Daily Archives: 19/04/2019
Moi aussi j’étais à Walata (troisième partie)/Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibacar
Arrivés des Walis sortants et entrants
Le samedi 3 septembre 1988 à 11h, arrivée des capitaines Ainina ould Eyih, le wali sortant, nommé directeur général de la Sonelec, et le capitaine Wellad Ould Haimdoune, nouveau wali de Néma. Vers 14h, j’étais convoqué par le capitaine Ainina dans le domicile du wali, on lui aurait remonté les bretelles au ministère de l’Intérieur, au sujet de la situation catastrophique des prisonniers dénoncés par mon chiffré.
Il m’avait dit : “quel est ce tintamarre que tu as provoqué depuis ton arrivée, et pourquoi tu n’as pas attendu notre arrivée pour nous faire les comptes-rendus nécessaires ? Tu as rendu compte à Guèye Elhadj qui est peut-être un flamiste. Ces gens là sont des éléments dangereux, ils voulaient mettre le pays à feu et à sang, soutenus par Israël et le Zaïre”.
Je lui ai répondu : “mon capitaine, Israël et le Zaïre ne me concernent pas, moi je suis responsable de la prison qui est régie par une loi. Pour le cas de Tène Youssouf Guèye, c’était très urgent, et il souffrait du foie. Sa maladie était en phase terminale et il était trop faible à cause du mauvais traitement et de la malnutrition.
Au sujet de votre adjoint, ces opinions politiques ne me concernent pas non plus, l’administration est une continuité, et lui il est le wali adjoint, votre absence m’impose de m’adresser à lui, pour lui faire les comptes-rendus au sujet de la situation catastrophique des prisonniers et de l’urgence du cas de Tène. Et il avait agi correctement et rapidement en mettant à notre disposition un médecin pour faire accélérer l’évacuation de Tène et voir l’état de la situation des autres prisonniers.”
Pour toute réponse, le wali rétorqua : “toi tu es bizarre et tu le regretteras, tu peux disposer”, et depuis lors il ne me porte plus dans son cœur. Plus tard, j’avais reçu l’information bien recoupée, que les deux walis sortant et entrant faisaient partie des dizaines d’officiers baathistes, parmi les meilleurs des forces armées, majoritairement originaires des régions de l’Est et du Sud qui avaient été tous révoqués sauf cinq, que le chef de l’Etat avaient maintenus en activité, et sur lesquels il avait fondé son pouvoir, il s’agit des colonels Ely ould Mohamed Vall, Sidi Mohamed Ould El Alem, Wellad Ould Haimdoune, Ainina Ould Eyih et Mohamed Cheikh Ould Elhady. C’était la première connerie du président du CMSN.
Le lundi 5 septembre, on m’annonce une mission de l’état-major conduite par l’officier adjoint, le commandant Ndiaye Ndianko, par le vol d’Air Mauritanie à Nema. Arrivé à l’aéroport, le chef d’agence me confirme que l’avion n’avait pas pu atterrir à cause du mauvais temps et a fait demi-tour sur Nouakchott. Après contact avec l’état-major, on me confirme que la mission rejoindra Néma dès le lendemain, par voie terrestre.
Le jeudi 7 septembre, la mission est arrivée à Néma et m’a demandé de lui chercher un chauffeur maure avec la région militaire, pour remplacer leur excellent chauffeur Ba Aly, un peul, qui ne peut pas voir la prison de Walata. Je suis allé voir le commandant de la 5ème région militaire, un ami qui a aussitôt mis à ma disposition un chauffeur maure que j’ai envoyé à l’officier adjoint. J’ai aussitôt proposé au Wali de nous accompagner avec le médecin chef Mohamed Ould Menou, car leur présence est très utile. Ce que le wali a accepté.
Le lieutenant Mohamed Lemine Ould Ahmedou
L’officier adjoint était accompagné par deux officiers, dont le lieutenant Mohamed Lemine Ould Ahmedou, originaire comme moi de la région de l’Assaba, qui était commandant de l’escadron de sécurité de la prison de Walata avant d’être muté chef du deuxième bureau en juillet 88. A son arrivée a Walata en avril 1988, quand il a vu la situation catastrophique des prisonniers, il a beaucoup pleuré et a même pensé à démissionner.
Il avait réussi à ouvrir quelques fenêtres de la grande salle, améliorer un peu l`alimentation, et avait rendu compte de la mauvaise nutrition et du mauvais traitement des prisonniers à sa hiérarchie, avant d’être muté à l’état-major comme chef du 2ème bureau en juillet 1988. En cette qualité, il avait aussi rendu compte au chef d’état-major de la situation des prisonniers et avait cherché vainement à mettre fin à leur calvaire.
