Daily Archives: 11/12/2017
L’Opposition marche le 16 Décembre (Déclaration/FNDU)

Il est maintenant du devoir de chacun d’entre nous de s’accorder un moment de réflexion sincère, loin du tumulte de la propagande fallacieuse et des tiraillements politiques pour évaluer l’ampleur des préjudices causés, après près de dix ans de pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, à la majorité écrasante de ce peuple, qu’il s’agisse des individus, des familles ou de la nation tout entière.
• Le processus démocratique a été torpillé et le pouvoir personnel s’est substitué celui de la loi ; la Constitution a été violée, les institutions élues ont été outragées et les symboles de la Nation mutilés et criminalisés dans une tentative de falsifier l’histoire du pays et d’en effacer la mémoire ;
les libertés ont été confisquées, les manifestations pacifiques réprimées, les activités des partis politiques interdites, et la presse muselée ; l’immunité des parlementaires violée et eux-mêmes ont été emprisonnés et poursuivis, les journalistes, les syndicalistes, les hommes d’affaires et les défenseurs des droits de l’homme aussi. Tous les mauritaniens, sans distinction entre opposant et partisan, sont traités avec dédain et mépris.
• Le pouvoir d’achat des citoyens s’est détérioré et leurs conditions de vie ont empiré à cause de la hausse des prix, des impôts et le manque d’argent pour l’écrasante majorité d’entre eux : ainsi, au cours de la période 2008-2017, le prix du kilogramme de riz est passé de 200 à 300 ouguiyas, le kilogramme de sucre de 180 à 300 ouguiyas, le litre d’huile de 320 à 450 ouguiyas, le kilogramme de viande de 1000 à 2200 ouguiyas, le kilogramme de poisson de 1000 à 2400, la bonbonne de gaz de 2300 à 3300 ouguiyas et le litre de gasoil de 280 à 384 ouguiyas.
• Au cours de la même période, la valeur de l’ouguiya a baissé de 241 à 370 pour un seul dollar et de 354 à 455 pour un seul euro, la dette publique est passée de 1.427 millions à 4.669 millions de dollars, les marchés de gré à gré ont été distribués en milliards et la fortune du pays a été concentrée entre les mains deOuld Abdel Aziz et de ses proches. Dans la foulée, le changement de la monnaie intervient pour masquer la hausse des prix et dissimuler la dévaluation de l’ouguiya. Ajouter une ou cinq ouguiyas sur le prix d’une denrée de première nécessité ne sera pas ressenti par le consommateur, habitué qu’il est à la monnaie actuelle. Pourtant, il payera dix fois plus cette augmentation. Il en est de même de la dévaluation de la monnaie par rapport aux devises étrangères.
• Le système éducatif s’est dégradé de façon inquiétante, les écoles ont été bradées et transformées en boutiques, l’enseignement public est devenu un outil de consécration de la marginalisation, de la division et de l’échec, et beaucoup de citoyens doivent désormais supporter des frais au-dessus de leurs moyens, espérant trouver dans l’enseignement privé, lui-même marqué par l’anarchie et le laisser-aller, un moyen pour préserver l’avenir de leurs enfants. De même, les citoyens ont perdu toute confiance dans les infrastructures sanitaires, à cause du manque d’équipements et de la propagation des médicaments trafiqués, si bien qu’ils n’ont plus comme recours que les pays voisins pour se soigner. La soif constitue la réalité quotidienne de plusieurs quartiers de Nouakchott et de nombre de villes et de villages de l’intérieur. L’appel au secours du monde rural reste n’a suscité que promesses vaines de la part du pouvoir, la criminalité, l’assassinat et le viol se sont propagés de manière jamais atteinte auparavant!
• Non content d’exacerber les contradictions ethniques, tribales et de castes dans le but de saper l’unité de ce peuple, il y a ajouté de nouveaux facteurs de division, en imposant un drapeau et un hymne porteurs de graves discordes à la place du drapeau et de l’hymne qui faisaient l’objet du consensus de tous les mauritaniens toutes obédiences et générations confondues.
Tel est l’état du pays aujourd’hui et telle est la situation que vivent les citoyens, qu’ils ressentent chacun de son côté et telle que la propagande du pouvoir sur les « réalisations » ne pourrait cacher ni imputer aux « accumulations » laissées par les régimes précédents.
Le pays connait aujourd’hui une tension réelle. La question que se posent aujourd’hui tous les mauritaniens, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, aussi bien dans les ménages que dans la rue, aussi bien dans les moyens de transport que dans les bureaux, est « Où allons-nous ? », traduisant ainsi l’inquiétude qui préoccupe tout le monde quant au sombre destin vers lequel ce régime conduit le pays.
