Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: May 2019

HOMMAGE ET TÉMOIGNAGE

Extrait du discours du president Samba thiam, à l ‘adresse du peuple mauritanien, lors du redeploiement des FLAM, oú il rendait hommage aux compatriotes arabo-berberes qui ont osé denoncer ouvertement le racisme d’ etat sans langue de bois et continuent de le faire.

Lisez l’ Extrait :… «. .. Il nous fallait , par ailleurs, nous tourner vers la diaspora pour la secouer de sa torpeur , renforcer la prise de conscience tant chez les victimes elles- mêmes, que chez nos compatriotes arabo- berbères honnêtes, qui avaient été désinformés, à dessein, par une propagande mensongère, éhontée . C’est le lieu de rendre, ici , un hommage mérité à ces compatriotes courageux qui , se détachant du lot, ne se sont pas dérobés au rôle, attendu , de l’intellectuel qui est , non pas de séduire , mais ‘’ de porter la plume dans la plaie’’, de refuser d’aller avec le courant… Ils sont nombreux, mais je n’en citerai que quelques- uns : Feu Mohamed ould Cheikh –paix à son âme-, Amar ould Bejar, Nasser ould Ethman ould Yessa , Isselmou ould Abel kader ,mint El Moctar , mint Derwich et bien sur et par-dessus tout , notre honorable et téméraire Mohamed Babah …» courageux qui , se détachant du lot, ne se sont pas dérobés au rôle, attendu , de l’intellectuel qui est , non pas de séduire , mais ‘’ de porter la plume dans la plaie’’, de refuser d’aller avec le courant… Ils sont nombreux, mais je n’en citerai que quelques- uns : Feu Mohamed ould Cheikh –paix à son âme-, Amar ould Bejar, Nasser ould Ethman ould Yessa , Isselmou ould Abel kader ,mint El Moctar , mint Derwich et bien sur et par-dessus tout , notre honorable et téméraire Mohamed Babah …»

Evenements du 29 Mai 1968 à Zouerate : Ce qui s’est réellement passé

CouvertureDans leur livre « La montagne de fer: la SNIM, Mauritanie : une entreprise minière saharienne à l’heure de la mondialisation… »,les anthropologues   Pierre Bonte et Abdel Wedoud Ould Cheikh écrivaient à propos de ce qui s’est réellement passé à zouerate ce mercredi  29 Mai 1968.« …….Les principales revendications du personnel Mauritanien de la Miferma  ont déjà été exposées : Des augmentations de salaires par le biais principalement de revendications catégorielles et la question des logements pour  les agents recrutés localement qui n’a pas été envisagée initialement et qui va contribuer à la constitution des bidonvilles. Si la première grève éclate à Nouadhibou dés la phase de construction, avec des objectifs assez confus mais qui portent sur une exigence d’emploi  en priorité pour les nationaux et se traduiront par le départ de centaines de Sénégalais ,c’est à  Zouerate que le mouvement social débute  initialement .La première grève éclate en janvier 1964 et met déjà  en avant la question des salaires et du  logement, d’autres  se succèdent chaque année ou presque : En septembre 1965, les mineurs  cessent le travail puis l’ensemble du personnel en juin 1967. Ces mouvements annoncent la grève de 1968 dont nous analyserons par la suite le déroulement.

……Un acteur Ouvrier

Je n’étais plus délégué  et pas encore syndicaliste. Il y’avait beaucoup d’accidents de travail. Il n’y’avait pas de convention mine. on fonctionnait sur la base de la convention des travaux publics. On voulait une nouvelle convention avec des primes prenant en compte le travail de la mine ( santé) ..Logements. un texte en dix points a été élaboré  dont le premier était l’établissement d’une convention spécifique. Ces points ont été définis lors de la grève qui a déjà  démarré. Les expatriés voulaient travailler et ne la soutenaient pas. Laurent le chef du personnel était particulièrement hostile  et méprisant à l’égard de nos revendications.les choses ont pris de l’ampleur jusqu’ a l’arrivée des militaires qui ont fini par tirer. Moi  même je n’ai pas participé à la grève pour des raisons de sécurité (alimentation en eau et électricité), à la demande du syndicat, mais j’ai été dénoncé « pro-marocain » et emprisonné trois mois à Nouadhibou. J’ai été libéré mais je ne voulais pas quitter la prison. Le wali m’a convoqué et m’a demandé pourquoi je restais  là.je lui ai dis que je ne savais pas pourquoi j’étais  là. Pour fait de grève m’a-t-il répondu. Mais je n’ai pas fait de grève. Les 18 personnes emprisonnées doivent être libérées et réglées par la Miferma. J’ai obtenu gain de cause et on a fait un papier à Miferma. Les 18 ont été réintégrés. L’UTM a joué un rôle ambigu : favorable au début puis dénonçant les mineurs  irresponsables ».

