Monthly Archives: October 2015
Entretien avec Dr Dia Alassane président de Touche pas à ma nationalité
Sensibilisé très tôt à la politique pour avoir assisté en témoin à la campagne de chasse à l’homme initiée par le régime de Ould Taya contre l’élite intellectuelle négro-africaine en 1986, Alassane Dia s’engagera dès sa majorité en mettant sa plume d’étudiant et d’apprenti journaliste au service de ses convictions.
Longtemps absent de la Mauritanie pour des raisons liées à ses études qui le mèneront en Tunisie, où il obtient son DEA de Linguistique puis en France où il décrochera son diplôme de doctorat en sciences du langage, ce natif d’Aleg, ayant grandi à Nouadhibou, ne renoncera jamais à servir son pays, puisque, après avoir exercé le métier d’enseignant chercheur à l’Université de Manouba en Tunisie pendant dix ans, il décide de rentrer en Mauritanie en 2009 pour mettre ses compétences au service de l’Université de Nouakchott, où il occupe le poste de Chef du département de langues nationales et linguistique.
Ce retour est aussi dicté par son besoin de participer de l’intérieur à la lutte pour l’avènement d’une Mauritanie débarrassée des démons du racisme et de l’esclavage, d’une Mauritanie une et plurielle qui mettrait tous ses enfants sur un même pied d’égalité.
C’est donc tout naturellement que, avec d’autres camarades, il fondera, en 2010, Conscience Citoyenne, entité politique émergente, qui se fondra avec d’autres organisations pour former le Mouvement « Touche pas à ma nationalité» à la faveur de l’opération d’enrôlement jugé trop raciste et discriminatoire à l’égard des populations noires du pays lancée en mai 2011.
Notre site Essirage.net a rencontré pour vous DR Alassane Dia, président du mouvement TPMN, qui malgré sont calendrier trop chargé a voulu aimablement nous accorder cet entretien. Qu’il en soit remercié.
Essirage.net : Depuis 2011, le mouvement TPMN intègre dans son combat les problèmes des negro-Mauritaniens. Aujourd’hui quel bilan faites-vous de ce combat ?
Dr Dia Alassane : C’est vrai que Touche pas à ma nationalité s’est d’abord fait connaître à travers son combat contre l’enrôlement raciste et discriminatoire initié par le régime de Mohammed Abdel Aziz, enrôlement qui continue à créer à dessein des apatrides parmi les Noirs de Mauritanie, en leur refusant toute possibilité d’acquérir les nouveaux documents d’état civil.
Mais lutter contre le caractère raciste et discriminatoire de l’enrôlement ne suffit pas pour changer la donne en Mauritanie. L’enrôlement est quelque chose de conjoncturel alors que le nœud du problème mauritanien est d’ordre structurel, le véritable problème est celui de la cohabitation entre nos différentes composantes nationales qui, si l’on n’y prend garde, risque de conduire le pays à l’implosion.
C’est donc tout naturellement que TPMN qui se bat pour l’égalité de tous les Mauritaniens, pour qu’il n’y ait plus de Mauritaniens de seconde zone, intègre l’ensemble des dimensions du problème de la cohabitation.
Une Mauritanie juste serait une Mauritanie où chacune de nos composantes se reconnaîtrait dans le pouvoir, où les langues du pays et les cultures qu’elles véhiculent seraient mises sur le même pied d’égalité, où les richesses nationales seraient équitablement réparties, où les terres de la vallée ne seraient plus spoliées au profit d’hommes d’affaires véreux ou de multinationales.
C’est pour cette Mauritanie débarrassée des tares de l’exclusion liée à l’appartenance raciale, ethnique ou tribale, débarrassée du déni d’humanité que constitue la honteuse pratique de l’esclavage, c‘est pour cette Mauritanie là que se bat TPMN.
Le chemin est encore long pour y arriver mais nous avons eu le mérite, avec d’autres, de reposer avec acuité le péché originel de la Mauritanie que constitue l’exclusion des Noirs des premières années de l’indépendance à nos jours.
Essirage.net : quelles actions concrètes avez-vous réussies pour l’enrôlement des mauritaniens à l’intérieur du pays et à l’étranger, pour le retour des rapatriés, la résolution du passif humanitaire et contre l’accaparement des terres de la vallée?
