Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: June 2017

FLAM, et le génocide de l’innocence par Hawa Tall

Image may contain: 1 person, smilingNo automatic alt text available.Je me souviens de ce mot, dans mes jeunes années, un mot en 4 lettre mais qui semblait en contenir des milliards, 4 lettre et l’avenir incréé. 4 lettre qui comme une berceuse a calmé l’angoisse qui engloutissait tout autour de nous. À y réfléchir cette angoisse habitait certainement le ventre de ma mère quand j’y séjournais. La peur… la peur, la démence qui s’est lentement, insidieusement insinuer dans le regards de ceux avec qui j’ai souri à la vie la première fois, levé la poussière sur le chemin de l’école… Puis la peur, le piège qui m’enferme, nous enferme, quand la fuite est la seule issu, et qu’il n’y a aucun endroit où aller.

  Les cris, les plaintes, le sang, la colère, les vies qui s’évaporent. La jeunesse brisée. Un millier d’années de frustration, un monstre d’obéissance, la cadence des pas.  Identité. Une identité, Mon identité, les murmures, le silence, la nuit, la nuit… les nuits… les portes closes. Les portes fracassées…Les regards impuissants des parents, rien n’est plus inhumain que de rendre un parent incapable de cacher sa défaite.

Puis le mot est arrivé à mes oreilles, comme un prophète, un frein, un mur, une protection, comme la voix,  la voie des ancêtres, FLAM…. Comme une brise. Malgré le chaos, on soupire, on respire, non, nous ne sommes pas seuls, non, nous n’avons jamais été seuls, maintenant nous le savons… FLAM… FLAM, il ne m’évoque pas le feu, mais l’apaisement, la sécurité, la détermination qui fortifie notre courage, plus jamais ça. FLAM c’est le sentiment de ne pas être seul face à la folie meurtrière, au despotisme, c la protection contre ce que l’humain a de plus vil: coloniser le bien être des autres, coloniser les esprits, les identités.

  Et puis les visages se sont défroissés. Moi j’ai eu peur, depuis toujours, peur d’être dominée, peur de dérivée vers une culture, une langue, un mode de vie qui par essence me méprise et veut me soustraire à moi, à mes racines à ma terre, au Dieu de mes ancêtres. Autant sucer l’encre de ma peau, effacer les mots sur ma langue, détruire l’enclos des vaches, décercler la case, détourner les fleuves, arracher les arbres, autant reverser nos calebasses de lait, manger nos vaches. Oui autant faire tomber le ciel, et détruire la terre. La vie est ce qu’elle est parce que je suis ce que je suis, vous êtes ce que vous êtes parce que je suis ce que je suis. Sans ce que je suis rien ne sera, ni l’arabe, ni l’Arabie ni l’arabité, ni la Mauritanie encore moins Coppolani. Tu es parce que je suis!

Voilà comment sans connaître la portée politique de cet organisation, elle a forgé en moi la conviction et la fierté d’être noire et peulh. Ce pays ne se fera pas sur le cadavre de ce que je suis. Mon militantisme se résumait à refuser de parler, de comprendre d’étudier l’arabe. Je ne voulais même pas avoir une bonne note en Arabe, c la peur qui a planté le rejet. La tentative de viol brutale de ce que je suis. 

FLAM a donné une conscience politique à tout les Mauritaniens, et aux bourreaux, la conscience d’avoir franchi la ligne rouge, d’être aller trop loin.

FLAM n’est pas qu’un parti politique, FLAM c la petite flèche planté dans le flan de la bête immonde, dans la flèche la graine, la graine qui germe, et qui germe, et fleurie sur le cadavre de ce que je ne veux pas être, de ce que nous sommes pas sensés être.

Je ne suis pas flamiste, la Flam à juste calmer mes angoisses, la où mes propres parents étaient impuissants. FLAM c le tapi où repose ma force…. C comme un œuf que je couve, c mon espoir, un talisman.