Un témoin ouvrier.

«  J’étais à Atar et j’ai trouvé les gens en greve quand je suis rentré. Ceux qui voulaient travailler ne pouvaient pas le faire. Je suis resté chez moi et j’allais parfois discuter vers le goudron Au bout de deux ou trois jours tout le monde était mécontent. Certains ont commencé à fermer les boutiques ce qui n’est pas le rôle d’une  grève. L’Etat a envoyé des militaires et des gendarmes pour rétablir l’ordre. Le colonel a demandé aux gens de rester chez eux jusqu’à onze heures du matin .Ils ont obéi. Vers seize heures je revenais de la mosquée et j’allais vers une maison proche du four ( boulangerie ) que les gendarmes voulaient remettre en route. Je suis donc retourné vers la mosquée et j’ai entendu  des tirs de grenades lacrymogènes. Au même moment les femmes  sont allées  chercher les enfants à l’école et les hommes sont venus les rejoindre pour les protéger. Ils se sont trouvés face aux  militaires qui ont tiré. Il y’a eu des morts puis le couvre feu.  La grève s’est terminée  après un ou deux jours. Les autorités ont réuni tout le monde et ont fait un «  tri »,arrêtant  les « meneurs » qu’ils ont enfermés dans un logement cadre vide. Elles ont envoyées 40 ou 50 personnes  à Nouadhibou pour les juger. Beaucoup de gens ont été licenciés.

Un acteur officiel

En 1968, j’exerçais des fonctions à Zouerate . l’histoire est partie d’ un forgeron R’Gueiby, delegué du personnel , qui voulait remplacer un cadre expatrié parti en congé. Il était agent de maitrise mais voulait assumer l’intérim cadre . Il a chauffé les gens autour de lui..Et certaines autorités en contact avec les R’Guibatt qu’il avait contacté pour qu’elles le soutiennent nous ont alertés. Ahmed Ould Bah a été nommé délégué du gouvernement  pour  la baie du lévrier et du Tiris Zemmour. La grève a éclaté et Grosjean (Responsable de la sécurité de Miferma ) est venu m’alerter. On a réquisitionné le peloton de gendarmerie de F’Dérick et comme cela ne suffisait pas on a demandé des renforts de Nouakchott. Ils ont envoyé Viya Ould Mayouv. Les troupes ont ét déployées entre le quartier Français et la pagaie pour éviter une intervention des troupes Françaises. J’ai rencontré le Directeur de Miferma à Zouerate qui acceptait le départ du conseiller juridique de l’entreprise qui s’en tenait  à une application trop rigide de la convention. Le Directeur délégué Richardson était d’accord. L’inspection du travail avait accepté les revendications et tout semblait réglé. Un accord a été lu devant une partie de la population sur la ligne de démarcation (entre cité et bidonville). Certains sont partis , les autres n’avaient pas entendu et nous nous proposions de nous adresser à eux.

Viya voulait une réquisition spéciale pour intervenir. On a demandé au délégué du gouvernement de venir. Il est arrivé et a réclamé la fermeté. Les gens se rassemblaient à nouveau. Nous avons repris alors les méthodes du «  tribalisme » et demandé aux représentants des grandes tribus d’intervenir. Ils l’ont fait avec un certain succès. Pendant ce temps les gardes essayaient de repousser la population. Ils ont tiré  en l’air, les gens ont répliqué avec des pierres. Les militaires ont commencé à reculer. Quand ils sont arrivés au niveau des autorités, le Délégué a donné l’ordre de tirer.On a mis en barrière un FM avec 25 cartouches. Il y’a eu 8 morts et 23 blessés. Les choses se sont calmées tout de suite. Les gens savaient qu’ils étaient en tort car il y’avait eu beaucoup de destruction avant. Les accords ont été appliqués.