Dr Dia Alassane : Nous pouvons dire sans risque de nous tromper que nous avons réussi à alerter l’opinion nationale et internationale quant au caractère raciste de l’enrôlement et nos manifestations ont contraint le pouvoir à revoir sa copie en assouplissant la procédure qui rejetait systématiquement les Noirs, et même les plus illustres d’entre eux.
Il n’est un secret pour personne qu’au tout début de l’enrôlement des personnalités noires de premier plan qui ont joué les premiers rôles à l’indépendance du pays et d’autres qui, par la suite, ont occupé les plus hautes fonctions de l’Etat ont été rejetés et considérés comme de vulgaires usurpateurs de la nationalité mauritanienne. Si cela a pu se passer pour de telles personnalités que dire du citoyen lambda originaire de la vallée.
La mobilisation de TPMN a sans doute permis d’améliorer les choses en ouvrant les portes de l’enrôlement à la grande masse des populations noires du pays. Cela ne veut pas pour autant dire que le combat contre le génocide biométrique que constitue cet enrôlement est terminé.
La volonté de réduire la composante noire des listes de l’état civil à sa plus simple expression est toujours là et continue à faire des dégâts, même si ce n’est plus de manière aussi systématique qu’au début.
Pour l’enrôlement des Mauritaniens de l’Europe, le mérite de la victoire contre l’exigence de la présentation de la carte de séjour du pays d’accueil pour tout candidat à l’enrôlement revient en premier aux organisations de la diaspora, par leur mobilisation hebdomadaire pendant deux ans devant les locaux de l’ambassade de Mauritanie à Paris.
Mais nous avons toujours travaillé en synergie avec eux en continuant de mener la pression à l’interne en parallèle à ce qu’ils faisaient en France et nous avons eu l’opportunité d’être à leurs côtés lors du sit in historique de la victoire, le 21 août 2014 devant l’ambassade de Mauritanie à Paris.
Quant aux questions relatives aux rapatriés et à l’accaparement des terres, il est difficile de parler de résultats concrets et immédiatement palpables dans la lutte que nous menons qui est une lutte qui s’inscrit nécessairement dans la durée.
Mais nous travaillons à la sensibilisation des rapatriés, devenus des réfugiés dans leur propre pays puisque confinés dans des camps d’infortune, souvent en face des terres de leurs ancêtres qui leur sont interdites puisque occupées et exploitées par d’autres.
Nous les avons accompagnés lors de leur marche historique de Boghé à Nouakchott en avril – mai 2014 pour dénoncer la misère a laquelle ils semblent irrémédiablement condamnés par l’Etat et sa logique raciste et esclavagiste. Nous continuons parallèlement le travail de sensibilisation et de conscientisation des populations de la vallée par rapport à la logique d’expropriation que veut leur imposer le système.
Quant à ce qu’il est convenu d’appeler, par une hypocrisie bien mauritanienne, le passif humanitaire et qui n’est rien d’autre qu’un génocide, il est important qu’il y ait des voix discordantes pour dénoncer le prétendu règlement de la question par le gouvernement.
Mohamed Ould Abdel Aziz doit comprendre que le pardon ne se décrète pas et que la dignité des victimes et des ayant droits n’est pas à monnayer. La vérité doit être établie sur ce qui s’est passé.
Les responsables présumés de ces crimes innommables sont non seulement protégés par la loi scélérate d’amnistie de 1993 mais, chose encore plus insupportable, ils continuent d’écumer les plus hautes fonctions de l’Etat comme pour continuer à narguer les victimes. TPMN participe, aux côtés des organisations des victimes, à dénoncer cet état de fait et à se battre pour que justice soit rendue.
Essirage.net : suivez-vous de prêt le cas de Lamine Mangane, tué à Maghama lors d’une manifestation de TPMN ? Et ou en est-on de ce dossier au niveau de la justice ?