Puis j’ai rencontré Samba Thiam, celui qui a dit “Si tu parle ta langue, je parle ma langue”. C le continuum, de ce que j’attendais d’un combattant de la liberté. On ne peut être un homme politique dans une situation de domination, on est un combattant. Enfin c mon avis. Un combattant ne négocie pas avec son espace vital. Qd je l’ai vu en chair et en os, il est Si modeste, Si peulh, Si foutanke, Si comme moi, Si comme Mon père, Si comme Mon frère, Si comme tout ceux qui sont comme lui, des opprimés. Ce qu’il a de Si spécial c d’avoir compris le système. Ce qu’il a d’intelligent c de mettre son oppresseur au même pied d’égalité que lui. Tu n’es pas mieux que moi, l’arabe n’est pas au-dessus du Poular ou du Soninke ou de toute autre langue. L’arabe n’est pas sacré, les arabes ne sont pas plus sacrés que les autres. FLAM n’est pas un espoir,  il est ce qui allume l’espoir. Il est ce qui révolutionne les cœurs, il est ce qui porte le changement, il est la FLAM qui éteint la peur… et fait germer la lutte…

Je tiens à préciser que je ne suis sous influence d’aucune drogue, j’ai pas été payer par Israël, ni aucune organisation sioniste, ou homosexuelo-lesbiano-laïque. Aucun membre de ma famille n’est sous une menace directe de cette organisation raciste et séparationniste, sudiste qui veut soustraire une Mauritanie paisible à son milieu naturel arabe que sont les FLAM… je suis juste racistement, exclue et dominée comme eux…

Hawa Tall.

Communiqué de TPMN relatif aux propos attribués au premier ministre à propos de l’unité nationale

altTPMN -Touche pas à ma nationalité a découvert, avec indignation et effarement, en même temps que tous les Mauritaniens, les propos insultants pour la communauté noire de Mauritanie et, au-delà, pour tout le pays, attribués au premier ministre et relayés par la presse ces derniers jours.

Mais si le caractère cru et ignominieux de ces propos peut choquer, surtout s’ils s’avèrent provenir effectivement du premier ministre de la République, en revanche, ils ne sont pas surprenants du point de vue de leur contenu. Mieux, ils ne font que confirmer ce que tout le monde sait déjà : une politique d’apartheid qui ne dit pas son nom.

Comment expliquer en effet que l’électrification de villes appartenant à d’autres régions ou que l’alimentation en eau potable de ces mêmes villes se fassent à partir des barrages de la vallée du fleuve alors que les villes et villages de la vallée qui devaient en être les premiers bénéficiaires ne disposent, pour leur plupart, ni d ‘électricité ni d’eau potable contrairement aux villes riveraines du fleuve du côté sénégalais de la frontière ?

Comment expliquer que l’exploitation du phosphate de Bofal reste encore dans les tiroirs depuis au moins deux décennies ? Comment expliquer que l’immense potentiel agropastoral de la vallée ne soit pas mis en valeur au profit des populations locales et pour une autosuffisance alimentaire de l’ensemble du pays ? Il va de soi que la politique de l’état vis-à-vis de la vallée a toujours été une politique de deux poids deux mesures.

Pire, le passé récent de notre pays et son présent ont fait de la vallée du fleuve une vallée de larmes et de sang avec la tentative de génocide contre la communauté noire et son lot d’exécutions extrajudiciaires, de déportations et d’expropriations dont la dernière en date est la tentative de déposséder les populations de Boghé et de ses environs de leurs terres.

Tragédie entretenue également à travers le génocide biométrique contre ces mêmes ressortissants de la vallée dont beaucoup sont privés d’état-civil et rendues donc apatrides dans leur propre pays.

Touche pas à ma nationalité s’insurge contre ces propos gravissimes attribués au premier ministre mais surtout contre la politique d’exclusion systématique qu’ils sous-tendent.

