Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 30/08/2015

Lettre Ouverte à Monsieur le Ministre de l’Education Nationale

Lettre Ouverte à Monsieur le Ministre de l’Education NationaleUn Etat qui ne réussit pas l’éducation de ses enfants peut-il espérer réussir autre chose ?

Objet : Ecole publique en faillite

Le système éducatif n’est pas en crise. Il est simplement dans le gouffre total. L’Etat, les syndicats, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes sont en train de jeter l’Education nationale dans les abysses d’un effritement préjudiciable à l’avenir de la Nation.

D’ailleurs d’ici peu de temps, quand les générations actuelles auront tiré leur révérence, la Mauritanie risque de ne plus disposer d’une forte et solide élite intellectuelle et de cadres techniquement compétents. D’abord parce que les apprenants sont de plus en plus d’un niveau désastreux à cause d’une pédagogie défaillante, d’un laisser-aller impuni et d’une anarchie qui font des lycées et des écoles de simples lieux d’amusement et de rencontre où tout est permis et tout se permet au gré de la civilisation du loisir et de la pernicieuse démocratisation.

Ensuite, l’Etat n’a plus de souveraineté sur l’Education qui est pourtant le berceau de la République. Toutes les orientations du système éducatif sont dorénavant définies par les bailleurs de fonds qui élaborent eux-mêmes les chantiers qu’ils imposent à l’Etat.

A cause d’eux et avec le consentement de l’Etat, l’exigence du nombre submerge l’exigence du savoir parce qu’ils font primer la quantité sur la qualité. Plus grave, la situation de l’enseignement est telle que l’ambition d’enseigner ne s’adresse à personne. Le métier d’enseignant est devenu le débouché qui reste quand on a tout tenté et tout raté. Les parents se rabattent sur les établissements scolaires privés laïcs. Mais ceux-là sont parfois pires car ils gèrent plus le client que l’apprenant.

Le constat est donc alarmant : toute une génération est en train d’être sacrifiée par des acteurs de l’école ! « Nous sommes foutus ! » lance un élève ayant fui le public pour aller dans le privé. Et Dieu sait pourquoi son cri est l’expression de la désespérance. AZIZ il s’est encore trompé car l’éclatement du Ministère de l’Education n’est point une réponse à la question posée en procédant ainsi, le Président AZIZ fait de l’enseignement une colossale machine bureaucratique et parasitaire confiée à des incompétents et des ruffians qui n’entretiendront qu’un appareil éducatif sur-développé avec une Education qui ne fonctionne plus sur la base d’une loi d’orientation. L’Ecole Publique en Faillite continue. UN ETAT QUI NE REUSSIT PAS L’EDUCATION DE SES ENFANTS PEUT-IL ESPERER REUSSIR AUTRE CHOSE ?

Aujourd’hui, l’école est dans une situation lamentable ! Le développement passe d’abord et avant tout par un système Educatif Performant.

Le développement passe d’abord et avant tout par un système éducatif performant. Or, sur ce plan, la faillite de l’Etat est patente. Il y a de quoi avoir des sueurs froides à propos du système éducatif mauritanien qui ne cesse de tomber dans la décadence. L’éducation est pourtant un service public dont l’organisation et le fonctionnement sont assurés par l’Etat. Mais qu’est-ce que ce dernier à fait de l’héritage Daddahien de l’école mauritanienne ?

Hier adulée et enviée pour avoir produit un nombre important de ressources humaines de valeur, on peut se demander aujourd’hui et à juste titre, ce qui peut encore motiver un parent à envoyer son fils à l’école publique. L’école traverse une crise structurelle grave qui met à nu la faillite de l’Etat. Le préscolaire est assuré par le privé. Le manque de qualité a fait que le niveau de l’enseignement s’est beaucoup trop affaissé. Le taux d’achèvement constitue un énorme problème. 78,51% de jeunes mauritaniens, âgés de moins de 20 ans, ont abandonné l’école avant de terminer le premier cycle de l’enseignement secondaire.

Le nombre infini des jeunes élèves qui ont la chance de décrocher le Bac, entre, la plupart du temps, à l’université qui est synonyme de garderie d’adultes avec son taux d’échec en première et deuxième année qui dépasse les 80%. Et pour les rescapés qui terminent la licence, ils sont pour beaucoup confrontés au problème tant décrié de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Encore que ces problèmes souvent montrés du doigt n’ont que trop duré. L’école mauritanienne croule sous le poids de ses innombrables problèmes. Hélas ! Trois fois Hélas ! Quelle misère !

Ahmed Bezeid Ould Beyrouck

chroniqueurbeyrouck@gmail.com

 

le calame

Les Harratines, ces oubliés de la République /Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibecar

Les Harratines, ces oubliés de la République /Par le colonel (E/R) Oumar Ould BeibecarLe mouvement El Hor, fondé en mars 1978 par des intellectuels harratines, victimes eux aussi des discriminations du pouvoir « beidane », sur la base de revendications légitimes et responsables, a été vite infiltré, puis détourné par ce pouvoir d’exception, qui l’a divisé en deux tendances.

