Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 21/08/2015

Nelson MANDELA n’a jamais quitté la prison de OUALATA.

L’injustice sociale est comme une maladie opportuniste, insidieuse, elle ne se camoufle et ne s’endort qu’enfin de conforter sa virulence, de mieux surprendre et détruire toutes les forces de résistance.

«  Image saisissante, émouvante, inoubliable: Ten Youssouf Gueye rassembla tout ce qu’il lui restait d’énergie, essaya de redonner à sa voix habituellement forte et claire, présentement tremblante, tout son tonus, et malgré la douleur qui se lisait sur son visage, et comme s’il avait conscience d’émettre sa dernière volonté, il voulut s’assurer que tous ses propos fussent entendus, articula aussi fort que le permettait son état, à l’intention du lieutenant Oumar toujours penché au-dessus de lui:

– Lieutenant Oumar, vous n’allez pas laisser mourir comme un chien l’un des hommes de culture de ce pays? (….)

Conséquence tragique d’une telle vacance de pouvoir et du refus des responsables administratifs sur place d’engager leur responsabilité: Ten Youssouf Gueye agonisant, évacué d’un fort-mouroir pour être hospitalisé, se retrouva, malgré son état, dans la prison des détenus de droit commun de Nema. C’est dans
cette prison qu’il expira dans la nuit du 2 septembre 1988. Sans sépulture, il serait enterré dans une tombe anonyme dans un cimetière de Nema. Telle fut la fin de l’un des plus prestigieux écrivains et hommes de culture de la Mauritanie.”1

De Nouakchott à Pikine, de Mbagne à Guédiawaye et de Kaeidi à Yeumbeul, des voix avaient alors retenti pour pleurer mais aussi pour avertir. C’était au temps des centres et foyers ardents d’alphabétisation dans la langue nationale PULAAR. Murtudo, Mamadou Samba DIOP avait balisé la voie et toute une génération de moniteurs bénévoles et d’artistes engagés avaient repris le refrain :

« Mandela sortira mais d’autres Mandela resteront encore enfermés ».

Refuser au FPC-Mauritanie un récépissé de Parti Politique c’est comme croire que l’acte de baptême seul conduit à la naissance et à l’existence. Mais La Lutte Continue, mes frères ! Tant il est vrai qu’une paume tendue vers le ciel ne saurait cacher l’éclat d’un soleil au zénith.

L’actualité politique en République Islamique de Mauritanie interpelle de nouveau toute l’Afrique. Ce qui s’y trame sous nos yeux pour réduire au silence politique les FPC ex FLAM est pire que le génocide des années de braise de 1988 à 1990.

Ma nationalité sénégalaise passe d’abord par mon identité de Halpulaar Foutanké et c’est pour cette raison, suffisante, que ce combat est le mien…car ce sont encore les miens qui vont en payer le prix le plus fort. Peut-être faut-il le rappeler que « des deux rives, sud et nord, le FOUTA demeure un terroir indivisible ».

On va encore diaboliser tout un groupe social dans le but de réduire au silence ses leaders ou à défaut de les éliminer physiquement ; l’histoire récente prouve que les possibilités en la matière sont illimitées.

Le Lieutenant Oumar de 1988, devenu en 2015 Colonel en retraite met en garde sa Patrie en ces termes : “Quant aux Flam, il s’agit d’authentiques citoyens mauritaniens qui ne sont ni racistes ni sécessionnistes, détenteurs d’un projet de société raisonnable pour la Mauritanie qu’ils veulent soumettre au peuple. C’est leur droit le plus élémentaire. Leur exclusion du débat national constitue une erreur monumentale, leur parti doit être reconnu officiellement. Seul le peuple, souverain, peut refuser leur projet.” De quoi on-t-ils peur, ces Khaym Kébir de dunes? Que la majorité Négro-mauritanienne s’appuie sur un socle Pulaar pour exprimer son ras-le-bol du racisme esclavagiste Beydane. Cet aparthied arabo-berbère sera combattu et vaincu comme hier à SOWETO et Johanesburg!

J’en ai un pincement au cœur ; car la Pulaarophobie, un mal absolu, est banalisé au point de devenir normal et acceptable. Tous les néo-nazis des tropiques s’en servent pour combattre la démocratie, le progrès et la Liberté. Jusqu’à quand ?

