Monthly Archives: November 2018
L’editorial du Calame: Bons amis…
La nouvelle a fait sensation et ne cesse de faire le buzz dans les media et les réseaux sociaux. Un comité interministériel de sept ministres, présidé par le premier d’entre eux, a attribué, le 5 Octobre dernier, une concession de trente ans, portant sur le financement, la construction et l’exploitation d’un terminal à conteneurs et d’une jetée pétrolière, au port autonome de Nouakchott, à la société ARISE-Mauritanie dont le représentant local ne serait autre que… le beau-fils du président de la République. Deux jours plus tôt, le Comité permanent de la Commission nationale du contrôle des marchés publics, s’était réuni, avec une célérité qu’on ne lui connaît qu’en matière de marchés « sensibles », pour déclarer qu’il n’avait pas d’objection audit projet. La ficelle était pourtant trop grosse. Pourquoi ladite Commission, censée vérifier la régularité de tous les marchés, n’a-t-elle pas pris le temps d’étudier le dossier, demander plus de précisions, se renseigner sur la société et exiger, pourquoi pas, un appel d’offres international, histoire d’attribuer le marché à la société la plus disante, en termes d’investissements, production d’emplois et de retombées financières sur le pays ? Pourquoi OLAM, une société indienne spécialisée dans l’agro-alimentaire, si elle n’a pas bénéficié d’un bon coup de piston ? Partout sur la planète, les ports sont devenus, depuis quelques années, l’objet de luttes acharnées, entre multinationales prêtes à tout pour obtenir leur gestion. Celui de Nouakchott ne déroge pas à la règle. Dans ces conditions, pourquoi n’avoir pas fait jouer la concurrence, si le gouvernement veut en privatiser une partie et n’a que l’intérêt du pays en ligne de mire (CQFD) ? La convention, passée, comme une lettre à la poste et pour cause, ne tarde pas à être exposée sur la place publique. Dans un pays normal, où les gouvernants entretiennent un minimum d’éthique, ce genre de marché donnerait lieu à des démissions en cascade, des procès à la pelle et ses auteurs livrés à la vindicte populaire, pour le restant de leur vie. Mais, en Mauritanie nouvelle, tout est permis – seulement à certains – comme vendre une centrale électrique trente millions d’euros plus cher que ses concurrents, parce qu’on est adossé à un membre du clan, piller les sociétés d’Etat (comme la SNIM qui croule sous le poids de la dette et qui risque de mettre la clé sous le paillasson) ; en fermer certaines, effaçant ainsi toute trace de pillage ; fonder des sociétés ex nihilo et leur attribuer autant de marchés qu’on veut. On pourrait multiplier les exemples à l’infini, tant le pays est en coupe réglée, depuis une décennie. Face au tollé provoqué par l’affaire et en l’absence de réaction officielle, Ould Djay, le ministre de l’Economie et des Finances, l’un des signataires de la convention, donne certaines précisions sur sa page Facebook. Selon lui, la société paiera, au port autonome, cinquante dollars, pour chaque conteneur vingt pieds, et soixante-quinze, pour celui de quarante ; plus deux dollars par mètre cube d’hydrocarbures débarqué. Ce qui permettra, au PANPA, d’engranger cinq cent cinquante millions de dollars en trente ans, soit deux milliards d’anciennes ouguiyas par an. La société réalisera un investissement de trois cents quatre-vingt-dix millions de dollars et créera sept cent cinquante emplois pendant les travaux et cinq cents permanents. Clap, clap ! Tout ceci est bien beau mais… il y a anguille sous roche. C’est-à-dire, toujours la même lancinante question : comment peut-on attribuer marché d’une telle ampleur sans faire jouer la concurrence ? Monsieur le ministre, dites-vous bien qu’il arrivera un jour – imminent, on l’espère – où vous aurez, tous, à rendre comptes. Ils font les bons amis, dit-on. A condition, bien sûr, qu’ils soient eux-mêmes bons…
Ahmed Ould Cheikh
le calame
Le professeur Cheikh Saad Bouh Kamara décoré de l’ordre de Légion d’Honneur
L’Ambassadeur de France, M. Robert Moulié a organisé le 31 octobre 2018 une cérémonie au cours de laquelle il a remis, au nom de la République française, les insignes de Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur au professeur Cheikh Saad Bouh KAMARA. En décorant ainsi le Pr Cheikh Saad Bouh Kamara, l’ambassadeur de France en Mauritanie, Robert Moulié, a salué “un citoyen mauritanien de premier plan”, “une figure majeure du monde académique et scientifique”, “un citoyen du monde” et “un inlassable défenseur des droits de l’Homme”.