Celle des opportunistes qui font de la lutte contre l’esclavage un fonds de commerce avec le pouvoir, et celle des idéalistes qui en font un fonds de commerce auprès des pays étrangers. Cette rivalité, suscitée entre ces deux mouvements, a largement contribué à la paupérisation des harratines.

Pourtant entre ces deux tendances, il existe une élite républicaine silencieuse, constituée de cadres harratines, hommes et femmes dignes, sérieux et compétents, qui refusent l’opportunisme des uns et l’idéalisme des autres, et qui n’ont à vendre que leur propre exemple de réussite, qui leur a permis de forger un rang social beaucoup plus important que celui de leurs anciens maîtres.

Ces cadres patriotes et responsables sont les vrais défenseurs de la cause harratine. Car ils ont compris que le salut de cette catégorie sociale ne viendra que de l’Ecole et uniquement de l’Ecole.

Il y a un autre personnage providentiel, qui a particulièrement contribué à l’émancipation et à la prise de conscience des harratines, en trouvant refuge dans les vraies valeurs de l’islam sunnite libérateur et égalitaire. Il s’agit de l’éloquent imam Mohamed OULD SIDI YAHYA.

Ce grand pédagogue a incontestablement réussi à contenir le mécontentement des anciens esclaves, suscité par les discriminations et les injustices flagrantes des régimes d’exception et intensifié par plusieurs siècles de spoliation. Il a réussi à former une autre élite, croyante, purifiée et libérée des préjugés sociaux qui servira sans aucun doute d’exemple, à toute notre société et contribuera à la paix civile indispensable au développement de notre pays et à sa survie.

Un pédagogue nommé Ould Sidi Yahya

L’ordonnance 81-234 du 9 novembre 1981 du CMSN portant abolition de l’esclavage, prononcée du bout des lèvres, sans aucune mesure d’accompagnement, suscitée par l’activisme des ONGS comme World Vision, n’a pu survivre au puissant lobby féodal en perpétuelle renaissance, qui domine les comités militaires et leurs gouvernements, ainsi que le pouvoir politique et traditionnel.

D’ailleurs, la réaction d’un grand seigneur, chef de tribu en Assaba, quelques mois après la promulgation de cette ordonnance, annonçant solennellement, la libération de plusieurs dizaines de ses esclaves, aux environs de Kiffa, vivement ovationnée par le président du CMSN et sa délégation, de passage pour l’inauguration du tronçon Kiffa-Néma, en est une illustration et, démontre si besoin est, le caractère démagogique de cette ordonnance, qui moisit depuis sa promulgation. Les nouvelles lois n’apporteront rien de nouveau puisque le système féodal qui se nourrit des inégalités est toujours au pouvoir et se consolide.

Le pouvoir aurait pu aussi, s’il le voulait, décomplexer et transformer les nombreux féodaux consanguins des harratines, en abolitionnistes convaincus, notamment certains chérifs et émirs de mères esclaves ainsi que d’autres métis fils de nobles et de femmes esclaves. Leur charisme, leur orgueil, ainsi que leur consanguinité avec les victimes, pouvaient être exploités, positivement pour susciter leur engagement pour cette noble cause, dont l’objectif est de délivrer leurs proches parents, leur sang, de cette déshonorante et humiliante situation d’esclave, pour une meilleure harmonie nationale.

Cette ordonnance abolitionniste prévoit paradoxalement dans son article 2, une compensation au profit des maîtres au lieu des victimes, ce qui est contreproductif sachant que l’esclavage en Mauritanie, n’a aucun caractère conforme à la charia à cause de ses origines douteuses, produit des razzias ou de vol à main armée. D’ailleurs, cette traite humiliante, des populations noires musulmanes et riveraines, contraire aux valeurs de notre sainte religion, avait provoqué le siècle dernier, l’indignation de l’érudit de Oualata, Mohamed Yahya Elwalaty, ainsi que celui de Tombouctou, Cheikh Ahmed Baba Ettimboucty, qui avaient déclaré, la prohibition de cette pratique honteuse, que les oulémas du pouvoir n’ont dénoncé qu’il y a quelques mois comme pour se moquer de la République.

En cherchant à compenser les fautifs, le CMSN avait commis la même erreur d’appréciation que les gouvernements français, non moins esclavagistes, qui, bien qu’ayant aboli l’esclavage dans les colonies conformément au décret du 27 avril 1848, ont fini par accorder une indemnité aux anciens propriétaires d’esclaves conformément au décret du 24 novembre 1849, pour contenir leur mécontentement. Ce laxisme va continuer jusqu’au 12 décembre 1905, lorsqu’un décret français réprimera définitivement la traite des esclaves dans les colonies.