1.     (Extrait de “J´ÉTAIS À OUALATA- Le racisme d´Etat en Mauritanie”- BOYE Alassane Harouna- Préface par Samba Thiam)

barousadio.seneweb.com

Moussa Fall, président du Mouvement pour le Changement Démocratique (MCD), dans une interview exclusive : ‘’L’opposition a tiré de sa longue expérience la ferme conviction qu’elle ne peut accorder aucune confiance ni aucune crédibilité à ce pouvoir’’

altLe Calame: Commençons par le Dialogue. Comment comprenez-vous  le peu d’empressement du pouvoir à nouer le dialogue avec son opposition, ceci après les préliminaires et  un échange de documents? Est-ce parce que le pouvoir a compris que l’opposition n’est pas disposée à  accepter  l’amendement de l’article 26 de la Constitution ou il y a d’autres raisons, à votre avis?

Moussa Fall : Le premier round de ce dialogue était, de mon point de vue, très mal engagé par les deux parties: L’opposition a une longue expérience de négociations avec le pouvoir en place. Elle est donc entrée dans ce dialogue sans conviction, en ayant des positions discordantes par endroits, en posant des conditions préalables n’ayant, parfois, aucun lien avec le dialogue politique proprement dit.

Le pouvoir, quand à lui, s’est refusé tout au long de ces entretiens préliminaires, à clarifier ses véritables intentions. Sur les questions essentielles se rapportant à l’accord cadre proposé par le Forum, il s’est barricadé derrière des réponses vagues, évasives.

On a donc assisté à un dialogue de sourds, à un jeu de cache-cache qui ne pouvait qu’être stérile.

Le FNDU avait demandé un document écrit consignant les réponses de la délégation du pouvoir aux points soumis dans cette première phase préparatoire. Grande a été notre surprise quand nous avons reçu, au lieu et place de la réponse attendue, une lettre commençant maladroitement par un panégyrique du chef de l’Etat et de son système. Une lettre  convoquant, sans concertation préalable,  à un dialogue le 7 septembre prochain. Inutile de dire que pareils désinvolture et irrespect n’augurent rien de bon quant à la suite  qui sera réservée à cette démarche.

Or la condition première, pour engager un dialogue  sur des bases sérieuses et responsables, est, précisément, que les parties prenantes s’accordent  sur  l’objectif central qu’elles veulent atteindre. Pour ce faire, il s’impose, avant tout, de répondre clairement aux questions suivantes :

Quelles sont les intentions du pouvoir? Et que veut l’opposition?

Je crois savoir que l’opposition s’achemine vers une stratégie de dialogue cohérente et consensuelle. L’objectif central de cette stratégie sera de faire de l’année 2019 l’année de l’édification d’un régime civil par une alternance véritablement démocratique et pacifique. La réalisation de ce changement passe par une convergence sur deux conditions essentielles:

o   Pas de troisième mandat !

o   Pas de candidat imposé par l’Etat, par ses Institutions, par ses moyens et par son influence !

Si cet objectif et ces conditions sont partagés, dans leur principe, par le pouvoir alors il sera possible d’ouvrir un dialogue sérieux et constructif. Si le pouvoir a d’autres intentions inavouées alors il sera inutile de perdre son temps dans des palabres sans lendemain.

Qu’entend ou pourrait faire l’opposition  pour sortir de cette impasse?

Ce que l’opposition peut faire, c’est de montrer une unité et une  détermination fortes, fondées sur une ligne politique claire, un discours cohérent et convaincant et soutenues par une mobilisation et une pression massives et continues.

Comment voyez-vous la situation économique du pays ?

Comme vous le savez la Mauritanie a bénéficié, sur la période de 2009 à 2013, d’une conjoncture économique exceptionnellement avantageuse: Une très forte augmentation des prix des exportations ; un démarrage de nouvelles activités minières et pétrolières ; un important flux des investissements directs étrangers…etc. A partir de 2014 la conjoncture a commencé à prendre une tournure défavorable :