Certains prisonniers pensaient qu’il ne pouvait faire plus par manque de personnalité. Or il était un simple commandant d’escadron chargé de la sécurité de la prison, cependant la situation des prisonniers et leur alimentation relevaient directement de l’adjudant Bobaly régisseur de la prison et qui était lui aussi soumis à l’autorité du commandant du groupement, qui est le premier responsable.
Arrivée de la mission à Walata
A 13h 30 départ de la mission pour Walata, arrivée à 17h30, consultation, médicale à tous prisonniers et à quelques gardes de l’escadron. A la fin de la consultation, j’ai contrôlé comme d’habitude la liste des consultants et j’ai constaté l’absence de deux prisonniers, le lieutenant Bâ Abdoulghoudouss et le professeur Sarr Abdoulaye, je les ai convoqués pour leur demander les raisons pour lesquelles ils ne se sont pas fait consulter, ils m’ont répondu : On n’est pas malade.
J’ai répliqué que la consultation est obligatoire pour tous les prisonniers, ils se sont alors fait consulter immédiatement par le docteur Mohamed Ould Menou. Six jours après le lieutenant Bâ Abdoulghoudouss trouvera la mort. Auparavant le 9 septembre à 18h j’avais trouvé mon frère et ami Bâ Abdoulghoudouss, d’apparence en pleine forme, un peu plus gros que d’habitude, devant une chambre à coté du poste de police. Le médecin me dira plus tard, qu’il était atteint de béribéri, c’est pour cela qu`il donne l`impression d`être en pleine forme.
Je lui ai demandé qu’est ce qu’il faisait là bas, il m’a répondu qu’il était avec les ‘’anciens’’, le commissaire Ly Mamadou, le capitaine Diop Jibril et un civil portant le nom de Ly Moussa Hamet, qui se trouvaient dans des meilleures conditions. Je lui ai proposé de regagner la grande salle avec ses collègues, en précisant que maintenant les choses vont s’améliorer, que je vais le faire remplacer par Djigo Tafssirou, un vieux malade, et un ancien ministre, et que sa place doit être avec ses compagnons. Il m’a répondu : “tu as parfaitement raison, et je suis parfaitement d’accord pour être remplacé par notre imam”, avant de regagner ses collègues.
La mission a regagné le domicile du préfet et nous a conviés, le médecin et moi, pour une réunion. Au cours de cette réunion, il a été décidé d’améliorer la sécurité et l’alimentation des prisonniers, de mettre en place les moyens sanitaires nécessaires pour assurer une bonne santé et une bonne hygiène pour les prisonniers et les gardes, et d’améliorer l’habillement des prisonniers.
En fin de réunion, j’ai dit que les prisonniers avaient d’autres doléances, notamment le problème des chaines, certains d’entre eux sont encore enchainés, ils cherchent aussi le contact avec leurs familles, de la lecture et des radios pour écouter les informations. On m’a répondu : on verra cela plus tard. Nous avons passé la nuit à Walata, que nous avions quitté le lendemain à 9h45 à destination de l’Azib, le troupeau de chameaux de la garde que l’officier adjoint voudrait contrôler.
Décès de Bâ Abdelghoudouss
Nous avons passé une très belle nuit à l’Azib, que nous avions quitté le 9 septembre à 8h, pour Néma ou nous sommes arrivés à 10h. Après la sieste, la mission de la garde a quitté Néma pour Nouakchott à 16h. Cette mission a sans doute amélioré les conditions des prisonniers. Auparavant, Il y avait eu deux missions, la première était dirigée par le lieutenant Mohamedou Ould Sid’Ahmed, chef du B2.
Cette mission, venue le 23 janvier 1988 à 13h à Walata, soit 13 jours après l`arrivée des prisonniers, avait pour objectif d`enquêter au sujet de la torture et de l`humiliation d’un prisonnier ainsi que d’un nomade, par le commandant du peloton, dénoncée par le préfet.
Le chef du B2 avait fait un tour au fort pour voir l`état des prisonniers. Constatant qu’il y avait quatre prisonniers politiques qui étaient plus privilégiés que les autres, il avait posé la question au chef de peloton qui lui a répondu qu’ils étaient ses agents de renseignement, indispensables en pareille circonstance.
Le chef du B2 lui a répliqué : “comment peuvent-ils te renseigner alors qu’ils n’ont aucun contact avec les autres prisonniers, ils doivent nécessairement rejoindre leurs collègues dans la grande salle, je donnerai des instructions les concernant, au commandant du groupement”. La deuxième mission était venue à Walata le 9 février 1988, elle était dirigée par le commandant Frank Guerlain intendant de la garde et concernait exclusivement l’alimentation des prisonniers et des gardes.
