Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 29/10/2015

Éducation/rapport 2015 « The Global Competitiveness Report : La Mauritanie, dernier de la classe

Malgré les milliards investis dans e système éducatif dans le cadre du méga-programme du Projet d’appui au programme national de développement du système éducatif (PNDSE, 2001-2020) ,la Mauritanie reste à la traine et son système moribond est classé parmi les plus exécrables de la planète.

C’est ainsi que notre pays trône lamentablement à la queue du rapport 2015 « The Global Competitiveness Report »(GCI), publié par le Forum Économique Mondial.
La Mauritanie occupe la 134ème place sur 140 pays.
Ce rapport publié annuellement évalue la qualité des systèmes éducatifs dans le monde sur la base d’une quarantaine de critères objectifs.
Ce résultat somme toute catastrophique met à nu le délabrement de notre système éducatif et devrait mettre la puce à l’oreille des autorités de tutelle qui ont le devoir de cesser de jouer à l’autruche en occultant la réalité et de prendre des mesures concrètes et énergiques pour tenter de circonscrire le mal.
Rien ne sert de continuer la fuite en avant en essayant de colmater les brèches béantes en se fondant sur une politique bâtie sur l’improvisation et l’amateurisme.
Le ministère de l’éducation est truffé de compétences qui ne demandent qu’à être fructifiés et les moyens ne manquent pas mais, il se trouve que la politisation à outrance du système le condamne à s’enfoncer dans les abysses des ténèbres.
Donc, pour redresser la barre, il va falloir procéder à une cure anti politicienne et faire appel aux compétences avérées en appliquant une politique rigoureuse et sans concessions.
Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourrait redresser notre école, une école moribonde qui aujourd’hui traine l’image du pays dans la boue.
Bakari Guèye

http://bakary.mondoblog.org/education-la-mauritanie-dernier-de-la-classe/-/782?utm_campaign=shareaholic&utm_medium=twitter&utm_source=socialnetwork

La tentative de coup d’Etat du 22 octobre 1987 : L’intention vaut-elle l’acte ? / Par le colonle (E/R) Oumar Ould Beibacar

 

altLe noyau concepteur du coup d’Etat est né fin 1986-début 1987. Il était composé de six lieutenants : Sarr Amadou, Diacko Abdoul Kérim, Boye Alassane Harouna, Bâ Abdoul Khoudouss, Bâ Seydi et Sy Saïdou.  Le lieutenant Sarr Amadou en était le chef, l’animateur et le coordinateur. De multiples erreurs, fautes et dérives avaient fait que beaucoup de personnes s’étaient retrouvées embarquées dans cette affaire sans y être conviées.

Au départ, il s’agit donc d’un groupe restreint de six officiers, contaminés par le syndrome putschiste local, déjà endémique. Leur première option était de construire patiemment et progressivement une solide organisation militaire clandestine au niveau national, puis, le moment venu, envisager un coup d’État. La deuxième option, plus classique, celle d’agir en déclenchant immédiatement le putsch, l’emporta et aboutit aux résultats, que l’on sait.

Leur objectif était de prendre le pouvoir, en contrôler la réalité, jouer à fonds la carte de l’apaisement, rassurer le pays et les Mauritaniens, tout en préservant le pouvoir conquis. C’est dans ce sens que le colonel Mohamed ould Lekhal était pressenti pour occuper la fonction de chef d’État-major de l’armée nationale. Il avait été jugé que cet officier était intègre, qu’il avait de l’aura et qu’il pourrait, sous contrôle, incarner l’autorité nécessaire à la consolidation du nouveau pouvoir. Le principe du partage du pouvoir avec les arabo-berbères était retenu. Mais son contenu et ses modalités restaient à définir. Changer le nom du pays, le nom de la monnaie nationale, tout cela n’est que de l’affabulation. Des mensonges diffusés par les renseignements généraux pour diaboliser les conspirateurs, largement repris par Jeune Afrique à l’époque.

 

Victimes d’injustice

 

Au bout du compte c’est un commissaire de police, treize officiers dont deux capitaines et 11 lieutenants parmi lesquels deux de la gendarmerie, 21 sous-officiers comprenant cinq de la gendarmerie et deux de la Garde nationale, les brigadiers Djibril Ali Malik Sy dit Samuel Do et Kane Ibrahima qui seront reconnus coupables et condamnés par la cour spéciale de justice le 3 décembre 1987. Tous négro-mauritaniens, recrutés pour la plupart en pleine guerre du Sahara, issus, en majorité, de la féodalité toucouleur, victimes de beaucoup d’injustice et de discrimination dans leurs promotions, dans leurs avancements, dans leurs mutations, dans leur vie sociale et professionnelle de tous les jours. Ils avaient agi par orgueil, plus pour défendre leur dignité que pour autre chose.

 

L’histoire démontrera un jour que ces officiers étaient de braves guerriers, honnêtes, bons croyants, bons citoyens, fiers d’appartenir à cette Mauritanie et dépourvus de sentiments racistes ou ségrégationnistes quelconques. Ils ont été victimes malheureusement de cette redoutable et impitoyable justice d’exception, expéditive et aux ordres, qui a condamné puis exécuté à la hâte ce dimanche 6 décembre 1987, soixante-douze heures seulement après la lecture du verdict, trois officiers considérés comme les chefs de ce groupe, avec pour motif principal d’être les premiers à se réunir pour décider du projet du coup d’Etat.

