Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: April 2017

Dix mille hectares d’un seul tenant

content_imageTrouvez ci-dessous l’original de mon texte mis en ligne par Seneweb le 25/4/2017. Il est une invite adressée aux plus hautes autorités du Sénégal pour qu’elles repensent très sérieusement leur politique agricole dans une région aussi sensible parce que densément peuplée que le Fuuta. Dans cette région traditionnelle, le système de gestion de la terre, malgré ses imperfections, avait pour pierre angulaire l’accès de tous à la terre. Aujourd’hui, il n’est pas exagéré de dire que la politique agricole, conçue et exécutée dans cette même région, risque d’avoir pour conséquence la privation de la terre à tous. En effet, quand on pousse une instance délibérative (qui est très loin de représenter les populations) à donner  10 000 hectares d’un seul tenant à un opérateur unique et qu’on permet à celui-ci de tout prendre jusqu’à 1, 5 km des villages, personne ne peut plus accéder à la terre ; il n’y a plus de minimum vital ! C’est ce qui est en train de se passer dans la commune de Dóɗél. La juste révolte des populations grondera partout au Sénégal où une telle politique agricole sera appliquée. Il est encore temps de rectifier le tir : c’est tout le sens de notre contribution.

DIX MILLE HECTARES D’UN SEUL TENANT !

I. DE QUOI S’AGIT-IL ?
Dix mille hectares d’un seul tenant : c’est ce qu’une société anonyme de droit marocain, Afri Partners, a demandé et est sur le point d’obtenir dans les communes de Demet et de Dóɗél. Les terres seront mises à la disposition d’Afri Partners pour une durée de 40 ans renouvelable quasi automatiquement. À quoi serviront ces terres ? « Le projet consiste en la production de riz paddy et l’installation d’une usine de transformation pour la commercialisation d’une marque haut de gamme de riz blanc » (page 3 du protocole). Le groupe propose contre la cession des terres :
̶ Un investissement global estimé à 50 milliards de francs ;
̶ La création d’un millier d’emplois directs et indirects, réservés prioritairement, pour les emplois non qualifiés, aux ressortissants des deux communes ;
̶ L’aménagement de 2 000 ha pour les populations ;
̶ 2 milliards de francs de soutien aux projets d’investissement des deux communes sur les 40 ans de durée du projet ; ce qui fait 50 000 000 par an ;
̶ La « mise en place de contrats de culture avec les exploitants éligibles et adhérents aux programmes de la société à travers :
* L’accompagnement technique et accès aux intrants et matériel à un prix négocié, similaire à celui auquel la société se fournit ;
* Le développement de programmes de formation liés à l’appui pour la mise en place des standards de production ;
* L’achat de la production auprès des agriculteurs éligibles respectant leurs engagements dans le cadre du contrat programme sur la base d’une formule de prix à convenir ».
