Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: May 2018

Mauritanie: le gouvernement accentue la surveillance des mosquées

surveillance de mosquée en mauritanieEn Mauritanie, le gouvernement entend bien surveiller ce qui se dit dans les mosquées notamment en ce mois de ramadan où des dérapages ont été constatés dans certains lieux de culte. Ce fut le cas à Nouakchott, à la mosquée de Dar Naim où un imam a été destitué pour avoir tenu des propos violents et extrémistes dans ses prêches.
 
L’iman de la mosquée de Dar Naim n’a pas respecté les consignes de la direction des mosquées qui recommandent aux imams d’éviter toutes formes de violences dans leurs prêches.
 
Tout en désapprouvant les propos de l’imam, certains leaders religieux,  comme le cheikh Bacar Ould Bacar, chef des chiites de Mauritanie, se montrent sceptiques sur cette politique du gouvernement : « Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de surveiller ce qui se dit dans les mosquées dès lors que cela concerne l’islam, que cela concerne la culture islamique. Mais dès lors qu’il y a quelqu’un qui diffuse des discours extrêmes qui sèment la division, qui sèment le désordre, là, les autorités doivent prendre des dispositions ».
 
Pour le cheikh Bacar Ould Bacar, les dérapages n’ont rien à voir avec la pratique chiite. Le chef des chiites de Mauritanie affirme qu’il prône un islam tolérant, un islam qui cohabite avec les sunnites : « J’ai rencontré la majeure partie des imams religieux de Mauritanie. J’ai demandé à tous ces érudits : est-ce qu’ils attestent qu’il n’y a de dieu qu’Allah, qui n’a de prophète que Mohammed et l’imam, après Mohammed, c’est Ali ? Ils ont tous dit oui ».
 
Une source du ministère des Affaires islamiques affirme qu’il n’est pas question de tolérer le moindre extrémiste dans les 1 200 mosquées de Nouakchott.
 
RFI

Le mouvement sioniste mondial/par AHMED BEZEID OULD BEYROUCK

altPermettez-moi de présenter à vos lecteurs un exposé objectif, sans passion, sur les aspects juridiques, politiques et racistes de ce qu’on appelle ‘’le Mouvement Sioniste Mondial’’ dont le but, défini en 1898, consistait à créer un foyer national juif en Palestine, et qui est un mouvement raciste puisqu’il préconise l’union nationale de tous les juifs sur la base de leur appartenance à une origine commune. Dans une interview publiée le 22 Avril 1969 par le journal israélien « Lamerhav », le premier ministre israélien Golda Meir répondait à la question suivante : « Que pensez-vous du plan Dayan » prévoyant l’intégration économique des territoires occupés à l’économie israélienne et visant à permettre aux Arabes de ces régions de travailler en Israël ? « Je pense » dit-elle, que nous devons nous intéresser au sort des habitants de ces territoires. Néanmoins, l’idée d’en faire travailler des dizaines de milliers en Israël ne me tranquillise guère. Car, en agissant de la sorte, Israël risquerait de perdre son caractère juif. Dans une interview au Jérusalem Post, le 17 juin 1969, le ministre des affaires Etrangères Abba Eban, devrait déclarer : ‘’Des autres critères que je viens d’énumérer, le plus important est celui de la préservation du caractère juif d’Israël et du pouvoir de décision juif. Ceci a été très simplement exprimé par certains de mes collègues et par moi-même. N’injectons pas un autre million d’Arabes dans les artères de l’Etat de telle sorte qu’ils puissent eux-mêmes déterminer son caractère, sa culture et son destin. Ceci signifie que nous devons apporter des modifications aux frontières et obtenir des arrangements de sécurité et aussi aspirer à une carte qui nous permettrait de nous assurer une sécurité plus large sans pour autant détruire le pouvoir de décision juif en Israël’’. Au cours d’une intervention au programme « Face the Nation du Colombia Broadecasting System », le 11 juin 1967, le général Dayan, prié de donner son avis sur la capacité d’Israël d’absorber la capitale arabe de territoires nouvellement conquis, répondit: « Economiquement, nous ne pouvons ; mais je pense que ceci ne s’accorderait pas avec nos plans futurs. Il en résulterait, pas un état juif, mais un Etat binational ou un Etat arabo-juif. Or, ce que nous cherchons, c’est un Etat juif tout comme la France est un Etat français. » Cinquante ans plus tôt, le premier président d’Israël, Chain Werzmam, déclarait qu’il prévoyait l’établissement en Palestine d’un Etat « qui serait juif que l’Angleterre est anglais » et définissait le but du programme sioniste comme étant de « créer une nation qui serait aussi juive que la nation française est française et la nation anglaise est anglaise. A l’occasion d’une conférence sur Israël en 1965 à Londres, le Mouvement Sioniste Mondial a distribué une carte géographique d’Israël imprimée sur une carte postale. On y trouve imprimées deux cartes géographiques, l’une représentant les frontières d’Israël en 1965, l’autre le « grand Etat d’Israël » qui englobe la Palestine, toute la Syrie et le Liban, une partie de l’Irak jusqu’à l’Euphrate et tout le désert du Sinaï jusqu’au canal du Suez. Cette carte distribuée à Londres représente le rêve d’hégémonie du sionisme qui veut qu’Israël s’étende du Nil jusqu’à l’Euphrate. Ils ont même inclus dans cette carte la Mecque et Médine. Nous nous demandons comment le monde Musulman tout entier ne voit pas le danger comme nous et n’agit pas en conséquence. Le racisme n’est pas un trait acquis par l’état de colons sionistes. Il n’est guère non plus une caractéristique accidentelle ou passagère sur la scène israélienne, il est congénital même du sionisme et au mobile fondamental de la colonisation de la création de l’Etat Sioniste. Le Sionisme est la foi en l’unité nationale de tous les juifs qui sont ainsi identifiés en fonction de leur supposée origine ancestrale commune. Selon le credo sioniste, ni la religion ni la langue ne constitue le présumé « lien national » des juifs. Car les sionistes qui sont en effet des juifs croyants ou pratiquants sont relativement peu nombreux, et la langue hébraïque ne fut ressuscitée qu’après la naissance du sionisme. La récente législation et la décision judiciaire servant de précédant dans l’Etat sioniste, ainsi que la littérature politique du mouvement sioniste depuis ses débuts, semblent dénoter son caractère social. Le simple fait biologique d’être un descendant de juifs rend aux yeux des sionistes, une personne « juive

