Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: December 2014

Forum National pour la Démocratie et l’Unité : Déclaration

Forum National pour la Démocratie et l’Unité : DéclarationFNDU – Notre pays a bénéficié, au cours de ces dernières années, de ressources considérables. Naturellement, ce n’est pas du fait du régime en place, ni grâce à sa bonne gestion ou à son efficacité.

Cette abondance est plutôt due à une conjoncture internationale où les prix du fer ont été multipliés par plus de dix, les cours de l’or ont atteint des niveaux inégalés et les prix du poisson sont montés à des niveaux record.

C’est ainsi que la valeur des exportations du pays est passée, ces dernières années, de 500 millions de dollars à 3 milliard de dollars. Et, comme si cette manne ne suffisait pas aux yeux de nos gouvernants actuels, ils se sont mis à contracter des prêts à tour de bras, faisant passer la dette extérieure de pays de 60% du PIB en 2008 à 80% du PIB en 2014.

Mais, comme notre pouvoir est insatiable, le voilà qui augmente de 14% à 16% la TVA, que tous les citoyens, déjà écrasés par la montée insoutenable des prix, payent sur tout ce qu’ils consomment, et ce afin de récupérer bien plus que ce qu’il va dépenser dans l’augmentation qu’il vient d’accorder aux fonctionnaires et agents de l’Etat.

Aussi, devons-nous, en cette journée consacrée à la lutte contre la corruption et la gabegie, nous poser la question de savoir où sont parties ces ressources et jusqu’à quand resterons-nous les bouches cousues et les bras croisés devant le pillage systématique de nos richesses ?

En effet, s’il y a un phénomène qui fait aujourd’hui l’unanimité de l’opinion publique nationale, c’est bien la généralisation de la gabegie et du pillage à tous les services publics et à toutes les institutions de l’Etat. C’est ainsi que le pays s’est transformé en une propriété privée réservée à un cercle restreint de copains et de coquins dont le centre de gravité n’est autre que le chef du pouvoir actuel.

Un bref rappel des quelques cas révélés par la presse et les forces politiques et sociales (et qui ne constituent que la partie visible de l’iceberg) donne la mesure de la déchéance et de la gravité de la situation que vit le pays :

• Les membres de la bande qui prend le pays en otage ont perdu toute notion de la pudeur et n’ont plus de scrupules pour exposer leurs forfaits au vu et su d’un peuple qui croupit dans les problèmes et la misère et d’une jeunesse en proie au désœuvrement, au chômage et au désespoir. En voilà un qui se vante, au cours d’un meeting populaire enregistré sur une bande diffusée en boucle sur tous les sites, de gagner des milliards sur le dos de ce peuple. Au lieu d’être inquiété, voilà qu’il reçoit, chez lui, la bénédiction du Chef de l’Etat et les louanges, devant le Parlement, du ministre chargé de la Justice. Cela au moment où des centaines de chefs de familles, qu’il a spolié de leurs droits, sont laissés, sans ressources, exposés à la faim, au froid et aux serpents à l’entrée de Nouakchott.

• Il ne se passe pas un jour sans que les moyens d’information nous rapportent de nouveaux détournements par milliards opérés par les membres des réseaux de malfaiteurs qui minent ce qui reste de l’administration de ce pays et dont certains se volatilisent, comme par enchantement, afin que le semblant d’enquête ne remonte jusqu’aux parrains de cette mafia qui nous gouverne.

• La passation de marchés de gré à gré par dizaines, portant sur des centaines de milliards d’ouguiyas, au profit des proches et de la parentèle, en dehors de toute procédure légale et de tous les critères de transparence est devenue une pratique courante dans le pays ; le marché de l’aéroport de Nouakchott en est l’exemple le plus éloquent.

• La création, à coup de dizaines de milliards, d’une multitude de sociétés dont le seul objectif est de justifier les détournements et les commissions faramineux, et qui sont toutes tombées en faillite (la Société d’approvisionnement des bateaux en haute mer, la Société du sucre, la Société pour les aménagements agricoles, la Société des poteaux électriques, la Société de transport public de Nouakchott, etc. etc.).