Dr Dia Alassane : L’assassinat de Lamine Mangane est une suite logique de la loi d’amnistie de 1993 qui est en fait un permis de tuer du noir. Cet adolescent qui manifestait à mains nues a été froidement assassiné par les balles de la gendarmerie de Maghama qui n’a pas hésité à tirer à balles réelles sur une foule de manifestants pacifiques, composée essentiellement d’adolescents, et qui demandaient simplement à être reconnus comme des citoyens à part entière de ce pays et à pouvoir accéder à l’enrôlement.
Si la gendarmerie a fait usage de balles réelles face à ces manifestants, c’est parce qu’il s’agissait de noirs et que cela ne prêterait pas à conséquences vu que les auteurs du génocide sont non seulement protégés mais promus. Lamine Mangane a été abattu et d’autres enfants beaucoup plus jeunes, au nombre de huit, ont été blessés et marqués à vie par les balles de la gendarmerie.
Nous accompagnons la famille dans sa démarche devant le tribunal de Kaédi où la plainte a été déposée. Mais bien que le tireur et le donneur d’ordre aient été identifiés, la plainte n’a connu aucun début d’exécution.
La justice inféodée au système continue à faire de l’obstruction malgré le travail inlassable des avocats de la famille, et le dossier n’a connu aucune évolution jusqu’ici. Il va peut-être falloir porter l’affaire devant des tribunaux internationaux à cause de l’obstruction systématique dont elle fait l’objet en Mauritanie mais cela c’est du ressort des avocats.
Essirage.net : les autorités mauritaniennes organisent ces jours-ci un dialogue ouvert où participent plusieurs tendances : forces politiques, société civile, personnalités etc. Votre mouvement va-t-il y participer ?
Dr Dia Alassane : Pour nous ce semblant de dialogue est tout sauf ouvert. Un dialogue suppose au moins deux parties qui, à défaut d’être antagonistes, sont, pour le moins, distinctes, mais ce que nous avons vu au palais des congrès, en guise de préliminaires, relève du cirque.
Le parti au pouvoir s’y retrouve avec ses satellites dits partis de la majorité et il semble seul à imprimer le tempo. Il y a bien quelques personnalités qui appartenaient à des partis de l’opposition mais comme vous le savez le changement de veste est une seconde nature pour beaucoup de nos politiques.
Nous avons bien été approchés, mais pas de manière directe pour participer à ces assises mais nous avons décliné. Pour nous, un véritable dialogue suppose sur le plan de la forme l’implication de tous : partis politiques, société civile, syndicats, bref toutes les forces vives du pays.
Or il se trouve qu’un personnage aussi incontournable dans l’échiquier politique et celui des droits de l’homme que Biram Dah Abeid est en prison pour ses idées et de fait exclu des assises.
Sur le fond, le dialogue doit porter en priorité sur les voies et moyens de régler définitivement la question de la cohabitation et du vivre ensemble pour sauver le pays ou ce qu’il en reste mais visiblement, telle n’est pas la préoccupation des initiateurs du soit disant dialogue.
Essirage.net : Quelle est la vision de TPMN de l’esclavage ?
Dr Dia Alassane : TPMN est contre toute forme d’avilissement quelle que soient sa nature ou son origine et le pire des avilissements est le déni d’humanité que l’on impose à son semblable en le soumettant à l’esclavage Nous combattons de fait toutes les formes d’esclavage dans tous les démembrements de nos composantes nationales.
Tout comme nous combattons la prégnance des castes dans l’organisation de nos sociétés. Il est inadmissible que, au 21ème siècle, une personne soit discriminée ou stigmatisée a cause de son origine et c’est une honte pour notre pays que de continuer à traîner ces tares là encore aujourd’hui.
Essirage.net : Des militants antiesclavagistes sont toujours retenus en prison par les autorités. Il s’agit de Biram Ould Dah Ould Abeid et son adjoint Brahim Ould Bilal Ramdane. Certains jugent que leur discours est extrémiste et sectaire. Partagez-vous cette opinion ?
Dr Dia Alassane : Non absolument pas. Nous sommes nous-mêmes constamment accusés de développer un discours raciste et extrémiste mais c’est la tactique du voleur qui crie au voleur. Il n’y a pas plus extrémistes et sectaires que ceux qui ont planifié le génocide physique contre les noirs pendant les années de braise et qui ont voulu le poursuivre sous une autre forme, le génocide biométrique que nous vivons actuellement à travers l’enrôlement.