C’est contre cela que l’Etat se doit de sévir au lieu de voter des lois contre la discrimination qui n’ont d’autre objectif que d’intimider les défenseurs des droits de l’homme en vue de les museler. Ce sont de tels propos et les actes qui les accompagnent qui minent l’unité nationale et mettent en péril l’existence de notre pays.

Pour le Bureau Exécutif,

Le Président,

Alassane DIA

La journée du réfugié sur fond de devoir de mémoire et de justice | Yaya Cherif Kane

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La Mauritanie à l’instar de la communauté internationale célèbre le 20 juin prochain la journée des réfugiés. Ils étaient près de 60000 déportés au Sénégal et au Mali en 89 sous le régime de Ould Taya dont 25000 officiellement sont rentrés depuis 2008 grâce à un accord tripartite entre le Sénégal , la Mauritanie et le Haut Commissariat des Réfugiés (HCR).Parmi les personnalités politiques rentrés volontairement par eux-mêmes en 2014 figurent en bonne place le chef historique des FPC ex -FLAM Samba Thiam et son porte-parole Kaaw Bilbassi Touré, symboles de la résistance des noirs.Cette journée revêt pour eux et pour tous les réfugiés de la diaspora une signification particulière.Une occasion pour interpeller le régime de Ould Aziz à rouvrir le dossier de rapatriement des réfugiés au Sénégal et au Mali pour achever le processus de règlement du passif humanitaire.Après plus deux décennies d’exil bon nombre de réfugiés répartis dans les régions du Sud n’ont toujours pas de papiers d’identité et d’accès à leurs terres anciennes. La journée des réfugiés est célébrée chaque année le 20 juin qui coïncide avec l’adoption de la convention des Nations-Unies relatives au statut des réfugiés.En Mauritanie elle revêt une signification particulière pour les 60000 noirs déportés en 89 au Sénégal et au Mali dépossédés de leurs terres, bétail et biens immobiliers sous le régime de Ould Taya.25000 seulement sont rentrés officiellement en 2008 mais bon nombre d’entre n’ont toujours pas de papiers d’identité et d’accès à leurs anciennes terres que l’état mauritanien avait confisqué et revendu une partie à ceux qui voulaient les mettre en valeur. Ces terres agricoles font l’objet aujourd’hui de transactions particulières avec des populations du Nord dans le cadre de l’extension du casier pilote de Boghé. Cette politique d’accaparement des terres agricoles s’inscrit dans le cadre d’une dénégrification de la Mauritanie et vise à appauvrir ces populations et les maintenir dans la dépendance du pouvoir Beydane. Après 27 années d’exil aux Etats -Unis et en Suède pour le chef historique des FPC ex-FLAM Samba Thiam et son porte-parole Kaaw Touré cette journée signifie devoir de mémoire et de justice pour que ce génocide ne se répète plus.Le pardon mais pas l’oubli.Symboles de la résistance des noirs ces deux dirigeants des FPC ont à cœur de rappeler à Ould Aziz que la réconciliation nationale passe par le règlement du passif humanitaire.Dans cette perspective la réouverture du dossier de rapatriement des réfugiés du Sénégal et du Mali est un impératif.L’impunité des criminels du régime de Ould Taya ne ferait que diviser les mauritaniens.Le 20 juin ce sera surtout une mention spéciale aux enfants. L’occasion d’interpeller le gouvernement à assurer la scolarisation de chaque enfant réfugié rentré mais malheureusement devenu étranger chez lui voire apatride.Ils sont des milliers qui se déplacent difficilement à travers le pays faute d’identité.

