Yearly Archives: 2011
Editorial: Il n’est pire aveugle……..
Ould Abdel Aziz ne cesse de le dire. Il l’a même répété à Tidjikja, la semaine dernière: la Mauritanie se porte bien, sur le plan économique; ses caisses sont pleines, à ras bord, et, grâce à la lutte contre la gabegie que lui, l’intègre, a initiée, ses deniers sont, désormais, dépensés au profit de ses seuls citoyens. Applaudissez, laudateurs ! L’argent qu’une poignée de prévaricateurs sans vergogne détournait, impunément, est là, visible à l’œil nu. Mais où? Injecté dans l’enseignement? Pourtant, celui-ci ne s’en porte que plus mal. Dans la santé? Elle agonise, depuis longtemps déjà. Dans la production d’emplois? Notre taux de chômage des jeunes et autres diplômés est, probablement, le plus fort du monde. Dans la construction de routes? Celles de Nouakchott ont été financées par la SNIM et celles de l’intérieur, par les bailleurs de fonds. Pour payer les employés? Certains établissements publics accusent des retards de salaire de plus de trois mois. Pour faire face aux engagements? Jamais l’Etat n’a été aussi mauvais payeur, à tel point que les fournisseurs, qui en ont pourtant vu d’autres, ne veulent plus avoir à faire aux départements ministériels et hésitent, avant de participer aux appels d’offres. Pour maintenir le cours de l’ouguiya, face aux devises?
Depuis le coup d’Etat du 6 août 2008, notre monnaie nationale s’est dépréciée de 16,03%, par rapport à l’euro et de 25,15%, par rapport au dollar américain. Seule une mauvaise santé financière ou une dévaluation qui ne dit pas son nom peuvent expliquer ce glissement. Le premier argument étant exclu, si l’on en croit notre guide éclairé, l’ouguiya a-t-elle été dévaluée en catimini? Question à mille ouguiyas (non dévaluées): à quoi, donc, sert cet argent dont les caisses de l’Etat sont remplies?
Même au plus fort de la gabegie, de l’inflation, du laisser-aller et des relations tendues, avec les partenaires au développement, que notre pays a connus, au début de ce troisième millénaire, l’euro n’a jamais dépassé le seuil des 400 ouguiyas, sauf, peut-être, au marché parallèle, alors que la situation économique du pays n’était, paradoxalement, guère reluisante et que l’euro battait des records, sur le marché mondial. Deuxième question à deux mille ouguiyas (dévaluées, cette fois): Comment un pays dont l’économie est à ce point «florissante» peut-il connaître ce genre de mésaventure? Cherchez l’erreur. Elle est «quelque part», à coup sûr. Et cela doit être un jeu d’enfant de la découvrir: quelque chose ne tourne pas rond, en cette Mauritanie nouvelle. Quand on n’est pas à une contradiction près, on peut dire tout et son contraire, asséner ses vérités, au risque d’être démenti par les faits et refuser de voir la vérité en face. Ne dit-on pas qu’il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir?
Ahmed Ould Cheikh-LE CALAME
Déclaration de presse de la Coordination de l’Opposition Démocratique
Maître Mahfoudh Ould Bettah président en exercice de la COD s’est réuni mercredi 30 Mars 2011 avec le Premier ministre M. Moulay Ould Mohamed Laghdaf dans le bureau et à la demande de celui-ci. Au cours de la réunion, chaque partie a développé son point de vue sur la situation politique qui prévaut dans le pays et la nécessité d’une prise de conscience des impératifs de l’étape actuelle. Dans ce contexte, le Premier ministre a souligné la nécessité de lever les obstacles psychologiques qui se dressent jusqu’à présent devant le dialogue souhaité par les deux parties depuis quelque temps, déclarant que le pouvoir est disposé à l’engager de manière sérieuse et sincère dans l’intérêt du pays. Ce dialogue devrait inclure un code électoral et n’exclure aucun autre sujet.
