Monthly Archives: January 2018
Prestation de services
Ah, les soucis de la presse réputée indépendante ! J’évoquais, dans un précédent édito, ceux de « Jeune Afrique » rampant à peshmerguer* pour le pouvoir nouakchottois. Voilà maintenant que la gangrène touche de plus prestigieux titres ! Ce n’est, en effet, pas moins que le « Journal du Dimanche » (JDD) qu’on vient de surprendre à fouiller les poubelles du Palais gris ! Triste. Après avoir vu ses ventes baisser de près d’un quart, compressé son personnel et fusionné ses locaux avec ceux d’Europe 1, JDD complète, comme il peut, sa gamelle. En s’avançant imprudemment à défendre une justice aux mains d’une dictature africaine, assimilée, localement, à une « régie des prisons ». Mais le peshmerguisme à la française est autrement plus fin – et sournois – dans ses méthodes, que son homologue africain…
Petite analyse du texte publié, dimanche 28 Janvier 2018, dans les colonnes de l’édition-papier de JDD. La complaisance envers Ould Abdel Aziz est signée de Pascal Ceaux, « enquêteur expert, spécialisé dans les affaires policières ». Elle débute par un astucieux message subliminal, avec une photo du président de la célèbre ONG Sherpa, maître William Bourdon, en sa tenue d’avocat, « au tribunal de grande instance de Paris », précise le journaliste ; photo suivie, immédiatement, de ce commentaire : « l’association de défense des droits de l’homme est mise en cause pour son rôle auprès de Mohamed Bouamatou ». Tribunal, mise en cause… une affaire judiciaire, donc ? On en est, évidemment, à des années-lumière, mais le suggérer suffit à introduire « l’argumentation » de l’habile scribouillard.
Argumentation au demeurant faiblarde, pour ne pas dire étonnamment frivole, de la part d’un si réputé expert. S’étonner, par exemple, que Sherpa n’ait jamais mentionné Bouamatou, en une seule des quinze pages du rapport de Juillet 2017, consacré à la dégradation, depuis 2013, de la situation en Mauritanie, c’est, à tout le moins, ignorer le fait que le richissime cousin d’Ould Abdel Aziz s’était volontairement exilé de Mauritanie… dès 2010. Preuve, s’il était nécessaire, que l’homme d’affaires était déjà très loin des « bénéficiaires » du pouvoir d’Ould Abdel Aziz qu’il avait, pourtant, très généreusement aidé, lors du putsch de 2008 et, encore sans compter, lors de la campagne électorale de 2009. Ignorance imputable à un manque de professionnalisme, défaut d’informations ou… sélectivité obligée de leurs sources ?
Quoiqu’il en soit, c’est surtout en voulant trop bien faire, au passage des « preuves » de la corruption présumée de Sherpa par Bouamatou, que l’enquêteur de JDD dévoile, sans ambiguïtés, ses accointances privilégiées avec le pouvoir mauritanien. D’où tient-il, en effet, les « 11 308 emails » (sic !) dont il a extrait celui évoquant les aides financières du magnat à l’association ? Mais Pascal, je l’ai souligné tantôt, est habile. Il se contente d’en déduire une « familiarité » entre l’un et l’autre, laissant, à « l’entourage présidentiel », la matraque de l’accusation de « corruption ». Sans cesser, pour autant, de marquer de quel côté du bâton se trouve-t-il, lui, le grand expert réputé objectif. Quel est, en effet, cet « on » qui « dresse portrait du multimillionnaire ? […] Un homme », écrit-il, « qui a profité de sa proximité avec les régimes précédents, tout en dirigeant le patronat local, et qui n’admet pas de ne plus être en cour auprès d’Abdel Aziz » ?
Le clou est pointé ; il ne reste plus qu’à l’enfoncer. Et c’est précisément là que Pascal Ceaux va, lamentablement, se le planter dans la main. Car affirmer que c’est « alors qu’il tente de quitter le pays » (sic !) qu’Ould Debagh « est interpellé par les douaniers […], parvient à s’enfuir à pied » (re-sic !), abandonnant voiture et matériel informatique dont les gendarmes extrairont les fameux emails et autres documents, c’est étaler, publiquement, son incompétence professionnelle ; probablement conjoncturelle, soyons indulgents, attribuable aux seules nécessités de son peshmerguiste et, on le lui souhaite, très exceptionnel emploi.