• La création de dizaines d’établissements publics sans autres objectifs que celui d’offrir des postes et des avantages aux proches et aux laudateurs du régime.

• La création de villes fantômes au moment où nos grandes agglomérations, notamment la Capitale, sont dépourvues des infrastructures élémentaires qui garantissent leur viabilité et leur sécurité.

• Le retard de tous les projets en cours par rapport aux délais contractuels de leur réalisation, du fait que leur exécution a été confiée, par népotisme, à des opérateurs qui n’ont ni les qualifications ni les capacités requises pour leur réalisation.

• Les institutions de contrôle ont été détournées de leur mission et transformées en instruments pour les règlements des comptes et la couverture des proches du pouvoir. La justice a été assujettie pour maitriser tout le processus judiciaire, depuis l’inculpation jusqu’au verdict, en passant par l’instruction.

• Le plus grand paradoxe que nous vivons aujourd’hui réside dans le fait que ce régime, qui prétend faire de la lutte contre la gabegie sa priorité, n’a aucun condamné pour détournement dans ses prisons et n’a aucun dossier en cours devant les tribunaux pour cause de gabegie.

Devant cette situation, et en cette journée consacrée à la lutte contre la corruption et le pillage des biens publics, le Forum national pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) :

– Lance un appel pressant à l’ensemble du peuple mauritanien, à ses forces vives, à sa jeunesse, à ses femmes, à ses partis politiques, à sa société civile, à sa presse indépendante et à ses activistes sur les réseaux sociaux, pour se dresser, ensemble, contre le pillage, la corruption et le gaspillage qui engloutissent nos ressources, minent notre économie, appauvrissent notre peuple et mènent notre pays vers la catastrophe.

– Appelle à une enquête approfondie et exhaustive sur toutes les infractions et les crimes économiques commis par le régime en place.

– Félicite la presse nationale et les activistes des réseaux sociaux pour leur le rôle qu’ils jouent afin de mettre à nu les scandales liés à ce régime et dénoncer leurs auteurs.

– S’étonne de la déclaration faite par le représentant de Transparency International lors de sa récente visite dans notre pays, déclaration dans laquelle il loue les efforts menés par le pouvoir dans le domaine de la transparence, au moment où le rapport publié, cette année, par son organisation place la Mauritanie en queue dans le domaine de la transparence (124ème sur 177).

Nouakchott, le 9 Décembre 2014
Le FNDU

 

CRIDEM

«Timbuktu», un film devenu symbole

mediaAvec Timbuktu qui sort ce mercredi 10 décembre sur les écrans, Abderrahmane Sissako nous replonge dans la terreur de l’occupation jihadiste de Tombouctou. Mais ce qu’il raconte va bien au-delà. Le réalisateur mauritanien, consacré par une journée spéciale sur RFI, pose dans son œuvre l’universelle question des valeurs dans le monde d’aujourd’hui.

« Timbuktu est devenu un film emblématique, remarque Dora Bouchoucha, directrice des Journées cinématographiques de Carthage. Vu la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui, le monde arabe et toute la région, ce film prend un autre sens. » Depuis le Festival de Cannes en mai, on s’arrache Timbuktu pour les avant-premières, des JCC en Tunisie en passant par le Festival Afrikamera à Berlin jusqu’au Festival Nouakshort Film dans la capitale mauritanienne. Gérard Vaugeois, programmateur du Maghreb des films à Paris n’hésite pas à parler d’ « un chef d’œuvre d’une beauté plastique absolue qui crée un choc, un contrepoint avec la violence qui, d’un seul coup, surgit dans le récit. C’est un film droit, direct, qui touche là où il faut toucher ».