En dehors du redoutable et téméraire lieutenant de la Marine, aucun des deux autres n’avait un commandement au moment de cette « tentative », le lieutenant Sarr Amadou était en mission d’inspection à Nouadhibou pour le compte de la direction du matériel et le lieutenant Sy Saidou, qui revenait d’Espagne où il effectuait un stage d’application, était encore à l’état-major de la Gendarmerie, en instance de mutation. Le reste du groupe a été condamné à des peines allant de la perpétuité à 5 ans de prison ferme. Seuls sept parmi eux dont le colonel ANNE Amadou Babaly, le taciturne, ont été reconnus non coupables. « Il suffit d’ajouter ‘’militaire’’ à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi, la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique, …», disait Clemenceau.

Certains putschistes accusent un officier de la gendarmerie servant hors de la garnison de Nouakchott, d’autres accusent un officier de la marine de les avoir dénoncés par le biais du BED ou du ministère de l’Intérieur. Mais l’hypothèse la plus vraisemblable accuse un sous-officier de la gendarmerie, de l’escadron de la sécurité présidentielle, qui aurait vendu la mèche par l’intermédiaire du commandant, directeur du cabinet militaire, qui aurait présenté l’intéressé directement devant le  président du CMSN afin de déjouer la conspiration en procédant immédiatement à l’arrestation des meneurs.

Enorme bavure

Il semble que c’est cette vigilance exceptionnelle, qui a fait défaut aux différents services des renseignements des forces armées et de sécurité, Police, Armée, Gendarmerie et  Garde qui n’ont rien vu venir malgré les moyens mis à leur disposition, qui est à l’origine de  la propulsion de cet officier supérieur au poste de ministre des affaires étrangères, puis au poste de ministre de l’intérieur avant d’être chargé de conduire la démocratisation militaire, pour ne pas dire la tribalisation de la Mauritanie, qui aboutira au CMSN ère nouvelle, période qui va durer jusqu’au 3 aout 2005.

Si le projet de ces putschistes d’octobre 1987 avait été dénoncé, en dehors de la période d’exception, ils auraient été tout simplement traduits devant un conseil de discipline et rayés des contrôles des forces armées nationales. L’exécution de ces trois officiers constitue incontestablement, la plus grande bavure du régime d’exception. Il n’est pas évident que ce groupe d’officiers ait commis une quelconque infraction au code pénal car l’infraction se compose de trois éléments : un élément légal, un élément moral et un élément matériel.

Or dans leur cas, l’élément matériel et l’élément légal qui sont déterminants, sont absents. Il n’y avait pas eu d’élément matériel, dans la mesure où il n’y avait pas eu début d’exécution,car l’article 88 stipule : « Lorsque l’une des infractions prévues aux articles 83, 85, 86 et 87 aura été exécutée ou simplement tentée avec usage d’armes, la peine sera la mort. » ; tenter c’est commencer en vue de réussir. Il n’y avait pas eu de tentative puisqu’il n’y avait pas eu de commencement. Le 8 juin 2003, il y avait eu une tentative avec usage des armes, puisqu’il y avait eu début d’exécution.

Il n’y avait pas non plus d’élément légal, puisque les attentats ou complots objets des articles 83 à 87 du code pénal, ne sont considérés comme infractions contre l’autorité de l’Etat, que « quand ils sont dirigés contre des régimes constitutionnels ». Or le 22 octobre 1987, la Mauritanie était dirigée par un régime d’exception, usurpateur, qui avait dissout la constitution et qui gouvernait en maître absolu, comme dans un territoire conquis. Certes il y avait bien une intention de prendre le pouvoir par la force qui constitue l’élément moral mais il n’est pas suffisant pour constituer l’infraction.

L’exécution de ces trois officiers constitue donc un assassinat extrajudiciaire, assimilable à un accident de travail comme pour le cas, de deux de leurs compagnons, morts de mauvais traitements et de malnutrition dans le mouroir d’Oualata. Dans ce cas l’Etat mauritanien doit payer la diya aux ayant-droits, et les intéressés doivent tous figurer en bonne place sur la liste de nos martyrs. Les martyrs de la nation. Les autres victimes rescapées doivent aussi obtenir une juste réparation pour tous les malheurs qu’ils ont subis, y compris pour l’exil.

Les véritables acteurs, qui pouvaient agir efficacement ce 22 octobre et qui avaient échappé miraculeusement à la peine capitale, étaient le capitaine Sy Bocar, directeur adjoint du cabinet militaire et les lieutenants Ngaidé Aliou Moktar, commandant de l’escadron de sécurité présidentielle qui aurait eu pour mission de neutraliser le président du CMSN et ses proches collaborateurs, Dia Abdarrahmane, officier de permanence à l’état-major national, Kane Mamadou de la 6ème région militaire, et  Diacko Abdoul Kerim du 1er BCP.

Le cas du colonel ANNE Amadou Babaly    

Le colonel ANNE est un brillant intendant, l’un des pères fondateurs de l’armée nationale, réputé pour son intelligence, sa modestie, sa courtoisie et surtout pour son honnêteté intellectuelle. C’est lui qui, deux années auparavant presque jour pour jour, le 29 octobre 1985, avait décliné poliment l’offre du chef de l’Etat le nommant chef d’état-major national, en remplacement de son frère, feu le colonel Yall Abdoulaye, au prétexte qu’en sa qualité d’intendant il n’était pas le mieux indiqué pour commander l’armée nationale. Il avait proposé au président de nommer à sa place, le colonel Jibril Ould Abdallahi  qui avait, selon lui, de meilleures prédispositions pour cet emploi. C’est ainsi que ce dernier avait été nommé le même jour, chef   d’état-major national.

