Daily Archives: 31/12/2015
Lettre au Président de la république Relative aux obstructions au libre exercice
Monsieur le Président, j’ai l’honneur de venir encore une fois vous saisir par la présente lettre au sujet d’une situation que le monde du travail connait depuis quelque temps, je vous avais saisi par mes précédentes lettres au sujet de la situation socioéconomique où le chômage est à son paroxysme, le niveau de vie est de plus bas de la sous région, le pouvoir d’achat en dépréciation continue, les salaires en stagnation, la précarité et la pauvreté battent leurs pleins, les cris d’alarme s’élèvent de partout.
Aujourd’hui, je viens vous saisir d’autres aspects non moins importants.
Il s’agit notamment des obstructions au libre exercice du travail syndical et les immixtions graves dans les affaires syndicales.
Monsieur le Président,
Cette situation qui jour après jour prend de nouvelles tournures devient plus inquiétante, parce que plus restrictive aux libertés syndicales et pousse les professionnels du domaine à lancer le cri d’alarme ou même se rétracter et quitter le domaine sous la pression de harcèlements et contraintes. Cela du fait d’un ensemble de faits néfastes, de pratiques nuisibles ainsi que des politiques qui constituent des entraves majeurs au libre exercice du droit syndical dans notre pays.
Ces entraves sont de plusieurs ordres, pour illustration je me limiterai aux exemples suivants :
1)- La suspension, depuis une année de la loi relative aux élections des délégués du personnel des travailleurs ; privant ainsi ces derniers du cadre juridique et l’instrument approprié dont ils disposent dans le cadre de la loi pour défendre leurs intérêts matériels et moraux à travers le dialogue avec leurs partenaires.
Cette transgression flagrante de la loi, occasionnée par la suspension d’une loi par une lettre d’un directeur, constitue une violation grave des conventions et lois en vigueur dans notre pays et un enfreint au droit du libre exercice du droit syndical ;
2)-Restriction aux droits de grève des fonctionnaires de la fonction publique et le gèle des commissions paritaires, cadre approprié pour discuter des questions relatives aux intérêts des corps professionnels, de même pour le conseil national du travail qui ne remplit plus sa mission dans la régulation ;
3)-Gèle de l’ensemble des structures paritaires techniques notamment commission d’hygiène et de sécurité au travail …
Les immixtions graves aux affaires syndicales
Monsieur le Président,
Les pratiques d’immixtion aux affaires syndicales deviennent nombreuses et de plus en plus flagrante en violations de toutes les dispositions des conventions internationales que la Mauritanie a librement ratifié. Ces obstructions et immixtions nous inquiètent aussi sur l’avenir du mouvement syndical mauritanien jusqu’à récemment crédible et respectable au plan national et international que ça soit organisations syndicales des travailleurs que les organisations syndicales patronales qui remplissent régulièrement leurs nobles missions dans le respect des lois.
Monsieur le Président,
Quand le pouvoir intervient et impose des groupes non structurés syndicalement, comme seul interlocuteur, au détriment des organisations syndicales régulièrement constituées ,cas des dockers – quand Monsieur le Président, le pouvoir intervient pour user de l’influence en vue d’embrigader pour fin d’instrumentalisation, des syndicats pour les inféoder au parti au pouvoir – quand le pouvoir continu à encourager le départ des cadres ou dirigeants syndicaux de leurs centrales pour créer des organisations fictives en vue de fragiliser ces organisations autonomes et indépendantes. Cela constitue à la fois un manquement très grave aux lois et conventions d’une part et d’autre part une immixtion sévère dans les affaires syndicales.
Monsieur le Président,
Cette situation d’immixtion se poursuit et prend des dimensions graves quand notamment le pouvoir impose arbitrairement les généraux et hauts cadres militaires retraités à la direction des fédérations syndicales patronales ça devient une transgression des lois en vigueur et des conventions internationales aussi grave que dangereux car cela présente une confiscation des libertés syndicales et le droit de s’organiser librement conformément aux dispositions pertinentes des conventions 87 et 98 du BIT.