Manifestement, l’impartial expert n’a pas pris la peine de recueillir la version d’Ould Debagh ou, à défaut, du moindre observateur mauritanien non corrompu par le pouvoir azizien. Il eût ainsi appris que l’homme d’affaires était en mission, routinière, vers Dakar ; a passé, sans encombres, les contrôles de douane et de gendarmerie ; s’est vu détrousser, on ne peut plus illégalement, de ses outils de travail par la police et a dû se résigner à continuer sa route, avant d’apprendre leur exploitation outrancière et malhonnête qui l’obligera à rejoindre son ami Bouamatou en exil au Maroc. Comble de sournoiserie, la parole donnée, pour finir l’article, à maître William Bourdon, rappelant combien « juste est la cause de Sherpa, dans son enquête sur la Mauritanie […] gravement minée par la corruption », n’a d’autre objet que de préparer ce que le piètre matador croit l’estocade : « À Nouakchott », écrit-il, « c’est enquêter sur Mohamed Bouamatou qui paraît légitime ». Pourquoi lui, omet de s’étonner monsieur Ceaux ? Bouamatou, mécène qui soutient l’opposition démocratique de son pays, la société civile nationale et internationale pour l’égalité des chances en Afrique…
Aussi apparemment nuancée, hors contexte, la conclusion hâtive de l’expert policier, s’apparente, bel et bien, après un tel discours, à une facture de… prestations de service. JDD nous en révèlera-t-il le montant ? L’éclat de l’or aveugle bien des compétences.
Ahmed ould Cheikh
* Du mot « peshmerga », expression célèbre détournée, en Mauritanie, pour évoquer ceux qui s’avancent en journalistes pour se vendre au plus offrant.
LE CALAME
FNDU : Déclaration évènements Mauritanie Sénégal
Les relations mauritano-sénégalaises ne cessent de connaître de graves tensions, dues à des incidents douloureux que rien ne peut justifier.
En effet, comment justifier, d’une part, le fait de tirer à balles réelles sur des pêcheurs sénégalais désarmés et tuer l’un d’eux ? Et comment justifier, d’autre part, que les commerces de citoyens mauritaniens paisibles soient livrées au pillage et au vandalisme ?
Les relations entre les deux pays exigent, de la part de leurs autorités réciproques, de faire preuve de responsabilité et de traiter chacune les citoyens de l’autre comme le dictent les règles de bon voisinage, le caractère séculaire des relations entre les deux peuples et l’importance des intérêts partagés par les deux pays frères et voisins.
La Mauritanie et le Sénégal sont tenus, par la force de l’histoire et de la géographie, de s’entendre et de coopérer. Comme tous les pays voisins, aucun d’eux ne peut ignorer l’autre et, qui plus est, aucun d’eux ne peut vivre en paix et sécurité s’ils ne parviennent pas, ensemble, à construire des relations fondées sur la confiance et la préservation des intérêts mutuels.
L’Opposition Démocratique Mauritanienne :
• Tout en reconnaissant le droit de la Mauritanie à préserver ses eaux territoriales, condamne énergiquement l’usage disproportionné de la force qui a conduit à la mort d’un pécheur sénégalais, tout comme elle condamne énergiquement le pillage des boutiques appartenant à des mauritaniens. Elle s’élève contre tout acte et tout agissement de nature à perturber les relations mauritano-sénégalaises et les relations avec les voisins en général.
• Invite les autorités des deux pays à faire preuve de responsabilité, à désamorcer la crise, à privilégier l’intérêt des deux pays sur toutes les considérations particulières et étroites et à œuvrer pour que ce genre d’incidents douloureux ne se répète pas. Elle fait porter aux autorités des deux pays la responsabilité des conséquences fâcheuses qui pourraient découler de toute gestion irresponsable d’une telle situation.
