Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 02/12/2015

Samba Thiam fustige la position négationniste du Chef de l’Etat et sa volonté de faire oublier le passif humanitaire [Vidéo]

altSamedi soir, à Nouadhibou, le président Ould Abdel Aziz a exprimé lors d’une conférence de presse son regret au sujet du passif humanitaire, affirmant qu’il ne servirait à rien de poser continuellement cette question, d’autant plus que des familles des victimes ont été indemnisées et des organisations des droits de l’Homme ainsi que les Imams et leaders d’opinion impliqués dans le processus.

“C’est regrettable ce qui s’est passé. C’est très regrettable. Mais on n’y peut rien maintenant et je crois que ce n’est pas en montant les uns contre les autres et moins en incitant à la haine qu’on va ressusciter les morts.

Ce qu’il faut se dire est : est-ce que le gouvernement a fait l’effort nécessaire pour que ces familles oublient leur peine ? Le fait d’indexer certaines personnes, ça n’avance pas et n’arrange pas les choses”, a dit le Chef de l’Etat.

Interrogé par Cridem sur cette sortie du Chef de l’Etat, en marge de la conférence de presse lundi du Comité de soutien au Colonel à la retraite Oumar Ould Beibacar, arrêté par la police, le 28 novembre dernier, le président des Forces du Progrès et du Changement (FPC), Samba Thiam a indiqué que Ould Abdel Aziz devait “corriger” son interprétation de la question du passif humanitaire.

“Dénoncer un génocide, un mal absolu qui s’est déroulé dans notre pays, en quoi cela peut constituer à générer la haine les uns contre les autres ? Il pense qu’il faut oublier, mais on ne peut pas oublier dans l’intérêt national qui voudrait qu’on applique les quatre devoirs : le devoir de vérité, le devoir de justice, le devoir de réparation et le devoir de mémoire.

Il pense que le dossier est clos mais il se trompe car s’il n’est pas résolu, le fossé va continuer de se creuser entre arabo-berbères et négro-mauritaniens”, a déclaré M. Thiam.

Le président des FPC a fustigé la position négationniste du Chef de l’Etat et sa volonté de faire oublier le passif humanitaire. “Ça ne se passera pas comme ça. Non”, a néanmoins indiqué Samba Thiam.

©Cridem

 

Suivez la video au  lien: 

http://www.cridem.org/C_Info.php?article=678097

 

 

Roch Kaboré : « Ma priorité est de remettre le Burkina au travail »

Roch Marc Christian Kaboré a accordé à Jeune Afrique un entretien après son élection à la présidence du Burkina Faso. Grave et serein, il évoque sa volonté de changement et affirme ne pas être dans un esprit de revanche vis-à-vis de Blaise Compaoré et de ses proches.

 

Jeune Afrique : quels a été votre premier sentiment après votre élection à la présidence de la République ?

Roch Marc Christian Kaboré : D’abord un sentiment de fierté, mais aussi d’humilité parce que je suis conscient de la responsabilité qui m’attend demain. Je voudrais adresser un grand remerciement au peuple burkinabè. Pour la première fois, il a participé à des élections libres et démocratiques, sans aucune pression. Je voudrais également saluer les autres candidats. Chacun a fait preuve de hauteur d’esprit et a travaillé dans l’intérêt du pays. Cela est très important pour moi, car c’est la première élection présidentielle où nous observons une telle attitude des perdants vis-à-vis du gagnant.

Comment expliquez-vous votre victoire dès le premier tour et un tel écart avec votre principal rival, Zéphirin Diabré, le candidat de l’Union pour le progrès pour le changement (UPC) ?

Cette victoire est méritée pour le MPP [le Mouvement du peuple pour le progrès, NDLR] parce qu’elle est le fruit d’un long travail politique. Nous avons créé notre parti il y a moins de deux ans. Il a fallu travailler pour l’implanter sur l’ensemble du territoire, des villages aux provinces en passant par les communes. Ce travail de terrain, nous l’avons mené d’arrache-pied pendant plus d’un an. À titre personnel, j’ai fait le tour de l’ensemble des 361 communes. Dans chacune d’entre elles, nous avons eu l’occasion de présenter la vision du MPP, les raisons de notre départ [du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir, NDLR], ce que nous souhaitions apporter à la population… Tout ce travail a payé. Voici pourquoi, hormis les grandes villes où nous sommes en compétition avec tout le monde, le vote rural a été efficace et massif en faveur de notre parti.

Quelles seront vos priorités durant vos cent premiers jours au pouvoir ?

Ma priorité est de remettre le Burkina au travail. Nous avons fait une insurrection et tout le monde est conscient que l’ancien système politique était gangrené par différents maux. Nous devons veiller à ce que la bonne gouvernance et la réduction du train de vie de l’État soient aussi des priorités, afin de montrer le volonté de changement comportemental des dirigeants. Pour pouvoir demander des efforts aux autres, il faut commencer par la tête.

Nous travaillerons également à une nouvelle Constitution de rupture pour passer à une cinquième République

Nous travaillerons également à une nouvelle Constitution de rupture pour passer à une cinquième République. Enfin, il faudra rapidement répondre aux préoccupations de notre peuple dans tous les domaines : la santé, l’école, l’université, l’habitat, l’énergie… Toutes ces questions sont prioritaires et des urgences doivent être traitées dans l’ensemble de ces secteurs.

Êtes-vous prêt à former un gouvernement d’union nationale et à travailler avec les autres partis politiques ?