Auto-ségragation raciale

L’identification sioniste à une race donne lieu à trois corollaires : l’auto-ségrégation raciale, l’exclusivisme racial et la suprématie raciale. (Comme les apôtres Afrikander de l’apartheid en Afrique du Sud), ces principes constituent le cœur de l’idéologie sioniste. L’impulsion primordiale de la colonisation sioniste est la poursuite de, par la « nation juive » d’une «autoréalisation nationale » à l’aide d’un regroupement territorial et d’un Etat indépendant. L’auto-ségrégation raciale est, par conséquent, la quintessence du Sionisme. De par sa nature, l’auto-ségrégation raciale exclut l’intégration ou l’assimilation. De Herzl à Weizmam, de Ben-Gourion à Goldman, les leaders du sionisme ont tous cru et prêché que le principal ennemi du sionisme n’est point l’antisémitisme » des gentils, mais « l’assimilation » juive. L’antisémitisme méprise les prétendues « caractéristiques nationales » des juifs et se délecte des souffrances juives. Le sionisme idéalise ces caractéristiques imaginaires et s’efforce de rassembler tous les juifs en un seul Etat juif auquel les sionistes même modérés attribuent une mission spéciale. Selon la croyance sioniste, « l’assimilation est considérée comme la perte de « l’identité juive » et constitue le prélude à la dissolution et à « l’élimination de la nation juive ». L’auto-ségrégation » est l’unique chemin de la « Rédemption » du « salut » et de « l’accomplissement» de la nation. La lumière de cette même logique, en vertu de laquelle le sionisme repousse sans compromis, l’assimilation des juifs par des sociétés non juives, le principe fondamental sioniste d’auto-ségrégation raciale exige aussi la pureté de la race et l’exclusivisme racial dans le territoire. L’auto-ségrégation rejette nécessairement la coexistence des communautés juives et non-juives y compris la population indigène dans le territoire où se ressembleront les juifs et qui constitue une tare sur 1′ image du pur racisme sioniste autant que les séjours continus des juifs dans la terre des gentils, nommée la terre de l’ex juif. L’idéal sioniste d’auto-ségrégation raciale provient d’une exigence également impérative, le départ de tous les juifs des terres de leur « exil » aussi bien que l’éviction de tous les non-juifs de la terre à « destination juive » à savoir la Palestine. Ce sont là deux conditions essentielles pour « l’accomplissement du sionisme » et la « rédemption nationale juive ». Le sionisme c’est du pur et noir racisme, c’est pour cette raison que l’assemblée des Nations unies a voté en 1975 un texte assimilant le sionisme au racisme. En ce qui concerne un Etat laïc, les Palestiniens le Fatah notamment, l’ont maintes fois proposé. Mais dites-mois, pensez-vous sérieusement que les sionistes acceptent cela ? J’ai mantes fois répété que c’est au sionisme, et non aux juifs, que nous en voulons, avec les juifs, et nous sommes après tous des cousins, nous pouvons parfaitement cohabiter. Dans son étude « Zionisme, Tribalisme, ou Libéralisme, » Morris R-Cohen, professeur de philosophie à l’université de Harvard, écrit : « la tendance constante à faire ressortir la conscience raciale tragiquement exacerbée par les persécutions multipliées des années récentes a amené les juifs émancipés à adopter la très populaire philosophie raciale de l’histoire représentée du côté Teuton par « les fondations du XIXème siècle » de Chamberlain et du côté russe par des Slavophiles tels que Katkoff. Fondamentalement les sionistes rejettent l’idéologie raciale de ces anti-sionistes mais ils en tirent des conclusions différentes. Au lieu du teuton, c’est le juif qui forme la race pure ou supérieure. Les sionistes se qualifient toujours d’idéalistes…

