Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: February 2015

Les Peuls : Les Kurdes d’Afrique… Et si la question peule était posée…? une contribution de Bellahimana LY

BGOLxmuCUAIWaJz.jpg-largeComme les Kurdes au Moyen Orient et les Berbères au Maghreb et au Sahelles Peuls constituent un grand peuple sans un « Etat foyer » comme disent les occidentaux à propos des Juifs. Ils se trouvent dans la quasi-totalité des pays d’Afrique de l’ouest et une partie de l’Afrique centrale.

Traditionnellement des nomades, les Peuls se sont sédentarisés pour former des états qui datent du Moyens Age : L’Almamiya du Fuuta Toro ( sud Mauritanie et nord Sénégal de Saint-Louis á Bakel), Le Royaume Fouladou (Haute Casamance au Sénégal, nord-est de la Gambie), l’Almamiya du Fuuta Jallon en (Guinée Conakry), l’Empire du Macina (Centre du Mali), l’Etat infaillible de Liptaako (Burkina faso), l’Empire du Sokoto (Ouest du Nigeria , Sud du Niger et Nord duTogo et Benin) et l’Etat d’ Adamahawa (Est du Nigeria et Nord du Cameroon).

Seuls les Wodaabés en Afrique centrale (Est Niger, Extreme Est du Nigeria et CamerounTchad, SoudanSoudan du Sud et la Centrafrique) n’ont pas d’Etat foyer dû à leur activité de transhumance. 

Aujourd’hui aucun de ces Etats n’est une république indépendante et aucun mouvement ou groupe séparatiste ne revendique une quelconque autonomie. 

 

La langue peule

La langue peule et le Swahili sont les deux langues les plus parlées en airs géographiques en Afrique. La langue est appelée Pulaar dans la zone ouest et elle est appelée Foulfoulde dans les autres pays. Elle est comprise par tout le monde peul avec des légères différences. Il y a huit aires dialectales du Peul :

Pulaar Fuuta Jaloo (Guinée Conakry, Guinée Bissau, Sierra Leone), Pulaar Fuuta Tooro (Nord Sénégal, Sud Mauritanie et Ouest du Mali), Pulaar Firdu (Casamance et en Gambie), Fulfulde Maasina (Centre et Nord Mali), Fulfulde Liptaako (Burkina Faso), Fulfulde Borgu (Benin et Togo), Fulfulde Sokoto (Nord-Ouest du Nigeria et le Niger),Fulfulde Adamahawa (Nord-Est du Nigeria, Cameroun, du Tchad, Centrafrique, Soudan).

Le Peul n’est la langue officielle d’aucun de ces pays cités; comme l’est le Swahili la langue officielle de la Tanzanie et du Kenya. Cela s’explique d’abord par le fait qu’aucune ville peule n’est devenue la capitale d’un pays, ça s’explique aussi par des raisons politiques. 

 

les peuls sont t-ils vraiment des gens méchants?

Les Peuls sont victimes de discrimination et de stigmatisation. Les autres ethnies ont “surtout peur” de la langue qui pourrait etre selon eux un facteur de domination en Afrique de l’ouest. Leur situation politique aujourd’hui est aussi le resultat de leur forte opposition aux colons, les blancs ont installé la méfiance dans les coeurs des gens comme ils l’avaient fait au Rwanda entre Tutsie et Hutu. Par conséquent les Peuls sont accusés du racisme et de l’égoisme.

Si aujourd’hui beaucoup d’Africains se vantent d’être musulmans c’est grace à “Geno” Bien sûr mais aussi aux Peuls surtout ceux du Fuuta Toro appellés Haal Pulaar’en. Une partie des Peuls d’Afrique de l’Ouest, ont été parmi les propagateurs de l’islam sunnite, notamment avec des personnages du clan Toroobe Oumar Tall, comme Ousmane Dan Fodio et Muhammad Bello Chez les Haussa, Sékou Amadou, fondateur de l’empire Peul du Macina, et Amadou Lobbo Bari “Emir du Macina, Modibo Adama, fondateur du royaume Peul de l’Adamaoua les peuls auraient dû profiter de l’Islam pour imposer leur culture aux autres.

