Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 19/02/2015

2015, année de l’Education : Le paradoxe de l’école mauritanienne

Certains ne se sont pas retenus de rire, quand ils ont appris la décision du gouvernement  mauritanien de faire, de l’année 2015, une Année de l’Education. Quelque part, ils n’ont pas tort de s’interroger sur cette belle trouvaille, pour sortir des ténèbres l’école mauritanienne… ou ce qui l’en reste. Le gouvernement aurait-il, enfin, décidé de réfléchir sur l’école d’aujourd’hui, afin d’envisager la société de demain ? Question légitime, dans la mesure même où tout le monde constate et déplore l’état actuel de notre école où l’on apprend presque rien et ce, pour plusieurs raisons : manque de motivation et, souvent, hélas, de niveau des enseignants, perdus dans des réformes en cascade, mal pensées, mal copiées-collées, salaires peu incitatifs, pesanteurs administratives, déficience des équipements… Les défis sont énormes.

Du privé pour dynamiser ou… tuer le public ?

C’est au moment où l’école publique abordait sa descente aux enfers que les pouvoirs publics décidèrent d’autoriser l’ouverture d’écoles privées. De programme français, comme Le petit Centre ou Sahel, comme de programme mauritanien ; du moins, ce qui en tient lieu. Deux écoles en parallèle, comme naguère : l’une dite « française », exclusivité, disait-on, des enfants négro-mauritaniens, l’autre « arabe », destinée aux enfants hassanophones. Un état de fait qui a consacré la séparation de nombreuses jeunes générations mauritaniennes et affecté, négativement, le fondement de l’unité nationale du pays.

L’école publique a souffert de l’arabisation érigée, selon certains mouvements nationalistes négro-mauritaniens, en un instrument politique sous-tendu par une idéologie d’« oppression et d’exclusion ». Sur le terrain, l’arabisation à outrance s’est vite essoufflée et la « bourgeoisie arabe » s’est tournée vers les écoles françaises implantées en Mauritanie, laissant, au bas peuple, une école publique en retard sur le temps. Outre le manque de conception d’ensemble, gérant rationnellement les réformes, l’école publique est également victime de ses « méthodes » souvent importées et mal digérées. La dernière en date – l’Approche Par les Compétences (APC) – a fait couler beaucoup d’encre et son greffage, sur le système éducatif mauritanien, tarde à prendre. Quasiment tous ces problèmes ont fait l’objet des fameux Etats généraux de 2014. Même si l’on regretta l’absence de certains partenaires de l’école, comme les mairies, les participants y ont élaboré des recommandations appréciables. On attendait leur concrétisation. Est-ce à cela que sera consacrée l’année 2015 ? Gros challenge en perspective.

Si les écoles privées à programme français ont l’avantage de disposer de programmes bien ficelés et d’enseignants bien formés, outillés et motivés, avec des perspectives d’avenir prometteuses, en ce qui concernent les études supérieures, les écoles privées sont devenues, dans la majorité des cas, de véritables « boutiques ». Un moyen comme un autre de se faire de l’argent, sans se soucier de l’avenir des enfants. Elles ont poussé partout et font notamment le massacre en banlieue où les parents se saignent aux quatre veines pour y envoyer leur progéniture, désemparés et dégoûtés qu’ils sont par l’école publique. Nombre de directeurs de ces écoles ne se soucient que de la paie ; les enfants et parents, par le passage en classe supérieure. L’équation est vite résolue par un véritable système « pousse-pousse jusqu’au bac », une frontière difficile à franchir. Dans ces écoles, on recrute n’importe qui pour enseigner, faisant ainsi fi des textes qui régissent le recrutement des  enseignants mauritaniens et étrangers. Un laxisme à l’image de la Direction de l’enseignement privé, au ministère de l’Education nationale. Il y a bientôt une année, un reporter du Calame s’y était rendu. Il n’y avait trouvé aucune banque de données, le directeur passait le plus clair de son temps dans les autres directions du département, à se demander quel diable l’avait conduit là, si loin de l’école républicaine et démocratique.

Paradoxe : les écoles françaises, écoles de fils-à-papa.

Les écoles privées « programme français » sont des écoles réputées « haut-de-gamme », réservées aux fils-à-papa ; entendez, bourgeois aux bourses bien garnies. Elles coûtent donc très cher et fonctionnent en cercles très fermés. Les enfants du président de la République, de ses ministres, secrétaires généraux, hauts cadres de l’administration, des corps de défense et de sécurité les fréquentent, avant de s’ouvrir les portes des grandes écoles spécialisées : Faculté de médecine, Ecole polytechnique, Ecole des mines, Prytanée militaire et, dans une certaine mesure, Ecole nationale d’administration, de la magistrature et du journalisme, voire les universités privées. Des écoles qui coûtent, non seulement, cher mais dont l’accès s’obtient souvent, aussi, de façon « clandestine » : leurs concours d’entrée sont ouverts et fermés sans information du public ; les interventions font le reste, ce qui pousse certains à dire que les corps de défense et de sécurité sont devenus des espèces de castes, pour ne pas dire aristocratie.

Dans ces conditions, comment de tels gens, fussent-ils les premiers responsables du pays, qui, notons-le au passage, ne se soignent pas dans nos centres de santé, n’empruntent pas nos moyens de transport, ne s’alimentent même plus comme nous, sans parler de leur air, climatisé, à mille milles du nôtre, peuvent-elles se soucier de l’avenir de notre école publique ? Soyons sérieux. Nombre de Mauritaniens, particulièrement ceux du secteur, considèrent que décréter une année pour l’éducation est, certes, louable, mais demeure un énième leurre, pour le bas-peuple, une basse politique de fuite en avant. On voudrait se donner du temps, pour achever ce qu’il reste d’école publique, qu’on ne s’y prendrait pas autrement. « Il y a longtemps qu’il fallait effacer le tableau, bien trop surchargé » : jamais la saillie de feu Habib ould Mahfoudh n’aura été aussi vraie.

