Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 23/12/2015

L’Arabité en Mauritanie : Ce concept qui divise les Mauritaniens

altLa Mauritanie a célébré jeudi 18 décembre 2015 la journée mondiale de la langue arabe. Contrairement aux années précédentes où les animateurs de la journée faisaient l’apologie de la langue arabe tout en vouant aux gémonies l’utilisation de la langue française en Mauritanie, cette année, la démarche a consisté à valoriser la langue Hassanya, considérée comme « fille fidèle de la langue arabe » comme l’a souligné le président et chantre de l’arabité, le Pr.Limam.

Un revirement qui rend encore la division autour de la langue en Mauritanie plus radicale, car si l’Arabe peut être considérée comme un patrimoine commun de l’Islam, notent certains observateurs, il n’en est pas de même pour le hassaniya qui n’est qu’une des quatre langues parlées dans le pays. « Prétendre lui donner une quelconque hégémonie sur les autres langues nationales pourraient entraîner davantage de crispation de la part des autres communautés du pays » fait-on remarquer.

La question identitaire en Mauritanie constitue l’un des points qui divisent les différentes sensibilités du pays, selon tous les observateurs. Le débat sur l’arabité, déclenché à l’occasion du 18 décembre 2015 consacrant la journée internationale de la langue arabe a suscité des réactions mitigées, souvent violentes sur les réseaux sociaux. Certains considèrent que « les chantres de l’arabité ont réussi la prouesse de faire détester l’arabe à une bonne partie de nos compatriotes ».

D’autres mettent en garde contre le danger qui consiste à faire l’amalgame entre arabité, Islam et ethnicisme, comme si tous les musulmans étaient arabes ou si comme la problématique de l’identité nationale pouvait avoir une priorité sur la citoyenneté et le vivre ensemble entre des communautés qui peuvent être complémentaires et non antagoniques.

Il y a même parmi les tenants de l’arabité, ceux qui vont jusqu’à évoquer le caractère sacré de la langue arabe, perçue non pas comme un simple outil de communication comme toutes les langues, mais comme unique liaison dans le rapport à Allah. Aussi, certains considèrent que la Mauritanité ne saurait s’identifier à une langue et qu’on peut être francophile ou anglophone et rester un bon Mauritanien.

La citoyenneté qui unit tous les ressortissants du pays, quelle que soit leur culture et leur sexe, semble être pour beaucoup, la seule solution pour sortir de cette pente suicidaire qu’est la recherche d’une suprématie d’une langue qui viserait à marcher sur les autres langues et sur les autres cultures pour les assagir puis les effacer.

Cette guerre autour de l’identité arabe serait, d’après quelques analystes, une bataille menée depuis des décennies par des nationalistes arabes qui seraient à l’origine des tristes pogroms de 1989-1991, au cours duquel des dizaines de milliers de négro-africains ont été déportés de la Vallée vers le Sénégal et plusieurs autres milliers massacrés au bord du fleuve ou dans des casernes militaires.

Au temps où Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, pur produit de la langue française et Bruxellois jusqu’aux os, coiffait le gouvernement mauritanien, beaucoup avaient décelé une volonté forte de l’Etat mauritanien à évacuer le français des programmes de l’enseignement et de l’administration publique, au profit de l’arabe.

Cette attitude avait entraîné une crispation de la communauté négro-africaine qui voyait dans cette démarche une menace hégémonique réelle de la culture et de la langue Maure sur leurs référentiels identitaires. Cette tendance manifestement exprimée par le Premier ministre de l’époque, Moulaye Mohamed Laghdaf, avait entraîné des remous graves notamment au sein du monde estudiantin, divisé entre pro et anti-arabisation et qui avait failli déboucher sur des affrontements à caractère racial.

Aujourd’hui encore, la question de l’arabisation reste un sujet sensible dans un pays tampon entre le Maghreb et l’Afrique noire. Elle rappelle surtout l’usage qui en a été fait sous le règne de Ould Taya et les souffrances qui en avaient découlé en termes de déportation et d’exécutions extra-judiciaire. L’arabisation à outrance constitue en effet pour la communauté négro-africaine une source d’exclusion qui viserait à les maintenir hors des circuits de l’emploi dans des postes civils et militaires.