M. Moulié est longuement revenu sur le parcours du Professeur Cheikh Saad Bouh Kamara né le 30 mai 1944, à F’Dérick, dans le nord de la Mauritanie, et lauréat en 1998 du prix de la lutte contre l’esclavage décerné par l’organisation abolitionniste Anti-Slavery International, basée à Londres.
Dans un mot, le Professeur Kamara a remercié les autorités françaises pour cette illustre distinction à l’endroit de sa modeste personne nourrie par “un solide fondement de traditions et de multiculturalisme” et née dans “un pays (la Mauritanie) multiséculaire de personnes attirées par le savoir, les connaissances riches et variées mais aussi par ses particularités physiques et son hospitalité légendaire”.
La cérémonie a eu lieu en présence de quelques amis et membres de la famille du récipiendaire. Ce dernier, très ému, s’est déclaré honoré et a tenu à remercier les autorités françaises pour cette distinction.
le calame
LES 28 NOVEMBRE SE SUCCEDENT ET SE RESSEMBLENT : LES NOIRS MAURITANIENS TOUJOURS ENDEUILLES
«Nul n’a le droit d’effacer une page de l’Histoire d’un peuple car un peuple sans histoire est un monde sans âme.». Alain Fokka.
En Mauritanie, les régimes se succèdent et se ressemblent. La transition qui n’a été qu’un véritable complot monté par le service de renseignement de Taya, avec ses connections intérieures et extérieures n’a été qu’un leurre. Elle n’a été qu’une dérive de la politique chaotique du sanguinaire d’Atar. Elle ne fut qu’une étape pour préparer le terrain au fameux général qui avant d’etre a sa station actuelle, propulsera un sieur SIDIOCA depose comme il a ete place! Le régime SIDIOCA, place grace a l’argent public et au personnel Taya, avait aussi révélé le perpétuel complot qui aura reussi a mettre à rude épreuve les positions diverses et divergentes mais aussi les théories et méthodologies, même si, les uns et les autres ne le professent pas ouvertement. Le régime de SIDIOCA n’a été qu’une farce, une petite paranthese, un montage des militaires. Ce montage visait à mettre au service un civil manipulable, corvéable à loisir ; Une parenthèse politique qui n’a apporté à la cuisine raciale que les ingrédients qu’il lui fallait pour se perpétuer……Ce fut, en vérité, une mise en scène ! La preuve ? L’assemblée nationale de SIDIOCA etait intacte ! La COD intacte ! C’est justement là un interminable paradoxe entretenu par des intellectuels cupides des regimes dont le souci est l’accumulation de biens. Chez-nous, en Mauritanie, la vie sociopolitique est un complot permanent et notre temps une EPREUVE d’envergure. Le monde, me disait un sage qui nous a quitté, est dans un état que nous n’avons pas choisi mais que nous avons inventé ! A l’âge de 7 ans, beaucoup se sont retrouvés dans un système d’éducation taillé sur mesure et sans notre consentement. Le système arabisant, assimilé à un «cheval fou» qui écrase tout sur son passage ; Ce système éducatif est érigé comme l’unique politique d’éducation nationale. Aujourd’hui, adultes, nous nous sommes retrouvés dans une société à traditions parfois justes, égalitaires mais le plus souvent injustes et inéquitables qui furent inventées et/ou fabriquées par nos devanciers au nom desquelles, l’esclavage, le racisme, la féodalité, la corruption systémique, les nominations tribales, racistes et claniques. A notre tour, nous avions aidé à pérenniser le système à cause de notre incurie, nos façons de faire et de vivre qui révèlent un manque d”imagination mais plus grave encore le manque de CONVICTION. Hélas, à l’âge de 30 et 40 ans, nous voilà en plein paysage socio-politique sous la dictée de despotes et d’intellectuels stomacaux qui veulent nous achever physiquement et/ou nous soustraire notre conscience. L’émergence de l’UPR, l’invention de la COD et les nominations des noirs de service sont autant de vieilles et nouvelles méthodes des forces du chaos et de l’immobilisme qui avaient, de tout temps, soutenus le criminel Ould Taya. Aujourd’hui, Ould aziz a reconduit excatement l meme personnel. Les douloureux événements mais aussi l’entêtement du régime actuel exige de tous les opposants d’endurer longtemps que possible les intempéries politiques et d’investir longuement le temps sur les questions de fond et les celles de l’UNITE DANS L’ACTION. Sans prétendre arriver à une conclusion eschatologique, nous