Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: June 2014

En exclusivité le président des FLAM à Flamnet: ” A nos amis et sympathisants je voudrais dire de garder l’optimisme; les lignes bougent, même si cela ne se fait pas à la vitesse souhaitée”

altUn peu moins d’un an après le  retour de leur direction, les Forces de Libération Africaines de Mauritanie ( FLAM ) sont en train de s’implanter lentement mais sûrement sur la scène politique mauritanienne. Après une première phase de contacts et d’informations suivie d’implantation de structures, place aux préparatifs du congrès qui aura lieu cet automne en Mauritanie. A cette occasion, le président Samba Thiam a accordé une importante interview à Flamnet.

Entretien…

 

Flamnet : les Flam sont donc sur le terrain depuis plusieurs mois, qu’est-ce qui a été fait ?

Président Samba Thiam: Depuis notre retour en septembre 2013 , nous nous sommes attelés à  faire découvrir ou mieux  connaitre les Flam. Nous nous sommes efforcés d’expliquer, à travers des interwiews, des débats  des conférences et meetings leurs objectifs, leur ligne politique, leur discours, leurs aspirations et ambitions nationales, mais aussi leur préoccupation essentielle sur  l’avenir du pays. 

Cet esprit d’ouverture  nous a amené à prendre contact avec des responsables d’institutions nationales, des acteurs  de l’économie, des partenaires internationaux en vue de  sensibiliser sur l’urgence à régler la question pendante de la cohabitation.  Simultanément, nous nous employons à visiter  certaines régions du pays, implanter l’organisation.

Flamnet:  quelles sont les perspectives ? 

Samba Thiam:  Nous comptons, après consolidation des acquis, nous déployer dans la vallée du fleuve en priorité, et dans le reste de la Mauritanie profonde  en vue de nous implanter le plus largement possible. Une campagne tous azimuts en perspective, en somme.

Flamnet : autres perspectives ? 

Samba Thiam –Après le renforcement de la coalition des courants plus soucieux du réglement du  problème  de la cohabitation, nous souhaiterions impulser voire  initier, à ce propos , des rencontres bi-latérales ou de groupes avec de larges  segménts de la classe politique, et pourquoi pas, prendre langue avec le  pouvoir qui doit être, à son tour, interpellé  sur cette question…

Flamnet  : avez vous un appel à faire ?

Samba Thiam:  Oui , en direction de nos amis et sympathisants auquels je voudrais dire de garder l’optimisme; les lignes bougent, même si cela ne se fait pas  à la vitesse souhaitée, Leur rappeler que cette lutte qui se mène est aussi la leur, d’où l’importance de leur soutien  politique, moral et matériel, surtout que nous nous acheminons vers l’organisation d’un Congrès de mutation  qui sera suivi de grands chantiers.

Flamnet: les élections viennent de prendre fin, votre appréciation ?

Samba Thiam: Je crois m´être  déjà exprimé récemment sur la question, à travers une interwiew accordée au journal “Le rénovateur”. Sur la stratégie du camp des boycotistes, en soi légitime, qu’elle pouvait être mieux affinée. Sur les élections proprement dite, j’ajoutais  qu’elles étaient sans enjeu, que  leur resultat serait sans surprise; je soulignais ensuite  que pour nous Négro-africains, l’existence précedait les élections . Qu’il nous fallait  d’abord penser exister avant de penser voter ou boycotter .

Pour tirer la morale ou la sagesse de ces élections, maintenant qu’elles sont finies et bien finies, il n’y a pas mieux que cet un adage populaire qui dit que “Lorsque vous perdez ne perdez pas la lecon”.

Flamnet: Merci camarade président et la lutte continue!

 

Propos recueillis par Kaaw Touré, Abou Hamidou Sy et Mamadou Sall.

www.flamnet.info

 

 

 

 

Le Conseil Constitutionnel déclare l’élection du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz comme Président de la République

altNouakchott,  29/06/2014  –  Le président du Conseil Constitutionnel, Me Sghair Ould M’Bareck a déclaré l’élection du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz comme Président de la République au premier tour des élections présidentielles qui se sont déroulées le 21 juin 2014.

Le président du Conseil Constitutionnel qui proclamait, dimanche à Nouakchott, les résultats définitifs des dernières élections présidentielles a ajouté en disant: après avoir pris connaissance des procès-verbaux du scrutin et leur examen et après avoir écouté le rapporteur et les délibérations, conformément à la loi, le premier tour a donné les résultats suivants:

– Nombre d’inscrits: 1328168

– Nombre de votants 751163

– Taux de participation: 56,55%

– Bulletins nuls: 32442

– Bulletins neutres: 10853

Suffrages exprimés: 707898.

