Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 15/11/2018

L’appel au secours des Peuls à la communauté internationale

Hamadoune Dicko, un jeune leader peul, en appelle à la communauté internationale face aux agissements des djihadistes et de l’armée dont sont victimes les membre de sa communauté.

Les peuls sont victimes de discriminations ethniques au Mali. L’amalgame entre communauté peule et djihadisme dissimule de vieux conflits fonciers jamais résolus. Hamadoune Dicko, un jeune leader peul, estime ainsi que sa communauté paye le prix des agissements d’Amadou Koufa, un djihadiste malien, d’origine peule, qui a lancé des appels à la guerre sainte. La communauté peule s’efforce donc d’échapper à cet amalgame mais Hamadoune Dicko affirme que l’Etat malien fait trop peu pour apaiser les tensions ethniques. 

Mamadou Lamine Ba, DW : Vous êtes le président des Jeunes Tabital Pulakuu au Mali, la fédération qui regroupe en son sein tous les peuples du Mali. Quelle est la situation des Peuls du Mali aujourd’hui.

Hamadoune Dicko : Aujourd’hui les Peuls du Mali sont dans une situation très complexe, très confuse. Quand tu es Peul au Mali, tu es immédiatement considéré comme un terroriste, un jihadiste du simple fait qu’une minorité accepte d’aller dans les rangs des djihadistes terroristes, dont le chef suprême est un Touareg : Iyad Ag-Ghali. Lui et tous ses parents dorment dans les hôtels de Bamako. Mais quand tu es Peul, quand on te voit derrière des troupeaux, tout de suite on pense à t’arrêter, à te mettre en prison ou bien mettre une balle dans la tête. Les Peuls vivent vraiment dans une situation très difficile.

Mamadou Lamine Ba : Est ce que les actions d’Amadou Koufa aujourd’hui portent préjudice à la communauté Peul ?

Hamadoune Dicko : Oui, Amadou Koufa a quand même fait en sorte qu’on tue les Peuls. Parce que, à cause d’Amadou Koufa tous les Peuls sont considérés comme des djihadistes alors qu’il y avait des problèmes fonciers qui ont toujours existé. Les cultivateurs ont voulu que les Peuls quittent leur coin pour qu’ils puissent cultiver, alors que les Peuls étant des éleveurs, eux aussi ont besoin d’un espace. Donc il y avait des problèmes fonciers qui étaient là mais avec l’arrivée d’Amadou Koufa, cela a facilité les choses. Maintenant on tue sans qu’il y a ait d’enquête, on dit que ce sont des djihadistes tout court. Donc il porte préjudice aux Peuls.

Mamadou Lamine Ba : Quelles sont les pertes économiques des Peuls aujourd’hui au Mali ?

Hamadoune Dicko : Les pertes sont énormes parce que la circulation des motos est interdite. Les Peuls sont sous embargo et ils ne partent pas dans les foires hebdomadaires. Et en plus, on prend leur bétail, on le vend en Mauritanie, souvent en Côte d’Ivoire et même à Bamako. Un Peul n’a même pas des biens aujourd’hui dans le centre du Mali.

Mamadou Lamine Ba : Qu’est-ce que le gouvernement malien fait pour protéger les Peuls ?

Hamadoune Dicko : Absolument rien parce que le gouvernement a même des connivences avec la milice Dogon et Bambara qui tue le peul. Les militaires souvent prennent des habits et s’habillent comme des chasseurs dozos, pour tuer les Peuls. 

Mamadou Lamine Ba : Vous avez parlé de l’amalgame entre l’extrémisme et la communauté Peul. Qu’est-ce que les mêmes Peuls font pour lever cet amalgame ?

