Monthly Archives: January 2011
Afrique du Sud: Nelson Mandela hospitalisé, le président appelle au calme
Le premier président noir d’Afrique du Sud, Nelson Mandela, 92 ans, restait hospitalisé jeudi dans une clinique de Johannesburg pour des “examens de routine” et son parti, au pouvoir depuis la chute de l’apartheid en 1994, a appelé la population au calme. Nelson Mandela, 92 ans, était hospitalisé jeudi depuis 24 heures dans une clinique de Johannesburg pour des “examens de routine” selon sa Fondation, dont le silence alimentait les spéculations sur l’état de santé du premier président noir d’Afrique du Sud. Les personnalités ont défilé toute la journée au chevet du héros de la lutte anti-apartheid, admis la veille dans la clinique privée Milpark. Son ex-femme Winnie Madikizela-Mandela semblait très émue à sa sortie de l’hôpital, selon un journaliste de l’agence Sapa. Le président Jacob Zuma a toutefois appelé “au calme et à la retenue”, dans un communiqué transmis depuis Davos où il se trouve pour le Forum économique mondial. “La président Mandela va bien et est pris en charge par une équipe de spécialistes médicaux”, a déclaré le chef de l’Etat.
“Madiba a 92 ans et n’est plus un jeune homme (…) On s’occupe bien de lui à l’hôpital”, a également assuré le Congrès national africain (ANC), son ancien mouvement de lutte contre l’apartheid, au pouvoir depuis 1994.
La Fondation Mandela, qui gère les oeuvres caritatives du Nobel de la Paix et son image, avait annoncé mercredi son admission pour des “examens de routine”. “Il n’est pas en danger et il a un bon moral”, avait-elle assuré dans un court communiqué.
Depuis, la Fondation a observé un silence total sur son état de santé.
Jeudi, la police contrôlait strictement les accès de l’hôpital, devant lequel de nombreux journalistes étaient rassemblés dans l’attente de nouvelles de l’icône mondiale.
Plusieurs membres de la famille, dont son petit-fils Mandla ou la fille de son épouse Graça Machel, Josina, lui ont rendu visite. Le ministre de la Justice Jeff Radebe et la vétéran du mouvement anti-apartheid Albertina Sisulu, 92 ans, se sont également rendus à l’hôpital.
“Madiba, nous t’aimons”, proclamait une large banderole affichée à la fenêtre d’une école située à proximité. Des dessins colorés d’enfants et des messages lui souhaitant un bon rétablissement étaient accrochés à la clôture.
“C’est très important de soutenir l’ancien président parce qu’il a obtenu des changements énormes pour notre génération”, a affirmé Ntho Molena, une lycéenne de 16 ans. “Il s’est battu pour notre liberté et nous lui en sommes reconnaissants.”
Le premier président noir d’Afrique du Sud (1994-1999) a passé 27 ans dans les geôles du régime ségrégationniste blanc, avant de prôner un message de réconciliation qui lui a gagné le coeur de tous ses compatriotes.
Depuis son retrait de la vie politique en 2001, il a progressivement raréfié ses apparitions publiques. Très frêle, il a tout de même assisté à la cérémonie de clôture du Mondial 2010 de football, le 11 juillet 2010 à Johannesburg.
En octobre, un ouvrage compilant des documents personnels de Nelson Mandela, intitulé “Conversations avec moi-même” a été publié dans une vingtaine de pays, mais le nonagénaire n’a pas participé à la campagne promotionnelle.
Un mois plus tard, sa fondation a exhorté ses admirateurs à ne plus tenter de le contacter.
Sur internet, les messages de solidarité affluaient. “Seigneur, protège Mandela, le monde n’est pas prêt à le perdre”, pouvait-on lire sur Twitter, où d’autres internautes se plaignaient du manque d’informations sur sa santé: “Je ne comprends pas ce silence… Pourquoi n’y a-t-il pas plus de transparence sur un sujet aussi important?”