À son tour, le président de la COD a réaffirmé l’attachement de celle-ci au principe du dialogue. Toutefois, des obstacles demeurent, parmi lesquels, il y a certaines pratiques du gouvernement, qui sont contraires aux principes de la démocratie, dont l’inexistence de l’opposition dans la mentalité du pouvoir, de sorte que le gouvernement n’admet pas que la démocratie exige la présence de deux parties, l’une au pouvoir et l’autre à l’opposition, tirant chacune sa légitimité du peuple mauritanien.
Il y a aussi l’exclusion et la persécution des opposants, le monopole des médias publics par les autorités, la restriction du champ des libertés, etc.
Le Président a souligné que la COD aspire à un dialogue sérieux, franc et responsable englobant l’ensemble des questions qui n’ont pas pu être abordées jusqu’à présent, loin de tentatives de dévier le processus de sa voie et de jeter la poudre aux yeux. Il faut aussi que le dialogue soit avec le chef de l’Etat lui-même ou un délégué qu’il aura officiellement désigné à cet effet, avec la nécessité de convenir à l’avance du format, du cadre, des thèmes et du calendrier de ce dialogue.
Nouakchott, 31 Mars 2011
La Coordination
Hôpital National : un malade jeté dans la rue pour incapacité de payer ses soins
La direction du Centre Hospitalier National a décidé de faire sortir un patient de la salle d’hospitalisation où il se trouvait aux prises avec le VIH /SIDA.Ce malade est visiblement sans famille et atteint également d’un cancer des poumons selon un gardien de l’hôpital est resté plusieurs heures devant l’entrée de l’hôpital dans la nuit du lundi à mardi. Le médecin de garde des urgences a déclaré au correspondant d’essirage qui se trouvait sur les lieux que le malade avait été sorti exprès. Il n’a toutefois pas daigné donner d’explications sur les raisons de ce geste inhumain.Selon un des employés du service en question, c’est le responsable qui a donné l’ordre de faire sortir le malade en leur remettant un document signé et attestant de la fin de la période d’hospitalisation pour le patient.
Beaucoup de curieux se sont rassemblés autour du pauvre malade et n’ont pu cacher leur surprise de le voir ainsi jeté dans la rue par ceux qui ont pourtant prêté le serment d’Hippocrate. Jusque là il a été impossible de connaitre l’identité de ce malade car la direction de l’hôpital n’a pas voulu fournir le moindre renseignement son sujet. D’aucuns pensent que ce malade s’est retrouvé dans la ru pare qu’il serait incapable de s’acquitter des frais d’hospitalisation et de soins. Il est une pratique courante dans les cliniques et centre de santé publique que l’on refuse de s’occuper d’un malade quel que soit l’urgence de son cas tant qu’il ne se sera pas acquitté des frais.
ESSIRAGE
Abderrahmane Ngaïdé dédie ses poèmes aux victimes des “Evènements de 1989”
Dakar, 1-er avr (APS) – L’historien d’origine mauritanienne Abderrahmane Ngaïdé a indiqué, vendredi à Dakar, que son recueil de poèmes “Dans le creux de l’errance” était dédié aux morts victimes des “Evènements d’avril 1989” entre le Sénégal et la Mauritanie.
‘’(Le livre) “Dans le creux de l’errance”, en réalité, est dédié à tous ceux qui ont perdu la vie lors des événements d’avril 1989, qu’on appelle de manière pudique “Evénements Sénégal-Mauritanie” où des milliers de Mauritaniens comme moi, ont été déportés vers le Sénégal, d’autres ont été exécutés’’, a-t-il déclaré.
Enseignant-chercheur au Département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), M. Ngaïdé s’exprimait lors du lancement de ses deux ouvrages “Le bivouac. Suivi de Fresques d’exil” et ‘’Dans le creux de l’errance’’.
‘’L’objectif, a-t-il insisté, ce n’est pas de dénoncer mais, c’est de faire vivre cette mémoire-là des disparus qui sont encore parmi nous heureusement’’. Selon lui, son ouvrage est aussi traversé par une espérance.