Au plan de la production, les activités extractives qui constituent le moteur de l’économie nationale et qui impactent, à des degrés divers, l’ensemble des autres secteurs, sont confrontées à de graves difficultés. Leur contribution au PIB est passée d’une moyenne annuelle de 27% sur la période 2010 – 2013 à 17,2%, seulement, en 2014 et cette tendance s’est accentuée durant les 7 premiers mois de 2015. Le fer, principale richesse du secteur moderne du pays, ne contribue plus que pour 10,8% au PIB contre une moyenne annuelle de 17,9% sur la période 2010-2013. Tasiast vient de communiquer sur les mesures drastiques- une compression du tiers de ses effectifs- qu’elle envisage de prendre pour sauver la poursuite de son activité dans le pays alors qu’elle projetait, il y a de cela deux ans, de réaliser un très ambitieux programme d’extension. La production et les cours du pétrole sont au plus bas. Toutes ces tendances ont naturellement affecté le volume des investissements directs étrangers qui a enregistré une baisse de prêt de 60% en 2014.

Au plan des échanges extérieurs, le revenu des exportations est passé de 2,7 milliards de $/an en moyenne de 2011 à 2013 à 1,9 milliard de $ en 2014. La contreperformance du fer est, encore, plus accentuée dans la mesure où son chiffre d’affaires chute de 1,3 milliard de $ en moyenne sur la même période à 0,7 milliards de $ soit 45% de baisse. Pour ces raisons, le solde global de la balance des paiements, qui était excédentaire de 2010 à 2013 a enregistré, en 2014, un déficit de près de 310 millions de $ occasionnant une baisse sensible du niveau des réserves officielles de change qui ne couvraient plus au 31 décembre 2014 que 4,5 mois d’importations.

C’est au plan des recettes budgétaires que les manifestations de cette conjoncture sont les plus ressenties.  Les médias se font l’écho, au quotidien, des difficultés de trésorerie de  l’Etat : des retards de paiements pénalisant les entreprises publiques et privées. On m’a confirmé que les sous-traitants du Génie Militaire ne sont pas payés depuis novembre dernier !  Quand « les cris viennent de la montagne », comme on dit, on imagine aisément le sort réservé à tous les autres fournisseurs et les nombreux disfonctionnements que ces défauts de paiement occasionnent : non paiement des employés, non remboursement des prêts bancaires entrainant des faillites en cascades. Cette situation laisse penser que les comptes du trésor et du budget, qui nous sont communiqués par voies officielles, ne reflètent pas toute l’ampleur de la crise financière de l’Etat. Et que l’Etat finance de nombreuses activités par le non paiement des prestataires. Comment qualifier cela ?

Selon les comptes officiels, en 2014, le déficit budgétaire s’est alourdi pour s’établir à 55,1 milliards d’ouguiyas en comparaison avec son niveau de 2013 qui était de 13,9 milliards poussant le Trésor à puiser dans ses dépôts auprès de la BCM qui, en fin d’exercice, avaient enregistré une diminution de plus de 46 Milliards d’ouguiyas.

Une Loi de finances rectificative vient d’être adoptée par le Parlement pour 2015. Cette nouvelle Loi constate, bien tardivement, dans son exposé des motifs, que « Les recettes fiscales connaissent un manque à gagner relativement important reflétant le ralentissement de l’activité du secteur exportateur BIC/BNC/IMF (-8,60%) ; ITS (-19,61%) ; TVA intérieure (-8%) et la taxe unique de la SNIM (-43,50%) » et que « les recettes non fiscales seront amputées des 36MM initialement prévus en provenance des dividendes de la SNIM et de 3,7 MM sur les recettes pétrolières  (LFR 2015)».

La solution retenue par les pouvoirs publics, pour combler ces déficits, s’est traduite par l’adoption d’une batterie de mesures fiscales mettant toute la pression sur le consommateur et sur les entreprises.

Après avoir décidé d’augmenter la TVA sur certains produits de consommation, le gouvernement a alourdi les taxes pour  son budget  rectificatif. Comprenez-vous pourquoi? Quelles implications pourraient avoir cette décision particulièrement sur les ménages ?

Nous venons de décrire la conjoncture économique dans laquelle nous nous trouvons. Parmi les conséquences de cette conjoncture, nous avons noté la diminution sensible des recettes budgétaires. Face à cette situation, differentes politiques sont envisageables. Tout dépend de la qualité de la gouvernance du pays. Une bonne gouvernance doit agir avec discernement et réalisme et adapter le rythme des dépenses aux prélèvements soutenables par l’économie et par le citoyen.

