interventionnisme progressiste (du type qu’importe si Saddam Hussein a ou n’a pas d’armes de destruction massive, c’est un despote, alors feu  !) et l’internationalisme — dans le sens américain du terme, c’est-à-dire agir par le biais des organisations internationales —, Obama est plus proche des «  réalistes  » et il est certainement «  internationaliste  ». Il juge, écrit Goldberg, que «  le multilatéralisme modère l’arrogance  » qui pèse sur la politique internationale américaine.
 
De cet équilibre conceptuel, il tire quelques conclusions pragmatiques. Sa philosophie générale : au plan international, un président américain «  ne peut pas tout régler, mais s’il ne fixe pas l’ordre du jour, rien ne se fait  ». Règle 1 : il n’y a pas de règle unique. «  Il y a des situations où on peut faire quelque chose lorsque des enfants innocents se font tuer, et d’autres où on ne le peut pas  ». Règle 2 : «  Don’t do stupid shit  ». Quand Hillary Clinton, sa secrétaire d’État, s’insurge — en politique étrangère, «  les grandes nations ont besoin de principes  », et ne pas faire de bêtises n’en est pas un — Obama s’étonne placidement : Hillary Clinton, qui a voté au Sénat pour la guerre en Irak, n’a-t-elle donc rien appris sur ce que sont les «  conneries  »  ? Le vrai pouvoir de dissuasion, ce n’est pas le recours systématique à la force  ; c’est au contraire obtenir ce que vous recherchez sans avoir à l’utiliser. Le plus grand succès de Ronald Reagan, selon lui, aura été de comprendre l’importance de Mikhail Gorbatchev, quand tous les républicains qui l’accusent, lui, Obama, de faiblesse aujourd’hui sont les mêmes qui accusaient Ronald Reagan de «  naïveté  » vis-à-vis de l’URSS il y a trente ans.
 
La Syrie occupe donc une place prépondérante dans les entretiens. Obama ressent visiblement le besoin de s’expliquer en détail, en particulier sur son revirement. Le 20 août 2012, il annonçait que l’utilisation par Bachar Al-Assad d’armes chimiques constituerait sa «  ligne rouge  ». La plupart des dirigeants arabes sont dès lors convaincus que si cela advient, Obama enverra des troupes. «  C’est certain, il agira  », écrit à son monarque l’ambassadeur saoudien à Washington. Un an plus tard exactement, le 21 août 2013, l’armée syrienne massacrait la population de Ghouta, une banlieue de Damas, à l’arme chimique. Obama décidera de ne pas réagir militairement.
 

La «  ligne rouge  » dépassée en Syrie

  Retour en arrière : si Obama a cru au début du soulèvement populaire en Syrie que Bachar Al-Assad tomberait vite, comme Zine El-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, le débat sur la nécessité ou pas de s’investir directement dans le conflit en Syrie s’engage dès que la guerre s’enlise. Il oppose pro et anti-interventionnistes. Hillary Clinton mènera le camp des partisans de l’action armée durant le premier mandat. Son successeur au département d’État John Kerry fera de même lors du second, avec l’appui de l’ambassadrice à l’ONU, Samantha Power. À la Maison Blanche, ils sont majoritaires. Afin d’«  envoyer un message à Assad  », Kerry presse de bombarder des «  sites névralgiques  » militaires en Syrie (mais pas les dépôts d’armes chimiques, pour ne pas risquer une catastrophe pour les populations). Le chef de cabinet d’Obama, Denis McDonough, dirige les opposants, auquel se ralliera le vice-président Joe Biden. Hollande, note Goldberg, s’avèrera «  l’Européen le plus enthousiaste en faveur d’une action militaire  ». Merkel, qu’Obama respecte beaucoup, est très réticente. Obama va conclure, écrit Goldberg, que le prix d’une intervention directe en Syrie serait plus lourd que l’inaction.
 