Suprématie imaginaire

Le mot « idéalisme » couvre une multitude de péchés dont une répugnance à affronter les problèmes difficiles et une tendance idéaliste à ignorer les droits de la population non-juive de la Palestine à peu près comme les idéalistes teutons avec leur culture supérieure. Selon les enseignements du sionisme, c’est seulement à cette condition d’auto-ségrégation complète que la « supériorité juive » pourrait enfin se manifester. Car le « Peuple Elu » ne pourra atteindre son ‘’destin spécial” que lorsqu’il sera regroupé et seul…Les colonisateurs sionistes désireux d’imposer la suprématie de leur race en Palestine, expriment leur suprématie imaginaire sur les « indigènes » arabes, d’abord en s’isolant des Arabes en Palestine et ensuite en les évinçant de leur patrie. Ainsi, bien que le but sioniste ne se réalisera qu’en 1948 par la violence expulsion de la majorité des Arabes Palestiniens de leur patrie, l’objectif de « désarabiser » la Palestine (en vue de « sioniser » ce pays) a été nourri par le mouvement sioniste depuis ses débuts. Le concept sioniste de la « solution finale » du problème arabe en Palestine et le concept nazi de la « solution finale » du problème juif en Allemagne, contiennent essentiellement le même élément de base : l’élimination de l’indésirable élément humain en question. Mais si la création d’une « Allemagne sans juifs » poursuivie par le Nazisme par des méthodes plus impitoyables et plus inhumaines que ceux utilisés par les sionistes pour la création d’une « Palestine sans Arabes » derrière ces différentes techniques, résidaient en revanche, des desseins identiques. En appliquant la discrimination raciale à l’encontre des vestiges des Arabes Palestiniens, l’Etat de colons sionistes a appris, en effet, toutes les leçons que pouvaient lui enseigner les différents régimes discriminatoires des Etats de colons en Asie et en Afrique. Et dans cette tâche, l’Etat sioniste s’est montré un disciple averti et plein d’ardeur, capable de surpasser ses maîtrises.

AHMED BEZEID OULD BEYROUCK

Chroniqueur Politique

le clame

Alliance entre “Sawab” et “IRA-Mauritanie” : les acquis et les difficiles concessions (ANALYSE)

Alliance entre Al-Wiam – L’alliance nouvellement créée après 6 mois de gestation et de dures négociations sécrètes, entre le parti Sawab et l’IRA, n’est en fait qu’un accord politique particulier, reflétant surtout la propension des deux parties à dégager des choix adaptés aux exigences politiques de l’instant.

L’accord porte sur la candidature du leader de l’IRA, Biram Ould Dah Ould Abeid, au nom de Sawab à la présidentielle de 2019 et le partage du gâteau des consultations électorales de septembre prochain.

Autant Biram sera candidat à la liste nationale, autant Abdel Salam Horma, le président de Sawab, briguera les conseils régionaux à Nouakchott, selon l’accord, avec la perspective d’investir avec la nouvelle coalition 165 de ses leaders aux prochaines élections municipales sur toute l’étendue du territoire national.

