Daily Archives: 18/01/2018
Mauritanie: Conférence sur l’accès à la justice, au droit de retraite et la sécurité du passif humanitaire
Le projet COVICIM/COVIRE pour l’accès à la justice et le droit à la retraite d’ancienneté des victimes civiles et des personnels des forces armées et de sécurité du Passif humanitaire financé par le projet Etat de droit de l’Union européenne en partenariat avec le Ministère de la justice autour des différents partenaires impliqués pour le traitement du dossier du passif humanitaire a organisé un atelier de formation sur le plaidoyer pour une durée de 6 jours, du 18 au 23 janvier 2018 entre les organisations de victimes du Passif humanitaire, dans les locaux de son siège à la Sebkha.
Dans son mot introductif, le coordinateur du projet, en l’occurrence Abou Gaye a mis l’accent sur l’importance de ces journées qui visent à renforcer la capacité dans les techniques du plaidoyer et le suivi des violations des droits humains dont 30 personnes seront bénéficiaires issue de différentes organisations concernées.
Le formateur, monsieur Malal Samba Guissé, consultant en développement communautaire, dans le cadre d’une approche participative a campé son objet sur les droits et devoirs de tout citoyen en mettant en exergue les objectifs de cette journée qui reposent sur l’analyse de la situation du passif humanitaire, centré sur le volet communication sur la base des normes standards internationaux, l’élaboration d’un plan d’actions et la fixation des axes d’un chronogramme prenant en compte les acquis obtenus par les victimes et les doléances non encore réalisées du passif humanitaire.
Pour ce faire, le conférencier est revenu largement sur le volet communication dans ses différents aspects relatifs aux composantes, au schéma, à la règle des 4C, aux techniques de communication et à ses caractéristiques, aux sources de disfonctionnement, aux conditions d’efficacité de la communication, à celle verbale et non verbale, aux outils permettant de mieux assoir les dimensions de la communication avant de terminer par la pratique de l’écoute active.
En effet, les journées nationales de concertations et de mobilisation pour le retour organisé des réfugiés et le règlement des passifs issus des événements douloureux des années 80-90 ont permis la signature d’un accord tripartite entre la Mauritanie, le Sénégal et les Haut Commissariat des Nations Unis aux réfugiés qui constituait un cadre juridique ayant régi le retour organisé de 24536 déportés du Sénégal. Ces rapatriements se sont déroulés entre le 28 novembre 2008 et le 25 mars 2012, sur un effectif enrôlé de 25.100 personnes au 30 aout 2007. Force est de reconnaitre que la question dite du passif humanitaire était restée sans proposition de solution consensuelle durant ces journées de concertation de novembre 2007.
A partir de novembre 2008, le collectif « COVIRE » a engagé un processus de concertation avec le Président de la République qui a conduit à la nomination d’un chargé du passif humanitaire et la mise en œuvre d’une aide sociale pour les ayants droits des martyrs des forces armées et de sécurité ainsi que pour les fonctionnaires de la fonction publique et du personnel de certains établissements publics et parapublics et pour les deux dernières catégories la reprise dans le fonction publique pour ceux âgés de moins de 60 ans et la mise en retraite pour ceux dont l’âge a dépassé 60 ans.
Comprenant les enjeux, les participants à l’atelier, ont procédé à la synthèse des travaux de la journée et se sont engagés à poursuivre les travaux de l’atelier jusqu’à son terme. Le consultant, Monsieur Malal Samba Guissé a magnifié le travail de qualité que les participants ont fourni, en terme d’échanges, devant permettre de mieux aborder la question du passif avec les partenaires techniques et financiers et un meilleur plaidoyer avec les institutions chargées des droits humains.
Cette journée a été marquée par la présence de plusieurs victimes appartenant aux différentes organisations des droits humains qui ont engagé le processus de recherche de solutions consensuelles depuis 2005.
senalioune
FLAMNET-AGORA : Quelle décentralisation pour la Mauritanie? Par Abou Hamidou Sy
Si la régionalisation imposée par le président Mohamed O. Abdel Aziz lors de son référendum et entérinée par l’assemblée nationale ressemble à s’y méprendre dans sa forme à l’autonomie proposée par les FPC; elle en diffère totalement dans le fond. Pire, elle semble même être une façon subtile de la contrecarrer. Avec cette réforme
on s’achemine sans doute vers une régionalisation simple c’est à dire vers une décentralisation administrative territoriale telle que pratiquée en France et dans
quelques pays de la sous-région. Or, emprunter cette voie équivaut à appliquer un
remède à un mal totalement différent.