À ses yeux, seule «  une menace directe pour la sécurité nationale  » américaine justifie en dernier recours une action armée. Or, il juge que la guerre en Syrie n’en constitue pas une. Ensuite, il a très mal vécu, en 2009, la pression de ses militaires lui demandant l’envoi de 30 000 hommes supplémentaires en Afghanistan, dont il estime a posteriori qu’ils n’ont rien modifié à la situation. Là encore, il sent qu’on cherche à le «  coincer  » pour un résultat très peu acquis d’avance. À la lecture du texte de Goldberg, il nous est d’ailleurs revenu le souvenir d’une rencontre en mai 2013 avec le diplomate Tom Pickering, un ex-ambassadeur américain en Russie (ainsi qu’en Israël et en Jordanie, entre autres), encore visiblement très actif dans la coulisse. Il prônait alors la recherche d’une «  trêve humanitaire  » en Syrie, et s’opposait à une intervention américaine. «  Pour chaque arme que nous livrerons aux rebelles, Moscou en livrera trois à Assad  », nous disait-il, pour convaincre qu’il n’y aurait pas d’autre sortie de crise que politique. Visiblement Obama, quatre mois plus tard, est convaincu qu’intervenir entraînerait son pays dans un piège. À savoir, comme en Afghanistan, en Irak et en Libye, forcer inéluctablement les États-Unis à agir ensuite pour un changement de régime, une option qu’il estime irréaliste et plus que risquée.
 
Ne s’est-il pas dédit, lui demande Goldberg, lui qui, dans son allocution de réception du prix Nobel de la paix, en 2009, avait déclaré : «  l’inaction peut mener à une intervention plus coûteuse plus tard  »  ? Obama le nie, sur le mode : chaque situation est spécifique. Oui, il a pensé utile d’ériger une «  ligne rouge  ». Pourtant réflexion faite, il a opté en conscience pour la moins pire des options. Et depuis, écrit Goldberg, il apparait extrêmement soulagé. «  Lancer des bombes contre quelqu’un pour le seul motif de prouver que vous avez la volonté de le faire est la pire raison d’utiliser la force  », lui dira-t-il. «  Dans l’esprit d’Obama, ce 30 août 2013 a été celui de sa libération, celui où il a défié non seulement l’establishment de la politique étrangère américaine et son “guide” à coups de missiles de croisière, mais aussi les attentes d’alliés frustrants et coûteux, qui cherchent à exploiter les muscles des États-Unis pour assouvir leurs objectifs étroits et personnels  », conclut Goldberg. Messieurs Hollande et Cameron, à bon entendeur, salut  ! (Selon le journaliste Gareth Porter, deux mois plus tard, Obama autorisera l’envoi de 15 000 missiles anti-char TOW vers l’Arabie saoudite, charge à Riyad de les faire parvenir à des groupes d’insurgés syriens agréés par Washington. La plupart finiront dans les mains de Jabhat An-Nosra, l’émanation syrienne d’Al-Qaida. Ce qui finira par convaincre Obama de l’inanité d’intervenir
dans le conflit syrien).
 

L’OEI, une menace non existentielle

  Quant à l’intervention à Benghazi, en Libye, Obama, c’est clair, ne souhaitait pas s’y engager. Joe Biden et le ministre de la défense d’alors, Robert Gates, non plus. Mais à la Maison Blanche, une coalition emmenée par Hillary Clinton incluant Susan Rice, la directrice du Conseil de sécurité nationale, Samantha Powers, l’ambassadrice à l’ONU, et d’autres, ont fortement poussé vers l’intervention. Obama a fini par s’y résoudre, dès lors que les États-Unis n’apparaissaient pas en leader. Il dit aujourd’hui : «  ça n’a pas marché  ». Peut-être qu’un massacre — celui de la population de la ville par les forces de Mouammar Kadhafi — a été évité, mais le résultat final a été une catastrophe, enclenchée initialement par cette intervention. Quand Obama évoque le bilan américain en Libye, vu l’état des lieux aujourd’hui, il a ces mots : «  un spectacle de merde  ». L’aboutissement final de l’intervention est le chaos généralisé et une présence massive de l’OEI sur le sol libyen. Un repoussoir de ce qu’il ne faut surtout pas faire, selon Obama.
 