Il n’y a pas plus raciste et sectaire que celui qui réduit son semblable en esclavage, en violation de toutes les lois de la morale humaine et surtout de celles de notre sainte religion. Il ne faut pas qu’on inverse les choses Les racistes, les extrémistes, les sectaires sont ceux qui ont conduit le pays dans l’état où il est aujourd’hui et non pas ceux qui dénoncent cet état de faits.
Essirage.net : le mouvement TPMN est toujours divisé en deux groupes. Un conflit d’intérêt personnel et de leaderships ? Cette scission n’affaiblit-il pas votre combat ?
Dr Dia Alassane : La division à laquelle vous faites allusion a certes, dans un premier temps, refroidi l’élan de nos nombreux militants et sympathisants, mais elle appartient maintenant au passé.
Ceux qui étaient partis avec le premier coordinateur du mouvement sont revenus depuis décembre 2013 et nous avions organisé à ce moment là une conférence de presse pour annoncer la réunification du mouvement.
Il reste que cet ancien coordinateur continue à se présenter au nom du mouvement mais étant donné que nous ne disposons pas de récépissé de reconnaissance officielle de notre mouvement en tant qu’association, nous ne pouvons lutter contre de telles dérives. Mais heureusement que le terrain est là pour séparer le vrai du faux.
Nous continuons à occuper le terrain, à organiser des activités, à travailler en partenariat avec nos alliés naturels, ce qui n’est pas le cas de la supposée autre partie qui n’existe que de nom.
Essirage.net : vous étiez membre actif de « conscience citoyenne », un mouvement jugé proche des FLAM. Certaines informations disent que les FLAM préparaient leur redéploiement à travers vous pour leurs activités de militantisme politique. Est c’est vrai ?
Dr Dia Alassane : Oui, j’étais Président de conscience citoyenne qui a d’abord fait partie du FLERE (Front de Lutte contre l’Esclavage, le Racisme et l’Exclusion) aux côtés de l’IMEJ et de l’IRA, notamment, avant d’être membre fondateur de TPMN aux côtés de la même IMEJ et de deux autres associations.
Nous étions effectivement en parfaite collaboration avec les FLAM pour préparer leur retour organisé en Mauritanie et nous sommes particulièrement fiers d’avoir contribué à ce retour. Les FLAM représentent à nos yeux, sinon les pionniers de la lutte pour une Mauritanie juste et égalitaire, du moins les plus constants dans cette lutte.
Cependant TPMN a choisi le combat citoyen et, en ce sens, il est indépendant de tout parti politique. Notre ambition est de nous situer au- delà des clivages politiques et de réunir en priorité tous ceux qui veulent combattre la politique de l’Etat dont l’objectif avoué est de faire de la Mauritanie un pays exclusivement arabe De fait, nos militants et sympathisants appartiennent à divers partis politiques.
Essirage.net : Merci
Entretien réalisé par Oumar Amadou M’baye
URGENT : Interdiction du port du boubou dans les établissements scolaires
Le ministère de l’éducation nationale vient de diffuser une circulaire interdisant le port du boubou ( Dera3a) dans les écoles primaires , les collèges et les lycées sur l’ensemble du territoire national.Le texte de cette circulaire s’adresse à tout le personnel des établissements scolaires : d’encadrement, d’enseignement et de servitudes (plantons, chauffeurs, gardiens etc..) Mais ne précise pas si les élèves sont concernés. De même cette circulaire , ne mentionne pas avec clarté, si les écoles privées sont soumises à ces nouvelles instructions.
En collaboration avec Mourassiloun.com
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L’HOMME DU JOUR : Denis Sassou-Nguesso, un despote droit dans ses votes –

Denis Sassou-Nguesso, dimanche. Les radios étrangères et l’Internet mobile sont coupés depuis mardi. Photo R. Baku. Reuters
Les Congolais ont approuvé dimanche, par référendum, la modification de la Constitution permettant au chef de l’Etat, qui a déjà connu plus de trente ans de règne, de se représenter.