Hamadoune Dicko : Depuis très longtemps, avant même que les djihadistes ait une certaine force, la communauté Peul qui est l’association des Amis de la culture peule,  appelée communément Tabital Pulakuu Mali, a vraiment voulu et a essayé de sensibiliser la communauté peule pour qu’elle parte pas dans les rangs des djihadistes. Mais malheureusement, vu l’injustice qui régnait, souvent cela incite les autres jeunes à intégrer le Djihad. Même l’armée, on sait qu’ils font beaucoup de choses pour que les Peuls puissent intégrer le djihadisme.

Par exemple quand tu es Peul, on peut t’arrêter sans raison valable. En général on sait qu’ils ne vont pas à l’école, ce sont des illettrés, ils ne connaissent pas leurs droits, ni leurs devoirs. La majorité est malheureusement comme cela.  Pour s’enrichir, un chef de brigade ou un policier, s’il veut aller à la retraite il va demander à ce qu’on l’amène dans la région de Mopti pour s’enrichir illicitement. Parce qu’il y a à cet endroit les Peuls qui ne veulent pas aller en prison, donc on les tombe ici et ainsi de suite. Donc ça pousse vraiment la majorité à intégrer ces malfrats.

Les victimes sont les Peuls parce que les djihadistes ont tué plus de Peuls que les autres ethnies. Mais il faut aussi que le gouvernement sache que nous ne sommes pas des djihadistes, nous ne sommes pas avec les djihadistes et nous ne le serons pas.

Mamadou Lamine Ba : Quel appel lancez-vous au gouvernement malien et à la communauté internationale ?

Hamadoune Dicko : Je m’adresse surtout à la communauté internationale parce que le gouvernement malien, on sait qu’il ne fera rien pour que cela s’arrête. Le gouvernement est en train de combattre la communauté et c’est un nettoyage ethnique qui se dessine. On interpelle donc quand même la communauté internationale à venir enquêter et à faire pression sur le gouvernement malien pour qu’il cesse de tuer les civils, des enfants, des femmes, des vieilles personnes, qui n’ont rien à voir avec le terrorisme.

C’est ce qu’on veut c’est ce qu’on demande à la communauté internationale parce qu’elle est silencieuse. Elle ne fait absolument rien. Elle est au Mali pour rien. Alors même qu’il y a la force Barkhane, la Minusma, le G5 Sahel. Les chancelleries sont là-bas et disent rien alors qu’ils savent qu’on est en train de tuer des innocents.

 

M. Saleh Hanana, président parti HATEM, membre de l’AEOD : ‘’Si elle est soudée, l’opposition a toutes les chances de gagner la présidentielle’’

altLe Calame : On ne vous a pas entendu depuis la fin des dernières élections municipales, régionales et législatives. Un  temps de méditation  sur ce qui s’est passé ? Qu’en avez-vous retenu, de façon générale, mais aussi de façon spécifique pour votre parti ?

M. Saleh Hanana : Les dernières élections municipales et législatives ont été, comme à l’accoutumé, caractérisées par la fraude massive et par l’utilisation des biens publics de façon à peine voilée. Notre parti a participé à ces élections avec un peu de retard et avec des moyens financiers limités. Nous avons, malgré tout cela, occupé le 4ème rang parmi les partis politiques mauritaniens avec l’ordre de 4% des voix des citoyens mauritaniens.

L’opposition à laquelle vous appartenez a fortement décrié le déroulement du processus électoral et sa gestion par la CENI et les résultats que celle-ci a proclamés. Partagez-vous cet avis ?

 Comme je l’ai dit plus haut, nous partageons avec tous les mauritaniens intéressés par la chose publique, le souci et la crainte de voir le processus électoral bafoué et la volonté du citoyen détournée afin de servir un régime qui se veut démocratique alors que la réalité en est toute autre. Les résultats proclamés par la CENI (que je m’abstiens de qualifier) ne reflètent guère la volonté des mauritaniens.

Pensez-vous qu’il faudrait la réorganiser avant la prochaine présidentielle ? Si oui comment ?  L’opposition accepterait-elle d’aller aux élections avec la CENI actuelle ?