Sur le plan socio-géographique, les Peuls conquérants pratiquant le djihad sont des Peules sédentaires et en bonne relation avec les populations avec lesquelles ils cohabitent. 

Les peuls ont un large esprit d’ouverture et de partage, ils forment en générale une seule communauté avec leurs voisins. Au Sahel, il très difficile de différencier un Peul à un Touareg, au Nigeria, avec les Haussa ils constituent un peuple appelé Haussa-Fulani, au Sénégal les Peuls et Sérères sont très liés bref les discours politiques et la réalité sont très différents. 

Les Peuls très croyants n’ont jamais adopté l’esprit de vengeance ou de représaille « Ko muusi muusi ko fof » ils s’en remettent à Dieu « Maa Allah ñaaw fof » Dieu Jugera tout. Le président mauritanien avait prononcé ces mots à Kaédi : «… je suis heureux parce que les affliges ont fait preuves de maniabilité et d’indulgence je suis heureux parce que, Allah leur a donné le courage de surmonter les douleurs et la force de souiller les larmes de l’amertume sans ressentiment… »

Les éleveurs peuls ont beaucoup de problèmes avec leurs voisins agriculteurs qu’ils soient peuls sédentaires ou d’autres groupes ethniques, les pasteurs détruisent sur leur passage les champs des agriculteurs cela engendre des incidents très graves, le plus grave et celui qui a provoqué un conflit sénégalo-mauritanien suite à la bagarre entre un éleveur mauritanien et un cultivateur sénégalais, par contre ils sont victimes des vols de bétails à main armée. Le plus récent événement remonte en 2012 des Peuls Burkinabés sont massacres par des Dogons du Mali.

 

Situation politique pays par pays.

 

Sénégal

La situation politique du Sénégal est très stable. Les Peuls ont toujours occupé des postes importants, le président actuel est originaire du Fouta mais on ne peut pas dire que la situation est la meilleure. Dans les années 70-80 le Sénégal avait publié des statistiques en divisant les peuls en 3 groupes (Toucouleurs, Peuls et Laobés) pour donner la majorité au Wolof afin que cette langue soit la première au Sénégal. Le défunt Tidiane Anne tenta de s’opposer à ses données. 

Aujourd’hui parler Pulaar dans certains lieux peut relever de nationalisme voir racisme chez certaines personnes. Il n y’a pas de tension ethnique au Sénégal mais la langue pulaar est en perte de vitesse. A la vielle du deuxième tour de l’élection présidentielle 2012 des responsables politiques brandissent l’épouvantail d’une menace peule dans le pays en criant au vote ethnique. Heureusement le peuple sénégalais dans son ensemble est un peuple civilisé et mature. 

 

Cameroun

Les Peuls ne sont pas catégoriquement exclus de la vie politique camerounaise. Leur premier président est un peul, Ahmadou Ahidjo. Poussé à la sortie par les français en lui faisant croire qu’il était gravement malade, quelques années plus tard il a voulu reprendre le pouvoir cette fois ci il est contraint en exil forcé au Sénégal par Paul Biya. Les peuls dominent le centre et nord du Cameroun (Ngaoundéré) même si le pouvoir est aux mains des sudistes depuis plusieurs décennies.

Le fulfulde est la première langue du Cameroun, elle est véhiculaire dans tout le centre et nord Cameroun. Les villes comme Ngaoundéré, Maroua et Garoua ont bénéficié des infrastructures modernes et de bonne gestion où ils pratiquent librement leur tradition. Le pays est réputé être calme car il n’a jamais connu des conflits ethniques ou religieux. Les camerounais se demandent si la dictature qui assure la stabilité n’est pas meilleure qu’une alternance démocratique qui installe le chaos.

 

La Guinée et la Mauritanie 

Ces deux populations ont un destin identique et parfois tragique.

En Guinée, les Peuls subissent un sentiment de haine qui remonte au discours scandaleux de Sékou Touré. Inquiet de la montée de la popularité de Diallo Telli, premier Secrétaire Général de l’OUA, le dictateur sanguinaire invente un complot peul imaginaire. 

