Daily Archives: 11/04/2018
Sénégal-Mauritanie: Ould Abdel Aziz veut la tête d’Ewlad Lblad contre l’accord de pêche
Le360 – Connus pour leur engagement et leurs textes très critiques à l’égard du régime du président mauritanien Mohamad Ould Abdel Aziz, les rappeurs du groupe Awlad Leblad ont été poussés à l’exil au Sénégal depuis 2015.
Malheureusement pour eux, le permis de séjour de leur Dj avait expiré. Ce dernier a été arrêté, le samedi 7 avril dernier, chez lui à la cité Keur Gorgui de Dakar. La police lui reproche de séjourner illégalement au Sénégal.
Afin d’éviter qu’il soit livré à la police mauritanienne, les membres du groupe Ewlad Leblad se sont rendu au siège du Haut-commissariat des Nations Unis à Dakar pour renouveler leurs titres de réfugiés.
Il semblerait toutefois que les autorités sénégalaises essaient de profiter de cette situation pour expulser ces artistes qui peuvent être une pomme de discorde entre les deux gouvernements.
Pour éviter à ses clients de vivre une telle situation, leur avocat a préféré prendre les devants en évoquant le droit. «La loi dit qu’il faut notifier l’expulsion et donner deux mois au concerné avant de le faire expulser, mais les autorités ne respectent rien. Il y a une loi relative à la Cour suprême qui réglemente l’expulsion des étrangers.
Là, ils violent les textes. On attend de voir, de toute façon, je ne vais pas prendre le risque de laisser mes clients se faire arrêter», a-t-il déclaré dans les colonnes du journal L’AS.
L’arrestation du Dj de groupe Ewlad Leblad intervient quelques jours après le report de la signature de l’accord de pêche entre le Sénégal et la Mauritanie, le 30 mars dernier.
Le ministre sénégalais de la Pêche, Oumar Guèye, avait expliqué ce report par un agenda très chargé de son homologue mauritanien. «Mon homologue m’avait proposé de venir à Dakar pour finaliser. Mais pour des problèmes d’agenda, il m’avait demandé qu’on repousse cela jusqu’à la première quinzaine du mois d’avril», avait-il déclaré la semaine dernière.
On ne peut tout de même pas s’empêcher de penser que l’expulsion vers la Mauritanie, de ce groupe très hostile à la politique d’Ould Abdel Aziz pourrait être une des exigences de ce dernier pour la signature de l’accord de pêche entre les deux pays.
Par De notre correspondant à Dakar
Moustapha Cissé
CIRCULAIRE ADRESSEE A Mme CHRISTINE LAGARDE, DIRECTRICE DU FMI, SIGNEE PAR 6 MEMBRES (LES PLUS INFLUENTS) DU CONGRES AMERICAINS POUR DEMANDER L’ANNULATION DE LA DETTE ACCORDEE PAR LE FMI A LA MAURITANIE
Document traduit de l’original par Thomas Mag
LE CONGRES AMERICAIN WASHINGTON, DC 20515
Le 05 Mars 2018
Christine Lagarde Directrice Générale Fonds Monétaire International 700 19th Street, NW Washington, DC 20431
Chère Directrice Générale Lagarde,
Par la présente, nous venons vous exprimer notre préoccupation face à l’approbation récente par le FMI d’un crédit de 163,9 millions de dollars accordé à la République Islamique de Mauritanie. Suite à votre rencontre avec Abdel Aziz Ould Dahi et El Moctar Ould Djay, vous avez tweeté: “le FMI est disposé à continuer son aide quant à l’amélioration des conditions de vie des populations Mauritaniennes”.
Compte tenu de la corruption endémique et du bilan odieux en matière des droits humains en Mauritanie, nous craignons que cet accord ne puisse pas contribuer à améliorer le niveau de vie des Mauritaniens et ne profite qu’aux intérêts du président à vie, Mohamed Ould Abdel Aziz, et de son régime sans scrupule.
Un rapport publié en 2017 par SHERPA, un groupe français de surveillance anti-corruption, a déclaré que «la Mauritanie est actuellement l’un des pays les plus corrompus au monde» et selon Transparency International, elle est classée 142ème sur 176 pays. SHERPA rapporte que «des contrats truqués prolifèrent et avec eux, les pots-de-vin, la corruption et l’évaporation des ressources érodent toute perspective réelle de développement social et d’amélioration du climat des affaires ». A peine un cas de prêt financier massif.
Les conditions des droits de l’homme sous le régime actuel sont également préoccupantes. La Mauritanie a été le dernier pays à bannir l’esclavage et c’est seulement en 2017 que la pratique a été criminalisée. Malheureusement, le fléau de l’esclavage se développe aujourd’hui. La Central Intelligence Agency estime à 20% la population mauritanienne réduite en esclavage, le taux le plus élevé au monde». Dans son rapport de 2017 sur la traite des personnes, le département d’État Américain a constaté «un manque fondamental d’engagement accompagné d’efforts sérieux et soutenus pour combattre l’esclavage héréditaire». Malgré ces rapports et d’innombrables autres, le régime du président Aziz continue d’ignorer son existence même.
