Monthly Archives: January 2017
Editorial : Le deal international gambien (Par Sidi Lamine Niasse)
Devrions-nous nous interroger sur le dénouement de la crise gambienne qui a focalisé l’attention du monde entier à l’instar de ce qui s’est passé au même moment au Ghana ? C’est-à-dire, un changement de régime favorisé par des élections. Au vu de la tournure que cet évènement gambien a pris, on n’a pas le droit de le qualifier de simple. Et ce, quel que soit l’angle sous lequel on le traite : départ d’un dictateur ou arrivée d’un vainqueur d’un jeu électoral libre et démocratique.
Il faut plutôt inscrire ce qui s’est passé en Gambie dans le registre de ce qu’on peut appeler le «printemps ouest-africain» ou «subsaharien». Qui rappelle le printemps arabe qui avait, dans le sang, secoué l’Afrique du nord. De part et d’autre du Sahara, ces changements ne sont pas du même style, même s’ils sont contemporains et visent le même objectif.
Sur les deux axes, Dakar-Djibouti et Banjul-Khartoum, les colonies anglaises et françaises ont toujours marqué l’actualité par une rivalité exacerbée, par des menaces de guerres et de soulèvements. Un conflit d’intérêt qui se déroule dans les limites de leurs frontières avec des lignes imaginaires dites parallèles qui les délimitent.
C’est ainsi que la lutte de ces pays africains pour accéder à la souveraineté internationale a été de nature différente. Avec une effusion de sang en Afrique du Nord et à l’issue d’un cycle de négociations en Afrique subsaharienne, avec toutefois quelques exceptions de part et d’autre. Ainsi, le printemps arabe est survenu dans une période marquée par la transformation de Républiques en des royaumes où des fils de chefs d’Etat étaient préparés à succéder à leur père de président.
C’est le cas de la Syrie avec Bachar El Assad, du Congo avec Kabila-fils, du Togo avec Faure Eyadema. D’autres tentatives dans d’autres pays ont échoué. C’est le cas de la Lybie avec Saïf Al-Islam, du Sénégal avec Karim Wade, de l’Egypte avec Gamal Moubarak. Ces modèles ayant échoué, il fallait que ces deux mondes usent d’un autre modèle de «printemps».
Celui du Moyen-Orient ayant été sanglant et ayant détruit les fondements des Etats, en Afrique au Sud du Sahara, la situation s’est passée sous diverses formes. Si, en Côte d’Ivoire, le sang a profusément coulé, au Burkina le changement a été moins sanguinolent. Et pour le cas du Sénégal comme de la Gambie, nous avons assisté à ce qu’on peut qualifier de deal consacrant le départ du chef de l’Etat sans aucun risque de poursuites judiciaires ni contre lui ni contre ses principaux collaborateurs.
Au Sénégal, Senghor avait bien choisi son successeur en la personne d’Abdou Diouf qui n’était pas attendu par la classe politique du fait de son manque de charismatique et de son ignorance des arcanes de la politique politicienne. Mais Senghor avait besoin d’un homme docile, pour ne pas être poursuivi lui et ses collaborateurs.
Wade a suivi le même exemple en choisissant son ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale qui, à l’instar d’Abdou Diouf, n’était pas non plus attendu pour lui succéder.
D’autant que face à l’ancien président Wade, des politiciens chevronnés étaient à l’affût. Et pour y arriver, il y eut la rupture avec Idrissa Seck, matérialisée par ce que la presse a appelé «le protocole de Rebeuss» et qui a consisté à écarter un potentiel successeur susceptible d’engager des poursuites, en lui accordant un pardon bien consigné. Pour ce qui concerne son successeur à la tête de l’Etat, les péripéties ont débouché sur qui est appelé le «deal international» entre le trio libéral Wade, Macky et Karim.
La Gambie, la «gueule» du Sénégal, n’allait pas chercher loin pour sortir de sa crise. Jammeh qui a fait accoucher à la montagne une souris nommée Adama Barrow, devait à son tour s’entendre avec lui sur une sortie s’apparentant à un deal. Cela ne pouvait être effectif qu’après l’investiture du nouveau président qui pouvait ainsi signer, es qualité, une amnistie pour lui et pour ses collaborateurs, les laissant libre avec tous leurs biens et ses avantages d’ancien président. Après Wade-Idy (protocole de Rebeuss), Macky-Karim (le deal international), voilà le deal international gambien.