Cette réaction digne et spontanée, on ne peut plus correcte, faite dans le bureau du chef de l’Etat et en présence du colonel Jibril, démontre à elle seule que cet excellent officier n’avait aucune ambition pour prendre le pouvoir par la force, et qu’il n’était animé d’aucun sentiment sectaire ou ségrégationniste quelconque.   Au contraire, ce comportement montre toute la noblesse de l’homme, sa très grande vertu, son sens élevé de l’honneur, du devoir, de la fraternité, de l’amitié, et son respect absolu de la déontologie de l’officier. 

Aveuglé par le pouvoir, le président du CMSN avait oublié ce noble geste du 29 octobre 1985, et avait cherché en vain, à compromettre inutilement, son compagnon d’armes, dans cette désagréable aventure.

Ainsi, ce grand officier s’était trouvé en très mauvaise posture, devant une confrontation surréaliste, qu’on lui imposait avec de jeunes officiers dont la plupart pouvaient être ses enfants, et qui n’étaient liés à lui que par le respect dû à son rang, à son âge et à la considération réciproque, sentiments très appréciés en milieu poular. A l’issue de cette épreuve difficile, le colonel Anne   était sorti grandi.

Le héros

Le lieutenant Bâ Seydi de la Marine Nationale condamné à mort, s’était particulièrement distingué par son orgueil, son courage et sa témérité depuis l’enquête préliminaire jusqu’au poteau d’exécution. Pendant la phase instruction, lorsqu’il avait été confronté avec certains de ses subordonnés, il avait dit au juge d’instruction : « Monsieur le juge, mon honneur d’officier m’empêche d’accepter d’être contredit par mes subordonnés, c’est pourquoi je vous demande de considérer comme vrai tout ce qu’ils vous disent me concernant ». Après le verdict, il avait dit à ses avocats : « On avait aucune intention de massacrer qui que ce soit, mais on avait bien l’intention de prendre le pouvoir par la force. Et si c’était à refaire, je suis prêt à recommencer. »

A quelques minutes de son exécution, on lui avait demandé, comme en pareille circonstance, s’il avait quelque chose à dire ou des souhaits à formuler. L’audacieux lieutenant a répondu sereinement à son avocat maître Mohamed Cheine Ould Mouhamadou, avant de regagner le poteau d’exécution: “Oui maître, j’ai deux commissions et un témoignage. La première commission concerne mes parents, ma mère et mon père. Ils sont venus de Boghé et ont beaucoup souffert en apprenant mon arrestation. Ils souffriront encore plus en apprenant mon exécution, je te demande d’aller les voir pour leur demander de me pardonner. La deuxième commission concerne mon frère qui travaille dans une banque de la place, il faut le voir pour qu’il paye une dette de 7000 ouguiya à mon créancier, un boutiquier aux environs de l’hôpital national. Quant au témoignage je voudrais vous prendre à témoins.”  Puis il prononça la chahada en arabe: «J’atteste qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que Mohamed est son prophète.”

L’avocat lui avait promis de payer lui-même cette dette et qu’il ferait sa commission pour ses parents immédiatement.

Attachés tous les trois sur les poteaux d’exécution, tenus en joue par trois tireurs à une distance de six mètres, les trois officiers attendaient dignement la fin de leur vie qui ne tenait plus qu’à un ordre du chef du peloton d’exécution. Puis vint le moment fatidique: ” Feu.”  Les trois premiers coups partirent, le tireur chargé de tuer le lieutenant BA Seidi le blessa à la hanche, l’officier aurait dit, selon plusieurs témoins, à son bourreau : « Tu m’as blessé, lève le tir, vise très bien ». Seidi BAH. Seidi BAH. Seidi BAH.

Par ce comportement exceptionnellement courageux, ce martyr originaire du Fouta, avait démontré qu’il existait en Mauritanie le 6 décembre 1987 à Nouakchott, des hommes qui avaient, devant l’épreuve de la mort, autant de témérité que le martyr Saddam Hussein exécuté par pendaison le 30 décembre 2006 à  Baghdad. Enfin, les trois officiers rendirent leur dernier souffle en implorant Allah au cri d’Allah Akbar, Allah Akbar, Allah Akbar. LA ILAHA ILLA ALLAH MOHAMEDOUNE RASSOULOU ALLAH.

Puisse ALLAH le tout puissant, accueillir nos martyrs dans son paradis. Puisse-t-il faire que la Mauritanie se réconcilie  un jour avec ses enfants du Fouta, du Walo et du Guidimagha.

 

 

le calame

Le noyau concepteur du coup d’Etat est né fin 1986-début 1987. Il était composé de six lieutenants : Sarr Amadou, Diacko Abdoul Kérim, Boye Alassane Harouna, Bâ Abdoul Khoudouss, Bâ Seydi et Sy Saïdou.  Le lieutenant Sarr Amadou en était le chef, l’animateur et le coordinateur. De multiples erreurs, fautes et dérives avaient fait que beaucoup de personnes s’étaient retrouvées embarquées dans cette affaire sans y être conviées.

Au départ, il s’agit donc d’un groupe restreint de six officiers, contaminés par le syndrome putschiste local, déjà endémique. Leur première option était de construire patiemment et progressivement une solide organisation militaire clandestine au niveau national, puis, le moment venu, envisager un coup d’État. La deuxième option, plus classique, celle d’agir en déclenchant immédiatement le putsch, l’emporta et aboutit aux résultats, que l’on sait.