• Exhorte les autorités des deux pays à conclure, dans les meilleurs délais, un accord de pêche qui, tout en préservant la souveraineté et les intérêts de la Mauritanie, renforce les liens de bon voisinage, de solidarité et d’avantages réciproques qui doivent unir les deux pays frères.
• Appelle les forces politiques et sociétales et toutes les bonnes volontés dans les deux pays frères à faire face aux propagandes fallacieuses dont les auteurs tentent d’envenimer les relations entre les deux pays frères.
• Exprime ses condoléances attristées à la famille de la victime sénégalaise et sa compassion aux commerçants mauritaniens touchés dans leurs biens.
Nouakchott, le 29 Janvier 2018
L’Opposition Démocratique Mauritanienne
CRIDEM
Résolution finale: 3ème CONGRES ORDINAIRE d’IRA – Mauritanie DENOMME «Mère HOULEYE SALL »

Au nom de Mère Houleye SALL, dont le fils unique Lieutenant Abdallahi Moussa Sall a été assassiné en 1990 à Inal ;mère Houleye, âgée aujourd’hui de quatre-vingt-douze ans, mène depuis lors le combat pour rétablir la vérité et la justice non seulement pour son fils unique, mais pour tous les martyrs disparus dans la tentative de génocide qui continue à marquer les mauritaniens.
I. Préambule
Au début de l’année 2018, le contexte international se caractérise par la conjugaison de trois nouvelles menaces à la paix, dont l’impact sur la Mauritanie reste inégal :
1. Après l’élection de Donald Trump à la Présidence des Etats unis d’Amérique, les errements de sa diplomatie en Palestine et sa polémique avec la dictature nucléaire de Corée du Nord, le monde entre dans une phase d’incertitude porteuse d’hypothèques graves sur la stabilité du consensus hérité des deux grandes guerres du 20ème siècle et de la décolonisation. La dissuasion atomique s’effrite au profit d’une prolifération accélérée. Du chantage du fort au faible, la polémologie moderne laisse entrevoir la crédibilité de la destruction réciproque.
2. Le défi du changement climatique, que les Etats Unis s’aventurent à nier, ajoute à la déstructuration des équilibres fondateurs de l’ordre international. L’explosion de la natalité en Afrique accentue les conséquences immédiates de la désertification à laquelle le Continent entier s’expose. Les migrations vers l’Europe résultent, à la fois, de l’attractivité du Monde libre mais aussi de l’échec de la gouvernance vertueuse au sud de la Méditerranée.
3. Le terrorisme islamiste achève de plonger l’avenir de l’humanité dans une logique de la régression, aux nuisances fortement sous-estimées. Le néonazisme de l’intolérance et de la brutalité n’en est qu’à ses prémices ; le monde musulman, gouvernements et praticiens du culte confondus, prétend endiguer le péril par une série d’approches trompeuses où prévaut le déni. La plupart des Etats de la communauté islamique se débattent dans la contradiction d’éradiquer l’extrémisme violent, tout en appliquant ses lois et son programme. Entre autres cas, la persécution des objecteurs ainsi que le calvaire des associations féministes en Afrique du Nord et au Moyen Orient soulignent la distorsion tragique entre les sociétés islamisées et la modernité.
II. La Mauritanie d’aujourd’hui
1. Dans cette configuration aléatoire, la Mauritanie et son environnement régional subissent déjà le faix des deux dernières hypothèques et ne paraissent y opposer une réponse, ni d’anticipation, ni de traitement empirique. Notre pays navigue à vue, faute de vision au sommet de l’Etat et d’alternative parmi sa frange lettrée. Le fatalisme, la souplesse morale et la paresse consumériste maintiennent l’élite d’antan dans une attitude de conservation des acquis, sans élan, dépouillée du rêve et de l’imagination fertile qui alimentaient l’instinct séculaire de survie au milieu d’une nature de désolation.
