Monthly Archives: April 2018
5e Anniversaire du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Harratine : Vers deux marches ?
Les préparatifs du 5e anniversaire du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Harratine battent leur plein pour l’organisation de la marche du 29 avril. Et pour éviter de marcher dans la division, des discussions ont été nouées entre le deux camps.
Mais, selon nos sources, les deux camps du Manifeste pourraient marcher séparément, comme l’an dernier. Les discussions engagées entre les deux tendances et qui se poursuivent encore peinent aujourd’hui à aboutir. Et pour cause.
L’aile du Manifeste présidé par Mohamed Vall Handeya, qui se dit disposé et ouvert pour parvenir à une marche unique s’oppose à ce qu’il appelle le « monopole du discours » de la marche par le camp que préside, depuis quelque temps, Me Id Ould Mohameden, en remplacement de Boubacar Ould Messaoud. En clair, Ould Handeya et ses amis exigent qu’il y ait deux discours, ce que les autres refusent. Il faut rappeler que lors de sa première marche, le directoire du Manifeste avait opposé un niet à IRA dont le président voulait prendre la parole, et les militants brandir leurs slogans.
Pour sa part, Samory Ould Beye membre du directoire du Manifeste, joint par Le Calame ajoute: « nous restons ouverts aux autres, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle des démarches ont été entreprises auprès de l’autre tendance, mais il n’y a pas de conditions ou de préalables à une marche unique du Manifeste ». Ce qui ne tempère pas pour autant l’optimisme du président du Manifeste, Me El ID Mohameden M’Bareck qui ose croire que la raison finira pour l’emporter, si tant et que tous visent un même objectif qui a présidé à la création de cette plate forme, à savoir créer un cadre unitaire d’échanges et de propositions. Un optimisme que partage Ould Handeya qui dit espérer toujours une solution de dernière minute, ce qui ne l’a pas empêché, lui et son camp de prendre leurs précautions en déposant une demande d’autorisation de la marche.
Me Id a ensuite révélé que la Marche de cette année sera placée sous le signe de solidarité avec les nombreuses femmes Haratine envoyées en Arabie Saoudite comme domestiques et dont une partie est revenue et vit dans des conditions particulières. Ainsi ajoute-t-il, les marcheurs diront non à cette pratique, et clameront que la femme n’est pas une marchandise à vendre.
Pour Samory Ould Beye, l’ « envoi de milliers de femmes Haratine ressemble fort à une déportation dont l’objectif est de réduire cette composante. »
Pendant que les contacts se poursuivent, les deux camps ont chacun déposé une demande d’autorisation pour le dimanche. Me Id indique que leur marche ira de la mosquée Marocaine à la mosquée Ibn Abass, en passant par la Polyclinique et l’état major de la garde. Celle dirigée par Ould Handeya s’ébranlera du carrefour Madrid vers le carrefour foire (El Mina).
le calame
Mauritanie: Communiqué du conseil des ministres
ALAKHBAR (Nouakchott) -Le Conseil des Ministres s’est réuni le Jeudi 26 Avril 2018 sous la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République.
Le Conseil a examiné et adopté les projets de décrets suivants:
– Projet de décret modifiant certaines dispositions du décret n° 2015-047 du 26 février 2015 fixant le statut particulier des corps des gestionnaires des ressources humaines des administrations de l’Etat et de ses Etablissement Publics à caractère administratif.
Le présent projet de décret vise à conformer la structure du corps des gestionnaires en ressources humaines à celle des autres corps des fonctionnaires. Il institue également une distinction entre l’appartenance au corps et l’exercice à titre provisoire de taches de gestion du personnel en vertu de l’occupation de fonctions de responsabilités liées à cette gestion.
– Projet de décret portant nomination du Président et des membres du Conseil d’Administration de l’Institut Supérieur d’Enseignement Technologique de Rosso (ISET).