Le lendemain 10 septembre, je continue ma passation de service pour Amourj, Adelbegrou, Bassiknou et Fassala. Départ pour Amourj à 12h, arrivé à 14h. Vers 15h à Amourj, on me signale que mon frère et ami le lieutenant Bâ Abelghoudouss avait une forte fièvre, et que l’infirmier l’avait soumis à l`aspirine et la Tétracycline, j’ai alors demandé à l`infirmier de m’informer de l’évolution de sa maladie.
A 17h, arrivée à Adelbegrou, départ à 19h30 pour Bassiknou, à ce moment on me signale que Abdoulghoudouss va mieux et qu’il avait une toux banale. Arrivés à Bassiknou à 23h45, le lendemain dimanche 11 septembre vers 8h, l’infirmier m`annonce, entre Bassiknou et Vassala, qu`il l’a soumis au charbon, à l’aspirine et la Tétracycline mais la fièvre persiste avec un ballonnement abdominal périodique, selon lui. Je lui ai dit que si son état de santé nécessite une évacuation sanitaire sur Néma, il ne doit pas hésiter pas à m`en informer.
A 5h30 départ pour Vassala, arrivés à 12h, retour sur Bassiknou à 18h, pour y passer la nuit. Le lendemain, mardi 13 septembre à 10h, l` infirmier m’annonce qu’il l’a mis sous perfusion et qu’il y a une amélioration dans la santé du lieutenant, malgré des battements de cœur importants. Compte tenu de l`amélioration de la santé du lieutenant, et de la fin de la passation de service, et étant complètement épuisé, j’ai décidé de passer la journée à Bassiknou pour repartir en fin d`après midi à Néma.
A 17h, nous avons fait mouvement sur Néma, et à 17h45, l`infirmier m’annonce malheureusement la dégradation subite de la santé du lieutenant qui nécessite une évacuation sanitaire sur Néma. Le temps de prendre contact avec mon adjoint pour en informer le Wali, à 18h50, l’infirmier m’annonce la perte de connaissance du lieutenant avec des difficultés respiratoires, le temps d’en rendre compte à mes chefs hiérarchiques, l`infirmier me confirme malheureusement le décès du lieutenant Bâ Abdoulghoudouss à 19h d’un neuropaludisme.
(A suivre)
Décret portant convocation du collège électoral pour l’élection du Président de la République
La Présidence de la République a rendu public, mardi soir, le décret N. 2019/185 portant convocation du collège électoral pour l’élection du Président de la République dont voici le texte intégral :
“LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
-Vu la constitution du 20 juillet 1991, révisée en 2006, 2012 et 2017 ;
-Vu l’ordonnance N. 87.289 du 20 octobre 1987, abrogeant et remplaçant l’ordonnance N. 86.134 du 13 Août 1986, instituant les commune, modifiée ;
-Vu l’ordonnance N. 91.027 du 07 octobre 1991, portant loi organique relative à l’élection du Président de la République, modifiée ;
-Vu la loi N. 2008.026 du 6 mai 2008, abrogeant et remplaçant l’ordonnance N.2006.034 du 20 octobre 2006, instituant la haute autorité de la presse et de l’audiovisuel, modifiée ;
-Vu la loi organique N. 2012.027 du 12 avril 2012, modifiée, portant institution de la commission électorale nationale indépendante(CENI) ;
-Vu la loi organique N.2009.022 du 2 avril 2009, fixant les dispositions spéciales relatives au vote des b mauritaniens établis à l’étranger, modifiée ;
-Vu la loi organique N.2012.028 du 12 avril 2012, modifiant certaines dispositions de l’ordonnance N.91.027 du 7 octobre 1991, modifiée ; relative à l’élection du Président de la République ;
-Vu le décret N.2012.278 du 17 décembre 2012, fixant les modalités de la campagne électorale et des opérations de vote pour les élections présidentielles ;
-Vu le décret N.2012.275 du 6 décembre 2012, fixant les modalités de la campagne électorale et les modalités de vote pour les élections municipales ;
-Vu le décret N.2009.123 du 14 avril 2009 portant application de la loi organique N.2009.022 du 2 avril 2009, fixant les dispositions spéciales relatives au vote des mauritaniens établis à l’étranger ;
-Vu la délibération N.030 du 10 avril 2019, de la de la commission électorale nationale indépendante(CENI).
DECRETE
Article premier : le collège électoral est convoqué le samedi 22 juin 2019 et, en cas de second tour, le samedi 6 juillet 2019, en vue d’élire le Président de la République.
Les membres des forces armées et de sécurité, inscrits sur la liste électorale, votent le vendredi 21 juin 2019 et, en cas de second tour, le vendredi 5 juillet 2019.