Sur l’OEI, justement, on constate une nette divergence entre lui et son secrétaire d’État John Kerry. Pour ce dernier, l’organisation «  est une menace pour chacun dans le monde. Imaginons ce qui adviendrait si nous ne le combattons pas. (…) On pourrait se retrouver avec une migration massive vers l’Europe qui mettrait fin au projet européen, (…) et vous verriez le retour aux années 1930, l’émergence du fascisme, du nationalisme et d’autres choses encore  ». Pour Obama, l’OEI est une menace directe, quoique «  pas existentielle  » pour les États-Unis. «  Le changement climatique, ça oui, c’est une menace existentielle, et pour le monde entier  », dit-il à Goldberg. «  Obama rappelle fréquemment à ses collaborateurs que le terrorisme supprime beaucoup moins de vies aux États-Unis que les armes à feu, les accidents de voiture et même les glissades dans la baignoire  ». Il dit aussi qu’il faut refuser l’hystérie et replacer le terrorisme dans sa juste perspective : il est capable de causer de graves dommages, pas de bouleverser l’ordre mondial ni celui des grands États occidentaux.
 

Les illusions du discours du Caire

  Bref, Goldberg confirme ce que chacun a compris depuis un moment : pour Obama, le Proche-Orient est passé au second plan dans l’ordre des priorités stratégiques américaines, dont la première est d’abord en Asie — qui «  représente le futur  », dit-il —, ensuite en Amérique latine et en Afrique. Qu’attendait-il, cependant, du fameux discours du Caire du 4 juin 2009  ? Réponse : «  essayer de persuader les musulmans d’examiner plus attentivement les racines de leurs malheurs  ». Sans succès, admet-il désormais. Au début du «  printemps arabe  », il y a vu une confirmation du projet prôné par ce discours, avant que vienne la désillusion. Depuis, «  l’émergence de Daesh a renforcé la conviction d’Obama que le Proche-Orient ne pourra être remis en ordre (fixed) ni sous son mandat, ni dans la génération à venir  ». Du discours du Caire à sa ligne politique en Syrie, un profond pessimisme en est venu à dominer la pensée stratégique du président vis-à-vis de la région. Pourquoi, s’interroge-t-il, les jeunes Asiatiques, malgré leurs régimes très corrompus et parfois l’immense pauvreté dans laquelle ils vivent, «  se projettent-ils dans un futur positif  », alors que tant de jeunes proche-orientaux sont attirés par des démons destructeurs  ? Quant à l’urgence dans la région, c’est à ses yeux de convaincre l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe de parvenir à un accord «  de guerre froide  » avec l’Iran, pour éviter une dégradation généralisée du conflit sunnites-chiites, tant il paraît convaincu que l’Iran, à terme, apparaîtra comme un partenaire compliqué mais plus stable (comme la Chine  ?) que les régimes arabes en déliquescence.
 
Aujourd’hui, le cauchemar d’Obama, écrit Goldberg, serait qu’un attentat d’envergure sur le territoire américain l’oblige à s’engager militairement. Et il poursuit : «  L’argument central des adversaires d’Obama est qu’en évitant aux États-Unis de s’immerger dans les crises proche-orientales, le président nous précipite vers le déclin, m’a dit Ben Rhodes (un ex-conseiller-adjoint du président à la sécurité nationale). Obama pense exactement l’inverse. Il croit qu’une surextension [de la présence] américaine au Proche-Orient ne pourrait que nuire à notre économie, nuire à notre capacité à regarder vers d’autres opportunités et à nous confronter à d’autres défis et, plus que tout, mettrait en danger des membres de l’appareil sécuritaire américain pour des motifs qui ne sont pas un intérêt de sécurité nationale direct  ». Traduction par Goldberg : la priorité d’Obama, c’est de «  mettre les bouchées doubles dans les parties du monde où le succès est possible, et limiter l’exposition américaine ailleurs  ». Ses adversaires, eux, pensent que les problèmes du Proche-Orient ne se résoudront pas par eux-mêmes, et que sans intervention américaine, ils métastasent.
 
Pourquoi Obama a-t-il accepté ces nombreuses et longues conversations avec Jeffrey Goldberg, un journaliste de renom qui, avant la guerre de George W. Bush en Irak, a joué un rôle essentiel, identique à celui de la célèbre Judith Miller du New York Times, pour convaincre les Américains du bien-fondé de la vision néoconservatrice (à cette nuance près que depuis, Goldberg a admis s’être trompé)  ? Vraisemblablement parce qu’Obama éprouve le besoin de se justifier et qu’il avait plus besoin, pour ce faire, d’un adversaire empathique que d’un adorateur acquis — ce qui lui ressemble.
 