pouvons affirmer que Le général Ould Aziz en premier, est loin de répondre aux attentes. L’analyse profonde et attentive des actes et agissements ne laissent aucune dose de clémence. Le secteur de l’éducation est pourri à cause d’une arabisation à outrance qui vise l’exclusion des autres composantes à tous les niveaux. Le gouvernement est déséquilibré entre les composantes nationales; 98% d’arabes occupant les postes clefs et les grands établissements publics. L’administration, Idem. La politique agricole est sabotée, la plaine cadavérique de Boghe (avec ces 2 regroupements coopératifs) en est une ILLUSTRATION PARFAITE du sabotage imposé à la vallée du Fleuve mais aussi des divisions intestines qui fragilisent un monde rural meurtri par 21 ans d’une présence de VF et de Zoulous. L’expropriation des terres dans toute la vallee ainsi que les brutalites policeres. La constitution qui vient de subir un “toilettage” est d’essence discriminatoire. L’imposition de cette constitution est un acte de haute trahison contre l’unité nationale. La constitution est claire, l’ARABE est la langue de l’état au mépris des autres langues nationales. les reformettes entreprises visent a pietiner les mauritaniens. En imposant paradoxalement l’arabe, les autorités du qui se sont succédés a la tête du pays favorisent les arabo-berbères et commettent un tort constitutionnel aux autres dans un projet de domination hégémonique déjà enclenché depuis au moins 53 ans. Aujourd’hui la prépondérance des pouvoirs dans les mains des arabes au niveau de tous les secteurs qui structurent l’économie révèle bien un establishment qui se conjugue avec une iniquité abjecte mais aussi une appropriation excessive et pathologique des opportunités laissant aux noirs (tous grades confondus) la minceur d’un droit de vote qui ne signifie absolument rien. S’y ajoutent les réflexes et actes du gouvernement qui, via ses cadres confirment bel et bien que les méthodes sont reconduites avec la même détermination comme une LOI immuable à laquelle le noir mauritanien devrait se soumettre. Personne ne niera que l’état mauritanien sous Sidi, Ely, Taya et leur frère Abdoul Aziz ne se sont inspirés des idéologies pan arabistes justifiant, hélas, l’establishment dans lequel se trouve la Mauritanie d’aujourd’hui. Il est impossible de dire que les changements factices sont identiques aux années de braise sous Taya. Ce qui a changé c’est le nom des présidents mais il subsiste un véritable et vaste projet de maintien d’une hégémonie arabe. Et la bêtise ne s’est pas arrêtée là ! ! Et Nos frères, amis, parents, voisins assassinés le 28 Novembre 1990 à Inal? Ce fut le summum de l’horreur, de la bêtise humaine comme pour rappeler aux noirs leur appartenance à un autre pays. 27 ans après, le silence entretenu par l’état ET UNE GRANDE PARTIE DE LA CLASSE POLITQIUE est ASSOURDISSANT. Aujourd’hui Ould Aziz veut celebrer ces tueries en plein Fouta Toro, terroir naturel des victimes dont les heritiers pleurent encore……… Pour détruire ce silence, il nous appartient de célébrer le 28 Novembre autrement avec comme point de mire la recherche de solutions qui accableraient le régime. A notre avis, l’opposition doit amorcer des réflexions qui tourneront autour : 1. De la rédaction d’un Memorandum documenté agrémenté de témoignages audio et vidéo sur les meurtres organisés et perpétrés par l’armée MAURITANIENNE contre les noirs mauritaniens. 2. De l’initiation de plaintes à l’échelle internationale, sous régionale. 3. De la diffusion du Memo a grande échelle au sein des pays membres des NU. 4.De la transmission du Memo complet aux Ambassades de tous les états accrédités aux USA, France, GB, Allemagne, Japon, Canada……. 5. De la transmission du Memo a des personnalités influentes (Coutumières, politiques, religieuses….) disséminées dans le monde. 6. Créer des antennes de coordination des activités au niveau des USA, de l’Europe et de l’Afrique.
Adama NGAIDE
USA
le 26 septembre 2017
Comment la richesse de la « SNIM » s’est-elle dissipée dans les poches des riches?
Les gains de la société nationale industrielle et minière SNIM , ont, lors de la flambée des prix du fer pendant la période 2009 – 2013,dépassé la barre de 4 milliards de dollars US.
Ce qui équivaut à trois fois le budget de l’État, au cours de la même période.