On assiste ainsi à une nouvelle offensive de l’agro-business sur le Fuuta. Ces propositions ont semblé suffisamment intéressantes aux yeux de la majorité des représentants des populations de la commune de Dóɗél (gestionnaires coutumiers, chefs de villages et conseillers communaux) pour les amener à accepter que le terroir de Bañnje, ciblé par Afri Partners parce qu’étant le seul à pouvoir offrir 10 000 hectares d’un seul tenant (croyait-on), soit mis à la disposition des investisseurs. Quant à la commune de Demet, elle mit sur pied une commission ad hoc composée de ses meilleurs cadres pour étudier les propositions rappelées supra. Après un examen approfondi, le conseil communal ne proposa de céder que 1500 hectares dont 300 pour ses populations. Au vu du potentiel des deux communes, tel qu’évalué par la Direction de l’Appui aux Collectivités Locales de la SAED (dernière situation ayant servi de base à la signature du protocole), Demet aurait 5209, 03 ha et Dóɗél 2318, 8 ha ; soit un total de 7522,03. Comme il faut distraire les 300 ha destinés aux populations de Demet, il ne reste plus que 7222, 03 pour le projet. Il apparaît ainsi que le potentiel de Bañnje avait été surévalué par le maire de Dóɗél : il croyait que ce terroir appartenait à sa seule commune alors qu’il appartient en réalité aux communes de Dóɗél, de Demet et de Duumga-Laaw. Et comme Duumga n’est pas concerné par le projet et que Demet ne veut donner, en définitive, que 521 ha, qui vont ainsi s’ajouter aux 2318, 8 ha de Dóɗél, on n’a plus que 2839, 8 ha disponibles dans le terroir de Bañnje ; d’où la nécessité impérieuse d’extension de l’assiette du projet au nord et à l’ouest du site initialement visé pour compenser les 7160, 2 ha manquants pour faire 10 000 ha. C’est ainsi que fut intégré dans ledit projet ce qui restait de la réserve foncière des villages de Siñcu-Daŋɗe, Daara-Halayɓe, Yennaake, Ndormbos, Céénel-Saakooɓe, Saasél-Taalɓe, Bééli-Cówi, Puri, Booga, Jiñcu-Joom, Gurél-Maalikél, Gurél-Bayal et une partie de la réserve de Marda, Leeɗe, Paate-Galo, Daarél-Maaro, Gurél-Sakééji et Woowa.
C’est le lieu de préciser que cette extension s’est faite sous la pression du gouverneur qui a mis les chefs de villages et les gestionnaires coutumiers devant le fait accompli et a abusé de son autorité pour arracher une délibération expéditive du conseil communal.
En résumé, si ce projet devait passer tel quel, de nombreux hameaux devront être rayés de la carte parce qu’ils sont au cœur de l’assiette du projet. Plusieurs villages de plus de 3500 habitants n’auront plus d’espace vital. Par espace vital, entendons terrains de culture, terrains de pâturage, pour nourrir le bétail, terrains de pêche et même terrains d’habitation. En un mot, ils sont condamnés à une mort certaine. Dans ces conditions, inutile de dire que rien n’est réservé pour les générations futures de ces localités comme le recommande notre loi fondamentale et comme en a rappelé récemment la nécessité le Président de la République, en personne, en recevant le rapport de la Commission Sourang sur la réforme foncière. On se demande si les promoteurs du projet sont conscients de toutes ces conséquences néfastes. Cette affaire est encore plus grave que celle de Fanay de 2011 car, cette fois-ci, ce ne sont pas les terres du jééri (terres hautes et non inondables donc moins vitales pour les populations) qui sont ciblées mais les terres du waalo (terres inondables qui font vivre les villages). Rappelons pour mémoire que Senethanol voulait mettre la main sur 20 000 ha ; ce qui occasionna deux 2 morts dans des affrontements entre pro et anti-projet. Le président Abdoulaye Wade dût finalement suivre la voie de la raison : abandonner le projet.