Leur objectif était de prendre le pouvoir, en contrôler la réalité, jouer à fonds la carte de l’apaisement, rassurer le pays et les Mauritaniens, tout en préservant le pouvoir conquis. C’est dans ce sens que le colonel Mohamed ould Lekhal était pressenti pour occuper la fonction de chef d’État-major de l’armée nationale. Il avait été jugé que cet officier était intègre, qu’il avait de l’aura et qu’il pourrait, sous contrôle, incarner l’autorité nécessaire à la consolidation du nouveau pouvoir. Le principe du partage du pouvoir avec les arabo-berbères était retenu. Mais son contenu et ses modalités restaient à définir. Changer le nom du pays, le nom de la monnaie nationale, tout cela n’est que de l’affabulation. Des mensonges diffusés par les renseignements généraux pour diaboliser les conspirateurs, largement repris par Jeune Afrique à l’époque.

 

Victimes d’injustice

 

Au bout du compte c’est un commissaire de police, treize officiers dont deux capitaines et 11 lieutenants parmi lesquels deux de la gendarmerie, 21 sous-officiers comprenant cinq de la gendarmerie et deux de la Garde nationale, les brigadiers Djibril Ali Malik Sy dit Samuel Do et Kane Ibrahima qui seront reconnus coupables et condamnés par la cour spéciale de justice le 3 décembre 1987. Tous négro-mauritaniens, recrutés pour la plupart en pleine guerre du Sahara, issus, en majorité, de la féodalité toucouleur, victimes de beaucoup d’injustice et de discrimination dans leurs promotions, dans leurs avancements, dans leurs mutations, dans leur vie sociale et professionnelle de tous les jours. Ils avaient agi par orgueil, plus pour défendre leur dignité que pour autre chose.

 

L’histoire démontrera un jour que ces officiers étaient de braves guerriers, honnêtes, bons croyants, bons citoyens, fiers d’appartenir à cette Mauritanie et dépourvus de sentiments racistes ou ségrégationnistes quelconques. Ils ont été victimes malheureusement de cette redoutable et impitoyable justice d’exception, expéditive et aux ordres, qui a condamné puis exécuté à la hâte ce dimanche 6 décembre 1987, soixante-douze heures seulement après la lecture du verdict, trois officiers considérés comme les chefs de ce groupe, avec pour motif principal d’être les premiers à se réunir pour décider du projet du coup d’Etat.

En dehors du redoutable et téméraire lieutenant de la Marine, aucun des deux autres n’avait un commandement au moment de cette « tentative », le lieutenant Sarr Amadou était en mission d’inspection à Nouadhibou pour le compte de la direction du matériel et le lieutenant Sy Saidou, qui revenait d’Espagne où il effectuait un stage d’application, était encore à l’état-major de la Gendarmerie, en instance de mutation. Le reste du groupe a été condamné à des peines allant de la perpétuité à 5 ans de prison ferme. Seuls sept parmi eux dont le colonel ANNE Amadou Babaly, le taciturne, ont été reconnus non coupables. « Il suffit d’ajouter ‘’militaire’’ à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi, la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique, …», disait Clemenceau.

Certains putschistes accusent un officier de la gendarmerie servant hors de la garnison de Nouakchott, d’autres accusent un officier de la marine de les avoir dénoncés par le biais du BED ou du ministère de l’Intérieur. Mais l’hypothèse la plus vraisemblable accuse un sous-officier de la gendarmerie, de l’escadron de la sécurité présidentielle, qui aurait vendu la mèche par l’intermédiaire du commandant, directeur du cabinet militaire, qui aurait présenté l’intéressé directement devant le  président du CMSN afin de déjouer la conspiration en procédant immédiatement à l’arrestation des meneurs.

Enorme bavure

Il semble que c’est cette vigilance exceptionnelle, qui a fait défaut aux différents services des renseignements des forces armées et de sécurité, Police, Armée, Gendarmerie et  Garde qui n’ont rien vu venir malgré les moyens mis à leur disposition, qui est à l’origine de  la propulsion de cet officier supérieur au poste de ministre des affaires étrangères, puis au poste de ministre de l’intérieur avant d’être chargé de conduire la démocratisation militaire, pour ne pas dire la tribalisation de la Mauritanie, qui aboutira au CMSN ère nouvelle, période qui va durer jusqu’au 3 aout 2005.

Si le projet de ces putschistes d’octobre 1987 avait été dénoncé, en dehors de la période d’exception, ils auraient été tout simplement traduits devant un conseil de discipline et rayés des contrôles des forces armées nationales. L’exécution de ces trois officiers constitue incontestablement, la plus grande bavure du régime d’exception. Il n’est pas évident que ce groupe d’officiers ait commis une quelconque infraction au code pénal car l’infraction se compose de trois éléments : un élément légal, un élément moral et un élément matériel.

Or dans leur cas, l’élément matériel et l’élément légal qui sont déterminants, sont absents. Il n’y avait pas eu d’élément matériel, dans la mesure où il n’y avait pas eu début d’exécution,car l’article 88 stipule : « Lorsque l’une des infractions prévues aux articles 83, 85, 86 et 87 aura été exécutée ou simplement tentée avec usage d’armes, la peine sera la mort. » ; tenter c’est commencer en vue de réussir. Il n’y avait pas eu de tentative puisqu’il n’y avait pas eu de commencement. Le 8 juin 2003, il y avait eu une tentative avec usage des armes, puisqu’il y avait eu début d’exécution.