Dans ces pays, la décentralisation correspond dans les faits à une déconcentration,
pour ne pas dire un désencombrement de l’Etat.
Celui-ci sous prétexte de se rapprocher de ses administrés, mais en réalité pour rationaliser les ressources devenues rares de l’Etat providence, se leste de ses pouvoirs au profit des collectivités locales. Ces entités ainsi créées, quelque soit leur statut sont fortement sous tutelle de l’administration centrale.
Dans le cas de la France par exemple, bien que disposant d’un exécutif local élu au suffrage universel; les régions ne jouissent d’aucune compétence législative rendant ainsi leur autonomie superflue.
En plus de l’emprise de l’Etat qui inhibe toute initiative locale, la Mauritanie se distingue de ces pays par la nature des rapports inter-communautaires des différentes entités qui la composent.
La proto-nation héritée de la puissance coloniale a vite été enterrée par l’hégémonie arabo-berbère exacerbée par les différents régimes que nous avons connus. Cette volonté de domination jusqu’à la négation de tout ce qui n’est pas arabe a conduit à une cohabitation quasi-impossible.
Faut il rappeler que la Mauritanie pré coloniale, en tout cas dans sa partie sud n’est pas ce “no man’s land” culturel qu’on veut nous faire croire. Des populations l’occupaient; avec leurs histoires, leurs manières de vivre, leur façon de penser; bref y ont forgé leur propre identité.
Cette réalité historique doit être la pierre angulaire de toute tentative de sérieuse de réforme de l’Etat. Les aspirations des ces différentes entités doivent être tenues en compte.
Aspirations en termes de reconnaissance culturelle et de partage de pouvoir politique et économique. En un mot, on doit s’orienter vers un rééquilibrage et non vers une réforme qui maintient le statu quo.
A titre d’exemple, on peut affirmer avec certitude que si les habitants du Guidimakha avaient un réel choix entre la reforme d’Aziz qui les dilue dans le Tagant et l’Assaba et celle des FPC qui les place avec le Futa et le Walo Barack où ils ont plus
d’atomes crochus;
ils choisiraient la seconde. C’est un fait indéniable. Compte tenu des toutes ces spécificités le modèle de décentralisation le plus pertinent pour notre pays serait le modèle italien ou espagnol ( voire celui du Royaume Unis) ou les collectivités locales épousent les contours des aires ethno-culturelles et disposent d’une véritable autonomie dans un cadre unitaire. Autonomie qui ne se résume pas uniquement a un transfert de quelques compétences. Mais un réel pouvoir d’auto-administration qui confère aux régions la possibilité de définir la politique de leur choix en matière
d’éducation, d’agriculture, de sécurité, de justice…l’Etat central se contentant de ses fonctions régaliennes classiques. C’est cette option qu’ont choisi les FPC au sortir de leur congrès constitutif tenu à NKTT en Août 2014, donc bien avant Abdel Aziz. Ce choix découle du constat général, (même si personne ne veut l’admettre) de l’échec patent de l’Etat centralisé en Mauritanie, il faut donc trouver une alternative si l’on veut préserver l’unité nationale tant chérie par tout le monde. Voila pour rappels
ce que proposent les FPC; concrètement il s’agit de créer quatre régions autonomes:
-Une région à vocation agricole regroupant le Futa, le Walo Barack et le Guidimakha.
-Une région à vocation agro-sylvo-pastorale regroupant le Brakna, le Traraza et leTagant.
-Une région pastorale englobant les 2 Hodhs et l’Assaba
-Une région minière comprenant l’Inchiri, l’Adrar et le Tiris Zemour.
– Les villes de NKTT et NDB auront un statut spécial.
Chacune des ces entités régionales disposera de la personnalité morale, d’un exécutif et d’un parlement élus aux suffrages universels.
Des mécanismes de régulations des rapports inter-régionales et avec l’Etat central seront mis en place pour prévenir toutes velléités hégémonistes ou centrifuges.
Quelque soit ce qu’on pense de ce découpage, on doit lui reconnaitre non seulement le mérite d’exister mais surtout d’être cohérent dans sa conception.