Cette sortie de crise gambienne ne s’est pas faite fortuitement sous l’égide du Mauritanien Mouhamed Abdel Aziz et du Guinéen Alpha Condé. Les deux chefs d’Etats riverains de la Sénégambie avaient certainement besoin d’une garantie face au malaise qui les menace dans leur propre pays. A savoir le grand Fouta, ou l’axe Al Pulaar Guinée-Ethiopie, qui vient d’avoir deux présidents issus de cette donne sociologique (Macky Sall et Adama Barrow). Ils se sont certainement souvenus de cette visite du président Senghor à Matam dans les années 70, quand, répondant à ceux qui agitaient l’idée du grand Fouta, il indiquait que c’est un chemin plein d’embûches.
C’est un serpent dont la queue se trouve en Guinée, le ventre au Sénégal et la tête en Mauritanie, observait l’ancien président du Sénégal. Il suffit de piétiner le ventre pour que la tête morde en Mauritanie, précisait-il. Mouhamed Abdel Aziz et Alpha Condé qui font face à la montée en puissance des Al Pulaar devaient être témoins et garants d’une situation pouvant préserver leurs régimes de tout débordement ou exploitation de ce contexte. La Cedeao ne pouvait jouer ce rôle avec Mohamed Buhari du Nigeria qui a aussi, comme Macky et Barrow, des origines Al Pulaar.
Par Sidi Lamine NIASSE
seneweb
L’Editorial du Calame : Bons comptes, bons amis ?
Mohamed Ould Abdel Aziz, l’a dit, le 29 septembre dernier, au Palais des congrès de Nouakchott, lors de l’ouverture du « dialogue national inclusif », entre le pouvoir et une partie de l’opposition : « Les propositions et recommandations requérant des modifications constitutionnelles seront soumises au plébiscite populaire par voie référendaire ».
Il le répétera, de nouveau, trois semaines plus tard, à la clôture de ce même dialogue dont « les conclusions, claires et limpides, seront appliquées, parce qu’elles procèdent, uniquement, de l’intérêt général du peuple tout entier et des générations futures.
L’accord fondamental recommande la suppression du Sénat, une option objective que certains peuvent désapprouver, mais aucun parti, aucun groupe précis, encore moins individu, pas même le Président, ne peut imposer, au peuple mauritanien, son opinion. Un référendum sera organisé à ce propos et personne ne pourra l’empêcher.
Seul le peuple sera l’arbitre, parce que la Constitution demeure la seule référence en ce sens », Mieux, les deux parties prenantes au dialogue se mettaient d’accord pour une consultation populaire avant la fin de l’année 2016. Vous connaissez la suite.
L’année s’est achevée sans que personne n’évoquât le sujet. Des problèmes budgétaires ? Le risque de voir le projet rejeté par le peuple ? Ou, comme on le pressentait, l’irrespect de la parole donnée. Un peu des trois, certainement.
A la fin de l’année, les caisses de l’Etat étaient vides et un referendum coûterait entre un à deux milliards de nos ouguiyas, sans aucune possibilité d’appui extérieur, pour un projet aussi inutile que coûteux.
Rien n’indiquait, aussi, que les populations, fatiguées par la cherté de la vie et plus du tout aguichées par les slogans creux, accepteraient de se laisser embarquer dans une consultation sans aucun impact sur leur quotidien. Pire, le changement d’hymne national ou l’ajout de deux bandes rouges au drapeau sont loin de susciter leur adhésion.
C’est, probablement, ce qui a motivé la volte-face d’Ould Abdel Aziz décidé à revenir sur une parole pourtant maintes fois ressassée, comme on l’a vu. Il a, d’ailleurs, promis tant de choses, par le passé, que plus personne ne s’en rappelle.