Yaya Cherif Kane -Journaliste Rouen – France

Communique de presse des FPC : Une visite du président de TAWASOUL aux FPC

altCe 15 juin 2017 à 12h le Président des Fpc , Mr samba Thiam a reçu, en visite de courtoisie , Mr Jamil ould Mansour Président du parti Tawasoul , Président en exercice du FNDU.
Les deux Présidents ont procédé, dans un climat  franc et de grande cordialité, à un large échange de vue sur les questions d’intérêt national  de  l’heure. L’échange fut  enrichissant pour les deux parties qui conviennent de maintenir le contact et de renforcer la collaboration bilatérale.
Le Président des Fpc remercie le Président  ould Mansour   pour tous les égards  exprimés à l’ endroit du Parti Fpc et de son  Président Mr Samba Thiam.

 

Le Département de la Communication

 Nouakchott, le 15 Juin 2017

 

FLAMNET-RETRO : Mauritanie-Perspective : Problématique de L’unité nationale | Contribution de Samba THIAM- Inspecteur de l´Enseignement et Président des Forces Progressistes du Changement(FPC)

altEn raison du contexte national actuel, flamnet se propose de rediffuser sur sa rubrique ‘’RETROSPECTIVE’’, la contribution à l’unité nationale du président Samba Thiam. C’était dans le cadre d’une invitation à un diner débat organisé par Mauritanie- perspectives  autour du thème « Unité nationale »  Mr  Samba Thiam, Inspecteur d’Enseignement et Président des Forces Progressistes du Changement (FPC),  avait produit cette contribution.

Bonne lecture !

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Je voudrais, avant d’entrer dans le vif du sujet, saluer l’initiative, en même temps, rendre hommage aux initiateurs du projet, de par leur posture d’intellectuel, dont le rôle « n´est pas de plaire ou de séduire mais de porter la plume sur la plaie, de dire  ce qui est ». Un rôle, par-dessus tout, « de vigile, d’alerte au danger, à la manière des Oies du Capitol ». 

Au regard des menaces de péril en la demeure l’initiative est bien venue, opportune plus que jamais, et reflète, par ailleurs, la  sagesse et un patriotisme certain. Je ne puis également ne pas souligner son caractère mémorable et historique. En effet, pour la première fois, dans l’histoire de notre pays,  on choisit  de parler du problème de « l’unité nationale », rien que de l’unité nationale. Directement, frontalement, posée comme  thème  central, sans amalgame…  

La seule petite réserve que je me permets d’émettre ici est relative à la démarche choisie, qui consiste à agencer des thèmes, cloisonnés, que l’on  nous propose de traiter. Or, à mon humble avis, aborder ainsi ces thèmes, de manière isolée, sans qu’ils ne découlent de l’analyse préalable de la problématique générale (l’unité nationale), risquerait de nous mener vers de  fausses pistes, car on les  traiterait à vide, en leur apportant des réponses essentiellement techniques, sans lien  apparent avec la problématique centrale qui, elle, est éminemment politique. Pour me résumer, j’aurais  plutôt suggéré  de définir et cerner  d’abord « la problématique de l’unité nationale », de laquelle découlera  le traitement des thèmes choisis, parce que  les problèmes et disfonctionnements existant, ici et là, dans tel ou tel secteur particulier, résultent, en fait, de cette problématique –cause première –  d’essence politique. Si l’Enseignement est actuellement en dérive et que la justice ne fonctionne pas, ou que la discipline et l’équité  se soient envolées dans l’Armée,  c’est bien à cause des idéologies … 

A  la  réserve plus haut, j’ajouterai une recommandation, nécessaire me semble-t-il, à savoir les dispositions psychologiques à attendre de  chacun des intervenants pour réussir ce débat : esprit d’ouverture et d’écoute, franchise et réelle volonté de chercher et trouver des solutions… 

 Entrons maintenant dans le vif du sujet. 

 Les questions qui surgissent sont du type  quelle  problématique ? Comment se caractérise-t-elle ? Quelles en sont les causes ? Quelle(s) solution(s) s’il en existe ?  

Il  y a un réel «  problème d’unité nationale » ou de cohabitation, incontestablement; L’unité actuelle (bancale, osons le dire) semble menacée de voler en éclats. Pourquoi ? 