Il s’agit là du cas flagrant de la Fédération Mauritanienne d’Agriculture à laquelle on tient à y imposer un général retraité contre la volonté de ses membres et en leur détriment, ce( droit) d’immixtion ,que s’adjuge le pouvoir nous ramène au temps du monolithisme et de la dictature et constitue une violation grave des conventions internationales, de l’OIT N° 87 et 98 ratifiées pourtant par la Mauritanie qui stipulent entre autre : C .87 article 2 « Les travailleurs et les employeurs sans distinction d’aucune sorte ont le droit, sans autorisation préalable, de constituer des organisations de leur choix … » – C. 98 dispositions de l’article2 en son premier alinéa « Les organisations des travailleurs et d’employeurs doivent bénéficier d’une protection adéquate contre tous actes d’ingérence des unes à l’égard des autres, soit directement, soit par leurs agents ou membres, dans leur formation, leur fonctionnement et leur administration» ; alinéa 2 dispose : « Sont notamment assimilés à des actes d’ingérence au sens du présent article des mesures tendant à provoquer la création d’organisations des travailleurs dominées par un employeur ou une organisation d’employeur, ou à soutenir des organisations de travailleurs par des moyens financiers ou autrement, dans le dessein de placer ces organisations sous le contrôle d’un employeur ou d’une organisation d’employeurs ». Cela est également en violation de la loi N°2004/017 DU 6 juillet 2004 portant code du travail national.
Ceci étant, Monsieur le président,
Je vous prie de bien vouloir revoir toute cette politique qui entrave le libre exercice du droit syndical et saborde les libertés syndicales en garantissant le respect des lois et conventions dans leurs applications et dans leurs esprits.
Monsieur le Président,
Tout en espérant votre bonne compréhension, veuillez agréer, l’expression de mes salutations distinguées.
Ampliations :
-BIT
-CSI-INTERNATIONALE
SAMORY OULD BEYE
Le secrétaire général
le calame
L’ambassadeur français indigné de la comparaison de Ould Hademine de l’esclavage en Mauritanie à celui pratiqué en France
L’ambassadeur français àNouakchott Joël Meyerest profondément indigné des propos tenus par le chef du gouvernementYahya Ould Hademine,relatifs à la vision de ce dernier de l’état des lieux de l’esclavage enMauritanie.
Des déclarations, dans lesquelles, le Premier ministre qui nie l’existence des pratiques traditionnelles de l’esclavage dans le pays, circonscrit ces supposées séquelles à leurs apparitions modernes, qu’on peut constater dans tous les Etats du monde dont la France dit le haut responsable.
Le Chef du gouvernement Ould Hademine a tenu ces propos au cours d’une audience qu’il a accordée au diplomate français à la Primature à Nouakchott, au cours de laquelle, l’ambassadeur a réaffirmé les critiques de son pays du blocage des lois relatives à la pénalisation des crimes esclavagistes en Mauritanie, non encore appliquées selon Joël Meyer.
L’ambassadeur français outré par cette comparaison faite par le Premier ministre, a exprimé son indignation à plusieurs personnalités politiques mauritaniennes qu’il a rencontrées, dont le leader de l’APP Messaoud Ould Boulkheir.
Traduit de l’Alakhbar par Cridem
A qui profite l’éclatement du FNDU ?
Mohamed Feily SambaVall ( photo Cridem)
Le dialogue politique, amorcé il y a quelques semaines entre le gouvernement et le FNDU, est actuellement interrompu. C’est le président de Tawassoul, Jemil Ould Mansour, qui l’a précisé, hier, sur une chaine de télévision privée. Les raisons ? Le sempiternel prétexte que le pouvoir n’a pas donné de « garanties » pour l’ouverture du dialogue. Mais, quelles garanties pourraient donc offrir, le Président Ould Abdel Aziz ; sinon celles que toutes les questions soumises à ce processus de larges concertations seront étudiées et discutées par les parties.