Il nous avait juré, par tous les saints, qu’il mettrait fin à la gabegie, au clientélisme et au népotisme, que plus personne ne s’engraisserait sur le dos de la ‘’bête’’, qu’il ne choisirait que les meilleurs d’entre nous, qu’il n’accepterait, dans son camp, ni gabegistes ni flagorneurs, qu’il serait, en un mot, juste. Huit ans plus tard, le résultat est là : il se passe de commentaires.
Pour préparer le terrain à ce retournement spectaculaire, le gouvernement a pris soin d’amadouer les parlementaires : distribution de terrains à gogo, multiplication d’audiences présidentielles aux sénateurs appelés à être dissous et tutti quanti… avant de lâcher, le 16 Janvier dernier, la bombe : voilà les députés et sénateurs informés du choix de la voie parlementaire, pour la révision recommandée par le dialogue national inclusif.
On évoque des problèmes de trésorerie susceptibles de justifier cette option à tout le moins hasardeuse, les sénateurs ne manquant aucune occasion, en privé, d’exprimer leur rejet d’une réforme constitutionnelle qui les enverra au chômage. Et les députés sont, également, loin d’être acquis.
A moins de trouver une astuce pour encadrer le vote et garantir ainsi son résultat : « ce qui compte dans un vote », disait Staline, « ce n’est pas ceux qui votent, ce sont ceux qui comptent ». En russe, cela pouvait signifier : « roublards comptant des roubles ». En français, « les bons comptes font les bons amis ». Et en langues nationales mauritaniennes ?
Ahmed Ould Cheikh
le calame
Gambie : disparition de millions de dollars après le départ de Yaya Djamé
Un conseiller du nouveau président gambien Adama Barrow a annoncé la disparition de plus de 11 millions de dollars des réserves de l’état, après le départ de l’ancien président Yaya Djamé.
May Ahmed Faty a ajouté que des experts gambiens sont entrain d’évaluer le montant des sommes disparues.
Des témoins oculaires ont affirmé avoir vu au soir du départ de l’ancien président, des véhicules de luxe et autres objets chargés à bord d’un avion tchadien.
Le nouveau président élu, Adama Barrow se trouve toujours au Sénégal et on ignore à jusqu’à présent la date de son départ pour Banjul.
Faty a annoncé aux journalistes à Dakar que son pays vit une crise financière sérieuse, ajoutant que les experts du ministère des finances et de la banque centrale gambienne ont affirmé que le pays disposait de peu de liquidités.
Le conseiller du nouveau président a ajouté que « Yaya Djamé a volé plus de 11 millions de dollars au cours des deux dernières semaines ».
Les responsables de l’aéroport, selon Faty, ont reçu des instructions pour empêcher le transfert vers l’étranger le patrimoine de Yaya Djamé.
Certaines sources révèlent qu’une partie de ce patrimoine se trouvait déjà en Guinée, où l’ancien président gambien s’était arrêté en route pour son exil volontaire.
saharamedias
Libre-échange: Trump signe l’acte de retrait des Etats-Unis du TPP
Le président américain Donald Trump a signé lundi dans le Bureau ovale un document mettant fin à la participation des Etats-Unis au traité de libre-échange transpacifique (TPP), âprement négocié pendant des années par l’administration Obama.
Ce traité, vu comme un contrepoids à l’influence grandissante de la Chine, a été signé en 2015 par 12 pays d’Asie-Pacifique représentant 40% de l’économie mondiale, mais n’est pas encore entré en vigueur.
“Nous en parlions depuis longtemps”, a-t-il déclaré aux journalistes présents lors de la signature, jugeant que cette décision était “une bonne chose pour le travailleur américain”.
Durant sa campagne, Donald Trump avait dénoncé un accord “terrible” et promis de s’en retirer au plus vite.
L’administration Obama le présentait au contraire comme le nec plus ultra de tous les traités de libre-échange, car cet accord va bien au-delà de la simple levée des barrières douanières.
Il prévoit aussi la levée de barrières non-tarifaires, comme l’ouverture des appels d’offres nationaux par les pays membres aux entreprises étrangères sans avantages indus pour leurs propres entreprises publiques, ou encore le respect du droit du travail selon les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT).