L’unité est en danger, en raison principalement, me semble-t-il,  de la rupture du fragile équilibre entre les composantes nationales, au sortir de la colonisation;  Hier nos communautés nationales se partageaient les charges, aujourd’hui une seule composante nationale, un groupe ethnique s’arroge tous les droits, contrôle, voire monopolise, pour l’essentiel, tous les rouages de l’Etat, tous les secteurs de la vie publique, à cause ou  par la complicité de l’Etat. La réalité des pouvoirs  politique, économique, diplomatique, militaire, culturel, social, médiatique, reste aux mains d’une seule composante nationale, excluant quasiment Négro-africains et Haratines ; Cette discrimination -ou racisme d’Etat- ouvertement menée,  suscite, en réaction,  un fort sentiment d’injustice, des frustrations, de l’exaspération , et  par-dessus tout  un sentiment d’inutilité chez les victimes, à leur pays ; or ,  « personne, pas même un saint, ne peut vivre sans le  sentiment de sa valeur individuelle » nous dit  J.H. Griffin . La grande Justice, d’essence politique, que l’Etat est censé garantir et distribuer à tous, a fait place, aux inégalités nombreuses, aux injustices  flagrantes, érigées en Système de gouvernement. 

 Pour illustrer mon propos  Je  citerai  quelques exemples marquants, caractéristiques  de  cette discrimination : 

 Dans  les forces armées et de sécurité le corps de commandement est composé essentiellement d’Arabo-berbères, Négro-africains et Haratines, constituant le gros de la troupe, se retrouvent au bas de la pyramide;  Comme par provocation, la langue arabe vient d’être instituée dernièrement comme langue de cette institution, excluant, de facto, les Négro-africains déjà épurés de la grande muette depuis les évènements de 1986-1990. 

         _ Si nous  considérons le gratin  scolaire, c’est-à-dire nos « grandes Ecoles », comme  l’école des mines, l’école de médecine, l’école polytechnique, l’école de la magistrature et de la haute administration, le Prytanée militaire, l’école des officiers, nous constatons que toutes ces écoles  recrutent à  99 %  dans la composante arabo-berbère. Il faut souligner que la base même de l’exclusion raciale ou du groupe Négro-africain ce sont  les réformes scolaires engagées en séries, qui visent à  imposer et à instrumentaliser la langue arabe, à des fins de discrimination, d’assimilation et de domination. A côté  du  français, langue étrangère face à laquelle  tous les enfants ont des chances égales, on a imposé non seulement la langue arabe, mais on l’a imposé en la fragmentant, en matières éclatées – cinq (5) – affectées  du coefficient deux ou trois (2 ou 3),  pénalisant ainsi exclusivement les élèves négro africains. L’échec massif des élèves et étudiants négro-africains aux examens et concours est imputable, en grande partie,  à  cet état de fait.
 Il est bon de comprendre, comme le rappelait quelqu’un, que l’unité nationale ne se fait pas, forcément autour d’une langue; l’unité se fait lorsqu’on parle le même langage, plutôt que la même langue…
 

                _  Au niveau des médias  il n’y a pas mieux;  pas un seul n’a été cédé à un négro-africain; pis, après  21h-22h  toutes les chaines privées et publiques émettent en langue arabe ou hassanya jusqu’au matin;  une portion congrue est accordée aux langues nationales africaines, et encore  dans des périodes de plus mauvaise écoute ! 