II. QUELS ENSEIGNEMENTS TIRER DE CETTE SITUATION ?
La première question qui nous vient à l’esprit est la suivante : le jeu en vaut-il la chandelle ? L’amitié entre le Sénégal et le Maroc justifie-t-elle qu’on donne toute la réserve foncière qui faisait vivre de nombreux villages aux Marocains ? Aucun Sénégalais, à commencer par notre Président de la République lui-même, ne peut obtenir au Maroc 10 0000 ha, même éparpillés dans tout le royaume et encore moins d’un seul tenant !
La seconde question qui nous taraude l’esprit est celle-ci : peut-on faire le bonheur de populations paysannes (objectif affiché) en leur prenant toutes leurs terres ? La réponse ne peut être que non. Les propositions d’Afri Partners sont même loin d’être favorables ; elles sont plus proches de transformer des populations, jadis libres et maîtresses de leurs terres, en ouvriers agricoles (c’est la conclusion de la commission ad hoc de la commune de Demet). Dans ces conditions, la conception de ce projet doit être très sérieusement revue ; nous ferons plus loin des propositions concrètes à ce sujet, montrant ainsi que les populations ne s’opposent pas à l’octroi de terres. Ce qu’elles refusent, c’est une spoliation qui ne dit pas son nom. C’est le lieu de rappeler que la terre n’est pas pour ces populations sédentaires un simple moyen pour vivre mais elle fait partie de leur identité ; en leur prenant toutes leurs terres, on porte une terrible atteinte à cette identité ; cela n’est pas loin de ressembler à une amputation sans anesthésie !
La troisième question est relative à la densité de la population et des villages dans cette partie de l’Île-À-Morphil. Celle-ci est telle qu’envisager un projet de cette ampleur suppose nécessairement la disparition de la réserve foncière des populations, donc la disparition de l’agriculture locale. Si les hautes autorités de ce pays ne le savaient pas, qu’elles le sachent. On voit ainsi que l’agriculture capitaliste, avec de grands espaces, ne peut pas cohabiter avec la voie paysanne, c’est-à-dire l’agriculture de type familial : les deux formes d’agriculture sont totalement antinomiques. La cohabitation ne peut être envisagée que dans le cas où l’exploitation de type capitaliste est de taille raisonnable, c’est-à-dire une taille qui laisse aux collectivités environnantes un espace vital suffisant pour leur épanouissement.
La quatrième question concerne la place du projet envisagé dans l’atteinte des objectifs d’autosuffisance en riz. Compte tenu du choix de faire du riz haut de gamme (p. 3 du protocole) en prenant toute la réserve foncière, le projet, loin de contribuer à l’autosuffisance, accentuera plutôt le déficit en riz du pays car le riz haut de gamme ne peut qu’être exporté, étant hors de portée de la bourse de la majorité des Sénégalais. Nous connaissons déjà ce curieux phénomène avec la culture de l’arachide depuis la période coloniale, où un déficit vivrier a été créé du fait de cette culture. Mais l’exemple le plus pertinent, c’est qu’aujourd’hui encore, malgré l’indépendance, avec une huile d’arachide haut de gamme produite au Sénégal, nous sommes obligés d’importer des huiles bas de gamme dont les prix sont plus conformes à notre pouvoir d’achat pour couvrir nos besoins ! Le Sénégal n’a donc aucun intérêt à brader ses terres et à menacer l’existence de sa paysannerie pour des retombées économiques quasi nulles, Afri Partners étant une société étrangère dont les bénéfices ne resteront donc pas dans le pays.
Face à tous ces inconvénients, nos décideurs doivent, si l’intérêt national les préoccupe, conseiller fortement à leurs partenaires marocains de revoir le projet de manière à ce que tous les protagonistes y trouvent leur compte. Que faire alors ?