Il n’y avait pas non plus d’élément légal, puisque les attentats ou complots objets des articles 83 à 87 du code pénal, ne sont considérés comme infractions contre l’autorité de l’Etat, que « quand ils sont dirigés contre des régimes constitutionnels ». Or le 22 octobre 1987, la Mauritanie était dirigée par un régime d’exception, usurpateur, qui avait dissout la constitution et qui gouvernait en maître absolu, comme dans un territoire conquis. Certes il y avait bien une intention de prendre le pouvoir par la force qui constitue l’élément moral mais il n’est pas suffisant pour constituer l’infraction.

L’exécution de ces trois officiers constitue donc un assassinat extrajudiciaire, assimilable à un accident de travail comme pour le cas, de deux de leurs compagnons, morts de mauvais traitements et de malnutrition dans le mouroir d’Oualata. Dans ce cas l’Etat mauritanien doit payer la diya aux ayant-droits, et les intéressés doivent tous figurer en bonne place sur la liste de nos martyrs. Les martyrs de la nation. Les autres victimes rescapées doivent aussi obtenir une juste réparation pour tous les malheurs qu’ils ont subis, y compris pour l’exil.

Les véritables acteurs, qui pouvaient agir efficacement ce 22 octobre et qui avaient échappé miraculeusement à la peine capitale, étaient le capitaine Sy Bocar, directeur adjoint du cabinet militaire et les lieutenants Ngaidé Aliou Moktar, commandant de l’escadron de sécurité présidentielle qui aurait eu pour mission de neutraliser le président du CMSN et ses proches collaborateurs, Dia Abdarrahmane, officier de permanence à l’état-major national, Kane Mamadou de la 6ème région militaire, et  Diacko Abdoul Kerim du 1er BCP.

Le cas du colonel ANNE Amadou Babaly    

Le colonel ANNE est un brillant intendant, l’un des pères fondateurs de l’armée nationale, réputé pour son intelligence, sa modestie, sa courtoisie et surtout pour son honnêteté intellectuelle. C’est lui qui, deux années auparavant presque jour pour jour, le 29 octobre 1985, avait décliné poliment l’offre du chef de l’Etat le nommant chef d’état-major national, en remplacement de son frère, feu le colonel Yall Abdoulaye, au prétexte qu’en sa qualité d’intendant il n’était pas le mieux indiqué pour commander l’armée nationale. Il avait proposé au président de nommer à sa place, le colonel Jibril Ould Abdallahi  qui avait, selon lui, de meilleures prédispositions pour cet emploi. C’est ainsi que ce dernier avait été nommé le même jour, chef   d’état-major national.

Cette réaction digne et spontanée, on ne peut plus correcte, faite dans le bureau du chef de l’Etat et en présence du colonel Jibril, démontre à elle seule que cet excellent officier n’avait aucune ambition pour prendre le pouvoir par la force, et qu’il n’était animé d’aucun sentiment sectaire ou ségrégationniste quelconque.   Au contraire, ce comportement montre toute la noblesse de l’homme, sa très grande vertu, son sens élevé de l’honneur, du devoir, de la fraternité, de l’amitié, et son respect absolu de la déontologie de l’officier. 

Aveuglé par le pouvoir, le président du CMSN avait oublié ce noble geste du 29 octobre 1985, et avait cherché en vain, à compromettre inutilement, son compagnon d’armes, dans cette désagréable aventure.

Ainsi, ce grand officier s’était trouvé en très mauvaise posture, devant une confrontation surréaliste, qu’on lui imposait avec de jeunes officiers dont la plupart pouvaient être ses enfants, et qui n’étaient liés à lui que par le respect dû à son rang, à son âge et à la considération réciproque, sentiments très appréciés en milieu poular. A l’issue de cette épreuve difficile, le colonel Anne   était sorti grandi.

Le héros

Le lieutenant Bâ Seydi de la Marine Nationale condamné à mort, s’était particulièrement distingué par son orgueil, son courage et sa témérité depuis l’enquête préliminaire jusqu’au poteau d’exécution. Pendant la phase instruction, lorsqu’il avait été confronté avec certains de ses subordonnés, il avait dit au juge d’instruction : « Monsieur le juge, mon honneur d’officier m’empêche d’accepter d’être contredit par mes subordonnés, c’est pourquoi je vous demande de considérer comme vrai tout ce qu’ils vous disent me concernant ». Après le verdict, il avait dit à ses avocats : « On avait aucune intention de massacrer qui que ce soit, mais on avait bien l’intention de prendre le pouvoir par la force. Et si c’était à refaire, je suis prêt à recommencer. »

A quelques minutes de son exécution, on lui avait demandé, comme en pareille circonstance, s’il avait quelque chose à dire ou des souhaits à formuler. L’audacieux lieutenant a répondu sereinement à son avocat maître Mohamed Cheine Ould Mouhamadou, avant de regagner le poteau d’exécution: “Oui maître, j’ai deux commissions et un témoignage. La première commission concerne mes parents, ma mère et mon père. Ils sont venus de Boghé et ont beaucoup souffert en apprenant mon arrestation. Ils souffriront encore plus en apprenant mon exécution, je te demande d’aller les voir pour leur demander de me pardonner. La deuxième commission concerne mon frère qui travaille dans une banque de la place, il faut le voir pour qu’il paye une dette de 7000 ouguiya à mon créancier, un boutiquier aux environs de l’hôpital national. Quant au témoignage je voudrais vous prendre à témoins.”  Puis il prononça la chahada en arabe: «J’atteste qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que Mohamed est son prophète.”

L’avocat lui avait promis de payer lui-même cette dette et qu’il ferait sa commission pour ses parents immédiatement.

