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Aziz et le mythe fondateur de la Troie-zième république/Par M. S. Beheite
A recouper les informations qui nous parviennent sur la manière dont on essaye de nous imposer les amendements constitutionnels, on se rend compte que, dans l’esprit du président Aziz, l’engouement pour la troisième République n’exprime, ni un idéal démocratique, ni le souci de se projeter dans le sens des aspirations profondes et légitimes du peuple mauritanien.
Dans l’entendement du chef de l’Etat et, à en juger par son inébranlable volonté de mutiler la constitution et de vider, de son contenu institutionnel, la haute cour de justice, cette troisième République préfigure de la mise en place d’une matrice d’impunité où tous les crimes du second empire (1984-2005) et ceux perpétrés plus tard avec l’aide de l’empire du milieu sur la ressource halieutique, viendront trouver pardon et absolution et, à défaut, prescription ou oubli.
Mais comme tout projet, qui se justifie à l’aune des retombées attendues de sa réalisation, la Troie-zième république Azizienne n’a que très peu de chances de voir le jour car, une réforme de cette ampleur ne peut être réductible aux seuls fantasmes de constitutionalistes même si, sous nos cieux, la voix du droit est souvent l’écho de la partition de bruits de chars, de bottes et d’artilleries lourdes, dont son géniteur à le secret.
D’autre part, si Maaouya Ould Taya avait tout ou presque, de Napoléon III et son régime, du second empire, notamment dans son aspect dictatorial et, toute proportion gardée, dans celui des ambitions de développement économique et industriel, Aziz, lui, n’a rien de Léon Gambetta, si ce n’est d’avoir initié une action d’éclat, positive pour le premier et aux résultats assez mitigés, pour le second.
C’est d’autant plus vrai que, par le fait de la proclamation de la troisième République en 1870, Gambetta avait ouvert à la France les portes du futur et celles de la consécration de son statut de principal maitre d’œuvre des lumières du 17ème siècle.
Dictature éclairée à visage humain
C’est également d’autant plus vrai que, grâce à son ancrage et à sa position numérale ordinale et compte tenu de l’alternance des régimes républicains et monarchistes qui l’ont précédée, la troisième République a fini par incarner le mythe fondateur de la démocratie Française et celui, non moins significatif, de la solidité des institutions européennes.
De ce point de vue et abstraction faite des mobiles et motifs de nos constitutionalistes et de la volonté manifeste de nos politiques de réduire la future république à un rempart, contre la vindicte populaire et contre les compétences des juridictions spécifiques, l’esprit de cette deuxième révolution française n’est pas compatible avec notre interprétation des valeurs de la République. Il n’est pas non plus compatible avec notre compréhension du droit et des institutions et avec notre esprit collectif réfractaire à la prépondérance des arts, des sciences et techniques, dans la panoplie de nos outils de développement économique et social.
Pour ces raisons objectives et pour d’autres encore liées à la gouvernance, la troisième République, telle que proposée par le réformateur Aziz, bute sur plusieurs obstacles dont deux majeurs et qui semblent relever des symptômes pathologiques de nos complexes refoulés.
Le premier est qu’elle a été décidée juste à la fin du mandat consensuel toléré sur la base de la transition amorcée en 2005, d’où le sentiment qu’elle est conçue pour projeter, dans la durée, le système en place. Le deuxième est que, comme en France, le second empire en Mauritanie, a très tôt évolué vers des formes libérales et a mis en gestation les fondements d’une révolution industrielle stoppée net en 2005 et complètement anéantie en 2008.
Sous l’angle des comparaisons, le second empire (1984-2005) était une dictature éclairée à visage humain, sans commune mesure avec la démocratie populiste où les pouvoirs régaliens de l’Etat se sont confondus avec les humeurs du prince et les slogans, sans lendemain, de lutte contre la gabegie.
Nous avons entendu Aziz énoncer les règles de sa thématique républicaine de ‘’Troie’’. Nous avons entendu ses constitutionalistes argumenter des interprétations du droit par des procédés de bricolage de chaudronnerie. Nous avons entendu Ould Mohamed Laghdhaf, Ould Hademine, ould Maham et Cheikh Ould Bayeu, aborder l’idéologie UPRienne dans des récits d’étiologie, non pas pour stimuler l’installation de la Troie-zième république, comme le souhaite leur mentor, mais plutôt pour en exacerber le projet, dresser les tribus les unes contre les autres, et, fidèles à leurs élans de pyromanes, allumer des foyers de tension en vertu de la stratégie de la terre brûlée, tout en laissant à Aziz le soins de jouer au sapeur pompier et de répondre, devant l’assurance, des conséquences du sinistre.