Le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a obtenu 580062, soit 81,94%

Le candidat Boidiel Ould Houmeid a obtenu 31245 voix, soit 4,41%

La candidate Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss a obtenu 3453 voix, soit 0,48%

Le candidat Biram Dah Abdeid a obtenu 61757 voix, soit 8,72%.

Le candidat Ibrahima Moctar Sarr a obtenu 31381 voix, soit 4,43%.

 

Source: AMI

Sénégal: élections locales test pour Macky Sall

alt(AFP)Les Sénégalais participaient dimanche à des élections municipales et départementales, un scrutin test pour le président Macky Sall au pouvoir depuis plus de deux ans mais dont la majorité s’est disloquée.

Des files d’électeurs s’étaient formées dans des centres de vote de quartiers résidentiels et populaire de Dakar peu avant l’ouverture des bureaux de vote à 08H00 (GMT et locales).

Le vote, qui doit être clos à 18H00, a démarré avec un léger retard dans des centres où les électeurs attendaient l’arrivée de responsables électoraux ou la mise en place du matériel, selon un journaliste de l’AFP.

Plus de 5,3 millions d’inscrits sont appelés à choisir entre plus de 2.700 listes de partis ou de simples citoyens, contre 1.600 aux dernières élections locales de 2009.

Le scrutin est destiné à désigner les conseillers municipaux et départementaux dans 602 collectivités locales qui éliront à leur tour les maires et les présidents de départements. Les collectivités locales gèrent notamment le domaine foncier, les ressources naturelles, l’éducation, la jeunesse et la culture.

Le vote constitue aussi un test pour le président Sall et son parti qui ne contrôle que quelques-unes de ces collectivités.

M. Sall a été élu grâce à une coalition de plusieurs partis en mars 2012, avec plus de 65% des voix, face à Abdoulaye Wade qui était au pouvoir depuis douze ans.

Le scrutin avait été âprement disputé et émaillé de violences qui avaient fait de six à quinze morts et au moins 150 blessés.

Mais cette alternance, rare sur le continent africain, avait été saluée comme un exemple, dans un pays réputé démocratique, qui n’a jamais connu de coup d’Etat.

Deux ans plus tard, la majorité a peiné à s’entendre sur la confection des listes pour les élections locales, des partis ayant accusé le parti présidentiel de “boulimie”.

La majorité s’est ainsi disloquée dans de nombreuses zones où elle n’a pas pu présenter des listes communes.

– “Grogne sociale” –

Créé en 2008, le parti présidentiel ne dispose pas d’une assise forte dans le pays et est miné par des divisions internes. Mais l’Alliance pour la République (APR) espère que le scrutin local lui permettra de renforcer ses bases malgré un contexte difficile de grogne sociale.

Il table sur un certain nombre de mesures gouvernementales pour atténuer les difficultés des ménages: baisse des prix des denrées, des loyers, diminution de l’impôt sur le salaire, institution d’une assurance-maladie universelle et allocation trimestrielle pour des ménages parmi les plus pauvres.

Les autorités ont également lancé un plan de développement qui vise à porter, d’ici quatre ans, le taux de croissance à 7% pour une période de dix ans et pour relancer des secteurs “prioritaires” comme l’agriculture, le tourisme et l’industrie.

La croissance du PIB a été de 3,4% en 2012, 4% en 2013 et pour 2014, la prévision est de 4,6%.

Mais de nombreux Sénégalais estiment toujours que les réformes promises ne se déroulent pas à la cadence voulue.

Durant la campagne, des slogans hostiles ont été lancés, comme “nous nous sommes trompés de choix” (en élisant Macky Sall).

Le gouvernement a aussi dû faire face au retour sur la scène politique de l’ex-président Wade rentré au Sénégal fin avril après deux ans passés en France.

A 87 ans, le chef du Parti démocratique sénégalais (PDS) a sillonné le pays pour soutenir ses candidats avec pour mot d’ordre: “Ces élections sont un référendum pour ou contre Macky Sall” à trois ans de la prochaine présidentielle de 2017.

La majorité aux dernières élections locales de 2009 avait été obtenue par le Parti socialiste (PS), qui a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000, et par l’Alliance des forces de progrès (AFP), deux partis de la coalition aujourd’hui divisée du président Sall.

Les premiers résultats du scrutin de dimanche devraient être connus dans la nuit de dimanche à lundi et le résultat complet dans la semaine.