Une gazelle au galop

Timbuktu, ça commence avec une gazelle au galop, prise en chasse par des jihadistes avec un pick-up. Et cela finit mal à cause d’une vache qui s’est pris les pieds dans un filet de pêche. Chez Abderrahmane Sissako tout part d’un rythme naturel : les pas d’un homme dans le sable, la vie d’une famille dans les dunes, le jeune garçon courant après un troupeau de bétail, la jeune fille qui trait les chèvres, la pirogue qui traverse la rivière…

Avec sa caméra, Sissako ouvre l’espace. Il scrute les formes et les couleurs éternelles de ce pays, les maisons ocre, les visages balayés depuis toujours par le sable et le vent. Son cadre est comme une fenêtre basse près du sol à travers laquelle on regarde son histoire. Il montre le fleuve, le désert, les rues de Tombouctou comme des univers reliés à notre monde par des voies mystérieuses. Il nous impose des images qui entrainent la lenteur, la profondeur… et la réflexion.

Timbuktu pose la question de l’islam

Tourné dans le plus grand secret près de la frontière malienne, dans une zone rouge dans l’extrême est de la Mauritanie, Timbuktu nous raconte deux histoires entrecroisées : celle bien connue et redoutée des jihadistes venus d’ailleurs qui occupent la ville de Tombouctou en 2012. Des extrémistes religieux qui tirent sur des sculptures et assassinent une culture millénaire. Ils ne parlent pas la langue des habitants, mais infligent avec leurs kalachnikovs à la population leur cruelle interprétation de la charia : obligation pour les femmes de se voiler, 40 coups de fouet pour avoir chanté ou joué au foot, des mariages forcés et la lapidation des amoureux non mariés…

L’autre histoire nous fait vivre la vie de Kidane, un éleveur qui mène avec sa femme et sa fille une vie simple et heureuse au milieu des dunes. Cette existence paisible s’arrête brusquement quand celui-ci décide que l’humiliation ne peut plus durer. Il tue accidentellement Amadou le pêcheur pour venger la mort de sa vache préférée. Quelle justice possible après la mort d’un homme ?

Des images d’un calme absolu

Pour contrer l’obscurantisme, Abderrahmane Sissako ne met pas les gyrophares, mais allume les phares. En filigrane, il pose la question de la vache sacrée et des limites qu’on se pose et tolère comme individu et en tant que société. Il y a la vendeuse de poissons qui refuse de porter des gants, la comédie des jeunes qui vivent leur passion pour le foot sans le ballon, la chanteuse qui continue à chanter sous les coups de fouet, mais aussi le jihadiste qui se cache pour fumer ou danser. Timbuktu navigue entre le Bien et le Mal, entre les langues et les cultures, entre la ville et le désert, entre les hommes et les femmes, entre la justice et la charia, entre l’islam et le jihad, entre l’éternel et l’éphémère… Un récit tragique et complexe, rythmé par des images d’un calme absolu. A la fin, la société a bien volé en éclats.

 