2. En ce contexte de crise de valeurs et de panne dans la faculté de concevoir un devenir fiable, s’enracine l’impératif de la relève historique. Ira Mauritanie, les organisations de défense de la dignité humaine et la minorité consciente au sein du bloc hégémonique incarnent cette alternance et en promettent l’avènement. Telle évolution équivaut à une fatalité de la physique élémentaire, quasiment de même nature que la loi de la gravitation.
III. Pourquoi la refondation ?
Le troisième congrès d’IRA – Mauritanie, après avoir examiné l’état général du pays, a retenu les principaux enjeux de la lutte, pour une citoyenneté inclusive :
1.Du legs honteux
Le Congrès réaffirme le caractère structurel de la poursuite des pratiques d’esclavage et des discriminations afférentes, en ce sens qu’elles dessinent l’identité intime de la domination. Produit d’une confusion originelle entre raison du plus fort et religiosité du plus retors, le racisme mauritanien crée la violence symbolique, les privations de libertés, l’usurpation de biens, l’humiliation et la torture. L’exclusion matérielle et l’inégalité de naissance en constituent la normalité, le fonctionnement rationnel. Les terres arables ou arides appartiennent toujours aux descendants de maîtres, malgré la réforme foncière et domaniale de 1981. Certes, la législation interne s’améliore dans son énoncé mais l’imposture perdure grâce à la volonté de ne pas appliquer le droit. L’adhésion aux instruments internationaux procède, aussi, d’un calcul de dissimulation. Mieux, lorsque la pression des victimes s’accentue, le pouvoir et les factions où il recrute recourent au bouclier de la religion, pour retarder, du moins intimider l’exigence de mieux-être, celle qui donne sens à l’existence. La posture de l’alibi perpétuel derrière le sacré relève, à présent, du réflexe, d’où son usure imminente sous l’effet de l’excès.
2.De la nationalité au rabais
Le silence de l’Etat persiste, face à l’impunité des auteurs de crimes de sang, déportations et disparitions, exécutés aux motifs de la race et de la culture non-arabes. Le compromis à l’œuvre dans le pays tend à se consolider, sur la foi de cette immunité ; de surcroît, la majorité des forces politiques et religieuses y consent, désormais. Pourtant, au-delà de considérations éthiques, l’histoire de l’espèce humaine nous apprend que rien de stable ne s’élève sur le mal fait aux innocents. C’est cette triple injonction de la mémoire, du rappel et de la réparation qu’IRA – Mauritanie se doit de perpétuer, pour l’ambition de l’unité nationale. Il n’y a pas de cohésion, non plus de fraternité quand l’un opprime l’autre et lui enjoint d’oublier. Aliénés, en voie d’assimilation et leur sol usurpé, les compatriotes négro-africains mettront beaucoup d’années à sortir du statut de citoyens de troisième zone. Dans l’épreuve, leur pays ne sut leur témoigner la solidarité requise par l’âpreté de l’agression.
3.Des violations de l’intégrité du corps
Le recours à la torture – y compris en privé – et la banalisation des mauvais traitements durant la garde à vue et l’emprisonnement, atteignent un niveau tel que la Mauritanie figure en tête de la liste des rapports et enquêtes ad-hoc, d’experts des Nations unies. Le cas récent du dénommé Ethmane Ould Brahim le prouve assez, un noir en conflit avec la loi s’expose davantage aux sévices et lynchage, explicitement accompagnés d’insultes à caractère raciste. Le refus de ratifier des traités permissifs, l’inflation d’articles portant application de la peine de mort et l’aversion à la Cour pénale internationale (Cpi) participent d’un chauvinisme négrophobe, hostile à l’Occident et résolument fécondé par l’inclination à l’extrémisme violent. La Mauritanie d’aujourd’hui s’enfonce dans le fantasme de la pureté essentialiste et y dissout ses traditions, son âme et la tranquillité de ses habitants.
4. De la liberté rudimentaire
Sur un plan plus politique, même si une réelle faculté d’expression semble s’instaurer après des décennies de régime militaire, certaines période de crise favorisent les arrestations arbitraires et les détentions hors procès, de longues durée et au secret ; dans la plupart des situations observées jusqu’ici, le trouble à l’ordre public s’avérait mineur, donc en disproportion au châtiment. Souvent, la sanction visait à restreindre puis punir l’aspiration au droit de manifester. Les prisons de Mauritanie n’offrent, au détenu, fût-il de droit commun, les conditions minimales de salubrité et de santé. La personne s’y dégrade et son humanité s’estompe, pour le restant de ses jours.
