Daily Archives: 16/05/2018
Ce que signifie la perquisition par le pouvoir mauritanien du domicile de Mohammed Ould Bouamatou à Nouakchott
La présidence mauritanienne deviendrait-elle nerveuse à moins d’un an de l’élection présidentielle ? C’est ce que semblent penser un certain nombre d’observateurs de la chose mauritanienne, avec la perquisition du domicile du milliardaire Mohammed Ould Bouamatou lundi après-midi, après que ce dernier l’ait abandonné il y a près de 8 années et qu’il se murmure qu’il pourrait briguer la magistrature suprême, à l’image du béninois Patrice Talon. L’ombre tutélaire du milliardaire en exil est désormais devenue un sujet national, divisant les tribus, fracturant les alliances et obligeant chaque camp à fourbir ses armes. Décryptage.
Mais qu’allaient donc-t-ils faire dans cette galère ? Lorsque les policiers se rendent dans l’ex domicile de Mohammed Bouamatou à Nouakchott ce lundi 14 mai 2018 afin de procéder à une perquisition suite à la plainte pour «corruption» déposée par le parquet, il ne leur faudra pas plus de quelques minutes pour réaliser que la villa du milliardaire ressemble beaucoup plus à un chantier abandonné qu’au QG stratégique de celui qui est désormais devenu le meilleur ennemi du Président Aziz. Que viennent-ils chercher dans cette maison abandonnée ? Nul ne sait, mais cela n’empêche pas les forces de l’ordre de faire le tour du propriétaire et de consigner tout ce qu’ils peuvent trouver.
Selon des informations fiables obtenues par La Tribune Afrique, les éléments de la police mauritanienne ont tenté de convoquer le fils et l’officier du protocole du milliardaire afin qu’ils assistent à la perquisition, ce que ces derniers ont refusé formellement, avant d’être embarqués au poste de police pour remplir une déposition. Même scénario à la maison du numéro 2 du groupe Bouamatou, Mohammed Ould Debbagh, sous le coup d’un mandat d’arrêt international qu’aucune justice européenne ne semble prête à honorer pour l’instant.
«Il y pense tout le temps. Pour le Président Aziz, Bouamatou est devenu une obsession de tous les instants. Et plus l’élection approche, plus il y pense, car il sait que son cousin ne lui fera aucun cadeau et rendra coup pour coup» nous confie ce proche des premiers cercles mauritaniens, pour lequel il ne faut voir dans la double perquisition de lundi que la «continuation normale de la stratégie de dé-bouamatisation poursuivie par le général Aziz».
Pourtant, il ya bientôt dix ans, rien ne laissait présupposer qu’une telle guerre fratricide puisse survenir. Alors qu’il vient de s’emparer du pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, et que son pays est mis au ban des nations africaines, le général Ould Abdelaziz tente par tous les moyens de légitimer son coup de force, et il s’appuiera pour cela sur un seul homme : son cousin, Mohammed Ould Bouamtaou, à la tête d’un conglomérat géant incluant la banque, les télécoms, ainsi que la distribution.
Accessoirement, Boumataou est l’homme le plus riche de Mauritanie, et de son propre aveu, il deviendra l’un des financiers les plus zélés de la campagne visant à faire de Mohammed Ould Abdelaziz un Président légitimé par les urnes.
La lune de miel entre les deux hommes sera pourtant de courte durée. Très proche de l’ancien Président Ely Ould Mohamed Vall, Bouamatou ronge son frein et assiste impuissant au «verrouillage» des postes clés dans la haute administration mauritanienne par le Président Ould Abdelaziz.
Coup pour coup
Peu à peu, son influence sur son cousin décline, et leurs rapports se tendent. En 2010, c’est l’exil vers Marrakech, au Maroc, et la découverte d’une nouvelle passion : la bonne gouvernance. De ce fait, le message véhiculé depuis huit ans par Bouamatou à travers ses multiples relais – sans toutefois jamais s’exprimer publiquement lui-même- est clair : la Mauritanie serait aux mains d’un quarteron dont l’objectif unique est la captation des richesses.
