Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Sénégal: les étudiants dans la rue après la mort d’un des leurs à Saint-Louis

Sénégal: les étudiants dans la rue après la mort d'un des leurs à Saint-LouisRomandie News – Des manifestations violentes ont éclaté mardi dans plusieurs universités du Sénégal après la mort d’un étudiant au cours de heurts avec les forces de l’ordre à Saint-Louis (nord), où des gendarmes ont été blessés et des édifices publics saccagés.

“Un étudiant est décédé” mardi à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis lors d’“échauffourées” avec les forces de l’ordre qui ont “fait une vingtaine de blessés, dont 18 gendarmes”, a déclaré à la radio le ministre de l’Intérieur, Ali Ngouye Ndiaye. Une autopsie a été ordonnée pour déterminer les cause du décès, selon les autorités.

Etudiant en lettre, Mouhamadou Fallou Sène, 25 ans, “a succombé à ses blessures” à la suite de ces “affrontements entre les forces de l’ordre et les étudiants dans le campus”, a précisé le rectorat de l’UGB dans un communiqué.

“C’est avec une profonde émotion que je présente mes condoléances à la famille du défunt Mohamed Fallou Sène, étudiant de l’UGB. J’ai instruit le gouvernement de faire toute la lumière et de situer les responsabilités. Une information judiciaire a été immédiatement ouverte”, a réagi dans la soirée sur Twitter le président sénégalais Macky Sall.

Les autorités avaient fait appel lundi aux forces de l’ordre “pour sécuriser les restaurants universitaires” après “un mot d’ordre de 48 heures de restauration gratuite (Journées sans tickets)” lancé par l’association des étudiants de l’UGB “pour protester contre le retard du paiement des bourses”, selon le rectorat de la deuxième université du pays.

Après la mort d’un des leurs, des étudiants ont mis à sac le bâtiment abritant la direction des oeuvres universitaires et le siège du rectorat de l’UGB, selon un correspondant de l’AFP.

Dans l’université, divers débris jonchaient le sol au milieu de documents administratifs vandalisés, de portes et vitres brisées, après le passage des étudiants.

– Pierres sur les voitures –

En signe de solidarité, des étudiants ont manifesté dans au moins quatre des cinq universités publiques du Sénégal, à Ziguinchor (sud), Bambey (centre) et Dakar, selon la presse locale.

A Dakar, de petites barricades de blocs de pierre et de branchages étaient tenues par quelques centaines d’étudiants, dont certains étaient armés de bâtons ou de barre de fer, sur les chaussées menant à l’Université Cheikh Anta Diop, où une forte odeur de gaz lacrymogène était perceptible, selon des journalistes de l’AFP.

Des étudiants ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre, mais aussi sur des voitures passant à proximité, brisant plusieurs pare-brise et occasionnant un gigantesque bouchon sur l’un des principaux axes pour quitter le centre-ville.

Selon les médias sénégalais, des véhicules ont également été incendiés et un commandant de police blessé dans la capitale sénégalaise.

-Violences excessives-

L’étudiant de Saint-Louis a été tué “par balle”, ont affirmé à l’AFP des sources estudiantines, selon lesquelles “plus de 20 étudiants” ont été blessés à Saint-Louis dans les violences avec les gendarmes.

“Nous regrettons cet incident survenu à Saint Louis, a précisé le ministre de l’Intérieur. Il a annoncé l’ouverture d’enquêtes “pour situer les différentes responsabilités” et indiqué que les bourses seraient payées aux étudiants.

Un syndicat de l’enseignement supérieur a appelé mercredi soir à la démission du recteur de l’université de Saint-Louis.
“Les étudiants de ce pays, avant de percevoir leurs bourses, inhalent d’abord du gaz ou perdent la” vie, a dénoncé dans un message sur Whatsapp un étudiant en colère.

La Ligue sénégalaise des droits humains, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme et Amnesty International Sénégal ont, dans un communiqué commun, “condamné l’usage excessif de la force par les forces de sécurité”.

