Le Président du MPR, M. Kane Hamidou Baba: «Le découpage électoral actuel est inéquitable et totalement injuste …»
Dans une conférence de presse qu’il a animé au siège de son parti, Mouvement pour la Refondation (MPR), M. Kane Hamidou Baba précisera: «L’adoption d’un code électoral consensuel s’inscrit dans la dynamique du Nouveau Pacte de Confiance (NPC), dont notre parti a développé les principales lignes depuis sa création».Dr. Kane Hamidou Baba qui n’a pas manqué de rappeler que pour sa formation politique «le dialogue est une nouvelle forme de civilisation», soulignera que «le découpage électoral actuel pour la chambre des députés reste basé sur un critère territorial administratif faisant de la Moughataâ, la circonscription électorale. Une telle situation qui ne tient pas compte du critère de la population est inéquitable et totalement injuste. De plus, ce critère fait que 81 des 95 députés que compte l’Assemblée nationale, ont la même base territoriale, que les sénateurs représentent les territoires, tandis que les députés représentent les populations. Le contenu du nouveau code électoral proposé nous permet de préciser ce qui mérite de retenir notre attention: le redécoupage électoral, le mode de scrutin, la commission électorale nationale indépendante, les candidatures indépendantes, la rationalisation des partis politiques, la transhumance politique, le financement des partis politiques, le régime politique».
Et Dr. Kane d’illustrer ses affirmations par des exemples: «Ainsi, sur la base du dernier recensement, les six Moughataâ les moins peuplées du pays totalisent 31.000 habitants pour la seule Moughataâ de Sélibaly. Malgré cette situation, les six Moughataâ citées plus haut, disposent de douze parlementaires, contre quatre pour Sélibaby, pourtant quatre fois plus peuplée que les six départements réunis! On pourrait multiplier les exemples à loisir».
Parlant du mode de scrutin, il dira que «le mode de scrutin proposé est un scrutin mixte, combinant la proportionnelle et le scrutin d’arrondissement majoritaire. Il est largement admis des spécialistes que la proportionnelle assure l’équité, tandis que le scrutin majoritaire donne plus de stabilité institutionnelle. La présente proposition vise à réserver les circonscriptions des classes 1 et 2 au scrutin majoritaire, tandis que les circonscriptions des classes 3,4 et 5 feront l’objet de la proportionnelle».
Et d’ajouter: «Le mode de scrutin proposé est la proportionnelle à un tour, assortie de certaines conditions dont l’introduction d’un seuil de 5% des suffrages exprimés à obtenir pour la prise en compte dans le calcul des sièges municipaux gagnés par les listes en compétition. La liste obtenant une majorité absolue des voix a d’office le poste de Maire. Si aucune liste n’obtient la majorité absolue, toutes les listes ayant 15% et plus, peuvent présenter un candidat, le candidat de chaque liste est automatique représenté par la tête de liste».
Pour la CENI, Kane Hamidou Baba fera deux propositions à savoir: la mise en place d’une CENI permanente avec des structures déconcentrées et l’élargissement des missions de la CENI quant à l’organisation des consultations électorales».
A propos des candidatures indépendantes, le président du MPR notera que «l’expérience mauritanienne prouve que les candidatures indépendantes ont fortement contribué à l’émiettement de la classe politique. De plus, à l’heure où l’on convient de la nécessité de lutter contre la prolifération des partis politiques, peut-on s’accommoder du phénomène des candidatures indépendantes? Enfin, puisque les candidats indépendantes ont eux-mêmes fini par s’organiser dans des partis, ils constituent la preuve par neuf de la non viabilité de ce phénomène!». «L’élu qui change de parti, cède son mandat au suppléant immédiat», dira-t-il pour mettre fin à la transhumance politique.
Et d’indiquer: «La prolifération des partis politiques a fortement contribué à leur banalisation, comme à l’émiettement des forces politiques, affaiblissant, du coup, la démocratie. L’existence de 80 partis dans un pays peuplés de 3 millions d’âmes pose à tout le moins la question de la fonction des partis et de leur aptitudes à réaliser leur objet social».
Au sujet du financement des partis politiques, M. Kane Hamidou Baba suggérera que «l’Etat accorde le financement aux partis ou groupement de partis politiques ayant obtenu au moins 2% des suffrages exprimés au niveau national au premier tour des élections».
Enfin, le leader du MPR souhaitera: «Bien que la question du régime politique dépasse le cadre d’un code électoral, elle mérite un examen. Parmi les questions ouvertes figurent le bicaméralisme, pour lequel le MPR propose la création d’une haute chambre des collectivités locales en lieu et place du Sénat. L’expérience des régimes de la transition prouve amplement la nécessité de doter notre pays d’un régime accordant plus de pouvoirs à l’Assemblée nationale et au Premier ministre, responsable devant celle-ci, disposant du pouvoir réglementaire et déterminant la politique économique et sociale du gouvernement».
ANI