Et il semblerait que les faits lui donnent peu à peu raison, du moins sur le plan économique. Si elle arrive à enregistrer quelques succès sécuritaires, la Mauritanie s’est enferrée dans une certaine léthargie économique, aggravée par les contrôles fiscaux «punitifs» adressés à tous les opérateurs économiques qui ne rentreraient pas dans le rang. A l’été 2017, l’affrontement à fleurets mouchetés se fait direct, avec le camouflet essuyé par la tentative de réforme constitutionnelle portée par le Président Ould Abdelaziz.
Ce dernier doit faire face à une fronde des sénateurs, dont il tente de dissoudre la chambre, qui se transforme peu à peu en véritable crise politique.
Pour le Président mauritanien, il ne peut y avoir qu’un seul responsable de cette débâcle : son cousin honni, lequel se retrouvera rapidement sous le coup d’une enquête pour corruption, ainsi que son plus proche collaborateur, dont l’ordinateur portable est confisqué.
Un destin à la Talon ?
Depuis le début de l’année 2018, l’affrontement entre les deux hommes est désormais passé à un autre niveau. L’élection présidentielle de 2019 approchant, tout le monde garde en mémoire la « blitzkrieg » béninoise orchestrée par le Président Patrice Talon. Après avoir été très proche du Président Boni Yayi, l’actuel Président du Bénin avait connu une période de disgrâce où il lui fut reproché d’être l’instigateur de multiples complots. L’homme en gardera une rancune tenace, qui aurait été centrale dans sa décision de succéder à son ancien meilleur ami. Autour de Bouamatou, certains de ses proches n’excluraient pas cette option en dernier recours, l’homme d’affaires jouissant d’une popularité considérable dans son pays, notamment grâce aux bonnes œuvres financées sur sa casette personnelle….
Sénégal: les étudiants dans la rue après la mort d’un des leurs à Saint-Louis
Romandie News – Des manifestations violentes ont éclaté mardi dans plusieurs universités du Sénégal après la mort d’un étudiant au cours de heurts avec les forces de l’ordre à Saint-Louis (nord), où des gendarmes ont été blessés et des édifices publics saccagés.
“Un étudiant est décédé” mardi à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis lors d’“échauffourées” avec les forces de l’ordre qui ont “fait une vingtaine de blessés, dont 18 gendarmes”, a déclaré à la radio le ministre de l’Intérieur, Ali Ngouye Ndiaye. Une autopsie a été ordonnée pour déterminer les cause du décès, selon les autorités.
Etudiant en lettre, Mouhamadou Fallou Sène, 25 ans, “a succombé à ses blessures” à la suite de ces “affrontements entre les forces de l’ordre et les étudiants dans le campus”, a précisé le rectorat de l’UGB dans un communiqué.
“C’est avec une profonde émotion que je présente mes condoléances à la famille du défunt Mohamed Fallou Sène, étudiant de l’UGB. J’ai instruit le gouvernement de faire toute la lumière et de situer les responsabilités. Une information judiciaire a été immédiatement ouverte”, a réagi dans la soirée sur Twitter le président sénégalais Macky Sall.
Les autorités avaient fait appel lundi aux forces de l’ordre “pour sécuriser les restaurants universitaires” après “un mot d’ordre de 48 heures de restauration gratuite (Journées sans tickets)” lancé par l’association des étudiants de l’UGB “pour protester contre le retard du paiement des bourses”, selon le rectorat de la deuxième université du pays.
Après la mort d’un des leurs, des étudiants ont mis à sac le bâtiment abritant la direction des oeuvres universitaires et le siège du rectorat de l’UGB, selon un correspondant de l’AFP.
Dans l’université, divers débris jonchaient le sol au milieu de documents administratifs vandalisés, de portes et vitres brisées, après le passage des étudiants.
– Pierres sur les voitures –
En signe de solidarité, des étudiants ont manifesté dans au moins quatre des cinq universités publiques du Sénégal, à Ziguinchor (sud), Bambey (centre) et Dakar, selon la presse locale.