RFI

Fierté et réalité du cinéma mauritanien

altQuelques mois après le Festival de Cannes, le croissant de lune doré sur fond vert du drapeau mauritanien flottera bientôt aux Oscars à Los Angeles. « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako se retrouve parmi les 83 nominés dans la catégorie du meilleur film étranger aux 87e Academy Awards qui auront lieu en février 2015. Une fierté. Et le réalisateur mauritanien représentera au-delà de son pays l’espoir du cinéma de tout un continent. A l’occasion de la Journée spéciale Abderrahmane Sissako sur RFI, petit retour sur le cinéma en Mauritanie.   « Les gens en sont très fiers ! » L’avant-première de Timbuktu avait lieu à Nouakchott, dans la capitale de la Mauritanie. Faute de véritable salle de cinéma, le film d’Abderrahmane Sissako avait été projeté en octobre au centre des conférences internationales, au village de la biodiversité et à l’Institut français de Mauritanie.   Cela fait un certain temps qu’il n’existe plus de véritable salle de cinéma dans ce pays de 3,4 millions d’habitants où le septième art a vécu son moment de gloire dans les années 1970, après la fin de la colonisation française en 1960. Dans la jeune République islamique de Mauritanie, il y avait onze salles de cinéma et un Office national de cinéma pour le soutenir. Mais, manque de moyens et politique autoritaire obligent, les précurseurs du cinéma mauritanien travaillaient déjà en exil, comme Med Hondo, sélectionné en 1967 à Cannes pour Soleil Ô et Grand prix au Fespaco en 1986 pour Sarraouinia ou Sidney Sokhona, connu pour Nationalité : immigré (1975).   « Même s’il est toujours entre deux avions et qu’il est plus à l’étranger qu’ici, Abderrahmane Sissako est quand même considéré ici comme un Mauritanien », plaisante Jany Bourdais, le directeur délégué de l’Institut français à Nouakchott. Né en 1961 à Kiffa en Mauritanie, Abderrahmane Sissako a passé la plus grande partie de sa carrière en dehors de son pays natal avant de s’y installer récemment. Ses films ont surtout été financés par des partenaires occidentaux. Même pour Timbuktu, fièrement affiché comme un film mauritanien, la contribution de la Mauritanie réside surtout dans le fait que le gouvernement avait mis à disposition 200 soldats pour sécuriser les tournages à Oualata, près de la frontière malienne, contre d’éventuelles attaques de jihadistes.   « Il n’y a pas, à proprement parler, de “cinéma mauritanien” »   Gérard Vaugeois, critique, producteur et spécialiste du cinéma maghrébin, remarque qu’aujourd’hui, « il n’y a pas, à proprement parler, de “cinéma mauritanien”. Il y a des films qui existent. Et le film d’Abderrahmane Sissako n’est pas tant un film mauritanien qu’un film de Sissako lui-même. »   En tant que secrétaire général de l’association qui organise jusqu’au 18 décembre le Festival du Maghreb des films à Paris, Gérard Vaugeois a programmé, au-delà de l’avant-première de Timbuktu, deux courts métrages mauritaniens : « Ce qui est intéressant dans ces deux films, c’est d’abord qu’ils existent, qu’ils soient faits par des jeunes réalisateurs. Ils témoignent de quelque chose un peu inattendu dans une cinématographie peu existante. Il y a une volonté réellement artistique et expérimentale. On s’attend plutôt à voir des films qui tiennent des discours. Et là, d’un seul coup, on se retrouve devant des films qui sont des films de plasticiens, d’intellectuels, d’artistes au sens le plus plein du terme. »   En effet, The End, une expérience cinématographique avec la silhouette d’un homme en noir et blanc, réalisée par Mai Mostafa, s’apparente à une création oscillant entre un dessin en mouvement et un dessin animé. « Le film parle du fait que les gens sont de plus en plus coupés de la réalité à cause de leur addiction à internet », explique la jeune cinéaste. Tourné sans moyen, ce court métrage renvoie à l’état actuel du cinéma en Mauritanie : « le plus grand problème pour les cinéastes indépendants en Mauritanie est le manque de soutien, l’absence d’aides de l’Etat et le fait qu’il n’y ait pas de producteurs ou d’école de cinéma. La société n’encourage pas les cinéastes et pour une femme, c’est souvent particulièrement difficile quand la famille ne souhaite pas qu’elle devienne cinéaste. »   L’absence de la culture de la salle de cinéma   « Il n’y a pas de renouveau du cinéma mauritanien, affirme Jany Bourdais, le directeur délégué de l’Institut français à Nouakchott qui dispose de la seule salle de cinéma du pays. Il y a des jeunes, mais ils n’ont pas les outils professionnels pour le faire. Comme il n’y a pas de production de longs métrages mauritaniens, on ne peut pas en programmer à l’Institut français. C’est ça le problème. » Et puis, il y a le manque d’un public cinéphile : « Oui, il y a un public, mais qui, malheureusement, n’est pas très nombreux, parce qu’il n’y a pas la culture de la salle du cinéma. Donc on regarde les films plutôt à la télévision par satellite, DVD ou téléchargement. »   Et pourtant, il y a bien des choses qui ont changé, aussi grâce à Abderrahmane Sissako. Il avait trouvé une bourse pour étudier le cinéma en France à un jeune cinéaste qui était son collaborateur pour En attendant le bonheur. Revenu en 2002, Abderrahmane Ould Ahmed Salem fonda à Nouakchott la Maison des cinéastes pour créer un espace d’échange. Une décennie plus tard, et avec l’espoir de faire renaître le cinéma mauritanien avec le festival de la Semaine nationale du film devenu le Festival Nouakshort Films, Salem se réjouit de l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes cinéastes mauritaniens comme Ousmane Diagana qui avec La blessure d’esclavage (2011) a braqué sa caméra sur le sujet tabou de l’esclavage en Mauritanie. Ou encore Djibril Diaw, le réalisateur de 1989 qui parle dans son prochain film Retour sans cimetière du retour des Mauritaniens déportés par le pouvoir du colonel et futur président Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya pendant les exactions et massacres de 1989.   Même si le cinéma reste le parent pauvre de la politique culturelle nationale et qu’on est encore très loin d’une industrie cinématographique, le fondateur de la Maison des cinéastes répète dans ses interviews qu’il croit très fort à l’avenir du cinéma. Pour lui, la Mauritanie a besoin de ses cinéastes pour faire avancer la société et raconter l’histoire du pays. Et le septième art attend une vraie décision politique en sa faveur.

