Daily Archives: 15/12/2015
Edito : Chers visiteurs de Rapide info
La tâche semble désormais difficile pour Rapide info! Et sans le soutien de nos visiteurs, il n’est pas sûr que nous pourrons continuer à vous apporter une information indépendante, neutre et impartiale que l’on ne trouve plus aujourd’hui dans les médias : puisque la commission nationale de la l’appui à la presse a mis en place « un ticket modérateur ». Une devise destinée à trier la “vraie” information de la “essaha ” information. Ce projet s’appelle “avoir deux ans”.
Comment? C’est simple : un organe de presse qui n’a pas une durée de vie de 2 ans ou plus est exclu. De quoi nous empêcher de mettre en ligne des informations déplaisantes, non oblitérées et surtout de les diffuser pour un large public ! Surtout que dans le même temps, la commission nationale de la l’appui à la presse a mis au pas, par pollution financière, les sites les plus visités, Cridem, Alakhbar, Nouakchott info.
Elle a décidé aussi de priver d’aide à la presse les sites ayant été sanctionnés pour leurs âmes bien nées. Comme par hasard, il entre dans ce classement, pour des raisons que la raison ignore, Rapide info!…
De quoi s’assurer définitivement que les sites ordinaires s’habilleront en patchwork une même info peu crédible et objective.
Aujourd’hui, avec notre version arabe en ligne, nous allons toucher deux ou trois fois plus de visiteurs et, si possible, avoir les moyens techniques d’une diffusion encore plus large.
Et avec votre aide, il n’est pas possible que tout soit impossible.
Vous Aimez Rapide info. Vous avez compris à quel point il est important d’avoir accès à une information fiable. A quel point c’est vital pour préserver la convergence et la divergence dans l’info, ce dont toute nation démocratique a besoin pour accompagner la locomotive du changement.
Alors, nous pouvons compter sur vous pour nous aider à nous renforcer suffisamment et résister à l’exclusion arbitraire.
Pour faire connaître notre média indépendant à 60.000 likes de plus et pour leur diffuser une revue de presse, il faut que nous arrivions à collecter un budget de 13.000.000 d’ouguiya soit environ 35.000 euros.
C’est pourquoi nous nous permettons de vous le demander : pouvez-vous soutenir Rapide info par un don de 20.000 ouguiyas par exemple ? Vous pouvez aussi décider de vous engager plus et de donner 30.000 ouguiyas, 100.000 ouguiyas, 200.000 ouguiyas, 1000.000 ou même plus.
C’est vous seul qui décidez du montant que vous souhaitez dédier et assurer la pérennité de l’info rapide en Mauritanie.
Merci pour votre soutien.
Bien à vous,
Pour l’équipe de Rapide info
Ahmed Bettar, wabmaster
Abdallahi Ould Hormatallah et les pendus d’Inal : Au nom de notre compagnonnage et de ton parcours
Cher ami,
C’est par le journal Le Calame (honneur à lui) que j’ai pris connaissance cette semaine d’une information glaçante selon laquelle tu niais les pendaisons d’Inal du 27 novembre 1990 pour « célébrer » d’une bien cruelle manière, l’indépendance de la Mauritanie. Mon premier reflexe avait été de souhaiter un malentendu, un problème d’interprétation… Puis vint ton démenti (timide) qui me soulagea. Mais c’était avant que ne vienne cette vidéo qui dissipe tout malentendu d’un coup, éclaire tout le monde sans ambigüité. Je suis maintenant dans la situation de celui qui, face à ce genre de situations, doit réagir par l’indifférence (qui frise parfois le mépris) ; ou encore celle de la personne qui voyant un ami risquer de perdre pied, est tiraillé entre le désir de lui tendre la main et la tentation de lui tourner le dos pour ne pas se mouiller. Et parce que je te voue un profond respect forgé par un long compagnonnage et que je n’ai aucune envie de te laisser à ton sort, je m’en vais donc réagir à tes propos.
