Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 12/07/2017

« POUR LA FRANCE, LE VRAI “DEFI CIVILISATIONNEL” ENVERS L’AFRIQUE EST SIMPLE : NE PLUS RIEN FAIRE ! »

altNotre chroniqueur [Le Monde Afrique] répond aux propos du président Macron sur le « problème africain », en marge du G20 à Hambourg, qui ont suscité de vives réactions.

En marge du G20 qui vient de s’achever en Allemagne, Emmanuel Macron, le président français, a donné une conférence de presse samedi 8 juillet. Au cours de celle-ci, un journaliste ivoirien peu inspiré, faisant référence au « partenariat [du G20] avec l’Afrique » et au « Plan Marshall », lui a posé la question suivante : « Concrètement, combien les pays du G20 sont prêts à mettre dans l’enveloppe pour sauver l’Afrique ? Et quelle sera la contribution de la France ? » Après avoir dit d’emblée qu’il ne « croyait pas une seconde à ces raisonnements », le leader français a expliqué que le « Plan Marshall était un plan de reconstruction, dans des pays qui avaient leurs équilibres, leurs frontières, leur stabilité ». Or, a-t-il enchaîné, le « défi de l’Afrique est différent, il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel », avant de lister la myriade de problèmes auxquels est confronté le continent – « Les Etats faillis, les transitions démocratiques complexes, la transition démographique » – et de présenter ses solutions.

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Ces propos n’ont pas manqué de susciter de vives réactions au sein des communautés africaines, en France ou sur le continent. Certains ont vu dans cette référence à la « civilisation » le dernier avatar d’une série de réflexions racistes émises par les dirigeants français depuis le Général de Gaulle. D’autres, tout en reconnaissant la pertinence du diagnostic posé par le président français, ont fustigé le cynisme de dirigeants hexagonaux pourtant responsables aux yeux de beaucoup des fameux « Etats faillis » dénoncés par le locataire de l’Elysée. Pour ma part, j’y ai vu avant tout l’exposé le plus clair à ce jour de la vision et du projet africains d’Emmanuel Macron.

Prescription médicale

Une civilisation suppose une continuité historique, une conscience et une ambition collectives, une forme de permanence, et donc de résilience. En pointant la nature « civilisationnelle » du « problème africain », en usant, de la manière dont il l’a fait, du terme de « civilisation », le président français contestait, au fond, la prétention de l’Afrique à cette permanence, à cette communauté spirituelle et à cette continuité historique qui fondent les civilisations. Il exprimait en creux l’idée que l’Afrique est par essence déstructurée, éclatée, dépourvue de racines, évanescente, éphémère. Le plus intéressant est que cette vision épouse précisément les contours de l’idéologie libérale dominante, chère au président français, qui substitue l’individu (déraciné) à la communauté, le marché à la nation (ou le consommateur au citoyen), l’économie (« l’Afrique est une terre d’opportunités ») à la politique.

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Dès lors, la prescription médicale du docteur Macron était logique : « Partout où le secteur privé peut s’impliquer, il doit s’impliquer ; nous devons l’orienter. Ce que nous sommes agréés avec la Banque mondiale. » Et là où le « secteur privé » (les multinationales occidentales) ne trouvera pas son intérêt, dans les « infrastructures essentielles, la santé, l’éducation, là il y a un rôle pour le financement public ». Le message est on ne peut plus clair : pour le président français, cette Afrique décivilisée est sortie de l’Histoire, laissant le champ libre aux entreprises des pays du G20 ainsi qu’à leurs gouvernements. Du reste, cette lecture imprègne les rapports entre l’Occident de l’Afrique depuis quelques siècles. De ce point de vue, Emmanuel Macron est dans une sorte de continuité idéologique. De vieilles idées et de vieux réflexes dans un corps juvénile.

La responsabilité incombe aux jeunes générations d’Africains qui contestent la vision – au fond impérialiste – du président français de lui opposer, dans le discours et dans les faits, une vision différente. Non, le « défi » de l’Afrique n’est pas « civilisationnel » : il est politique. Uniquement. Les « Etats faillis » d’Afrique francophone sont un héritage direct de l’action de la France sur le continent, dont les conséquences sont cette insécurité protéiforme que le même président français a l’outrecuidance de dénoncer. La réponse à ce supposé « défi » africain n’est pas dans l’appropriation de l’Afrique par les multinationales occidentales, mais dans la substitution de régimes néocoloniaux par des pouvoirs souverains, légitimes, efficaces. Dans cette équation, le rôle de la France et du G20 est simple : ne plus rien faire. Plus d’aide, plus d’assistance militaire, plus de soutiens officieux à des dictateurs que l’on dénonce officiellement, plus de « politiques bien plus sophistiquées qu’un simple plan Marshall ». Est-ce envisageable ? Pour le coup ce serait, pour la France, un « défi civilisationnel » !

Yann Gwet

Yann Gwet est un essayiste camerounais.

Source : Le Monde

3eme mandat de Aziz : Provocation ou intox

3eme mandat de Aziz : Provocation ou intoxL’Authentique – Le Premier ministre Yahya Ould Hademine persiste et signe : « le président Mohamed Abdel Aziz briguera un troisième mandat en 2019 ». Le référendum constitutionnel en cours et pour lequel son gouvernement est en campagne ne viserait en définitive que cette perspective : assurer au système en place une pérennité.

En tournée à l’Intérieur du pays, le Premier ministre persiste et signe ! « Le président de la République sera bien là lors de la présidentielle de 2019 ». A Vejar, comme à Mbout, fiefs du « Triangle de la misère », le Premier Ministre Yahya Ould Hademine a en effet repris sa trompette pour assurer devant des populations tannées par plus d’une décennie d’oubli, de pauvreté et de faim, que ce système va encore rester ad aeternam.