Le Directeur de Miferma Jean Audibert

A l’origine, il y’’eu 8 jours plus tot,  le report unilatéral et sans explication de la réunion hebdomadaire avec les délégués par un membre du service du personnel. Cette réunion ,me dit-on  a été  prise en raison d’un travail urgent  concernant l’informatique…Peut aprés une menace de sanction est transmise à un délégué par le service du personnel ; Puis vient un meeting où les onze délégués se font réprimander et démissionnent…Tout cela me parait classique encore que je note ,dans mon enquête, l’empressement du petit encadrement européen  à designer comme bouc émissaire le service du personnel et sa volonté systématique de bloquer les informations, qu’elles viennent d’en haut ou d’en bas. C’est vraisemblement  le délégué mécontent  qui, lundi a déclenché la greve des chauffeurs chargés de conduire le personnel au travail, sans doute dans l’idée de paralyser toute activité. Mais pourquoi, le mercredi, le bidonville qui côtoie la cité s’est-il mis en mouvement ? On n’avait jamais vu cela. Dans ce bidonville vivent maintenant 7.000 personnes venues de partout, la plupart oisives. Malgré nos demandes, l’administration  ne s’y est pas implantée  et a laissé la situation se dégrader ? Mercredi, les femmes sont sorties de leur ghetto et en rangs serrés, ont proféré des menaces à l’encontre des agents Européens. Ceux-ci s’étaient enfermés dans leurs maisons. Ils ont eu très peur. Jeudi, après sommation, la troupe tirait dans la foule. Résultat : huit  tués -dont six travaillaient pour la  Miferma-  et vingt deux  blessés qui sont soignés dans notre clinique. Vendredi un vote était organisé et samedi le travail reprenait ».

Extrait du livre : La montagne de fer: la SNIM, Mauritanie : une entreprise minière saharienne à l’heure de la mondialisation… par   Pierre Bonte,et Abdel Wedoud Ould Cheikh …KARTHALA Editions .page 144 à 151

Ely Salem Khayar

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Chbih Cheikh Mélaïnine et le Front Populaire rejoignent Kane Hamidou Baba et le CVE

Chbih Cheikh Mélaïnine et le Front Populaire rejoignent Kane Hamidou Baba et le CVEL’Authentique – L’ancien président du Front Populaire, Chbih Cheikh Mélaïnine, devenu membre symbole de cette formation politique qu’il a fondé et qui a marqué la vie politique dans les années 90, a rejoint, avec toute la direction du parti, le candidat de la Coalition du Vivre Ensemble (CVE), Dr.Kane Hamidou Baba.

C’était au cours d’un meeting populaire organisé par la section de Tevragh-Zeina, mardi 28 mai 2019 à « La Case » à Nouakchott.

« Vous avez devant vous le petit-fils de Cheikh Mélaïnine et de Souleymane Bal, un homme de principe qui a toujours honoré son double héritage et dont l’aura dépasse le Front Populaire et les frontières de la Mauritanie » a déclaré Dr.Kane Hamidou Baba, soulevant un tollé d’applaudissement qui doublera d’intensité lorsqu’il annonça, « ce soir, le Front Populaire a décidé de rejoindre la CVE.

Il s’agit d’un choix réfléchi et personnel pris par Chbih Ould Cheikh Mélaïnine et le Front Populaire, sans aucune démarche de la part de la Coalition », a-t-il ajouté, dans une ferveur qui emporta celle des nombreux militants et sympathisants du candidat qui avaient empli l’enceinte de « La Case ».

Prenant la parole pour s’adresser à l’assistance, Chbih dans une déclaration interrompue par la forte émotion qui l’avait envahi, devait regretter le fait que « nous avons tous été absents de la Mauritanie » avant de lancer, « ce soir, je vois la Mauritanie ».

Auparavant, c’est Samba Thiam, président des FPC, qui avait fait un hommage appuyé à Chbih Cheikh Mélaïne qu’il avait rencontré en France dans les années 90. « Vous avez en la personne de Chbih Cheikh Mélaïnie, un homme de principe, qui m’avait dit lors de cette rencontre, comme vous avez eu le culot d’aller en prison pour avoir plaidé pour l’unité des Mauritaniens, j’aurais moi aussi le culot d’aller en prison » a-t-il cité.