A Dakar, de petites barricades de blocs de pierre et de branchages étaient tenues par quelques centaines d’étudiants, dont certains étaient armés de bâtons ou de barre de fer, sur les chaussées menant à l’Université Cheikh Anta Diop, où une forte odeur de gaz lacrymogène était perceptible, selon des journalistes de l’AFP.
Des étudiants ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre, mais aussi sur des voitures passant à proximité, brisant plusieurs pare-brise et occasionnant un gigantesque bouchon sur l’un des principaux axes pour quitter le centre-ville.
Selon les médias sénégalais, des véhicules ont également été incendiés et un commandant de police blessé dans la capitale sénégalaise.
-Violences excessives-
L’étudiant de Saint-Louis a été tué “par balle”, ont affirmé à l’AFP des sources estudiantines, selon lesquelles “plus de 20 étudiants” ont été blessés à Saint-Louis dans les violences avec les gendarmes.
“Nous regrettons cet incident survenu à Saint Louis“, a précisé le ministre de l’Intérieur. Il a annoncé l’ouverture d’enquêtes “pour situer les différentes responsabilités” et indiqué que les bourses seraient payées aux étudiants.
Un syndicat de l’enseignement supérieur a appelé mercredi soir à la démission du recteur de l’université de Saint-Louis.
“Les étudiants de ce pays, avant de percevoir leurs bourses, inhalent d’abord du gaz ou perdent la” vie, a dénoncé dans un message sur Whatsapp un étudiant en colère.
La Ligue sénégalaise des droits humains, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme et Amnesty International Sénégal ont, dans un communiqué commun, “condamné l’usage excessif de la force par les forces de sécurité”.
Les trois ONG ont déploré les “retards récurrents dans le paiement des bourses”, “principale cause de la violence dans les universités”.
Les deux derniers cas de décès d’étudiants tués au Sénégal lors de confrontations avec les forces de l’ordre remontaient à 2001 et 2014.
(©AFP / 15 mai 2018 20h26)
Romandie News
L’éditorial du calame : À rebours de l’histoire
Il est vraiment bizarre, ce pays ! Au moment où des centaines de milliers de pauvres citoyens et leur cheptel font face à une famine et une sécheresse implacable, dans une démission totale de l’Etat, d’autres courent dans tous les sens et (se) dépensent sans compter, pour récolter quelques unités de base au profit de l’UPR, le parti/Etat qui n’a jamais autant mérité son nom. Rarement un parti dont l’avenir est plus qu’incertain, avec le départ quasi assuré de son fondateur en 2019, n’aura suscité autant de convoitises, de coups bas et de coups fourrés. Chacun veut, en mobilisant un maximum de « militants », se positionner en vue des prochaines échéances, quitte à utiliser tous les moyens. Jamais, en effet, la guerre des tendances n’a été aussi forte. A tel point que le parti risque d’en sortir avec de sérieux dégâts. Mais, de cela, Ould Abdel Aziz ne semble point se soucier. Pourvu que le petit peuple soit occupé.
C’est dans ce contexte de sécheresse, de famine, de disette et de division que ceux qui sont censés donner le bon exemple, je veux parler de nos oulémas, se fendent d’une déclaration, au sortir d’une audience avec Ould Abdel Aziz, demandant, ouvertement, un troisième mandat pour « parachever l’œuvre de construction nationale ». Œuvre de déconstruction, sans nul doute, devraient-ils dire. Déconstruction de l’école publique que ne fréquentent plus que les pauvres dans l’impossibilité de payer, chaque mois, 5000 anciennes ouguiyas par enfant en établissement privé. De la santé qui agonise et n’arrive même plus à prodiguer les premiers soins. De l’administration publique qui n’est plus que l’ombre d’elle-même et dont les premiers postes sont occupés par des parachutés sans autre référence que d’opportuns liens de parenté. De la justice aux ordres, au comble de l’injustice et soumise, les yeux fermés, à l’exécutif. Des marchés publics attribués dans une opacité totale, banalement aux plus disants, sans aucun recours pour les injustement recalés. De l’agriculture qui continue d’absorber des milliards, sans résultats probants. Déconstruction des sociétés publiques qu’on dissout les unes après les autres, jetant à la rue des milliers de pères de famille auxquels on refuse de payer jusqu’à leurs droits. De la loi et des règlements qu’on viole tous les jours, au vu et au su de tous. Du texte fondamental qu’est la Constitution qu’on foule du pied, continuellement depuis 2008.