Il est incontestable que le nouvel attelage donnera un nouveau souffle aux “nationalistes” (Sawab), en raison de leur approvisionnement relatif de l’indocile organisation antiesclavagiste (IRA-Mauritanie).

L’IRA tirera également les dividendes de cette imparfaite union en jouissant d’une couverture politique appréciable, lui permettant aussi d’avoir un sang neuf, traduisant sa longue haleine. En effet, l’IRA qui parait chaque fois se dissiper aux yeux de l’opinion, émerge régulièrement et arbore à la surprise générale son grand retour comme un phénix.

Toutefois Biram perdra dans cet assemblage sa liberté d’action et de mouvement d’antan, eu égard à la place dont jouit ses nouveaux partenaires, qui ne tolèrent pas impunément les mêmes sorties d’antan du leader de l’IRA.

Sawab perdra aussi son “Sawab” (raison) en s’alliant avec les “fous” de l’IRA, qu’aucun cadre politique et qu’aucune règle ne sont en mesure de freiner les activités spécifiques menées en fidélité de leur cause d’émancipation.

Quoi qu’il en soit, IRA-Sawab est l’une des alliances les plus difficiles sur la scène politique nationale, dont l’avenir n’est pas facile à décrypter. Il n’en demeure pas que les deux parties sont unanimes sur la capacité du machiavélisme politique mauritanien de faire planer son ombre et de dissuader tout le monde, de commettre toute fausse note à l’avenir.

Certes les pouvoirs publics ont refusé l’autorisation à la nouvelle alliance, mais ils ne pourront pas empêcher ses activités futures, puisque à chaque objection signifiée par les autorités aux programmes des “nationalistes” et des “antiesclavagistes”, constituera un coup de communication gratuit fait à leur avantage, redorant leur blason quelque peu sombré sur les réseaux sociaux où les blogueurs et les analystes ont minimisé l’importance de cette alliance qui a surpris plus d’un acteur politique.

Traduit de l’Arabe par Cridem

Si j’étais « Birame » par Tijane BAL

altSi j’étais président de la République… chantait une ancienne gloire de la chanson. Ayant décliné un programme sympathique mais loufoque, l’artiste concluait par je ne serai jamais président de la République. Birame Dah Abeid doit rêver d’une  issue différente. Lui qui vient d’officialiser sa candidature à Paris.

Au fait, pourquoi Paris ? Le choix mériterait débat. Côté symbole, faire une telle annonce de l’étranger est a priori surprenant. Des considérations d’efficacité peuvent y avoir présidé. La recherche d’une ample couverture médiatique peut-être. A cet égard, la polémique FPC/FLAM au sujet d’un prétendu soutien (finalement démenti) a fait office d’amplificateur. La quête d’une stature internationale a pu également jouer.

« Birame » est désormais l’un des ténors nationaux à sortir du bois. Ce faisant, il se retrouve un peu plus dans le viseur des chasseurs. C’est pourquoi, alors même que personne  ne lui a rien demandé et sans que cela préjuge en quoi que ce soit de son vote, le signataire de ces lignes se permet (sans aucune prétention si ce n’est celle de faire sourire) quelques recommandations censées aider à déjouer des pièges.

Solder le passé.

Cette recommandation est, au-delà du seul « Birame », valable pour tous les candidats à la présidentielle. Les concurrents seront là pour leur rafraîchir la mémoire. Solder le passé de son propre chef est donc une étape essentielle. N’attendez pas d’y être contraints. Il importe d’emblée d’allumer, si nécessaire, des contre-feux. Et ce bien en amont de l’échéance… Cette démarche vous permettra le cas échéant d’objecter plus tard : de grâce, n’y revenons pas. Je me suis déjà expliqué sur le sujet. Il s’agit ainsi de neutraliser les polémiques probables et de désamorcer les dommages potentiels. Cela s’appelle du déminage. En l’occurrence, les mines à retardement consistent principalement en des déclarations, des prises de position anciennes, désormais source d’embarras, des affinités antérieures devenues compromettantes. Suivant les cas, l’erreur de jeunesse, les pressions liées au contexte et surtout la sincérité de la conversion peuvent tenir lieu de parades. Je suis et/ou j’ai fait comme tout le monde parce que je ne pouvais pas faire autrement…….Il suffira, après, de se faire convaincant.