D’abord Il interdit la bourse d’études aux enfants peuls, ensuite des gens ont été massacrés parce qu’ils portaient des patronymes Diallo, Soh, Barry, Bah… Des intellectuels peuls sont victimes des exécutions en série, ce qui a fait le plus mal durant cette période c’est le fameux discours haineux, Sékou Touré appelle ouvertement au génocide peul (Personne n’a va jamais réussir ce que Hitler a échoué pendant la shoah).

M. Diallo n’a pas perdu sa foi en « Geno » voilà un extrait parmi ces derniers mots « Je suis croyant…je l’attends devant Allah » 7 ans plus tard Sékou, l’a rejoint dans l’autre monde. Aujourd’hui ils souffrent de cette diabolisation et les tensions ethniques persistent les spécialistes parlent de risque de guerre civile tandis que les peuls eux s’alarment d’un risque de génocide.

Ces tensions sont ravivées par les dernières élections présidentielles. Le candidat peul est arrivé en tête au premier tour avec 39 pour cent; a été éliminé au deuxième tour par une campagne « tout sauf peul » un résultat étonnant politiquement. Pourtant les peuls sont largement majoritaires en Guinée avec 40 pour cent de la population.

En Mauritanie c’est toute la communauté africaine qui fait face à l’arabisation du pays. Les Haali Pulaar’en sont la première ethnie africaine, ils sont particulièrement visés. Dans les années 80, ils publient un manifeste dénonçant le racisme et les discriminations par la suite le régime en place affirme avoir déjoué un coup d’état peul et saisit l’occasion pour commettre c’est qu’on appelle une épuration ethnique dans l’armée et d’autres institutions du pays.

En 1989 un conflit sénégalo-mauritanien éclate mais le pouvoir est persuadé que les véritables ennemis sont les haal pulaars des milliers de foutankés chassés de leur terre, des tueries et des licenciements des fonctionnaires se multiplient sous le regard silencieux des oulémas et des chefs religieux. Le 28 novembre 1990 28 Soldats tous pulaars sont pendus pour célébrer l’indépendance du pays. 

24 ans après, la justice n’est pas faite mais les choses semblent aller mieux. La communauté noire continue à dénoncer le pouvoir en place qu’il juge raciste fondé sur un système politique discriminatoire. Les nationalistes arabes veulent instaurer un Etat exclusivement arabe et tourner le dos définitivement aux pays subsahariens, des mouvements noirs protestent ce système, ces même mouvements sont accusés d’être composés exclusivement de peuls.

 

Mali

Les peuls du Mali sont victimes des conséquences du conflit entre les Touaregs et Bamako. Les Peuls cohabitent avec les tamasheqs depuis des siècles et ils partagent la même culture du Sahel. Durant les périodes des conflits, les Peuls sont pris entre deux feux, d’une part ils subissent les représailles des Touaregs les considérant avant tout des africains et d’autres part l’armée malienne commette des exactions sur des innocents qu’elle accuse de soutenir les Touaregs et surtout d’avoir massivement intégré les forces djihadistes du Mujao.

Les Peuls sont bien représentés dans la vie politique du Mali mais les tensions entre les éleveurs et les agriculteurs sont fréquents, sous le régime d’ATT qui est élevé dans un milieu peul. L’Etat avait pris des décisions en faveur des pasteurs peuls mais depuis son renversement les tensons surgissent.

Guinée Bissau et Sierra Leone

Dans ces pays la situation politique est instable, ils souffrent des crises politico-militaires. Le président de l’intérim de la Guinée Bissau est peul, le pays traverse une longue crise politique. La Sierra Leone sort d’une décennie de guerre et la population peule est très minoritaire.

 

Benin et Togo

Dans ces pays aussi les populations peuls sont minoritaires et occupent le nord du pays. Ils ne sont pas impliqués dans la politique de leurs pays et ils font face à des conflits frontaliers et des tensions avec les agriculteurs. La communauté Peule au Bénin est déjà victime de nombreuses humiliations et brimades par les populations et les forces de l’ordre à cause de la mauvaise publicité qui leur est faite par certains médias et certaines autorités.