Les trois ONG ont déploré les “retards récurrents dans le paiement des bourses”, “principale cause de la violence dans les universités”.

Les deux derniers cas de décès d’étudiants tués au Sénégal lors de confrontations avec les forces de l’ordre remontaient à 2001 et 2014.

(©AFP / 15 mai 2018 20h26) 

Romandie News

L’éditorial du calame : À rebours de l’histoire

altIl est vraiment bizarre, ce pays ! Au moment où des centaines de milliers de pauvres citoyens et leur cheptel font face à une famine et une sécheresse implacable, dans une démission totale de l’Etat, d’autres courent dans tous les sens et (se) dépensent sans compter, pour récolter quelques unités de base au profit de l’UPR, le parti/Etat qui n’a jamais autant mérité son nom. Rarement un parti dont l’avenir est plus qu’incertain, avec le départ quasi assuré de son fondateur en 2019, n’aura suscité autant de convoitises, de coups bas et de coups fourrés. Chacun veut, en mobilisant un maximum de « militants », se positionner en vue des prochaines échéances, quitte à utiliser tous les moyens. Jamais, en effet, la guerre des tendances n’a été aussi forte. A tel point que le parti risque d’en sortir avec de sérieux dégâts. Mais, de cela, Ould Abdel Aziz ne semble point se soucier. Pourvu que le petit peuple soit occupé.

C’est dans ce contexte de sécheresse, de famine, de disette et de division que ceux qui sont censés donner le bon exemple, je veux parler de nos oulémas, se fendent d’une déclaration, au sortir d’une audience avec Ould Abdel Aziz, demandant, ouvertement, un troisième mandat pour « parachever l’œuvre de construction nationale ». Œuvre de déconstruction, sans nul doute, devraient-ils dire. Déconstruction de l’école publique que ne fréquentent plus que les pauvres dans l’impossibilité de payer, chaque mois, 5000 anciennes ouguiyas par enfant en établissement privé. De la santé qui agonise et n’arrive même plus à prodiguer les premiers soins. De l’administration publique qui n’est plus que l’ombre d’elle-même et dont les premiers postes sont occupés par des parachutés sans autre référence que d’opportuns liens de parenté.  De la justice aux ordres, au comble de l’injustice et soumise, les yeux fermés, à l’exécutif. Des marchés publics attribués dans une opacité totale, banalement aux plus disants, sans aucun recours pour les injustement recalés. De l’agriculture qui continue d’absorber des milliards, sans résultats probants. Déconstruction des sociétés publiques qu’on dissout les unes après les autres, jetant à la rue des milliers de pères de famille auxquels on refuse de payer jusqu’à leurs droits. De la loi et des règlements qu’on viole tous les jours, au vu et au su de tous. Du texte fondamental qu’est la Constitution qu’on foule du pied, continuellement depuis 2008. 

De quelle œuvre de construction parlent donc nos vaillants oulémas ? De quelques kilomètres de route tellement mal faits qu’ils se fissurent en un éclair ou se diluent dans l’eau à la moindre averse ? D’un ou deux centres de santé ? D’un canal d’irrigation ou d’un barrage ? Demandons-nous à qui ces « réalisations » ont été attribuées, ce qu’elles ont coûté au Trésor public et vous aurez une idée de cette nouvelle forme de gabegie qui met les finances publiques à rude épreuve et nous endette jusqu’à la moelle. Une lucidité que nos oulémas s’interdisent par crainte de quel pire ? Ou en l’espoir de quels illusoires dividendes, comme au bon vieux temps tayeux ? Une sclérose de l’esprit, dans l’un et l’autre cas. Pas vraiment bizarre, contrairement à ce que je disais en exergue. Du moins pour ceux qui marchent à reculons. C’est-à-dire, à rebours de l’histoire… et des aspirations des gens.