« Aziz briguera un 3ème mandat ! Le pouvoir ne quittera pas en 2019 ! » Des affirmations que le chef du gouvernement a désormais l’habitude d’asséner dans toutes ses tournées. Le chef du gouvernement a ainsi repris le refrain développé par le passé par plusieurs membres de son gouvernement.

Pour ceux-ci comme pour lui, le doute n’existe plus ! « Il faut permettre à l’homme qui a engagé des réformes de les finir avaient dit ces derniers. Des propos par la suite étayés par le principal concerné qui lors de l’une de ses sorties publiques avait soutenu en substance qu’il ne laisserait pas le pays aux mains de n’importe qui.

Pour autant, ces propos comme ces sorties, sont encore banalisés par une grande partie de la majorité des populations qui estime que ce n’est là qu’une manière pour maintenir les électeurs sous le giron de l’Union Pour la République (UPR), que le départ de Mohamed Abdel Aziz pourrait effriter.

En effet, il a été prouvé que chaque fois que le Chef de l’Etat quitte le pouvoir, le parti qui le soutenait, part en miettes. Ce fut le cas du PRDS, parti omnipotent qui régna pendant 23 ans sur la Mauritanie sous le règne de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya et qui fondit comme beurre au soleil à sa chute en 2005.

Ce fut également le cas pour le parti ADIL, qui ne vécut lui que le temps d’une rose, s’évaporant en 2008, après seulement deux ans d’existence après l’éviction de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. L’UPR, formé par les mêmes têtes qui ont migré du PPM au PRDS et du PRDS à ADIL puis à l’UPR, craint ainsi un départ en ordre dispersé de ses membres au cas où le pouvoir serait remis en chandelle.

Pour d’autres, les paroles du Premier Ministre ne devront pas être prises à la légère. Elles seraient dictées par l’intéressé lui-même, qui pourrait revenir sur ses engagements solennels.

En effet, à plusieurs reprises, sur des plateaux de télévision locale ou internationale ou dernièrement, lors de la clôture des dernières « Journées de dialogue de concertation », Mohamed Abdel Aziz a toujours affirmé haut et fort qu’il ne briguera pas un 3ème mandat. Côté Face. Mais côté Pile, la réalité serait autre…

Serait-ce les changements intervenus sur le plan de la géopolitique mondiale qui seraient à l’origine d’un éventuel changement d’avis ? Possible. Si sous les pouvoirs français, de Sarkozy à Hollande, ou encore sous les mandats de Bush et de Barak Obama, la démocratie et le respect des droits de l’homme étaient au cœur de la coopération internationale, la donne semble avoir changé sous Donald Trump partisan d’un repli identitaire américain, avec son slogan « l’Amérique d’abord » ou encore un Macron qui brandit une ingérence moins intempestive de la France dans les politiques intérieures des Etats.

Les exemples de présidents africains, amateurs de tripatouillage constitutionnel et qui ont bravé les interdits, seraient également assez incitatifs pour que Mohamed Abdel Aziz change d’avis. Avec une opinion vaincue par une décennie de disette forcée, une opposition défaitiste qui a depuis longtemps déserté le champ de la bataille politique, un large boulevard s’ouvre ainsi devant les militaires et devant Aziz pour faire sauter les verrous de la limitation des mandats présidentiels.

L’actuel référendum qui porte sur des points puériles, ne serait en fait qu’un test avant un autre référendum, le vrai cette fois-ci, pour faire de Mohamed Abdel Aziz un président à vie pour la Mauritanie.

Mais quels arguments le pouvoir actuel pourrait avancer pour réclamer une prolongation ? La question est d’autant plus pertinente qu’en dix ans de règne, Mohamed Abdel Aziz a mené le pays vers la faillite économique, sociale, culturelle et morale.

Sur le plan économique, l’Etat ne vit plus que des raquettes imposées aux populations, à travers impôts et taxes excessifs, augmentation exponentielle des prix des produits essentiels, au point qu’aujourd’hui la faim a gagné les centres urbains.

Sur le plan social, l’exacerbation des tensions intercommunautaires et l’ancrage du racisme d’Etat ont été les deux leviers sur lesquels l’actuel pouvoir s’est appuyé pour diviser les Mauritaniens et les empêcher de s’intéresser aux affaires publiques.

La corruption gangrène aujourd’hui tous les rouages de l’Etat, avec une dilapidation sans précédent des ressources publiques, et une politique oligarchique qui ne profite qu’à une poignée de proches du pouvoir. L’Etat de droit n’est plus qu’un mirage.

L’incarcération d’un Sénateur, protégé par l’immunité parlementaire et sur un simple ordre venu de la Présidence seraient les signes précurseurs d’une dictature implacable qui ne cache plus son diktat sur la vie publique. Les projets et programmes chargés de la gestion de l’aide publique au développement sont livrés au sac des organisations internationales, alors qu’à la tête de l’Etat officie des départements ministériels vidés de toutes leurs compétences.

Voilà cette Mauritanie de la médiocrité, du vol, du sac et de la désunion sociale sur lequel règnent des commerçants mus par leurs uniques intérêts, que Yahya Ould Hademine cherche à faire imposer.

Et c’est certainement la peur d’un scénario à la Burkinabé, qui a poussé les autorités de l’Université de Nouakchott à censurer un film sur les « Dix jours qui ont précédé la chute de Blaise Compaoré » que le Festival « Ciné droit libre » en collaboration avec le Festival Assalamalekum projetait de présenter le 3 juillet dernier dans une des salles de la Faculté des Sciences juridiques et économiques à Nouakchott.

Cheikh Aïdara

L’AUTHENTIQUE