 Nous pensons que la présente CENI a été formée sur des bases non consensuelles et qu’elle est à la fois juge et partie. En conséquence sa réorganisation est extrêmement nécessaire avant les prochaines échéances présidentielles. Je pense que l’opposition participera à ces élections même avec l’actuelle CENI car une fois soudée derrière un candidat unique, elle aura de grandes chances de gagner les prochaines élections présidentielles et elle pourra contrecarrer les tentatives de fraudes du régime sans lesquelles il n’aura aucune chance de gagner.

 Que vous a inspiré le dernier réaménagement du gouvernement et surtout de l’arrivée à la défense de celui qui est considéré le potentiel dauphin du président Mohamed Ould Abdel Aziz ?

 Le dernier remaniement ministériel n’a rien apporté de nouveau. Il s’agit seulement de changement de portefeuilles. Il a été caractérisé par le souci de plaire à tous les intervenants dans la machine de fraude électorale. La nomination du nouveau Ministre de la Défense est certes l’unique mesure particulière et qui rentre dans le cadre des partages des rôles entre les différents acteurs du régime.

 Êtes-vous de ceux qui continuent à douter de la sincérité du président Aziz qui a répété à maintes reprises qu’il ne modifierait pas Constitution pour briguer un 3emandat ?

 Les jours avenir apporteront la réponse à cette question qui préoccupe tous les mauritaniens.

 Nous sommes à quelque 6 mois de la prochaine présidentielle. Si côté du pouvoir et de sa majorité, on se prépare, du  côté de l’opposition, on ne voit rien venir.  Où  en êtes  dans les  préparatifs de cette échéance cruciale ?  L’opposition (AEOD) ne risque-t-elle  pas,  une fois encore d’être  obligée de prendre le train en marche et donc de rater l’alternance  de 2019?

L’opposition a ses stratégies et ses calculs qu’elle ne veut pas divulguer à l’heure actuelle. Mais ce qu’on peut dire, c’est que nos préparatifs vont bon train.

Étant ancien officier de l’armée, que vous inspire ces dernières nominations intervenues au sein de l’armée, mais aussi au niveau de certains établissement publics comme la SNIM et le Port de l’Amitié, quelques mois avant la prochaine présidentielle ? Qu’augurent-elles, selon vous ?

Ces nominations sont, comme je viens de le dire, une tentative de réorganiser les hommes du régime. Mais comme le dit l’adage hassani : « la fuite n’empêche pas la mort ».

 Selon des révélations de notre confrère Al Akhbar, la SNIM dont l’ancien ADG vient d’hériter du poste de premier ministre   et un   nouveau nommé à sa place, connaîtrait de graves difficultés financières. Que pensez-vous de ce scandale ?

La SNIM n’est que l’une des institutions qui sont victimes de la gabegie et des détournements des deniers publics. Le problème de la SNIM et des autres entreprises publiques consiste en la mauvaise gestion caractérisée entreprise par le régime en place.

 L’opposition a récemment dénoncé l’exclusion de la composante noire du pays, ceci après la publication de la liste du premier gouvernement Béchir. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que la Mauritanie est la patrie de tous et que chacun doit se sentir citoyen à part entière au même pied d’égalité que son concitoyen. Les nominations doivent être faites sur la base de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut sans considération aucune des appartenances.

Que pensez-vous de l’adoption par le gouvernement d’une loi qui dissout les partis politiques n’ayant pas obtenu 1% au cours de deux élections locales ?

La prolifération des partis politiques a été de mise lors des dernières décennies à un stade tel qu’ils ont dépassé les 100 partis. Les dernières élections ont été très influencées par cette situation. Cette mesure contribuera à limiter les partis et à leur donner plus de crédibilité et de sérieux.