J’avoue, cher ami, que j’ai eu mal ; mal pour toi. Parce que pour t’avoir côtoyé au plus fort de la résistance contre la dictature d’Ould Taya, je sais que tu fus un combattant sincère des causes justes et nobles, à l’université de Nouakchott pendant la grève de 1997, en France ensuite au sein de Conscience et Résistance et de SOS Esclaves. Le grand public ne le sait probablement pas : tu fus, avec les amis de Conscience et Résistance, à l’origine du colloque organisé à la Sorbonne les 31 mai et 1er juin 2002[1] par l’Association internationale de recherche sur les crimes contre l’humanité et les génocides (AIRCRIGE) avec le précieux concours de Catherine Coquio. Sans vous (les amis de CR et toi), Catherine Coquio ne se serait peut-être jamais intéressée à ce point à la Mauritanie. J’eus l’insigne honneur de produire le texte d’introduction sous le titre La Mauritanie sous la botte d’un tyran[2] ; texte qui reprenait les graves manquements aux droits de l’homme sous Ould Taya. Il y était question de pratiques esclavagistes et d’exécutions extrajudiciaires dont les pendaisons d’Inal. Au deuxième jour du colloque je faisais une communication qui portait sur l’impunité et la résistance[3] où je disais, entre autres, « Les évènements dont nous faisons état ne sont pas le fruit de l’imagination, fût-elle vagabonde et fertile, des militants que nous sommes. Nous ne faisons pas du militantisme-fiction. Nous ne demandons qu’à cesser d’en parler, mais pour cela, encore faut-il que les abus cessent. Si on en a déjà parlé il faut encore en parler. Pourquoi ? Parce que l’oppresseur, lui, n’en a pas assez d’opprimer. Il continue ses forfaitures, ou laisse, au moins, courir l’impunité. Il y a dénonciation parce qu’il y a violation des droits de l’homme. » Nous étions sur la même longueur d’onde toi et moi et tu écriras, presque exactement, avec tes mots, la même chose, dans le texte que tu publiais sur le site d’AIRCRIGE intitulé le Cri de l’esclave : mécanismes et enjeux d’une domination[4]. J’y reviendrai plus loin.
Je suis donc vraiment triste de te voir soutenir certains discours que tu avais si brillamment vilipendés il y a encore peu.
- D’abord l’épouvantail FLAM
Pour avoir entendu souvent le régime Ould Taya se servir de cette ritournelle jusqu’à la nausée, je ne m’attendais pas à l’entendre dans ta bouche. Parce que plus que beaucoup de personnes, tu sais à quel point le régime d’Ould Taya a joué sur les peurs en se servant de la prétendue « menace FLAM » et du « péril noir » pour mobiliser les communautés mauritaniennes les unes contre les autres. Tu sais comment les services de renseignement avaient manipulé le Manifeste du négro-africain opprimé (document fondateur s’il en est des FLAM) pour justifier tous les crimes auxquels le régime de Taya allait se livrer de la façon que tu sais. Tu es aussi bien placé pour savoir que des personnes comme Tene Youssouf Guèye ont payé de leur vie sans jamais avoir été des FLAM. Et il y en eut beaucoup d’autres dans les camps de la mort comme à Inal (je te renvoie aux témoignages de Sy Mahamadou, auteur de l’enfer d’Inal qui fut aussi ton compagnon de lutte). Les FLAM pourraient, de même, t’objecter que leur retour (notamment celui de leur président Samba Thiam en septembre 2013) en Mauritanie a été, sinon encouragé, du moins facilité, d’une façon ou d’une autre, par le pouvoir que tu soutiens. Lequel Samba Thiam avait même été reçu à la présidence de la République (qui put l’imaginer il y a encore peu ?) ; singulier parcours que celui de cette organisation que tu qualifies de raciste ! Reprocherais-tu à Ould Abdel Aziz d’avoir reçu à la présidence de la République une organisation raciste ? Je ne le pense pas. Tu aurais même pu le mettre au crédit de ton camp. Mais n’étant pas membre des FLAM et n’ayant pas été mandaté, je ne vais pas m’improviser avocat ici. Elles (les FLAM) sont assez outillées pour le faire sans aide. Les faits, eux, la pendaison des militaires à Inal dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, ne souffrent aucune contestation. Plusieurs témoignages circonstanciés se recoupent et personne ne les a niés jusqu’ici ; pas même les présumés auteurs de telles abominations. Et pour avoir vécu dans les régions du sud de la Mauritanie au moment des faits, j’ai personnellement vu partir beaucoup de soldats qui ne sont jamais revenus pour savoir qu’il ne s’agit pas d’affabulations.