© 2011 AFP
La tragédie de la communauté africaine de Mauritanie : Omission ou occultation ? Par Hamdou Rabby SY
Dans l’histoire de la cohabitation entre les peuples, il y a eu des politiques d’exclusion, d’extermination et de domination à partir de la mise en œuvre idéologique de pratiques empiriques de destruction d’ensembles humains dont le seul tort est de ne pas répondre à la construction d’un mythe national. Il en est ainsi de la communauté africaine de Mauritanie composée de plusieurs peuples dont la cible privilégiée fut les peulhs. Une idéologie nationale, tribale, raciste et chauvine a pris le dessus sur toute autre considération, notamment celle de la construction d’une communauté nationale fraternelle et égalitaire.
Dans un pays dont la superficie est de 1085000km2, n’est-ce pas aberrant d’engager une entreprise de dépeuplement au nom de considérations purement idéologiques ? Dans une Afrique qui, à l’époque, avait besoin de fédérer ses efforts, ses intelligences et ses ressources pour inaugurer l’ère des indépendances, une politique de dénégation de la construction dans son espace continental s’est engagée au point de méconnaître sa spécificité et de compromettre toute perspective de développement et d’ouverture à un horizon politique fondé sur la reconnaissance de l’humanité des êtres humains avant toute autre considération. Il est paradoxal de constater que tous les pays du monde ont consacré une vision communautaire de l’appartenance à une nation ou à un pays, à l’exception de notre Mauritanie qui a forcé son arabité idéologique et politique.
Il est clair que la Mauritanie a pris fait et cause pour une construction d’une République dont le principe fondateur est l’exclusion de l’une de ses composantes les plus importantes. La Mauritanie a fait le choix idéologique d’un appauvrissement systématique en procédant à l’exclusion de tout ce qui peut relever de l’expression de sa diversité. C’est ainsi que toutes expressions culturelles, artistiques, musicologiques, littéraires ne reflètent que l’existence d’une seule composante, les maures. Tous les symboles de l’Etat mauritanien sont maures. La Mauritanie officielle et réelle est une République maure dans toutes ses manifestations. La configuration sociopolitique de la Mauritanie fonctionne sur la base de la vigueur du principe du particularisme, en l’occurrence tribal. L’idéologie qui en découle dans son énonciation négative est le racisme et son effectuation constituante est le tribalisme. Le seul cadre de légitimité sociale et anthropologique est l’appartenance à une tribu. Cette dernière est le véritable creuset du pouvoir et l’instance d’approbation et de validation des décisions politiques.
La gouvernance mauritanienne, de Mokhtar Ould Daddah à Ould Abdel Aziz est tribale. La Mauritanie est suffisamment ancrée dans la bonne gouvernance tribale et clanique qu’elle n’a pas besoin de s’inscrire dans la dynamique de la démocratie rationnelle. Les dirigeants mauritaniens et leurs élites intellectuelles ont trouvé un équilibre entre la sociabilité tribale et la gouvernance moderne. L’important étant d’être en mesure de manipuler la communauté internationale, africaine et arabe dans le sens de faire fonctionner l’Etat mauritanien en se redistribuant les ressources financières de l’Etat. Pays où le détournement des ressources publiques fait partie des valeurs idéologiques et culturelles, la Mauritanie n’a jamais considéré que l’utilisation personnelle, clanique et tribale des ressources publiques, est un détournement ou un délit. Dans les mœurs politiques d’une certaine Mauritanie, ne pas détourner, et refuser la corruption, c’est ne pas respecter l’identité nationale du pays.
C’est pourquoi, il est étonnant de constater que Ould Abdel Aziz s’indigne devant le phénomène de la corruption, lui, qui est cité parmi les plus riches officiers de la Mauritanie avec Ely Ould Mohamed Vall. Seulement, il faut le redire, pour les Africains mauritaniens, ce n’est pas l’enrichissement de Ould Abdel Aziz ou de tel autre dignitaire civil ou militaire qui les intéresse. Mais, c’est la logique de l’occultation de la tragédie vécue par la communauté africaine, c’est-à-dire le génocide contre cette même communauté perpétrée sous le régime de Ould Taya et Ely Ould Mohamed Vall, sans que Ould Abdel Aziz ne nous précise qu’elle fut sa position à l’époque des faits, même s’il n’est pas encore cité sur la liste des tortionnaires, il fut aide camp de Ould Taya et commandant du BASEP. Il nous semble important de l’interpeller au lieu de nous laisser divertir par une prose déjà entendue parce que répétée par tous les anciens présidents depuis le coup de force de 1978 jusqu’à l’avènement de Ould Abdel Aziz.
