Daily Archives: 21/01/2017
Gambie: Yahya Jammeh accepte de quitter le pouvoir
A l’issue d’une longue journée de médiation avec les chefs d’Etats mauritanien et guinéen ce vendredi, le président sortant de Gambie a finalement déclaré lors d’une allocution à la télévision nationale, en pleine nuit ce 21 janvier, qu’il acceptait de quitter le pouvoir.
« Je crois en l’importance du dialogue et en la capacité des Africains à résoudre eux même les défis de la démocratie. C’est pourquoi j’ai décidé aujourd’hui de quitter la direction de cette grande nation », a déclaré le président sortant. Dans une allocution à la télévision nationale, Yahya Jammeh a dit qu’il voulait « préserver la vie de ses concitoyens » et qu’il refusait qu’une « seule goutte de sang soit versée ».
« J’ai une immense gratitude pour tous les Gambiens qui m’ont soutenu pendant 22 ans pour construire une Gambie moderne », a-t-il déclaré, assurant que sa décision « n’a pas été dictée par quoi que ce soit d’autre que l’intérêt suprême du peuple gambien et de notre cher pays ». Et de conclure : « Je me soumets uniquement au jugement de Dieu le tout puissant. Je vous remercie tous et que dieu continue de bénir notre patrie. »
De plus en plus isolé, lâché par sa propre armée et puis sous la pression des troupes de la Cédéao, qui menaçait d’une intervention militaire, Yahya Jammeh a fini par céder et par accepter une résolution diplomatique de la crise en Gambie.

■ Qu’est-ce qui lui a été promis pour qu’il quitte le pouvoir ?
Vendredi 20 janvier, les présidents mauritanien et guinéen ont passé toute la journée à négocier avec Yahya Jammeh pour qu’il laisse son siège au nouveau président élu, Adama Barrow. Une médiation de la dernière chance qui a donc, finalement, porté ses fruits. Si pour l’instant on ne connaît pas le contenu de l’accord qui a été conclu, ni quel est le pays qui offrira l’asile à Yahya Jammeh, quelques détails ont tout de même fuité.
L’ex-président de 51 ans a fait savoir qu’il souhaitait rester dans son pays. Une option catégoriquement refusée par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Il avait également fait savoir qu’il souhaitait pouvoir transmettre le pouvoir à Adama Barrow.
Autre condition de Yahya Jammeh : avoir des garanties de sécurité pour lui, mais aussi pour son entourage, composé des cadres et des fonctionnaires qui l’ont accompagné, mais aussi de ses soldats et de ses hommes qui lui sont fidèles, constituant en quelque sorte sa garde personnelle. D’après des sources onusiennes, l’un des enjeux des discussions ces dernières heures était de trouver des mécanismes qui permettraient à ces hommes d’éviter de subir les foudres éventuelles d’une vendetta organisée au sein de l’armée avec le changement de régime qui se profile.
Ainsi, il existe une très forte pression de la part de soldats sur Yahya Jammeh pour qu’il obtienne des garanties de sécurité pour ses hommes. Après il y a aussi les garanties de sécurité peut-être personnelles pour l’ex-président. Sera-t-il ou non l’objet de poursuites internationales ? Ce sont des choses qui ont été discutées à Banjul. Et il a dû obtenir les assurances qu’il recherchait.
■ Où Yahya Jammeh va-t-il s’exiler ?
Sur ce point, plusieurs pistes : la Mauritanie, le Maroc, peut-être dans un premier temps la Guinée puisque le président Alpha Condé a passé la nuit à Banjul. Ou encore l’Arabie saoudite qui semble-t-il avait envoyé des signaux, invitant Yahya Jammeh à se rendre sur son territoire.
Les choses devraient se dénouer dans les prochaines heures.
■ La Cédéao, une force efficace dans la résolution de la crise gambienne ?
La Cédéao a beaucoup évolué ces dernières années. Si l’on reprend les précédentes opérations, notamment l’Ecomog qui avait été envoyé au Liberia, elle s’est dotée de mécanismes à la fois politiques et militaires.
Par ailleurs, rien n’aurait été possible dans la résolution de cette crise gambienne sans le volontarisme et l’activisme du Sénégal qui était réellement le pays en pointe et qui donnait le ton. Même si le président du Nigeria Muhammadu Buhari était médiateur officiel, les canaux passaient forcément par les diplomates sénégalais et par le président Macky Sall.

■ Des pressions militaires à la frontière nord de la Gambie
Pour ce qui concerne cette coalition militaire, tout est dans le nom de cette coalition : restaurer la paix. Et tant que cela ne se sera pas le cas, cette pression sera constante. Le dispositif en place depuis jeudi soir sera maintenu.
Ces militaires de la force africaine, environ 7 000 hommes, sont prêts à intervenir si Yahya Jammeh refuse de quitter le pouvoir, s’il ne respecte pas l’engagement qu’il a pris cette nuit.
Concrètement encore ce matin, la Gambie est prise en étau : des troupes terrestres entourent le pays, un navire nigérian est positionné au large, des avions également du Nigeria sont prêts à décoller de Dakar où se trouve d’ailleurs l’état-major de cette force.
rfi
Gambie :L’Ua réaffirme « le caractère inviolable des résultats de l’élection présidentielle »

