Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 03/12/2013

Le Président de la République à l’occasion d’entretiens avec son homologue nigérien: “C’est dans l’unité d’action que les pays du Sahel sauront faire face efficacement aux défis”

Le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a indiqué que c’est dans l’unité d’action que les pays du Sahel sauront faire face efficacement aux défis dont le plus urgent est celui de la sécurité.
Le Président de la République qui parlait à l’occasion d’entretiens à Niamey avec son homologue nigérien, M. Mahomadou Issoufou, élargis aux membres des délégations des deux pays a ajouté que la Mauritanie a très tôt pris conscience du péril terroriste au Sahel et a décidé de mettre en exécution une stratégie multidimensionnelle en vue de circonscrire un tel péril.
Voici le texte intégral du discours du Président de la République:
“Je tiens tout d’abord à adresser mes sincères remerciements et ma profonde gratitude à notre frère le Président Youssoufou, au peuple et au gouvernement nigériens pour l’accueil fraternel et l’hospitalité exemplaire dont nous avons été l’objet depuis que nous avons foulé le sol du Niger.
Le plaisir de nous trouver dans cette belle capitale, Niamey, est doublé du privilège d’échanger nos points de vues, de partager nos expériences respectives et d’envisager des actions communes, avec nos frères nigériens, à traiter des sujets cruciaux pour l’avenir de nos deux pays et celui de toute la sous-région sahélo-saharienne.
Les similitudes entre le Niger frère et la Mauritanie sont à ce point évidentes qu’en parcourant les rues de Niamey l’on se croirait à Nouakchott et vice- versa.
En effet, l’histoire et la géographie ont façonné un modèle partagé de société, bâti sur un socle de valeurs fondées sur la foi, la solidarité, la tolérance et l’endurance.
De graves menaces pèsent aujourd’hui sur l’équilibre millénaire de ce modèle de société. Il y a d’abord la dérive d’une lecture radicale de la religion, fondée sur l’intolérance qui a engendré l’extrémisme et le terrorisme.
Il y a ensuite une dégradation accélérée de l’environnement sous l’effet des changements climatiques et ses corollaires en matière de détérioration de l’économie. Il y a aussi de nouveaux comportements induits par la globalisation et qui modifient les structures sociales existantes.
Ce sont là des défis qui font aujourd’hui de notre sous région une source majeure d’inquiétude sécuritaire pour nous-mêmes et pour la communauté internationale.
Il revient aux pays de notre sous région de travailler la main dans main pour que demain il en soit autrement.
Excellence et Cher frère Monsieur le président,
Mesdames, Messieurs,
C’est dans l’unité d’action que les pays du Sahel sauront faire face efficacement aux défis dont le plus urgent est celui de la sécurité. En effet, sans sécurité, il n’y a ni développement possible, ni démocratie crédible, ni promotion et respect effectifs des droits de l’homme.
La Mauritanie pour sa part, a très tôt pris conscience du péril terroriste au Sahel et a décidé de mettre en exécution une stratégie multidimensionnelle en vue de circonscrire un tel péril. Nous avons ainsi mis en place des points d’accès obligatoires à nos frontières et un état civil biométrique. Nous avons également consenti des efforts particuliers pour adapter l’entrainement et les équipements de nos forces armées et de sécurité aux défis sur le terrain.
Sur un autre plan, le Gouvernement mauritanien a engagé un dialogue avec des prisonniers extrémistes pour les convaincre du caractère erroné et dangereux des thèses qu’ils défendent.
Nous avons enfin mis en oeuvre une stratégie globale de lutte contre la pauvreté en faveur des hommes les plus défavorisés, viviers habituels de rectruments au profit des mouvements terroristes et des réseaux de trafiquants.
Excellence et cher frère,
Mesdames, Messieurs,
La Mauritanie mesure l’importante dimension des sacrifices humains, vaillamment consentis par le Niger frère, pour faire face au terrorisme sur son propre sol et dans la région sahélo-saharienne. Le Niger contribue ainsi, de manière notoire, à la sécurité collective au Sahel et à celle du monde.
La Mauritanie aspire à renforcer sa coopération avec le Niger dans les domaines politique, sécuritaire et économique. Nos deux pays sont à même de développer une coopération bilatérale exemplaires en raison de nos potentialités respectives et de leur complémentarité.
Excellence et cher frère Monsieur le président,
Mesdames, Messieurs,
Je souhaite vous réitérer, Cher frère Monsieur le président, nos vifs remerciements et notre sincère gratitude, à travers vous au peuple et au gouvernement nigériens pour la chaleur de l’accueil et l’hospitalité authentique.
Je vous remercie”.
Pour sa part, le président nigérien a remercié le président de la République pour la visite qu’il effectue au Niger.
Il a également loué les relations qui existent entre les deux pays, soulignant que ces relations se développent continuellement grâce aux multiples facteurs qui permettent aux deux parties de les promouvoir davantage.