Ne pas mépriser les anciens :

Retour à « Birame ». Je présume que vous vous savez attendu sur le terrain de la légitimité. Les sceptiques ne manqueront pas de vous faire observer que des pionniers vous ont précédé dans votre combat actuel contre le racisme, les discriminations, l’esclavage et plus spécifiquement en faveur de la cause H’ratine. Ils vous rappelleront des figures tutélaires et des noms qui ne vous sont pas inconnus. Ils vous feront remarquer que les FLAM existent depuis 1983, El Hor depuis bien plus longtemps encore (40 ans je crois). Les faits étant indéniables, vous ne perdrez rien à les reconnaître. Concédez-les donc. Et tant qu’à faire, de bonne grâce.

Reconnaissez également ce dont vous êtes redevable à vos devanciers sans omettre de mentionner vos acquis, votre contribution, l’originalité de votre démarche. Célébrez les continuités et marquez les ruptures. Les unes et les autres sont importantes.

Etre un peu Jesse Jackson.

La plus prévisible des critiques qui vous seront adressées est d’être prévisible justement. Vous pourrez difficilement nier que votre crédo politique est écrasé par un thème dominant. Les mauvaises langues diront unique. Vous-même pourriez (veuillez excuser l’irrévérence) être qualifié de monomaniaque politique. Un président étant un généraliste, un aspirant président se doit de l’être tout autant. Sa crédibilité en dépend. Vous serez donc sollicité et jaugé sur des thématiques qui vous sont moins familières. On vous titillera sur la fiscalité, l’emploi, la santé, le système éducatif, la diplomatie… Pour tester votre fiabilité, on vous bousculera de votre zone de confort vers des terrains plus mouvants.

N’étant pas a priori le favori de la présidentielle, on vous prendra de haut. Comme un certain Obama en 2008. Du moins au début. Rappelez-vous la colère des Africains américains quand Bill Clinton décréta que la candidature d’Obama était vouée au même sort que les tentatives précédentes de Jesse Jackson. Populaire auprès de la communauté noire au point d’être qualifié de premier président noir des Etats-Unis par Toni Morrison, Clinton n’en fut pas moins suspecté de racisme. En fait, les Blacks avaient décrypté l’objectif de disqualification contenu dans son message, l’appel sous-jacent au « vote utile », assorti d’un clin d’œil aux électeurs blancs : Allez, pas d’inquiétude. Il n’ira pas plus loin. Le soufflé va retomber. Hillary lui fera mordre la poussière. Communautaire aux yeux de Clinton, la candidature d’Obama ne devait pas dépasser ou de peu le cadre de la communauté noire. Peu importe à la limite que Clinton y ait cru ou pas. La suite devait démentir  son pronostic feint ou réel. Il se trompait sur le sens  du pari d’Obama en faisant mine d’ignorer qu’à la différence de Jesse Jackson, celui-ci était  candidat pour gagner et non pour témoigner et encore moins pour faire de la figuration. Jesse Jackson, quant à lui, était suffisamment averti de la nature du système américain  pour ignorer qu’il ne pourrait pas franchir le cap des primaires démocrates. Quant à être élu président des USA …Ses candidatures successives poursuivaient d’autres objectifs : inciter les Noirs américains à s’inscrire sur les listes électorales et à aller voter. Jackson savait que ses appels à une coalition arc-en-ciel resteraient vains car l’heure n’était pas venue.

Etre un peu plus Obama. 

On ne manquera de vous demander avec qui gouvernerez-vous et auparavant avec qui comptez-vous aller à la bataille ? Adressée à vous, la question n’est pas si anodine. Elle est piégée. Faites de votre mieux pour vous extraire du carcan dans lequel on cherchera à vous enfermer, celui de la candidature monothématique, raciale et/ou ethnique. Fantasme pour les uns, espoir pour d’autres, cauchemar pour d’autres encore, la très hypothétique coalition des Négro-mauritaniens contre le « système beidane » derrière votre panache blanc fait rêver ou trembler. Cette perspective est-elle seulement réaliste ? Rien n’est moins sûr car le statut de porte étendard est très disputé. Les FLAM pourraient vous le contester du haut de leurs trente-cinq années d’existence. El Hor ou ses continuateurs et d’autres ne seront pas en reste. Est-elle souhaitable ? On est en droit d’en douter également. A votre place, je récuserais toute candidature raciale au profit d’une candidature fédératrice dans la mesure du possible, antiraciste, contre les discriminations, pour l’égalité et adossée à un projet de société progressiste. Rappelez-vous le discours de soutien d’Obama, alors sénateur, au candidat John Kerry dans lequel il déclarait : il n’y a pas d’un côté les « Etats rouges » ( red states républicains) et de l’autre les « Etats bleus « (blue states démocrates). Il y a les Etats-Unis d’Amérique. Il vous suffira de remplacer « rouge » par noir, « bleu » par blanc ou vice versa et Etats par Mauritanie.