Ahmed Ould Cheikh

Ahmed ould Cheikh

 

le calame

FNDU: Déclaration

altPoursuivant son acharnement dans le cadre des poursuites judiciaires arbitraires concernant le dossier monté de toutes pièces contre les hommes d’affaires opposants, les sénateurs, les syndicalistes et les journalistes, la police politique a opéré hier une descente dans les domiciles de l’homme d’affaire opposant Mr Mohamed Ould Bouamatou et du représentant du FNDU auprès de l’Union Européenne (UE) et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) Mr Mohamed Ould Debagh. A l’issue de ces descentes la police politique a interpelé et séquestré pour plusieurs heures le fils de Mohamed Ould Bouamatou et l’épouse de Mohamed Ould Debagh, et ce en violation de la loi et de toutes les valeurs et traditions de notre peuple.

Ces actes inconsidérés révèlent la panique d’un système au crépuscule de son règne marqué par la corruption, la gabegie, le népotisme, l’appauvrissement des populations, la répression, le mépris le la constitution et des institutions constitutionnelles, l’abandon du monde rural devant la catastrophe qui affame les hommes et décime le bétail, la montée des prix, les impôts exorbitants et le chômage des jeunes ; règne qu’il s’entête à couronner par la confiscation du processus électoral, ouvrant ainsi la voie aux risques d’instabilité et de désordres qui menacent le pays.

Affolé par la montée des forces de l’opposition de l’intérieur, attestée par l’ampleur et l’enthousiasme de la dernière marche du FNDU, et par les succès médiatiques et diplomatiques remportés par l’opposition de l’extérieur, d’une part, et par la fragilité de son système qui se révèle clairement dans les dissensions et les querelles intestines engendrées par le renouvellement des structures de son parti, d’autre part, le pouvoir s’acharne, en vain, à endiguer, par des actions policières, la volonté de changement qui anime l’écrasante majorité du peuple mauritanien décidé à tourner la page de ce régime pour bâtir une Mauritanie démocratique, égalitaire, unie et prospère.

Le FNDU :

  • Condamne avec la dernière énergie les descentes de la police politique dans les domiciles de Messieurs Mohamed Ould Bouamatou et Mohamed Ould Debagh et l’interpellation des membres de leurs familles.
  • Exige la libération du sénateur Mohamed Ould Ghadda et l’arrêt immédiat des poursuites arbitraires contre les hommes d’affaires opposants, les sénateurs, les journalistes et les syndicalistes.
    Nouakchott, le 15 Mai 2018
    Le FNDU

 

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Marche du FNDU: Mobilisation réussie

altPlusieurs milliers de personnes ont marché dimanche en fin d’après-midi dans les rues de Nouakchott, en réponse à l’appel du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU-un collectif de l’opposition mauritanienne constitué de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes).
Cette manifestation s’est déroulée sous le slogan « imposer une alternance démocratique » avec la participation  de  nombreux leaders politiques de la mouvance.
Les manifestants ont pris le départ à 3 endroits différents pour converger tous vers le Centre National de Formation des Cadres de la Jeunesse et des Sports (CNFCJS-ancienne maison des jeunes) en face du stade de la capitale,  qui abrite également le siège de la Fédération de Football de la République Islamique de Mauritanie (FFRIM).
La marche s’est terminée par un imposant rassemblement au cours duquel les  présidents des formations composant le FNDU ont pris la parole pour dénoncer «les manipulations et la mauvaise gouvernance dans le cadre de la gestion des affaires publiques ».
Parmi ces orateurs, le président en exercice du FNDU, Mohamed ould Maouloud, par ailleurs leader de l’Union des Forces de Progrès (UFP), qui a dénoncé « la gestion unilatérale du processus électoral, la constitution de la Commission Electorale Nationale  Indépendante (CENI) en violation de la loi, dont le résultat est  l’exclusion de l’opposition, ainsi que  l’indifférence du  pouvoir  face au drame qui frappe les éleveurs en cette année de terribles sécheresse ».
Les leaders de l’opposition mauritanienne ont également saisi l’occasion de cet imposant rassemblement  pour lancer un mot d’ordre de mobilisation à toutes  les troupes dans la perspective des prochaines élections législatives, régionales et municipales, prévues en 2018, ainsi que la présidentielle  de 2019.
Ils ont également condamné toutes les voix qui s’élèvent pour appeler « au parjure et à la violation des dispositions de la constitution » en réclamant un troisième mandat du président Mohamed ould Abdel Aziz.

