Monthly Archives: January 2017
Casse-tête mondial après le décret d’interdiction américain
Détenteurs de carte verte bloqués dans des aéroports, Irakiens sommés de faire demi-tour
alors même qu’ils sont en règle… Au lendemain de la signature interdisant l’entrée aux Etats-Unis
aux réfugiés et ressortissants de sept pays musulmans, les situations iniques se multiplient.
«Je suis un doctorant iranien aux États-Unis et je ne peux plus aller rendre visite à ma famille.»
Après le décret signé par Donald Trump interdisant l’accès au territoire américain aux réfugiés
ou ressortissants de sept pays – à majorité mulsulmane -, les témoignages se multiplient pour illustrer
le casse-tête administratif qu’il représente. Le texte interdit l’entrée aux États-Unis
aux citoyens irakiens, iraniens, libyens, somaliens, soudanais, syriens ou yéménites, même s’ils sont
en possession d’un visa ou d’une carte verte (c’est-à-dire qu’ils habitent légalement aux États-Unis).
Les réfugiés syriens sont également interdits d’entrée dans le pays.
Samedi, nombreux sont ceux à témoigner de leur désarroi face à cette décision. Sur Twitter, un homme d’affaires raconte que, malgré les visas obtenus, il ne peut plus se rendre
aux réunions qu’il avait organisées aux États-Unis, alors même que «[s]on entreprise a des contrats
de plus de 500.000 dollars avec des entreprises aérospatiales américaines». Un autre s’inquiète que
son père, professeur d’université à Morgantown et rentré en Iran pour enterrer un membre de sa famille,
ne puisse plus revenir.
«Irano-Canadienne avec une carte verte et vivant aux États-Unis, j’ai peur de ne plus pouvoir revenir
si je vais au Canada».
L’Iran a indiqué samedi soir appliquer la réciprocité à la mesure américaine.
«La République islamique d’Iran (…), tout en respectant le peuple américain et pour défendre les
droits de ses citoyens, a décidé d’appliquer la réciprocité après la décision insultante des Etats-Unis
concernant les ressortissants iraniens et tant que cette mesure n’aura pas été levée», a affirmé le ministère
des Affaires étrangères dans un communiqué repris par la télévision d’Etat.
La police aux frontières dépassée Les personnels de sécurité dans les aéroports américains sont quant à eux dépassés par la situation.
Trita Parsi, le président du Conseil national irano-américain, association visant à rapprocher les deux pays,
indique sur son compte Twitter que les garde-frontières ont été avisés de la nouvelle directive à 16h30
vendredi mais qu’ils n’ont pas eu de consignes précises. Il raconte ainsi que plusieurs citoyens iraniens,
détenteurs d’une carte verte, ont été dans un premier temps interdits d’entrée, fouillés et interrogés
durant plusieurs heures par la police aux frontières, avant d’être finalement autorisés à pénétrer
sur le territoire.
Une situation d’autant plus ubuesque que les voyageurs provenant des sept pays visés par le décret ne
représentent qu’une infime part des voyageurs étrangers arrivant sur le sol américain: 0,7% en 2015.
Selon les statistiques mises en ligne par l’administration américaine, seuls 72.162 ressortissants irakiens,
iraniens, libyens, somaliens, soudanais, syriens et yéménites ont obtenu un visa pour voyager aux États-Unis
en 2015, sur 10,9 millions de voyageurs internationaux.
Les autorités étrangères obtempèrent À l’étranger également, les autorités doivent faire face à un casse-tête administratif. Au Caire, samedi,
cinq Irakiens et un Yéménite n’ont pas été autorisés à monter à bord d’un avion en partance pour New York.
Bien que titulaires de visas en règles, les voyageurs en escale ont été réorientés vers des vols
à destination de leurs pays.
La compagnie Qatar Airways a quant à elle avisé ses clients que seuls les ressortissants des sept pays
concernés en possession d’une carte verte de résidence aux États-Unis ou d’un visa diplomatique seront
autorisés à voyager. Cela concerne notamment les membres des Nations unies, des ONG internationales ou
de l’OTAN. Mais depuis, nous avons appris que les détenteurs de carte verte étaient également concernés
par l’interdiction.
KLM a dit avoir refusé l’accès à ses avions à sept passagers de pays concernés par l’interdiction.