 Pour clore ces illustrations, examinons  la représentativité des communautés nationales au parlement :  

                 _Le parlement mauritanien compte 203 parlementaires (sénateurs et députés confondus); parmi les 203 parlementaires il y’a 150 Arabo-berbères soit  (73 %), contre 20 Haratines et 33 Négro-africains, alors que les deux dernières composantes constituent près de  80 % de la population totale ! Second cas, non moins flagrant de discrimination, entre autres : le Guidimakha – région Sud-compte 20.7000 âmes et la région de l’Adrar  62.000 âmes ; cette dernière est représentée au parlement  par 5  députes et 4 sénateurs alors que le Guidimakha, 3 fois plus peuplé, ne compte que 6 députés et 2 sénateurs.  Où est donc l’équité ?
Je vous fais l’économie des secteurs de la justice, de l’Economie, (banques et entreprises privées et publiques) où certaines composantes sont quasiment absentes; un  enrôlement au dessein obscur, exécuté par des commissions mono-ethniques censées recenser une population pluriethnique; enrôlement qui divise le couple, la mère et l’enfant, octroyant  à l’un le statut de mauritanien, à  l’autre celui d’apatride !
 

Le journaliste Dahane ould Taleb Ethmane, dans une recherche  intitulée « partage régional des hautes fonctions de l’Etat », menée en 1990 (Mauritanie-Nouvelles), affirmait que « l’Etat mauritanien apparait comme un compromis entre les grandes tribus ».  Le chercheur Olivier Leservoisier, dans  « Question foncière en Mauritanie » ressortit des  travaux de Dahane  la part de « pouvoir » attribuée aux Négro-africains dans l’Etat : « pouvoir politique 12%, pouvoir économique 6%, pouvoir administratif 21%, pouvoir diplomatique 12%, pouvoir militaire 15% ». 

Que reste-t-il de ces chiffres  au regard de la réalité  de 2014 ? Rien … 

Au vu de ces  illustrations de discriminations et d’inégalités criantes, nous pouvons affirmer que nos difficultés actuelles de coexistence pacifique  résultent essentiellement de l’absence de justice;  non pas  la justice au sens restreint du terme, mais  la grande justice, d’essence politique comme le dirait Yehdih Bredeleil; celle assurée par l’Etat dans tous ses démembrements. Cette Justice symbolisée par  l’équité, l’égalité des chances, l’égalité des droits effectifs, l’égalité devant la loi  garantie par l’Etat, impartial, sur lequel le faible et la victime peuvent s’appuyer;  l’Etat  – le nôtre – est malheureusement devenu, hélas, l’instrument au service d’un seul groupe ethnique, au service  des  membres puissants de ce groupe ethnique. Le vivre- ensemble doit avoir pour socle et condition le respect de la diversité (culturelle, ethnique, religieuse etc), sinon il ne se justifie pas.  

Souvent, on nous oppose l’argument du nombre (majorité) pour justifier l’ordre inique actuel, comme si la « minorité », pour avoir se droits, devait dépendre de la générosité de la majorité !  

L’une des  sources principales des problèmes d’unité que nous rencontrons  est à chercher dans le  soubassement idéologique de nos dirigeants qui ont  manqué de vision, s’obstinant à  vouloir faire de ce pays un pays arabe, exclusivement, « au mépris de la réalité  factuelle de sa diversité »; s’y ajoute le flou ayant entouré l’usage, sans clairvoyance, des  concepts  d’unité, de nation, d’Etat-nation, à revisiter  … Que voulaient nos pères fondateurs ? Que voulons-nous ? 

Voulons –nous  Unir ou  unifier  nos nations ? Cherchons-nous à construire l’unité ou à faire de l’unitarisme ? 

 En optant pour l’unitarisme  à la place de  l’Unité, l’on  gommait, de facto, toute identité qui n’était pas arabe, afin d’accoucher, au forceps, une « nation » arabe, au mépris de toute identité non arabe. Nos pères fondateurs et leurs successeurs se sont fourvoyés dans l’option du  concept  d’Etat-nation – qui n’existe  toujours pas  – à la place de l’Etat multi-nations, plus adapté à la réalité africaine, fédérateur de la pluralité des  nations, des langues et cultures. Le concept d’Etat-nation est inadapté à la réalité africaine plurinationale, à logique différentielle et segmentaire, selon M  Tshiyembe, l’Etat-nation, rappelle par ailleurs Cheikh  Anta Diop dans « Civilisations ou barbarie »,  suppose au préalable des nations  rendues homogènes par la violence … Ce qui  n’est pas notre cas ! 