La situation que vit notre pays s’illustre mieux par l’expression anglaise “ the elephant in the room”.
Il y a un problème si évident que non seulement personne ne peut prétendre ne pas le voir, mais que cela devient paradoxale de parler de toute autre chose.
Comme le dit bien souvent le président Samba Thiam, interpellant la classe politique : « si tout le monde parle d’unité nationale, c’est qu’il y a réellement un problème d’unité nationale; mais personne ne dit exactement où se situe le problème ». Nul n’a besoin de se perdre en conjectures. Le principal obstacle à l’unité nationale est l’accaparement de toutes les richesses du pays et le control de toutes les leviers du pouvoir par la communauté arabo-berbères et leur corolaire; la marginalisation des negro-mauritaniens toutes ethnies confondues. C’est cela la vérité.
Nous savons sans aucun doute que c’est notre discourt qui nous prive de notre récépissé et fait le lit de notre diabolisation; mais nos détracteurs ne nous dérangent point. Ce qui nous inquiète le plus c’est le silence de la majorité des progressistes arabo-berbères, qui usent de circonvolutions intellectuelles pour ne pas aboutir à ce constat. Comme disait Martin Luther King, Jr: «A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis ».
La lutte continue
Abou Hamidou Sy FPC/ Amerique du Nord.
L’editorial du calame: Hydre invincible
Chers lecteurs, nous voilà, de nouveau, dans les kiosques, après une interruption de plus d’un mois, indépendante de notre volonté. Quarante jours exactement au cours desquels aucun journal privé n’est sorti des rotatives de l’Imprimerie nationale. La faute à qui ? Au papier qui a fait défaut, à l’Imprimerie qui n’a pas été prévoyante et à l’Etat (ou, plutôt, son argentier Ould Djay qui gère les biens publics comme s’il s’agissait de ses propres deniers) qui a, tout bonnement, refusé de verser, à cet établissement, sa quote-part de 170 millions de nos anciens ouguiyas, dans le budget consolidé d’investissement de 2017. Ainsi que des arriérés de factures de plus de 300 millions de « travaux de labeur » effectués au profit des différents services de ce même Etat.
Nombreuses interrogations. De deux choses l’une : Ou l’Etat, contrairement à ce qu’on chante, n’a pas les moyens de faire face à ses engagements Ou il veut porter un nouveau coup à la presse indépendante dont les titres tirent, tous, sans exception à l’Imprimerie, après avoir interdit, depuis 2015, à tous les établissements publics d’y souscrire des abonnements ou d’y publier des annonces. Jamais, en plus de vingt-sept ans d’existence, la presse n’a connu pareille situation. Elle a vécu censures, interdictions et saisies ; le pays, dévaluation, inflation et récession ; mais elle continuait à tourner. Pourquoi maintenant ? Nos ministres n’arrêtent-ils pas de nous chanter combien nos finances publiques sont assainies ? Que l’argent coule à flots ? Que les Impôts et la Douane battent, année après année, des records de recettes ? Il y a, en tout cas, anguille sous roche.
Après les télévisions et les radios privées qui ont arrêté d’émettre, pour non-paiement des redevances à l’Etat, en ce qui concerne les premières, et insuffisance des recettes, pour les secondes, et la mise sous contrôle judiciaire de quatre journalistes pour des motifs fantaisistes, la cerise sur le gâteau fut, incontestablement, cette pénurie de papier. Classée, depuis quelques années, première du monde arabe, par Reporters sans frontières, dans le domaine de la liberté de la presse, la Mauritanie risque voir pâlir son étoile. Au moment où la presse, dans les pays voisins (avec lesquels nos gouvernants nous comparent souvent), considérée, à juste titre, comme un pilier de la démocratie, est subventionnée, notre pouvoir prend un malin plaisir à lui mettre des bâtons dans les roues. Si elle ne le ménage pas, est-une raison de tenter de la bâillonner ? De l’injustice naissent les libertés, disait le célèbre poète Ahmedou ould Abdelkader. Les garantir permet de minimiser celle-là et, ce n’est pas la moindre utilité de cette attention de l’Etat, les tentations de les prendre, toutes, chacun pour soi, dans le plus grand désordre. Couper la langue d’un peuple, c’est aussitôt s’exposer à en voir repousser cent, mille, des millions, à chaque coin de rue. L’Hydre du Peuple est invincible.
Ahmed Ould Cheikh
Le calame