‘’C’est pourquoi, a-t-il dit, le dernier poème est un hymne, pleurs pour l’harmonie. Heureusement, j’ai pris les pleurs puisqu’il y a de l’eau même si le vase est sec. A la fin, il y a de l’eau qui permet d’atténuer les douleurs.’’
Selon l’auteur, la photo de la couverture cadre bien avec l’actualité en cours en Afrique de l’Ouest. ‘’Tout simplement, c’est une photo qui a été prise à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire), dans l’Hôtel des députés, c’est un vase qui était debout que j’ai pris comme ça et je voulais figurer le fonds’’, a-t-il fait observer.
‘’Mais, le fonds me permet de remonter pour aller chercher l’air, cet oxygène nécessaire à la vie. Ce n’est pas une perte plutôt, une quête de sens quelque part’’, a-t-il ajouté rappelant que ces poèmes sont nés au bord de Toubab Dialaw, un lieu idyllique de la côte sénégalaise.
‘’Dans les années 1989, j’étais encore tout broussard venant de la Mauritanie, cherchant à m’incruster quelque part un objet, cette nostalgie qui commençait à me gagner. Pour noyer cette nostalgie, il fallait prendre sa plume, fixer ce qui traversait mon corps et mon esprit’’, a-t-il rappelé.
Abderrahmane Ngaïdé a indiqué qu’en 1998, Dieu a fait encore qu’il habitait au bord de la Seine en France, donc au bord de l’eau. C’est ce qui a fait qu’il a continué à écrire “Dans le creux de l’errance”.
‘’Mon objectif, c’est de raconter en tant qu’historien par d’autres mots. La poésie, c’est le côté de la littérature qui exprime le mieux ce que l’individu ressent le mieux. Ce n’est pas de la fiction mais, c’est une réalité qu’on est en train de coucher sur un papier’’.
‘’J’avais un rapport très sentimental avec l’événement qui m’a bouleversé. Tout d’un coup, j’ai dit positive cet événement pour (ne pas tomber dans la folie). Aujourd’hui, je n’ai pas un rapport traumatique avec l’événement, je le considère comme un événement normal de la vie, même si ce n’est pas normal de tuer les autres’’, s’est-il défendu.
Selon l’auteur, ‘’la volonté d’oublier sanctifie l’oubli’’. Il a insisté sur ce point : ‘’Je n’oublierai jamais l’événement de 1989 fait partie de mon corps.’’
‘’Comment pardonner, si on oublie. Si tu oublies complètement, tu es amnésique. On ne peut pardonner quelque chose d’inoubliable. Je suis pour le pardon mais, le pardon n’est pas encore demandé (par le gouvernement mauritanien)’’, a-t-il souligné.
‘’Je suis pour la démarche que l’Etat demande pardon. C’est un crime administratif et collectif. Et qui doit être sanctionné, si ce n’est l’Etat’’, a-t-il plaidé.
Abderrahmane Ngaïdé a publié plusieurs articles scientifiques dans des revues spécialisées et dans des ouvrages collectifs. Il l’auteur d’un essai politique : “La Mauritanie à l’épreuve du millénaire. Ma foi de « citoyen »” (L’Harmattan, 2006).
ASB/SAB
Le Président du MPR, M. Kane Hamidou Baba: «Le découpage électoral actuel est inéquitable et totalement injuste …»
Dans une conférence de presse qu’il a animé au siège de son parti, Mouvement pour la Refondation (MPR), M. Kane Hamidou Baba précisera: «L’adoption d’un code électoral consensuel s’inscrit dans la dynamique du Nouveau Pacte de Confiance (NPC), dont notre parti a développé les principales lignes depuis sa création».Dr. Kane Hamidou Baba qui n’a pas manqué de rappeler que pour sa formation politique «le dialogue est une nouvelle forme de civilisation», soulignera que «le découpage électoral actuel pour la chambre des députés reste basé sur un critère territorial administratif faisant de la Moughataâ, la circonscription électorale. Une telle situation qui ne tient pas compte du critère de la population est inéquitable et totalement injuste. De plus, ce critère fait que 81 des 95 députés que compte l’Assemblée nationale, ont la même base territoriale, que les sénateurs représentent les territoires, tandis que les députés représentent les populations. Le contenu du nouveau code électoral proposé nous permet de préciser ce qui mérite de retenir notre attention: le redécoupage électoral, le mode de scrutin, la commission électorale nationale indépendante, les candidatures indépendantes, la rationalisation des partis politiques, la transhumance politique, le financement des partis politiques, le régime politique».