– Projet de décret modifiant certaines dispositions du décret n°2009-161 du 29 avril 2009, modifié, portant création, organisation et fonctionnement de l’Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises.
Le présent projet de décret vise le renforcement du mécanisme de gouvernance administrative, managériale, et académique de l’Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises à travers la révision de la composition de son Conseil d’Administration et du mode de désignation des chefs de départements académiques en son sein.
– Projet de décret portant concession définitive d’un terrain sur la route Rosso-Nouakchott au profit du Complexe Touristique Lemhar.
-Projet de décret portant concession définitive d’un terrain à Rosso dans la Moughataa de Rosso, Wilaya du Trarza au profit de Monsieur Abdel Wedoud Ebbe Abdel Moumine.
Le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, a présenté une communication relative à la situation internationale.
Le Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation a présenté une communication relative à la situation intérieure.
Enfin, le Conseil a pris les mesures individuelles suivantes:
Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation
Administration Territoriale
Wilaya du Trarza
Moughatàa de Boutilimit
Hakem de Boutilimit : Diagana Abdoullaye, Administrateur Civil, précédemment Wali Mouçaid du Tirs- Zemour
Ministère de l’Environnement et du Développement Durable
Administration Centrale
Direction de la Protection de la Nature
Directeur: Ethmane Ould Boubacar, Ingénieur Principal Forestier- Agronome, précédemment Directeur Adjoint de la même direction
Directeur Adjoint: Bekaye Bocoum dit Alioune, Ingénieur des Sciences Appliquées option Eaux et Forêts, précédemment Chef Service Forêts
Alakhbar
Interpol examine la demande d’extradition de Ould Bouamatou
Sherpa dans un panier de crabes mauritanien : L’ONG est accusée par Nouakchott de connivence avec un opposant politique qui est aussi l’un de ses donateurs.
Cette semaine, Interpol va devoir statuer sur la demande d’extradition d’un opposant à un régime en place. Du grand classique, opposant au cas présent le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis 2009, à l’un de ses contempteurs, Mohamed Ould Bouamatou, réfugié au Maroc puis en Europe. Mais à tort ou à raison, le statut de l’ONG Sherpa, fondée par l’avocat William Bourdon, très active en matière de «biens mal acquis» par des potentats africains, s’est invité dans le débat.
«Néocolonialisme»
Homme d’affaires local ne se désintéressant pas de la politique, Bouamatou est un client personnel du cabinet Bourdon & Associés «pour un dossier commercial classique» au sujet de Mauritania Airways, bémolise l’avocat auprès de Libération.
Mais Bouamatou est aussi l’un des donateurs de l’ONG Sherpa, laquelle, en 2013 et 2017, a publié deux rapports sévères sur la Mauritanie, qui pointaient les dérives et la corruption du régime du président Abdel Aziz.
Accusant Sherpa et son fondateur de «néocolonialisme», voire de «négrophobie», l’un des fils du dignitaire, Jemal Taleb, s’est dévoué pour porter plainte à sa place.
Celui qui se présente volontiers dans les médias comme l’avocat du régime n’est pourtant pas inscrit aux barreaux de Paris ou de Nouakchott, mais bénéficie plus prosaïquement du titre d’ambassadeur itinérant du président mauritanien – une «fonction purement honorifique et bénévole», tient-il à préciser.
Petite histoire dans l’histoire : en avril 2017, un collaborateur de l’opposant Bouamatou est interpellé à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal.
En sus des douaniers, il dit avoir vu débarquer la «police politique du régime» qui a récupéré ses ordinateurs ou téléphones, d’où seront extraits des mails échangés entre William Bourdon et Mohamed Ould Bouamatou, le premier réclamant 100 000 euros au second pour les «frais d’investigation» de Sherpa, et dont le JDD fera son miel en janvier, dans un article plutôt à charge. Un autre grand classique, visant à décrédibiliser les ONG en leur prêtant de noirs desseins liés à leurs sponsors financiers (lire ci-contre).