Une gouvernance populiste et démagogique refuse généralement de se résoudre à l’évidence. Elle s’impose de maintenir les dépenses au niveau où elles étaient en période faste. Dans notre cas et, à titre d’exemples,  le budget d’investissement sur recettes intérieures est maintenu à 122 Milliards d’ouguiyas et celui des subventions et transferts à près de 70MM. On cherche alors à faire feu de tout bois pour combler les déficits en ressources sans se préoccuper des conséquences sociales et économiques que cette politique peut induire.

La Loi de finances 2015 est une illustration de cette politique de fuite en avant.  Les nouvelles ressources de remplacement ont deux origines : l’augmentation des impôts et des prélèvements sur la consommation, le harcèlement des entreprises privées, les retombées d’une dévaluation inavouée de l’ouguiya par rapport au  dollar et des rentrées exceptionnelles.

o   L’augmentation des impôts et des prélèvements s’est traduite par une augmentation générale de la TVA de 2% puis par la suite une augmentation des impôts sur les produits pétroliers, le riz importé…etc. En parallèle  l’Etat s’est obstiné à maintenir les prix, à la pompe, des produits pétroliers au même niveau en dépit de la forte diminution de leurs cours sur le marché international. Il a réussi à engranger par ce biais, sur les six premiers mois de l’année, un montant de 25,3 MM d’ouguiyas. Dans la Loi de finances rectificative ce différentiel sera absorbé par une série de taxes, probablement irréversibles, sur ces produits. Il est évident qu’à terme, les populations qui sont déjà fortement affectées par la cherté de la vie et par le chômage ne pourront pas supporter indéfiniment une fiscalité aussi asphyxiante.  Il en est de même pour les entreprises qui subissent un harcèlement continu et mortifère de la part des services fiscaux.

o   La seconde source de financement budgétaire provient du renouvellement des licences de téléphonie mobile (15 MM) et d’appuis budgétaires en provenance de l’extérieur (21,7 MM).  A ces ressources exceptionnelles, viendra s’ajouter la contrepartie de l’accord de pèche avec l’Union Européenne (20 MM). Ces financements sont sains mais ils sont, pour l ‘essentiel, non  renouvelables.

Avec ces nouvelles recettes, on arrivera, peut-être, à boucler le budget théorique de cette année. Après, il faudra alors se poser, pour les exercices à venir, la question de savoir  de quoi demain sera fait ?

Que pensez-vous de  la décision du gouvernement de taxer le riz importé  pour inciter les mauritaniens à consommer le riz mauritanien ?

Le gouvernement a effectivement taxé le riz importé et, en parallèle, il a décidé de se dessaisir de son engagement à acheter toute la production de riz. C’est une nouvelle politique qui se met en place dans ce secteur. Quelles seront ses conséquences ? A priori les décisions prises d’autorité, sans concertations préalables avec les acteurs concernés, sont souvent mal acceptées. De plus, abandonner les agriculteurs à leur sort de façon aussi brutale et  sans préavis, dans cette phase cruciale, équivaut à un étouffement instantané de la filière.

Cela dit, une activité économique doit, pour être viable et pérenne, s’auto-entretenir pour l’essentiel. L’Etat doit intervenir quand il le faut, mais il ne peut pas porter à bout de bras tout un secteur en amont, en aval, et durant le processus de production.

Dans la riziculture, l’Etat  s’implique en amont dans le financement des campagnes et cela s’est traduit par les problèmes de recouvrement qui ont paralysé les différents organismes de crédit agricole ; CDD comprise. L’Etat s’implique dans des aménagements avec des budgets annuels de plus de 10 à 15 milliards d’ouguiyas, des aménagements réalisés  sans professionnalisme et sans mesures d’accompagnement pour assurer leur rentabilité et leur pérennité. L’Etat s’implique dans la production en fournissant les intrants agricoles. L’Etat s’implique  en aval dans la commercialisation par l’achat garanti du riz usiné. Et tout cela pour quels résultats? Le riz acheté est resté invendu et l’Etat a sur les bras près de 60000T stockés, parfois depuis 2013. Or investir massivement dans un produit qui ne se vend pas est tout simplement inacceptable. Il faut que la riziculture produise du riz qui correspond aux attentes du marché. Il faut qu’elle parvienne à un degré de rentabilité et de productivité acceptables pour pouvoir se prendre et être viable sur la durée. L’Etat, en concertation avec les promoteurs de la filière, doit s’atteler à élaborer une nouvelle stratégie pour ce sous-secteur.  Une stratégie qui aura besoin, pour prendre corps, d’un temps d’adaptation avec des mesures d’accompagnement appropriées.