Sans doute, aussi, pour préparer sa sortie dans dix mois, et son testament politique. Car désormais, la plus grande probabilité qui se profile, c’est une accession d’Hillary Clinton à la Maison Blanche. On pourrait dès lors facilement imaginer un retour au Washington playbook, ce guide de la politique étrangère américaine qui énerve tant Obama. Hillary Clinton, qui a soutenu l’invasion de l’Irak en 2003, celle en Libye en 2011 et un bombardement de la Syrie en 2013, serait vraisemblablement accueillie avec grand espoir du côté des monarchies du Golfe, l’Arabie Saoudite en premier lieu. Et aussi, ce qui n’est plus un paradoxe depuis longtemps, par Israël.

Sylvain Cypel
orientxxi
 
noorinfo

Mauritanie : Tenue d’un colloque sur l’extrémisme et le terrorisme à Nouakchott

Mauritanie : Tenue d’un colloque sur l’extrémisme et le terrorisme à NouakchottNouakchott, Mauritanie (PANA) – Le Centre International des Conférences de Nouakchott (CICN-Palais des Congrès) abrite, mercredi, un colloque international placé sous le thème «le rôle des Ulémas de la Sunna dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme», a constaté sur place la PANA. La cérémonie de lancement de ces assises s’est déroulée en présence du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, du Premier ministre, de plusieurs membres du gouvernement et des personnalités issues des grandes institutions internationales à vocation islamique, des spécialistes des sciences islamiques venus du monde arabe et de l’Afrique noire. Cette manifestation de haute portée politique, intellectuelle et sociale, est organisée par le gouvernement mauritanien à travers le ministère des Affaires islamiques et de l’Enseignement originel et la Ligue Islamique Mondiale. Au programme de ce colloque, plusieurs communications sur «la responsabilité des érudits de la sunna face à l’extrémisme et au terrorisme, les différentes approches (pédagogique, socio-économique) sécuritaire dans la lutte le terrorisme et l’extrémisme, la communauté sunnite et l’unité de la Oumma Islamique, les érudits de la Oumma : devoirs et responsabilités, le terrorisme et l’extrémisme vus par la Charia, quelle attitude de fermeté pour combattre l’extrémisme et le terrorisme». Au cours de ce colloque, l’approche mauritanienne dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme sera mise en exergue. Celle-ci est multidirectionnelle, préventive et répressive. Elle prend en compte les sources économiques (pauvreté) et idéologiques qui alimentent le terrorisme et le crime transnational. L’aspect sécuritaire privilégie un équipement approprié au profit des unités légères des forces armées et de sécurité, appuyées par l’aviation, avec une capacité d’intervention couvrant tout le territoire national. Le colloque de Nouakchott intervient dans un contexte régional et international marqué par la recrudescence des actes terroristes au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Tunisie et en Belgique.

-0- PANA SAS/IS 23mars2016 –

rapideinfo.net

Un jeune chercheur mauritanien aborde les maths en pulaar pour les rendre plus accessibles

altRendre plus accessibles les mathématiques : tel est l’objectif visé par le jeune chercheur mauritanien, Mouhamadou Falil Sy, à travers son essai de mathématiques supérieures en langue pulaar : ’’Binndanɗe Hiisankooje’’ (éditions Papyrus Afrique).

’’L’objectif de cet essai est rendre les mathématiques plus accessibles, faciliter l’apprentissage des mathématiques (….)’’, a confié à l’Agence de presse sénégalaise, l’auteur, présent à Dakar dans le cadre d’une table-ronde sur le thème : ’’Génie descriptif des langues africaines comme facteur d’acquisition des sciences : exemple du pulaar’’. L’auteur part du caractère descriptif de la langue pour présenter quelques principes et outils de mathématiques supérieures en langue pulaar.

Il ne s’agit pas d’un exercice de traduction, mais de « pularisation » des concepts mathématiques. Car, explique t-il, « la correspondance d’un mot à un concept vient après une profonde analyse sur le concept mathématique, ses utilisations étant toujours au premier plan, mais tient compte aussi de la syntaxe du pulaar ».

La langue pulaar est structurée de sorte que les mots appartiennent à des classes, note Mouhamadou Fall Sy, soulignant que la classification en pulaar « est faite le plus souvent suivant par les propriétés physiques ou géométriques des objets à nommer ».