III. QUE FAIRE ?
1. La première chose (conforme au bon sens du commun des mortels) à faire, c’est d’abandonner définitivement cette idée, inacceptable à tous points de vue, de tailler 10 000 ha d’un seul tenant à une société étrangère dans un terroir aussi densément peuplé. Le Président de la République Macky Sall, qui est un homme intelligent, ne peut et ne doit absolument cautionner ce qui serait une insupportable démission devant le capital étranger ; ce d’autant plus qu’il vient de rappeler lors de la réception du rapport de la Commission Sourang les dispositions relatives à la terre qu’il a fait adopter par référendum. C’est bien ici le lieu d’insister sur le fait que c’est lui-même qui a fait inscrire dans la Loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 avril 2016 :
« Art. 3. – Il est ajouté, après l’article 25 de la Constitution, un article 25-1, un article 25-2 et un
article 25-3 ainsi rédigés :
Article 25-1. – Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour
l’amélioration de ses conditions de vie.
L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de
façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général
et à être écologiquement durables.
L’État et les collectivités territoriales ont l’obligation de veiller à la préservation du patrimoine foncier […] et d’assurer la protection des populations dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets et programmes dont les impacts sociaux et environnementaux sont significatifs.»

Le seul commentaire que nous ferons sur cette disposition sans ambiguïté de notre loi fondamentale, c’est de faire remarquer que l’octroi de 10 000 ha d’un seul tenant à un seul opérateur, de surcroît privé et étranger, n’est certainement pas la meilleure manière de préserver notre patrimoine foncier ! Nous sommes certain que le Président de la République, intraitable quand il s’agit du respect de la constitution (c’est ce qui l’a conduit à renoncer à sa promesse électorale de ramener son mandat de 7 à 5 ans), obligera tous les Sénégalais impliqués dans cette affaire à se conformer à leur devoir constitutionnel plutôt que de se mettre dans la voie d’y faillir au risque de s’exposer, ainsi, aux justes foudres de la loi (voir l’article 25-3 : « Tout citoyen est tenu de respecter scrupuleusement la Constitution, les lois et règlements… »).
2. Une aliénation de terres aussi vitales pour les populations sur une durée de 40 ans, renouvelable de manière quasi automatique (ce qui ferait 80 longues années), fût-elle sous forme de bail, est tout simplement inacceptable. Une durée de 20 ans, renouvelable si les populations y trouvent leur compte et le veulent bien, serait plus raisonnable.
3. Le projet n’étant donc envisageable que s’il peut cohabiter harmonieusement avec les exploitations familiales, l’élevage et la pêche, tout en préservant notre patrimoine foncier, nous proposons le schéma de redimensionnement suivant :
Plutôt que de le cantonner à deux communes (Dóɗél et Demet), l’étendre aux communes de Duumga-Laaw (chez Mountaga Sy, maire de Haayre-Laaw et Directeur de l’APIX), Madiina-Njaacɓe, et Gamaaji-Saare. L’avantage d’une telle extension pour les collectivités, c’est que les 10 000 ha pourraient être répartis en 5 lots de 2 000 ha en moyenne. En poussant l’extension vers les communes de Njaayeen-Penndaaw et de Bokke-Jalluɓe, on pourrait même faire des lots encore moins grands (1428, 5 ha), donc encore plus supportables pour les terroirs traditionnels et les populations. Comme tout cela tient sur une distance d’environ 100 km, Afri Partners devrait pouvoir accepter un tel redéploiement. Cette solution doit avoir la faveur des autorités car elle a déjà l’avantage d’avoir été adoptée par la commune de Demet qui donne globalement 500 ha au projet ; ce qui représente seulement 10% de sa réserve foncière estimée à 5209, 03 ha. La diminution de la superficie initialement promise (1500 ha) montre bien que des élus locaux, conscients et soucieux des intérêts de leurs mandants, ne peuvent pas être d’une générosité débordante pour ce genre de projet comme ceux de la commune voisine, moins bien informés et moins indépendants économiquement. Si on veut avoir l’adhésion des populations à l’introduction de l’agro-business, la première chose à éviter c’est de trop mordre sur leur espace vital mais les autorités le veulent-elles ? Il faut aussi que ces autorités évitent de confondre l’adhésion des instances délibératives, pas toujours représentatives et moins indépendantes, avec celle des populations elles-mêmes. C’est une telle erreur qui avait été à l’origine des tragiques événements de Fanay.
4. L’autosuffisance en riz et la garantie de la paix sociale passent par une politique plus engagée de la part de l’État et non par le tout-agro-business si gros de dangers pour notre pays :
̶  Les aménagements de grands périmètres doivent être relancés dans toute la vallée et principalement dans cette partie de l’Île-À-Morphil. Dans cette logique, le Président de la République doit donner des instructions fermes à la SAED pour la réalisation des quatre cuvettes prévues dans le cadre du premier Millenium Challenge américain pour atténuer le retard de cette partie du pays en matière de grands aménagements. Il s’agit des cuvettes de Podor Commune, de Gamaaji-Saare, de Woowa et de Siñcu-Daŋɗe. C’est le lieu de préciser que les deux dernières cuvettes ont été happées par le projet marocain ; ce qui ressemble à une provocation à l’endroit des populations. Ce que les autorités doivent faire pour atténuer le ressentiment de celles-ci, c’est d’aménager d’urgence ces cuvettes dont les études de faisabilité ont déjà été faites. Cela ne devrait pas être difficile dans la mesure où deux sources de financement peuvent déjà être envisagées : les fonds du nouveau Millenium Challenge ou les 60 milliards accordés depuis quelque temps par un pays ami, justement pour le développement de la riziculture.
̶  La politique d’équipement des exploitations, si heureusement initiée par le Président Macky Sall, doit être poursuivie et amplifiée. Elle doit être complétée par cette autre initiative consistant à offrir un aménagement gratuit à tout exploitant pouvant justifier d’une affectation de terres en bonne et due forme (source SAED).
̶  Le taux du crédit agricole doit être étudié de manière à permettre aux producteurs de s’en sortir plutôt que de n’être qu’au service du profit maximum et immédiat des banques. Une telle action pourrait booster la production rizicole, contribuant ainsi à l’autosuffisance en riz.
̶  Dans le même ordre d’idées, l’État doit être plus ferme dans la promotion de la consommation du riz local pour inciter les Sénégalais à se détourner de ces riz importés qui ne sont dignes que des volailles dans certains pays.