Article 2 : Les déclarations de candidature à l’élection du Président de la République sont adressées au conseil constitutionnel à compter de la publication du présent décret et doivent lui parvenir au plus tard le mercredi 8 mai 2019 à minuit.
Le conseil constitutionnel statue sur la régularité de la candidature et en donne récépissé.
Le conseil constitutionnel établit la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle et la rend publique, le jeudi 9 mai 2019.
Le droit de réclamation contre l’établissement de la liste provisoire des candidats est ouvert à toute personne candidate.
Les réclamations doivent parvenir au conseil constitutionnel le vendredi 10 et le samedi 11 mai 2019. Il statue sur les réclamations dans les 48 heures qui suivent sa saisine.
Le conseil constitutionnel transfert la liste définitive des candidats au gouvernement qui en assure la publication, au plus tard le mercredi 22 mai 2019.
Article 3 : la campagne électorale sera ouverte le vendredi 7 juin 2019 à zéro heure et close le 20 juin 2019 à minuit.
Article 4: le scrutin sera ouvert à 7 heures et clos à 19 heures.
Article 5 : les opérations électorales relatives à l’élection présidentielle seront exécutées par la commission électorale nationale indépendante(CENI).
Article 6: le conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs du scrutin.
Article 7 : le présent décret sera publié suivant la procédure d’urgence et au journal officiel de la République Islamique de Mauritanie ».
AMI
Muritanie Min Njejitta/Justice & Responsabilité : Communiqué
Muritanie Min Njejitta – Muritanie Min Njejitta, une organisation engagée dans la lutte contre l’injustice et l’impunité en Mauritanie, a organisé sa réunion générale à New York le samedi 13 avril 2019.
Pour montrer la solidarité dans la lutte contre les violations des droits de l’homme, le programme a débuté par un moment de prière à la mémoire des innocentes victimes du nettoyage ethnique contre les Peuhl au Mali. C’est aussi l’occasion de dénoncer les crimes de déportations Ensuite Madame Aissata Niang, la Présidente a souhaité la bienvenue à l’audience, particulièrement à ceux venus de Cincinnati, Columbus, Philadelphie, Baltimore, Jacksonville.
Le public a spécialement remercié notre aîné Abdoulaye M. Sylla pour son long voyage de Floride à New York City. L’objectif de la réunion était de mener une réflexion sur les stratégies visant à renforcer la capacité de l’organisation. Au cours de ce processus, les participants ont examiné et mis à jour la mission, les objectifs et les activités de l’organisation.
L’organisation a adopté au cours de cette réunion de nombreuses décisions importantes, la principale étant la création d’un prix au nom de Mère Houleye Sall pour son courage et sa vision.
Le texte de la justification du prix se lit comme suit, “en guise de reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la lutte pour la justice et la responsabilité, à la motivation des défenseurs et à l’inspiration des générations montantes, Muritanie Min Njejitta a décidé d’honorer Mère Houleye Sall en créant un prix en son nom: “Mother Houleye Award of Justice & Accountability.” Malgré les multiples défis (la brutalité policière et la pression politique), elle a mené la lutte contre l’injustice et l’impunité en Mauritanie avec courage et détermination.
Grâce à sa sagesse, à son intégrité morale et à son leadership charismatique, l’Association des Veuves Mauritaniennes est devenue l’une des organisations de défense des droits de l’homme les plus efficaces en Mauritanie.
De plus, la réunion a été une occasion exceptionnelle pour les membres de renforcer leurs relations et de renouveler leur engagement envers l’organisation. C’était aussi une opportunité pour l’organisation de s’entendre et de raffermir ses rangs.
Pour rappel, Muritanie Min Njejitta est la voix collective des veuves et des orphelins qui demandent justice pour les assassinats extrajudiciaires de leurs proches par le gouvernement Mauritanien qui incontestablement constituent un génocide. Ils sont résolus à lutter contre l’impunité en tenant pour responsables les auteurs et complices de ces crimes odieux qui doivent répondre de leurs actes.
En outre, l’organisation est déterminée à faire tout son possible pour honorer la mémoire des victimes en tant que mécanisme de prévention. Elle poursuit sa mission par le biais d’actions légales et le plaidoyer.
Enfin, à l’occasion du trentième anniversaire des déportations des Mauritaniens au Sénégal et au Mali en Avril 1989, l’organisation a exprimé sa solidarité avec les victimes. Et l’organisation dénonce vigoureusement l’indifférence du gouvernement face à une tragédie qu’il a délibérément créé. Elle lance un vibrant appel à tous ceux qui sont épris de justice et qui œuvrent en faveur des droits de l’homme et de l’avènement d’un état de droit, à se joindre à elle.
New York City 13 Avril 2019