En tant que président, Aziz s’est résolu à dissoudre le sénat. Il a ordonné la détention de militants, a refusé l’entrée au territoire à des groupes de défense des droits de l’homme, a employé la torture et a emprisonné des leaders de l’opposition sans motif. À l’approche de l’expiration de son second et dernier mandat, des rapports révèlent que le président Aziz a l’intention de briser les limites du nombre de mandats prescrites par la constitution pour rester au pouvoir.
Lors de la publication du contrat de crédit, le FMI a déclaré: “La Mauritanie continuera d’améliorer le climat des affaires ainsi que la gouvernance d’entreprise, et cherchera à étendre le filet de sécurité sociale”. Il est difficile de comprendre comment un régime, fondé sur la corruption intéressée, le déni des droits humains fondamentaux et le rejet des règles de droit, peut atteindre les objectifs de l’accord. Nous comprenons qu’un montant initial de 23,4 millions de dollars sera immédiatement disponible, le reste devant être réparti sur une période de trois ans. Sachant que le fonds fait l’objet d’examens semestriels de cet accord, nous vous invitons à utiliser le levier financier de ce crédit pour assurer une véritable amélioration des conditions de vie des Mauritaniens. Si le président Aziz continue de favoriser un environnement non propice au respect des normes internationales, nous vous demandons respectueusement de résilier l’accord pour que le FMI ne devienne pas complice du régime d’Aziz.
Cordialement,
Thomas A. Garret, Jr. Mark Meadows Membre du Congrès Membre du Congrès
Gus Bilirakis Scott Perry Membre du Congrès Membre du Congrès
Jeff Duncan Lee Zeldin Membre du Congrès Membre du Congrès
Le calame
L’EDITORIAL DU CALAME: Sur quelle illusion, encore?
Voilà deux semaines que l’UPR, le parti/État (PRDS, nouvelle version) a commencé sa campagne d’implantation sur toute l’étendue du territoire national. Une véritable course-poursuite pour tenir un maximum d’inscrits sous sa « coupe ». La guerre des tendances fait rage à tous les coins de rue. Surtout à l’intérieur où l’on ne se fait aucun cadeau. C’est celui qui obtiendra le plus d’unités de base qui pourra influer, plus tard, sur le choix des structures locales et régionales du parti. Et prétendre ainsi à tenir cour, lorsqu’on viendra aux « choses sérieuses ». Tout le monde est sollicité : famille, parents (proches ou lointains), amis, connaissances… La carte d’identité est devenue, du jour au lendemain, l’objet le plus convoité de la République. Obtenir le maximum d’adhésions, au plus vite, sans aucune explication, même si les adhérents ne connaissent le parti ni d’Adam ni d’Êve. Tout y passe : achats, ventes, promesses. Des cartes ont même été échangées contre des sacs de blé. En cette période de vaches maigres et devant la démission de l’État, un petit plus est toujours le bienvenu dans la gamelle.
Mais à quoi cela rime-t-il ? À quoi sert-il de se targuer de centaines de milliers d’adhérents fictifs qu’on ne peut transformer en électeurs ? Dans les vieilles démocraties, un parti fort de quelques dizaines de milliers de militants convaincus, peut être considéré comme « grand ». Il ne cherche ni à faire remplissage ni à se donner bonne conscience. Même au pouvoir, il reste l’égal des autres, n’embrigadant pas les ministres et les hauts fonctionnaires, n’obtenant aucune faveur de l’administration. Et ceux qui n’y militent pas ont les mêmes droits que les autres. En Mauritanie, c’est tout le contraire. Le président de la République est allé lui-même prendre sa carte d’adhérent, montrant ainsi la voie à suivre, en violation flagrante de la Constitution. Mais qui se soucie encore d’une Constitution si systématiquement piétinée, depuis 2008, par celui-là même censé en être le garant, que l’évoquer devient risible ?
Une fois cette campagne d’implantation achevée et l’UPR « fort » de près d’un million d’adhérents, à quoi s’attendre ? Normalement, à ce qu’il tente de transformer l’essai en victoire, lors des prochaines élections… mais il y a très loin de la coupe aux lèvres. Si l’opposition participe – il y a de fortes chances qu’elle le fasse – et si une commission électorale consensuelle est mise en place, la compétition sera rude. Lourdement handicapé par une gestion catastrophique des affaires du pays, marquée, notamment, par la mainmise d’une ultra-minorité, sur ses ressources ; le surendettement, le zéro pointé pour les secteurs sociaux (éducation, santé) ; le népotisme, le favoritisme et une gabegie sans nom, le parti au pouvoir a toutes les chances de se faire laminer. À moins que, comme en 2007 et 2009, les chefs de l’Armée, le gouvernement, les hauts fonctionnaires, l’administration territoriale ne se mettent au service d’un parti et d’un candidat. Contre la volonté de tout un pays – plus exactement de toute une mosaïque d’ethnies, castes, fractions sociales variablement exaspérées par trop d’injustices cumulées – pays manifestement plus très chaud – c’est plus qu’un euphémisme : un oxymore – à se laisser rouler dans la farine. Les goudrons d’Aziz sont défoncés, ses slogans pulvérisés : sur quelle illusion encore notre actuel Président compte-t-il, pour étayer un pouvoir pourri par ses « propres » faits ?