CONCLUSION
En conclusion de cette contribution, nous réaffirmons n’avoir fait que notre devoir d’universitaire et de porte-voix des sans-voix. Ce rôle se fait dans les deux sens : quand les autorités font ce qui mérite d’être loué, nous le louons. C’est ce qui nous a conduit à aller jusqu’à Demet, le 7 mars, pour applaudir, aussi bien au sens propre que figuré, le Président de la République pour les gestes de haute portée économique consistant à lancer les travaux de ce que nous avons déjà appelé la trans-Île-À-Morphil et à inaugurer la ligne moyenne tension qui consacre l’électrification de la zone. C’est également ce qui nous a décidé à le féliciter publiquement dans notre page Facebook. C’est dans le même état d’esprit que nous avons écrit le présent texte pour attirer l’attention des plus hautes autorités de ce pays sur les travers de notre politique de développement agricole. Ce développement doit faire l’objet d’une étude et d’une prise en charge toutes particulières. Il est inconcevable qu’un État soucieux de l’intérêt de ses populations laisse celles-ci négocier, sans encadrement, des protocoles avec des multinationales voraces et capables des pires coups tordus. Il est tout aussi inconcevable que son administration territoriale se retrouve du côté des investisseurs pour les aider à bâillonner les populations. Pour nous éviter les déboires des républiques dites « bananières » qui n’ont pas encore fini de payer les erreurs d’orientation commises par leurs premiers décideurs, notre État doit faire preuve de plus de responsabilité en n’ouvrant pas sans retenue les portes aux multinationales agricoles : notre mésaventure avec la CSS qui dure depuis les années 1970 devrait être mieux méditée qu’elle ne l’est aujourd’hui par nos autorités.

Pr Aboubacry Moussa LAM
Dakar le 21/4/2017

seneweb

L’éditorial de La Nouvelle Expression : CR, 25 Février, IRA, TPMN et d’autres

L’éditorial de La Nouvelle Expression : CR, 25 Février, IRA, TPMN et d’autresLa Nouvelle Expression – Ils sont libres mais avertis. Les jeunes de la marche pacifique ont goutté à la méchanceté du pouvoir en place.

Les forces de l’ordre n’ont pas dérogé à la règle comme par le passé vis-à-vis des mouvements civiques et revendicatifs, comme le veut le pouvoir en place. La jeunesse a été réprimée et jetée en prison avant d’être libérée. Un avertissement.

Jeunesse de 25 février, répression et cooptation : la date du 25 février reste et restera mais la jeunesse semble être essoufflée. CR, un cadre très réduit en nombre mais qui était très efficace en actions ; aujourd’hui, il n’en reste que la conscience car ils ont toujours la formule et la précision dans leurs verbes mais la résistance, quant à elle, s’est quelque peu dissipée.

Touche Pas à Ma Nationalité : par la répression féroce des tenants du pouvoir et victime des querelles intestines, ce mouvement des jeunes très motivés semble être anéanti et se cherche alors que la nationalité est grandement touchée, les candidats à l’enrôlement n’ont que leurs yeux pour pleurer. L’enrôlement constitue aujourd’hui la plus grande épreuve que le Mauritanien noir redoute. Ce qu’on a surnommé le projet de génocide biométrique continue, imperturbablement, son bonhomme de chemin vers son objectif inavouable mais avoué.

IRA Mauritanie : l’autre espoir. Un élan d’action civique qui a porté des fruits probants. Une organisation non reconnue qui a fait connaitre la misère des populations mauritaniennes comme jamais auparavant (l’esclave, le racisme…). Un espoir déçu, car des cas d’esclaves identifiés ne sont plus d’actualité. IRA est aujourd’hui minée par des dissensions internes, sans compter qu’elle fait l’objet, constamment, des pressions implacables du pouvoir en place. Conséquence : le terrain interne a été déserté pour la conquête des prix à l’extérieur.

Des prix qui n’ont aucune incidence sur la vie et l’existence des esclaves ou anciens esclaves. L’époque et le temps où la seule évocation du nom d’IRA ou de son leader faisait trembler semblent être révolus.