Le déficit pluviométrique que la  Mauritanie a connu l’an dernier risque fort  de se reproduire cette année.  L’hivernage  accuse un gros retard dans différentes parties du pays et jusque-là, le gouvernement n’a pris aucune mesure pour anticiper sur les conséquences  d’une  catastrophe qui menace le pays. Comprenez-vous ce mutisme ? Que doit-il faire pour  éviter une famine aux populations?

L’hivernage a accusé un retard très inquiétant cette année. Un retard d’autant plus stressant que le bétail était très mal en point suite au déficit pluviométrique de l’année dernière. Mais on espère qu’il finira par être bon même si d’importants dégâts ont d’ores et déjà été enregistrés pour les bovins et les caprins en particulier.

Je ne suis pas un adepte de l’Etat providence et d’ailleurs, le sous- secteur de l’élevage se prend en charge, en tant qu’activité économique autonome. Cela ne doit cependant pas constituer une raison pour l’ignorer surtout quand il fait face à de graves difficultés.

L’importance de l’élevage dans l’économie nationale n’est pas à démontrer. Sa contribution au PIB s’élève à 15,4% ; représentant le taux le plus élevé de tous les sous -secteurs de l’économie productive. Il emploie un très grand nombre de personnes et fait vivre un très grand nombre de ménages sur toute  l’étendue du territoire national. Il alimente le marché national et partiellement certains marchés de la sous-région en protéines animales, en lait et en cuir.

Depuis les années trente et jusqu’au lendemain de l’indépendance, les services de l’élevage et des eaux et forêts étaient prioritairement implantés dans les premières subdivisions administratives du pays. Aujourd’hui, ces services ont quasiment disparu. Le budget du ministère de l’élevage est ridiculement bas : 2,2 milliards d’ouguiyas soit 0,14% du PIB.

Durant cette dernière période de soudure, le bétail s’est trouvé confronté à une sècheresse de grande intensité à cause du retard des  pluies, des déficits pluviométriques enregistrés l’année dernière et d’une épidémie qui a occasionné des pertes importantes de bovidés dans certaines régions.

 Face à  cette crise, l’Etat est resté quasiment invisible. Selon les éleveurs que j’ai eu à interroger, seuls 30000T d’aliments de bétail, de qualité suspecte pour l’une de leurs composantes, ont été disponibilisés à des coûts réduits ; une quantité insignifiante au regard  des 22 millions de têtes de bétail que compte le pays. La frange des éleveurs qui dispose de moyens a donc dû supporter l’essentiel des coûts de l’alimentation pour un prix moyen de 100000 UM/T ainsi ceux des traitements contre les épizooties. Malgré leurs efforts, une bonne partie de leur cheptel a été décimée. Ceux  qui sont démunis ont vu périr l’essentiel de leur bétail.

C’est dire que le sous-secteur de l’élevage fait l’objet d’une négligence imméritée et coupable. Les pouvoirs publics se doivent de reconsidérer cette situation pour répondre, à chaque fois,  aux détresses que vivent, à certaines périodes, les éleveurs, plus particulièrement, les plus nécessiteux d’entre eux.

Plus généralement l’importance de ce sous-secteur et les nombreuses potentialités qu’il recèle posent l’urgence de stratégies visant à valoriser à moderniser cette activité et à assurer à celle-ci le maximum de protection possible contre les aléas de la nature.

Pour finir, les services du ministère de l’intérieur  viennent de notifier leur refus de reconnaître des FPC, ex FLAM. Que vous inspire cette décision intervenue, 8 mois après le dépôt de la demande de reconnaissance ?

Je la trouve inappropriée pour plusieurs raisons :

1. Les FLAM ont déclaré leur renoncement à la lutte armée et leur engagement dans une voie pacifique et démocratique pour poser et défendre leur vision sur l’unité nationale et sur les conditions qu’ils revendiquent pour assurer une coexistence harmonieuse entre les différentes composantes de la Mauritanie. Même si on ne partage pas cette vision, on ne doit qu’encourager cette évolution.