Ahmed Ould Cheikh
Sort des enfants réfugiés à Nouakchott (Libre Expression)
Tandia Cheikhna Mbouh – Ils font désormais partie du décor de la ville de Nouakchott ; on les trouve aux abords de ses grands axes.
Ces enfants-là nous dit-on ce sont pour la plupart ceux des réfugiés syriens en exil humanitaire chez nous. Ils sont exploités, manipulés, entrainés pour mendier. Et le constat est que cette pratique est devenue banale, acceptée tacitement par tous.
Mais la pauvreté ; les difficultés d’existence et de subsistance ne justifient pas tout. Notre pays a ratifié les différents instruments juridiques internationaux pour la sauvegarde des droits fondamentaux de l’enfant ; le droit à la santé, à la protection ; le droit à l’éducation notamment.
Nous constatons que la solidarité nationale ne s’exprime pas assez à l’égard de ces réfugiés qui sont abandonnés à eux-mêmes dans des pratiques contradictoires avec les bonnes mœurs, la morale islamique saut en principe, de l’Etat mauritanien.
Des enfants en bas âge sous le soleil plombant des carrefours, qui se faufilent entre des voitures et des foules, risquant leurs vies à la recherche de la petite pièce de monnaie. Et le drame c’est que ces enfants sont « téléguidés » au loin par un adulte bien à l’abri qui à travers des instructions gestuelles et auditoires dignes pour les animaux, les pousse à ce qui a tous les caractères du harcèlement de rue, du travail forcé. Et Ce sont là les prémisses de la délinquance juvénile qui a déjà des influences sur la partie vulnérable de la société mauritanienne. La pratique de la mendicité, est en principe prohibée dans l’esprit du code pénal mauritanien. Mais il s’agit ici d’attirer l’attention sur ses nouvelles formes galopantes avec en droite ligne, « l’utilisation » des enfants. Comme des objets, oui !
La ratification de la convention internationale des droits de l’enfant et de ses protocoles facultatifs par notre pays met en avant l’idée d’une garantie des droits fondamentaux de l’enfant dans le fonctionnement quotidien de sa société. Et ces droits sont en fait un ensemble de garanties pour l’enfant quel qu’il soit ; d’où qu’il vienne. La garantie notamment du principe de non-discrimination et celle de la protection de l’intégrité physique et mentale de l’enfant. Or qu’est-ce qu’on a pour le cas de ces enfants réfugiés ?
D’abord leur intégrité physique est risquée au quotidien par des adultes qui les « téléguident » au travers des points de circulation bombés de mondes et de voitures, sous un soleil ardent. Ils courent, ils s’accrochent aux gens et aux portiers de voitures en plein démarrage ; suivent des clients de banque dans des GAB : qu’est-ce qui est susceptible de leur tomber de dessus ? Un adulte énervé ? Une voiture en excès de vitesse ? Des enlèvements ? La liste est longue… Aussi, à travers ces pratiques extrêmes de la mendicité, on forme une certaine psychologie chez ces enfants. La psychologie de l’éternel assisté ; celle du faible pour qui il suffit juste de tendre la main ; de prendre par les émotions pour obtenir ce qu’il veut. Ces pratiques nuisent gravement à leur développement physique et psychologique.
Ces enfants ne méritent pas ce sort ; ils ne méritent pas que les autorités restent sans réaction face à cette situation. Et il est de la responsabilité de ces concernées autorités de prendre la mesure de ce que vivent ces enfants réfugiés chez nous, qui sont en quelque sorte aussi sous une certaine responsabilité collective dès l’instant qu’ils ont franchi nos frontières.
Ces adultes qui les « exploitent » sont pour la plupart des personnes valides qui peuvent travailler dignement pour les nourrir et assurer leur développement physique et psychologique. Il y a lieu alors de poser ici la question de leur régularisation et d’une certaine assistance humanitaire que les services du gouvernement et la société civile spécialiste de la question doivent prendre en charge. On n’a pas le droit de fermer les yeux face à cette situation dramatique que vivent ces enfants réfugiés chez nous. Les risques de traitements inhumains, de « chosification » sont réels et on en déjà des signes visibles.
Nous nous permettons donc d’interpeller directement à ce niveau le gouvernement ; d’attirer l’attention des organisations de la société civile sur le cas de ces enfants réfugiés « mendiants-harceleurs » malgré eux. Ils sont sous influence ; ils n’ont pas le choix.
Par Cheikhna Mbouh Tandia
Juriste d’affaires
cridem