Daily Archives: 19/01/2011
L’esclavage administratif et l’Affaire Oumounimnine Mint Bekkar Vall, fonctionnaire à la Banque Centrale de Mauritanie
Pour bien comprendre ce dont il est ici question, il convient de rappeler les faits. Le 13 Décembre 2010, l’IRA-Mauritanie, d’autres associations et partis politiques anti-esclavagistes se sont rendus au Commissariat de Arafat 1 ( Nouakchott ) pour signaler des pratiques esclavagistes qui s’exercent sur deux fillettes: Salma Mint Salem et Oum El Ide mint Salem Tayvour. Au commissariat, une altercation eut lieu entre les policiers et les militants anti-esclavagistes parmi lesquels figurait Birame Ould Dah Ould Abeid, Président de l’IRA-Mauritanie. Ce cas d’esclavage est le fait de Mme Bekkar Vall, fonctionnaire de la Banque Centrale de Mauritanie, institution étatique. Les origines de Madame Mint Bekkar Vall la rapprochent de celles du chef de l’État actuel. En effet, elle est membre de la tribu Oulad Dëmane qui habite la région du Trarza. Cette tribu appartient à la communauté arabe de Mauritanie, comme l’est celle des Oulad Bisbaa dont est issu Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de l’État mauritanien. Dans le premier numéro du Cri du Hartani, en date du 1er octobre 2001, nous avons établi une typologie de l’esclavage maure en Mauritanie. Celle-ci peut se décliner en cinq formes : – L’esclavage traditionnel. Il s’agit de l’utilisation de l’esclave dans les travaux domestiques. – L’esclavage administratif. Celui-ci se manifeste par l’utilisation de l’Administration comme cadre d’exploitation du Abd (Esclave) et du Hartani (Affranchi) par un membre de cette même Administration ou par un Maître d’esclave quelconque. Dans ce type d’esclavage, il peut aussi s’agir d’un agent public qui pratique l’esclavage, soutenu implicitement ou explicitement par l’État.
– L’esclavage politique. Dans ce cas, les Esclaves et Haratine sont utilisés à des fins politiques.
– L’esclavage moderne. Il se manifeste par l’exploitation des Noirs en général, les Haratine et Esclaves compris, par les Maures. Et ce, avec la complicité de l’État.
– Le néo-esclavage. Ici, l’esclave, bien qu’affranchi, continue à subir l’exploitation de ses anciens maîtres.
L’Affaire Mint Bekkar Vall relève de l’esclavage administratif car elle travaille comme fonctionnaire de l’État et exploite des esclaves.
Il existe plusieurs formes de cet esclavage.
Dans un premier cas, au sein de l’administration publique, des fonctionnaires maures recrutent leurs propres esclaves, lesquels restent travailler à leur domicile. Quant au salaire supposé être destiné à l’esclave, il est capté par le Maître. L’esclave est doublement exploité. Il accomplit les travaux domestiques gratuitement en même temps qu’il rapporte indûment un revenu supplémentaire à son propriétaire .
Dans le second cas d’esclavage administratif, l’esclave travaille au domicile du fonctionnaire sans être payé. Il appartient au fonctionnaire. C’est le cas d’esclavage pratiqué par Mint Bekkar Vall. Si l’esclave ou le Hartani échappe aux deux cas précités, il peut être victime d’une autre utilisation. Il doit travailler dans l’Administration à la place des autres et plus qu’eux pour rester à son poste.
Les fonctionnaires maures se déchargent sur les Haratine. Ils les font accomplir toutes les tâches pénibles au sein de l’Administration.
Une autre pratique touche les Haratine ( affranchis) et les Abid (esclaves). D’une manière générale, ces derniers ne peuvent s’adresser à l’administration publique sans passer par leurs maîtres ou anciens maîtres. Celle-ci ne les considère guère comme des interlocuteurs de pleins droits. Ainsi, un Hartani ou un Esclave qui veut établir une pièce d’identité, témoigner, vendre un terrain de culture ou d’habitation, a nécessairement recours à son Ancien-maître ou son Maître.