Denis Sassou-Nguesso, un despote droit dans ses votes
A 71 ans, il a déjà dirigé le Congo-Brazzaville pendant trente et une années, en deux phases (1979-1992, et depuis 1997). L’homme fort du pays peut remettre ça : grâce au référendum gagné dimanche, Denis Sassou-Nguesso aura le droit de se présenter en 2016 pour un troisième mandat de cinq ans, ce que la Constitution lui interdisait. 92,96 % des votants ont approuvé le changement de la loi fondamentale, ce qui l’autorisera à faire tomber ce garde-fou et à repousser la limite d’âge.
Répression.
L’opposition, qui appelait au boycott contre ce «coup d’Etat constitutionnel» aux cris de «Sassouffit», a été réduite au silence par une répression à huis clos. Les radios internationales, dont RFI, l’Internet mobile et les SMS sont coupés depuis mardi. Tout rassemblement public ayant été interdit, le 20 octobre, la police a tiré sur des manifestants, provoquant au moins quatre morts, selon les autorités, ou vingt, selon d’autres sources.
Le peu d’engouement pour le scrutin de ce week-end laissait entrevoir, selon un opposant, une faible participation. Elle serait pourtant de 72,44 % selon les décomptes officiels. «Tricherie», dénonce l’opposition. Un collectif appelle à «la désobéissance civile jusqu’au retrait» du projet de nouvelle Constitution : «Le scrutin n’a été ni libre, ni juste, ni équitable, ni transparent. C’est un simulacre qui s’est déroulé dans un état de siège», dénoncent les opposants. La France ? «Nous prenons note du résultat», a éludé mardi le porte-parole du Quai d’Orsay, avant que l’Elysée précise : «Les conditions dans lesquelles ce référendum a été préparé et organisé ne permettent pas d’en apprécier le résultat, notamment en terme de participation.»
Paris est encore gêné par la bourde de François Hollande, estimant mercredi que Sassou-Nguesso avait «le droit» de «consulter son peuple», alors que l’Union européenne avait jugé qu’il ne pouvait y avoir un «scrutin libre et transparent». Jeudi, l’Elysée a rectifié le tir sans dissiper le malaise : le chef de l’Etat souhaite «que les Constitutions soient respectées et que les consultations électorales se tiennent dans des conditions de transparence incontestables».
«C’est une terrible sidération pour les Africains après les discours humanistes de Dakar ou de Kinshasa, et une nouvelle désillusion pour ceux qui pensaient qu’un gouvernement dit de gauche allait rompre avec la Françafrique, confie William Bourdon, de l’association Sherpa. Sassou-Nguesso est suspecté de doubles crimes : de sang et d’argent. Ce “cleptocrate” d’un pays pétrolier où l’on fait la queue devant les stations-service aurait pu être poursuivi par la Cour pénale internationale si elle avait été créée il y a vingt ans.»
Guerre civile.
Le clan Sassou-Nguesso est, depuis 2009, sous le feu de la justice française, qui lui reproche d’avoir détourné une partie de la rente pétrolière. Des voitures de luxe et plusieurs propriétés ont été saisies. L’homme dirige un pays où planent beaucoup de fantômes, de putschs et de morts. Sassou-Nguesso a fait son mai 68 à sa façon : cette année-là, il est parachutiste et prend la tête d’une mutinerie qui renverse le président Massamba-Débat et porte au pouvoir un militaire, Marien Ngouabi. Un an plus tard, Sassou-Nguesso compte parmi les membres fondateurs du très marxiste-léniniste Parti congolais du travail (PCT).
Il prend le pouvoir en 1979, délaisse les liens avec le bloc soviétique pour ouvrir sa manne pétrolière aux firmes occidentales, notamment françaises. Il promulgue une nouvelle Constitution (un mandat de cinq ans renouvelable une fois) et tient une présidentielle en 1992. Echec : Pascal Lissouba est élu. Sassou-Nguesso s’exile en France. Son retour, en 1997, plonge le pays dans le chaos. Appuyé par ses milices, les Cobras, puis par des forces angolaises, tchadiennes ou gabonaises, Sassou-Nguesso défait les troupes de Lissouba. On compte des dizaines de milliers de morts et 500 000 déplacés. La population, dont 70 % vit sous le seuil de pauvreté, reste traumatisée par cette guerre.
Médiateurs.