 

Source: AMI

Coordination de l’Opposition Démocratique : Communiqué

altDes résultats partiels, significativement parlants, viennent d’être publiés pour le premier tour des élections législatives et municipales. De ces résultats on peut, d’ores et déjà, faire les constatations suivantes :
• La compétition électorale était marquée par l’implication flagrante de tous les rouages de l’Etat au seul bénéfice du principal parti du pouvoir et  des partis satellites destinés a servir de réceptacles pour les mécontents des investitures de l’UPR.
Des généraux de l’armée, des ministres, des directeurs généraux de sociétés d’Etat, des responsables centraux de l’administration, des hommes d’affaires, tous, ont fait campagne, valises de billets en mains, pour faire élire les candidats du pouvoir.
• Le déroulement de ces élections a confirmé toutes les appréhensions de la Coordination de l’Opposition Démocratique : L’opération d’enrôlement n’a, jusqu’à ce jour, pas été achevée. Le recensement à caractère électoral ne pouvait par conséquent pas toucher toute la population en âge de voter. Seuls 1,2 Millions ont été enregistrés par ce recensement sur un potentiel de 1,9 Millions enrôlés.
   Aucune garantie de transparence n’a existé. La CENI s’est avérée assujettie au pouvoir. Elle  a fait preuve d’une incompétence tragique tant dans la préparation et l’organisation des élections que dans le traitement des données issues des urnes. Le recrutement et la formation du personnel de la CENI ont mis en relief d’innombrables insuffisances et lacunes. Le matériel électoral était, par endroits, incomplet.
De nombreuses irrégularités, preuves flagrantes à l’appui,  ont été stigmatisées par les listes candidates crédibles. Les représentants des candidats n’ont pu obtenir copie des Procès Verbaux de dépouillement des bureaux de vote.
La pagaille qui a caractérisé la publication des résultats partiels avec des va et vient contradictoires, ajoutés aux anomalies constatées, a semé le trouble dans les esprits et provoqué des contestations et des protestations parfois violentes. Tous les participants s’accordent à qualifier ces élections de véritable mascarade.
Les résultats que peut générer ce type d’élections sont, pour l’essentiel, fixés à l’avance. Sur les 147 députés de la future Assemblée Nationale, l’opposition participationniste pourrait en obtenir, environ, 25% seulement, en recul par rapport à son poids dans le parlement précédent.
De plus,  et sur un autre plan, les résultats de ces élections reflètent parfaitement la marque politique qui les a caractérisés. Les partis politiques porteurs de projets et de discours ont été noyés par des partis réceptacles, surgis de nulle part, pour garantir une majorité parlementaire au pouvoir en place. Le tribalisme a été mis a contribution, au-delà de toutes les limites du raisonnable, et ce, à des fins étroitement électoralistes.
  Les rivalités tribales ont, par conséquent, prévalu sur  la bataille des idées et des projets. Au final on se retrouvera en présence d’une Assemblée Nationale en recul sur le plan de sa représentativité politique et sur la capacité à traiter et à débattre des problèmes du pays avec les compétences requises à cet effet.
Autre conséquence plus préoccupante, au lieu de se traduire par des avancées significatives dans les domaines de la consolidation de l’unité nationale et de la cohésion  sociale,  la composition du futur parlement accentuera les déséquilibres et exacerbera les dissensions de notre corps social.
De ces résultats et de leurs conséquences la Coordination de l’Opposition Démocratique tire les conclusions suivantes :
• Le déroulement des élections du 23 novembre et leurs résultats sont venus confirmer la pertinence de la décision prise par la COD de les boycotter. La Cod continue d’affirmer qu’il est impossible d’organiser des élections crédibles et transparentes sous la supervision d’un pouvoir autocratique et partisan.
• Ces élections n’apportent aucune solution à la crise politique que traverse le pays. Bien au contraire, cette crise ira en s’aggravant à cause de l’avènement d’une Assemblée Nationale contestée et donc illégitime d’une part et d’une représentativité parlementaire en net recul tant du point de vue qualitatif au plan politique que du point de vue de la réalisation des objectifs nationaux en matière d’émancipation sociale et d’unité  nationale. Les contestations ajoutées aux déséquilibres dans la représentativité constituent des menaces graves pour la stabilité et la sérénité du pays.
Partant de ces constats et de ces conclusions, la Coordination de l’Opposition Démocratique
• Considère que ces élections sont nulles ;
• Demande  leur annulation pure et simple ;
• Appelle l’ensemble des acteurs politique du pays à œuvrer pour discuter et arrêter des conditions consensuelles permettant de sortir le pays de l’impasse politique actuelle.