Face à l’administration, les Haratine et les Abid demeurent des mineurs à vie. Cette situation oblige les victimes à rester aux services de leurs maîtres et anciens maîtres. Ces formes d’esclavage qui impliquent les agents de l’État et autres Esclavagistes sont pratiqués aujourd’hui en Mauritanie.
Si l’Esclave (Abd) ou le Hartani (Affranchi) fait preuve d’un esprit d’indépendance, refuse de se soumettre à un Maure, considéré comme lui étant naturellement supérieur, il s’expose à des sanctions telles que le renvoi, le blocage de carrière ou l’accusation de détournements de deniers publics, etc.
Dès les premières nominations des Haratine à des hautes fonctions, dans les années 1980, les Esclavagistes ont trouvé de nouveaux moyens d’exploitation des Haratine. En fait, les Haratine qui accèdent à ces postes, deviennent des obligés de leurs maîtres et leur tribu. Ils sont souvent incités à détourner des deniers publics pour satisfaire leurs Maîtres ou Anciens-maîtres.
Cette tentative de classification était nécessaire pour identifier et cerner tous les aspects de l’esclavage maure. On ne peut combattre un mal sans le connaître dans toutes ses dimensions.
Ces pratiques posent questions. Elles ne relèvent du droit positif (lois, et règlements) mais proviennent de l’héritage culturel esclavagiste, légalisé par la Charia.
En Mauritanie, République Islamique, la Charia (Loi islamique) est «seule source du droit».
Partant de là, on pourrait penser que l’esclavage est légal en Mauritanie puisque le droit musulman autorise cette pratique. Mais une loi de 2007 interdit formellement l’esclavage. [Voir http://www.haratine.com/Texte_juridique2.htm]
Dans son article 4, il est affirmé: «Quiconque réduit autrui en esclavage ou incite à aliéner sa liberté ou sa dignité ou celle d’une personne à sa charge ou sous sa tutelle, pour être réduite en esclave, est puni d’une peine d’emprisonnement de cinq à dix ans et d’une amende de cinq cent mille ouguiyas ( 500 000 UM)…»
Cette situation confuse révèle le tiraillement entre l’aspiration à l’égalité et la tradition en Mauritanie qui repose sur des sociétés hiérarchisées et imprégnées par l’Islam. Une fois l’analyse des formes d’esclavage dévoilée, il devenait nécessaire de les dénoncer. Cette dénonciation a été faite d’abord dans le journal Libération du 27 juillet 1999. Ensuite, dans notre journal de A.H.M.E, le « Cri du Hartani » du 1 octobre 2001 et suites ainsi que dans les conférences successives auxquelles A.H.M.E a été invitées. C’est l’occasion de remercier les FLAM (Section Europe de l’Ouest ) de nous avoir permis à plusieurs reprises de s’exprimer sur la question de l’esclavage maure au début des années 2000.
Enfin, dès la naissance de notre site www.haratine.com, le 20 mai 2004, des articles, des communiqués, des témoignages ont abordé les différentes facettes de l’esclavage maure. Dans notre thèse que nous avons soutenue en septembre 2006 à Paris II intitulée : « L’abolition de l’esclavage en Mauritanie et les difficultés de son application », nous avons creusé cette typologie de l’esclavage en l’étoffant dans sa conceptualisation et en fournissant des exemples précis. Qui ignore aujourd’hui le fait que des magistrats, des commissaires de police, des préfets, des fonctionnaires, des ministres, etc. détiennent des esclaves dans leurs villas? Pourtant, ces cas n’ont jamais été dénoncés. Il n’est donc pas surprenant que Mme Mint Bekkar Vall ne soit pas sanctionnée.
Lorsque A.H.M.E a soulevé les pratiques esclavagistes exercées par Nahë Mint Mouknass, cette information n’a pas été relayée.
En dehors de A.H.M.E, le premier à signaler l’esclavage dans les villes, est Brahim Ould Bilal Ould Abeid dans l’interview accordée à notre site www.haratine.com en octobre 2010.
C’est dans les villes que l’Administration est établie et où les agents de l’État entre autres, pratiquent l’esclavage.