Dans une récente plainte pour vol et violation de correspondance, William Bourdon dit sa certitude que «la personne qui exploite les documents hackés et les diffuse auprès de certains médias français» serait Jemal Taleb – pour une fois, le corbeau aurait ainsi un nom. Et de citer le témoignage du responsable d’une autre ONG : «Des journalistes m’ont indiqué avoir été approchés par Jemal Taleb avec des documents dans le but de discréditer Me Bourdon et M. Bouamatou.»
Fuites médiatiques
Chaque journaliste est évidemment libre d’entretenir des contacts avec n’importe quelle source et de protéger son anonymat. Interrogé par Libération, Jemal Taleb nie tout en bloc : «Je ne suis ni voleur ni receleur de documents qui circulent dans la nature. La Mauritanie a saisi des pièces, elle n’a nullement besoin de moi pour les faire fuiter.»
Hasard (ou pas) du calendrier, Interpol aura bien du mal à démêler ce panier de crabes où pullulent coups bas en coulisse et autres fuites médiatiques. Avant de statuer, il ne sera pas inutile de rappeler cet autre rapport sur la Mauritanie, émanant non pas d’une ONG mais du groupe de travail contre la détention arbitraire de l’ONU, lequel pointe «l’interférence majeure du président de la République, du gouvernement et de la télévision publique, condamnant des accusés avant même l’ouverture d’un procès».
Le FNDU : revue avant la bataille
Comme tous les fronts, le FNDU, doit balayer large, pour renforcer ses bases de luttes, au quotidien : syndicats professionnels, mouvements revendicatifs populaires, luttes scolaires et partis politiques. Mais en même temps il doit rechercher, en permanence, à « radicaliser » ses meilleurs militants, non pas au sens « islamiste » que donne l’occident à ce terme, mais au sens politique et idéologique, classique, c’est-à-dire faire évoluer les revendications de réformes vers l’exigence d’un programme révolutionnaire.
Or, il semblerait que cette mission de « formation » soit absente des programmes du FNDU, dont la combativité reste du niveau, et entre les mains, de « masses » préoccupées par leur quotidien matériel, donc à la merci de la moindre mesure démagogique initiée par le pouvoir.
Cette absence de « radicaux », tant au niveau des bases qu‘au sommet des organisations qui composent le FNDU, ajoutée à son hétérogénéité idéologique intrinsèque, le confine, en fait, à la gestion d’une certaine surenchère politique qu’il partage, de manière fatalement inégale, avec l’UPR et le Gouvernement.
Ce vide, entre le FNDU vécu, et le FNDU voulu, par les militants radicaux de l’opposition, risque de profiter plus à certains de ses « alliés », plutôt qu’à lui-même et surtout à son programme électoral. C’est pourquoi, à l’heure où le FNDU a décidé de participer aux prochaines élections, de 2018 et 2019, il devient vital de savoir sur qui il peut compter.
L’IRA de Biram, volatile et transhumante par nature, qui lit déjà son Histoire avant de l’avoir écrite. Une organisation tantôt candidate, elle-même, à ces élections, ou cherchant un partenaire fiable, capable de la « reconnaître » et la booster.
Les amis de « conscience et résistance », dont l’objectif politique affiché n’a jamais été de siéger ni au parlement, ni au gouvernement. Ils semblent, ces dernier temps, utiliser IRA comme rempart contre l’isolement, ou pour confirmer leur antiesclavagisme radical.
Le cas Bouamatou, où il s’agit, pour l’essentiel, d’une affaire d’argent, entre cousins.
La question que l’on peut se poser est de savoir que restera-t-il de la « force de frappe » du FNDU, une fois délesté de ces trois « alliés » du moment, c’est-à-dire, une fois qu’IRA aura trouvé le bon attelage électoral, que les amis de O.Yessaâ auront pris leur distance par rapport à Biram et qu’un compromis financier aura été trouvé entre Aziz et Bouamatou ?