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), en sa 654ème réunion tenue le 20 janvier 2017, a adopté la décision qui suit sur la situation post-électorale en République Islamique de Gambie :
Le Conseil:
1. Prend note de la communication de la Présidente de la Commission, Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma, ainsi que de la présentation faite par la Commissaire aux Affaires politiques, Dr. Aisha Laraba Abdullahi, sur les derniers développements de la situation en Gambie, à la suite de l’élection présidentielle tenue dans ce pays, le 1er décembre 2016. Le Conseil prend également note des déclarations faites par les représentants de la Gambie, du Libéria, en sa qualité de Président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que par l’Egypte, l’Ethiopie et le Sénégal, pays africains membres du Conseil de sécurité des Nations unies, de la Suède, Président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier 2017, et du Représentant du Secrétariat des Nations unies ;
2. Rappelle les dispositions pertinentes de l’Acte constitutif de l’UA, de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ainsi que du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité ;
3. Réaffirme ses prises de décisions antérieures sur la situation post-électorale en Gambie, en particulier le communiqué PSC/PR/COMM. (DCXLVII) de sa 647ème réunion tenue le 13 janvier 2017, par lequel le Conseil a solennellement déclaré le caractère inviolable des résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre 2016 en Gambie, fermement réaffirmé la politique de tolérance zéro en ce qui concerne les coups d’Etat et les changements anticonstitutionnels de Gouvernement en Afrique, et déclaré également, qu’à compter du 19 janvier 2017, le Président sortant Yahya Jammeh, ne sera plus reconnu par l’UA comme Président légitime de la République de Gambie ;
4. Fait sienne le communiqué de presse publié, le 19 janvier 2017, par la Présidente de la Commission, dans lequel elle se réjouit de la cérémonie de prestation de serment qui a eu lieu hier, 19 Janvier 2017, et félicite le nouveau Président de la Gambie, Son Excellence Monsieur Adama Barrow. A cet égard, le Conseil félicite Son Excellence le Président Adama Barrow pour son accession à la Présidence et demande à tous les Etats Membres de l’UA, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté internationale, de reconnaître Son Excellence Monsieur Adama Barrow, comme Président légitime de la Gambie. Le Conseil exprime la disponibilité de l’UA à travailler en étroite collaboration avec les nouvelles autorités gambiennes, en vue de promouvoir la paix, la sécurité, la stabilité et la réconciliation dans leur pays ;
5. Attend avec intérêt la participation du Président Adama Barrow à la 28ème session ordinaire de la Conférence de l’Union, prévue du 30 au 31 janvier 2017, à Addis Abéba, en Ethiopie ;
6. Réitère son plein appui aux décisions adoptées par le 50ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, tenue à Abuja le 17 décembre 2016, y compris l’utilisation de tous les moyens nécessaires pour garantir le respect de la volonté du peuple gambien, tel qu’exprimé le 1er décembre 2016 ;
7. Prend note du délai fixé par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO à l’ancien Président Yahya Jammeh pour qu’il respecte pleinement la volonté du peuple gambien, ainsi que les décisions de la CEDEAO et de l’UA ;
8. Exprime sa profonde reconnaissance à la CEDEAO pour sa position de principe quant à la situation en Gambie, conformément à la politique de tolérance zéro de l’UA pour les changements inconstitutionnels de gouvernement en Afrique. Le Conseil, une fois encore, rend hommage au leadership et à l’engagement de Son Excellence le Président du Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf, Présidente en exercice de la CEDEAO, ainsi qu’à Son Excellence le Président Muhammadu Buhari du Nigeria, Médiateur de la CEDEAO, Son Excellence le Président Ernest Bai Koroma de Sierra Leone et à l’ancien Président John Dramani Mahama, du Ghana, co-Médiateur, pour leurs efforts soutenus visant à assurer le transfert pacifique du pouvoir en Gambie. Le Conseil félicite le Président Macky Sall du Sénégal pour sa contribution aux efforts visant à assurer le respect de la volonté du peuple de la Gambie. Le Conseil prend également note avec satisfaction des initiatives prises par les Présidents Mohamed Ould Abdel Aziz de Mauritanie et Alpha Condé de la Guinée, pour la résolution pacifique de la crise post-électorale en Gambie. A cet égard, le Conseil encourage les initiatives en cours visant à faciliter un transfert pacifique du pouvoir en Gambie ;
9. Prend note avec satisfaction de la résolution 2337(2017) adoptée le 19 janvier 2017, par laquelle, le Conseil de sécurité des Nations unies fait siennes les décisions de la CEDEAO et de l’UA de reconnaître M. Adama Barrow comme Président de la Gambie et demandé aux pays de la région et aux organisations régionales compétentes de coopérer avec le Président Barrow dans ses efforts en vue de procéder au transfert des pouvoirs ;
10. Note avec préoccupation l’évolution de la situation humanitaire en Gambie et au Sénégal, en particulier les conditions de vie des personnes déplacées internes et des réfugiés. A cet égard, le Conseil appelle les États membres et l’ensemble de la communauté internationale à apporter l’assistance nécessaire aux personnes affectées ;
11. Décide de rester activement saisi de la question.
Source Ua