Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 20/01/2011

Messaoud Ould Boulkheir : “Ma mission se terminera avec ma mort”

messaoud ould boulkheirLe président de l’Assemblée nationale et de l’Alliance populaire progressiste (APP, opposition), Messaoud Ould Boukheir, s’estime loin de la retraite politique. À 67 ans, il compte bien continuer sa “mission” pour son pays, la Mauritanie.

Jeune Afrique : En avril, vous appeliez à « la chute du régime » par la rue. Dans votre discours d’ouverture de la session parlementaire, début novembre, vous avez déclaré que « le temps n’est plus à la surenchère politique ». Votre position vis-à-vis de Mohamed Ould Abdelaziz a-t-elle évolué ?

Messaoud Ould Boulkheir : Si mon discours a évolué, ce n’est pas par rapport à Aziz mais par rapport à la situation du pays. Aujourd’hui, je suis inquiet, et c’est le moment ou jamais de s’unir. Parallèlement au terrorisme, j’entends des discours plutôt séparatistes. Certaines voix demandent le changement du nom du pays, de l’hymne et des couleurs nationaux. L’identité est menacée.Quant à mes positions, elles ont toujours été en réaction par rapport à celles du chef de l’État. Il faut faire un retour en arrière. Au lendemain de la présidentielle de 2009, que nous avons contestée, je lui ai tendu la main pour qu’il ouvre le dialogue. Mais il n’a rien voulu entendre. Nous avons donc changé de tactique et appelé à son départ par la rue. À partir de ce moment-là, nous avons senti un net fléchissement. Aziz a alors commencé à parler de dialogue et, petit à petit, a convoqué certains responsables de l’opposition. Je l’ai vu à deux reprises et, à chaque fois, lui ai dit d’appeler publiquement au dialogue avec l’opposition. Il l’a fait dans son discours pour le cinquantenaire de l’indépendance. C’est un grand virage. Le soulagement est perceptible au sein de la majorité et de l’opposition.

Qu’est-ce qui continue à vous opposer ?

Un aspect tout simplement fondamental fait que je ne peux accepter ce régime. Aziz est un militaire qui s’est emparé du pouvoir par la force. Il a démissionné de l’armée, mais pour moi ce sont des histoires. Il doit encore démontrer ses qualités de démocrate et d’homme d’État. Jusqu’au 28 novembre, il refusait de reconnaître que certains puissent s’opposer à lui. Maintenant, nous allons le mettre à l’épreuve dans le dialogue qu’il a annoncé.

Vous avez 67 ans, la majorité de la population en a moins de 30. Ne craignez-vous pas d’être en décalage avec ses préoccupations ?

La notoriété et le leadership ne se décrètent pas, ce ne sont pas des habits que l’on enfile. Ce sont les fruits de la confiance et de la légitimité populaire. Le chef de l’État, lui, se sent jeune [il a eu 54 ans le 20 décembre, NDLR] et a l’ambition de changer la nomenklatura politique. Il a amené avec lui une équipe de gens tout à fait inconnus. Mais ce n’est pas ainsi que l’on crée une classe politique.

À qui un jeune méconnu va-t-il inspirer confiance ? Qui va le suivre ? Nous, les croulants, nous n’avons pas encore réussi à offrir aux jeunes générations un modèle qui nous apaise la conscience. L’unité, la tolérance, la solidarité n’existent pas. Ma mission se terminera avec ma mort.

Propos recueillis à Nouakchott par Marianne Meunier
Jeune Afrique

 

Billet : Ça sent le roussi !

le billetUne certaine atmosphère d’angoisse et de suspicion plane depuis quelques jours sur les milieux scolaires du pays. A Nouakchott les forces de l’ordre sont en état d’alerte. Elles surveillent de près le mouvement des jeunes lycéens qui ont commencé dans certains établissements à sonner le tocsin. Les mauvaises images survenues lors des violences en Tunisie sont au centre de toutes les discussions dans les écoles. Des scènes de simulation sont mêmes dramatisées par des jeunes en mal d’inspiration comme pour rappeler l’adage selon lequel « si la barbe de ton voisin brule mets de l’eau sur la tienne ». Le monde s’uniformise y compris les mauvaises habitudes qui hantent la jeunesse. En Tunisie la révolution numérique a entraine une révolution sociale. Qui a fait chuter le monarque. Aucun pays au monde n’est à l’abri de cette évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les gouts et les modes s’uniformisent de telle sorte que les changements se font à un rythme rapide et dangereux. Nos dirigeants doivent prendre le devant pour anticiper sur les événements qui se produisent ailleurs. Pour canaliser l’ardeur de la jeunesse par l’éducation et la discipline. Les forces de l’ordre ne font qu’aviver les tensions. Elles doivent se tenir loin des écoles. Nous ne souhaitons pas que ces choses se propagent chez nous mais nous les rappelons que « gouverner c’est prévoir. »

Le Rénovateur

Bios Diallo sort Une vie de Sébile et s’inspire des évènements de 1989

bios dialloBios Diallo a présenté ce 18 janvier, au centre culturel français Antoine de Saint-Exupéry de Nouakchott, son nouveau roman intitulé Une vie de Sébile. Ce livre s’inspire des évènements de 1989 qui ont mutilé la Mauritanie qui vit toujours les séquelles de ce sujet dramatique. Avec Une vie de Sébile, Bios Diallo s’y met aussi en s’élevant contre l’injustice. “Un livre comme Une Vie de Sébile permet de dire aux gens que ceci s’est produit et que c’est possible encore que cela se produise si l’on n’y prend pas garde. Le livre permet non seulement de cicatriser la plaie de ce qui s’était passé en 1989 mais d’attirer l’attention des gens aussi. Les dérives sont toujours possibles donc il faut s’y préparer, d’être vigilant et prudent dans la manière de parler que dans les comportements quotidiens”, explique Bios Diallo, souhaitant que les mauritaniens avancent vers plus de complémentarité, d’unité et d’ouverture. “Je ne dis pas qu’il y’a des signes avant-coureurs. Mais, ce qui se passe, à travers le monde, dans certains pays, doit nous inspirer et attirer notre attention. Nous aussi, nous devons dire que nous avons tirés des leçons qui se sont passées en 1989. Personne n’avait prédit cela et cru que des mauritaniens pouvaient s’attaquer à des mauritaniens. C’est ce qui est arrivé. Maintenant, il faut qu’on dise que plus jamais cela ne va avoir lieu”, ajoute l’auteur d’Une vie de Sébile. L’ancien présentateur de l’émission “Mauritanie Plus” sur la Télévision de Mauritanie a précisé qu’Une vie de Sébile, qui évoque un sujet dramatique, n’est ni politique ni engagé. “J’estime simplement que j’écris, j’attire l’attention sur une situation. Je ne dresse pas les uns contre les autres. Je lance un message d’unité à travers ce livre”, dit-il.

Bios Diallo a déjà publié Les Pleurs de l’Arc-en-ciel en 2002 et Les Os de la terre en 2009. Des recueils de poésie qui oscillent entre espoir et colère. Puis, un essai, De la naissance au mariage chez les Peuls de Mauritanie aux éditions Karthala, préfacé par Cheikh Hamidou Kane, l’auteur de L’Aventure ambiguë. Il a également collaboré, en outre, à deux ouvrages : Les Paris des Africains (Ed. Cauris en 2002), portraits d’Africains vivant dans la capitale française et A Césaire et nous(Ed. Cauris en 2004), qui est un hommage au poète antillais, l’un des fondateurs du mouvement de la Négritude.

Babacar Baye Ndiaye-Journaliste