Rêve devenu cauchemar
Le clou de ce spectacle surréaliste et qui a sans doute consacré la réputation des hommes du président, fut joué d’une main de maître par Cheikh Ould Bayeu, lors de sa campagne électorale à Zouerate. Ses déclarations, où il fut question d’argent et d’enrichissement, ont sonné le glas des littératures de lutte contre la gabegie et enfermé Aziz dans une logique défensive, qui sied mal à la posture de ce porteur d’ambitions à la mesure historique des destins d’Etats.
Quand, en effet, les journaliers de la SNIM en grève disaient que Zouerate sera le point de départ des troubles qui risquent de déstabiliser le régime, ils n’imaginaient pas si bien parler. Depuis lors, ni les maisons et voitures de luxe offertes à certains peshmergas, ni les promotions, sans mérite, d’autres, n’ont pu juguler les effets dévastateurs de ce mémorable discours de campagne qui plombe désormais toute velléité d’apporter des démentis convaincants aux accusations de l’opposition.
Ould Mohamed Laghdhaf, Ould Hademine et Ould Maham, quant à eux, est un trio sorti tout droit des entrailles du cheval de Troie ou plutôt, du rêve transformé en cauchemar, de la Troie-zième république. Ce trio procède d’une règle de trois pour se partager les avantages qu’offre l’exercice du pouvoir. Une sinécure, quand cet exercice se fait dans l’absence de toute éthique de gouvernance et quand on réussit à laisser la gestion de ses désagréments à l’usage et à la discrétion du président Aziz. Une sorte de ‘’TEKEBREUT CHIKH LOBBAT’’ qui dit long sur les rapports entre l’équipe et sur son avenir proche…très proche.
Ils s’y sont tellement bien pris, que le reste du système, y compris Aziz lui-même, est en passe de développer un délire collectif de persécution, pour se savoir condamné à payer pour des griefs dont il n’est pas responsable et qui lui sont imputés en vertu de la solidarité de groupe.
Pour conjurer les conséquences des intrigues dont est capable ce trio, Aziz n’a trouvé de mieux à faire que de brandir une Troie-zième République après avoir brandi, en vain, un Troie-zième mandat, pour épouvanter ses courtisans à défaut d’avoir réussi à amuser la galerie politique lors du monologue inclusif.
Mais Aziz ne sait pas que les trois mousquetaires affectionnent les triptyques, les trilogies, la trigonométrie, les triangles, les tiers et…ah, oui !!! A propos de tiers et pendant que j’y suis, les méthodes de d’Artagnan et de ses mousquetaires seraient la principale source d’inspiration du tiers du Sénat et auraient été celle des deux tiers de l’Assemblée Nationale, si le congrès parlementaire avait été invité à se prononcer sur les amendements constitutionnels.
Selon certains analystes, les méthodes des trois mousquetaires inspireraient également les deux tiers des électeurs pour voter ‘’non’’ au référendum, tandis que le tiers restant votera blanc à la gloire d’Allah, comme chez les chrétiens, qui brûlent des cierges à la gloire de l’immaculée conception pour les vertus de sa…blancheur immaculée… !!!
Loyauté de façade
En réalité, les projets de succession du président Aziz s’effondrent les uns après les autres dès leur mise en chantier et sa situation de fin de règne se complique du fait de ses choix en matière d’hommes et de manque de discernement chez son entourage, ce qui l’empêche pas de chercher la raison et l’efficacité au-delà des frontières immédiates de ses élans affectifs et des loyautés de façade, inconciliables avec la raison d’Etat.
Cela se vérifie (à ses dépens) car, pour faire aboutir leur contre-révolution, nos d’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis (noms des mousquetaires) nationaux, n’ont pas hésité à parrainer la déliquescence du régime en s’inspirant de l’opposition de leurs modèles au cardinal de Richelieu et à la belle et mystérieuse Milady de Winter. Ils étaient aidés en cela par le mécontentement au Nord, dont l’émir Ethmane Ould Aida s’est fait l’écho et par les tribus, mobilisées à l’Est, à l’effet d’inaugurer l’ère des défections et pousser Aziz à l’erreur fatale en l’enfermant dans la logique de l’affirmation, contre vents et marées, de sa propre volonté de puissance, ce qui l’isolera davantage.
Ils ont fait en sorte qu’au fur et à mesure que la fin du dernier mandat présidentiel approche, l’isolement du pouvoir et de son chef doit se préciser et le mythe de la troisième République, considéré comme ultime chance offerte au régime pour pouvoir se recycler en quelque chose de fréquentable, doit se transformer en mythe espagnol inachevé de la Reconquista.