«Denis Sassou-Nguesso est un homme de réseaux internationaux, qui est arrivé non pas à développer son pays mais à le repacifier en partie, grâce à la manne pétrolière, explique Philippe Hugon, de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Faire un référendum pour se représenter après trente et un ans de pouvoir est une mascarade, une manipulation constitutionnelle.»
En attendant, Nguesso a plus de chance que le Burkinabé Blaise Compaoré, renversé en octobre 2014 pour avoir tenté la même manœuvre. Deux autres chefs d’Etat africains (en RDC voisine et au Rwanda) envisagent des changements constitutionnels pour se représenter.
Au Burundi, Pierre Nkurunziza l’a fait cet été, ce qui continue de provoquer des violences meurtrières. Ces tours de passe-passe ont lieu sous l’œil quasi indifférent de la communauté internationale, pas mécontente de la stabilité illusoire qu’apportent ces dirigeants autoritaires, qui se posent en médiateurs quand des crises éclatent dans d’autres pays. «Les nouveaux habits de la Françafrique ont un double effet pervers, assure William Bourdon. La lutte contre le terrorisme a été instrumentalisée par des chefs d’Etat, comme Sassou-Nguesso ou [le Tchadien] Idriss Déby, qui demeurent intouchables. Et l’obsession de favoriser une diplomatie économique, des marchés pour nos entreprises, l’emporte finalement sur les discours de changement.»
Christian Losson , Michel Henry
L’éditorial du calame: Obligation de paraître…
Tam-tam 2 n’a finalement pas eu lieu. Prévue initialement le 20 Octobre, la conférence a été reportée sine die. Faute de combattants ? Face au refus, systématique, de l’opposition de ne plus cautionner une autre mascarade, le pouvoir n’a pas sans doute pas jugé productif de se donner de nouveau en spectacle, à la limite du ridicule, avec des partis de la majorité, quelques opposants persuadés d’avoir découvert le Saint Graal, des ONG cartables et beaucoup de troubadours écumant les couloirs du Palais des congrès, pendant une semaine, pour un résultat quasi nul. La déclaration finale de Tam-tam 1 avait, pourtant, fait l’objet d’une large médiatisation et ses participants, chauds comme pas un, s’étaient donné rendez-vous le 20 Octobre, persuadés que l’opposition n’aurait autre solution que de prendre le train en marche. Pourtant, la CUPAD, où Boydiel multiplie les gestes de bonne volonté à l’égard du pouvoir, malgré l’hostilité manifeste de Messaoud, avait refusé de se prêter au jeu, si toute l’opposition n’y participait pas. Son président a multiplié les rencontres, pour faire fléchir les uns et les autres, sans aucun résultat apparent. Personne, à part les mêmes, ne s’est manifesté pour prendre part au bal. Du coup, Ould Abdel Aziz a préféré renvoyer tout le monde dos à dos.
Il a, de fait, bien d’autres chats à fouetter : la situation économique qui lui donne des sueurs froides. Les recettes budgétaires qui se réduisent comme peau de chagrin. Le prix du fer qui chute vertigineusement. Les sociétés d’Etat au bord de la faillite, si ce n’est déjà fait. L’agonie de la Santé. Le tableau noir de l’Education. Que faire ? Dialoguer ? Mais avec qui ? Vendre les écoles ? A qui ? Aux mêmes, qui ne sont jamais loin et qui ont fait main basse sur l’Ecole de police et le Stade olympique, pour des miettes qu’ils ne vont certainement pas payer ? Envoyer des militaires en Arabie saoudite, contre un peu de liquide, et faire taire les Koweïtis, de plus en pressants derrière une dette contractée il y a quelques années et qui, sous l’effet conjugué des agios et de l’irrespect des échéances, s’est transformée en boulet ?