TV5

La course est finie, les paris sont ouverts

altL’élection présidentielle a vécu. Premier constat : deux semaines de vacarme et des meetings à n’en plus finir n’auront pas convaincu les citoyens d’aller accomplir leur devoir civique. Moins de 45% des mauritaniens en âge de voter ont fait le déplacement. Les hommes d’affaires, les banquiers, les notabilités et les petits roitelets locaux ont, pourtant, tous été mis à contribution. Avec un seul mot d’ordre : tirer le taux de participation vers le haut. Des milliers de personnes ont été ainsi déplacées pour le vote. C’était la course à celui qui ramènerait la « meilleure » urne. Dans certains bureaux de vote à l’intérieur du pays, le nombre de votants fut, pile poil, égal à celui des inscrits. Aucun absent, ni voyageur, ni malade. Et ce ne sont pas seulement les personnes qui ont fait le déplacement. Des milliers de cartes d’identité ont été envoyées aux quatre coins du pays. L’essentiel était que le taux montât, au fil des heures, pour atteindre 100%, par endroits. Des miracles comme seule sait en produire la démocratie mauritanienne.

Second constat : avec plus de 81% des suffrages exprimés, le président candidat est, incontestablement, le grand vainqueur de la consultation. Avec une confortable majorité à l’Assemblée nationale, il peut, désormais, voir venir les cinq prochaines années. Mais à quel prix ? Le taux de participation, dont on a fait le principal enjeu de cette élection, en l’absence de l’opposition, a-t-il atteint un seuil de « légitimation » ? L’élection a-t-elle soldé la crise politique que nous vivons depuis 2008 ? Avec un taux de participation de 56 % des inscrits (soit environ 19 points de moins que lors des dernières municipales et législatives), peut-on dire qu’Ould Abdel Aziz est mal élu ? Que le mot d’ordre de boycott, lancé par l’opposition, a porté ?

Avec une telle démobilisation de l’électorat, l’opposition peut-elle regretter, a contrario, de ne pas avoir pris part au scrutin ? Aurait-elle dû investir l’arène, pour tenter de porter un coup au pouvoir d’Ould Abdel Aziz, l’affaiblir et éviter qu’il ne rentre, dans son second mandat, « comme dans du beurre » ? Quand finira-t-elle par comprendre que les marches et les meetings, certes signes de vitalité démocratique, ne servent que le régime en place ?

Les thuriféraires de celui-ci vont, certainement, pavoiser le pays des 82% de votants pour leur champion ; d’autres ne lui reconnaîtront que 43% des inscrits, quand d’autres encore s’inquièteront de son maigre score de 34% auprès des mauritaniens en âge de voter – à peine un sur trois ! – un piètre actif que contesteront, sans aucun doute, les derniers, évoquant diverses fraudes… Une telle cacophonie peut-elle déboucher, à terme, sur une négociation généralisée des conditions existentielles de notre démocratie ? Peut-être vaut-il mieux parier, en effet, sur les résultats de la Coupe du Monde…

Ahmed Ould Cheikh

 

Source: le calame

Entretien avec Kane Hamidou Baba Président du MPR : « Le peuple mauritanien a fait preuve de maturité en refusant d’être infantilisé »

Entretien avec Kane Hamidou Baba Président du MPR : « Le peuple mauritanien a fait preuve de maturité ...…en refusant d’être infantilisé ».

Le Rénovateur Quotidien – 18 ans dans l’opposition, ça forge le caractère. Et Kane Hamidou Baba en a à revendre, quand il s’agit de faire passer ses idées. Le leader du Mouvement pour la Refondation (MPR) fait partie des « boycottistes » irréductibles pour qui l’élection présidentielle qui a vu la reconduction du mandat de Mohamed Ould Abdel Aziz, est un épiphénomène.

L’enjeu est ailleurs que dans une bataille de chiffres qui prête à sourire. Il revient sur la dernière consultation et livre sa lecture des vraies questions qui se posent au pays. Entretien

Le Rénovateur : M Kane Hamidou Baba, nous venons de suivre l’élection présidentielle. Mohamed Ould Abdel Aziz a été réélu avec un score assez confortable. Quelle lecture faites-vous de cette élection et comment interprétez-vous ces chiffres ?

Kane Hamidou Baba : Nous venons effectivement de vivre des élections qui sont marquées, comme chacun le sait, par un déficit de crédibilité, de transparence et de consensus. Les résultats obtenus par le candidat président n’ont rien de surprenant, dans la mesure où l’essentiel de la classe politique a fait le choix de ne pas aller à ces élections.