Il y a quelques mois, suite à un incendie qui a décimé un village, un ministre de la République parlant des transhumants, a dit publiquement devant une population en furie, donc vulnérable et facilement influençable : « Comme le Guépard, nos forces de sécurité et de défense sont appelées à traquer ces hors la loi jusqu’à leur dernier retranchement ». Ces propos ont été relayés par la presse béninoise.

 

Burkina Faso

Les peuls constituent la troisième ethnie du pays, c’est l’un des pays qui n’a pas connu des crises interethniques. Dans la région du Sahel, le Fulfulde est enseigné, le taux d’alphabétisation est élevé, le fulfulde est bien représenté dans le pays. Selon la constitution nationale les habitants sont appelés les Burkinabè (mot invariable), où le suffixe « bè »désignant l’habitant en fulfulde (homme ou femme), le singulier est Burkinajo mais pour faciliter les choses le gentilé du Burkina reste toujours invariable.

 

Niger et Nigeria

Dans ces deux pays les Peuls sont indissociables aux Haoussas, dû à leur attachement à l’islam. Au Nigeria, on parle plutôt d’une opposition du nord musulman au sud chrétien la religion est au-dessus de l’appartenance ethnique. Le pays a connu des présidents peuls et la langue fait partie des quatre principales langues du Nigeria (Haoussa, Foulani, Igbo et Yoruba).

 

Tchad, Soudans et Centrafrique

Les Peuls-Bororos ou Woddaabe vivent éparpillés dans plusieurs pays d‘Afrique. On ne connaît pas précisément leur nombre ni même où ils habitent parce qu’ils sont constamment en mouvement. Ce sont des nomades qui ne connaissent pas les frontières en plus des pays de l’Afrique centrale on les trouve également au Niger et au Nigeria.

Les deux Soudan sont déchirés par des guerres inter-ethniques, aucun groupe n’est épargné par les graves crises. Au Tchad, le peuple peul est plus mal recensé compte tenu de leur mode de vie qui est nomade, les peuls du Tchad sont souvent confrontés à des problèmes dus à leur activité, ils sont accusés de ne pas respecter les lois qui protègent la nature. Le Tchad a connu une rébellion dirigé par un peul le général BaBa Laddé. Les organisations internationales dénoncent les exactions commises sur les populations peules, elles dénoncent également les violences des milices peuls sur des populations civils.

En Centrafrique, les peuls vivent en ce moment une situation dramatique, ils ont victimes de série de massacres. Des rebelles venus du nord à majorité musulmans avaient renversé le pouvoir en place. Ces rebelles sont accusés de commettre des exactions sur les civils chrétiens, ces derniers ont formé une milice Anti-balaka qui attaquent les musulmans, les peuls constituent 70 pour cent de ces musulmans. Ces deniers jours la situation est particulière désastreuse les peuls connaissent une vraie épuration ethnique ou nom d’un faux conflit confessionnel.

Depuis décembre 2013 au moins 100 personnes d’origine peule ont été tuées à l’arme blanche, parmi lesquelles beaucoup d’enfants, près de Boali, à 95 km au nord de Bangui. Les victimes, selon les sources, sont toutes des Bororos, membres de la minorité peule musulmane.

 

L’avenir des peuls

Notre culture dépend de la survie de notre peuple, à quoi bon une culture sans hommes? Nous ne pouvons pas continuer à fermer les jeux et laisser nos proches se faire massacrer comme des mouches. Nous ne pouvons pas continuer à fermer les jeux et laisser nos proches se faire exclure de la vie politique et dans les institutions de leurs pays.

Nous ne pouvons pas abandonner nos activités traditionnelles au nom des frontières artificielles, les peuls ne connaissent pas de frontières, les lois doivent tenir en compte de cette réalité. Notre culture dépend de notre vie, ce que les peuls subissent aujourd’hui en RCAGuinée et dans d’autres régions est inhumain, personnes ne peut dire que les autres ont subi la même chose, qu’il nous montre des preuves.

Contrairement aux Kurdes et aux Touaregs les peuls ne cherchent pas à créer un Etat peul indépendant, en tout cas pour le moment mais plutôt à vivre dignement sur leur terre natale, c’est un peuple pacifique qui ne connait pas « la culture de guerre ». La stigmatisation doit cesser partout pour une paix durable. 