2. A ma connaissance, tous les courants d’opinion- parfois particularistes- ont été agrées par les services du ministère de l’intérieur à l’exception des FPC et de RAG. Cela constitue une discrimination qui ne peut qu’engendrer la frustration et les ressentiments et conduire, à terme, à la violence.

3. Les questions posées par les FPC sont des questions de fond auquel le pays est confronté. La bonne réponse à ces questions ne peut intervenir qu’après un débat national serein, dépassionné et constructif. Les conditions de réussite d’un tel débat supposent l’ouverture d’esprit, la tolérance, et l’implication de tous les courants d’opinions. Fermer la porte à des sensibilités  c’est exclure des opinions qui doivent être entendues pour pouvoir aboutir à un  consensus national sur ces questions.

4. La politique de l’exclusion est condamnable en soi. Toute exclusion engendre le repli sur soi et, par voie de conséquence, la marginalisation et l’extrémisme. Il faut répondre aux arguments par des arguments plus convaincants et non par le rejet et l’obstruction mécanique.

Propos recueillis par Dalay Lam 

 

le calame

Témoignage : le colonel Oumar était aussi à Oualata : un geôlier pas comme les autres !

Témoignage : le colonel Oumar était aussi à Oualata : un geôlier pas comme les autres ! « Peu de jours après le décès de Bâ Alassane Oumar, un changement de commandement se produisit au niveau du groupement régional (G.R.) de la garde, dont le P.C. était basé à Nema et dont dépendait le fort de Oualata. Ce changement de commandement, était-il une coïncidence avec la mort de Bâ Alassane Oumar, ou en était-il une conséquence?

Quoiqu’il en soit, vers le 30 août 1988, le nouveau commandant du GR débarqua au fort de Oualata…. Quand il pénétra dans notre salle, les premières mesures prises par le lieutenant Oumar ould Boubacar furent de retirer les chaînes des pieds de tous ceux qui étaient malades et incapables de se mouvoir. Il fit aussi enlever les chaînes des pieds des détenus âgés: Ten Youssouf Gueye et DjigoTabssirou.

Il ordonna que les lucarnes fermées avec du banco et des pierres pour cause de punition, depuis la nuit du 22 mars 1988 soient ouvertes. Nous lui exposâmes l’ensemble de nos problèmes notamment:

– La quantité et la qualité de l’alimentation. – La prise en charge par nous-mêmes de la cuisson de nos repas. – L’approvisionnement de l’infirmerie en médicaments. – L’évacuation dans un centre hospitalier des malades dont l’état est grave.

Il s’engagea à résoudre tous les problèmes qui étaient de son ressort, à exposer à qui de droit ceux dont la solution ne dépendait pas de lui. Le lieutenant Oumar ould Boubacar était un officier posé et très respectable.

Il nous écoutait avec beaucoup de patience et d’intérêt. Il nous parlait calmement et avec respect. Quand il s’engageait à résoudre un problème posé par nous, il le faisait vite et bien.

Il se dégageait de sa personne et de son allure un mélange de bonté, de douceur et de maturité. L’homme avait beaucoup d’humanité et suscitait au premier contact sympathie et estime. L’officier était bien pénétré du sens de son devoir et s’en acquittait avec beaucoup d’intelligence.

Il sut toujours être, à la fois, l’un et l’autre. Et cette dualité qu’il incarnait, il sut invariablement la traduire à merveille dans tous ses actes durant toute la période qu’il fit avec nous. Aussi ne mit-il pas de temps à conquérir nos cœurs. Il était basé à Nema mais nous avait promis d’être présent fréquemment au fort de Oualata.

C’est ce qu’il fit. Et sa présence nous rassurait, nous ré- confortait. Jamais dans notre existence de détenus, un officier, sous-officier, ou garde, n’eut auprès de nous autant d’estime, d’affection qu’en avait eues le lieutenant Oumar ould Boubacar.
Il était aimé et respecté de presque tous les détenus du fort de Oualata, y compris des détenus de droit commun. « .. .Vous n’allez pas laisser mourir comme un chien l’un des hommes de culture de ce pays… » Quand le lieutenant Oumar prit la gestion du fort de Oualata, le mal était déjà fait. Il y avait déjà un mort.