Naturellement, en tant que membre du Forum National pour la Démocratie et l’Unité, nous avions dit, dès le mois d’avril, que l’échec du dialogue était prévisible, puisqu’on l’a torpillé. Dès lors, nous n’étions plus concernés par cette élection.

Nous n’étions pas concernés en terme de participation, mais l’étions plus généralement, parce qu’il s’agissait d’une élection présidentielle qui est la clé de voûte du système. Nous avons donc décidé de mener une campagne de boycott actif. Pour ce qui est de la lecture, tout le monde sait que le seul enjeu était le taux de participation.

Et sur ce plan, nous avons réussi. Je pense qu’il ne faut pas se fier au taux de participation officiel. Et supposons qu’on l’admette, il est toujours inférieur de 20 points par rapport aux législatives et municipales.

Nous avons des informations vérifiées que le taux de participation est plus bas que celui avancé. Ils se sont peut être arrêté à 56,6% par pudeur, mais ils auraient pu avancer 76,6%. Le peuple mauritanien n’est pas dupe et fait la même lecture que nous et a conclu que ces élections ont été largement boycottées.

Concernant le score à la « soviet », obtenu par le candidat président, je pense qu’il doit y avoir, en 2014 une certaine gêne, à construire ce genre de scores qui décrédibilise le chiffre lui-même. Dans toutes les démocraties, à peu près normales, ce genre de score n’existe plus. Et le seul fait de l’annoncer en dit long sur la qualité de cette élection.

Cela dit, le candidat a distribué des miettes à ses concurrents. Tout le monde sait que dans cette campagne, il y avait un candidat qui luttait contre les moulins à vents et qui s’attaquait au Forum à tout bout de champs. Certains en raillant, ont dit que c’était Aziz contre Aziz. On ne sentait même pas une considération pour ses concurrents.

Le Rénovateur : On raconte que votre départ du RFD est du au fait que vous reprochiez à Ahmed Ould Daddah d’être un accro du boycott. Or, vous-même, vous êtes inscrits dans cette dynamique…Lui donneriez-vous raison quelque part ?

KHB : Je ne cherche pas à donner tort à qui que ce soit. Le contexte de 2008 est différent de celui de 2014. En 2088, j’étais pour la participation aux élections présidentielles, mais sous réserve de certaines conditions. Mais laissons le passé au passé et disons simplement qu’en 2014, nous avons un parti dont la vocation est de participer à participer aux élections.

Mais faut-il, pour autant y aller, quand on sait que la citoyenneté d’une partie de la population n’est pas reconnue et que cette dernière ne pourra pas faire son choix ? Je suis un leader de parti qui ne reste pas dans les salons à Nouakchott. J’ai fait du pays, visité les régions et je me suis rendu compte du problème d’état civil dans toutes les localités visitées. Mieux, ceux qui ont eu leur état civil ont des problèmes pour obtenir leurs cartes d’identité.

Le MPR voulait bien aller aux élections, puisqu’il avait commencé à constituer ses listes électorales, mais après avoir fait une évaluation, on s’est dit qu’aller aux élections revenait à cautionner une politique qui peut être désastreuse pour la démocratie.

Cela dit, le fichier de 2008 à servi à celui de 2008. Nous n’avions pas d’excuses. Or le nouveau fichier électoral est mauvais. Imaginez-vous Nouakchott, on vit un mauritanien sur trois, qui ne compte que 200 000 à 250 000 inscrits. Beaucoup de gens sont laissées sur le bord de la route. Et je ne parle pas de cette agence d’enrôlement qui repose sur la discrimination.

L’une des raisons qui nous ont poussés à quitter cette majorité réside dans cet enrôlement discriminatoire.

Le Rénovateur : Avec ces boycotts, vous serez absents des instances représentatives pendant cinq ans. Comment pensez-vous survivre politiquement. Avez-vous une stratégie ?

KHB : La vie politique repose sur une certaine dialectique de la participation et du non participation. Certaines formations qui ont été absentes un moment peuvent revenir en force à l’occasion d’une autre élection. Le tout repose sur un travail en profondeur au niveau de la société, avant tout et non au niveau des institutions. Et d’ailleurs, ces dernières sont vidées. Et y être ne garantit rien. On a vu des partis entrer au parlement et en sortir rabougris.

Nous voulons, pour notre part, des institutions fortes qui peuvent survivre aux hommes. Mais les vraies réformes n’ont pas été menées, qui permettent une séparation des pouvoirs et qui renforcent les structures de l’Etat. Quand on a une inféodation de la justice et du parlement au pouvoir exécutif, être représenté dans ces institutions ne veut pas dire grand-chose.