Nouakchott, le 02 Décembre 2013

Le Conseil des Présidents

Source: Le Calame

 

 

Figures historiques : Hommage à Mamadou Samba Boly Ba (1920-2012)

altLe dernier fondateur s’en est allé. Longtemps opposant, il fera partie de l’équipe des fondateurs puis sera une victime collatérale des événements de 1966, avant de se retirer de la vie politique.

Nous avons eu le privilège de le côtoyer, de travailler avec lui en coulisse et de recueillir ses confidences pour nos recherches et sa biographie. Mais au fond, que sait-on de cet homme qui fut  grand témoin de l’histoire de notre pays ?

Né en réalité le 8 janvier 1920, Mamoudou Samba Boly Ba a effectué sa scolarité à l’école élémentaire de Kaédi avant de rejoindre l’école supérieure Blanchot à Saint-Louis pour des études secondaires puis l’École Normale des Instituteurs de Sébikotane au Sénégal.

Il n’eut guère le temps d’exercer cette fonction, car il fut aussitôt enrôlé dans l’armée coloniale avec son ami de toujours le Professeur Assane Seck (Ministre à plusieurs reprises sous le régime socialiste) jusqu’en 1946. Une amitié qui remonte à leur scolarité à l’école Blanchot. L’homme s’est donc forgé dans le vrai sens du terme et son itinéraire présageait un avenir politique significatif pour son pays d’origine.

À la fin de la grande guerre, il rejoint Dakar, siège du gouvernement de l’Afrique de l’Ouest, entre dans l’administration coloniale en qualité de cadre au cabinet du Haut Commissaire, puis à la Mairie de Dakar, avant d’être affecté à la direction des Finances à Saint-Louis. Cette affectation prend l’allure d’une « sanction » que seule l’analyse historique nous permettra de démêler. Elle mérite d’être étudiée pour mieux comprendre les enjeux et les fondements des décisions que l’homme allait prendre par la suite. En attendant déclinons quelques éléments d’appréciation de son engagement politique.