Sur un autre front, les arabisants Nassero-Islamistes qui infiltrent le pouvoir à travers le bouillant Mohamed Cheikh Ould Sidi Mohamed et qui miroitent à Aziz la possibilité de surfer sur leur ‘’popularité’’ pour dépasser le cap de 2019, lui font payer l’addition par le projet, contestable en tout point de vue, de création symbolique d’une identité dont Nasser et Hassan Al Banna se disputent la paternité.
Aziz devait faire tempérer les ardeurs de cette entité idéologique, car, dans un pays comme le nôtre, l’identité commune ne peut émerger que par l’abandon douloureux, d’une part des identités propres aux groupes ethniques qui composent le peuple.
En d’autres termes, au lieu d’entériner la vente des bâtiments publics, les défenseurs de l’arabisme (version orientaliste) et de l’islamisme wahabito-ottoman, auraient dû savoir que l’école est le lieu irremplaçable de la construction identitaire d’un pays en construction. Ils ont certes des circonstances atténuantes à ce sujet, pour n’avoir fait, en grande partie, que l’école du campement où l’identité est obtenue à la naissance et où elle est un droit qui trace les plans de carrière et qui destine à des privilèges souvent indus.
Par ailleurs, l’illusion qu’une identité partagée puisse éliminer, comme par enchantement, les crises sociales et politiques, relève des absurdités dont Mohamed Cheikh a le secret et qu’il a expérimenté à la Radio et à l’AMI en frappant d’ostracisme, les quelques journalistes qui dérogeaient aux injonctions de la pensée unique.
De par son cursus et en Nassérien bon teint, Mohamed Cheikh ne peut pas savoir que la construction identitaire est un processus politique avant d’être social et culturel.
Cependant, le président Aziz gagnerait à savoir et à comprendre que, dans son système, il y’a des fonctionnaires honnêtes et compétents, des officiers vertueux et courageux et des militaires de grades inférieurs mais tout aussi vertueux et courageux, des hommes d’affaires et des capitaines d’industries patriotes, d’éminents professeurs, médecins, ingénieurs, des grands intellectuels et des serviteurs anonymes du service public, dont l’action au quotidien ne doit pas être occultée par le trop de notoriété accordé aux quatre mousquetaires.
Illusion d’optique
Quant à l’opposition, elle doit savoir que cette élite continue à faire confiance au chef de l’Etat et à le soutenir, mais que le seuil de tolérance de sa fidélité n’est, ni élastique, ni absolu et, par conséquent, il lui serait difficile d’admettre d’être sacrifiée sur l’autel de la préservation des intérêts des quatre mousquetaires.
En ce qui concerne les mauritaniens, toutes tendances confondues, ils doivent savoir que ceux qui les dirigent procèdent de la philosophie du groupe telle que décrite par Raoul Girardet qui dit à ce propos : ‘’Tout groupe possède un mythe fondateur, quel que soit le groupe considéré. Par définition, tout groupe a été formé à un moment donné, et il existe donc toujours une création et, par extension, une histoire, ou du moins, un souvenir de cette création. Tout événement passé est sujet à une déformation par l’histoire : idéalisation, interprétation, glorification etc. Ainsi il y a toujours un mythe fondateur, d’autant que tout groupe, dont les actions collectives n’aboutissent pas, a tendance à se dissoudre : tout groupe qui survit est un groupe qui a réussi et va avoir tendance à mythifier ses origines’’.
Et puisqu’il a survécu, le groupe des mousquetaires (essil mahou le groupe de Tlemcen) pense sûrement avoir réussi, même si les sénateurs, les gens du Nord et les tribus de l’Est ont démontré que cette vision n’est qu’une illusion d’optique et que la désintégration du groupe est imminente.
Ne l’entendant pas de cette oreille, les mousquetaires se servent désormais de la troisième République pour se tailler un mythe fondateur dans le corps de la légende de l’UPR au moment où Mohamed Cheikh se charge de mythifier leurs origines et de glorifier, aux yeux de Aziz, leur rôle présumé dans le ‘’renforcement’’ du régime.
Mais ni Aziz, ni les mousquetaires ne doivent perdre de l’esprit, qu’en voulant trop mythifier Maaouya, Mohamed Cheikh l’a tout simplement momifié avant d’assister, en vainqueur, à l’exil de son sarcophage vers la lointaine péninsule arabique, où il attend la construction de sa pyramide.
Source : Le Calame
Appel à manifester le samedi 22 avril 2017 à partir de 14 heures
Nous, Collectif des mauritaniens de France (CMAF), appelons tous les compatriotes et amis de la Mauritanie à se joindre à la manifestation que nous organisons le samedi 22 avril de la Place du Trocadéro au Quai d’Orsay à partir de 14h pour la commémoration des déportations de 1989.