En vérité, si notre unité est actuellement mise à mal, c’est parce qu´en réalité, elle a toujours été une unité  de façade, bancale, et qu’elle ressemblait davantage à « l‘unité du cavalier et de sa monture » !  L’explication de notre crise actuelle d’unité  pourrait se résumer  simplement par cette formule triviale : hier  la monture acceptait de subir ce qu’elle refusait, aujourd’hui elle se cabrait  et refusait de se faire monter. C’est aussi simple que ça ! 

 Quelles solutions ? 

 Avant d’exposer mes  propres vues sur les solutions possibles, je voudrais revenir sur  celles évoquées,  ici et là, vis-à-vis desquelles je nourris  des réserves, de fortes réserves… 

 D’abord  « la solution par l’Islam »… 

 Si  l’Islam, comme le prétendent certains, était  un facteur à 100%  unificateur, on n’aurait pas assisté à la naissance de  tous ces schismes  dès sa prime enfance, tout de suite après la disparition du Prophète Mohamed (paix sur lui). 

  J’observe, par ailleurs, que « l’Islam  mauritanien », au regard de ses expressions et  prises de position, de ses silences… est un Islam particulier, à deux vitesses, voire hypocrite … Enfin, à supposer que l’Islam soit  la bonne solution à nos problèmes, où sont les musulmans  pour l’appliquer ? 

Enfin, je récuse cette solution au regard des expériences historiques de l’Inde, du Pakistant, du Bengladesh, de l’Irak et du Soudan qui ont prouvé que le facteur déterminant de la bonne coexistence était, non pas le facteur réligieux, mais le facteur ethnique. 

 Examinons maintenant « la solution par la Démocratie » que soutiennent d’autres courants   

 J’affirme, d’emblée, qu’elle n’emporte pas non plus mon adhésion … 

 En effet, il nous souvient que  la Démocratie de  l’Apartheid n’avait pas éliminé la discrimination raciale et  les bantoustans en Afrique du Sud ;  tout comme la Démocratie made United States –première démocratie du monde – s’était accommodé  de la ségrégation raciale, et  demeure  encore familière du racisme  au quotidien !  Que dire enfin  de notre « démocratie  mauritanienne » qui s’est toujours fort bien accommodé de l’esclavage et du racisme, du déni d’humanité et de citoyenneté ? On voit bien que sous une égalité de principe peuvent se camoufler discrimination ethnique et esclavage ! 

 Ajoutons que la  citoyenneté – socle de la démocratie – contrairement à la vision libérale, ne peut être disjointe de l’ethnicité nous rappelle M Tshiyembe ;  «  La vison  communautariste insiste sur l’impossibilité d’une telle  séparation ». Bref une  citoyenneté, ethno-culturellement neutre, qui impulse et guide, seule, l’individu quand il interagit sur l’espace public, est une citoyenneté   abstraite, une fiction, une utopie  …encore plus  dans le contexte africain. «  La mobilisation citoyenne est bien souvent imparablement culturelle et ethnique »  soutient Souleymane Bechir Diagne. Peut-être, se demandait-il, faut –il penser l’ethnicité comme forme de citoyenneté … 

 Non, la solution par la démocratie ou par l’Islam n’était pas la mienne ; Elle me semblait trompeuse, fallacieuse …Mais si elle devrait malgré tout s’appliquer à défaut de mieux , il faudrait alors qu’elle aie pour  socle des règles pré-établies fondant les modalités de l’unité,  à la manière de la Suisse, de la Belgique, de la Bosnie, du Liban, ou de la Birmanie . 

 Ces réserves étant faites, quelles solutions ?  