La Marche Pacifique des Jeunes Mauritaniens (MPJM) : une initiative qui a pris naissance sur les réseaux sociaux par des jeunes Mauritaniens qui voulaient participer au réveil de conscience des gouvernants et des populations sur la misère de ce pays. Notre misère sur laquelle ces jeunes ont pointé le doigt pour que le désarroi mauritanien s’arrête avant qu’il ne soit trop tard. Et la jeunesse a été catastrophée par la riposte. Les tenants du pouvoir ont envoyé la police pour écraser l’initiative de cette jeunesse considérée comme trop bruyante.

Pour les tenants du pouvoir, tout va bien (le travail, le social, la santé, l’économie). Pour ce pouvoir sourd à la complainte du peuple, le trouble-fête c’est le chômeur qui cherche à travailler. Le violent, c’est l’esclave qui cherche à se libérer. Le perturbateur des sommeils des gens biens nés c’est l’affamé qui cherche à manger. L’ennemi du peuple c’est le citoyen qui cherche l’expression effective de sa citoyenneté en droit et en devoir.

Voilà pourquoi la police réprime toutes les initiatives qui interpellent le pouvoir sur le chaos ambiant. Cette police brime, bastonne le peuple à coup de matraques et l’asphyxie à coups de bombes lacrymogènes. Etre bastonné et embastillé est devenu, ici, le lot des militants pacifistes…

Quid de la société civile qui doit venir aux rescousses … En grande partie, elle constitue le véritable virus qui affecte la Mauritanie qui aspire à une existence radieuse. Elle est gravement infestée et infectée par des soldats sans conviction ni vision se spécialisant dans la création d’initiatives de soutien au chef du moment. Dans la société civile mauritanienne, l’ivraie a complètement enterré la bonne graine.

Cette société civile ne peut servir à grand-chose pour les Mauritaniens meurtris.

Pauvre pays !

Seydi Moussa Camara

cridem

Allemagne : Biram appelle à suspendre le soutien au régime “esclavagiste” mauritanien

ALAKHBAR (Nouakchott) – Le président de IRA- Mauritanie, Biram Dah Abeid a demandé aux allemands “de faire pression sur leurs élus et sur leur gouvernement pour que les impôts des allemands, sous forme d’aide au développement ne continuent pas à soutenir le régime esclavagiste, raciste et liberticide en place à Nouakchott”, selon un communiqué reçu à Alakhbar.

Biram animait une conférence sur : « Esclavage et racisme anti-noir en Mauritanie » sur l’invitation des militants de IRA – Allemagne et des membres de la société civile allemande à Rostock.

Le président de IRA a aussi demandé aux Allemands de “s’engager dans IRA – Allemagne pour aider à mettre fin à l’esclave et au racisme en Mauritanie”.

Biram Dah Abeid a également “rappelé les tentatives de génocides, les pogroms, exécutions sommaires et tentatives de dénégrification du pays dont les noirs et particulièrement la composante peule de la Mauritanie ont été l’objet de 1989 à 1992”.

Le leadeur anti-esclavagiste “a déploré que les auteurs de ses crimes continuent à exercer des hautes fonctions en Mauritanie et ne sont point inquiétés pour les crimes ils ont commis”.

Biram Dah Abeid a par ailleurs “dénoncé les interprétations erronées de l’islam en vigueur en Mauritanie qui justifient l’esclavage qui contribuent à favoriser l’esclavage mental dans lequel les esclaves sont maintenus”.

alakhbar

Sénégal : 21 femmes meurent dans le naufrage d’une pirogue

Une pirogue transportant plus de 70 personnes, en grande majorité des femmes, a sombré lundi soir près de Bettenty, dans le delta du Siné Saloum. Selon un bilan présenté comme définitif ce mardi soir, 21 femmes sont mortes dans ce naufrage.

Elles étaient parties cueillir des huîtres, comme le font chaque jour de nombreuses femmes dans le delta du Siné Saloum. Lundi 24 avril, la pirogue qui les ramenait de leur journée de labeur a chaviré en début de soirée devant Bettenty, un village insulaire de la commune de Toubacouta.

 

Selon un bilan définitif communiqué à l’AFP ce mardi 25 avril par des sapeurs-pompiers, 21 femmes sont mortes dans ce naufrage. Les opérations de recherche ont été stoppées, a également indiqué le commandant Oumar Kane à l’agence de presse.