Le Peul est la troisième langue la plus parlée en Afrique après swahili et haussa, il devrait avoir plus de considération. On voit des radios et des télés internationales dédiées aux autres langues pourquoi pas en peul aussi ? La communauté internationale a le devoir de protéger tous les peuples, la question peule ne devrait plus rester un sujet tabou. 

Les lois qui rendent difficiles le pastoralisme des peuls (comme c’est le cas au Tchad) doivent être modifiées. Les peuls doivent avoir une garantie de libre circulation et la communauté Internationale doit surtout faire des pressions sur les régimes politiques pour faire cesser les persécutions.

Le problème est qu’il n’existe pas de véritable solidarité entre les peuls. Les organisations et associations comme Tabital Pulaagu International ne font rien de concrets à part les festivités et les réunions. Aujourd’hui, les pires massacres des peuls sont en cours en Rca, que disent ces organisations pourquoi elles ne réagissent pas. 

Le combat n’est pas seulement militaire ou politique c’est aussi culturel, Humanitaire… créer des télévisions et des radios peules pour promouvoir la langue et la culture, créer des organisations humanitaires pour aider ceux qui sont en situation vulnérable, accueillir des frères victimes des percussions politiques.

Africpost 

Abderrahmane Sissako: Le sacre par Bios Diallo

Abderrahmane Sissako:  Le sacre par Bios DialloHorizons – Le Timbuktu, le Chagrin des Oiseaux, de notre compatriote Abderrahmane Sissako, vient d’être consacré Meilleur film par l’Académie des Césars en France. Récompense d’une passion !

Il y avait une sorte de communion ce vendredi 20 février 2015, entre le Théâtre du Châtelet, à Paris où se tenait la 40e cérémonie des Césars, et Nouakchott. Car ils sont nombreux les Mauritaniens à avoir suivi, en direct sur différentes chaînes TV, ce rendez-vous des œuvres cinématographies. Fibre nationale oblige !

Il faut dire que l’ambassadeur qui nous y représentait, et tout le continent, porte l’étoffe d’espoir. Et Abderrahmane Sissako n’a pas déçu. Son film, Timbuktu, le Chagrin des Oiseaux, à lui seul a raflé sept statuettes, dont celles du meilleur réalisateur et du meilleur film. Et d’autres récompenses restent à venir.

Ce film, conçu et mûri au pays, a été tourné à Oualata. Il y a donc, à son origine, un défi et un honneur de la terre des ancêtres. Un orgueil. Un arbre que le destin fructifie toujours. C’est le souffle de reconnaissance que plus d’un Mauritanien a ressenti ce jour, quand le choix des jurés s’est porté sur Sissako.

« Pour nous, dit la ministre de la Culture et de l’Artisanat, Madame Hindou Mint Aïnina, ce prix est bien plus qu’un titre honorifique. Il atteste, démontre, que l’intelligence et l’esprit créatif des mauritaniens n’ont pas à être sous-estimés. Une preuve aussi que lorsque l’on fait une chose avec passion et conviction, on peut en attendre les fruits avec certitude. Et c’est le chemin que Monsieur Sissako a emprunté, lui qui n’a eu de cesse de mener son art avec rigueur et poésie. Enfin, par ses prix, poursuit la ministre, il donne l’exemple à tous les autres pour plus de créativité, d’ambition et d’audace dans tous les domaines ».

Dans le communiqué de presse, publié par le Ministère de la Culture et de l’Artisanat on peut lire : « Par cette distinction, Abderrahmane Sissako honore non seulement la Mauritanie en montrant la capacité et le savoir-faire créatif de ses enfants, mais aussi toute l’Afrique et le Monde arabe. » Il faut dire que notre compatriote est le premier réalisateur Africain, mais aussi du monde arabe, à décrocher ce César !

Nous le disions, ce film qui fait aujourd’hui l’objet d’éloges et d’attraits, a été entièrement travaillé ici. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui lui a accordé son soutien moral et financier « sans jamais interférer dans la progression de ce qui se faisait en respectant mon travail d’artiste, de créateur », comme l’a souligné Sissako lui-même, a été à la projection de son avant-première le 22 septembre 2014 au palais des conférences de Nouakchott.