J’ai toujours affirmé que nous travaillerons avec ceux qui ont participé à l’insurrection populaire avec nous. Il est évident que nous sommes nombreux et que tout le monde ne pourra être membre du gouvernement. Mais chacun, à différents niveaux, pourra participer à l’oeuvre collective, dont l’objectif est d’apporter un véritable changement dans notre pays.

Y compris votre adversaire, Zéphirin Diabré ?

Cela dépendra de ce qu’il veut jouer comme rôle. Je ne peux pas l’anticiper. Nous avons une vision idéologique et politique : nous sommes sociaux-démocrates et soutenus par un collectif de partis progressistes. Zéphirin Diabré est libéral. Je ne sais pas s’il pourra s’en sortir dans toute cette sauce. C’est à lui de déterminer, avec son parti, le rôle qu’il veut jouer dans le futur Burkina.

Votre victoire est-elle une revanche personnelle vis-à-vis de Blaise Compaoré et de son clan ?

Pas du tout. Nous n’avons pas l’esprit revanchard. Nous avons créé le MPP parce que nous étions en rupture sur le plan de la vision et de l’orientation politique du parti au pouvoir. Au début, certains ont dit qu’il s’agissait d’un épiphénomène, que nous étions des seconds couteaux. Mais nous avons tranquillement continué notre travail politique. Comme vous le voyez, cette campagne n’a pas été une campagne opposée à Blaise Compaoré. Il a fini son travail, il a apporté ce qu’il devait apporter, et aujourd’hui il n’est plus là. Maintenant, à nous de mettre notre pierre à l’édifice. Cela ne sera pas un travail mené en opposition à Blaise Compaoré, mais un travail pour mettre en place un Burkina nouveau.

jeune Afrique

Editorial du calame: Un jour, Un destin

altLa Mauritanie a fêté ce 28 novembre le cinquante-cinquième anniversaire de son accession à l’indépendance avec force inaugurations, défilés militaires, discours enchanteurs et conférences de presse de notre guide éclairé. Cette année, la fête a été délocalisée à Nouadhibou, Ould Abdel Aziz ayant voulu faire participer le reste du pays à la commémoration de cet anniversaire ‘’dans la joie et l’allégresse’’, pour reprendre l’expression galvaudée par nos organes de presse officiels. Nouadhibou s’était parée de ses plus beaux atours, et à prix d’or (on parle de quelques milliards), pour que la fête soit la plus belle possible. Et elle le fut mais pas pour tout le monde. Une partie de nos compatriotes, dont les leurs ont été pendus un certain 28 novembre  1990 de triste mémoire à Inal, a modérément apprécié qu’à quelques encablures de cette lugubre localité, la fête batte son plein un jour devenu pour eux synonyme de douleur et de deuil.  Pour avoir rappelé cette page sombre de notre histoire récente lors d’une conférence, l’ancien colonel Oumar Ould Beibecar a été arrêté par la police politique. Comme si ces événements douloureux devaient rester l’apanage d’une communauté. Qui avait seule le droit de les évoquer. Etrange pays où on met aux arrêts ceux qui dénoncent crimes et délits et on n’inquiète pas les bourreaux, si on ne les honore pas. Où on évoque la mise en péril de l’unité nationale  quand on réclame justice. Où on est accusé de souffler sur des braises alors qu’elles sont encore incandescentes.

 Venant d’un colonel, qui a vécu ces horreurs alors qu’il était sous les drapeaux, l’outrage était grossier et ne pouvait donc rester impuni.  L’omerta qui les entoure ne doit en aucun cas être brisée, par un militaire de surcroit. Oumar fait donc les frais de son courage, de son refus de cautionner l’abject et de son franc parler.  Des qualités plutôt rares par les temps qui courent. En évoquant  ces événements tragiques sur la place publique, Oumar   prend ainsi le taureau par les cornes  et exige que toute la lumière soit faite sur ces événements pour  que le pays puisse tourner définitivement cette page douloureuse de son histoire. On ne lui a apparemment pas pardonné cette ‘’digression’’. Et on fera   tout pour le faire taire mais l’homme n’est pas du genre à se laisser abattre facilement. Il n’est pas de cette graine d’officiers flagorneurs qui ont gravi les échelons parce qu’ils ne savaient pas dire non. Oumar a choisi la voie de l’honneur. Il est sorti des rangs la tête haute. Et il continue son chemin de croix en prenant fait et cause pour les opprimés, comme  à Oualata.

Un homme de cette trempe ne peut qu’être dérangeant pour un système basé sur l’injustice, les passe-droits et si peu de considération pour l’autre. Oumar peut aspirer, à juste titre,  à être un lien entre nos communautés, le trait d’union qui nous permettra de nous entendre, le déclic qui sonnera le glas de l’impunité. 

Ils sont si rares les hommes de cette trempe, qu’il faut s’accrocher à la moindre lueur d’espoir  pour voir enfin émerger une  ‘’vraie’’ Mauritanie nouvelle. Une Mauritanie juste, libre,  égalitaire et démocratique. Une Mauritanie où ce qui unit ses fils est plus fort que ce qui les divise. Un pays où la glace est définitivement brisée entre ses différentes composantes.

C’est ce combat que tous les patriotes  sincères devraient  mener. Forts de la devise du peuple tunisien réclamant l’indépendance : ‘’Si un jour le peuple veut vivre, le Destin, inexorablement, s’accomplira’’, disait le poète  Abou El Ghassem Chaabi.

Ahmed Ould Cheikh