Pourquoi, le FNDU ne vient pas poser sur la table tous ses « préalables » et libre à lui de dire après qu’elles n’ont été satisfaites.
C’est comme si vous allez au marché et exiger du commerçant, qu’avant d’entamer le marchandage, il doit vous donner (et par écrit) la garantie qu’il va vous vendre un tel article à un tel prix.
C’est dire que les raisons du blocage du FNDU se situent ailleurs. Surtout au niveau de certains de ses dirigeants qui vivent une retraite dorée pour avoir amassé des fortunes colossales, fruit de longues années de gabegie et de privilèges immérités. Leur unique objectif, peut-être, serait de caser leur progéniture à des postes « juteux » de l’Etat pour perpétuer leur action destructrice de l’économie du pays. Tellement, ils se moquent du citoyen mauritanien quand il les voit donner des leçons de bonne gouvernance, au moment il les contemple dans leurs villas cossues de Tevragh Zeina ou les croise, dans la rue, au volant de leurs rutilantes cylindrées V8. Croire un seul instant que le règne du pillage des biens publics pourrait un jour ressusciter, c’est se fourrer le doigt dans l’œil, et un gros doigt en plus.
Delà, on peut bien comprendre la crise que traverse le FNDU, aujourd’hui, qui n’arrive pas à formuler des objectifs clairs et précis. D’où ces défections qui sonnent son éclatement.
Après la défection de l’ancien député RFD, Yacoub Ould Moine, qui vient de créer son parti ; c’est au tour de son père, Mohamed Abderahmane, vice-président du RFD de claquer la porte du parti entrainant dans son départ des dizaines de cadres et de militants. A ce rythme, le parti ne comptera plus qu’un cercle de proches d’Ahmed Ould Daddah, après le départ, il y a quelques mois, d’autres dirigeants comme Bilal Ould Werzeg et Ould Ghaddour.
A qui profiterait donc l’éclatement du FNDU ?.
Mohamed Feily SambaVall
Colonel Ould Beibacar: Le Recadrage de la ‘Mauritanie des colonels’
A mon grand embarras, je ne participe pas aussi souvent que je le devrais aux débats sur les questions brûlantes d’intérêt national. Mais les derniers événements qui ont mis au devant de la scène un colonel à la retraite ne pouvaient me laisser indifférent, et ce pour une raison bien simple.
Dans un livre publié il n’y a pas si longtemps, j’ai apporté un témoignage personnalisé sur ma (oh combien modeste) contribution aux efforts qui ont aidé à saper le régime du plus sinistre des colonels de Mauritanie (OuldTaya).
Le livre (http://www.edilivre.com/la-mauritanie-ses-colonels-et-moi-20b18431fc.htm…) a introduit le concept de « la Mauritanie des colonels » enfantée by the coup d’état-péché originel du 10 Juillet 1978.
Les récents développements et la saga grandissante d’un des colonels de cette Mauritanie—un de ses meilleurs ?–, le Colonel Oumar Ould Beibacar, me poussent–bien volontiers–à (me) suggérer un recadragede ce concept.
Dans l’avant-propos du livre, j’avais bien pris le soin de souligner que, «lorsque je me réfère à ‘la Mauritanie des colonels’ il est évident que cela ne constitue pas un réquisitoire contre tous les colonels de la Mauritanie. Je n’ai rien contre les forces armées et de sécurité en tant que telles, ni contre les colonels, bien au contraire.
Ma carrière académique a été en partie consacrée à leur donner leurs lettres de noblesse dans un État démocratique où l’armée joue pleinement son rôle régalien au service de l’État et du citoyen.” J’ajoutais, qu’ayant participéà la “formation de (…) centaines d’officiers, pour la plupart des colonels de différents pays africains, je n’ai que respect pour leur patriotisme et le professionnalisme de leur écrasante majorité.