- S’agissant de l’esclavage
Dans ton brillant papier que j’ai mentionné plus haut, tu présentais la situation de l’esclavage en Mauritanie comme peu de gens avaient su le faire. C’est un texte actuel que je recommande vivement à tous ceux (j’espère que ce sera une minorité) qui aimeraient en savoir davantage sur cette pratique en Mauritanie, de sa genèse à son actualité. Tu y écrivais notamment qu’ « Au-delà de toute interprétation dogmatique ou propagandiste, il existe une réalité inaliénable, que certains expriment en parlant de “séquelles”, de “survivances” ou de “plaies”… Or la réalité de ces traces d’un système ancien n’empêche pas l’esclavage pur et dur de persister. » Je relevais surtout dans ton texte ce passage qui pourrait être cruel : « On peut penser que tous ces mécanismes ne concernent que l’ancienne Mauritanie, la société rurale ou ce qui en reste. Malheureusement les choses n’ont pas changé, malgré le principe d’égalité proclamé par la Constitution de 1991 dans son Préambule, qui se réfère à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 et à la Charte Africaine des Droits de l’Homme de 1951. L’évolution, depuis l’existence de l’Etat en Mauritanie, tend au contraire à enraciner ce mode de fonctionnement pour une raison simple, liée à l’impératif de reproduction des élites. Les descendants des maîtres d’hier assurent le maintien de ce système d’exploitation en exerçant leur nouvelle fonction : magistrat, homme d’affaires, directeur d’entreprise publique, officier supérieur de l’armée, avocat, enseignant, journaliste, leader politique, syndicaliste, diplomate, Imam…Un simple examen du rôle et du fonctionnement des institutions fait voir combien ce système cloisonné résiste à tout effort d’émancipation ». Parce qu’entre 2002 et aujourd’hui, toi et moi savons que même s’il y a eu des avancées incontestables, la copie est loin d’être propre. Et il suffirait de modifier un ou deux noms pour tenir le même discours aujourd’hui. Tu serais alors le meilleur avocat de la cause de l’émancipation des esclaves et des opprimés mauritaniens.
Mon cher Abdallahi,
Je ne serai pas de ceux qui te reprochent ton positionnement politique aujourd’hui aux côtés du pouvoir. C’est en vérité le propre de tout acteur politique/public que de vouloir se donner les moyens de mettre en œuvre ses idées. C’est même un honneur, dans certaines conditions, de servir son pays. Je pouvais juste espérer que compte tenu de ton intelligence politique, de ton parcours, du courage que je te connais, tu puisses mieux inspirer la politique que tu soutiens pour aller plus loin dans la réparation des torts dont, pour la plupart, il a hérité. A moins que ce régime ne les reprenne à son compte ; ce serait alors une autre histoire. De plus, même d’un point de vue tactique, tu avais tout intérêt à le faire au nom même des actes posés que tu as rappelés dans ton intervention. Tu en as les moyens intellectuels et politiques. Je pense, sincèrement, que c’est le combat que tu te dois d’épouser de là où tu es.
Je ne saurais terminer, cher ami, sans te recommander de reconsidérer tes propos dans cette émission. Il serait triste pour toi de tirer un trait sur ton long parcours au service des droits de l’homme et des opprimés. Aujourd’hui, il y a ce passage de quatre minutes d’une émission au cours de laquelle tu tiens des propos dans lesquels tes compagnons ont du mal à te reconnaitre. Il te suffirait de le reconnaitre avec humilité et de t’excuser auprès de ceux que tu as pu blesser. Ce ne serait pas une marque de faiblesse. Et tu pourrais alors espérer garder tout le mérite de ton engagement, le parcours de toute une vie, qui du coup, ne s’écrirait plus au passé. Et certainement, ceux qui te connaissent en public et en privé, comme moi, ne t’en tiendront pas rigueur. Parce que je crois sincèrement que tu es quelqu’un de bien et de foncièrement bon. A moins que ce ne soit un reniement. Ce serait alors, une autre histoire.
Abdoulaye DIAGANA
[1] COLLOQUE INTERNATIONAL. Dictature et racisme d’Etat au Soudan et en Mauritanie : répression, esclavage, extermination. 31 mai-1er juin 2002. Université Paris IV-Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, Paris 5ème.
Amphithéâtres Guizot et Descartes. Organisé par : Aircrige, en collaboration avec : l’OCVIDH, SOS-Esclaves, Soudan-Solidarité, Vigilance-Soudan, Survie. Disponible à cette adresse http://aircrigeweb.free.fr/blog2/2002/05/dictature-et-racisme-detat-au-s…
[2] Disponible à l’adresse http://aircrigeweb.free.fr/ressources/mauritanie/colloquesoudmauritanie/…
[3] Accessible à l’adresse http://aircrigeweb.free.fr/ressources/mauritanie/colloquesoudmauritanie/…
[4] Accessible à l’adresse http://aircrigeweb.free.fr/ressources/mauritanie/colloquesoudmauritanie/…
le calame
Déclaration : APP
APP – Quelques jours après les allégations de déni d’esclavage venant du Président de la République comme le grand de la constitution qui qualifie l’esclavage comme un crime contre l’humanité, et ayant la charge de veiller à l’application des lois, conventions et traités en vigueur lesquelles constituent une condition sine qua none pour l’instauration d’un Etat de droit;
le Ministre de la justice parce qu’il s’agit bien de lui et pour les raisons qui ne sont plus qu’un secret de Polichinelle pour tous les Mauritaniens… est venu réitéré les mêmes déclarations outrageuses qui continuent jusqu’à présent à susciter indignation continue, réprobation générale et rejet total de l’opinion.