Opposant, il choisira sa vraie patrie : 1948-1957

Son retour coïncide avec un moment où se joue le destin du futur territoire la Mauritanie : l’élection en 1946 à l’Assemblée nationale française du futur représentant de la Mauritanie. Il intègre dans cette perspective une association d’anciens élèves des écoles coloniales, sortants pour la plupart de William Ponty, tous originaires de la vallée, deux rives confondues pour « créer un climat familial ». C’est le point de départ de son engagement politique qui le situera d’entrée dans l’opposition.

En effet, membre de l’Union Générale des Originaires de la Vallée du Fleuve (UGOVAF), il contribuera avec d’autres à faire évoluer à partir de 1947 cette organisation vers la défense des intérêts de la communauté noire en territoire de Mauritanie. C’est ainsi que lors du renouvellement de ses instances en 1948, se dégageront deux tendances, dont une incarnée par les « futurs mauritaniens » qui finiront par la quitter pour créer l’Entente Mauritanienne.

C’est en compagnie de Samba Gandéga, avec qui il vient de quitter l’UGOVAF, qu’il rejoindra un groupe de Mauritaniens (NDiawar Sarr, Diéri Sidibé, Dey Ould Sidi Baba…) pour fonder en 1950 l’Entente Mauritanienne, présidée par Horma Ould Babana. Ce parti, qui n’avait pas les faveurs de l’administration coloniale, participera aux élections législatives de juin 1951 et janvier 1956 contre l’Union Progressiste Mauritanienne (UPM) de Sidi El Mokhtar NDiaye puis de Mokhtar Ould Daddah qui en prendra les commandes avec la bénédiction de la puissance coloniale. L’Entente perdra, bien sûr, ces élections.

Après sa défaite de janvier 1956, Horma Ould Babana s’en va de l’Entente, rejoint le Maroc et s’aligne sur les positions du parti marocain de l’Istiqlal puis officielles du Maroc qui avait des visées territoriales sur la Mauritanie. Mamoudou Samba Boly Ba pour sa part, quitte l’Entente et fonde le Bloc Démocratique du Gorgol (BDG) à Kaédi en 1956. 

Ce petit parti, sensible aux idées fédéralistes de Senghor, serait-il un des ancêtres de la mouvance négro–africaine actuelle ? Toujours est-il que, son fondateur ne sera que toléré dans la mouvance gouvernementale.

Expérience gouvernementale et parlementaire : 1959-1966

Fort de ses expériences successives à l’UGOVAF et à l’Entente puis de son ancrage au BDG, c’est en poids lourd qu’il arrive au Congrès d’Aleg, tenu du 2 au 5 mai 1958. Mokhtar Ould Daddah l’a bien compris, qui l’invita au dépassement des clivages pour la mise en place d’un regroupement des forces politiques au sein du Parti du Regroupement Mauritanien (PRM). Le PRM deviendra le Parti du Peuple Mauritanien (PPM – parti unique) qui dirigera notre pays jusqu’au coup d’État militaire du 10 juillet 1978.

À l’issue de ce congrès, la Mauritanie s’est dotée d’une Constitution dite du 22 mars 1959 et d’un deuxième gouvernement (de dix membres) dans lequel il fera son entrée pur occuper le portefeuille de l’Urbanisme et l’Habitat aux côtés d’Amadou Diadié Samba Diom Ba, seul Noir membre du premier Conseil de Gouvernement (qui en comptait cinq) et qui l’a parrainé : La cooptation et l’entrée de Dey Ould Sidi Baba, transfuge lui aussi de l’Entente Mauritanienne, dans le Conseil de Gouvernement furent ainsi compensées. Dey Ould Sidi Baba finit malgré tout par rejoindre Horma ould Babana au Maroc. Il deviendra Président de l’Assemblée Nationale Chérifienne.