Attachés tous les trois sur les poteaux d’exécution, tenus en joue par trois tireurs à une distance de six mètres, les trois officiers attendaient dignement la fin de leur vie qui ne tenait plus qu’à un ordre du chef du peloton d’exécution. Puis vint le moment fatidique: ” Feu.”  Les trois premiers coups partirent, le tireur chargé de tuer le lieutenant BA Seidi le blessa à la hanche, l’officier aurait dit, selon plusieurs témoins, à son bourreau : « Tu m’as blessé, lève le tir, vise très bien ». Seidi BAH. Seidi BAH. Seidi BAH.

Par ce comportement exceptionnellement courageux, ce martyr originaire du Fouta, avait démontré qu’il existait en Mauritanie le 6 décembre 1987 à Nouakchott, des hommes qui avaient, devant l’épreuve de la mort, autant de témérité que le martyr Saddam Hussein exécuté par pendaison le 30 décembre 2006 à  Baghdad. Enfin, les trois officiers rendirent leur dernier souffle en implorant Allah au cri d’Allah Akbar, Allah Akbar, Allah Akbar. LA ILAHA ILLA ALLAH MOHAMEDOUNE RASSOULOU ALLAH.

Puisse ALLAH le tout puissant, accueillir nos martyrs dans son paradis. Puisse-t-il faire que la Mauritanie se réconcilie  un jour avec ses enfants du Fouta, du Walo et du Guidimagha.

Entretien avec Dr Dia Alassane président de Touche pas à ma nationalité

Entretien avec Dr Dia Alassane président de Touche pas à ma nationalitéSensibilisé très tôt à la politique pour avoir assisté en témoin à la campagne de chasse à l’homme initiée par le régime de Ould Taya contre l’élite intellectuelle négro-africaine en 1986, Alassane Dia s’engagera dès sa majorité en mettant sa plume d’étudiant et d’apprenti journaliste au service de ses convictions.

Longtemps absent de la Mauritanie pour des raisons liées à ses études qui le mèneront en Tunisie, où il obtient son DEA de Linguistique puis en France où il décrochera son diplôme de doctorat en sciences du langage, ce natif d’Aleg, ayant grandi à Nouadhibou, ne renoncera jamais à servir son pays, puisque, après avoir exercé le métier d’enseignant chercheur à l’Université de Manouba en Tunisie pendant dix ans, il décide de rentrer en Mauritanie en 2009 pour mettre ses compétences au service de l’Université de Nouakchott, où il occupe le poste de Chef du département de langues nationales et linguistique.

Ce retour est aussi dicté par son besoin de participer de l’intérieur à la lutte pour l’avènement d’une Mauritanie débarrassée des démons du racisme et de l’esclavage, d’une Mauritanie une et plurielle qui mettrait tous ses enfants sur un même pied d’égalité.

C’est donc tout naturellement que, avec d’autres camarades, il fondera, en 2010, Conscience Citoyenne, entité politique émergente, qui se fondra avec d’autres organisations pour former le Mouvement « Touche pas à ma nationalité» à la faveur de l’opération d’enrôlement jugé trop raciste et discriminatoire à l’égard des populations noires du pays lancée en mai 2011.

Notre site Essirage.net a rencontré pour vous DR Alassane Dia, président du mouvement TPMN, qui malgré sont calendrier trop chargé a voulu aimablement nous accorder cet entretien. Qu’il en soit remercié.

Essirage.net : Depuis 2011, le mouvement TPMN intègre dans son combat les problèmes des negro-Mauritaniens. Aujourd’hui quel bilan faites-vous de ce combat ?

Dr Dia Alassane : C’est vrai que Touche pas à ma nationalité s’est d’abord fait connaître à travers son combat contre l’enrôlement raciste et discriminatoire initié par le régime de Mohammed Abdel Aziz, enrôlement qui continue à créer à dessein des apatrides parmi les Noirs de Mauritanie, en leur refusant toute possibilité d’acquérir les nouveaux documents d’état civil.

Mais lutter contre le caractère raciste et discriminatoire de l’enrôlement ne suffit pas pour changer la donne en Mauritanie. L’enrôlement est quelque chose de conjoncturel alors que le nœud du problème mauritanien est d’ordre structurel, le véritable problème est celui de la cohabitation entre nos différentes composantes nationales qui, si l’on n’y prend garde, risque de conduire le pays à l’implosion.

C’est donc tout naturellement que TPMN qui se bat pour l’égalité de tous les Mauritaniens, pour qu’il n’y ait plus de Mauritaniens de seconde zone, intègre l’ensemble des dimensions du problème de la cohabitation.

Une Mauritanie juste serait une Mauritanie où chacune de nos composantes se reconnaîtrait dans le pouvoir, où les langues du pays et les cultures qu’elles véhiculent seraient mises sur le même pied d’égalité, où les richesses nationales seraient équitablement réparties, où les terres de la vallée ne seraient plus spoliées au profit d’hommes d’affaires véreux ou de multinationales.

C’est pour cette Mauritanie débarrassée des tares de l’exclusion liée à l’appartenance raciale, ethnique ou tribale, débarrassée du déni d’humanité que constitue la honteuse pratique de l’esclavage, c‘est pour cette Mauritanie là que se bat TPMN.

Le chemin est encore long pour y arriver mais nous avons eu le mérite, avec d’autres, de reposer avec acuité le péché originel de la Mauritanie que constitue l’exclusion des Noirs des premières années de l’indépendance à nos jours.

Essirage.net : quelles actions concrètes avez-vous réussies pour l’enrôlement des mauritaniens à l’intérieur du pays et à l’étranger, pour le retour des rapatriés, la résolution du passif humanitaire et contre l’accaparement des terres de la vallée?