A entendre l’actuel président, le problème de la Mauritanie serait un problème de mentalités et de gestion des ressources de l’Etat, comme si Aziz avait vécu depuis 1980 jusqu’à sa prise de pouvoir par la force, dans un monastère pour acquérir la vertu qui manquerait aux militaires et aux cadres de la Mauritanie. Notre général président serait ainsi, un homme vertueux, qui ne s’est jamais compromis, qui a toujours vécu en homme honnête se contentant de son salaire. C’est très curieux pour un officier mauritanien de son rang avec toutes les années de loyaux services rendus auprès du dictateur sanguinaire et raciste Ould Taya !
Il y aurait ainsi un mauritanien exceptionnel, ayant évolué dans le système en étant indemne par rapport aux dérives, aux vices et aux manquements, quelle force de caractère ! Il y a comme une sorte d’homme providentiel qui serait armé de vertus et d’une forte détermination pour s’attaquer au fléau le plus grave de la Mauritanie de ces deux dernières décennies. Il n’existe, selon notre président providentiel, que deux problèmes majeurs qui nécessitent la mobilisation de tous les Mauritaniens de tout bord dans le sens d’un sursaut national. Ce sursaut interpelle tous les Mauritaniens préoccupés par la survie économique et idéologique de la Mauritanie.
Il est clair que la Mauritanie de Ould Abdel Aziz est la Mauritanie idéologique inventée par Ould Daddah, et renforcée par Ould Taya, c’est-à-dire, la nation dont le credo politique est l’exclusion de sa composante africaine. Le seul danger auquel la Mauritanie aurait été confrontée dans son histoire, c’est la réalité de sa diversité qu’elle n’a pas eu à assumer dans sa construction politique, de façon délibérée et programmée. Il en résulte que le président Ould Abdel Aziz ne fait pas de la réalité du génocide et de l’impunité, le problème humain et politique fondamental de notre pays. C’est une affaire qui semble réglée, du moins occultée.
A l’heure où l’exigence de justice est fortement réaffirmée à travers la plainte contre Ould Taya, Ould Abdel Aziz s’engage dans des discours de diversion sur la corruption , les mentalités : des abstractions creuses qui ne peuvent constituer un programme politique.
Les Mauritaniens savent très bien sur quoi, faut-il s’engager pour que la Mauritanie retrouve une certaine confiance et s’inscrive dans la conquête de la vraie démocratie, celle qui ouvre la voie à une société juste, libre et égalitaire. Comment ne pas s’étonner de l’incapacité à regarder la réalité en face, celle de la domination, de l’oppression et de la marginalisation ? Ould Abdel Aziz continue les manœuvres habituelles de ralliement à sa majorité qui, de toutes façons, ne vont pas permettre à la Mauritanie de faire le saut dans le concert des nations émergeantes du monde, qui ont accepté de faire des sacrifices pour ne pas hypothéquer l’avenir de leurs peuples.
En effet, Ould Abdel Aziz est en train d’enfoncer notre pays au lieu d’avoir le courage de renoncer à une politique irrationnelle de manipulation de l’opinion internationale parce que les Mauritaniens ne croient pas à ce discours sur la mobilisation contre la corruption et les détournements de l’argent public. L’assainissement doit commencer par le respect des conditions pour sortir de la politique de l’arbitraire, de l’injustice et du clientélisme. Or, Ould Abdel Aziz ne fait qu’amplifier des pratiques séculaires, en ce sens, il doit être le premier à opérer le changement de mentalité. Il ne semble pas se démarquer dans son comportement et dans sa façon de présenter les choses ; rien de nouveau sous le ciel et sur le sable mouvant de la Mauritanie.
Les effets d’annonce n’ont jamais constitué une politique rigoureuse et de mise en application de la bonne gouvernance. Quand on gouverne par la force aveugle et injustifiée et sans mérite, on ne peut en attendre aucun changement, encore moins une politique de la vertu. Reconnaître l’existant et œuvrer dans ce sens est un grand pas. Le peuple mauritanien à l’instar de tous les peuples du continent africain et du monde arabe a trop souffert de l’irresponsabilité politique et de la démagogie.