Bref Rappel :
Nous sommes le 24 avril 1989 : à Nouakchott, Nouadhibou, Aleg, Boutilimit, Zouerat, Akjoujt, Atar, Kiffa, Aïoun, Guérou, Tikjikja, Moudjeria, Kaédi, Sélibaby, Maghama, Gouraye, Ould Yengé, Kankossa,Téhiane, Patoukone, etc.
Des hordes bien quadrillées par une police, une gendarmerie et une armée triées sur une base strictement raciale s’adonnaient à une chasse à l’homme bien particulière, celles des franges importantes de la composante noire (Peuls, Soninke, Wolof et Bamanan) de la Mauritanie.
En deux mois, près ou plus de 200 000 Noirs mauritaniens vont être déportés vers le Sénégal et le Mali par l’armée, la gendarmerie et la police mauritaniennes aidés par des milices à la solde de l’état.
Depuis 2010, cette ignominie est en train d’être rééditée, à travers un enrôlement ou recensement à vocation d’état civil dont le déroulement et la nature montrent bien les vraies intentions de l’Etat Mauritanien dirigé par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz de perpétrer une nouvelle forme de « génocide, et cette fois-ci, biométrique » à l’encontre de ces mêmes populations.
Nous avons trop subi. Nous-nous battons à ce jour. Justice n’est pas encore rendue.
Le Collectif des Mauritaniens de France (CMAF)
FLAMNET –RETRO : VII congrès des FLAM, le discours d´ouverture du Président Samba THIAM
Camarades du conseil national
Camarades du Bureau national
Camarades Secrétaires généraux des Sections
Camarades délégués,
Camarades congressistes
Honorables invités, Mesdames et Messieurs
Dans la vie des organisations politiques, les Congrès, au-delà des retrouvailles joyeuses qu’ils permettent, constituent surtout des moments de pause destinés à faire le point, à ouvrir des perspectives et à réajuster, au besoin, méthodes et stratégies de lutte.
Mesdames , Messieurs les invités, c’est pour nous un immense plaisir de vous accueillir aujourd’hui parmi nous, en ce 7ème Congrès des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM ).
Votre présence ici, chers invités, témoigne sans nul doute , de votre sympathie pour notre Organisation qui découle, certainement, de l’intérêt que vous portez à son noble et long combat qui se mène voilà 28 ans; un combat dont le sens ne saurait être mieux rendu, par ces mots de CESAIRE :
« notre lutte est un sursaut de dignité,
un refus de l’oppression,
un combat contre l’inégalité,
une révolte contre un Système fondé sur des préjugés , des présupposés qui aboutissent à une hiérarchie …., elle est l’affirmation de notre droit à la différence … , une sommation à tous d’une reconnaissance de ce droit ! »
Notre combat, en un mot, est un combat pour l’Egalité dans la citoyenneté, pour l’Unité dans la diversité et la complémentarité, pour la Démocratie authentique dans une Mauritanie reconstruite sur des bases et valeurs nouvelles.
Une longue marche vers la liberté, difficile et pénible, parsemée d’embûches, au cours de laquelle des camarades sont tombés. Je pense à Touré Zakaria tombé sur le champ de bataille, à Mama Sow, militant exemplaire arraché à la fleur de l’âge, stoique, combatif, demeuré actif alors même qu’il luttait contre la terrible maladie; je pense à Aboubakry Kalidou Ba, dont l’engagement inébranlable, était resté frais, juvénile et tonifiant.
Mes pensées vont également à Sarr Amadou, Sy Saidou et Ba Seydi autres héros sacrifiés de la cause, fauchés sous les balles du peloton d’exécution , sans oublier tous ceux-là qui s’étaient investis, à leur manière, dans cette lutte de libération, comme Saidou Kane, Mamadou Samba Diop et tant d’autres .
Mesdames et Messieurs je vous invite à consacrer une minute de silence à leur mémoire, à jamais éternelle !
Quel sacrifice y’a-t-il de plus cher ou de plus sacré que celui de la vie ?
Ces êtres, partis pour toujours, nous interpellent quelque part, individuellement, nous soldats de la cause, à faire un examen de conscience sur la profondeur de l’engagement personnel de chacun de nous, dans cette noble lutte pour notre libération .
Mesdames, Messieurs les invités ,
nous sommes heureux, aujourd’hui, de partager avec vous nos soucis qui, croyons-nous, sont aussi quelque part les vôtres – face à l’actuelle situation politique interne , pleine de menaces sur notre devenir dans notre pays .