Avec lui, le Gouvernement au complet à ses côtés ! Sans oublier les présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale, des représentants d’organisations internationales et un public passionné d’hommes et femmes de la culture…Une première dans ce pays où il n’existe plus aucune salle de cinéma ! Mais qu’importe, ce manque pourrait être corrigé. Tout au moins cela nourrit et redonne de l’espoir aux nostalgiques des salles obscures du 7e art.

En attendant, on salue différemment les distinctions du réalisateur d’Octobre (1993).

« Pour moi, dit Daouda Kenou, un compatriote qui a vécu longtemps au Burkina où il avait toujours l’embarra des séances de films pendant et après le Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou), c’est le moment ou jamais de faire que les cinémas rouvrent en Mauritanie. Ne serait-ce que deux salles à Nouakchott ! ».

Son argument : « Je sais, poursuit notre cinéphile, que le public est demandeur. L’ambiance du grand écran, la queue devant les salles, les discussions à l’intérieur avant et après les projections, sont des choses que la télé à la maison ne peut remplacer », défend-il.

« Je ressens une immense fierté et une grande joie en voyant tout ce triomphe lié au nom de mon pays, la Mauritanie, dit dans une expression de joie qu’elle a du mal à contenir Maïmouna Saleck directrice de l’Espace de la Biodivercité à Nouakchott qui a eu à abriter des projections du film. On peut penser ce que l’on veut du film, dire que c’est “une commande”… cela n’enlève en rien à sa beauté, sa sensibilité, sa poésie. Abderrahmane Sissako a fait fort en tout. Et il prouve que notre pays produit des hommes d’art capables d’offrir de belles et merveilleuses choses. Sissako, voilà un Mauritanien qui nous porte vers les plus hautes sphères culturelles…. Je ne pérore pas sur le reste », poursuit-elle en envoyant des textos à tous ceux qui partagent ses instants de bonheur.

« Qu’on soit Africain, ou simplement Mauritanien, on doit être vraiment fier pour ces trophées, dit l’artiste peintre Amy Sow costumière du film et qui a été sur tout le tournage de Timbuktu. Abderrahmane est un grand cinéaste, soucieux du détail. Ça montre aussi que le cinéma africain a un très bon niveau pour ce genre de compétitions [Césars, Cannes, Oscars…]. »

Puis Amy souligne sa reconnaissance : « C’est également, pour moi, une belle expérience. Comme dans d’autres choix, les comédiens notamment, Abderrahmane Sissako a voulu prendre des artistes locaux, du terrain, pour leur mettre la main à l’étrier. Et ça, c’est rare dans ce domaine, et ce n’est pas négligeable ! Moi cela m’a enrichie et je l’en remercie ».

L’artiste Limam Kane Monza abonde dans le même sens : « Ces prix dictent tout simplement la consécration d’un homme que nous avions toujours admiré, adolescents. Le cinéaste nous a toujours éblouis par son art, et sa manière très juste de faire, soutient-il. Avec Heremakono et Bamako, contre le diktat des Institutions internationales, nous ont merveilleusement interpellés, car renforçant l’engagement pour une meilleure Afrique. »

Puis, soucieux d’un soutien plus appuyé à la scène culturelle nationale, celui qui se surnomme le Président de la Rue Publique et promoteur du festival Assalamalekum Hip Hop, lance à l’aîné : « Ce prix est une très belle carte pour la diplomatie culturelle mauritanienne. Sissako doit, par conséquent, l’utiliser pour redonner à la culture, ici, son mérite. Nous avions tous nourri de grands espoirs suite à sa nomination auprès du président de la République.

Sans le charger, et à sa décharge, puisque les choses ont souvent des paramètres compliqués, surtout quand on est de l’autre côté, mais je trouve que c’est l’opportunité avec ses distinctions d’attirer davantage l’intérêt au soutien à la culture. Puisque voilà un geste qui redore le blason et fraye de nouveaux chemins, au cinéma mauritanien, et au-delà à toutes les cultures de la Mauritanie. Ce César est un instant qui pousse encore plus à m’attacher à mon pays, à agir pour lui. Nous disons Big Up à Abderrahmane Sissako et à toute l’équipe du film Timbuktu.