Il restera le FNDU « canal historique », c’est-à-dire ADEL, une veuve, qui a besoin de ressources pour élever ses enfants, Tewassoul, une maison de charité dont les bailleurs de fonds sont à court de fonds, Hatem,un Cavalier qui attend son jour et une UFP, qui lutte pour sa survie politique.
Cet FNDU-là, n’a pourtant pas d’autres choix que de participer aux prochaines élections, en espérant qu’il puisse y drainer les autres membres de l’opposition démocratique.
OULD EHLOU
saharamedias
L’Edito du Calame : Combien d’anguilles, sous la roche ?
Un premier pas vers des élections non apaisées et non consensuelles a été franchi, la semaine dernière, par le pouvoir, avec la mise en place d’une commission électorale qui est tout sauf représentative.
La commission de désignation, composée d’éléments provenant de la majorité et de l’opposition dite dialoguiste, n’a pas lésiné sur les… liens de parenté. Priorité donnée au frère, au neveu, au beau-frère, au cousin. Ne dit-on pas, à juste titre, que charité bien ordonnée commence par soi-même ? Et l’on veut ensuite nous faire gober que cette CENI sera impartiale, à équidistance de tous les candidats.
Le vivier où l’on pouvait puiser était pourtant énorme : le pays regorge de cadres, retraités ou en activité, capables de relever le défi. Mais qui s’en soucie ? Qui a intérêt à ce que les futures élections se déroulent dans la transparence ?
Pas le pouvoir, en tout cas, qui a, sciemment, sabordé les négociations secrètes avec l’opposition, pour l’amener au boycott, comme en 2013, lorsqu’elle lui a laissé le champ libre, faisant élire une assemblée à sa botte et à qui il fait avaler toutes sortes de couleuvres. Avec quelques députés de Tawassoul et de l’opposition modérée s’efforçant de faire entendre leur voix, sans beaucoup de succès.
Mais la manœuvre, cette fois, a échoué. L’opposition – moins le RFD, certes – telle que regroupée au sein du FNDU, a annoncé qu’elle participera aux futures consultations. Contre vents et marées et qu’elle ne se laissera plus faire. De chaudes empoignades donc en perspective entre le pouvoir, dont le bilan ne plaide guère en sa faveur, et une opposition qui ne lui fera aucun cadeau. Les hostilités ont d’ailleurs déjà commencé. Sur Twitter, Facebook et autres déclarations à la presse. Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir fait fuiter l’information, pour faire échouer des négociations secrètes sur le point d’aboutir.
Sentant le danger que lui fera courir la participation de l’opposition, si les élections se déroulent normalement, le pouvoir a voulu prendre les devants. En décidant de lancer l’opération de redynamisation et d’implantation de son parti, Ould Abdel Aziz joue sur deux fronts. Activer son parti, en battant le rappel de ses troupes, et disposer d’un outil capable de lui faire gagner les futures élections, avec le concours de l’Etat, de l’Armée, des fonctionnaires, de l’administration territoriale et des notabilités, sous les yeux d’une fantomatique CENI qui n’a d’autre rôle que de cautionner la mascarade.
Convaincre, ensuite, les récalcitrants, ceux qui ont pris ses déclarations sur son départ pour argent comptant, qu’il a encore beaucoup d’idées derrière la tête et qu’il faut compter avec lui, après 2019. Comment ? La question que tout le monde se pose. Va-t-il changer d’avis entretemps, s’il obtient une majorité confortable à l’Assemblée nationale, d’où l’idée d’activer son parti ? Compte-t-il en prendre la tête et garder ainsi son mot à dire, dans la gestion du pays ? Ou ne s’agit-il que de manœuvres, pour préparer le terrain au successeur qu’il se sera choisi ? Il n’y a donc pas qu’une anguille, sous la roche…
Ahmed Ould Cheikh
LE CALAME