Si, au tout début de sa prise de pouvoir le Président Ould Abdel Aziz avait suscité quelque espoir –aujourd’hui évanoui- à travers quelques promesses et tentatives de réformes amorcées , force nous est de reconnaître que le Système a, maintenant, repris le dessus.
L’équilibre souhaité par nous dans la représentativité des communautés au sein de la haute ’administration reste presque ignoré , la question du passif humanitaire semble évacuée dans son fond, le retour entamé des réfugiés est brutalement arrêté , alors qu’ils sont des milliers encore à l’exterieur à demander à être rapatriés; et ceux qui l’avaient été vivent dans des conditions intenables, privés jusqu’aux pièces d’identité. ; la question des terres de la vallée est rendue plus aigue, par une spoliation quasiment déclarée ces derniers mois, et la question de l’esclavage enfin, laissée en l’état !
Même constat amer avec nos mouvements associatifs basés à l’extérieur, qui essaient courageusement de soulager les souffrances grandissantes des populations de la vallée du fleuve, mais se heurtent , invariablement, dans leurs initiatives, hier comme aujourd’hui, à l’hostilité de l’administration .
Ainsi leurs tentatives comme celle de créer des banques de développement, ou des banques de céréales pour adoucir les dures périodes de soudure , se voient bloquées ou interdites – , tout comme l’envoi de matériel d’équipement soumis à des tracasseries administratives sans fin, s’il n’était simplement confisqué, ou encore ces maternités bâties par nos immigrés, dans l’espoir de réduire le taux de mortalité de femmes en couche, qui sont laissées quasiment sans personnel!
Bref ces associations font tout cela, pour tenter de soulager, tant soit peu, la misère grandissante des populations locales, mais sans succès; sans succès parce que le Système politique en place, à caractère ethniciste et raciste, s’y opposait ! Comme il s’opposait à toute tentative, interne, de mise en place de coopératives de consommation villageoises, et décourageait tout rayonnement de centres d’alphabétisation en Pulaar, Soninké ou Wolof, perçus comme des foyers de subversion; parce que pour la Mauritanie officielle il n’y a d’alphabétisation digne d’attention que l’alphabétisation en langue arabe , car les langues négro-africaines sont perçues au mieux comme des dialectes, sinon des idiomes .
Enfin, -dernier constat, récent -ceux qui se dressaient contre l’esclavage étaient menacés, agressés, écroués, et lorsque des Etudiants s’affrontaient à l’université de Nouackchott comme advenu en Avril dernier, le régime, sélectivement, réprimait la seule composante négro- africaine; et pour couronner le tout cette mise en place d’une commission mono-ethnique chargée du recensement d’ une population pluri-ethnique , -dont nous dénoncerons les résultats –
Le régime, par toutes ces pratiques, est entrain de révéler sa vraie nature : une dictature camoufflée, arrogante, répressive et raciste, qui oeuvre à préserver le même Système discriminatoire, à l’image des régimes militaires arabo-berbères qui l’avaient précédé !
Comme ces derniers, le Régime du président ould Abdel Aziz élude les questions centrales pour n’aborder, au petit bonheur la chance, que les questions peripheriques, techniques, secondaires .
L’espoir de réformes profondes a complètement fondu , le Système étant de retour, en force .
Voilà pourquoi les déclarations récentes à propos des sépultures et de la situation des fonctionnaires negro -africains victimes de purges ethniques sont un leurre, un rideau de fumée , destiné à nous divertir , a endormir notre vigilance .
Face à cette situation inquiétante , grave à tous égards, que font nos Organisations ?
Rien, sinon que chacune reste dans son clocher, jouant au leader, chacune organise ses propres manifestations , détermine ses partenaires et ses alliances en fonction d’affinités du moment , crée et gère son propre site internet au gré des humeurs, rivalisant d’ardeur dans la chasse aux visiteurs !
Nos sites électroniques doivent être des instruments de combat dirigés contre le Système, et non servir à l’auto-flagellation.
Mesdames, Messieurs les invités, représentants des Ong et des partis politiques nationaux,
Ahmed Sekou Touré disait « qu’il est des instants, dans la vie des nations et des peuples, qui semblent déterminer une part décisive de leur destin … »
A mon sens, l’instant d’aujourd’hui constitue, pour nos organisations qui mènent de l’exterieur la résistance, ce moment décisif; S’unir ou périr tel est le sens et l’alternative de l’instant, tel est l’enjeu du moment pour nous en particulier, et pour la mouvance négro- africaine, en général.