A titre d’illustration, la séquestration de nos militants Moussa Bilal Biram, Abdallahi Maatala Saleck, du sénateur Mohamed Ould Ghadda et du sergent Mohamed Ould Mohamed Mbareck, autorise de sérieuses inquiétudes sur la détermination du pouvoir à les briser. Les poursuites, sous le régime de la liberté provisoire, n’épargnent des parlementaires, des journalistes ; des mandats d’arrêts contre des opposants à l’extérieur, tels Mohamed Bouamatou et Moustapha Limam Chafi participent à compromettre le consensus national et la perspective d’une alternance apaisée en 2019, échéance du second et dernier mandat de l’actuel Chef de l’Etat.
5. Du détournement des institutions
La recrudescence des atteintes aux libertés de presse, d’association et de conscience érode la relative crédibilité du modèle de pluralisme en Mauritanie ; de facto, la gendarmerie, la police et le magistrat aux ordres disposent d’une marge de manœuvre en constante extension. A tout moment, ils peuvent interpeller, convoquer et mettre à l’écrou, sur la base d’une présomption à peine étayée. A ce potentiel d’abus s’ajoutent d’autres armes sans recours ni contrepoids ; envers le capital privé, le pouvoir du moment use du redressement fiscal et exerce, contre toute velléité d’indépendance chez le fonctionnaire, la menace du licenciement sec ou du contrôle de gestion. Pour accorder à cette prérogative, l’onction de l’acceptable, le cursus de cooptation ethno-tribale avait prévu le recrutement massif des médiocres et l’abolition conséquente du mérite. Retombée de la faillite de l’enseignement après le triomphe du populisme sous le régime des juntes, la culture du faux n’épargne les diplômes, les curriculum vitae et même la généalogie. Autant la fabrication de pseudo ancêtres infeste le champ du privé, mêmement la contrefaçon imprègne les divers échelons de la fonction publique et s’étend à la médecine. Hubris et trivialité tracent ainsi l’architecture d’un mode de vie sans cesse tiraillé, de la compétition pour l’excellence en tout à l’exercice permanent de la fraude. Le mauritanien contemporain excelle dans l’art de se mentir à lui-même. La schizophrénie devenant sa boussole sur un chemin de perdition dont il ne perçoit l’horizon, il s’adapte à tout, déjoue la rationalité et transmet, à sa progéniture, l’appétence du raccourci et la passion du court terme.
6. De la prévarication
La corruption ronge la sphère de l’Etat, réduisant ainsi l’efficience des politiques publiques mais il s’agit, in fine, d’un ensemble de normes antimorales et de pur ménagement, qu’exige la reproduction de l’hégémonie en cours. Loin de signifier une exception réformable en Mauritanie, voler le bien collectif, récompenser l’incurie et s’assurer une prébende sans effort, ressortissent des mœurs nécessaires à l’allocation préférentielle des ressources. Le dispositif ne saurait perdurer, encore moins continuer à entretenir ses milices gardiennes du statu quo ante, sous les seules auspices d’une République du droit. La paix dans l’injustice se paie en privilège, faveur et dérogation. Déjà, la découverte de gisements d’hydrocarbures en mer aiguise la tentation de s’éterniser au pouvoir et complique le lien avec le voisinage immédiat. La diplomatie de la Mauritanie se résume, maintenant, à une succession hystérique de susceptibilité et de crise de nerfs qu’accentue la propension infantile à changer d’alliance.