Et Dr. Kane d’illustrer ses affirmations par des exemples: «Ainsi, sur la base du dernier recensement, les six Moughataâ les moins peuplées du pays totalisent 31.000 habitants pour la seule Moughataâ de Sélibaly. Malgré cette situation, les six Moughataâ citées plus haut, disposent de douze parlementaires, contre quatre pour Sélibaby, pourtant quatre fois plus peuplée que les six départements réunis! On pourrait multiplier les exemples à loisir».
Parlant du mode de scrutin, il dira que «le mode de scrutin proposé est un scrutin mixte, combinant la proportionnelle et le scrutin d’arrondissement majoritaire. Il est largement admis des spécialistes que la proportionnelle assure l’équité, tandis que le scrutin majoritaire donne plus de stabilité institutionnelle. La présente proposition vise à réserver les circonscriptions des classes 1 et 2 au scrutin majoritaire, tandis que les circonscriptions des classes 3,4 et 5 feront l’objet de la proportionnelle».
Et d’ajouter: «Le mode de scrutin proposé est la proportionnelle à un tour, assortie de certaines conditions dont l’introduction d’un seuil de 5% des suffrages exprimés à obtenir pour la prise en compte dans le calcul des sièges municipaux gagnés par les listes en compétition. La liste obtenant une majorité absolue des voix a d’office le poste de Maire. Si aucune liste n’obtient la majorité absolue, toutes les listes ayant 15% et plus, peuvent présenter un candidat, le candidat de chaque liste est automatique représenté par la tête de liste».
Pour la CENI, Kane Hamidou Baba fera deux propositions à savoir: la mise en place d’une CENI permanente avec des structures déconcentrées et l’élargissement des missions de la CENI quant à l’organisation des consultations électorales».
A propos des candidatures indépendantes, le président du MPR notera que «l’expérience mauritanienne prouve que les candidatures indépendantes ont fortement contribué à l’émiettement de la classe politique. De plus, à l’heure où l’on convient de la nécessité de lutter contre la prolifération des partis politiques, peut-on s’accommoder du phénomène des candidatures indépendantes? Enfin, puisque les candidats indépendantes ont eux-mêmes fini par s’organiser dans des partis, ils constituent la preuve par neuf de la non viabilité de ce phénomène!». «L’élu qui change de parti, cède son mandat au suppléant immédiat», dira-t-il pour mettre fin à la transhumance politique.
Et d’indiquer: «La prolifération des partis politiques a fortement contribué à leur banalisation, comme à l’émiettement des forces politiques, affaiblissant, du coup, la démocratie. L’existence de 80 partis dans un pays peuplés de 3 millions d’âmes pose à tout le moins la question de la fonction des partis et de leur aptitudes à réaliser leur objet social».
Au sujet du financement des partis politiques, M. Kane Hamidou Baba suggérera que «l’Etat accorde le financement aux partis ou groupement de partis politiques ayant obtenu au moins 2% des suffrages exprimés au niveau national au premier tour des élections».
Enfin, le leader du MPR souhaitera: «Bien que la question du régime politique dépasse le cadre d’un code électoral, elle mérite un examen. Parmi les questions ouvertes figurent le bicaméralisme, pour lequel le MPR propose la création d’une haute chambre des collectivités locales en lieu et place du Sénat. L’expérience des régimes de la transition prouve amplement la nécessité de doter notre pays d’un régime accordant plus de pouvoirs à l’Assemblée nationale et au Premier ministre, responsable devant celle-ci, disposant du pouvoir réglementaire et déterminant la politique économique et sociale du gouvernement».
ANI