Au vu de notre situation générale qui ne cesse de se dégrader a tous egards, la seule voie qui mérite aujourd’hui d’être explorée est celle de l’Unité, à tout le moins, l’unité d’action .
L’unité la plus large possible avec les forces patriotiques, démocratiques et progressistes qui partagent, avec nous, les mêmes aspirations. Cette Unité-là nous l’avions toujours souhaitée et nous continuerons de la rechercher, car l’issue du combat commun en dépend .
Il n’y a plus de place pour la lutte en ordre dispersé , devant la persistance d’un système discriminatoire à caractère raciste, qui rend notre avenir dans ce pays chaque jour plus incertain.. A situation nouvelle, stratégie nouvelle .
Le moment est venu , nous semble-t-il, de nous remettre en cause.
Camarades congressistes, camarades flamistes, ces remises en cause s’adressent aussi à vous, à nous .
Nous avons porté, presque seuls, pendant près de 20 ans, tout le poids de la lutte. Nous devons nous saisir maintenant de toute ’opportunité offerte d’en partager le fardeau avec d’autres forces; mieux nous devons forcer ces opportunités.
Il serait illusoire de croire qu’ une organisation, même toute puissante, au vu des conditions internes de plus en plus difficiles et complexes, fût en mesure de venir à bout, toute seule, du Système en cours.
L’heure semble donc venue de travailler encore, plus fort, pour l’unité de la résistance dans la fusion des forces et des énergies, si nous voulons ensemble hâter la fin du Système.
Les réformes de l’Armée, de la haute administration, de l’Education, en conformité avec l’identité bi-ethnique et multiculturelle du pays, la fin de l’esclavage, le renforcement de la démocratie nous semble constituer une base naturelle de convergence !
Il nous faut, camarades , nous préparer à prendre, au cours de ces assises, les décisions courageuses qu’impose l’évolution de notre organisation , voire sa survie .
Camarades militants ,
je suis d’habitude , par tempérement peut-être , avare de compliments , très peu porté vers les discours laudatifs, encensés, ou les flatteries , mais aujourd’hui, je me dois d’y déroger , en vous rendant un hommage mérité !
Vous vous êtes levés tôt pour dénoncer l’oppression dont nous sommes victimes, au moment où personne ne songeait à le faire , et après 28 ans , vous tenez toujours bon, sans jamais verser dans la compromission, malgré l’adversité en tout genre .
En effet , nous avions été nombreux sur la ligne de départ , prêts pour la résistance , mais combien parmi nous ont décroché en chemin, pour avoir manqué de souffle ? mais dont les coeurs battaient toujours pour l’organisation.
Vous êtes restés fidèles au poste, attachés à l’organisation, debout, toujours prêts à répondre à l’appel du devoir , en dépit des conditions souvent impitoyables de l’exil.
Recevez donc ici mes hommages appuyés .
Continuez dans cette voie même si le chemin paraît encore long .
Je ne voudrais pas terminer sans féliciter les camarades venus de si loin , prouvant , une fois de plus , leur détermination à répondre à chaque fois que l’organisation avait besoin d’eux ! Je voudrais aussi féliciter la section Europe pour l’ activisme qui la caractérise depuis toujours , et qui a permis de maintenir, vivante, l’Organisation en France. Féliciter et remercier, enfin, la commission d’Organisation et de suivi, pour les efforts déployés, afin de réussir son pari !
Messieurs les représentants des organisations amies, Personnalités amies , mesdames et messieurs,
nous vous exprimons ici notre reconnaissance et toute notre gratitude, pour dire combien votre soutien nous fut précieux toutes ces années , et pour redire que nous avons encore besoin de votre solidarité , car notre route, dans cette quête de liberté que sommes déterminés à poursuivre, pourrait -être encore longue.
Camarades congressistes, mesdames et Messieurs, je déclare ouvert le 7ème congrès des Forces de Liberation Africaines de Mauritanie (Flam ).
Vive les FLAM !
Paris le 28 mai 2011
Affaire « Marche de la jeunesse mauritanienne » : 2 à 5 ans de prison requis
Le Parquet a requis 5 ans de prison ferme pour 5 membres du mouvement citoyen “Marche pacifique de la jeunesse mauritanienne” et 2 ans pour 5 autres.
Les 10 membres de l’Initiative “Marche pacifique de la jeunesse mauritanienne” dont deux femmes s’est ouvert ce jeudi devant la Cour correctionnelle de Nouakchott pour outrage aux forces de l’ordre et rassemblement non-autorisé.
Les 10 avaient été arrêtés dimanche suite à une manifestation dispersée par les forces de l’ordre. Ils réclamaient la réforme de l’Eta-civil, de la santé, de l’éducation et demandaient l’égalité des chances dans les concours nationaux et de l’emploi.