  Rfi

Mauriweb

Gardé à vue à Kaédi, Diallo de TPMN libéré

altOuguiya Diallo, délégué et membre du Bureau Exécutif de Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN),tendance Dia Alassane interpellé et gardé à vue à Kaédi, dimanche 7 novembre, «  pour avoir osé protester contre l’attitude des gendarmes en poste à l’entrée de la ville », vient d’être libéré, renseigne le collectif. Les pandores avaient interdit L’accès  à de jeunes élèves sous prétexte que ceux-ci ne disposent pas des nouveaux documents de l’état-civil», indique TPMN. Pourtant, s’indigne TMPN, ces jeunes élèves vivent et étudient à Kaédi d’où ils sont partis il y a quelques jours pour assister aux funérailles d’un de leurs proches à Téthiane. Pendant que ces élèves étaient interdits d’accéder à leur ville de résidence et sommés de retourner à Téthiane, les gendarmes, qui retenaient deux sénégalais dans les mêmes circonstances, exigeaient de ces derniers une “rançon” contre leur libération, révèle TPMN. Ayant protesté contre ces agissements, Ouguiya Diallo a été interpellé et conduit au commissariat de police de Kaédi où il a été gardé à vue «pour outrage aux forces de l’ordre».

Grâce à une vaste mobilisation, Ouguiya Diallo sera libéré et l’interdiction d’entrer dans Kaédi pour les trois jeunes, à l’origine de l’histoire, a été levée, annonce Dr Dia Alassane, président de TPMN. «Tout est bien qui finit bien; la témérité d’Ouguiya aura permis aux jeunes de faire valoir leur droit à la libre circulation sur toute l’étendue du territoire national », s’est félicité Dr Dia.

 

le calame

FLAMNET-AGORA: L’autonomie, une option viable pour la Mauritanie

Avant toute chose, permettez-moi de remercier tous ceux qui ont pris la peine de réagir (positivement ou négativement) à la proposition des  Forces Progressistes du Changement (FPC), Ex-FLAM, concernant la nécessité de l’application de l’Autonomie en Mauritanie. Il est heureux  de voir que notre choix suscite un intérêt particulier de la part de certains intellectuels et/ou politiques du pays. Mais surtout la sincérité et l’honnêteté de certains compatriotes maures donne l’espoir qu’une Mauritanie juste et démocratique est possible. À mon tour, je tenterai de répondre aux différentes analyses faites de notre programme politique.  Ainsi, mon commentaire se fera sur deux niveaux : d’une part, une considération des attaques politiciennes et subjectives de certains adversaires politiques et d’autre part  une réponse aux inquiétudes légitimes émises par d’autres compatriotes plus sincères. 