Il est temps que nous nous libérions du fatalisme et de la soumission à cette situation à la fois dangereuse et intenable. Il n’y d’autre sauveur pour nous, ni salut pour notre pays que notre union et notre détermination de changer notre condition vers le meilleur. « Allah ne change en rien les conditions des hommes que s’ils changent eux-mêmes ».
Le FNDU appelle tous les habitants de Nouakchott à sortir dans une marche, le 16 décembre 2017 à 16heures, pour exprimer leur volonté de changement.
– Points de départ :Polyclinique, Marche Othman, Marché Lekbeind.
– Point de ralliement : Carrefour Madrid.
– Direction : Place Ibn Abass.
Nouakchott, 9 décembre 2017
Le FNDU
Mauriweb
Laser du lundi : Quand la politique fornique avec la loi, la démocratie s’abâtardit (Par Babacar Justin Ndiaye)

Bien entendu, les magistrats professionnels et autres conseillers du Tribunal correctionnel de Dakar n’auront pas sous les yeux, un carton rempli de slogans, de tracts et/ou de mots d’ordre politiques rédigés et dirigés contre le maire inculpé de Dakar. Les chefs d’accusation sont clairs. Je ne dis pas qu’ils sont justes. Je n’en sais rien. Les charges pivotent autour de formes variées de dissipation ou de détournement de deniers publics. Des pratiques bannies par la bonne gouvernance et proscrites par l’éthique de gestion. Et naturellement blâmées par tout peuple avide de développement et…d’émergence, pour employer un mot prisé et galvaudé. Bref, tout fossoyeur véritablement confondu (preuves à l’appui) des Finances publiques ne trouve et ne verra dans aucun segment sain du peuple sénégalais, des soutiens, des supporters et des inconditionnels. Car, une responsabilité nationale et une mission locale (à l’échelle d’une collectivité) sont des sacerdoces et non des garden-party ou garden-parties. Ajoutons, dans cet ordre d’idées, que les lois ne sont pas des gravures qu’on accroche ou fixe sur les murs mais des épées qui – indistinctement et implacablement – s’abattent sur les justiciables convaincus de culpabilité. Compte non tenu de l’émotion populaire et du rang protocolaire.
Dans « l’affaire Khalifa Sall », le hic a fâcheusement les couleurs d’un péché originellement politique et les marques d’une justice à deux vitesses. D’où le brouillard de scepticismes et le nuage de doutes qui l’enveloppent, dès le départ. Telle est la tenace perception de l’opinion qui ne défend pas les prédateurs (de tous bords et de tout acabit) mais récuse, sinon exècre toute mise en œuvre sélective – à géométrie variable – des principes précieux de sauvegarde des deniers publics. A titre d’exemple, un célèbre homme d’affaires a encaissé un substantiel acompte de l’ARTP, sans finaliser le chantier…jamais livré. Curieusement l’apériste invétéré et zélé, Abdoul Karim Sall, n’a pas lestement brandi une plainte. Or, c’est le Directeur général de l’ARTP qui, en pleine après-midi de scrutin référendaire, voulut, de manière musclée, couper le signal de la télévision Walfadjri. L’acompte empoché par un privé (sans contrepartie satisfaisante et convenue par contrat) est-il inférieur et, surtout, moins utile pour l’Etat – la carte scolaire est truffée d’abris provisoires – que la somme présumée irrégulièrement dépensée par l’élu des Dakarois et l’édile de Dakar ? La loi n’est crédible que lorsqu’elle est effectivement de portée générale.
Au plan strictement politique, la genèse et l’exégèse du « dossier Kalifa Sall » débusquent fort bien l’agenda et les calculs électoraux perceptiblement sous-jacents à la mise en branle de la Justice. En effet, on est allé de la collusion politique à la collision judiciaire. De la fraternité politique à la la plainte fratricide. Rafraîchissons les mémoires ! En 2009, le socialiste Khalifa Sall (figure de proue du Parti socialiste, parti d’opposition) triomphe électoralement du maire libéral, Pape Diop. Année où Macky Sall, ex-libéral et nouvel ennemi du Président Abdoulaye Wade, traverse le désert et essuie les complots des faucons du PDS et des extrémistes de la très active Génération du Concret. L’an 2009 où, à l’instar de Khalifa Sall, vainqueur à Dakar, Macky Sall gagne dans la commune de Fatick. Tout baigne dans l’huile. Khalifa et Macky « marchent séparément mais frappent ensemble » selon la directive révolutionnaire de Lénine.