Or l’esclavage est une réalité dont l’existence ne souffre d’aucun doute. Et c’est au nom de ce phénomène abject et anachronique cause des revendications légitimes de tous bords: abolition, réinsertion, redistribution des richesses nationales, partage de pouvoir… que la plus grande composante nationale, en l’occurrence les esclaves et les anciens esclaves (Haratines), se voient spoliés de tous droits.
Dans ce cadre caractérisé par la recrudescence du négationnisme, APP tient à révéler à l’opinion des cas tout récents d’esclavage avérés. Ainsi après son interpellation par certains citoyens à propos des pratiques dont leurs proches et eux-mêmes sont victimes à Outeïd Talhaya (moughataa M’Beïket Lahouach), le Coordinateur régional de SOS-Esclaves de la wilaya du Hodh Echargui a saisi la justice.
Aussitôt, sur ordre du procureur de la République, la gendarmerie s’est rendue, le jeudi 03 Décembre, sur les lieux, conduisant deux esclavagistes Khalihina Ould Haïmad et Hanana Ould Bouna, et une partie de leurs victimes : Fatma Mint Zaïda et deux (2) de ses quatre (4) enfants.
Quant aux deux autres restants et leur grand-mère Zaïda ainsi que Bouta Mint Diouma et sa famille qui compte (5) membres, établis à 6 kilomètres de la frontière avec le Mali, ils vivent toujours en captivité, nonobstant les dispositions prises pour les récupérer et les ramener à Néma.
On signale que la capitulation inacceptable et l’inféodation inconcevable de l’administration et de la justice aux pressions du système tribalo-féodal sont telles que les criminels échappent à chaque fois à l’application de la loi.
Ainsi l’intervention de l’adjudant de l’armée Sidi Ould El Ghalla de la base militaire de Bassiknou et de l’ex-maire de la commune Echimime Sidi Mohamed Ould Sidi El Mokhtar, tous deux fils des chefs de leurs tribus, protège-t-elle le troisième esclavagiste Mohamed Ould Haïmad qui vit présentement en toute impunité, à Outeïd Talhaya.
Cependant l’engagement sans équivoque du procureur de la République à poursuivre les auteurs de ces crimes d’esclavage et crime contre l’humanité, sa détermination de les placer en détention préventive, se heurte à la volonté du juge d’instruction Mohamed Ali Ould Hamoudy plus que jamais résolu à dévoyer les faits par la qualification des chefs d’accusation pour protéger les esclavagistes.
Les manœuvres foncièrement vicieuses et attentatoires de ce dernier durent depuis sept (7) ans, date de sa désignation à la cour de Néma. Sept ans d’intimidations et de menaces exercées sur les victimes d’esclavage, les contraignant à se dédire et se plier à sa volonté ont fini par acquitter tous les esclavagistes.
Dénonçant et condamnant avec force la volonté manifeste de l’Etat de faire barrage à l’émergence d’une Mauritanie refondée, une Mauritanie complètement dépourvue d’exclusion, de marginalisation et de privilèges indûment acquis au nom des droits de naissance et de race, APP :
1) Engage le pouvoir à enjoindre à toutes les autorités compétentes de faire preuve de sérieux et d’impartialité dans le traitement des dossiers d’esclavage, notamment dans cette affaire qui constitue un test des pouvoirs publics dans leur volonté de mettre fin aux pratiques esclavagistes ou non ;
2) Exige la sanction immédiate de l’administration et tous les magistrats et les auxiliaires de la justice impliqués, entre autres le juge d’instruction Mohamed Ali Ould Hamoudy conformément aux dispositions des articles 18 et 21 de la loi incriminant et condamnant l’esclavage ;
3) Rend le pouvoir seul responsable des conséquences des manipulations extrajudiciaires en cours sur la paix civile et la cohésion sociale ;
4) Met en garde contre toute volonté de protectionnisme de l’Etat et de connivence avec les esclavagistes afin de consacrer les parodies de justice et les décisions attentatoires subséquentes ;
5) Apelle l’ensemble de ses militants et sympathisants à rester mobilisés et vigilants jusqu’au règlement définitif de ces cas flagrants ;
6) Invite l’ensemble de la classe politique et la société civile à s’insurger contre la politique de déni d’esclavage de l’Etat aux conséquences assurément fatales pour la paix civile et la cohésion sociale ;
7) Rappelle que jamais son souci et son attachement à la cohésion sociale, la paix civile et la stabilité nationale ne sera au prix de l’acceptation du déni de l’esclavage et des droits légitimes des esclaves et anciens esclaves (Haratines) qui constituent l’une de ses priorités centrales.
Nouakchott, le 14 Décembre 2015
Le Bureau Exécutif
cridem