Et plusieurs détenus étaient gravement malades, tandis que les autres étaient squelettiques, affamés. Ten Youssouf Gueye, notre doyen qui souffrait depuis plusieurs jours déjà, voyait son état de santé s’empirer sérieusement.

Ten Youssouf Gueye était si souffrant que Bâ Mamadou Sidi s’était entièrement disponibilisé pour être à son chevet et lui fournir les maigres soins dont il disposait. Nous avions obtenu qu’il soit mis dans un local libre, accolé à notre salle côté nord-est. Là, il pouvait trouver plus d’aération et de tranquillité. Il avait beaucoup maigri en peu de jours.

Son visage était devenu hâve. Sa voix, forte et claire s’était presque éteinte. Il parlait avec beaucoup de peine et ses propos étaient entrecoupés par la douleur. Il était dans cet état quand le lieutenant Oumar Ould Boubacar arriva au fort vers le 31 août 1988. Bâ Mamadou Sidi avait installé Ten Youssouf Gueye dans la cour du fort près de la porte d’entrée de notre salle. Il était près de 18 heures.

Le lieutenant Oumar vint vers Ten Youssouf Gueye couché sur sa couverture. Il lui prit affectueusement la tête entre ses mains, et comme pour être certain d’être bien entendu par lui, se pencha sur son visage, le questionna sur sa santé. Image saisissante, émouvante, inoubliable:

Ten Youssouf Gueye rassembla tout ce qu’il lui restait d’énergie, essaya de redonner à sa voix habituellement forte et claire, présentement tremblante, tout son tonus, et malgré la douleur qui se lisait sur son visage, et comme s’il avait conscience d’émettre sa dernière volonté, il voulut s’assurer que tous ses propos fussent entendus, articula aussi fort que le permettait son état, à l’intention du lieutenant Oumar toujours penché au-dessus de lui: – Lieutenant Gumar, vous n’allez pas laisser mourir comme un chien l’un des hommes de culture de ce pays?

Toujours penché au-dessus de lui, d’une voix émue, le lieutenant Oumar lui répondit: – Non tranquillisez-vous, tout sera fait pour que vous soyez évacué rapidement afin de bénéficier de soins appropriés.

Dans la même nuit, le lieutenant Gumar regagna Nema. Le lendemain 1cr septembre 1988,Ten Youssouf Gueye fut évacué à Nema à bord d’une voiture Land Rover de la garde. Malheureusement, quand il y arriva, le lieutenant Gumar était en mission d’inspection dans la région de Nema. Le wali était, lui aussi, absent de Nema. Par rapport au cas du détenu Ten Youssouf Gueye, il y avait une sorte de vacance de pouvoir.

Ces deux autorités semblaient être les seules habilitées à décider de l’hospitalisation de Ten Youssouyf Gueye. Puisque tous les autres responsables (préfet, gouverneur adjoint), refusèrent de prendre la responsabilité de son hospitalisation. Conséquence tragique d’une telle vacance de pouvoir et du refus des responsables administratifs sur place d’engager leur responsabilité:

Ten Youssouf Gueye agonisant, évacué d’un fort-mouroir pour être hospitalisé, se retrouva, malgré son état, dans la prison des détenus de droit commun de Nema. C’est dans cette prison qu’il expira dans la nuit du 2 septembre 1988. Sans sépulture, il serait enterré dans une tombe anonyme dans un cimetière de Nema.

Telle fut la fin de l’un des plus prestigieux écrivains et hommes de culture de la Mauritanie. »

(Extrait de « J´étais à Oualata– Le racisme d´Etat en Mauritanie »- BOYE Alassane Harouna- Préface par Samba Thiam. (pages 130-132)

Mauritanie: confirmation de la peine de deux ans ferme contre trois militants anti-esclavagistes

Mauritanie: confirmation de la peine de deux ans ferme contre trois militants anti-esclavagistesAFP – Une cour mauritanienne a confirmé jeudi en appel la peine de deux ans de prison ferme prononcée en janvier contre trois militants anti-esclavagistes pour notamment appartenance à une organisation non reconnue et rébellion, ont indiqué à l’AFP une source judiciaire et un avocat des prévenus.