De quelle œuvre de construction parlent donc nos vaillants oulémas ? De quelques kilomètres de route tellement mal faits qu’ils se fissurent en un éclair ou se diluent dans l’eau à la moindre averse ? D’un ou deux centres de santé ? D’un canal d’irrigation ou d’un barrage ? Demandons-nous à qui ces « réalisations » ont été attribuées, ce qu’elles ont coûté au Trésor public et vous aurez une idée de cette nouvelle forme de gabegie qui met les finances publiques à rude épreuve et nous endette jusqu’à la moelle. Une lucidité que nos oulémas s’interdisent par crainte de quel pire ? Ou en l’espoir de quels illusoires dividendes, comme au bon vieux temps tayeux ? Une sclérose de l’esprit, dans l’un et l’autre cas. Pas vraiment bizarre, contrairement à ce que je disais en exergue. Du moins pour ceux qui marchent à reculons. C’est-à-dire, à rebours de l’histoire… et des aspirations des gens.
Ahmed Ould Cheikh
Ahmed ould Cheikh
le calame
FNDU: Déclaration
Poursuivant son acharnement dans le cadre des poursuites judiciaires arbitraires concernant le dossier monté de toutes pièces contre les hommes d’affaires opposants, les sénateurs, les syndicalistes et les journalistes, la police politique a opéré hier une descente dans les domiciles de l’homme d’affaire opposant Mr Mohamed Ould Bouamatou et du représentant du FNDU auprès de l’Union Européenne (UE) et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) Mr Mohamed Ould Debagh. A l’issue de ces descentes la police politique a interpelé et séquestré pour plusieurs heures le fils de Mohamed Ould Bouamatou et l’épouse de Mohamed Ould Debagh, et ce en violation de la loi et de toutes les valeurs et traditions de notre peuple.
Ces actes inconsidérés révèlent la panique d’un système au crépuscule de son règne marqué par la corruption, la gabegie, le népotisme, l’appauvrissement des populations, la répression, le mépris le la constitution et des institutions constitutionnelles, l’abandon du monde rural devant la catastrophe qui affame les hommes et décime le bétail, la montée des prix, les impôts exorbitants et le chômage des jeunes ; règne qu’il s’entête à couronner par la confiscation du processus électoral, ouvrant ainsi la voie aux risques d’instabilité et de désordres qui menacent le pays.
Affolé par la montée des forces de l’opposition de l’intérieur, attestée par l’ampleur et l’enthousiasme de la dernière marche du FNDU, et par les succès médiatiques et diplomatiques remportés par l’opposition de l’extérieur, d’une part, et par la fragilité de son système qui se révèle clairement dans les dissensions et les querelles intestines engendrées par le renouvellement des structures de son parti, d’autre part, le pouvoir s’acharne, en vain, à endiguer, par des actions policières, la volonté de changement qui anime l’écrasante majorité du peuple mauritanien décidé à tourner la page de ce régime pour bâtir une Mauritanie démocratique, égalitaire, unie et prospère.
Le FNDU :
- Condamne avec la dernière énergie les descentes de la police politique dans les domiciles de Messieurs Mohamed Ould Bouamatou et Mohamed Ould Debagh et l’interpellation des membres de leurs familles.
- Exige la libération du sénateur Mohamed Ould Ghadda et l’arrêt immédiat des poursuites arbitraires contre les hommes d’affaires opposants, les sénateurs, les journalistes et les syndicalistes.
Nouakchott, le 15 Mai 2018
Le FNDU
le calame