Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

L’appel au secours des Peuls à la communauté internationale

Hamadoune Dicko, un jeune leader peul, en appelle à la communauté internationale face aux agissements des djihadistes et de l’armée dont sont victimes les membre de sa communauté.

Les peuls sont victimes de discriminations ethniques au Mali. L’amalgame entre communauté peule et djihadisme dissimule de vieux conflits fonciers jamais résolus. Hamadoune Dicko, un jeune leader peul, estime ainsi que sa communauté paye le prix des agissements d’Amadou Koufa, un djihadiste malien, d’origine peule, qui a lancé des appels à la guerre sainte. La communauté peule s’efforce donc d’échapper à cet amalgame mais Hamadoune Dicko affirme que l’Etat malien fait trop peu pour apaiser les tensions ethniques. 

Mamadou Lamine Ba, DW : Vous êtes le président des Jeunes Tabital Pulakuu au Mali, la fédération qui regroupe en son sein tous les peuples du Mali. Quelle est la situation des Peuls du Mali aujourd’hui.

Hamadoune Dicko : Aujourd’hui les Peuls du Mali sont dans une situation très complexe, très confuse. Quand tu es Peul au Mali, tu es immédiatement considéré comme un terroriste, un jihadiste du simple fait qu’une minorité accepte d’aller dans les rangs des djihadistes terroristes, dont le chef suprême est un Touareg : Iyad Ag-Ghali. Lui et tous ses parents dorment dans les hôtels de Bamako. Mais quand tu es Peul, quand on te voit derrière des troupeaux, tout de suite on pense à t’arrêter, à te mettre en prison ou bien mettre une balle dans la tête. Les Peuls vivent vraiment dans une situation très difficile.

Mamadou Lamine Ba : Est ce que les actions d’Amadou Koufa aujourd’hui portent préjudice à la communauté Peul ?

Hamadoune Dicko : Oui, Amadou Koufa a quand même fait en sorte qu’on tue les Peuls. Parce que, à cause d’Amadou Koufa tous les Peuls sont considérés comme des djihadistes alors qu’il y avait des problèmes fonciers qui ont toujours existé. Les cultivateurs ont voulu que les Peuls quittent leur coin pour qu’ils puissent cultiver, alors que les Peuls étant des éleveurs, eux aussi ont besoin d’un espace. Donc il y avait des problèmes fonciers qui étaient là mais avec l’arrivée d’Amadou Koufa, cela a facilité les choses. Maintenant on tue sans qu’il y a ait d’enquête, on dit que ce sont des djihadistes tout court. Donc il porte préjudice aux Peuls.

Mamadou Lamine Ba : Quelles sont les pertes économiques des Peuls aujourd’hui au Mali ?

Hamadoune Dicko : Les pertes sont énormes parce que la circulation des motos est interdite. Les Peuls sont sous embargo et ils ne partent pas dans les foires hebdomadaires. Et en plus, on prend leur bétail, on le vend en Mauritanie, souvent en Côte d’Ivoire et même à Bamako. Un Peul n’a même pas des biens aujourd’hui dans le centre du Mali.

Mamadou Lamine Ba : Qu’est-ce que le gouvernement malien fait pour protéger les Peuls ?

Hamadoune Dicko : Absolument rien parce que le gouvernement a même des connivences avec la milice Dogon et Bambara qui tue le peul. Les militaires souvent prennent des habits et s’habillent comme des chasseurs dozos, pour tuer les Peuls. 

Mamadou Lamine Ba : Vous avez parlé de l’amalgame entre l’extrémisme et la communauté Peul. Qu’est-ce que les mêmes Peuls font pour lever cet amalgame ?

Hamadoune Dicko : Depuis très longtemps, avant même que les djihadistes ait une certaine force, la communauté Peul qui est l’association des Amis de la culture peule,  appelée communément Tabital Pulakuu Mali, a vraiment voulu et a essayé de sensibiliser la communauté peule pour qu’elle parte pas dans les rangs des djihadistes. Mais malheureusement, vu l’injustice qui régnait, souvent cela incite les autres jeunes à intégrer le Djihad. Même l’armée, on sait qu’ils font beaucoup de choses pour que les Peuls puissent intégrer le djihadisme.

Par exemple quand tu es Peul, on peut t’arrêter sans raison valable. En général on sait qu’ils ne vont pas à l’école, ce sont des illettrés, ils ne connaissent pas leurs droits, ni leurs devoirs. La majorité est malheureusement comme cela.  Pour s’enrichir, un chef de brigade ou un policier, s’il veut aller à la retraite il va demander à ce qu’on l’amène dans la région de Mopti pour s’enrichir illicitement. Parce qu’il y a à cet endroit les Peuls qui ne veulent pas aller en prison, donc on les tombe ici et ainsi de suite. Donc ça pousse vraiment la majorité à intégrer ces malfrats.

Les victimes sont les Peuls parce que les djihadistes ont tué plus de Peuls que les autres ethnies. Mais il faut aussi que le gouvernement sache que nous ne sommes pas des djihadistes, nous ne sommes pas avec les djihadistes et nous ne le serons pas.

Mamadou Lamine Ba : Quel appel lancez-vous au gouvernement malien et à la communauté internationale ?

Hamadoune Dicko : Je m’adresse surtout à la communauté internationale parce que le gouvernement malien, on sait qu’il ne fera rien pour que cela s’arrête. Le gouvernement est en train de combattre la communauté et c’est un nettoyage ethnique qui se dessine. On interpelle donc quand même la communauté internationale à venir enquêter et à faire pression sur le gouvernement malien pour qu’il cesse de tuer les civils, des enfants, des femmes, des vieilles personnes, qui n’ont rien à voir avec le terrorisme.

C’est ce qu’on veut c’est ce qu’on demande à la communauté internationale parce qu’elle est silencieuse. Elle ne fait absolument rien. Elle est au Mali pour rien. Alors même qu’il y a la force Barkhane, la Minusma, le G5 Sahel. Les chancelleries sont là-bas et disent rien alors qu’ils savent qu’on est en train de tuer des innocents.

 

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