 

 

 

Sitôt  notre organisation révélait son option politique, certains compatriotes militant au sein des partis au pouvoir commençaient leurs attaques contre les FPC en nous accusant d’être des ‘’séparatistes, divisionnistes, extrémistes, et des racistes…’’  À dire vrai, ces diatribes ne nous ont pas surpris. Déjà, il y a de cela un an, je publiais un article ‘’La Mauritanie : quel modèle de gouvernement choisir ‘’ dans lequel je définissais ce que j’entendais par autonomie en disant que ‘’par autonomie, j’entends différentes régions qui s’auto- gouvernent partiellement par leurs propres lois mais sans séparation les unes des autres’’. C’était une anticipation aux délires de ces racistes. Mais pour ce genre de détracteurs, tout ce que nous proposons est jugé d’office comme négatif sans même qu’ils prennent le temps d’en connaître le contenu. Les faits et la substance de nos propositions ne les intéressent pas. Il me semble que cette catégorie de personnes est muée, non pas par l’intérêt de la nation Mauritanienne unie, mais par un agenda exclusiviste en faveur du système d’État discriminatoire. Mr Ahmed Jiddou Aly dans son article intitulé ‘’Parler de l’autonomie  ne constitue pas une hérésie ‘’ révélait que le gouvernement en 2009 avait commandité une étude pour un projet de décentralisation et/ou autonomie en Mauritanie. Dès lors comment comprendre les comportements d’Ould Maham, du président de Ravah et leurs semblables. Une attitude de deux poids et deux mesures : d’une part condamner avec violence le projet du parti des FPC tout en taisant l’étude faite par leurs alliés au gouvernement qui, pourtant, militent pour le même principe. Les tenants du système discriminatoire et raciste en Mauritanie continuent de camper dans du mensonge. Ils ne réalisent pas que les temps ont changé. Désormais avec le développement du social-medias, les moyens de communication rendent audibles les discours contradictoires à ceux des autorités démagogues. S’ils ne font pas attention, ils réaliseront très tard que la lecture et l’assimilation des mémoires d’Adolf Hitler « Mein Kampf » et l’emprunt du style et des techniques de Joseph Goebbels ne garantissent pas une propagande réussie à tous les coups.

 

 

 

Pendant que les défenseurs du système discriminatoire se mobilisent pour tuer l’espoir d’une Mauritanie réconciliée avec elle-même, nous, aux FPC, continuerons à chercher des solutions viables aux difficultés de la cohabitation de nos populations dans l’intérêt de toutes les communautés mauritaniennes sans distinction aucune. Et nous redoublerons nos efforts pour faire partager notre projet avec tout en chacun. Alors, je concentrerais mes énergies en direction de ceux et celles, qui de bonne foi, ont fait part de leurs inquiétudes par rapport à l’option autonomique de notre organisation. Je m’intéresse plus particulièrement aux contributions formulées par  les Sieurs Bocar Oumar Ba et Ahmed  Jiddou Aly. En effet, ces deux honorables compatriotes reconnaissent au Président Samba Thiam et son parti, les Forces Progressistes du Changement (FPC), le mérite d’un certain courage politique. Ahmed Jiddou va même jusqu’à dire qu’il partage le principe de l’autonomie. Cependant, tous les deux ont fait part de leurs réserves auxquelles je me fais le devoir de réagir.

 

 

 

En effet, mon cousin Bocar Oumar Ba pense qu’il fallait des préalables avant d’officialiser le projet d’autonomie.  En clair, les FPC, Ex FLAM, ont péché par l’amateurisme et le manque de préparation. Pour lui, l’autonomie ne devait concerner que le sud de la Mauritanie car philosophiquement on ne peut pas demander l’autonomie de soi et celle de quelqu’un d’autre en même temps. Enfin, il a soulevé le problème du découpage territorial qu’il faut résoudre.  Pour Mr. Ahmed  Jiddou Aly la principale difficulté se trouve dans le choix de quatre grandes régions. Quelque chose qui semble laisser la situation inchangée car au vu du nombre de la population et la superficie du pays, l’autonomie ne changera pas l’ingouvernabilité du pays. Mais surtout certaines communautés vont perdre un certain pouvoir, dont ils jouissent dans la situation actuelle, et qu’elles ne se retrouveront pas dans le grand ensemble des grandes régions préconisés par ce projet autonomique.

