Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Affaire Biram : 6 mois de prison ferme contre la maîtresse esclavagiste

justiceLe tribunal des mineurs de Nouakchott a requis hier, au cours du procès de la maîtresse esclavagiste Oumoulminine Mint Bakar Vall, repris dimanche après une première séance tenue jeudi dernier, une peine de prison ferme de 6 mois, pour motif d’exploitation sur la personne de deux enfants, âgées de 10 et 14 ans. Ces derniers avaient été présentées comme des “esclaves” par l’Ong non reconnue Ira-Mauritanie, dont le président et certaines de ses militants, à l’origine de la dénonciation de ce cas d’asservissement  découvert dans la moughataa d’Arafat,.avaient écopé en décembre dernier des peines quasi-identiques.C’est donc dimanche dernier que le verdict du tribunal des mineurs, tant attendu est tombé, avec cette condamnation de 6 mois de prison ferme à l’encontre de Mme Oumoulminine Mint Bakar Vall, cadre à la BCM, dont certains analystes voyaient le dossier arboré par les pouvoirs publics pour les seules fins de montrer la force de la loi et l’équité de l’Etat. Réagissant à ce verdict, certains observateurs n’avaient pas manqué de le considérer comme très compromettant pour Mint Bakar, indiquant que c’est la preuve qu’elle exploitait ces filles comme esclaves, appelant les autorités à prendre très au sérieux ce phénomène criminalisé par la loi dont les auteurs doivent être selon eux directement envoyés à la prison

 

. Ces analystes estiment que même à Nouakchott, plusieurs centaines de cas d’esclavagisme sont recensés. C’est aussi disent-ils, la preuve que les militants incarcérés avaient raison, indiquant que s’ils voulaient réellement commettre des agressions contre les forces de l’ordre, ils se seraient passés de cette affaire et auraient attaqué certains de ces éléments de la police qui circulent librement et sans inquiétude dans la capitale. Toujours sur cette affaire sur laquelle les acteurs politiques restent partagés, notons que jeudi dernier, l’avocat des deux mineures, Me Ahmed Bezeid Ould El Mamy avait fait des révélations sur le premier jour du procès, soulignant que Oumoulmoumnine mint Bakar Vall avait assuré ce jour ci devant le tribunal que les deux fillettes qui vivaient chez elle, percevaient des rémunérations versées directement à leurs mères. La maîtresse avait ajouté que les adolescentes étaient traitées aussi sur un pied d’égalité avec ses filles et qu’elles ne faisaient pas grand chose à part du petit ménage à la maison, a rapporté l’avocat. L’une des fillettes, âgée de 14 ans, a déclaré qu’une rémunération était envoyée à sa mère mais qu’elle en ignorait le montant. Quant aux mères des deux filles, jugées pour “négligence” et “participation a l’exploitation de mineurs”, elles avaient plaidé non coupables, précisant que leurs enfants étaient logées chez la femme en raison d’une entraide due à des liens de parenté. Selon l’avocat, l’accusation a estimé qu'”il y avait bien exploitation de mineurs en violation de la législation sur la protection de l’enfance et celle du code de travail, ainsi que de la loi sur l’obligation de l’enseignement pour les enfants en âge d’aller à l’école”. Toujours en rapport avec ce sujet, notons que l’esclavage a été officiellement aboli en Mauritanie depuis 1981, mais en novembre 2010, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines de l’esclavage avait déclaré à Nouakchott que “des cas d’esclavage très graves existaient encore” dans le pays. Pour le présent procès, précédé il y a quelques par celui de militants esclavagistes dont le leader de l’Ira-Mauritanie Biram Ould Dah Ould Abeid, il s’agit du premier procès de ce genre, en Mauritanie, de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des pratiques esclavagistes. Il avait débuté, quelques jours seulement après les condamnations des dits défenseurs à l’origine de la dénonciation de la situation des deux fillettes. A propos de ces dirigeants de l’organisation non reconnue, Biram Ould Abeid et deux autres militants de son organisation avaient été condamnés à 12 mois de prison dont six fermes pour “agression contre la police” au cours d’une manifestation le 13 décembre. La semaine dernière, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme avait demandé aux autorités mauritaniennes de libérer ces militants. Leur “condamnation ne vise qu’à sanctionner leurs activités en faveur des droits de l’Homme notamment la lutte contre l’esclavage en Mauritanie”, écrivait l’Observatoire.

Amadou Diaara- Le Rénovateur

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