Je ne confonds pas l’écrasante majorité des colonels avec la poignée dont il est question dans le concept de la « Mauritanie des colonels». L’élucidation méritait, en soi, d’être faite, n’est ce pas?
Néanmoins, l’attitude, la conduite (selon des témoignages concordants), le parcours, et surtout les actes (rien moins quechevaleresques paraît-il) que le Colonel Ould Beibacar a posés (y compris ces derniers mois), et qui ont conduit à son arrestation et mise en examen, méritent que l’on s’attarde, même brièvement, sur leur signification et leur portée dans le conteste actuel du pays.
Ce contexte semble caractérisé par une fuite en avant effrénée, qui rappelle –sans surprise– les dernières années, tragiques, atrabilaires du régime du colonel Ould Taya. Alors, l’opiniâtreté de ce dernier dans sa volonté de retarder l’inévitable, cherchait à masquerl’atmosphère de fin de règne fatidique qui finit par avoir raison de ce régime honni de l’écrasante majorité des mauritaniens.
L’atmosphère qui prévaut en ce moment, avec une montée des périls pour le pays, d’une évidence éclatante pour tous sauf pour ceux qui, n’ayant rien (ou si peu) appris du régime de Ould Taya continuent la même bonne veille politique de l’autruche, est, en effet, à bien des égards, comparable à celle de la Mauritanie des colonels Circa 2005.
Les symboles de cette Mauritanie-là étaient les 28 soldats pendus d’Inal, les fosses communes de Sorimalé et d’ailleurs, les déportés par dizaines de milliers, les déchus de leurs nationalité, les humiliés, les exilés, les réfugiés sans papiers ni terres, les citoyens de seconde zone, le déni de l’existence l’abjection qu’est l’esclavage.
Si nous avons, quelque peu, —et avec tant de réluctance- fait face à certains de ces symboles que le Colonel Ould Beibacar a eu l’impudence de nous rappeler, les comportements et attitudes qui prévalent aujourd’hui encore ne sont que le prolongement de cette ‘Mauritanie des colonels’ savamment bâtie et léguée par le colonel Ould Taya et ses compères.
Ce prolongement est particulièrement évident dans cet instinct, cette propension à … arrêter comme on se soulage d’un prurit maléfique, démoniaque. Comme jadis. Oui, arrêter à tout va. Passons sur le coup d’arrêt apporté à l’expérience démocratique de 2007-2008.
Arrêter (ou faire arrêter) ici un match de football ennuyeux, là une émission de télévision à cause d’un journaliste teigneux, arrêter Biram, arrêter Ould Beibacar, arrêter la reconversion des ex-FLAM, arrêter Ould M’Kheytir, arrêter des hommes d’affaires. Arrêter, toujours arrêter… comme on…se gratte.
Mais c’est lorsque qu’une atmosphère aussi délétère règne que souvent s’invite, au delà de la lutte bien sûr, l’espoir et que s’ouvre la fenêtre d’opportunité. Le Colonel Ould Beibacar porterait-il l’espoir de réhabilitation, de rédemption de cette ‘Mauritanie des colonels’? Serait-il la bouée de sauvetage dont la Mauritanie (celle de tous) a bien besoin en ce moment ?
Ayant suivi avec quelque fascination les commentaires du colonel en retraite sur ce qu’une certaine pudeur continue d’appeler « les événements » de la fin de années 1980-début 1990, sur la question Haratine, et une certaine relecture de notre histoire,(et les commentaires qu’ils ont suscités), je ne peux m’empêcher de penser aux écrits de Morris Janowitz et Samuel Huntington,[2] entre autres théoriciens classiques des relations civilo-militaires dans les États comme le nôtre.