le calame

La Mauritanie en 2019 : diagnostic et prescription

altIntroduction de Biram Dah Abeid

Paris, le 12 mai 2018

Certains d’entre vous s’attendent sans doute à m’entendre tenir un discours enflammé sur l’esclavage et le racisme ; qu’ils me permettent, cette fois-ci, de les prendre de court. Non pas que je renie les thématiques maitresses de notre lutte mais parce qu’il importe, aujourd’hui, d’élargir la vision et la réflexion, pour mieux cerner les enjeux du risque, désormais réel, de voir notre Mauritanie disparaître, à force de s’être fourvoyée, oubliée, avilie dans la résignation au fait accompli.

Si nous croyons aux principes d’équité que nous agitons et ruminons depuis des années, le temps n’est-il pas venu de les inscrire dans le champ du réel ? C’est à cet exercice, sans complaisance ni excès, que je vous convie, chers amis de la diaspora et compagnons de route !

Notre attachement à la démocratie ne vaut le slogan ni la salive tant que nous n’aurions décidé et agi en vue de faire coïncider, ici et maintenant, l’égalité de naissance et la justice citoyenne. Ainsi, le pluralisme et la régulation pacifique des conflits prennent sens ; une société qui ignore les règles aussi élémentaires du vivre-ensemble sombre dans la violence, tôt ou tard. Or, la démocratie présuppose l’effacement des discriminations, la pénalisation de l’esclavage et de l’exclusion de caste, l’abolition du népotisme et des arrangements tribaux.

Les défis énumérés plus haut constituent l’élan et l’horizon de notre lutte. Il est temps de les traduire dans le temps du concret. Parfois, nous donnions l’impression de brûler les étapes, de mettre la charrue avant les bœufs. Désormais, un ajustement s’impose ; oui, mon propos laisse entrevoir un début d’autocritique ; j’aurais d’autres occasions de la dérouler en détail.

Oui, des obstacles se dressent encore en travers de notre détermination et nous devons les dépasser sous peine de devoir nous contenter de la parole indignée tandis que le bloc de la prédation pille notre avenir et nous impose, chaque jour, la fade réalité de la faim, de la frustration et de la colère sans issue.

A. De quels préalables s’agit-il?

1. Je dois insister sur les droits civils et politiques, objet d’un Pacte fameux des Nations unies en 1970 ; je mets en avant cette catégorie de règles élémentaires, à défaut desquelles un groupe social se réduit à reproduire la loi du plus fort. Vous savez combien le plus fort ne le reste jamais à vie. L’histoire de l’espèce humaine déborde d’exemples pour qui sait en interpréter les signes.

Chez nous, depuis quelques années, le gouvernement s’est employé à mettre en œuvre  l’enrôlement biométrique, afin de doter les divers services de l’Etat, d’outils de gestion et de prospective, autant que des instruments de contrôle des mouvements de population. A l’ère des menaces diffuses et de la sophistication de la criminalité à l’échelle du monde, la création d’un fichier universel des personnes répondait aux impératifs de modernisation et de prévention dont l’époque nous impose la nécessité. Je le confesse à demi, il aurait fallu saluer l’initiative – certes tardive ; hélas,  les réflexes de contournement, la triche héritée et le vice congénital de se croire le plus malin firent vite dévier l’intention affichée, au service d’un dessein d’oppression insidieuse, je dirais honteuse aujourd’hui, quoique assumée depuis des siècles.