 

 

 

Pour répondre à ces inquiétudes et reproches, je vais tout d’abord rappeler les différentes étapes des orientations politiques prises par notre organisation. Les FLAM ont connu trois grandes orientations : l’État Unitaire, le Fédéralisme et l’Autonomie. On peut dire que chaque période correspond à une situation politique donnée du pays. Le rôle joué par le sentiment des militants (espoir ou scepticisme) dans la vie commune de nos différentes communautés était primordial à ces différents choix.

 

 

 

Ainsi, à la création des FLAM, en 1983 jusqu’en 1990, l’État unitaire n’a jamais été remis en cause malgré le système discriminatoire en vigueur. Nous avions toujours pensé que si la volonté de changer le racisme d’État se matérialisait, il sera toujours possible de vivre en harmonie dans un État unitaire. Mais après que Taya ait mis en application sa politique de denégrification du pays par le génocide, la déportation et l’emprisonnement de la population noire non harratine du pays, les FLAM ont opté pour le fédéralisme. Durant la période des années 1990 jusqu’en 1998 certaines voix du coté de nos compatriotes maures commencèrent à s’élever contre les abus du système discriminatoire. Le langage de vérité se faisait entendre de la part de ceux comme Jamal Ould El Yessa, Habib Ould Mahfoud (paix a son âme), Hindou Mint Ainina, Chbih ould Mélanine, Mohamed Ould Dougui (paix a son âme) et d’autres encore. Ce courant progressiste au sein de la population maure pouvait permettre une renaissance de l’espoir dans le cœur de certains flamistes. Mais ce n’était pas suffisant tellement qu’ils étaient minoritaires. Alors nous avions jugé qu’il était approprié de revoir notre orientation politique. Ainsi, les congressistes ont opté pour l’Autonomie comme projet politique de notre organisation aux assises de Dakar en 1998.

 

 

 

De 1998 à 2014, depuis 16 ans les militants des FLAM travaillent activement et réfléchissent continuellement sur l’applicabilité de l’option de l’autonomie dans notre pays. À différentes occasions, que ça soit au moment des Assemblées générales des sections ou dans la préparation pour les différents congrès, les militants se sont penchés sur cette orientation pour approfondir leur connaissance par rapport à ce concept d’autonomie. Et à chaque fois les militants ont majoritairement choisi la reconduction de cette ligne politique. Je crois pouvoir dire en toute objectivité que seize ans de réflexion sont loin d’être négligeables pour un choix d’une orientation politique. En tout cas, la qualification  de ce projet du ‘’bâclage’’ et de la ‘’précipitation’’  semble être inappropriée et même excessive. 

 

 

 

Par ailleurs, devrions-nous limiter la proposition de notre projet aux seules populations noires du sud ? Y aurait-il une contradiction philosophique entre le fait de vouloir sa propre autonomie et en même temps celle des régions des maures ? A la première approche, et surtout si nous raisonnons en termes d’antagonisme des intérêts, il peut sembler logique que la contradiction est évidente. Mais regardons de plus près la signification philosophique du concept. Sans rentrer dans une  dissertation  philosophique, chose qui ennuierait nombre de mes lecteurs, mais je pense qu’Il est peut être important de revisiter la source philosophique, politique et morale du concept de l’autonomie dans certains de ses aspects. Emmanuel Kant  a fait de l’autonomie un élément central de sa réflexion sur l’obligation morale basée sur la raison. C’est dans notre capacité de nous autogouverner que chacun trouve la justification  de considérer son prochain comme un être plein qui mérite  égal respect. En effet, l’autonomie est considérée par nombre de penseurs comme une raison morale d’égalité de tous les individus.  Quant à John Stuart Mill, il pense que le concept de l’autonomie renferme une valeur intrinsèque qui est un des éléments du ‘’ bien être’’. Comme l’autonomie a un caractère vertueux que nous aimons détenir, alors nous devons le vouloir pour notre prochain. Par conséquent, par analogie, et en combinant les deux positions (de Kant et de Mill) nous déduisons que c’est du bon sens de vouloir son autonomie et celle des autres. C’est ce qu’on appelle dans le domaine moral et éthique, la règle d’or : ‘’traite ton prochain comme tu aimerais être traité’’.