Cela étant,  je ne suis pas « Birame » et  « Birame » pourrait allègrement se passer de mes recommandations. J’avais prévenu. C’est pour sourire.

Tijane Bal

PS : prochain article. Si…. j’étais Aziz

le calame

L’Editorial du Calame: Coûteux programme de pauvreté

altFélicitations, monsieur le Président ! Le slogan de votre campagne de 2009 était bel et bien prémonitoire. Votre vœu a été exaucé. Vous êtes devenu, comme vous le vouliez, le président d’un pays dont 89% sont (devenus) pauvres. Champion du monde de la misère, à défaut de l’être en autre chose. Et ce n’est pas de la littérature ou des « accusations sans fondement », comme dira, demain, le porte-parole du gouvernement : dans un rapport préparé par les Nations Unies, avec le concours de la Ligue Arabe et de l’Université d’Oxford,  tout récemment publié, le niveau de pauvreté extrême, dans dix pays arabes, dépasse 13%. Avec des disparités entre eux. Ainsi le pourcentage de pauvres est de 69% au Yémen, 73% au Soudan et… 89% en Mauritanie. Mais c’est quoi, la pauvreté ? Le rapport donne des indications précises : une situation économique où l’individu n’a pas un revenu minimum qui lui assure l’alimentation, l’habillement, l’éducation et les soins. Avec, en corollaire, des inégalités sociales qui entraînent, à leur tour, chômage, faim et mendicité.

Serions-nous donc pauvres à ce point qu’on ne s’en rende même plus compte ? Comment un pays, qui dispose d’autant de richesses naturelles (fer, poisson, cuivre, or et autres métaux précieux), d’un potentiel agricole immense et de ressources animales aussi importantes, peut-il être dans une telle situation ? Ça devrait tous nous interpeller, quand même ! Qu’avons-nous fait de toutes ces recettes générées par l’exportation de nos ressources minières et des financements obtenus auprès de nos partenaires ? Pourquoi la majorité d’entre nous n’a ni logement décent, ni eau courante, ni électricité, ni éducation de qualité, ni soins ? Qu’un pays d’à peine 3,5 millions d’habitants, riche à ce point, soit en queue de peloton des pays pauvres, il y a véritablement de quoi s’interroger.

Il y a une décennie, notre objectif était d’atteindre le point d’achèvement de l’Initiative PPTE (pays pauvre très endetté) pour avoir droit à l’effacement d’une partie de notre dette multilatérale. Nous l’avons atteint et nous avons été « achevés ». Notre dette a été épongée mais nous n’en avons pas été, pour autant, plus riches. Au contraire, nous ne cessons, depuis près de dix ans, de nous enfoncer dans la misère. Pourtant avec la hausse des prix des matières premières, enregistrée il y a quelques années et les financements extérieurs, le pays n’a jamais obtenu autant de ressources. Où est donc le problème ?  Dans la mauvaise gestion, le détournement, la corruption, les mauvais choix, l’absence de vision,  les projets coûteux, l’incompétence, le népotisme, la gabegie. Bref, il est dans cette Mauritanie nouvelle où une infime minorité est choyée et la grande majorité oubliée. Jamais, en effet, depuis l’avènement de l’Azizanie, les inégalités sociales n’ont été aussi fortes, les pauvres aussi nombreux et la mendicité aussi voyante. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, des individus, partis de rien, sont devenus milliardaires, comme par un coup de baguette magique. Bénéficiant de marchés et de passe-droits, ils ont fait main basse sur tout ce qui bouge, ne laissant même pas des miettes aux autres. Avec un acharnement de tous les instants à faire, d’Ould Abdel Aziz, un incontestable président des pauvres… au prix de l’honneur, de la fraternité et de la justice. Une république non-islamique, donc, par soustraction successive…   

Ahmed Ould Cheikh

le calame