Le 29 septembre 1961, avec la mise en place du troisième gouvernement (onze membres) qui a vu l’entrée du Docteur Bocar Alpha Ba comme Ministre de la Santé, Mamoudou Samba Boly est nommé Ministre des Finances. Il deviendra plus tard Président de l’Assemblée Nationale.

Parenthèse brutale d’une carrière politique : 1966

La création du PRM n’a pas dissipé pour autant les revendications des Noirs. Celles-ci passeront même de la représentativité proportionnelle à la remise en cause de la cohabitation.

Ainsi, en 1963, des dizaines de cadres Noirs, déçus de la suite réservée aux résolutions du Congrès d’Aleg et regroupés au sein de l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) expriment ceci, dans un document remis à Mokhtar Ould Daddah, Chef de l’Etat : « Nous ressortissants de la Mauritanie noire, adjurons le Congrès, le Parlement et le Chef de l’Etat de réviser immédiatement les structures de l’Etat, dans un sens Fédéral pour répondre à la volonté du pays ».

Dans le sillage de l’UGOMS, en février 1966, 19 cadres noirs (dont ses proches par la parenté) rédigent et publient le Manifeste dit des 19 dans lequel, ils dénoncent comme l’UGOMS la place réservée à leur communauté, tirent la sonnette d’alarme et demandent une meilleure répartition des pouvoirs. La sortie de ce Manifeste provoqua une guerre civile.

Mamoudou Samba Boly Ba prit sur lui l’initiative d’aller voir Mokhtar Ould Daddah  pour lui demander que les inquiétudes exprimées par les jeunes cadres puissent être entendues et prises en charge. Mais, Mokhtar Ould Daddah, qui le soupçonnait d’être en intelligence avec certains auteurs de ce Manifeste et qui n’a rien oublié à la fois de son passé d’opposant et de son penchant pour la création d’un État Fédéral, le démit de sa fonction de Président de l’Assemblée Nationale et le muta à Chinguetti comme Chef de Subdivision, sous les ordres de quelqu’un qu’il est amené à former.

Un communiqué laconique du Bureau Politique National (BPN) du parti unique, à l’issue de sa réunion du 21 février 1966, tente de maquiller cette éviction en ces termes : « le BNP constate la démission en blanc de Ba Mamoudou Samba Boly qui, n’étant plus Député, cesse d’être Président de l’Assemblée Nationale ». Quelques semaines plus tard, il sera mis fin à la fonction ministérielle (Développement) d’Elimane Kane. C’est la fin d’une carrière politique et le début d’une autre : les affaires. Mais la politique n’était jamais loin pour ce symbole respecté.

Avec son benjamin Bocar Alpha Ba, il a repris avec succès les établissements Lacombe et a créé la Société Mauritanienne du Bâtiment (Somabat) offrant ainsi des emplois à des dizaines de personnes. La gestion très sociale de ces entreprises a permis à de nombreuses familles de vivre dignement et à des jeunes d’avoir un métier.

Mythe et mérite

Le nom et l’image de Mamoudou Samba Boly Ba restent associés à la fondation de la Mauritanie et au Congrès d’Aleg. L’opinion publique Fuutanke, noire de façon générale traumatisée et qui avait besoin de fabriquer des héros historiques ou de trouver un bouc émissaire, parle de lui comme l’homme qui a refusé d’assumer la fonction de Président de la République qui lui était tout naturellement accessible, ouverte, donc comme responsable de la « souffrance de sa communauté ». En réalité, il n’en est rien.

Il est indispensable d’interroger l’histoire pour mieux saisir toutes les subtilités qui alimentent cette mise à l’écart et les supputations qui en découlent. Les enjeux et les intrigues, qu’elles alimentent pour les positionnements dans une Mauritanie encore fragile, en sont pour quelque chose.

En tout cas ce qui est sûr c’est que Mamoudou Samboly Ba ne peut être soupçonné de manque de patriotisme car quand le bruit de la défection de Horma Ould Babana commença à circuler, il n’hésita pas à dire à son désormais ex-camarade qu’il leur était impossible de continuer à le soutenir si son option pour rejoindre le Maroc au détriment de l’indépendance de la Mauritanie s’avère.