En mars 2012, le PS et l’APR ont co-terrassé Abdoulaye Wade, au sein d’une large coalition baptisée Benno Bokk Yakaar (BBY). Deux ans après la chute de Wade (2014), la très ambitieuse et impatiente Mimi Touré rôde agressivement autour du fauteuil municipal de Dakar ; nonobstant la sacralité de l’alliance entre le PS et l’APR. Le Président de la république et Président de l’APR (Macky Sall) ne freine ni Mimi Touré ni son beau-frère qui (tous deux) font du braconnage politique sur les terres électoralement acquises à Khalifa Sall, à Grand-Yoff. Le Secrétaire général Ousmane Tanor Dieng, aussi, ne tonne pas contre ces démarches anti-alliance BBY. La suite est connue. Ce qu’on n’a pas pu obtenir par les bulletins de vote, on l’acquerra par un rapport de l’Inspection générale d’Etat promptement filé à la Justice.
Ce rappel n’a pas vocation à absoudre un auteur de détournement ou de dissipation de l’argent public. En revanche, il décrit un scénario où la politique fornique avec la loi et abâtardit la démocratie. Une évolution inquiétante qui acclimate, illustre et matérialise la théorie de Paul Austin : « En politique, celui qui n’est pas prêt à tout, n’est prêt à rien ». Remplacez « tout » par « deuxième mandat », et vous apprécierez le jusqu’auboutisme ambiant et galopant ! Cette stratégie d’essence despotique – en gestation flagrante et fulgurante – n’est-elle pas à la base du basculement moralement courageux de l’intellectuel de grande envergure et de grande probité, Abdoulaye Elimane Kane ? Ce philosophe qui, dans les années 70, croisa le fer avec les mamelouks du senghorisme, n’est pas un homme de décisions sans réflexions bien mûries. Son soutien à Khalifa Sall a incontestablement valeur et vertu d’électrochoc pour le pachyderme vert (le PS) que cornaque Ousmane Tanor Dieng. Mais également pour le cheval marron-beige (l’APR) dont l’influence est prépondérante dans l’alliance BBY, et l’autorité dominante dans le gouvernement de la République.
De ce double point de vue, les observateurs changent de lunettes pour lire « l’affaire Khalifa Sall ». Dans son volet judiciaire, elle est un mélange de méthode et d’habileté (avec un zeste d’astuces et une dose de vacheries) qui écrase impitoyablement, l’imprudent Khalifa Sall contre sa caisse d’avance. Par contre, dans sa dimension politique, le dossier est gros d’un retour de manivelle qui peut être politiquement contre-productif voire dévastateur. Certes, Khalifa Sall a prêté le flanc (la coutume ne vaut pas et ne remplace pas la loi, en matière de gestion de l’argent du contribuable) mais le Président Macky Sall a, de son côté, incidemment posé, contre lui-même, deux redoutables écueils, sur le chemin de la présidentielle de 2019.
Le premier écueil a pour nom : l’incohérence. Une incohérence, au demeurant, très peu respectueuse envers le corps électoral. Comment le Président de l’APR peut-il faire publiquement, à Kaffrine, l’apologie de la transhumance et concomitamment appuyer Ousmane Tanor Dieng, pour combattre la dissidence ambitieuse du maire de Dakar, qui n’est rien d’autre qu’une transhumance à rebrousse-poil, c’est-à-dire en sens inverse ? Vive la transhumance unilatérale et marron-beige, à bas les transhumances tous azimuts ! Ce n’est pas revitalisant pour la démocratie. Le second récif est d’ordre électoral et se love dans une interrogation : que gagne le Président Sall dans une affaire primordialement socialo-socialiste et subsidiairement judiciaire ? Il va sans dire que l’emprisonnement de Khalifa Sall et la liquéfaction de ses droits civiques dégagent et rendent un peu plus lisse le boulevard qui mène vers 2019. Mais l’élimination d’un concurrent n’entraine pas la capture de son bassin électoral. Pire, elle amplifie la colère qui est le parfait ferment et le sûr vecteur des vote-sanctions. C’est d’autant plus vrai et risqué que le futur candidat Macky Sall n’aura dans son sillage, en 2019, qu’un demi-PS et un fragment de l’AFP.
PS : Dans toutes les démocraties du monde, les batailles politiques sont féroces mais feutrées. La ruse et les vacheries n’en sont pas absentes, mais elles n’y font pas florès. Les coups fourrés foisonnent mais ne façonnent pas le paysage. La démocratie est l’apanage des gentlemen, à la fois, à cheval sur la Loi et à califourchon sur les gentleman-agreement. Macky Sall est-il plus soucieux de défense des lois (lois en majorité arrivées au Sénégal dans les fourgons du colonialisme) que ses homologues de France ? Même si elles ne se ressemblent comme des gouttes d’eau, l’affaire des HLM de la Mairie de Paris et celle des emplois fictifs ont des airs de famille, avec l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Dans l’Hexagone, les deux Jacques (Toubon et Chirac) ont été mis en examen et laissés en liberté. Dans le même pays, Nicolas Sarkozy croule sous le poids d’une cascade d’inculpations, sans aucun mandat de dépôt. Sommes-nous plus mesquins et moins humains en politique que les autres ?