On attend autre chose que la lutte contre le détournement et la corruption qui constitue le seul discours de la politique de la médiocrité qui a conduit les dirigeants mauritaniens au génocide contre une des composantes du pays. La rhétorique a des figures de style qui peuvent mieux inspirer. La panne se fait sentir dans la prose elle-même. Les Mauritaniens ont besoin d’une autre politique pour vivre une autre vie que celle de la répétition, de la monotonie, du mensonge, de la manipulation, de la facilité pour certains et de la souffrance pour d’autres. Il faut interrompre ce scénario du vide et de la mascarade.
Il y a un moment, l’audace politique en temps difficile, exige une politique du risque, celle qui consiste à rompre avec les sentiers battus, le déjà entendu et les sempiternelles récriminations. Les Mauritaniens ont envie de vivre autre chose que des parades quotidiennes qui ne font qu’enfoncer le pays dans le gouffre de la pauvreté, de la misère, de l’obscurantisme et de la médiocrité intellectuelle. Le monde avance et la Mauritanie recule chaque jour et au rythme des gouvernants.
Le discours de Ould Abdel Aziz s’adresse aux bailleurs de fonds pour remplir les caisses du budget, du trésor, de la dette extérieure dans le but de remplir les comptes et les poches des particuliers au pouvoir. Les mauritaniens opprimés, exclus et salariés sans responsabilité de chef de projet, de service ou courtisans, n’en profiteront pas. De même que les Mauritaniens des couches populaires resteront toujours des laissés pour compte. La politique du mensonge, du particularisme et de la frime conduira davantage notre pays vers l’impasse.
Une politique du sur place, une idéologie de la malveillance et une pratique constante de la manipulation constituent le fonds de commerce artisanal de la gouvernance actuelle. Pour qui sonne le glas ! A peine installé Ould Abdel Aziz a rejoint le sérail, il n’en adviendra rien de bon. Le monde avance, la Mauritanie recule et s’installe dans un endormissement qui promet un réveil très agité et excité ! Il y a de quoi prêter l’oreille aux supputations d’un changement comme à l’accoutumée. Ould Abdel Aziz n’a pas osé clôturer le chapitre de la politique du statu quo, de l’incompétence et de la farce. Les Mauritaniens doivent se faire au devoir de la lucidité et de la patience et renoncer au fatalisme et à la résignation. Peuple de poètes et de guerriers, réveillez-vous, la nuit est trop longue !
SY Hamdou Rabby
conseiller de l’AVOMM
Source: avomm.com
Le rôle des réseaux sociaux dans les manifestations en Egypte
Facebook, Twitter… Une fois de plus, les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la mobilisation en Egypte. C’est en effet un mouvement d’opposition créé sur internet qui est à l’origine des manifestations de mardi et mercredi. Des jeunes capables de lancer des appels aux rassemblements et de mobiliser des dizaines de milliers d’internautes dans un temps record. Les autorités égyptiennes l’ont compris. Elles ont donc bloqué plusieurs pages internet, Facebook, Twitter mais également Bambuser qui permet de visionner en temps réel des vidéos filmées par les opposants. Les téléphones portables ont également arrêté de fonctionner dans le périmètre de la manifestation du Caire. La réaction des autorités égyptiennes montrent leur inquiétude face à un phénomène qui leur échappe. Elles ne sont pas habituées à une mobilisation si rapide et incontrôlable.Et les jeunes rompus aux nouvelles technologies ont déjà contre-attaqué, s’envoyant des messages de conseil pour contourner les blocages mis en place par les autorités, et continuer leur mobilisation.
Mise au point des réfugiés mauritaniens au Sénégal et Mali:” Nous désavouons les attaques contre les FLAM”
Dans un article récent paru sur le site Cridem et signé par un certain Poullori Galo, il est fait mention de l’engagement de femmes et d’hommes de convictions qui auraient apporté énormément au combat pour les droits et l’égalité en Mauritanie « sans phares ou trompettes » contrairement aux flam qui s’arrogeraient injustement ce combat collectif. Il est cité dans le texte de Poullori Galo, entre autres, en bon exemple, dans le cadre de ce combat, celui des associations de défense des droits des réfugiés.
