Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 03/01/2017

Adhésion du Maroc à l’UA : Alger bien décidé à faire échec à la volonté de Rabat d’exclure le Polisario

Adhésion du Maroc à l’UA : Alger bien décidé à faire échec à la volonté de Rabat d’exclure le Polisario À peine Rabat avait-il exprimé son souhait de réintégrer l’instance panafricaine qu’Alger déclenchait sa machine politico-diplomatique pour lui faire échec.

Pour se convaincre de l’hostilité des autorités algériennes à un retour du Maroc au sein de l’Union africaine (UA), il suffit de lire un éditorial paru le 7 novembre dans les colonnes du quotidien El Moudjahid, répondant du tac au tac au discours prononcé la veille à Dakar par Mohammed VI à l’occasion du 41e anniversaire de la Marche verte.

Porte-voix officiel du régime, El Moudjahid jugeait que ce retour allait « accentuer les divisions » entre pays africains, voyant dans la démarche du voisin de l’Ouest une « vaste campagne de propagande dont le but est de restaurer son image de marque, gravement altérée depuis son occupation du Sahara occidental ».

Le quotidien du 20, rue de la Liberté invitait même le souverain marocain à y organiser « le plus tôt possible » un référendum d’autodétermination, faute de quoi il serait « traité, comme tous les égarés imbus de leur ego, avec mépris par tous les peuples de la terre ». On mesure, à la rudesse de la charge, combien le retour des Marocains au sein de l’organisation passe mal auprès des officiels algériens.

Un souci de sémantique

En juillet dernier, à peine Rabat avait-il formulé sa requête qu’Alger déclenchait sa machine politico-diplomatique pour la contrecarrer, sinon la saborder. En diplomatie, on ne dira jamais assez combien un mot peut changer le cours de l’Histoire. La contre-offensive s’est donc jouée d’abord sur un plan sémantique. Réintégration ou intégration, après trente-deux ans de politique de la chaise vide ? Pour Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires maghrébines et africaines et de la Ligue arabe, il s’agit d’une « adhésion » plutôt que d’un « retour ». Mettant en avant l’article 29 de l’acte constitutif de l’UA, qui fixe les conditions d’une adhésion, Messahel précise qu’« un pays africain qui veut adhérer à l’UA ne peut pas le faire sous condition, comme le stipule l’acte constitutif de l’organisation continentale ».

S’il ne s’oppose pas à la réadmission du Maroc, le Premier ministre Abdelmalek Sellal n’en précise pas moins les conditions dans lesquelles celle-ci doit se faire. « Le retrait du Front Polisario de l’Union africaine est impossible », soutenait, l’été dernier, le chef de l’exécutif. Même son de cloche du côté de Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères : « Le Maroc serait le bienvenu en tant que 55e membre de l’Union africaine, sur un pied d’égalité avec les 54 États membres actuels en droits et en devoirs. » Comprendre : le voisin marocain occupera la même place que le Sahara occidental, dont il revendique la souveraineté.

Le Maroc une fois admis, les Algériens redoutent que les instances de l’UA ne deviennent de nouveaux théâtres d’affrontement entre Rabat et le Polisario. Ex-ministre de la Communication et ex-ambassadeur d’Algérie en Espagne, Abdelaziz Rahabi estime que le Maroc, s’il s’avisait de contester la présence de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) à toutes les réunions de l’Union, lancerait un mauvais signal aux Africains. Pis : cette mise en cause des Sahraouis pourrait, selon lui, entraîner des blocages dans le fonctionnement même de l’UA. « De nombreux États africains ont déjà exprimé cette préoccupation, note Rahabi. Ils craignent que l’Union ne se transforme en un espace d’expression des divergences entre Maghrébins. »

Lakhdar Brahimi, la voix de la raison

À contre-courant du discours officiel, la voix de Lakhdar Brahimi passe pour être celle de la raison et de la sagesse. Au cours d’une conférence-débat, le 10 décembre, à Alger, ce diplomate au long cours a plaidé pour une remise à plat des relations entre son pays et le Maroc, passant, selon lui, par la réouverture des frontières terrestres. Ce n’est pas la première fois que ce proche d’Abdelaziz Bouteflika, que le président ne rate pas une occasion de recevoir, se montre favorable à une détente.

Fermées depuis août 1994, au lendemain de l’attentat terroriste qui a ciblé un hôtel de Marrakech, les frontières constituent plus que jamais un motif de crispation entre les deux voisins. Mais cette barrière n’est bien sûr pas le seul contentieux qui empoisonne les relations algéro-marocaines, le Sahara occidental étant, et de loin, la grande pomme de discorde obérant toute normalisation entre les deux capitales. Du coup, Lakhdar Brahimi appelle Alger et Rabat à « laisser de côté le problème du Sahara occidental afin de construire une économie commune fondée sur les échanges ».