Ceux-ci ont fait des réflexions incisives sur le comportement et les motivations des officiers. Janowitz en particulier a soutenu que l’appartenance au corps des officiers instille un certain puritanisme éthique et professionnel qui amène es officiers à développer des attitudes et tendances qui les conduisent à s’insurger contre les pesanteurs tribales et communautaires des sociétés dont ils sont issus.
C’est ce sens élevé de la responsabilité et le profond désir de se sentir à la hauteur des responsabilités sociales et politiques, cette adhésion à un code d’honneur qui font que l’Officier « se bat toujours [sur le champs de bataille]» (ajoutons même à la retraite) pour des idéaux nobles et pour ce qu’il considère comme l’intérêt supérieur de sa communauté nationale.
Cette même éthique de professionnels les pousse à se révolter contre les corruptions (au sens le plus large) et la décadence dans leurs pays, et à devenir les champions de la rigueur et de l’honnêteté dans la vie publique.
Le défi à la ‘Mauritanie de colonels’ qu’a lancé le Colonel Ould Beibacar s’inscrit sans doute dans cette logique de l’officier blessé dans sa chair de professionnel devant tant de violation de ce qui devrait être le code d’honneur de sa profession par ceux-là mêmes qui devraient l’honorer au prix de leurs vies.
Ce défi est d’autant plus remarquable qu’il survient alors que les opposants politiques les plus farouches à la version courante de la ‘Mauritanie de colonels’ (dont ce devrait être le rôle de continuer la lutte) semblent prêts à baisser les bras, à agiter le drapeau blanc de la capitulation.
Ceux-ci semblent en effet prêts à passer par pertes et profits et l’héritage du ‘passif humanitaire’, et la forfaiture du 6 Août 2008 et tout ce qui s’en est suivi depuis, pourvu que l’incarnation de la Mauritanie des colonels du moment veuille bien ne pas rester au pouvoir comme Chef de l’État au delà de 2019 (suggérant même que les autres manigances pour empêcher que se réalise une véritable démocratisation du système politique seraient accueillies avec plus de bienveillance).
Il n’est donc surprenant que ladite incarnation de cette ‘Mauritanie des colonels’ n’ait pu laisser passer ce défi cinglant du Colonel Ould Beibacar sans réagir. Mais nous avons déjà évoqué ce prurit malfaisant.
Devrons-nous nous résigner à croire que le Colonel Ould Beibacar soit une aberration, une exception? Assurément, « l’indignation professionnelle » (selon l’expression de Samuel Decalo) qui a été à l’origine de sa décision de ne plus se taire ne peut pas avoir épargné d’autres colonels, d’autres officiers comme lui.
Si les prédictions du professeur Janowitz sont correctes, un grand nombre de ceux-ci doivent être pareillement mortifiés à l’idée de devoir s’accommoder pour toujours de ce que l’institution à laquelle ils s’identifient et vénèrent tant ait été autant souillée, autant avilie par ce qu’une poignée d’hommes a fait cette nuit du 28 Novembre 1990 à Inal (et ailleurs pendant quelques mois) en leurs noms.
La question est de savoir combien d’autres colonels, combien d’autres officiers auront été touchés par cette grâce qui a visiblement touché le Colonel Ould Beibacarau point de le doper d’une telle dose de courage moral. N’est pas ce courage moral qui semble tant faire défaut de nos jours?
L’aventure dans laquelle semble s’être lancé le Colonel Ould Beibacar donne l’envie de paraphraser les mots célèbres de l’ancien président américain William Jefferson Clinton lors de son investiture en 1993. Peut-être bien que pour l’institution à laquelle nous devons la Mauritanie des colonels, nous pouvons espérer et dire « il n’y a rien qui soit si ignominieux et tragique qui ne puisse être corrigé, ‘guéri’, et purifié avec ce qu’il y a d’honorable, de juste, et de bon ». Let’s wait and see.