Monsieur Poullori Galo, vous pourrez vous rendre à l’évidence, qu’il n y a jamais eu, en tout cas en ma connaissance, et en tant que membre de la coordination des associations et collectifs des réfugiés mauritanien au Sénégal et au Mali, un seul texte rendu public émanant de nos différentes structures ou d’une quelconque organisation de réfugiés mauritaniens désavouant les Flam où les critiquant.
Nous aurions bien apprécié vos louanges, si,votre texte faisant mention du noble combat que nous menons ne visait pas à dénigrer les Flam et ses représentants. Sachez que nos associations de réfugiés sont ouvertes à toutes les tendances politiques et à tous les courants idéologiques, pourvu simplement que soit respecté notre objectif visant à la défense des intérêts matériels et moraux des réfugiés mauritaniens et que soient respectés les droits de l’homme.
A cet égard, vous comprendrez, alors, que nous nous passerons allégrement de vos appréciations fussent-elles élogieuses. Par ailleurs, ce n’est pas dans notre culture de parler sous-couvert de pseudonymes, nous avons le courage de nos idées et ne craignons pas les critiques aussi acerbes qu’elles soient et d’où qu’elles proviennent. Elles peuvent constituer des contributions qui nous aident à avancer.
Il y a une certaine indécence à se cacher quand on se permet d’attaquer les autres sournoisement. La noblesse voudrait que lorsqu’on livre un combat, on le fasse loyalement et face-à-face. Pourtant dans votre texte, vous n’hésitez pas à livrer les noms de combattants que vous jugez valeureux et à en indiquer d’autres aussi valeureux, à vos yeux, par les initiales de leurs noms.
Et vous, qui êtes-vous ? Fantômas ? Nous pensons qu’il faut arrêter d’amuser la galerie. Nous avons des choses tellement urgentes parce que cruciales à régler que de telles diversions ne se justifient pas. Dans l’urgence, ce qui nous intéresse c’est de savoir :
Est-ce que les autorités de notre pays la Mauritanie sont-elles prêtes sincèrement à réhabiliter les déportés et tous les déportés, les réfugiés et tous les réfugiés dans leurs droits et tous leurs droits ? Est-ce que les autorités de notre pays sont-elle réellement disposées à faire la lumière sur les violations massives et graves des droits de l’homme commises sur une de ses composantes nationales lors des événements dits de 89 et à situer toutes les responsabilités à cet égard ?
Est-ce que les autorités de notre pays sont-elles prêtes à créer les conditions idoines pour une cohabitation juste, équitable et durable entres toutes les composantes nationales de notre pays ?
Est-ce que les autorités de notre pays sont-elles réellement décidées à mettre en place des institutions saines respectueuses des règles et des principes qui fondent la démocratie et qui puissent rendre possibles une égale protection de la loi pour tous ses citoyens, sans discrimination sociale, culturelle, économique, politique et de genre ?
Est-ce que les autorités de notre pays sont-elles enfin décidées à lutter sans faiblesse et sans dissimulation contre l’esclavage ?
Voilà ce qui nous importe et non des débats oiseux qui nous éloigne de l’essentiel.
Que ces questions soient réglées et que le combat se fasse dans ce sens ! c’est ce qui nous importe ; qu’elles le soient avec le concours de telle ou telle association de réfugiés ou de rapatriés mauritaniens, ou avec le concours de tel ou tel parti ou mouvement politique ou organisation de défense de droits de l’homme, ou ,enfin, avec le concours de tel groupe ou tel autre groupe de la Diaspora mauritanienne, franchement est- ce que c’est cela le plus important, Monsieur Poullori Galo ?
