Daily Archives: 02/03/2017
M. Samba Thiam, président des FPC : ‘’Le gouvernement trahira de nouveau s’il choisit la voie parlementaire’’
Le Calame : Le gouvernent est décidé a faire adopter les amendements constitutionnels par le Congrès parlementaire. Qu’en pense les FPC ?
-Samba Thiam : Il est bon de rappeler que sur cette question le groupe de l’opposition dialoguiste était divisé ; la tendance majoritaire avait choisi la voie référendaire pour la consultation. Les FPC appartenaient à ce camp du référendum. Elles s’en tiennent encore à cette position, car la consultation par cette voie serait, nous semble-t-il, plus juste, plus crédible, et plus conforme au souhait des participants au dialogue.
– La question de cohabitation ne fait pas partie des recommandations choisies pour la constitution. Qu’en est –il ? Vous vous êtes donc battus pour rien ?
-Disons plutôt, pour être plus juste, un élément de la question de la cohabitation … Il s’agissait en l’occurrence de la question de l’officialisation des langues nationales. Oui, le gouvernement a délibérément choisi d’éliminer ce point des conclusions du dialogue national qui, pourtant, a fait objet d’un large consensus. Il faut le déplorer.
Que peut-on en penser?
Dire, non pas que nous avons perdu notre temps, comme vous semblez le poser, mais plutôt que le gouvernement a dévoyé les résolutions finales retenues et trahirait, pour la seconde fois, s’il choisissait la voie parlementaire. Mais, encore une fois, notre présence au dialogue n’a pas été inutile à bien des égards, loin s’en faut ! Notre but était davantage d’interpeller les congressistes, forcer un débat sur les questions vitales, souvent éludées, sans nous faire trop d’illusions sur ce qui en sortirait… Sur ce plan là nous pensons que notre objectif a été atteint.
-Où en êtes vous avec votre plainte contre le ministère de l’intérieur ?
– Le dossier reste toujours pendant. Les contacts entre la cour suprême et nous se poursuivent. L’affaire progresse, pas aussi vite que nous aurions souhaité, il est vrai, mais elle progresse. Nous sommes persuadés que si le droit était dit, le ministère de l’intérieur perdrait la partie, car il a tort sur toute la ligne. Il resterait alors l’application d’une décision de justice… Ce serait, à nouveau, un autre bras de fer à engager, puisque nous avons affaire à des ’’ chefs’’ qui se considèrent comme étant le droit et la loi même ! Avec une telle mentalité mise en pratique, l’érection d’un Etat de droit n’est pas pour demain ! Nous nous forçons, malgré tout, à l’optimisme …
– Que pensez-vous de nos rapports avec nos voisins ?
– Que ressentez –vous, vouliez-vous dire? J’en suis affligé, comme bon nombre de mauritaniens équilibrés …
Que faut-il en penser ? Ceci : Ceux-là qui nous gouvernent offrent, par leur diplomatie godiche, pleine de maladresses, une piètre image du pays ! Une diplomatie ambivalente pour ne pas dire incohérente, sûrement suffisante et pleine de maladresses, qui se veut participative aux missions de maintien de la paix (Centrafrique, Côte d’Ivoire) mais entretient un climat de suspicion et de tension avec ses voisins immédiats ! Avec le Mali, il y a un déficit de confiance –à juste raison ; déficit de confiance également avec le Maroc, tension larvée permanente avec le Sénégal, sciemment entretenue, problème de leadership avec l’Algérie dans une relation du ‘’ je t’aime moi non plus’’…
De cette diplomatie tâtonnante , suffisante et parfois provocatrice, doublée d’une politique intérieure ouvertement ethniciste et clanique , l’image du pays ne peut en sortir que lacérée et ternie, forcément !
Propos recueillis par DL
le calame
Message aux parlementaires européens…
Si j’avais à parler aux parlementaires européens en visite chez nous voilà ce que je leur dirais :
‘’ La Mauritanie fait face à plusieurs défis . Le défi de la pauvreté , celui de la bonne gouvernance , de la montée de l’islamisme radical-extrémisme réligieux-, de la sécurité .Mais le plus crucial et le plus explosif défi entre tous demeure celui de l’Unité nationale -ou de la cohabitation- résultat de l’exacerbation de la discrimination qui frappe les populations non arabes , doublée de la question haratine ( l’esclavage) ‘’ .
Derrière le calme apparent des populations noires victimes de toute sorte de discriminations, couve une explosion ; il suffit d’une étincelle ! comme pour le mal,’’ dans une période d’incubation avant l’éclatement de la fièvre’’ . Ces populations supportent de plus en plus mal l’exclusion systématique qu’elles vivent au quotidien dans tous les secteurs de la vie publique . Une Armée nationale mono-ethnique, une Police nationale mono-ethnique pour sécuriser l’ordre inique existant . Des grandes Ecoles spéciales telle l’école de médicine , l’école polytechnique , l’école des mines , l’école de la magistrature et de la haute Administration , l’école des officiers, l’école aéro-navale, le Prytanée militaire, quasiment mono-ethniques . Exclues de l’Administration , des médias , de la justice , totalement effacées du secteur économique, voilà que ces populations voient leurs terres de culture actuellement menacées. Un enrôlement biométrique vexatoire , conçu pour les déposséder de leur nationalité, fait beaucoup de victimes , dont maintenant des élèves et étudiants négro-africains contraints par l’Administration scolaire d’abandonner l’école , empêchés de passer examens et concours parce qu’ils n’ont pu se faire enrôler ; des mères , fraîchement accouchées, sont tenues de faire le rang sous le soleil pour enrôler le nouveau-né dans les bras !