 

 

 

Sur le plan purement politique, cette revendication nationale apparaît encore comme plus justifiée. Les FPC, qui se veulent un parti national, ne pouvaient ignorer toute une partie de la Mauritanie dans son programme politique. Pour une question de viabilité politique et économique, le sud a besoin de certaines ressources des autres régions pour se développer. Chose qui est valable pour les autres régions aussi.

 

 

 

Maintenant, que faut-il dire des reproches communs de Bocar et d’Ahmed concernant le droit des minorités dans différentes régions et le problème de découpage territorial. Il est opportun de préciser que l’autonomie préconisée par les FPC ne se repose pas exclusivement sur le communautarisme ; elle prend aussi en compte les liens historiques et géographiques du pays. Craindre de la marginalisation de certaines communautés dans certaines provinces serait oublié la réalité des relations entre certaines de nos populations. Il n’y a pas d’homogénéité parfaite des peulhs par exemple pour empêcher une autre communauté minoritaire à accéder au pouvoir. Si cette homogénéité existait, on n’en serait pas là aujourd’hui dans cette situation de dépendance politique. L’autonomie pensée par notre organisation n’interdit pas qu’un membre d’une communauté minoritaire ait le pouvoir local. Un maure qui est reconnu dans son amour de bien faire pour les populations du sud, par exemple, n’aurait aucun problème d’être élu gouverneur, préfet ou maire. Et ce principe devrait aussi être valable pour n’importe quel noir vivant dans la zone à majorité maure. J’avoue que la tendance actuelle me réconforte dans mes convictions de voir l’instauration d’une société idéalement démocratique en Mauritanie. De plus en plus, nous remarquons une volonté d’ouverture d’esprit qui se manifeste tous les jours en plus de ceux qui avaient commencé il y a déjà une vingtaine d’années. Je veux parler de notre camarade Ould Babah des FPC, Ahmed Jiddou, Ould Bettar, mon ami et frère Ahmed Fall Sidatt et tant d’autres encore.

 

 

 

Sur le point spécifique du découpage en quatre régions, je ne pense pas qu’il y aurait un problème majeur comme  Ahmed l’entrevoit. D’abord, la division se fera en régions et celles-là seraient reparties en provinces. Par ailleurs, la situation géographique et sociale peut sembler énorme aux yeux de tout le monde, mais en réalité quelque millions de personnes avec un million de kilomètres carré ne seraient rien dans un pays que nous voudrons être développé. Une fois que nous arriverons à résoudre le problème d’infrastructure, le développement des réseaux de transport et de communication, le problème d’ingouvernabilité sera vite résolu.

 

 

 

Enfin, je partage l’adage rappelé par Ahmed Jiddou Aly selon lequel ‘’le diable se cache derrière les détails’’ comme on dit de ce côté de l’Atlantique ‘’the Devil Is in the détail’’. Mais doit-on reprocher au parti FPC de ne pas avoir une règle droite et un crayon bien taillé pour réussir un trait parfait du découpage territorial ? Le 25 Mai 1961, Président John F. Kennedy donnait un discours devant le parlement Américain pour annoncer son projet d’envoyer un homme sur la lune et de le ramener intact sur terre.  Les responsables de l’époque de la NASA et ‘’Mercury Project’’, des astronautes qui travaillaient pour la réussite de ce voyage pensaient que président Kennedy était fou car ils n’étaient pas prêts techniquement et matériellement. Pourtant le 20 Juillet 1969 Neil Armstrong réussissait sa mission. C’est dire tout simple que le propre de l’homme politique c’est d’avoir une vision et de pouvoir communiquer cette vision aux techniciens et professionnels pour l’exécuter. À chacun son rôle, il s’agit de bien le jouer !

La lutte continue!

 

Conseiller politique du président des FPC.

Flamnet 08 decembre 2014

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