Il est toutefois remarquable que ces bénéfices, n’ont eu aucun impact positif sur la société : La production n’a pas augmenté, les plaintes des travailleurs se sont renforcées, tandis que l’endettement a continué d’augmenter de façon spectaculaire.
Au cours de cette dite période, les prix du fer, sur les marchés mondiaux, ont bondi de 60,8 dollars la tonne, au moment où le président Mohamed Ould Abdel Aziz arrivait au pouvoir en août 2008,pour grimper à 187 dollars par tonne en février 2011,
Les prix sont généralement restés au-dessus du plafond de 100 dollars au cours des cinq années allant de 2009 à 2013.
La comparaison des prix des métaux ferreux , révèle, qu’au cours de ces années,grace à la montée du prix du fer, la Mauritanie a gagné 4 082 011 917 dollars, alors que le projet de budget général du pays en 2014, se situait à près de 1,2 milliard de dollars.
Quelques aspects du décaissement de la société au cours de cette période montrent la « dérive » de ses emprunts,vers les poches de personnes fortunées et des déboursements en dehors de la vocation minière de la societé.
Comment l’entreprise a gaspillé les milliards de dollars récoltés , au cours de ces années, avant de sombrer , aujourd’hui, dans les crises de l’effondrement des prix du fer,
la baisse de la production, le coût élevé, la tension avec les travailleurs et l’entrée d’intermédiaires sur la ligne de commercialisation?
C’est à ces questions et d’autres , que le site Akhbar.info, publie , depuis quelques jours, une série d’articles en arabe , sur la gestion de la plus grande société industrielle du pays .
à lire sur ce lien : https://www.alakhbar.info/?q=node/14231
Traduction adrar.info
Et maintenant, quelle Amérique ?- Par Ian Buruma
NEW YORK – La catastrophe aura au moins été évitée. Si les Démocrates n’avaient pas obtenu une majorité à la Chambre des représentants américains, le président Donald Trump aurait éprouvé une toute-puissance susceptible de conduire au désastre. Pour autant, les Républicains contrôlent encore le Sénat, ce qui signifie que le pouvoir judiciaire, notamment la Cour suprême, connaîtra une poussée à droite. L’élection de gouverneurs républicains dans des États importants comme l’Ohio et la Floride signifie par ailleurs que ces circonscriptions électorales pourront être façonnées pour appuyer les chances de réélection de Trump en 2020.
Parmi les clichés politiques les plus fréquemment entendus à l’approche des élections de mi-mandat, l’enjeu consistait à « défendre l’âme des États-Unis ». Sans surprise, Républicains et Démocrates ont de part et d’autre défendu leur propre vision du pays : pour les premiers, une Amérique principalement blanche, relativement peu instruite, pas particulièrement jeune, solidement ancrée dans les zones rurales, souvent masculine, et fière de pouvoir porter des armes à feu ; pour les seconds, une Amérique qui a davantage étudié, plus jeune, urbaine, diverse sur le plan des origines, plus féminine, et favorable au contrôle des armes. Ce sont là deux caricatures, certes, mais qui expriment une réalité tout à fait reconnaissable.
Si les deux camps estiment être des Américains patriotes, l’idée qu’ils se font du patriotisme diffère profondément. L’écrivain James Baldwin décrit très bien le patriotisme « progressiste » : l’auteur aime l’Amérique plus que tout autre pays du monde, et invoque précisément cette raison pour justifier son droit de la critiquer éternellement. Les patriotes du camp Trump auraient certainement considéré Baldwin comme un traître.
Maintenant qu’ils ont gagné le contrôle de la Chambre, les Démocrates seront nécessairement tentés d’exploiter ce qu’ils considèrent comme leurs plus grandes forces : la diversité des origines et des sexes, ainsi que leur aversion commune à l’égard de Trump. Ce serait une position logique. Trump est certes effrayant, et les Démocrates pourraient légitimement faire valoir que l’homme rural d’âge mûr est moins représentatif de l’Amérique d’aujourd’hui que la jeune femme de couleur, urbaine et autonome.
Et pourtant, les Démocrates auraient tort d’axer leur agenda sur Trump et sur la diversité. Une pression sera exercée, notamment de la part de jeunes responsables démocrates enthousiasmés par leur victoire, en faveur de la destitution du président. Or, aussi longtemps que le Sénat – nécessaire à l’impeachment – sera aux mains des Républicains, une destitution décidée par la Chambre n’aura en pratique aucune signification. Même si la Chambre prenait cette décision, Trump demeurerait président, et les Républicains auraient tendance à le défendre encore plus férocement.