* La Solution par les lignes principielles, base essentielle de toute solution juste, viable et durable …  

Si nous devions rebâtir notre unité, construire la bonne unité – la vraie –  celle-ci devra  reposer sur des bases justes, sur les lignes principielles que voici : Egalité, égale dignité, respect mutuel, respect des différences,  partage  équilibré du pouvoir,  justice sociale.  

 Peu importe les solutions spécifiques des uns et des autres, pourvu que ces lignes en constituent le socle.  

 De ces lignes principielles découlera, par voie de conséquence,  une  modification radicale de notre vision de l’unité en cours, une nouvelle redéfinition de l’identité du pays, une  rupture totale d’avec  nos  pratiques actuelles…  

 Voilà pourquoi, pour être en phase avec cette démarche de rupture, nous proposons l’autonomie.  

 Une fois la problématique de l’unité  passée au crible, on s’acheminera  alors vers la  réconciliation nationale  dont le processus se déclinera en trois étapes : 

                                                 – Apaisement du climat social  (par un train de mesures positives d’apaisement, allant dans le sens du règlement global du passif humanitaire et des  effets collatéraux de l’enrôlement, doublé d’un appel fort en direction des organisations anti-esclavagistes à rassurer)  

                                                 – Débat national devant déboucher sur des solutions consensuelles portant sur les grands axes de  réformes  constitutionnelle ( charte de la cohabitation, séparation des pouvoirs,  partage équilibré du pouvoir, droits et devoirs de l’opposition, gouvernement consensuel ou, au contraire , contrôle des actions du gouvernement de la majorité par l’opposition, etc), institutionnelle  (direction collégiale à présidence rotative , observatoire national des libertés et de la cohabitation , etc ) suivront alors, et alors seulement     

         – Les Etats généraux  … (de l’Armée, de l’Education, de la Justice, de l’Administration) 

 Les problèmes sont inhérents aux sociétés et aux  groupes humains. Nous avons les nôtres …  

Nous devons donc replacer notre problématique de coexistence, en dépit de son intensité et de son acuité , dans le cadre de la lutte naturelle entre groupes humains, inscrite  dans l’ordre naturel  et normal des choses, régie par des lois naturelles ( lois de sociologie)… 

 Bien que nos gouvernants aient, par leurs politiques nocives, une large part de responsabilité dans ce qui nous arrive, il n’empêche que des lois  naturelles nous gouvernent, à l’emprise desquelles on n’échappe pas … ; il en est ainsi, selon Ceikh Anta Diop, de la loi–disons  de proximité – qui pose que « lorsque des groupes ethniques partagent le même espace, ils ont tendance, chacun, non pas à assujettir mais à assimiler l’autre » ; une autre  loi stipule que « Lorsque le pourcentage de la minorité augmente la lutte des classes a tendance à se transformer en lutte des races » . Comprendre ces phénomènes  aide à replacer notre problématique dans la  juste mesure des choses. Il existe d’autres lois, telle la loi  de la distance, la loi du phénotype etc,  qui expliquent, à leur tour, la nature des rapports entre groupes humains … 

 Mais il y’a les lois de la nature, et il  y’a la volonté des hommes …  

 Avec une volonté forte, clairement affirmée,  de la  vision, l’on vient à bout de l’emprise des lois, l’on réussit à déplacer des montagnes, à résoudre, en un mot, toute problématique, fut-elle complexe et délicate. Il suffit de  vouloir, car nous dit l’adage, rien, absolument rien ne peut arrêter une volonté sans réserve.  

 Le bon sens nous souffle à l’oreille que l’exclusion est socialement explosive, politiquement corrosive, économiquement mauvaise, alors ressaisissons-nous; faisons comme les Birmans, en nous demandant comment, chacun pour sa part, pourrait contribuer à la grandeur de la Mauritanie.  

 Il nous faut nous ressaisir  …   

La lutte continue !  

 Samba Thiam  

 Inspecteur de l’Enseignement Fondamental   

 Président des Forces Progressistes du Changement (FPC)   

Décembre 2014.