Dr Dia Alassane : Nous pouvons dire sans risque de nous tromper que nous avons réussi à alerter l’opinion nationale et internationale quant au caractère raciste de l’enrôlement et nos manifestations ont contraint le pouvoir à revoir sa copie en assouplissant la procédure qui rejetait systématiquement les Noirs, et même les plus illustres d’entre eux.

Il n’est un secret pour personne qu’au tout début de l’enrôlement des personnalités noires de premier plan qui ont joué les premiers rôles à l’indépendance du pays et d’autres qui, par la suite, ont occupé les plus hautes fonctions de l’Etat ont été rejetés et considérés comme de vulgaires usurpateurs de la nationalité mauritanienne. Si cela a pu se passer pour de telles personnalités que dire du citoyen lambda originaire de la vallée.

La mobilisation de TPMN a sans doute permis d’améliorer les choses en ouvrant les portes de l’enrôlement à la grande masse des populations noires du pays. Cela ne veut pas pour autant dire que le combat contre le génocide biométrique que constitue cet enrôlement est terminé.

La volonté de réduire la composante noire des listes de l’état civil à sa plus simple expression est toujours là et continue à faire des dégâts, même si ce n’est plus de manière aussi systématique qu’au début.

Pour l’enrôlement des Mauritaniens de l’Europe, le mérite de la victoire contre l’exigence de la présentation de la carte de séjour du pays d’accueil pour tout candidat à l’enrôlement revient en premier aux organisations de la diaspora, par leur mobilisation hebdomadaire pendant deux ans devant les locaux de l’ambassade de Mauritanie à Paris.

Mais nous avons toujours travaillé en synergie avec eux en continuant de mener la pression à l’interne en parallèle à ce qu’ils faisaient en France et nous avons eu l’opportunité d’être à leurs côtés lors du sit in historique de la victoire, le 21 août 2014 devant l’ambassade de Mauritanie à Paris.

Quant aux questions relatives aux rapatriés et à l’accaparement des terres, il est difficile de parler de résultats concrets et immédiatement palpables dans la lutte que nous menons qui est une lutte qui s’inscrit nécessairement dans la durée.

Mais nous travaillons à la sensibilisation des rapatriés, devenus des réfugiés dans leur propre pays puisque confinés dans des camps d’infortune, souvent en face des terres de leurs ancêtres qui leur sont interdites puisque occupées et exploitées par d’autres.

Nous les avons accompagnés lors de leur marche historique de Boghé à Nouakchott en avril – mai 2014 pour dénoncer la misère a laquelle ils semblent irrémédiablement condamnés par l’Etat et sa logique raciste et esclavagiste. Nous continuons parallèlement le travail de sensibilisation et de conscientisation des populations de la vallée par rapport à la logique d’expropriation que veut leur imposer le système.

Quant à ce qu’il est convenu d’appeler, par une hypocrisie bien mauritanienne, le passif humanitaire et qui n’est rien d’autre qu’un génocide, il est important qu’il y ait des voix discordantes pour dénoncer le prétendu règlement de la question par le gouvernement.

Mohamed Ould Abdel Aziz doit comprendre que le pardon ne se décrète pas et que la dignité des victimes et des ayant droits n’est pas à monnayer. La vérité doit être établie sur ce qui s’est passé.

Les responsables présumés de ces crimes innommables sont non seulement protégés par la loi scélérate d’amnistie de 1993 mais, chose encore plus insupportable, ils continuent d’écumer les plus hautes fonctions de l’Etat comme pour continuer à narguer les victimes. TPMN participe, aux côtés des organisations des victimes, à dénoncer cet état de fait et à se battre pour que justice soit rendue.

Essirage.net : suivez-vous de prêt le cas de Lamine Mangane, tué à Maghama lors d’une manifestation de TPMN ? Et ou en est-on de ce dossier au niveau de la justice ?

Dr Dia Alassane : L’assassinat de Lamine Mangane est une suite logique de la loi d’amnistie de 1993 qui est en fait un permis de tuer du noir. Cet adolescent qui manifestait à mains nues a été froidement assassiné par les balles de la gendarmerie de Maghama qui n’a pas hésité à tirer à balles réelles sur une foule de manifestants pacifiques, composée essentiellement d’adolescents, et qui demandaient simplement à être reconnus comme des citoyens à part entière de ce pays et à pouvoir accéder à l’enrôlement.

Si la gendarmerie a fait usage de balles réelles face à ces manifestants, c’est parce qu’il s’agissait de noirs et que cela ne prêterait pas à conséquences vu que les auteurs du génocide sont non seulement protégés mais promus. Lamine Mangane a été abattu et d’autres enfants beaucoup plus jeunes, au nombre de huit, ont été blessés et marqués à vie par les balles de la gendarmerie.

Nous accompagnons la famille dans sa démarche devant le tribunal de Kaédi où la plainte a été déposée. Mais bien que le tireur et le donneur d’ordre aient été identifiés, la plainte n’a connu aucun début d’exécution.

La justice inféodée au système continue à faire de l’obstruction malgré le travail inlassable des avocats de la famille, et le dossier n’a connu aucune évolution jusqu’ici. Il va peut-être falloir porter l’affaire devant des tribunaux internationaux à cause de l’obstruction systématique dont elle fait l’objet en Mauritanie mais cela c’est du ressort des avocats.

Essirage.net : les autorités mauritaniennes organisent ces jours-ci un dialogue ouvert où participent plusieurs tendances : forces politiques, société civile, personnalités etc. Votre mouvement va-t-il y participer ?