7. De l’urgence
Des attendus précédents, le Congrès constate la pertinence et l’utilité d’une rupture radicale d’avec une cité incapable d’assurer, à ses membres, le sentiment de participer à une œuvre commune; il est impensable que la Mauritanie prospère plus longtemps dans un tel degré de mépris à l’endroit de ses ressortissants, voire de l’étranger de passage. La misère, l’obscurantisme, le fanatisme et le repli réfractaire au reste du monde ont façonné une mentalité du pire dont la théocratie liberticide demeure l’unique perspective. Envers et contre la dérive, pour un pluralisme du partage, de l’équité, du bonheur terrestre et de la diversité dans le métissage, le Congrès atteste :
– Compte tenu de la censure imposée aux courants de l’audace et du renouveau, Ira accorde, à ses adhérents et sympathisants, le bénéfice – extraordinaire – d’une autorisation à concourir en candidat indépendant, pour incarner une autre Mauritanie, lors des prochaines élections municipales, législatives, régionales et du Président de la république.
– Biram Dah Abeid reçoit mandat délié, aux fins de promouvoir une large concertation avec les partis, la société civile et le commandement des forces armées et de sécurité, en vue d’accélérer la réconciliation des mauritaniens, avant le vote et parvenir à une entente solide, sur les règles de l’impartialité, dans le strict respect de la Constitution.
Votée, à Nouakchott, le 28 janvier 2018
le calame
Tension entre la Mauritanie et le Sénégal, cantines maures vandalisées, d’autres
La tension était vive, ce lundi, à Saint-Louis. Très en colère, des pêcheurs de Guet-Ndar ont violemment protesté contre le meurtre d’un des leurs, atteint par balle à Ndiago par des garde-côtes de la Mauritanie.
Les manifestants ont d’abord brùlé des cantines maures établies au marché de Ndar Toute avant de se ruer vers l’ile nord pour saccager la « boutique poste » et une autre en face de la pharmacie Kandji.
Tout le matériel trouvé sur place a été vandalisé par cette rage noire que la police tente de disperser difficilement.
Le ministre de l’Intérieur sénégalais a vivement dénoncé le meurtre du jeune pêcheur. Aly Ngouille NDIAYE dépêché à Saint-Louis pour apaiser les heurts, a tenu une rencontre avec des acteurs de la pêche, en présence d’autorités politiques, administratives et coutumières de la ville.
Il a annoncé que la marine sénégalaise sera déployée à la frontière du pays en indiquant que la victime se trouvait dans les eaux sénégalaises lorsqu’il a été froidement abattu par un garde-côte mauritanien.
« Le troupeau mauritanien est chez nous avec un quota qui dépasse largement ce qui a été autorisé », a renseigné le ministre qui rappelle que le Sénégal et la Mauritanie sont liés par l’histoire et la géographie.
M. NDIAYE a par ailleurs indiqué que les licences de pêche sont en bonne voie, en informant que des pourparlers sont en cours pour définir les termes d’une nouvelle convention de pêche.
Au sommet de l’union africaine, le président Macky SALL a saisi son homologue mauritanien le président Aziz sur l’affaire du meurtre. Le président mauritanien a présenté ses excuses au chef de l’Etat sénégalais, renseigne le ministre de l’intérieur joint par nos confrères de la RFM. Aly Ngouille NDIAYE tient à rassurer le peuple de Guet-Ndar que l’affaire est portée par le président Macky SALL, lui-même en indiquant qu’une solution définitive sera trouvé à ce problème.
Ndarinfo
Ethiopie: coup d’envoi du sommet de l’UA à Addis Abeba

Le 30ème sommet de l’Union africaine (UA) s’est ouvert, ce dimanche 28 janvier, à Addis Abeba.
Le président guinéen Alpha Condé passe le témoin de la présidence à son homologue rwandais Paul Kagame. En dehors du thème générique de la lutte contre la corruption et des dossiers politiques, les dirigeants africains vont aussi se pencher, ce dimanche et lundi, sur le projet de réforme l’organisation panafricaine.
La cérémonie d’ouverture du sommet a d’abord été retardée par un débat à huis clos de plusieurs heures sur la réforme de l’Union africaine. Comment financer l’organisation afin qu’elle ne dépende plus de ses partenaires extérieurs, comme l’Europe, l’Amérique ou encore le Japon ?