Pour terminer, que le Colonel Ould Beibacar me permette une objection, cependant. Dans un hommage très mérité (et tout à son honneur) au courage de feu le Capitaine Bâ Seydi, il a comparé le courage et sang-froid exemplaires de ce « guerrier » devant le peloton d’exécution à ceux de Saddam Hussein à l’article de la mort. Un de ses critiques les plus acerbes a déjà relevé l’incongruité de cette comparaison. Je suis, quant à moi, préparé à accorder au Colonel plus que le bénéfice du doute, nul n’étant parfait, même pas les héros du moment.
C’est en effet une erreur que de comparer le Courage de Bâ Seydi, que j’ai eu le privilège de connaître et de côtoyer, dont la vie si prometteuse a été coupée court par la vilenie d’un apprenti dictateur, au courage d’un Saddam Hussein.
Jamais, sans doute, un ex-chef d’État n’a, autant que Saddam (ni un officier, ni un gentleman), mérité l’échafaud, et même l’humiliation infligée par les affidés d’une de ses millions de victimes juste avant de mourir.
Il y a en effet ‘Courage’ et ‘courage’ et donc bien des modèles de Courage qui seraient plus aptes à appuyer cet hommage, encore une fois mille fois mérité, à feu le Capitaine Bâ. Mon objection est aussi due au fait que, comme cela est bien connu, ceux qui ont inspiré, justifié, planifié, exécuté, et encore aujourd’hui s’échinent à dénier ce dont s’est rendue coupable cette ‘Mauritanie des colonels’ se sont abreuvé à cette fontaine fétide de la suprématie culturelle (ayant pris chez nous une dimension ‘épidermique’) dont Saddam était le chantre, financier et bras armé.
C’est, en grande partie, cette idéologie, partie des rives du Tigre et l’Euphrate, impitoyablement dépeinte par un Soudanais comme un « National Arabism », (allusion au National Socialisme et à la solution finale pour les minorités indésirables), qui a rendu possible et justifié tout ce contre quoi le Colonel Ould Beibacar s’est héroïquement insurgé.
Je ne doute pas que le moment venu il saura reconnaître et corriger cette erreur.
Prof. Boubacar N’Diaye
Politologue.
[1]Ma seule contribution, titrée « Le Supplice de la Chamelle », il y a déjà si longtemps, a été consacrée au martyr de Biram Ould Abeid (voir http://lecalame.info/?q=node/1568 ).
[2]VoirMorris Janowitz, The Professional Soldier : A Social and Political Portrait, New York, The Free Press, 1961 ; également du même auteur, The Military and the Political Development of New Nations, Chicago, The University of Chicago Press, 1964 ; Samuel Huntington, The Soldier and the State : The Theory and Politics of Civil-Military Relations, Cambridge, Harvard University Press, 1964.
Source: mauriweb
Pratiques esclavagistes : SOS esclaves fait envoyer deux maîtres en prison
Les organisations de la société civile ne démordent pas après la sortie malencontreuse du Chef de l’Etat, lors d’une Conférence de presse à Nouadhibou assimilant le combat des ONG de lutte contre les pratiques esclavagistes à un grotesque montage.bRéponse du berger à la bergère : « Nous sommes prêts à aller en prison si nous sommes coupables de manipulations de faits esclavagistes et responsables de montages grotesques », lance Boubacar Ould Messaoud sous forme de défi aux autorités .
L’existence de pratiques esclavagistes en Mauritanie ne souffre d’aucun doute de l’avis de SOS Esclaves qui réfutant l’assertion du Chef de l’Etat et « loin d’être animé, précise d’emblée Ould Messaoud, par un souci d’accuser ou de salir un groupe ou une famille reste conscient des inégalités nombreuses dans une société profondément inégalitaire et estime que pour être unis, des concitoyens ne peuvent être opprimés, violés. C’est une illustration d’une grande insensibilité, de notre ignorance ». Le président SOS Esclaves a plaidé pour un éveil des consciences du coté des compatriotes maures : « ce combat est le leur », estime-t-il. Poursuivant, il déclare être prêt à soutenir tout esclave qui lève la tête.