Assez tôt, le recours à l’informatisation, sous l’effet d’une batterie de critères destinés à marginaliser ceux dont le système craint le nombre et la probable solidarité, produisit une monstrueuse sélection, contre les pauvres, les analphabètes et les humbles. Il se trouve que la majorité des cadets sociaux sont des noirs d’ascendance subsaharienne. Il se trouve aussi qu’ils représentent le potentiel écrasant d’une majorité dont les pouvoirs successifs s’acharnent à empêcher l’éveil et la convergence, pourtant imparables.

L’’etat civil mauritanien devient l’outil de la relégation sociale. Des ressortissants de toujours, auquel nul esprit sain ne contesterait la préséance historique sur le sol, peinent à se faire enrôler ; ainsi, impasse voulue, ne peuvent-ils voter ni se porter éligible aux suffrages de leurs compatriotes; attaché à la logique des privilèges, d’où sa posture défensive, le groupe hégémonique  les soumets à des conditions de preuve, de témoignage, d’attestation et de  vérification bureaucratiques, telles que leur désir de carte d’identité ou d’électeur s’émousse, s’évanouit dans le désarroi et l’acrimonie sourde.  La liste des documents à produire confine à un concours d’élimination ciblée. Or, d’une échéance électorale à la suivante, leur masse enfle, de l’aveu même de l’actuel Chef de l’Etat, lors de sa déclaration fameuse à Néma, le 3 mai 2016 ; je cite « Les hratines sont nombreux et font trop d’enfants et rien ne peut être fait pour eux dans ces conditions »..

Ici, permettez-moi, je vous prie, un rappel comparatif. Vous savez, ce qui arrive ailleurs n’arrive pas seulement autres et, contrairement à l’idée répandue dans les cercles du pouvoir et la fraction réactionnaire de l’opinion, la Mauritanie n’est pas une citadelle à l’abri de l’évolution humaine.  En Côte d’Ivoire où je suis allé à la rencontre de nos compatriotes,  il aura suffi d’une politique similaire de suspicion à l’endroit d’une communauté, pour que le pays sombre dans le désordre et la haine, de 2001 à 2011. J’invite nos élites – épuisées ou émergentes – à méditer l’exemple afin de mieux en anticiper le risque de mimétisme chez nous.

2. Mais à admettre la levée de l’écueil de l’état-civil, comment arbitrer un scrutin en toute impartialité ? Ce sera le second volet de mon propos.

Oui, parlons de la Commission nationale électorale indépendante, la mal-réputée Ceni. Je souligne le dernier adjectif « indé-pen-dan-te » ; ainsi, l’aberration ne vous échappe : les membres de l’instance d’arbitrage du choix populaire sont nommés par le Président de la république, après consultation des segments partisans dont il admet la représentativité.  Vous voyez, un peu, à quel point l’on se moque de vous, de nous tous ? Comment prétendre garantir la transparence et l’éthique, si l’on se place, d’emblée, dans la posture ubiquitaire du juge et de la partie, de l’arbitre et du joueur ?!!!! In fine, ne cherche-t-on  plutôt à provoquer la protestation légitime, pour la mieux réputer trouble à l’ordre public, la réprimer et installer alors le pays dans un régime d’exception vernie?

Pour la stabilité de la Mauritanie et de l’environnement régional, nous demandons, instamment, aux autorités mauritaniennes, avec le concours des partenaires multilatéraux, des partis et de la société civile, de mener un exercice de raison et d’introspection, au terme de quoi des mesures courageuses permettraient de refonder la Ceni sur des bases de consensus inclusif. Comme toutes les choses précieuses, la paix a son prix ; chez nous, il paraît bien modique, au regard de ce que coûterait l’aventure désastreuse d’un passage en force.

Pour notre part, nous engageons, nos militants et soutiens en Mauritanie et ailleurs, à se mobiliser par les moyens pacifiques pour une Ceni du peuple, gardienne de l’impartialité pour l’alternance. Le verdict des urnes n’en serait que plus crédible.

Nous les appelons à se faire enrôler, partout et leur promettons  notre aide active quels que soient les candidats auxquels irait leur préférence ; par delà le vote, disposer de documents d’identité fiable relève de la marche individuelle vers l’épanouissement, l’éducation, la santé et la participation au devenir de la cité.  