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«ON ASSISTE A UNE RECESSION GLOBALE DES VALEURS DEMOCRATIQUES A TRAVERS LE MONDE»
Maina Kiai est le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et d’association. Après six années, il quittera cette fonction en juin sur un constat amer : partout la société civile recule.
Depuis 2011, le Kényan Maina Kiai est rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et d’association. Dans quelques semaines, il présentera son dernier rapport sur les accomplissements de la société civile en matière de promotion et de protection des droits de l’homme. Son constat est sévère: partout la société civile est en recul, les ONG sur la défensive. Il explique pourquoi.
Le Temps: De plus en plus de pays adoptent des lois destinées à limiter l’accès des ONG internationales à leur territoire. Assiste-t-on au grand reflux de la société civile internationale?
Maina Kiai: La question des attaques ou des restrictions visant les ONG ne concerne pas que les entités internationales, mais toutes les ONG, et plus particulièrement les ONG nationales. Depuis une décennie, les gouvernements accueillent le business international, mais refusent les idées internationales. Google, Apple peuvent investir en Chine, en Russie ou en Turquie. Mais si c’est Amnesty International ou Human Rights Watch, cela devient problématique. L’argent oui, les idées non. Le business, comme les ONG, est un acteur non étatique: il devrait donc être soumis aux mêmes règles fiscales. C’est une attaque contre la gouvernance mondiale. Voyez ce qu’il se passe en Macédoine ou en Hongrie: on fait de George Soros une cible de la haine. Pourquoi? Car c’est une des rares personnes qui veulent mettre de l’argent pour une société plus ouverte. Le problème n’est pas Soros, mais les idées.
– Que pensez-vous de ces nouvelles réglementations limitant le travail des ONG? Là où intervenait autrefois la police, les Etats adoptent des mesures plus sophistiquées pour limiter les voix critiques.
– Les gouvernements deviennent plus intelligents. Les assassinats et brutalités continuent, comme on le voit par exemple au Honduras ou au Mexique. Des membres d’ONG continuent d’être emprisonnés dans de nombreux endroits. Mais cela ne vise que quelques personnes. A présent, les gouvernements utilisent la loi pour élargir leur lutte, pour viser toute une population. En 2009, l’Ethiopie a adopté une loi pour empêcher le travail des ONG sur la gouvernance: élections, droits des femmes, droits des enfants, transparence, etc. Comment? En limitant le financement en provenance de l’étranger à 10% de leur budget. C’est la première loi de la sorte à laquelle j’ai été confronté. Puis la Russie a voté sa loi sur les agents étrangers en 2011 qui vise les ONG et non pas le business. On voit cette tendance désormais dans plusieurs pays de l’ancien espace soviétique. Certains pays créent des GONGO (Government Owned NGO) pour remplacer les ONG. C’est une tactique qui remonte à la Guerre froide et qui fait son grand retour. On entre dans une crise pour les ONG.
– A quand remonte cette rupture, entre une vague d’ouverture favorable à la société civile et le recul actuel?
– Le 11 septembre 2001 a marqué un tournant. Les lois antiterroristes de Bush vont affecter la société civile, qui est mise sous surveillance. Après la décennie dorée des années 90, les mesures de contre-terrorisme ont été la première attaque majeure contre les ONG. Puis, il y a eu les guerres d’Afghanistan et d’Irak. Certains gouvernements ont alors réalisé que les Etats-Unis, après tout, n’étaient pas aussi puissants qu’on le pensait, on pouvait donc les défier. On pouvait d’autant plus le faire que leur prétention éthique était en lambeaux. La guerre en Irak était contraire au droit international. Si les Etats-Unis peuvent le faire, pourquoi pas nous? Puis s’ajouta la crise financière de 2008: on réalise alors que les gouvernements ne protègent pas les gens mais les banques, le business. Ce n’est pas un événement en particulier mais un enchaînement qui a amené les gouvernements à vouloir surveiller et limiter l’action des ONG et de la société civile.
– Ce raisonnement conduit à penser que le droit international, les valeurs qui le soutiennent, le développement des ONG et de la société civile, dépendraient en définitive des Etats-Unis. N’est-ce pas réducteur et même dangereux pour les défenseurs des droits de l’homme de l’affirmer? Beaucoup de gouvernements répriment leur société civile précisément en accusant ses membres de se faire le relais d’idées qualifiées d’occidentales ou américaines.