Enrôlement exécuté par des commissions, techniques et de supervision, mono-ethniques chargées de recenser une population pluriethnique !!! Présentement plus des 8o centres d’enrôlement dans la vallée du fleuve sont fermés sous de faux prétextes et ceux qui restent ouverts rivalisent d’ardeur en tracasseries …
Les populations qui avaient été déportées au Sénégal en 1989 (120.000 dont 12.000 encore au Mali ) ont été, en partie, rapatriées mais sans pouvoir recouvrer leur nationalité, ni retrouver leurs terres de culture ou leurs villages d’origine, pour la majorité . S’y ajoute un passif humanitaire que le gouvernement refuse de solder correctement, que résument et la question des refugiés rentrés et celle des purges ethniques opérées au sein des forces armées et de sécurité, à travers des centaines d’exécutions extra-judiciaires dont le point culminant fut la pendaison de 28 soldats et officiers négro-africains un 28 novembre 1990 , en guise de célébration de notre accès à la souveraineté interne en 1960 . Aussi nos gouvernants et certains de nos compatriotes veulent que nous célébrions ensemble dans la joie cette date devenue pour nous autres une date-symbole du jour de deuil…
Le colonialisme Français , pour constituer la Mauritanie , a assemblé deux aires culturelles distinctes , deux peuples aux traditions et habitudes mentales différentes , deux entités politiques historiques avec chacune son organisation politique et sociale propre . Mais les régimes arabo-berbères , presque sans exception, et celui du Président ould Abdel Aziz en particulier , semblent oublier ou veulent méconnaître cette réalité historique en s’évertuant à gommer l’autre personnalité du pays pour en faire , à marche forcée , un pays exclusivement ‘’arabe’’…au mépris de l’identité factuelle de sa diversité . Cette situation, grave, interpelle la classe politique et intellectuelle arabo-berbère , l’élite en somme- qui doit sentir, si elle est capable de prendre le pouls du pays , cette tension maximale perceptible actuelle. Voilà pourquoi , en son sein, un débat interne sur la question du vivre-ensemble s’impose. Oui ou non voulons-nous vivre ensemble, partager un même devenir dans l’égale dignité ? Cette question lancinante doit être tranchée ! Ce débat interne constitue l’urgence du moment.
A suivre…
Samba Thiam
President des FPC
Révision constitutionnelle parlementaire : dubitatif, le Président opte pour le référendum !
Le président mauritanien a pris du recul dans sa manœuvre politique visant à adopter le projet de révision de la Constitution à travers le parlement dont les deux chambres, n’ont pas affiché à l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale et du sénat, le même enthousiasme pour ces amendements.
En effet, si le président de la chambre basse a qualifié la révision d’utile pour le pays, tel n’a pas été le cas du sénat, réputé par sa fronde dynamique contre ces amendements qui visent entre autres sa dissolution.
Avec des chances faibles de gagner le ticket d’adoption parlementaire, le Chef de l’Etat mauritanien, dubitatif, aurait finalement décidé de recourir à la consultation référendaire, dont il motivait auparavant, la mise à l’écart, en raison de son coût exorbitant pour un pays en crise politique et économique.
Ces montants seront affectés aux secteurs de l’Education et de la Santé qui en ont fort besoin, pense le Président mauritanien.
C’est donc un recul par rapport à l’option privilégiée récemment par Ould Abdel Aziz, relative à la discussion des amendements au Parlement, réuni en congrès plutôt que par référendum par souci d’économie.
Une volteface qui intervient quelques jours, après un diner offert par le Chef de l’Etat aux députés et sénateurs de la majorité présidentielle, au cours duquel, le Chef de l’Etat mauritanien aurait confié à ses hôtes, la révision de la Constitution par voie d’un congrès parlementaire.
Le diner portait par ailleurs sur l’explication des parlementaires au peuple l’intérêt des amendements proposés mais surtout dénoncés depuis plusieurs mois par une quinzaine de partis de l’opposition radicale formant le Forum national pour l’unité et la démocratie (FNDU).
Ayant entamé depuis mercredi passé, une session extraordinaire consacrée essentiellement à l’examen de modifications de la Constitution en vigueur depuis 1991, le Parlement mauritanien n’affiche pas une concordance de vue sur cette révision, qui semble de plus en plus utopique pour l’homme fort du pays.
En effet, pour que le texte passe, il devra être adopté par les trois cinquièmes des 106 parlementaires au sein desquels le régime du président Ould Abdel Aziz dispose d’une majorité confortable. Mais avec des sénateurs frondeurs, ce défi reste difficile à relever. C’est donc un retour à la case de départ.
Rappelons que la conférence des présidents issue de l’assemblée nationale avait examiné jeudi dernier les amendements proposés et transmis les textes à la commission technique concernée, avant leur soumission à la plénière de la chambre.
Dans un entretien accordé à France 24, le président Mohamed O. Abdel Aziz a dit que le parlement examinera les modifications constitutionnelles proposées et décidera ensuite s’il faut les soumettre à un referendum populaire ou à un congrès parlementaire.
http://eveilhebdo.info/Revision-constitutionnelle