Quant à la survie de notre parti, il est clair que nous ne recevrons pas les subsides de l’Etat pendant cinq ans. Mais le MPR existe depuis cinq ans et pour ma part, je suis dans l’opposition depuis dix huit ans. Si je dois rester cinq autres années dans l’opposition, j’y resterai. Cela ne m’empêchera pas de conserver nos convictions et d’aller vers les mauritaniens, afin de partager avec eux notre projet de société.

Le contexte est différent avec le développement des médias qui permettra de démultiplier les messages de nos formations, parallèlement aux visites de proximité. Le programme engagé ces cinq dernières années, va se poursuivre.

Le Rénovateur : Avec l’avènement de nouveaux candidats, comme Birame Ould Abeid, pensez-vous qu’il y a une redistribution des cartes ?

KHB : Parler d’une redistribution des cartes, fait sourire. Tout ce qui se passe actuellement ne pouvait avoir une signification que s’il a y avait eu une élection transparente. A partir du moment où les dés sont pipés, les élections n’ont aucun effet sur la réalité.

Je vous rappelle qu’en 1997, l’opposition avait boycotté les élections présidentielles. Le candidat du pouvoir avait obtenu 77% des suffrages qui rappellent d’ailleurs le nouveau score atteint par les dernières élections. Le candidat qui suivait le vainqueur avait obtenu environ 10%. Mais qu’est-il devenu ?

Je ne pense pas que des présidentielles de ce genre puissent dessiner quoi que ce soit et puisse contribuer à construire un leader. A mon avis, toute participation à des élections pareilles, ne peut qu’avoir des effets sur ses acteurs.

Cela dit, la crise politique existait avant le 21 juin et je crois que nous sommes installés dans cette crise de manière durable. Je dirai même que l’élection du 21 juin constitue un facteur d’aggravation de cette crise. Le pouvoir devrait méditer, y réfléchir, car c’est lui qui sera interpellé dans sa manière de gérer les cinq prochaines années, face au risque d’explosion social et à l’absence de légitimité.

Le Rénovateur : Comment votre parti et le FNDU comptent aborder ces cinq prochaines années ?

KHB : Le FNDU a été créé sur la base de deux objectifs majeurs. Il s’agissait d’abord d’éviter que les présidentielles ne ressembles aux législatives et municipales, ensuite attirer canaliser l’attention sur les préoccupations nationales et de trouver des solutions. Nous conscient de la difficulté, voir l’impossibilité d’épuiser les sujets, même si des conclusions intéressantes ont été tirées de ce forum, notamment sur la question de l’unité nationale, la cohésion sociale, les problèmes de l’éducation…

Nous avions décidé d’approfondir tous ces sujets après les élections. Ce chantier reste actuel. L’autre aspect, c’est que nous sommes dans un processus de recomposition politique depuis la chute du régime autocratique de Moawiya.

Bien qu’il y ait eu des avancées, la démocratie a reculé et ces élections sont un facteur de complications. Les cinq prochaines années ne seront que la longue nuit de cette recomposition qui restera inachevée si le mandat arrive à son terme. Nous sommes là, confrontés à une grande équation en tant que formation politique. Quelles perspectives devons-nous offrir au peuple mauritanien ?

Le forum a crée une certaine dynamique qui recèle des potentialités et des ouvertures qui pourront permettre des regroupements de plusieurs formations qui pourront contribuer à l’atteinte d’objectif de l’unité nationale, la cohésion sociale et l’enracinement de la démocratie. C’est un vaste chantier.

Disons simplement qu’une vie politique pacifiée et normalisée est un objectif à atteindre. Nous sommes un pays jeune qui s’essaye à la démocratie et nous risquons d’avoir un mandat perdu pour la démocratie mauritanienne. Mais nous avons le cœur à l’ouvrage.

Le Rénovateur : Un dernier mot

KHB : Naturellement, j’aimerais féliciter le peuple mauritanien d’avoir répondu massivement à l’appel au boycott. C’est rassurant, en effet, car, même les thuriféraires savent que le peuple ne s’est pas rendu aux urnes. Cela devrait susciter un examen de conscience chez ceux qui ont voulu manipuler les chiffres de la participation.

Le peuple mauritanien a fait preuve de maturité en refusant d’être infantilisé et instrumentalisé. Cela augure d’un grand espoir quant à l’enracinement de la démocratie en Mauritanie, d’autant plus que la culture démocratique est du point populaire est en avance sur les institutions et sur les pratiques du régime.

Entretien réalisé par Alioune Ciré Bâ

 

Source: Temps Forts