Et de poursuivre, « de retour en Mauritanie, Chbih a réuni la classe politique autour de la plateforme des FLAM, ce qui lui vaudra la foudre de Ould Taya, comme Sidi Ould Cheikh Abdallahi dont la démarche dans cette même cause d’unité des Mauritaniens, lui vaudra d’être destitué ».

La direction de campagne du candidat Kane Hamidou Baba au grand complet était présente lors de cette soirée, en l’occurrence son directeur de campagne national, Thierno Barro, le Coordinateur de la section de Tevragh-Zeina, Sadio Tandia, le directeur de la campagne pour la zone Nouakchott-Est, Mamadou Tall, la responsable des femmes, Sawadatou Wane, ancienne député.

Les responsables des partis de la coalition étaient également présents, à l’image de Samba Thiam, Diop Amadou Tijane du FRUD, Bâ Mamadou Bocar, vice-président de AJD/MR, Bâ Hamady Soma dit Balas Arc-en-ciel, ainsi que d’autres acteurs de la société civile.

Les discours se sont voulu tous rassembleurs pour une Mauritanie égalitaire en droit et en dignité.

Cheikh Aïdara

 

Les scénarios du 23 juin 2019/Par Mohamed Yehdhih O. Breideleil

altA quoi pouvons-nous nous attendre le 23 juin, à l’issue du scrutin projeté le 22 juin 2019 ?

Deux choses, contradictoires, au choix, dont les prémisses, les embryons coexistent et sont prêts à fleurir : des fleurs de bonheur et des gerbes de feu.

Si le peuple et son élite politique et intellectuelle cessent d’être des observateurs, cessent de démissionner, de croire aux chimères et notamment qu’un officier à la retraite sans pouvoir et, peut-être, sans volonté accomplira pour eux ce qu’ils ont abdiqué eux-mêmes et, au contraire, s’avisent des dangers et des incertitudes dont la situation est grosse et opèrent un sursaut de prise de conscience et de devoir, pendant qu’il est encore temps, alors la machine de la fraude reculera nécessairement.

D’autres, trop optimistes, ajoutent que le premier responsable du Régime n’a pas encore perdu totalement le sens des réalités et qu’il pourrait, en définitive, au lieu de propulser le pays, en guise d’aurevoir, dans un enfer, se soumettre à la loi juste et honorable de la démocratie. Il n’y a pas le moindre indice pour étayer cette assertion gratuite.

Même sans retournement __ il faut bien le dire imprévisible __ du Régime et de sa volonté de s’imposer contre toute raison, Sidi Mohamed Ould Boubacar sera élu. Ce serait une alternance pacifique véritable que nous n’avons pas connue depuis que l’Etat mauritanien existe. Tous les espoirs seront permis. Nous entrerons dans une ère d’apaisement. Le pays pourra se livrer, dans la sérénité, à un examen de conscience sans précédent et s’ouvrira de nouvelles issues, de nouvelles perspectives avec un homme auquel on ne connaît pas un seul ennemi et qui n’a jamais été porté, sa vie durant, à l’excès, à l’outrance, à l’entêtement ou à l’aveuglement.

Si, en revanche, il n’y a aucune pitié, de quelque part que ce fût, pour ce peuple à la fois économiquement pauvre et moralement désaxé, dans tous les cas incapable de supporter de nouvelles épreuves, nous nous retrouverons le 23 juin face aux résultats de la fraude et de l’injustice organisées par un appareil de tout temps soumis à tous ses niveaux au dernier régime en place. Que les responsables pourront être poursuivis dans l’avenir est une mince consolation. Le mal, peut-être irréparable, sera déjà fait.

Qu’aurons-nous concrètement ? Un scrutin qui n’aura servi à rien, même pas l’effet classique de tempérer la sévérité d’une crise politique et économique que personne, pourtant, ne conteste.

La crise ancienne sera simplement capitalisée, intégrée dans la nouvelle, qui s’amplifiera, se démultipliera d’évidence, prendra inévitablement de nouvelles  formes, de nouvelles dérives, devant lesquelles, cette fois-ci, nous serons tous démunis.

On proclamera toujours l’élection d’un tel à la Présidence de la République. Mais qui y croira ? Pas le prétendu élu lui-même. Que peut-il dire ? Que peut-il faire ? Rien. Il sait qu’il n’a aucune légitimité, qu’il n’est pas un vrai président.