Pourtant si cette compensation avait été accordée par le CMSN aux victimes de l’esclavage, celui-ci aurait été éradiqué définitivement. Sachant que ces esclaves étaient essentiellement employés dans les domaines de l’élevage, de l’agriculture, de la pêche, ou comme domestiques ou ouvriers subalternes, le CMSN aurait pu les délivrer, en leur accordant des moyens de production propres à eux dans les domaines de leurs spécialités, et en leur attribuant des terres à cultiver. L’Etat aurait dû désintéresser les anciens maîtres pour leur éviter de se servir de ces terres, comme moyen de pression susceptible de perpétuer leur domination sur ces harratines nouvellement affranchis.

La peau des uns, la culture des autres

En ce qui concerne les domestiques et les ouvriers subalternes, le gouvernement aurait pu les former et leur donner du travail en les recrutant en priorité, comme soldats, agents de police, plantons ou agents de sécurité ou en leur finançant des micro-projets pour leur permettre d’obtenir des métiers leur garantissant une meilleure insertion dans les domaines commercial ou industriel, en attendant des jours meilleurs. L’Etat aurait pu accompagner ces mesures par une scolarisation obligatoire au profit de leur progéniture.

La solution que le père de la nation avait apportée au problème des NMADIS aurait pu être vulgarisée par le CMSN pour régler ce problème d’esclavage. En effet pour mettre fin aux activités destructrices pour la faune et la flore, de ces guerriers, grands chasseurs du Dhar, le gouvernement les avait transformés en éleveurs, en leur procurant les animaux nécessaires au début des années 60, et avait procédé au recrutement de leurs jeunes dans les forces armées et de sécurité. Cette initiative a permis leur insertion dans la vie active et a mis ainsi fin définitivement à ce fléau environnemental.

Le pouvoir d’exception a largement contribué au clivage de notre société, et au maintien de l’esclavage, en suspendant de facto l’ordonnance abolitionniste et en renforçant le pouvoir tribal que le père de la nation avait beaucoup affaibli. Ce pouvoir tribal, arabo-berbère et négro-mauritanien, qui se nourrit du labeur, rarement rémunéré de ces esclaves, obligés par les pouvoirs publics de se résigner et de pardonner à ceux qui les ont déracinés et qui refusent toujours de les adopter, malgré plusieurs siècles de cohabitation dans un environnement régi par l’Islam sunnite.

Contrairement aux autres composantes nationales, les harratines n’ont que la Mauritanie comme patrie, ils n’ont pas de ramification dans les pays voisins. Ils sont le fruit de notre histoire, de notre géographie, de nos déviations et de nos folies. Avec la peau des uns et la culture des autres, ils forment une symbiose indispensable à la consolidation de notre unité nationale. Leur noblesse n’a pas été entamée par tous ces siècles de frustration, d’humiliation et de mépris. Pendant tous ces temps difficiles, ils ont gardé intacts leur honneur, leur générosité, leur dignité, leur probité morale, et leur fierté.

Les harratines sont originaires des populations négro-africaines riveraines, razziées pendant les siècles derniers par les tribus arabo- berbères et négro-africaines. Déracinés et arabisés par la force du destin, ils ont acquis au fil du temps, une nouvelle identité afro-arabe. Comme d’autres, sous d’autres cieux et dans d’autres continents, qui par la force du destin ont été déracinés, occidentalisés, christianisés ou athéisés et ont acquis une autre identité afro- euro-américaine. Débarrassés de l’hégémonisme des arabo-berbères et de la susceptibilité des négro-mauritaniens, et guidés par une foi inébranlable, les harratines constituent incontestablement le trait d’union fondamental entre les uns et les autres, le centre de gravité de notre unité nationale et l’espoir d’un avenir radieux pour les générations futures de notre pays, pourvu qu’ils en prennent conscience.

Le sort des Matchoudos, esclaves toucouleurs et des Komes, esclaves des soninkés, les oubliés de la République et de la Liberté, qui ne figurent même pas sur l’agenda des abolitionnistes, doit être traité sans passion avec beaucoup de sérieux et d’appréhension. Ceux-ci étant de la même couleur et parfois portant les mêmes noms que leurs maitres donnent l’impression de vivre dans un système égalitaire, alors qu’ils sont victimes de beaucoup de discriminations dissimulées. Leurs visages portent souvent les stigmates de leurs souffrances morales et psychologiques. Spoliés, terrorisés, frustrés et privés de leur dignité, de leurs terres et parfois de leurs biens, ils subissent l’arbitraire quotidien de leurs maîtres qu’ils ne peuvent dénoncer.

Certains comme les Komes, de la communauté la plus esclavagiste du pays, à savoir des soninkés du Guidimagha, souffrent de discrimination parfois même à titre posthume. Ils n’ont même pas, semble-t-il, le droit de prier dans la même mosquée que leurs maîtres et après leur mort, ils n’ont pas le droit d’être enterrés dans le même cimetière.

A suivre

Le Calame