Dr Dia Alassane : Pour nous ce semblant de dialogue est tout sauf ouvert. Un dialogue suppose au moins deux parties qui, à défaut d’être antagonistes, sont, pour le moins, distinctes, mais ce que nous avons vu au palais des congrès, en guise de préliminaires, relève du cirque.

Le parti au pouvoir s’y retrouve avec ses satellites dits partis de la majorité et il semble seul à imprimer le tempo. Il y a bien quelques personnalités qui appartenaient à des partis de l’opposition mais comme vous le savez le changement de veste est une seconde nature pour beaucoup de nos politiques.

Nous avons bien été approchés, mais pas de manière directe pour participer à ces assises mais nous avons décliné. Pour nous, un véritable dialogue suppose sur le plan de la forme l’implication de tous : partis politiques, société civile, syndicats, bref toutes les forces vives du pays.

Or il se trouve qu’un personnage aussi incontournable dans l’échiquier politique et celui des droits de l’homme que Biram Dah Abeid est en prison pour ses idées et de fait exclu des assises.

Sur le fond, le dialogue doit porter en priorité sur les voies et moyens de régler définitivement la question de la cohabitation et du vivre ensemble pour sauver le pays ou ce qu’il en reste mais visiblement, telle n’est pas la préoccupation des initiateurs du soit disant dialogue.

Essirage.net : Quelle est la vision de TPMN de l’esclavage ?

Dr Dia Alassane : TPMN est contre toute forme d’avilissement quelle que soient sa nature ou son origine et le pire des avilissements est le déni d’humanité que l’on impose à son semblable en le soumettant à l’esclavage Nous combattons de fait toutes les formes d’esclavage dans tous les démembrements de nos composantes nationales.

Tout comme nous combattons la prégnance des castes dans l’organisation de nos sociétés. Il est inadmissible que, au 21ème siècle, une personne soit discriminée ou stigmatisée a cause de son origine et c’est une honte pour notre pays que de continuer à traîner ces tares là encore aujourd’hui.

Essirage.net : Des militants antiesclavagistes sont toujours retenus en prison par les autorités. Il s’agit de Biram Ould Dah Ould Abeid et son adjoint Brahim Ould Bilal Ramdane. Certains jugent que leur discours est extrémiste et sectaire. Partagez-vous cette opinion ?

Dr Dia Alassane : Non absolument pas. Nous sommes nous-mêmes constamment accusés de développer un discours raciste et extrémiste mais c’est la tactique du voleur qui crie au voleur. Il n’y a pas plus extrémistes et sectaires que ceux qui ont planifié le génocide physique contre les noirs pendant les années de braise et qui ont voulu le poursuivre sous une autre forme, le génocide biométrique que nous vivons actuellement à travers l’enrôlement.

Il n’y a pas plus raciste et sectaire que celui qui réduit son semblable en esclavage, en violation de toutes les lois de la morale humaine et surtout de celles de notre sainte religion. Il ne faut pas qu’on inverse les choses Les racistes, les extrémistes, les sectaires sont ceux qui ont conduit le pays dans l’état où il est aujourd’hui et non pas ceux qui dénoncent cet état de faits.

Essirage.net : le mouvement TPMN est toujours divisé en deux groupes. Un conflit d’intérêt personnel et de leaderships ? Cette scission n’affaiblit-il pas votre combat ?

Dr Dia Alassane : La division à laquelle vous faites allusion a certes, dans un premier temps, refroidi l’élan de nos nombreux militants et sympathisants, mais elle appartient maintenant au passé.

Ceux qui étaient partis avec le premier coordinateur du mouvement sont revenus depuis décembre 2013 et nous avions organisé à ce moment là une conférence de presse pour annoncer la réunification du mouvement.

Il reste que cet ancien coordinateur continue à se présenter au nom du mouvement mais étant donné que nous ne disposons pas de récépissé de reconnaissance officielle de notre mouvement en tant qu’association, nous ne pouvons lutter contre de telles dérives. Mais heureusement que le terrain est là pour séparer le vrai du faux.

Nous continuons à occuper le terrain, à organiser des activités, à travailler en partenariat avec nos alliés naturels, ce qui n’est pas le cas de la supposée autre partie qui n’existe que de nom.

Essirage.net : vous étiez membre actif de « conscience citoyenne », un mouvement jugé proche des FLAM. Certaines informations disent que les FLAM préparaient leur redéploiement à travers vous pour leurs activités de militantisme politique. Est c’est vrai ?

Dr Dia Alassane : Oui, j’étais Président de conscience citoyenne qui a d’abord fait partie du FLERE (Front de Lutte contre l’Esclavage, le Racisme et l’Exclusion) aux côtés de l’IMEJ et de l’IRA, notamment, avant d’être membre fondateur de TPMN aux côtés de la même IMEJ et de deux autres associations.

Nous étions effectivement en parfaite collaboration avec les FLAM pour préparer leur retour organisé en Mauritanie et nous sommes particulièrement fiers d’avoir contribué à ce retour. Les FLAM représentent à nos yeux, sinon les pionniers de la lutte pour une Mauritanie juste et égalitaire, du moins les plus constants dans cette lutte.

Cependant TPMN a choisi le combat citoyen et, en ce sens, il est indépendant de tout parti politique. Notre ambition est de nous situer au- delà des clivages politiques et de réunir en priorité tous ceux qui veulent combattre la politique de l’Etat dont l’objectif avoué est de faire de la Mauritanie un pays exclusivement arabe De fait, nos militants et sympathisants appartiennent à divers partis politiques.

Essirage.net : Merci
Entretien réalisé par Oumar Amadou M’baye

 

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