Ben Abdalla

 

le calame

La Cour des comptes adresse une mise en garde à la CENI et exige le remboursement de 30 millions ouguiyas

La Cour des comptes adresse une mise en garde à la CENI et exige le remboursement de 30 millions ouguiyas Sahara Médias – La Cour des comptes a adressé une note d’avertissement au président de la CENI Abdallahi Ould Soud’Ahmed, exigeant le remboursement de 30 millions ouguiyas, sur la base des résultats de la récente descente de ses limiers d’inspection dans cette structure électorale.

Des sources indiquent que les contrôleurs de la Cour des Comptes ont décelé des irrégularités dans la gestion de la CENI, avec des dépenses énormes non justifiées engagées aux chapitres des voyages et des salaires, qualifiées par la Cour comme un cas de mauvaise gestion et de corruption.

Le rapport émis par la mission de contrôle de la Cour des Comptes, indique que le Président de la CENI doit, en personne, rembourser 30 millions ouguiyas. La CENI a limogé à la fin de 2014 tous les employés, à part le conseil des sages composé de 7 membres dont son Président Ould Soueid’Ahmed.

La décision de remerciements faite à la mi-octobre et relative à tous les employés de la CENI, prise à l’époque pour « des raisons exceptionnelles », concernait également le directeur des opérations électorales, Mohameden Ould Sidi dit Beden et tous les démembrements régionaux de la CENI.

La CENI a été formée après le dialogue de 2011 et a supervisé les élections municipales et législatives de 2013 ainsi que la présidentielle de juillet 2014.

Traduit de l’Arabe par Cridem

Dialogue : Le FNDU prolonge l’attente

altLe Forum National pour l’Unité et la Démocratie  (FNDU), principal pôle politique que le pouvoir voudrait embarquer dans un dialogue newlook, fait prolonger l’attente de la majorité présidentielle. On avait lié le retard de sa réaction à l’absence de son président Ahmed ould Daddah, en voyage en Côte d’Ivoire. Celui-ci revenu le 5 Février, les yeux sont aujourd’hui braqués sur une commission, mise en place par le forum, pour actualiser sa plateforme mais, aussi et surtout, étudier et faire des propositions sur les nouveaux points contenus dans l’offre gouvernementale. Dans son ancienne version, la position du FNDU exigeait la formation d‘un gouvernement d’union, pour gérer les élections municipales, législatives et présidentielle de 2014. Elle semble avoir évolué, il n’est plus question que d’un « gouvernement de large consensus ». Le pouvoir estimait, jusque-là, le pays loin d’une crise du type de celle de 2008 2009, qui avait justifié une telle mesure. Le gouvernement en place dispose, arguait-il, d’une majorité suffisamment confortable, au Parlement, pour gouverner le pays, Mais il n’écarterait pas, pour autant, l’hypothèse d’un gouvernement de large consensus. C’est là aussi une évolution.

La pomme de discorde reste les élections anticipées. Si l’opposition est, en principe, d’accord, elle n’accepterait pas une présidentielle à laquelle l’actuel président participerait, frappé qu’il est par la clause de l’article 28 de la Constitution. Ould Abdel Aziz peut, conformément à ses prérogatives présidentielles, dissoudre le Parlement mais pas « déverrouiller la Constitution » sans référendum ou accord consensuel. Une  boîte de Pandore que l’opposition ne voudrait point voir ouverte. « Le FNDU doit batailler ferme, pour éviter de se faire rouler, une fois de plus », affirme Samory ould Bèye. Or, l’offre présidentielle n’a de sens que si le Président actuel réussit soit à participer à une présidentielle anticipée, soit à « s’aménager », comme le disent certains observateurs, « une sortie honorable ». Concrètement, il s’agirait de lui « garantir» une espèce d’« amnistie », pour les présumées fautes commises dans l’exercice de ses fonctions, selon l’opposition. On a criminalisé les coups d’Etat, non ? L’opposition ne voudrait certainement pas voir un des  proches de l’actuel président hériter de sa charge, pour lui garantir cette « amnistie ». Et, comme tout le monde le sait, la majorité rejette, en bloc, ces options.

Le FNDU doit mettre tout cela sur la table et y ajouter de nouvelles conditions. C’est en ce sens que le RFD a fait connaître ses nouvelles propositions : dissolution du fameux BASEP – la garde prétorienne du Président – déclarations du patrimoine de celui-ci et de certains de ses proches, notamment. Si la Constitution exige déjà ce second point, en grande partie, la dissolution du corps d’élite du Président devrait être, comme on l’imagine bien, rejetée par le Palais. De fait, la question sous-jacente ne semble pas relever de l’existence de ce corps de garde – tous les présidents de démocratie en disposent d’un dévoué à leur protection – mais bien plutôt de ses rapports avec le Président, quel qu’il soit. La commission du FNDU a donc encore du pain sur la planche. D’abord, pour éviter un clash, au sein même du forum ; ensuite, pour ne pas se mettre à dos une opinion publique nationale et, peut-être, internationale qui lui reprocherait d’avoir refusé le dialogue avec le pouvoir, en posant des conditions manifestement outrancières…

Dalay Lam

 

le calame