Puisse alors la Mauritanie et l’Afrique lui rendre les honneurs qu’il mérite et surtout à lui de se rappeler qu’il est un acteur, militant et non un faiseur d’actions », termine en claquant des pouces le rappeur !

Il apparait ainsi qu’au-delà du citoyen lambda, tout le monde des arts a vécu une journée de consécration, de grande satisfaction. Quant au film du sacre, il procède d’un acte militant, le refus de se taire. Face au règne des djihadistes, dans le Nord Mali. On sait le drame que cette occupation a causé depuis. Saison cruelle, avec la prise de Tombouctou en 2012.

Mais pour montrer ce que fut celle qui se faisait appeler la cité des 333 saints ou encore la perle du désert, Sissako a préféré donner la parole à l’image et aux bobines. Sous l’angle de la fierté de ceux qui y vivent et y résistent toujours. Car les habitants de Toumbouctou ne plient pas, relèvent la tête face aux insurgés maîtres qui narguent et détruisent les symboles du foyer de brassages ethniques, culturels, religieux et d’ouverture.

Les islamistes aux lois extrêmes ne remportent alors que des victoires partielles, puisque la dignité du dernier socle est ce qu’il y a de plus fort. Ceux qui ont marché sur Timbuktu le savent. Et le goût de l’inachevé ils l’auront toujours, puisque même diminués les hommes et les femmes de Timbuktu demeurent dignes. C’est cet honneur, cette image de dignité qui redonne espoir par le combat cinématographique, que vient d’opérer Abderrahmane Sissako. Chose qui demeure dans le parcours de l’artiste.

Puisque, à 54 ans, le natif de Kiffa a su se construire une filmographie à l’image de sa patience et de son engagement : Rostov-Luanda (1996), sur les traces d’un combattant de la libération angolaise qu’il a connu à Moscou pendant ses études de cinéma, La Vie sur Terre (1998), film tourné dans un village malien avec des poèmes du Martiniquais Aimé Césaire, et Bamako, en 2006, montre une Afrique qui élève la voix contre des institutions internationales de la Banque Mondiale aux remèdes peu adaptés au continent.

Ce César du Meilleur réalisateur n’est donc que mérité, après l’Etalon Yennega du FESPACO en 2003 pour son film Heremakono. Ce dernier a comme sous-titre en français En attendant le bonheur. Autant dire une morale qui augure des sacres. Et qui sait attendre… le fruit de ses actes sera toujours comblé !

Bios Diallo

Ps : Une projection GRATUITE du film Timbuktu, le Chagrin des Oiseaux est prévue ce mardi 24 février à 17h à l’Ancienne Maison des Jeunes de Nouakchott. La séance aura lieu en présence de la Ministre de la Culture et de l’Artisanat, de membres du Gouvernement et du Corps diplomatique. 


cridem

La Banque mondiale apporte 10 millions $ à la Mauritanie pour lutter contre la sécheresse

 

La Banque mondiale apporte 10 millions $ à la Mauritanie pour lutter contre la sécheresse (Agence Ecofin) – La Banque mondiale (BM) octroiera un financement de 10 millions de dollars à la Mauritanie. Cette somme servira essentiellement à appuyer les petits producteurs du pays qui connaît actuellement une sécheresse prolongée.

«Les fonds apporteront un soutien aux programmes mis en place par le gouvernement visant à éviter la détérioration de la situation économique et des services sociaux face à la situation d’urgence engendrée par la sécheresse», a affirmé la directrice suppléante de la Banque mondiale pour le développement durable, région Afrique.

Anna Bjerde a indiqué que ce financement qui profitera à environ 600 villages dans les zones les plus affectées par la sécheresse servira à la reconstitution de stocks céréaliers et à la protection du bétail. L

a Mauritanie avait récemment bénéficié aux côtés du Niger et du Sénégal d’une prime de 12,5 milliards de francs Cfa versé par l’African Risk Capacity, une mutuelle panafricaine de gestion des risques.