Voyez-vous notre guide éclairé accorder, dans ces conditions, la moindre importance au dialogue ? Sans l’opposition, ce serait, certes, du gâteau mais si fade et coûteux, à défaut d’être goûteux. Avec elle, et en position de si grande faiblesse, du piment à s’arracher le veston, jusqu’aux galons et étoiles, peut-être, que notre défroqué tient précieusement sous sa jaquette civile. On n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise. Bref, pas question de risquer l’étiquette d’homme fort de Nouakchott. C’est l’atout-maître, aux yeux de beaucoup, notamment de nos partenaires occidentaux, et, à moins d’être assuré du contrôle d’un éventuel chaos, nul doute que l’argument demeure la pierre d’angle du pouvoir actuel. Mais cette quasi-obligation de toujours paraître ce qu’on n’est déjà plus, si souvent exprimée en intransigeance coupante, n’est-ce pas, en définitive, un aveu de faiblesse ? La vraie et dramatique limite d’une prétendue volonté de dialogue ?
Ahmed Ould Cheikh
le calame
Macky Sall à la communauté Maure: « Vous êtes des Sénégalais à part entière »
Reçus avec les honneurs au Palais de la République, samedi, les maures du Sénégal apportent leur soutien au chef de l’Etat pour une réélection en 2017. Une audience qualifiée d’historique par Mouhamed Fall « Carrières » président de cette communauté qui s’est longtemps sentie exclue de la société.
Ils étaient plus de deux milles maures à faire le déplacement samedi au Palais de la République, venus de tous les coins du Sénégal pour ainsi démontrer leur force politique et leur ancrage dans la population sénégalaise. Dakar, Kolda, Tambacounda, Louga, Saint-Louis, Ziguinchor, Matam, Kaolack, toutes les régions du Sénégal étaient représentées à cette audience qui a duré plus d’une heure en présence de Cheikh Mouhamed Lamine Aïdara, frère du khalif général des khadres Cheikh Bounana Aïdara empêché. Devant le chef de l’Etat, Macky Sall, le secrétaire général de la communauté maure, Birahim Fall, a revisité l’histoire pour rappeler leur ancrage dans la population sénégalaise au 11ème siècle avec l’arrivée de la religion musulmane dans notre pays.
Depuis, il y a eu un fort brassage culturel qui a entrainé la naissance, en terre sénégalaise, de plusieurs générations de maures reconnues par l’état civil.
Devant le président de la République, les maures du Sénégal ont exprimé leur sentiment d’exclus de la société du fait de leurs origines culturelles étrangères. Ainsi, ils s’accordent tous à dire que cette audience vient à son heure dans la mesure où elle va réparer une injustice sociale et culturelle vieille de plusieurs décennies. « Pour la première fois, dans l’histoire du Sénégal, les maures ont eu droit aux honneurs légitimes de la République grâce à l’ouverture et à la considération du président Macky Sall qui incarne une nation républicaine riche par sa diversité », a affirmé Mouhamed Fall « Carrières » président de la communauté.
Au nom des siens, il a remercié le président de la République pour son ouverture d’esprit et sa volonté de rassembler toutes les forces vives de la nation autour des valeurs essentielles, socles d’un Sénégal émergent qu’il appelle de ses vœux. Au chapitre des doléances, la communauté maure a réclamé une place dans le paysage audiovisuel national en langue « Hassanya », une usine de tannerie, des formations professionnelles ainsi que des subventions pour accompagner leurs projets créateurs d’emplois en faveur des jeunes et des femmes.
En réponse aux intervenants, le président de la République leur a assuré de sa volonté d’œuvrer avec son gouvernements pour une meilleure intégration des maures dans la vie et le paysage sénégalais.
« Vous êtes des Sénégalais à part entière. Vous avez les mêmes droits et les mêmes devoirs valables pout tout citoyen de notre pays », a affirmé Macky Sall, engagé a combattre la discrimination sous toutes ses formes. Honorés et grandis, les maures ont pris congé de leur hôte avec un grand sentiment de satisfaction et de fierté. Mme Yaye Awa Diop Mbacké, présidente nationale des femmes de l’Apr en France, vice-consul général du Sénégal à Paris et instigateur de cette rencontre a appelé les maures du Sénégal à fédérer leurs forces pour soutenir et accompagner la politique du président Sall.
Yaye Awa Diop Mbacké a également demandé aux guides religieux descendants de Cheikhna Cheikh Saad Bouh de prier spécialement pour la réussite du président de la République et l’accomplissement de ses projets dans la paix et la stabilité au Sénégal.
Correspondance d’Ousmane Noël MBAYE
Auteur: Le Soleil – Le Soleil
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