– Cela ne dépend pas des Etats-Unis. Mais il y a un besoin de pays forts pour soutenir et promouvoir ces idées. Cela peut être l’Union européenne, ou même la Russie ou la Chine. Partout, les gens veulent plus de liberté, plus de droit à l’information. La liberté n’est pas un concept occidental. La formation de l’architecture des droits humains internationaux a été promulguée par l’Occident, mais les autres pays s’y sont ralliés. Ils ont dû l’accepter car le droit à un procès équitable répond à un besoin universel. Personne ne veut être torturé par la police, où que vous soyez. Or ces valeurs ne peuvent s’épanouir que dans un environnement démocratique. Les droits de l’homme sont affaire de justice et de dignité. Les travailleurs chinois les réclament tout autant que les Européens. La dignité humaine n’est pas une valeur occidentale.
– Reste à savoir comment traduire ce besoin de dignité, d’éthique, en droit. Beaucoup d’Etats autoritaires se réfèrent à la culture, à l’histoire pour justifier une approche différente, notamment en insistant sur les limites de la liberté individuelle face à la nécessité d’un ordre collectif. Que leur répondez-vous?
– C’est une excuse. Prenez la Suisse. Le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures a donné le droit de vote aux femmes en 1991. Est-ce que sa culture était celle d’un droit de vote uniquement pour les hommes? La culture ne dit pas que l’homme est supérieur. Et même si c’était le cas, il faut rappeler que les femmes forment 50% de la population. Non, les hommes d’Appenzell utilisaient la culture comme un moyen d’avoir du pouvoir. Beaucoup de pays dans le monde sont basés sur une société patriarcale, qui est un système de pouvoir. La culture ne fait que légitimer dans ce cas une structure de pouvoir. Les détenteurs d’une autorité injuste tendent à la solidifier à travers un système qu’ils appellent culture. C’est vrai partout, c’est une lutte permanente, en Occident comme en Orient.
– Que pensez-vous de la situation aux Etats-Unis, où le nouveau président fait l’apologie de la torture et attaque l’indépendance de la presse?
– Cela nous rappelle que rien n’est irréversible. On peut évoluer de l’ouverture vers la fermeture. Ce qui veut dire qu’il faut une éducation constante aux valeurs qui soutiennent l’ouverture. Aux Etats-Unis, l’un des problèmes est que les gens étaient devenus trop confiants, pensant que la guerre était gagnée. Or voyez comment la communauté noire est traitée: le système maintient l’inégalité avec les Blancs. Une autre leçon de l’élection de Trump est que, parfois, nous avons besoin d’être secoués pour savoir comment nous organiser. C’est comme dans le business: il y a un modèle, si la situation est trop confortable vous tombez dans l’autosatisfaction. C’est un défi. Trump force les gens à réfléchir. Et si vous voyez comment les progressistes se réorganisent, les femmes en particulier, c’est phénoménal.
– Qu’est-ce qui a mal tourné dans l’ancien modèle de promotion des droits de l’homme?
– L’élitisme. Au Conseil des droits de l’homme, ici à Genève, il y a beaucoup de discussions, de réunions. Mais qui connaît ce conseil dans le monde? Très peu de gens. Quel Suisse connaît son délégué dans cette enceinte? Nous avons professionnalisé le travail des droits de l’homme, on est très bons pour écrire des rapports, mais on a oublié qu’il s’agit d’abord de contacts humains. Toutes les grandes luttes pour le changement ont impliqué des contacts de personne à personne. D’une certaine manière, Internet et les réseaux sociaux y aident. Mais il ne suffit pas d’envoyer un tweet, il faut se parler, débattre, aller dans les écoles. On apprend les sciences, mais la vie? Les mathématiques sont importantes, mais aussi les valeurs, la citoyenneté. On a voté beaucoup de lois internationales, mais on ne les a pas traduites sur le terrain. Chaque fois que je viens à Genève, je me demande combien de délégués rentreront chez eux pour en parler avec leurs communautés. Il faut questionner ce système.
– Quel sentiment vous inspire l’Europe? On craint ici le déclin, y compris démocratique. Qu’en pense le rapporteur spécial et l’observateur extérieur que vous êtes?
– Il y a eu une récession globale de l’économie, nous avons à présent une récession globale des valeurs démocratiques à travers le monde, ce n’est pas qu’européen. Je reste toutefois optimiste car partout dans le monde je rencontre des individus qui résistent et réfléchissent à l’avenir, à comment retourner la situation. Les gens n’ont pas abandonné. Trump a été élu avec ses discours antidémocratiques, mais les gens se réveillent et les femmes prennent la tête de ce mouvement.
Frédéric Koller
Source : LeTemps.ch (Suisse) – Le 18 avril 2017
kassataya
Source : LeTemps.ch (Suisse) – Le 18 avril 2017