Propos recueillis par DL

le calame

L’editorial du Calame: Bons amis…

altLa nouvelle a fait sensation et ne  cesse de faire le buzz dans les media et les réseaux sociaux. Un comité interministériel de sept ministres, présidé par le premier d’entre eux, a attribué, le 5 Octobre dernier, une concession de trente ans, portant sur le financement, la construction et l’exploitation d’un terminal à conteneurs et d’une jetée pétrolière, au port autonome de Nouakchott, à la société ARISE-Mauritanie dont le représentant local ne serait autre que… le beau-fils du président de la République. Deux jours plus tôt, le Comité permanent de la Commission nationale du contrôle des marchés publics, s’était réuni, avec une célérité qu’on ne lui connaît qu’en matière de marchés « sensibles », pour déclarer qu’il n’avait pas d’objection audit projet. La ficelle était pourtant trop grosse. Pourquoi ladite Commission, censée vérifier la régularité de tous les marchés, n’a-t-elle pas pris le temps d’étudier le dossier, demander plus de précisions, se renseigner sur la société et exiger, pourquoi pas, un appel d’offres international, histoire d’attribuer le marché à la société la plus disante, en termes d’investissements, production d’emplois et de retombées financières sur le pays ? Pourquoi OLAM, une société indienne spécialisée dans l’agro-alimentaire, si elle n’a pas bénéficié d’un bon coup de piston ? Partout sur la planète, les ports sont devenus, depuis quelques années, l’objet de luttes acharnées, entre multinationales prêtes à tout pour obtenir leur gestion. Celui de Nouakchott ne déroge pas à la règle. Dans ces conditions, pourquoi n’avoir pas fait jouer la concurrence, si le gouvernement veut en privatiser une partie et n’a que l’intérêt du pays en ligne de mire (CQFD) ? La convention, passée, comme une lettre à la poste et pour cause, ne tarde pas à être exposée sur la place publique. Dans un pays normal, où les gouvernants entretiennent un minimum d’éthique, ce genre de marché donnerait lieu à des démissions en cascade, des procès à la pelle et ses auteurs livrés à la vindicte populaire, pour le restant de leur vie. Mais, en Mauritanie nouvelle, tout est permis – seulement à certains – comme vendre une centrale électrique trente millions d’euros plus cher que ses concurrents, parce qu’on est adossé à un membre du clan, piller les sociétés d’Etat (comme la SNIM qui croule sous le poids de la dette et qui risque de mettre la clé sous le paillasson) ; en fermer certaines, effaçant ainsi toute trace de pillage ; fonder des sociétés ex nihilo et leur attribuer autant de marchés qu’on veut. On pourrait multiplier les exemples à l’infini, tant le pays est en coupe réglée, depuis une décennie. Face au tollé provoqué par l’affaire et en l’absence de réaction officielle, Ould Djay, le ministre de l’Economie et des Finances, l’un des signataires de la convention, donne certaines précisions sur sa page Facebook. Selon lui, la société paiera, au port autonome, cinquante dollars, pour chaque conteneur vingt pieds, et soixante-quinze, pour celui de quarante ; plus deux dollars par mètre cube d’hydrocarbures débarqué. Ce qui permettra, au PANPA, d’engranger cinq cent cinquante millions de dollars en trente ans, soit deux milliards d’anciennes ouguiyas par an. La société réalisera un investissement de trois cents quatre-vingt-dix millions de dollars  et créera sept cent cinquante emplois pendant les travaux et cinq cents permanents. Clap, clap ! Tout ceci est bien beau mais… il y a anguille sous roche. C’est-à-dire, toujours la même lancinante question : comment peut-on attribuer marché d’une telle ampleur sans faire jouer la concurrence ? Monsieur  le ministre, dites-vous bien qu’il arrivera un jour – imminent, on l’espère – où vous aurez, tous, à rendre comptes. Ils font les bons amis, dit-on. A condition, bien sûr, qu’ils soient eux-mêmes bons…

Ahmed Ould Cheikh

le calame