B. A présent, malgré l’optimisme de la volonté, n’évacuons la lucidité du pire :

1. Le pays, pour survivre,  a besoin d’une véritable transition, en vue de réussir l’alternance socio-historique. Vous connaissez l’état de l’économie et des finances publiques, leur faillite retentissante, le délabrement des services de base, des infrastructures, la destruction de l’écosystème naturel, l’aplatissement de la conscience, de la rapine, de l’’arnaque, l’arrogance affairiste, le délitement de la vergogne, la corruption banalisée, le chômage érigé en évidence existentielle…..Comment voulez-vous qu’une telle ruine puisse accoucher d’un ré-enchantement national ?

2. Un autre symptôme inquiétant mérite mention: l’évolution lente et laborieuse de l’État de droit butte sur la résurgence de pratiques autoritaires qui favorisent la régression sur les acquis de 2005 à 2008 : les interdictions des partis et d’organisations non-gouvernementales, sur une base insolemment raciste, les poursuite et condamnation de contestataires, à des peines disproportionnées, précédées de détentions préventives, elles-mêmes assorties de tortures, la persécution du capital privé en concurrence avec les intérêts de l’oligarchie, la concurrence déloyale du sommet du pouvoir aux acteurs économiques, la banqueroute des sociétés et projets publics, la dilapidations des financements obtenus, de l’extérieur, en dons, subventions et prêts à long terme, l’opacité dans l’exploitation du sous-sol et des richesses halieutiques,  les surfacturations de dépenses par des fournisseurs-prêtes-noms, bref, la normalisation de l’imposture..

3. Avant dernier thème, le tableau s’assombrit, chaque année, avec la surenchère obscurantiste des fatwas et normes liberticides ; pareille dérive, absolument inédite dans le récit de ce peuple esclavagiste mais naguère si tolérant, va à l’encontre de ses préceptes religieux, culturels et de sa diversité culturelle ; il est à la fois triste et confondant qu’au moment où l’inventeur du l’extrémisme violent, l’Arabie Saoudite, tourne le dos à de tels dogmes,  nos dirigeants aventuriers  y foncent,  tête baissée, sans même s’embarrasser de la contradiction flagrante de leur participation au G5 Sahel. Pourquoi combattre le terrorisme si l’on se met à appliquer le programme des groupes terroristes ?

4. Enfin, dernier argument à l’appui de mes alarmes, j’attire votre attention sur la permanence de la tension hystérique avec le reste du monde, après une décennie d’aversion agressive envers l’opposition, les défenseurs des droits humains, les étrangers, les Etats voisins. A présent, le pouvoir, se livre à la falsification de l’histoire, dans une entreprise de braquage par effraction sur la mémoire collective ; il nous impose un nouveau drapeau, un hymne rafistolé, nous invente des épisodes de résistance anticoloniale et encourage la haine de la langue française, non sans pousser à l’invective des Ong internationales de promotion de la dignité humaine ; comme aux pires heures de la guerre froide, sa police expulse les journalistes et les bénévoles de l’action humanitaire, obsédé par le délire de l’espionnite aiguë où tant de tyrannies ont sombré. Le comble de l’hostilité compulsive réside dans les campagnes de dénigrement, contre les rapporteurs spéciaux au Conseil des droits de l’Homme de l’Onu.  

Mes amis, mes frères et compagnons de lutte, si le bilan et les perspectives que je dresse ici vous inspirent le doute, la divergence ou l’adhésion, sachez-le, je suis venus en discuter avec vous ; je suis venue chercher la contradiction sincère et frontale ; la foi chevillée au corps, en notre pays la Mauritanie, enfin réparée et debout, surtout ouverte à l’Autre, travailleuse, créatrice, libre, vouée à la joie, reconnaissante du mérite,  émancipée de la médiocrité, m’a conduit devant vous.

Merci, encore, de m’avoir écouté. Débattons !

le calame