Elle est selon eux une forme de colonisation qui vise à les dépouiller de leur propre identité. Des penseurs nationaux ont proposé à la Mauritanie de s’inspirer des exemples algériens et marocains, car pour eux, le prix à payer pour l’arabité est fort. « L’arabité, dans le cas mauritanien particulièrement, est un concept dangereux à manipuler avec beaucoup de prudence et de doigté » fait remarquer Séni Dabo, un journaliste burkinabé du journal « Le Pays » dont la contribution a été reprise par le site de l’AVOMM en 2010.

En couverture, l’ouvrage de Pierre Robert Baduel « Mauritanie, entre arabité et africanité » publié en 1989 dans la Revue du monde musulman et de la Méditerranée.

JOB

 

L’ authentique

Mohamed Abdelaziz réélu à la tête du Front Polisario: retour sur le parcours d’un vrai combattant

Mohamed Abdelaziz réélu à la tête du Front Polisario: retour sur le parcours d'un vrai combattantSPS – Le président de la République, Mohamed Abdelaziz, a été officiellement réélu mercredi à une écrasante majorité à la tête du Front Polisario à Dakhla (camps de réfugiés sahraouis), pour un nouveau mandat, une réélection, qui témoigne de la détermination du peuple sahraoui à poursuivre son combat pour la décolonisation du Sahara occidental et son droit à l’autodétermination une direction.

M. Abdelaziz, qui occupe depuis 1976 le poste de secrétaire général au sein du Front Polisario (Front populaire de libération de la Saquia El Hamra et Oued al-Dahab), a été réélu pour un 12ème mandat à l’écrasante majorité des voix exprimées lors de la 6ème journée du 14ème congrès du Front Polisario.

Mohamed Abdelaziz, assumera aussi la fonction de président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), conformément à la Constitution sahraouie en vigueur. Elu pour la première fois président de la RASD en octobre 1982, M. Mohamed Abdelaziz, a été reconduit dans ses fonctions en 1985, 1989, 1991, 1999, 2003, 2007 et 2011.

En 2002, a l’occasion de la proclamation de l’Union africaine (UA) qui succède à l’OUA (Organisation de l’unité africaine), la RASD a été nommée membre du bureau et devient l’un des cinq vice-présidents de l’UA, et le président Abdelaziz élu parmi les trois représentants nord-africains au sein du futur Conseil de paix et de sécurité de l’UA (15 délégués), après avoir occupé le poste de vice-président de l’OUA en 1985.

Âgé de 68 ans, Mohamed Abdelaziz est membre fondateur du Front Polisario depuis son congrès constitutif, tenu à Zouerate en Mauritanie le 10 mai 1973.

A la suite de la mort de El-Ouali Moustapha Sayed, (ancien dirigeant du Front Polisario), le président sahraoui a été élu secrétaire général du front Polisario et président du conseil de commandement de la révolution en août 1976.

Le renouvellement par les congressistes de leur confiance au président Mohamed Abdelaziz, témoigne de l’estime que lui porte le peuple sahraoui pour son combat et son militantisme pour la libération du Sahara occidental et le droit des Sahraouis à l’autodétermination. 

 

cridem

L’éditorial du calame: Dénonçons!