Le pilote de la réforme, le Rwandais Paul Kagame, souhaite que les 55 Etats africains appliquent une taxe de 0,2 % sur tous les produits éligibles qu’ils importent. Cependant, plusieurs pays dont l’économie est très tournée vers l’extérieur, sont hésitants. C’est le cas de l’Egypte et du Nigeria. Pour ces pays, des mesures spécifiques sont envisagées.
Autre question, l’Union africaine va-t-elle continuer à se réunir deux fois par an ou va-t-elle revenir au rythme d’un sommet par an, comme au temps de l’OUA ? Là aussi, tout le monde n’est pas d’accord.
« Notre cohésion procède de la franchise de nos discussions », a joliment dit le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat.
Le diplomate tchadien a par ailleurs annoncé que le prochain sommet se tiendrait dans six mois à Nouakchott, en Mauritanie. Reste à savoir si ce sera un sommet qui réunira les cinquante-cinq Etats ou simplement les cinq Etats représentant chacune des cinq sous-régions du continent.
Un certain nombre de chefs d’Etat sont venus. Pour l’Afrique du nord, l’Egyptien al-Sissi, que l’on dit intéressé par le poste de président de l’Union africaine l’an prochain en 2019, a fait le déplacement.
Pour l’Afrique de l’Est, il y a pratiquement tout le monde et pour l’Afrique australe, les deux poids lourds sont là, à savoir le Sud-Africain Jacob Zuma et l’Angolais João Lourenço pour qui c’est le premier sommet, sans oublier, évidemment, un autre nouveau venu, Mnangawa, le nouveau président du Zimbabwe qui est très filmé par toutes les caméras, en salle.
Pour l’Afrique de l’ouest, il y a aussi beaucoup de monde, notamment le Nigérian Muhammadou Buhari, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Sénégalais Macky Sall et bien entendu le Guinéen Alpha Condé qui a présidé l’Union africaine toute l’année 2017.
Le Burkinabè, Roch Martin Christian Kaboré a annulé sa visite, à la dernière minute, afin de rester auprès des familles des victimes de la terrible explosion qui a endeuillé de nombreux Burkinabè. C’était sur la route malienne Gao-Mopti.
Enfin, pour l’Afrique centrale, beaucoup de présidents sont là, notamment le Tchadien Idriss Deby et le Congolais Denis Sassou-Nguesso qui présidera, ce dimanche après-midi, le Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, en présence de l’envoyé spécial de l’ONU, Ghassan Salamé. En revanche, Joseph Kabila n’a pas fait le déplacement.
« Des sanctions contre ceux qui font obstacle à la paix »
Lors de son discours à l’ouverture du sommet, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a estimé que « le moment est venu » d’imposer des sanctions contre ceux qui entravent les efforts de paix, sans pour autant donner d’exemples de possibles sanctions.
« En Somalie, les efforts doivent se poursuivre pour permettre l’aboutissement de la transition en cours entre l’Amisom et les forces somaliennes. Au Soudan du Sud, comment ne pas redire notre incompréhension face à la violence insensée que les belligérants infligent, avec une cruauté indescriptible, à une population qui n’a que trop souffert ? Le moment est venu d’imposer des sanctions à ceux qui font obstacle à la paix. Au Burundi, les partis doivent privilégier le dialogue, seule voie de sortie de crise. En République démocratique du Congo, les tensions et violences de ces derniers jours ont, une fois encore, illustré l’urgence de la mise en œuvre de bonne foi de l’Accord de la Saint-Sylvestre, en vue de la tenue des élections en décembre 2018. En Centrafrique, tout doit être fait pour assurer l’aboutissement de l’initiative africaine pour la paix et la réconciliation, lancée sous les hospices de l’Union Africaine. Au Mali, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation doit être accélérée, parallèlement à la mobilisation d’un appui plus important pour la force conjointe du G5 Sahel. Les efforts doivent être redoublés en Libye pour mettre un terme au calvaire des populations. L’Afrique doit prendre toute sa place dans la recherche d’une solution, de concert avec les Nations unies et les autres partenaires concernés », a-t-il déclaré.
RFI