Farid Alilat

Jeuneafrique

Politique étrangère: l’imprévisible président Trump

mediaA quelques jours de la prestation de serment de Donald Trump, le 20 janvier prochain, beaucoup d’analystes se demandent comment l’imprévisible milliardaire va gérer les relations de la première puissance mondiale avec le reste du monde.

On sait que Donald Trump veut renouer avec Vladimir Poutine, et l’une de ses premières déclarations a été une remise en question de la politique de la Chine unique. Le reste est très vague, selon Philippe Lecorre, chercheur à la Brookings Institution.

« Il y a son admiration pour Poutine, son côté homme fort, le fait qu’il va pouvoir changer les choses en parlant d’homme à homme et ainsi régler le sort de la planète. Cela fait sourire les diplomates. Pour le reste, la politique étrangère de Trump est faite de mystère. On a vu ce qui s‘est passé sur la Chine. Il y a eu plus qu’un sursaut à Pékin. Cela prouve un certain amateurisme de la part de Donald Trump qui a fait la plupart de ses déclarations de politique étrangère sur Twitter. »

Une équipe surprenante

Ce programme de politique internationale transmis sur les réseaux sociaux déconcerte les diplomates et les capitales étrangères. D’autant que la composition de l’équipe Trump inquiète aussi Simon Sarfati, professeur au Centre d’études des relations stratégiques de Washington.

 

« Trump a des instincts, il s’entoure de personnalités qui le conduisent dans des directions qu’il ne saisit peut-être pas véritablement lui-même. L’administration qu’il a mise sur pied sera très difficile à gérer : trois généraux, un chef d’entreprise, qui va mener la barque ? Je ne suis pas convaincu que Trump ait véritablement une vision d’ensemble. »

Des experts décontenancés

Il n’est pas certain que Donald Trump aura cette vision d’ensemble. Car non seulement le président élu revendique le fait de ne pas participer aux briefings quotidiens, mais il ne se fie pas non plus aux experts de politique internationale.

Philippe Lecorre de l’institution Brookings est bien placé pour constater le désintérêt de Donald Trump pour les réunions. « C’est la fin d’une époque, les analystes de politique étrangère se demandent ce qu’ils vont faire. Ils ont été très peu consultés, ils ont eu très peu de contact avec l’équipe Trump. Il y a un effet de surprise qui fait que nous ne savons pas quelles seront les priorités de politique étrangère de cette administration et si ce sera “à la mode” Taiwan, ou “à la mode” stratégie de long terme avec un plan… »

Et lorsque le président élu participe à un briefing, les experts sont déconcertés, comme le raconte Simon Sarfati. « Lors d’une réunion avec l’une des agences de renseignements, Trump leur a dit : “vous savez, il y a une règle avec moi – j’ai toujours raison. Donc si vous voulez avoir raison aussi, et bien vous devez répéter ce que je dis”. C’est une drôle d’approche… »

Dérive autocratique ?

Et au-delà des anecdotes, certains craignent une dérive autocratique, comme le consultant démocrate René Lake. « En observant Donald Trump et son style de téléréalité, j’ai l’impression qu’il a un ego surdimensionné et des attitudes d’autocrate. Je suis d’origine africaine, et j’ai l’impression de voir un nouvel élu en Afrique. Que ce soit son côté sympathique “on remet tout en cause” ou son côté “on ramène tout à soi”. Et j’avoue que c’est ce qui m’inquiète. »

Aucune de ces analyses n’est très positive mais c’est, après tout, ce que Donald Trump avait promis : un président qui ne respecte pas les codes de Washington. Et peut-être que de cette incertitude naîtra un président respecté comme Ronald Reagan. Ce dernier, décrié à son arrivée, est désormais considéré comme l’un des plus grands locataires de la Maison Blanche. En revanche, quels que soient les interlocuteurs, républicains ou démocrates, à quelques jours de la prise de fonctions de Donald Trump, le diagnostic est le même.

« Il est très imprévisible, et il est très difficile de se souvenir d’une déclaration de Donald Trump, pendant les 18 derniers mois, qu’il n’ait pas répété de façon différente, opposée ou contradictoire. Et c’est parce qu’il improvise ! » analyse Simon Sarfati, professeur au Centre d’études des relations stratégiques de Washington.

RFI