L’arrivée de plus nombreux représentants de sexe féminin, de couleur, et non chrétien au sein du pouvoir législatif constitue évidemment une excellente nouvelle. Cette présence apporte un contraste rafraichissant et nécessaire par rapport au Parti républicain, qui est aujourd’hui à l’image de son leader : colérique, blanc, et souvent ouvertement raciste. Pour autant, lutter contre la politique identitaire de Trump au moyen d’une autre forme de politique identitaire tout aussi agressive conduirait à un tribalisme politique encore plus prononcé, qui pourrait rendre plus difficile la victoire des Démocrates aux élections nationales.
Intervient toujours le risque d’une division parmi les Démocrates, qui verrait les plus jeunes radicaux s’opposer à l’establishment principalement blanc. Mais les Républicains, qui semblent très unis derrière leur chef, ont eux aussi un problème. Les Républicains progressistes sur le plan social, qui constituaient hier la colonne vertébrale du parti, ont été poussés si loin en marge qu’ils sont presque devenus invisibles. John McCain a sans doute été le dernier de ces Mohicans.
Les Démocrates doivent capitaliser sur cet aspect. Pour ce faire, il s’agirait d’exercer moins de pression sur l’identité sexuelle, ethnique ou de genre, et davantage sur l’économie. Cette stratégie peut sembler naïve en période de forte reprise économique, à l’heure où les Républicains peuvent se targuer d’enregistrer un taux de chômage historiquement faible. Pour autant, les nombreux conservateurs traditionnels et partisans du laissez-faire devraient eux-mêmes reconnaître que l’existence d’un fossé béant entre les riches et les pauvres n’est pas une bonne chose pour les affaires. Henry Ford, qui sur bien des sujets n’était pas une fontaine de sagesse, a lui-même reconnu que si vous entendiez vendre des voitures, la population devait avoir suffisamment d’argent en poche pour pouvoir vous les acheter.
Intervient ici encore une problématique autour de cette âme des États-Unis que se disputent les uns et les autres. Pour certains, l’identité de l’Amérique repose sur l’entreprise capitaliste audacieuse et l’individualisme brut, affranchis des réglementations publiques excessives dans la poursuite du bonheur matériel. Pour d’autres, l’Amérique symbolise l’idéal d’une plus grande justice sociale et égalité économique – qui devrait aujourd’hui inclure l’engagement à lutter contre le changement climatique (une question à peine abordée lors des midterms), puisque le réchauffement climatique est voué à impacter davantage les pauvres que les riches.
L’Amérique a vécu des périodes de grande prospérité pour les plus fortunés, telles que l’âge d’or de la fin du XIXe siècle, époque à laquelle 2 % des ménages américains possédaient plus d’un tiers des richesses du pays, ou précisément notre période actuelle, qui voit le top 1 % détenir près de la moitié des richesses. Le pays a également connu des périodes de réforme, lorsque les gouvernements se sont efforcés de rétablir un équilibre. L’exemple le plus célèbre n’est autre que le New Deal de Franklin D. Roosevelt dans les années 1930.
Il est clairement temps d’opérer une version 2 du New Deal. Plutôt que de promettre davantage d’allègements fiscaux pour les citoyens les plus riches, une politique budgétaire plus équitable consisterait à financer les infrastructures, biens et services publics nécessaires pour améliorer le quotidien de tous. Une santé abordable pour tous les citoyens constitue la marque d’une société civilisée. L’Amérique est encore loin d’avoir atteint cet objectif. Il en va de même pour l’éducation publique de qualité. Il est absurde que tant de citoyens pourtant bénéficiaires de mesures politiques « socialistes » demeurent convaincus de voter contre ces mesures, au motif qu’elles ne seraient pas assez « américaines ».
Placer l’accent sur l’égalitarisme séduirait bien entendu les libéraux, mais un tel choix ne devrait pas pour autant effrayer les électeurs modérés, dans la mesure où une plus grande égalité est bénéfique pour l’économie. Ce choix pourrait même faire comprendre à certains partisans mécontents et pauvres de Trump que leur président, bien qu’affirmant défendre le peuple, ne vient pas en aide aux oubliés des villes de la ceinture de rouille et de l’arrière-pays rural. Au contraire, il confère encore plus de richesse à une poignée d’Américains. Dans une ploutocratie, tout le monde est perdant. Tel doit être le principal message des Démocrates pour les deux prochaines années.
Traduit de l’anglais par Martin Morel
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