altIl s’appelait Ian de Grange. Il est devenu Mansour Tawfiq, depuis sa conversion à l’Islam et son installation en Mauritanie. Ian est né au début des années 50, dans un petit village de Bretagne, une terre où ses ancêtres, venus d’Ecosse, s’étaient installés il y a quelques siècles, fuyant sans doute une de ses intermminables guerres qui secouaient l’Europe à cette époque. Le Bac en poche et des idées plein la tête, Ian choisit le métier d’enseignant qu’il exercera pendant dix ans. Au début des années 90, pris d’une crise d’adolescence tardive, il balance tout et se lance dans l’aventure. Vivant dans son camping –car, il sillonne la France et se découvre une nouvelle jeunesse. Poussé par on ne sait quel instinct, il quitte son pays natal pour l’Afrique, en quête de spiritualité. Il vit quelques mois au Sénégal et décide de découvrir la Mauritanie. Après quelques mois au soleil, il revient en France. Mais la tentation était trop forte. Il plie de nouveau bagage et débarque dans notre pays. Il choisit Maata Moulana, se convertit à l’Islam et fonde un nouveau foyer. C’est le début d’une longue histoire d’amour avec la Mauritanie. Ne croyant pas en grand-chose jusqu’alors, l’homme trouve dans l’Islam les réponses à des questionnements qu’il s’est toujours posés. Dont celui de l’existence elle-même. L’homme se lance alors dans la recherche et l’écriture. Il obtient le prix Chinguitti en 2006 pour son livre intitulé ‘’Gens du Livre’’ et publie une seconde étude sur le wagf* dont il devient un grand spécialiste. Mansour s’essaie ensuite à la presse et devient collaborateur aux journaux Horizons et La Tribune avant de rejoindre Le Calame en 2008 pour s’occuper de la correction. Depuis lors, il est devenu membre à part entière de notre équipe et s’investit corps et âme pour que le journal paraisse chaque semaine avec le moins de coquilles possible. Une mision dont il s’acquitte à merveille, au grand bonheur de nos lecteurs.

Il y a près de deux mois, des policiers viennent le cueillir chez lui à Maata Moulana. C’est la consternation dans le petit village où Mansour n’a que des amis. Des hommes refusent de le laisser partir seul. Ils embarquent avec lui dans la voiture de la police, censée le conduire à Boutilimit. Mais, en arrivant à la route de l’Espoir, les policiers reçoivent l’ordre de le ramener à Nouakchott. Conduit à la brigade des stups, il est entendu le jour même par un juge qui décide de le placer sous mandat de dépôt, en attendant que la justice planche sur une demande d’extradition formulée par le tribunal de Toulouse en France, en vertu d’une convention d’entraide judiciaire entre les deux pays. Pour une affaire de moeurs qui date des années 90/91. Quelques jours après, la Cour suprême décide de rejeter la demande d’extradition au motif que les faits en question sont prescrits, que le prévenu est devenu entretemps musulman et ne peut donc, selon la loi islamique, être extradé vers un pays qui ne l’est pas. La Cour ordonne sa libération qui devait intervenir le mercredi 9 décembre mais, à sa sortie de prison, Mansour est cueilli par une voiture de police qui le conduit vers une destination inconnue. Sa famille et ses avocats restent plusieurs jours sans nouvelles de lui. Ils seront par la suite informés qu’il se trouve dans les locaux de la direction générale de la sûreté nationale. Depuis lors, rien n’a filtré. La police, à qui on a donné l’ordre de l’arrêter, ne sait toujours pas pourquoi et ne l’a même pas encore interrogé. Ses avocats n’ont pas accès à lui. Dans un pays qui se veut démocratique, où les libertés fondamentales doivent être naturellement respectées, kidnapper  et embastiller un individu au-delà de la durée normale d’une garde à vue s’appelle de la détention arbitraire. Des pratiques d’un autre âge qu’on continue à vivre de nos jours.

Quand la justice est aux ordres et quand le système de sécurité se transforme en outil de répression,  comment peut-on appeler le régime sous lequel on vit? “Qui ne dénonce le mal devient complice du mal”, disait Martin Luther King. Alors dénonçons, messieurs-dames, c’est le seul droit qui vous reste. Avant qu’il ne soit trop tard.

Ahmed Ould Cheikh

*Dans le droit islamique, le wagf est une donation faite à perpétuité par un particulier à une œuvre d’utilité publique, pieuse ou charitable, ou fiducie. Le bien donné en usufruit est dès lors placé sous séquestre et devient inaliénable (wikipédia)