De nombreuses ONG dénonçaient cependant les effets pervers d’un texte jugé opaque sur les droits des travailleurs, l’environnement, la perte de souveraineté ou encore l’accès aux médicaments.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, grand défenseur de l’accord, avait reconnu fin 2016 que le TPP sans les Etats-Unis “n’aurait pas de sens”.
Le traité a été signé par 12 pays : Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Etats-Unis et Vietnam.
(©AFP / 23 janvier 2017 18h07)
Romandie News
Laser du lundi : Les canons, les canaux et les coups dans l’affaire gambienne (Par Babacar Justin Ndiaye)
Tantôt haletantes, parfois palpitantes, souvent hallucinantes mais toujours préoccupantes, les facettes et les péripéties de la crise gambienne ruissellent de leçons, à la fois, affaiblissantes et enrichissantes pour le cahier des charges politiques, diplomatiques et sécuritaires de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest : CEDEAO.
A cet égard, des canons de gros calibres ont été vus sur le théâtre des opérations (sans opérations), des canaux de contacts ou de négociations ont été intensément utilisés et largement diversifiés, enfin, des coups directs, obliques voire fourrés ont été portés par des acteurs venus de divers horizons dont deux (le marocain et le mauritanien) sont extérieurs au pourtour communautaire bien délimité par la CEDEAO.
D’un point de vue strictement militaire, la manœuvre a été impeccable. Le Général Cheikh Guèye, le Cemga, et son subordonné, le Général François Ndiaye, le Cemat, (deux fantassins chevronnés) ont discrètement renforcé les deux zones méridionales de défense (la 5e à Ziguinchor et la 6e à Kolda) par un contingent non dissout arrivé fraichement du Darfour.
C’est la première et large mâchoire qui s’étend grossièrement de Kafountine (Bignona) aux abords de Bassé (face à Wélingara). La seconde dent de la tenaille est formée par la réserve générale des armées (cavalerie, commandos et parachutistes) qui, elle, a été ostensiblement positionnée sur l’axe Karang-Barakoung. Suffisant pour que Yaya Jammeh aille à Canossa qui a les couleurs et les senteurs de l’opulente Malabo.
Bref, on a noté plus de gesticulations guerrières rapidement payantes que d’opérations militaires inévitablement sanglantes. Preuve que « Gambie n’est pas Gao » pour parodier une chanson qui a fait fureur dans les boites de nuit d’Abidjan. Et Yaya Jammeh, Président d’une république artificiellement islamique, n’est pas de la trempe du fanatique Mollah Omar d’Afghanistan.
Dans le domaine diplomatique, c’est la multiplication des canaux de contacts et l’apparition des médiations parallèles qui ont frappé et désarçonné les observateurs. Des médiations en série et en concurrence. Notamment celle entreprise par Rabat et celle conduite par Nouakchott.
Deux gouvernements ayant de bonnes cartes à Banjul, mais qui ont – sur fond de méfiance et de tensions mal maquillées – dissocié leurs efforts. Président d’un Etat non membre de la CEDEAO, Aziz a porté une double casquette de franc-tireur et de sniper, pour tacler la diplomatie régionale (CEDEAO), continentale (UA) et onusienne (Conseil de sécurité).
En collusion avec le Guinéen Alpha Condé, il a torpillé la médiation chérifienne, avant de ravir la vedette à Mohamed Buhari et, in fine, d’engranger les dividendes de la sortie pacifique de crise.
Des bénéfices diplomatiques équitablement partagés avec le locataire du palais Sékoutoureya qui est et reste ulcéré par l’attitude jugée non solidaire de cloisonnement du Sénégal (pays voisin, membre de la CEDEAO et de l’OMVG) durant l’épidémie Ebola, comparativement à la décision du Maroc (pays maghrébin) de maintenir les vols de la Royal Air Maroc, en direction de la Guinée-Conakry.
En un mot, l’affaire gambienne a secrété deux médiations couronnées de succès mais truffées de calculs et de rancœurs. Deux médiations conjointes qui ont bien servi de paratonnerre ou de parafoudre à un Yaya Jammeh paniqué et, surtout, horrifié par la perspective d’un sort semblable au destin d’un Samuel Doe capturé et dépecé par son ennemi Prince Johnson.