Il est d’ailleurs aberrant de continuer à penser à cette éventualité dans la mesure où déjà dans les années 1950 quand Mamoudou Samboly Ba rencontre Mokhtar Ould Daddah, sur la demande de ce dernier, à Saint-Louis, le destin du «père de la nation» était déjà scellé.

Dans son témoignage d’autres éléments permettront d’apprécier à sa juste valeur ce qui s’est passé au moment de sa mise à l’écart. De toute façon, l’administration coloniale avait choisi son homme, Mokhtar ould Daddah, et le pouvoir devait échoir à ce dernier comme si c’était naturel. 

La longévité de Mamoudou Samba Boly et son silence ont fini par créer un mythe. Dès 1985, nous avions engagé un travail d’approche, poursuivi sous une autre forme une fois en exil. L’un des coauteurs de ce témoignage, Abderrahmane Ngaïdé « Bassel », sur la demande pressante de notre Professeur Abdoulaye Bathily, avait entrepris des entretiens avec l’homme en juin 2008. Des circonstances particulières ont stoppé ces entretiens et d’autres en retardent la production.

Notre grand témoin rompra le silence une nouvelle fois en 2010, lors de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance nationale. Cette «confession» consignée sera publiée très prochainement dans un cadre scientifique. Il prend sur lui l’engagement ferme de réaliser ce début de travail historique que la génération d’historiens d’aujourd’hui doit entreprendre de manière impérative. L’objectif est de réaliser un livre d’entretiens avec le premier président de l’Assemblée Nationale mauritanienne.

Cet inlassable combattant, lutta de toutes ses forces pour empêcher la déportation en  1989 de nombreuses familles. Il a permis la restitution des biens confisqués de plusieurs autres. Ces évènements l’ont meurtri au point qu’il n’a pas hésité la même année, à sillonner avec d’autres, dont feux Aboubakry Kalidou Ba et Baba Gallé Wone la sous-région ouest africaine pour tenter de mettre fin à ce qui représentait à ses yeux une véritable catastrophe. Ils eurent la sagesse de nous y associer, ainsi que certains de nos camarades en exil forcé. C’est donc un des derniers témoins de la construction de notre pays, au parcours atypique qui disparait.

Sa mémoire – comme celles de tous les fondateurs – mérite d’être partagée, sauvegardée. Il importe pour cela que la jeunesse s’intéresse à ceux encore vivants qui peuvent témoigner sur le parcours d’hommes qui, par leur position et leur courage, ont vécu sous l’ombre de l’anonymat. Mamoudou Samboly Ba fait partie de ces hommes. Il est parti après avoir traversé presque un siècle, emportant avec lui des souvenirs inestimables.

Aujourd’hui, les enregistrements en possession d’Abderrahmane Ngaïdé seront exploités, dans les limites qu’exige la déontologie du chercheur, pour commémorer ce patriote que l’histoire mauritanienne doit célébrer.

Sur un plan symbolique, il serait presque exigé du patron de la Communauté Urbaine de Nouakchott, associé aux autorités centrales, de lui consacrer une artère à son nom, à l’instar de son alter égo Mokhtar Ould Daddah. Ce serait un hommage bien mérité pour un grand patriote, membre fondateur de la nation mauritanienne.

Réhabiliter toutes les figures historiques nationales, serait non seulement reconnaître leur mérite, mais inscrire dans notre mémoire collective le souvenir d’hommes et de femmes qui ont participé à la proclamation de notre souveraineté nationale à un moment crucial de notre histoire.

Que son âme repose en paix dans cette terre qui l’a vu naître et pour laquelle il s’est tant dépensé. Amine.

Boubacar Diagana, Ciré Ba & Abderrahmane Ngaïdé