Si, par-dessus le marché, ce n’est pas lui qui mène la barque, ce monstre enfanté par la fraude, que sera, en attendant l’Etat, que sera le pays ? Il est impossible de prophétiser au-delà.

Il n’est pas nécessaire d’avoir les confidences des forces occultes pour savoir que ça sera le règne de la confusion et des tiraillements, en somme le coup d’envoi des luttes internes violentes dans ce vaste champ non borné mais truffé de chicanes qu’on a l’habitude de désigner d’un vocable terrifiant : l’instabilité.

M. Y. B. 

Nouakchott, le 30 mai 2019

le calame

Présidentielle 2019 : Les candidats de l’opposition, tout droit à la Bérézina ?

altL’issue de la prochaine présidentielle est diversement prévue, selon qu’on est du côté du pouvoir ou de l’opposition. Les candidats de celle-ci croient, dur comme fer, que le scrutin du 22 Juin est très ouvert, qu’on pourrait même assister, comme en 2007, à un deuxième tour, se fondant sur le rejet du pouvoir par la majorité des Mauritaniens. Pour eux, le règne d’Ould Abdel Aziz a fini par les rebuter, tant les pratiques de corruption, népotisme et clientélisme ont attisé la déliquescence de l’administration et les tensions communautaires. Et la très forte implication du président de la République pourrait polluer, disent-ils, la campagne d’Ould Ghazwani le candidat de la majorité, accusé, de son côté, de jouer au Medvedev,  un jeu tout aussi déroutant  pour l’opinion que pour ses soutiens. Il s’accommode, à ce jour encore, avec le  diktat de son ami, Ould Abdel Aziz…mais jusqu’à quand ? Ils  ajoutent également  que certains candidats, notamment Ould Boubacar, pourraient surprendre. L’homme de Cheggar ne cesse d’engranger d’importants soutiens. Tandis que le camp du pouvoir n’est pas homogène : l’UPR  n’est plus que l’ombre d’elle-même, les gesticulations du troisième mandat ont laissé de sérieuses traces dans ses rangs.

Pour le camp du pouvoir, la victoire d’Ould Ghazwani ne souffre, évidemment, l’ombre d’aucun doute. Le candidat a été imposé par un président  de la République encore en exercice, un homme qui détient, encore et toujours, tous  les leviers du pouvoir et… les clefs des coffres. Il a même annoncé la couleur, en déclarant haut et fort s’engager dans la campagne, pour éviter une  défaite à son candidat ; en plaçant, à des postes stratégiques, ses hommes dans le staff de campagne : le ministre du Pétrole, Mohamed Ould Abdel Vettah, et le ministre des Finances, Ould Djay ; et en appelant, enfin, tous ses interlocuteurs  à voter pour son dauphin. Il a même entamé des visites de proximité à l’intérieur du pays. Autant d’occasions pour inviter les citoyens à voter pour celui qui perpétuera son règne. Des atouts de loin incomparables à ceux des candidats de l’opposition.

Les Mauritaniens sont connus pour leur versatilité, leur appétit pour l’argent et les promotions de complaisance ; rares sont ceux qui supportent la traversée du désert. La politique est, pour eux, le plus facile des gagne-pain, la voie la plus rapide pour s’enrichir, certes pas la passion du service et du bien commun. Pour preuve, la prolifération des initiatives de soutien au candidat Ghazwani depuis que celui-ci décidé de briguer la magistrature suprême. Des initiatives très intéressées. Et l’on prie pour ce cadre, Habib Hemet, lourdement chargé de coordonner  tout ce beau monde, au sein du staff de campagne de Ghazwani. Voyez nos « ONG-cartables » qui écument la capitale, photos du candidat en proue et jusqu’en leur siège, quand elles en ont un. Tous courent à la mangeoire.

Ces optimistes pourraient-ils compter sur la CENI ? Très décriée par les candidats de l’opposition qui la croient incapable de tenir un rôle d’arbitre impartial, majoritairement composée qu’elle est de partis favorables au pouvoir, elle s’en défend, par son président : tout en reconnaissant  le défi à relever, il invite les acteurs  politiques à lui apporter  leur soutien et  à ne la juger qu’à la tâche. On veut bien le croire… en attendant les résultats du vote. Mais, face à ces énormes atouts, variablement pesants, certes, mais on ne peut plus réels, l’opposition pourra-t-elle s’éviter la Bérézina ?

DL

le calame