Dakar, le 24 janvier 2011
Moustapha Touré- de la Coordination des Associations et Collectifs des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal et au Mali
Editorial: Lettre de Ben Ali à Ould Abdel Aziz
«Cher frère d’armes, je me permettrai de tutoyer, étant plus âgé que toi et ton ancien, au grade de général, dans la fonction de chef de l’Etat et dans celle de président de la République. Nos parcours ont plusieurs points communs et tu fus, de plus, le dernier président à me rendre visite. Trois jours, seulement, après ton départ de Tunisie, le compte à rebours, pour le mien, a commencé. Nous avons, tous les deux, intégré l’Armée sur le tard, ce qui ne nous pas empêché de gravir si vite les échelons que les mauvaises langues prétendent que si nous avons atteint le grade de général, c’est plus par complaisance que par mérite. Nous avons gravité autour du pouvoir et dans ses palais dont les lustres nous ont tellement attirés qu’on a fini par succomber à leurs charmes. Nous avons accompli deux coups d’Etat, médical, pour moi, et militaire, pour toi, qui ne seront jamais cités comme de hauts faits d’armes. Nous avons, en effet, renversé deux vieux présidents qui n’avaient ni garde rapprochée, ni sécurité présidentielle, sauf celles que nous avions, nous-mêmes, placées à leurs côtés. Nous avons utilisé les mêmes arguments, à 21 ans d’intervalle, pour justifier leur mise à l’écart, et nous avons suscité autant d’espoir, à notre arrivée au pouvoir. Nous avons fait les mêmes promesses: démocratie, liberté, égalité, justice, progrès et tout le tintouin qui n’engage que celui qui y croit. J’ai été le premier à les oublier. Et, d’après les échos que je reçois de la Mauritanie, tu n’es pas loin de prendre le même chemin.
Mais il n’est pas trop tard: tu peux encore te rattraper, avant que tes carottes, comme les miennes, ne soient cuites pour de bon. Tu as besoin de conseils, mon frère. Et je vais t’en donner à gogo. Instaure une vraie démocratie, dans ton pays. N’écoute pas ceux qui te disent que les Etats arabes et africains ne sont pas mûrs pour celle-ci. Laisse ton peuple s’exprimer, librement, dans la presse écrite et audiovisuelle, ne censure rien, ne brime pas et n’emprisonne pas ceux qui se battent pour la liberté. Garantis le droit d’association et de réunion. L’oppression, les brimades et la terreur n’engendrent que la soif de délivrance et, quand un peuple veut prendre son destin en main, la meilleure police du monde ne peut en venir à bout. Les Tunisiens l’ont démontré. Je pensais, pourtant, que rien ne leur manquait. D’après les informations que me faisaient parvenir mon parti, le gouvernement et les dizaines de services de renseignements que j’ai mis en place, le peuple me prenait pour un génie dont il ne pouvait plus se passer. Un bon conseil: n’écoute pas ceux qui te répètent, à longueur de journées, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ils ne veulent que plaire, pour conserver leurs postes et leurs avantages. Ecoute, plutôt, le pouls du pays, diversifie tes sources d’informations et ne crois pas, un seul instant, que tu es le meilleur, comme essaient de t’en persuader, chaque jour, les flagorneurs et les laudateurs. Organise des élections libres et transparentes et, même si tout le monde te réclame, ne dépasse pas deux mandats. Evite, comme la peste, l’omnipotence d’un parti/Etat. Ne laisse pas les prix des denrées de base augmenter au-delà du raisonnable, par la faute des commerçants et des spéculateurs. N’écrase pas trop ton opposition, pour qu’il y ait une alternative, au cas où les choses tourneraient mal, et ordonne, à la police, de n’avoir ni la main lourde ni la gâchette facile, lorsque des manifestants réclament plus de justice et d’équité. Ne laisse jamais ta famille, proche ou lointaine, profiter de ta position dominante pour s’arroger des avantages. Il n’y a pas plus dangereux qu’un peuple aigri, qui subit des injustices et voit d’autres profiter, indûment, de ses richesses, parce qu’ils bénéficient d’opportuns liens de parenté.
Je ne finirai pas cette missive sans te rappeler le cas de celui que tu as longtemps côtoyé et qui est désormais mon voisin au Qatar, l’ancien président Ould Taya qui, comme moi, n’a rien vu venir. Tu as encore la possibilité de ne pas finir comme nous. Saisis-la, avant qu’il ne soit trop tard.
Ton ancien, Zine El Abidine Ben Ali.
Ahmed Ould Cheikh – LE CALAME