Ainsi, l’aspect-boucle sous-jacent à l’opération puissance ou factorielle fait que les mots pulaar associés à ces dernières sont classés « Ndé », qui décrit la rotondité, l’aspect « courbe » sera classé « Ngol », qui décrit la longueur. ’’Ceci devrait contribuer à rendre les concepts mathématiques plus naturels, et donc à faciliter leur compréhension », soutient-il.

L’ouvrage commence par une brève introduction aux opérations de la logique élémentaire et celles de la théorie des ensembles, puis viennent les ensembles de nombres. Il comprend une courte présentation des structures algébriques et aborde la topologie générale, les fonctions, l’espace Euclidien, la linéarité, des rudiments de la théorie de la mesure.

Dans un chapitre, l’auteur revient sur le dénombrement et les probabilités, les équations différentielles, de physique, de transformation de Fourier. Mouhamadou Falil Sy, fervent militant de la promotion des langues africaines, estime que l’apprentissage des sciences dans ces langues peut favoriser ‘’une excitation scientifique’’ dans les laboratoires.

En apprenant les sciences dans les langues africaines, « on permet ainsi au génie africain de s’exprimer », soutient l’auteur, estimant que cela peut contribuer aussi à la naissance d’un Einstein africain et de combler le retard du continent dans les domaines scientifiques.

Pour une large diffusion de l’ouvrage, la maison d’édition Papyrus Afrique veut tirer 1000 exemplaires, selon son directeur, Seydou Nourou Ndiaye qui espère aussi l’essai suscitera un intérêt pour les pouvoirs publics au plus haut niveau.

Mouhamadou Falil Sy est né le 23 janvier 1990 à Bélinabé, dans la commune de Kaédi en Mauritanie.

Après des études primaires à Bélinabé et ses études secondaires à Kaédi, où il a passé un bac C (spécialité Mathématiques) en 2009, il rejoint l’université de Cergy-Pontoise (France) pour ses études supérieures, indique une note de présentation de l’auteur.

Il y obtient une licence de Mathématiques en 2012 avec mention Très-Bien, puis une maîtrise de Mathématiques fondamentales et un master-recherche de Mathématiques fondamentales, tous avec mention Très-Bien. Il fut alors major de la promotion.

Il obtint pour 2012-2013 une bourse RATP, en 2013-2014 une bourse d’excellence de master-recherche et en juillet 2014 un prix au mérite en sciences par l’Académie de Paris. Il fut retenu avec dix autres étudiants par le programme DIM (Domaine d’intérêt majeur en mathématique) de la région Ile-de-France afin de préparer un doctorat de Mathématiques.

Actuellement Mouhamadou Falil Sy est jeune-chercheur en thèse de Mathématiques au laboratoire AGM de Cergy-Pontoise UMR8088-CNRS. Il travaille dans le domaine de l’analyse qualitative des équations aux dérivées partielles. En octobre 2015, il a reçu le prix « Actions Collaboratives » de la Banque CASDEN et de la FSMP.

Mouhamadou Falil Sy est un militant de la promotion des langues africaines dans le sillage de feu le Professeur Cheikh Anta Diop. Il ouvre à la formulation des sciences dans les langues africaines, car estimant qu’elles pourraient beaucoup contribuer à leur développement.