La Cour d’appel d’Aleg (centre de la Mauritanie), qui a examiné le recours des trois prévenus, a confirmé les peines de deux ans de prison ferme à leur encontre, a affirmé à l’AFP la source judiciaire jointe dans cette ville à environ 250 km de Nouakchott, la capitale.

La décision de la Cour d’appel d’Aleg a été confirmée par Me Brahim Ould Ebetty, chef du collectif des avocats des prévenus, qui l’a assimilée à un recul des libertés en Mauritanie.

Les condamnés sont Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG anti-esclavagiste, son adjoint Brahim Ould Bilal, ainsi que Djiby Sow, président d’une ONG qui lutte pour les droits culturels.

Biram Ould Dah Ould Abeid a été candidat au scrutin présidentiel de juin 2014 face à Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a été réélu.

Le parquet avait demandé la confirmation de la peine de deux ans ferme. L’audience s’est tenue en l’absence des trois prévenus.

MM. Biram et son adjoint avaient demandé à leurs avocats de boycotter l’audience pour exiger un procès devant leur juge naturel, la cour d’appel de Nouakchott dont relève le tribunal correctionnel de Rosso (sud) qui les avait condamnés en janvier.

M. Sow, jugé, condamné à Rosso et conduit à Aleg en même temps que MM. Ould Abeid et Ould Bilal, avait ensuite été transféré à la prison de Nouakchott pour des soins intensifs. Il a bénéficié en juin d’une mesure de liberté provisoire pour raison de santé, selon sa famille.

C’est un recul des libertés dans notre pays, une démonstration de la soumission des autorités judiciaires aux injonctions de l’exécutif, a déclaré Me Brahim Ould Ebetty.

La parodie de justice ainsi montée a condamné les abolitionnistes à un moment où une nouvelle loi fait de l’esclavage un crime contre l’humanité, a-t-il ajouté, en référence à un nouveau texte adopté le 11 août par le Parlement.

Aux termes de la nouvelle loi, qui remplace un texte de 2007, les peines maximales encourues pour pratiques de l’esclavage passent à 20 ans de prison ferme assorties d’amendes, contre cinq à dix ans d’emprisonnement auparavant.

Dans une lettre ouverte publiée jeudi, M. Ould Abeid accuse le gouvernement d’avoir adopté des lois qui menacent toute personne investie dans l’exploitation d’esclaves de sanctions, mais en pratique, il ne fait que piétiner nos efforts pour mettre fin à l’esclavage.

Il appelle notamment l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis à mobiliser tous les moyens légaux et diplomatiques pour éradiquer l’esclavage en Mauritanie.

La confirmation de la sévère condamnation montre clairement que la Mauritanie n’a pas l’intention de mettre fin à la répression contre les défenseurs des droits humains, affirme jeudi Amnesty International dans un communiqué reçu par l’AFP à Dakar.

C’est écœurant que cette décision injuste et sévère ait été confirmée, a dit Alioune Tine, responsable d’Amnesty pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, cité dans le communiqué.

Officiellement, l’esclavage a été aboli en 1981 en Mauritanie mais le phénomène y perdure néanmoins, selon des ONG.

http://www.romandie.com/news/

Biram et Brahim condamnés en appel à deux ans ferme

altLa Cour d’Appel d’Aleg a confirmé ce jeudi 20 Aout, lors d’une audience, la condamnation de Biram Dah Abeïd et de Brahim Bilal Ramdane à deux ans de prison ferme et à cent mille Ouguiyas d’amende. Après avoir mis en délibéré pour deux heures d’horloge l’audience ouverte en l’absence des prévenus et du pool des avocats, le président de la Cour  Daouda Moussa Diallo d’un ton hésitant a suivi le réquisitoire du procureur de la République, Mohamed Lemine Ould Teyib qui avait d’un trait lors de la lecture, demandé la condamnation à deux ans des prévenus.

Biram et Brahim sont restés fermes dans leur position en refusant de comparaître. Une absence constatée par le commissaire de police de Bababé Soumbara Ould Moud  chargé d’extraire les deux prévenus.

Quelques échauffourées avaient opposé les militants de IRA qui avaient assiégé la capitale du Brakna aux forces de l’ordre peu avant l’ouverture du procès en appel. Un important dispositif sécuritaire avait pris d’assaut tôt le matin le palais de justice bloquant le passage de la route de l’espoir.

 

le calame