51 rescapés ont d’autre part été secourus par des villageois et les pompiers. La plupart des blessés ont été soignés au poste de santé de Bettenty, certains ont été évacués vers celui de Missirah, une localité voisine.

Pirogue surchargée

Un vent violent soufflait dans cette zone lundi et aurait provoqué le chavirement de la pirogue surchargée, alors qu’elle était à quelques centaines de mètres du village de Bettenty. Ce type d’accident de pirogue est régulier au Sénégal.

La cause de l’accident n’est toujours pas connue. Certains journaux ont néanmoins mis en cause la surcharge de la pirogue, à l’instar du quotidien Vox Populi (privé) qui a titré : « Mini Joola à Bettenty », en référence au naufrage du ferry Le Joola qui avait fait près de 1 900 morts en septembre 2002 au large de la Gambie.

jeune afrique

Résultats présidentielle: La France secouée par un «big bang», selon la presse

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PRESIDENTIELLE Les médias français soulignent le « ras-le-bol du “système” » qu’ont exprimé les électeurs…

Des métaphores cosmologique et sportive pour décrire l’inédit, le jamais vu. Ce lundi matin, la presse nationale compare la qualification pour le second tour de la présidentielle d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen – et l’élimination sèche de Benoît Hamon et François Fillon – à un « big bang » laissant « la droite K.-O. » et la gauche à terre.

« Big bang », donc, ou « grand saut dans le vide », écrit le journal Les Echos, qui retient de ce scrutin l’expression d’un « ras-le-bol du “système”, table rase du passé ». « Les électeurs ont choisi dimanche de tourner la page de la vie politique française telle qu’elle était structurée depuis le début de la Ve République », poursuit le journal.

« Tenter une nouvelle aventure »

« Ce résultat constitue un séisme dont les répliques seront durables », estime La Croix. L’Opinion relève aussi que « c’est une toute nouvelle page de l’histoire de la Ve République que les électeurs français ont ouverte, ce dimanche 23 avril, en éliminant de la présidentielle tous les représentants des partis politiques qui, à un titre ou à un autre, avaient gouverné dans les décennies passées ».

« Les Français ont renvoyé gauche et droite dos à dos pour tenter une nouvelle aventure », commente L’Alsace. « La droite K.-O. », se désole Le Figaro, qui constate qu’« ainsi donc, l’imperdable a été perdu ». « Alors que le désir d’alternance, après un quinquennat unanimement jugé calamiteux, n’a jamais été aussi puissant, (la droite) ne sera pas, pour la première fois de son histoire, représentée au second tour de l’élection présidentielle », ajoute le directeur du quotidien de droite, Alexis Brézet.

« Pulvériser le vieux monde politique »

En position de favori, celui que Le Parisien/Aujourd’hui en France baptise « la sensation Macron » est désormais « à une marche » du pouvoir, comme le titre à sa Une Libération. Le Journal de la Haute-Marne juge que « d’une certaine manière, le gendre idéal a renversé la table ! »

« Chapeau l’artiste ! Huit mois auront permis à Emmanuel Macron de transformer son OPA sur la vie politique », s’enthousiasme Le Républicain lorrain. « Emmanuel Macron n’a pas encore gagné, mais il a réussi son opération : pulvériser le vieux monde politique », insiste Ouest-France.

« Le second tour opposera donc le social-libéralisme au nationalisme, l’ouverture à la fermeture, l’Europe unie à la France seule », Libération, ajoutant qu’« en principe, grâce aux républicains de tous les partis, le jeune premier du scrutin l’emporte sur la vilaine marâtre ».

Mais, nuance aussitôt le patron du journal de gauche, « le FN réalise le score le plus fort de son histoire à une présidentielle. Et si le combat se change en une confrontation peuple-élites, qui peut augurer à coup sûr du résultat ? Dans un décor neuf, tout est possible. Autrement dit, vigilance ». Un « Jamais » sans ambiguïté barrant une photo de Marine Le Pen s’affiche à la Une du journal communiste L’Humanité, qui lance cet appel : « rassemblons-nous pour lui barrer la route ».

 http://ani.mr/fr/