En appui d’une telle lecture, la déclaration, sans ambages, du Président Mohamed Abdelaziz diffusée par l’Agence Mauritanienne d’Informations : « L’accord de Banjul est une victoire pour les partisans de la paix contre les prêcheurs de la violence et contre ceux qui battent les tambours de la guerre, en croyant résoudre ce problème par l’option militaire ». Macky Sall appréciera ces coups fourrés et…avoués.
Au demeurant, la Mauritanie qui n’a pas lâché pas le morceau – en l’occurrence la Gambie – n’a pas dit son dernier mot. Jammeh passé à la trappe, Nouakchott fait, d’ores et déjà, un clin d’œil à Barrow.
En effet, on apprend dans la presse arabophone de Nouakchott que le foyer originel de la famille d’Adama Barrow se situe dans le village de Sara-Ndougou, à 11 km de la ville mauritanienne de Boghé. Une présence familiale qui serait la résultante d’un mouvement migratoire en provenance du village de Haïré, le terroir natal du DG de l’APIX, Mountaga Sy.
Avec une promptitude effarante et une habileté cynique, la Mauritanie réajuste sa politique gambienne. Décidément, Talleyrand est de toutes les nationalités.
Justement, les sollicitudes, les servitudes et les impératifs d’ordre politique sont légion dans l’ère post-Yaya. Le Sénégal en est visiblement assailli. Il lui revient urgemment d’élaborer une doctrine politique vis-à-vis de la Gambie.
Car, plus rien ne devra être comme avant. Après l’opération accomplie « Fodé Kaba 2 », en juillet 1981, et l’opération entamée « Restaurer la démocratie », en janvier 2017, il s’agit de stabiliser définitivement la Gambie dont les secousses internes se répercutent au Sénégal, tant au plan humanitaire que sécuritaire.
L’ingéniosité des conseillers du Président de la république doit être fouettée dans le sens de l’invention d’une formule institutionnelle qui emboite les deux Etats, sans déboucher sur un affreux protectorat ou une insupportable tutelle.
Sous cet angle, le Président Sall devra – dans ses rapports avec le Président Barrow – éviter toute liaison étouffante et toute posture hégémonique qui alimenteront aisément les critiques contre le successeur de Yaya Jammeh. En d’autres termes, le Sénégal doit faire en sorte que l’opposant aidé dans les moments difficiles ne devienne le Président téléguidé dans l’exercice de ses responsabilités.
De son côté, Adama Barrow – candidat élu des gens en colère – ne doit pas être le Président des gens en colère. Après tout, Yaya Jammeh a collecté plus de 40% des voix, ce qui correspond à des milliers de citoyens devenus subitement des orphelins et des nostalgiques de son régime.
Presque la moitié du corps électoral de la Gambie. Si la réconciliation est en panne, en Côte d’Ivoire, c’est parce que Laurent Gbagbo avait gagné à Abidjan, la très peuplée capitale, et avait réalisé un score avoisinant les 48 ou 49% à l’échelle du pays.
Il s’y ajoute que les peuples sont versatiles, les coalitions victorieuses ont la vie courte et l’état de grâce n’escorte pas longtemps un gouvernement. Celui d’Adama Barrow n’échappera pas à la règle.
A la lumière des enseignements militaires et au vu des médiations entremêlées, la crise gambienne commande une revue exhaustive et dynamique des dispositions et des mécanismes qui encadrent l’action des fameuses Forces en attente de la CEDEAO. En la matière, un bréviaire élastique ou en caoutchouc n’est pas un vecteur de crédibilité.
Question : pourquoi les fameuses Forces en attente de la CEDEAO furent précisément attentistes face au capitaine putschiste Sanogo qui assassina, en 2012, la démocratie malienne, en culbutant le Président ATT ? Entre un Yaya Jammeh qui conteste, aujourd’hui, sa défaite électorale et un capitaine Sanogo qui abrégea, hier, le mandat du Président Amadou Toumani Touré, lequel est plus coupable de forfaiture requérant une fermeté militaire ?
Source : dakaractu.com