Ainsi, SOS Esclaves a présenté, mardi 29 décembre, à la presse une quinzaine de personnes notamment Fatma Mint Hemedi, Tahra Mint Vatma, Vatma Mint Zaida et leurs enfants respectivement emmenées d’Outeid Etalhaya et d’Azamad dans la Moughtaa de Nbeiket Lahwach.C’est la coordination de SOS Esclaves du Hodh el Gharbi a récemment présenté au
parquet de cette région les quinze victimes de pratiques esclavagistes. Après les dépositions de ces personnes et les auditions de Ikhalihina Ould Ahmed Haimad et Hanena Ould Bouna, leurs deux maîtres, le procureur les a aussitôt mis en accusation pour «pratiques esclavagistes « et requis leur emprisonnement. « Cette affaire prouve pour la énième fois l’existence formelle de l’esclavage, surtout dans le milieu rural. Mais il est caché à cause du silence troublant des victimes incapables qu’elles sont de le dénoncer et du déni coupable des autorités qui s’entêtent à le nier, fait remarquer SOS Esclaves. Ce n’est que quand la victime parle que l’esclavage ressort. Mais généralement, les responsables judiciaires refusent de le reconnaitre et s’emploient à le masquer en requalifiant les faits qui sont une illustration éloquente du phénomène». SOS Esclaves se félicite de l’attitude constante de l’actuel procureur de la République de Néma qui traite avec diligence des affaires qui lui sont présentées. Toutefois, le juge d’instruction comme à son habitude depuis sept ans, au lieu de mettre les mis en cause dans cette affaire en prison, avait décidé de les mettre sous contrôle judiciaire. Ce n’est que sur arrêt de la chambre d’accusation de Kiffa annulant cette décision que les deux maîtres ont été déposés en prison, indique SOS Esclaves. Mieux, relate l’organisation de Boubacar Ould Mesaoud, ce juge qui vient d’être limogé lors de la dernière session du conseil
supérieur de la magistrature, allait même jusqu’à proposer comme dans beaucoup de cas tels ceux de Khaidama et de la vieille Chekrada une formule de conciliation dans une affaire aussi grave que l’esclavage. L’objectif étant de faire arrêter l’action publique à l’encontre des présumés accusés par un supposé retrait de plainte contre une modique somme.
SOS Esclaves considère, dans un communiqué de presse, qu’il est temps que le discours officiel change face aux réalités frappantes de l’esclavage. SOS Esclaves formule le vœu que « les tribunaux prennent en charge convenablement le ou les cas d’esclavage qui leur sont souvent présentés. Et que les victimes des criminelles souffrances puissent accéder à la justice et obtenir de justes réparations à travers la condamnation ferme de leurs bourreaux et leur entière prise en charge jusqu’à leur réhabilitation dans une vie digne et respectable ».
L’avocat conseil de SOS Esclaves Me Id a révélé que des dossiers de poursuite de plusieurs personnes sont pendants au Hodh el Charghi, à Atar et Nouadhibou. Revenant à la charge, Boubacar a déploré qu’il y ait en Mauritanie des gens intouchables et dénoncé ce qui les soutiennent. Le président de SOS Esclaves poussera le bouchon loin : «Nous sommes prêts à aller en prison si nous sommes coupables de manipulations de faits esclavagistes et responsables de montages grotesques ».
L’émotion a gagné l’assistance lorsque l’une des victimes a relaté les scènes horribles et les actes dégradants dont elle et les membres de sa famille ont été victimes, corroborant les propos de Maaloum Ould Mahmoud, coordinateur de SOS Esclaves au Hodh el Charghi. D’ailleurs, l’un des enfants de sept ans était chargé d’un troupeau de 300 chèvres au moment où ses semblables sont encore au primaire.
le calame