senego.com

Calamités / De Sneiba El Kory

La Mauritanie a assisté, le 16 Mars dernier, à la 31ème session du conseil des Nations Unies, pour l’adoption de son rapport sur la situation des droits de l’homme. Le gouvernement y a présenté plusieurs délégations issues de tout ce qui touche, de près ou de loin, au sujet. Responsables du Commissariat des droits de l’homme et du ministère de la Justice, activistes d’organisations de la Société civile proches du pouvoir se sont ainsi donnés la main, pour défendre le point de vue officiel de la Mauritanie sur la très controversée question desdits droits dans le pays. En cela, les autorités n’ont en rien tranché avec les vieilles pratiques des systèmes précédents. Politique de la dénégation et rapports panégyriques, relayés par des cohortes de faux militants des droits humains, constituent toujours le socle sur lequel l’Etat mauritanien et ses institutions bâtissent leur stratégie de défense et leur argumentaire, facilement démontables, à l’ordinaire, par des rapports alternatifs produits par des associations diabolisées. Les mesures trompe-l’œil ne font plus recette. Ce n’est pas en  nommant, à Genève, un staff diplomatique composé de Harratines (l’ambassadrice et son premier conseiller) qu’on démontrera, à la Communauté internationale, que l’esclavage est éradiqué. Les substantiels montants qui ont servi à transporter, héberger et corrompre la dizaine de Harratines et « responsables » d’ONG-cartables auraient bien plutôt pu servir à concevoir et mettre en œuvre des programmes et projets structurels qualifiants, au profit des centaines de milliers d’esclaves et anciens esclaves qui vivent dans la misère, aux quatre coins de la Mauritanie. Les solutions à l’emporte-pièces ne serviront à rien, sauf à détourner la problématique de l’esclavage vers d’autres considérations nuisibles à la cohésion sociale. Les signaux précurseurs d’un ras-le-bol généralisé doivent être courageusement décryptés. Les solutions globales capables de les juguler, repensées. Personne ne peut douter de l’importance de tout ce qui a été fait, des indépendances à aujourd’hui, pour contribuer à défaire la Mauritanie de cet abject phénomène. Les dispositions et amendements constitutionnels, les ordonnances, les lois, les tribunaux et, même, les établissements spécifiques, comme le Commissariat aux droits de l’homme ou l’agence Tadamoun, c’est quelque chose, en dépit  de toutes leurs insuffisances. Mais il y a autre chose de peut-être plus important.

D’abord, la déconstruction des préjugés, chez les esclaves et les maîtres. La culture de la citoyenneté semble en être le seul efficace outil. A cet égard, les ambassadeurs, les ministres, les généraux et autres hauts commis de l’Etat ne sont ni harratines, ni beïdanes, ni négro-africains : ce sont juste des citoyens de la République islamique de Mauritanie. Naturellement que la citoyenneté ne se décrète pas ! Elle s’acquiert, à travers une accumulation de valeurs et de comportements que raffermissent la force de la loi et l’autorité de l’Etat, d’une part, et que vulgarisent et consolident, d’autre part, les pratiques quotidiennes de tous, dans toute la hiérarchie sociale.

Ensuite, la fin de la politique malveillante de victimisation. L’éradication de l’esclavage est l’affaire de tous les Mauritaniens. Aucune organisation, aucun groupe, aucun homme, quel que soit son charisme, n’en détient le monopole. Mais, autant il est inutile et vain de situer la responsabilité d’un passé  révolu, autant est-il inacceptable de l’instrumentaliser ou de s’en servir à n’importe quelle fin. Enfin, et c’est, peut-être là, un des aspects les plus importants de la problématique, l’Etat doit cesser de nier, systématiquement, des faits avérés. C’est ridicule de déclarer, chaque fois, que l’esclavage en Mauritanie, c’est du passé. Alors que ceux qui l’affirment sont les premiers à savoir que, dans les faits et la crudité du quotidien, des centaines de milliers d’esclaves et anciens esclaves souffrent encore de cette horreur. Sans véritable volonté politique,  l’éradication définitive de l’esclavage est une illusion. Et, sans cela, deux choses, au moins, sont objectivement impossibles. En un, le développement national. Bloqué, tant que des énergies aussi importantes que celles de ces centaines de milliers de citoyens ne sont pas libérées et mises en valeur. En deux, la cohésion sociale. Irréalisable, tant que d’aussi grosses injustices narguent, au jour le jour, les consciences dont les plus fébriles constituent une terrible menace potentielle. La politique du déni et de la fuite en avant ne paye pas. Impossible de continuer à tromper l’Histoire. Elle rattrape toujours ceux qui usent de subterfuges pour la devancer. Les expériences démontrent que ce n’est pas souvent une bonne chose de se faire rattraper par son histoire. Au cours de sa dernière visite, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, aurait entretenu les autorités nationales sur la problématique de l’esclavage et autres violations des droits humains. Lors des examens périodiques universels, la Mauritanie se fait ordinairement tirer les oreilles, par les instances de la Communauté internationale, sur des questions de droits de l’homme, avec force recommandations et graves interpellations. Pourtant, notre pays continue, de sa tête à ses pieds, à « se faire » croire que tout va bien…en tout.

le calame