Aaron Akinocho

http://www.agenceecofin.com/aide-au-developpement/2302-26779-la-banque-mondiale-apporte-10-millions-a-la-mauritanie-pour-lutter-contre-la-secheresse

 

(Agence Ecofin) – La Banque mondiale (BM) octroiera un financement de 10 millions de dollars à la Mauritanie. Cette somme servira essentiellement à appuyer les petits producteurs du pays qui connaît actuellement une sécheresse prolongée.

«Les fonds apporteront un soutien aux programmes mis en place par le gouvernement visant à éviter la détérioration de la situation économique et des services sociaux face à la situation d’urgence engendrée par la sécheresse», a affirmé la directrice suppléante de la Banque mondiale pour le développement durable, région Afrique.

Anna Bjerde a indiqué que ce financement qui profitera à environ 600 villages dans les zones les plus affectées par la sécheresse servira à la reconstitution de stocks céréaliers et à la protection du bétail. L

a Mauritanie avait récemment bénéficié aux côtés du Niger et du Sénégal d’une prime de 12,5 milliards de francs Cfa versé par l’African Risk Capacity, une mutuelle panafricaine de gestion des risques.

Aaron Akinocho

Mauritanie: “aucune rupture énergique et véritable de la politique du racisme d’Etat”

ALAKHBAR (Nouakchott)-La politique du racisme d’Etat, développée par le régime de l’ancien président mauritanien Maouya Ould Taya n’a connu aucune rupture énergique et véritable durant l’actuelle présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz, a estimé le Forum des Organisations Nationales des Droits humains en Mauritanie.

Le Fonadh régissait après les déclarations de Sidi Ould Dahi. Il a rappelé que cet “ancien sénateur et très proche « collaborateur » de l’actuel chef de l’Etat qui a loué sans vergogne les crimes de génocide perpétrés contre la communauté négro-africaine de Mauritanie, par le régime sanguinaire de Maouya Ould Sid’Ahmed Taya, pendant les années de braise (1986 – 1991).”

Pour le Fondah ces déclarations montrent «encore une manifestation éhontée et impunie de racisme et d’exclusion – une insulte – sur un plateau de télévision privée mauritanienne, par un élément de la communauté arabe contre toute la communauté négro-africaine de Mauritanie.

« Cette déclaration est une insulte à la mémoire des milliers de victimes, civiles et militaires, de ce qu’il est convenu d’appeler le « passif humanitaire ». C’est une insulte à l’adresse de tous les membres de la communauté négro-africaine de Mauritanie», dans un communiqué reçu à Alakhbar.

« C’est une insulte à l’adresse de tous les citoyens mauritaniens, sans distinction d’ethnie, épris de paix et de justice sociale. C’est aussi une menace à la paix civile, à l’unité nationale et à la nécessaire cohésion sociale, auxquelles aspirent tant de démocrates mauritaniens, soucieux de l’unité de toutes les composantes nationales, de la paix civile et du développement économique et social harmonieux de notre cher pays. »

« Or, ces propos incitant à la haine, tenus sur le plateau d’une télévision privée mauritanienne (Al Wataniya), n’a même pas suscité une réaction de démarcation, voire de protestation de la part des journalistes du média ou de la direction de celle-ci. »

« Aucune voix officielle n’est audible, pour fustiger une telle déclaration. C’est la preuve, si besoin est, de la banalisation des propos et actes racistes, qui se développent chaque jour davantage, notamment à l’encontre des citoyens et des étrangers vivant parmi nous, tous d’origine négro-africaine (rafles intempestives dans les quartiers de Sebkha et d’El Mina).»

Kick Boxing: Un mauritanien Champion de France

altAprès la  sprinteuse Myriam Soumaré dont les parents sont d’origine mauritanienne et qui a décroché trois fois consécutives le  titre championne de France  sur 100 m, voilà qu’un autre ressortissant mauritanien originaire de Dafort dans le Guidimagha  est  sacré champion de France de Kick Boxing. En effet  Madické Khassa Camara a gagné hier soir  à Caen, le titre national français Elite -de 75 kgs.

 

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