Le communiqué de la COD
Au moment où le jeune Yacoub Ould Dahoud décide de s’immoler par le feu parce qu’excédé par l’injustice et les abus du pouvoir et qu’un autre jeune menace semble-t-il de recourir au même procédé pour protester contre le chômage et la paupérisation ;au moment où parviennent à des mères la nouvelle de la mort de leurs fils que le chômage, l’inefficacité du système éducatif et l’extrême pauvreté ont entraînés dans les camps de l’extrémisme et du terrorisme ;au moment où d’autres jeunes se tordent de faim dans les quartiers précaires ; des jeunes issues des franges démunies et même de fonctionnaires affamés par les politiques absurdes du gouvernement en place et où les élèves et étudiants manifestent quasi quotidiennement à Arafat, El Mina et Dar Naïm fustigeant la hausse des prix et la mauvaise gestion du pouvoir ;au moment où notre administration se trouve paralysée et gangrenée par le népotisme, le favoritisme et l’avidité des ténors corrompus du système ; au moment les ressources du pays sont dilapidées et sa souveraineté bradée ; où prévalent la corruption, le détournement de deniers publics et où les marchés publics sont monopolisés par les proches du pouvoir ;au moment où souffle le vent de réveil des peuples arabes de leur sommeil et où ceux-ci sont de plus en plus exigeants de réformes radicales et de déguerpissement des dictatures abjectes ;dans ces circonstances graves où le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz gagnerait à méditer et à reconsidérer ses méthodes et pratiques, le parti upr nous sort un communiqué trivial où il s’attaque à l’opposition et à ses leaders donnant, une nouvelle fois, la preuve de l’irresponsabilité des troubadours qui applaudissent le Président et se délectent des souffrances du peuple meurtri et des mères éplorées.
Affaire Biram : 6 mois de prison ferme contre la maîtresse esclavagiste
Le tribunal des mineurs de Nouakchott a requis hier, au cours du procès de la maîtresse esclavagiste Oumoulminine Mint Bakar Vall, repris dimanche après une première séance tenue jeudi dernier, une peine de prison ferme de 6 mois, pour motif d’exploitation sur la personne de deux enfants, âgées de 10 et 14 ans. Ces derniers avaient été présentées comme des “esclaves” par l’Ong non reconnue Ira-Mauritanie, dont le président et certaines de ses militants, à l’origine de la dénonciation de ce cas d’asservissement découvert dans la moughataa d’Arafat,.avaient écopé en décembre dernier des peines quasi-identiques.C’est donc dimanche dernier que le verdict du tribunal des mineurs, tant attendu est tombé, avec cette condamnation de 6 mois de prison ferme à l’encontre de Mme Oumoulminine Mint Bakar Vall, cadre à la BCM, dont certains analystes voyaient le dossier arboré par les pouvoirs publics pour les seules fins de montrer la force de la loi et l’équité de l’Etat. Réagissant à ce verdict, certains observateurs n’avaient pas manqué de le considérer comme très compromettant pour Mint Bakar, indiquant que c’est la preuve qu’elle exploitait ces filles comme esclaves, appelant les autorités à prendre très au sérieux ce phénomène criminalisé par la loi dont les auteurs doivent être selon eux directement envoyés à la prison
Côte d´Ivoire: le médiateur de l´UA décide de repartir faute d´avancées
ABIDJAN – L’émissaire de l’Union africaine (UA) dans la crise ivoirienne, Raila Odinga, a décidé de mettre un terme à sa visite à Abidjan faute de résultat probant après des entretiens avec les deux présidents proclamés Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Le Premier ministre kényan quittera Abidjan mercredi matin “à 08H00” (GMT et locales) après une mission de médiation de 48 heures qui n’a pas permis de débloquer la grave crise née de la présidentielle du 28 novembre, a indiqué à l’AFP son porte-parole Salim Lone. Suite à ses entretiens séparés lundi avec le président sortant Laurent Gbagbo, sous pression internationale pour quitter la présidence, et Alassane Ouattara, reconnu à l’extérieur comme président légitime, M. Odinga a été mardi “en contact” avec les deux parties “mais rien de précis ne s’est dégagé jusqu’à présent”, a expliqué M. Lone. Lundi soir, après son entrevue avec M. Gbagbo, le médiateur avait fait état de “progrès”, sans préciser lesquels. Après avoir soumis des propositions aux deux camps, M. Odinga avait attendu mardi un retour des deux parties.