Sans dire où ni de quels pays il s’agissait. Un porte-parole de la conpagnie Manel Vrijenhoek a indiqué
qu’il y avait toujours «un manque de clareté» dans les effets de cette interdiction.
La solidarité s’organise Face à cette situation, certains ont décidé d’organiser la résistance. Le New York Times évoque le dépôt
d’une demande d’action de classe pour rassembler tous les cas de ressortissants étrangers issus des
sept pays visés qui seraient détenus dans les aéroports américains après le décret signé par Donald Trump.
L’Union américaine pour les droits civiques (ACLU) et plusieurs organisations d’aide aux immigrés ont saisi
la justice samedi pour contester le décret. La plainte contre le président Trump et le ministère de
la Sécurité intérieure a été déposée samedi matin devant un tribunal fédéral de New York par
l’American Civil Liberties Union et d’autres associations de défense des droits et des immigrés,
qui exigent notamment la libération de deux citoyens irakiens interpellés vendredi soir à l’aéroport
JF Kennedy sur la base du décret qui venait à peine d’être promulgué.
Sur Twitter, sous le hashtag #MuslimBan («interdiction des musulmans»), plusieurs personnes proposent
à ceux qui sont retenus dans les aéroports de les accueillir chez eux en cas de besoin ou simplement
de leur parler pour les soutenir.
«Si vous êtes coincé dans un aéroport ce soir en essayant de rentrer à la maison, sachez que je suis
là pour vous parler.»
Auteur: Le Figaro – Le Figaro
seneweb
Dakar condamne les « propos diffamatoires » tenus envers Nouakchott sur la 2stv et saisit le CNRA
Le gouvernement du Sénégal, à travers un communiqué, a condamné les «propos diffamatoires» envers Nouakchott d’un intervenant à l’émission «Le Grand rendez-vous» sur la 2STV, vendredi dernier et informe avoir saisi le Conseil national de régulation de l’audiovisuel pour que «des sanctions soient prises».
Selon le porte-parole du gouvernement, l’un des intervenants à l’émission «Le Grand rendez-vous» de la télévision privée 2stv a tenu «des propos diffamatoires, violents et séditieux, encourageant la lutte armée des noirs en Mauritanie, contre le gouvernement et le peuple frère».
Seydou Guèye de faire savoir que Dakar exprime «sa vive indignation et sa totale désapprobation» concernant ces propos. Monsieur Gueye avance toujours à ce propos que «le gouvernement condamne avec la plus grande fermeté les contrevérités qui ont été dites et ces manquements graves, qu’il ne saurait tolérer encore moins cautionner».
Il par ailleurs annoncé avoir saisi le CNRA, afin que ce denier puisse «prononcer sans délai les sanctions prévues face à ces manquements graves».
seneweb
Nouvelles d’ailleurs de Mint Derwich : Gambiegate
Nous sommes tellement en manque de héros que nous finissons par nous en inventer, genre « J’ai un ami imaginaire, un super pote ».Oum Tounsy et tous les discours hystérico-patriotiques qui ont suivi n’ayant servi à rien et, surtout pas, à ancrer, dans l’imaginaire collectif, la figure d’un ou de héros tutélaires qui expliqueraient qui nous sommes, à quoi nous jouons et à quel avenir confier nos serouals, il a bien fallu continuer la longue réécriture historique. A défaut de héros morts depuis des lustres, nous voilà affublés d’un héros non seulement contemporain mais encore bien vivant, notre Président.
Oublié Oum Tounsy et son symbole de la valeureuse guerre anticoloniale et patriotique menée par notre encore plus valeureux et talentueux et patriotique peuple de héros, sous la houlette de sauveurs des petits peuples opprimés ! Bienvenue au « Gambiegate » ! Jammeh ou l’art du super patriotisme…Je ne veux pas casser une si belle ambiance de tournage autour du nombril et d’édification de pyramides humaines mais il me semble que la médiation « Aziz/Condé » ne mérite pas tant de youyous.
D’un, notre duo de choc a désavoué, sans vergogne, et la CEDEAO et l’ONU et le peuple Gambien lui-même, envoyant, donc, un très mauvais signal à tous ceux qui seraient tentés de s’accrocher au pouvoir sur notre beau continent. Rien que ça. Sans oublier le petit jeu très « bataille navale » qui a opposé notre pays à son voisin du Nord, le Maroc. « Touché coulé » a dû rigoler notre Sultan, quand la médiation marocaine a fait chou blanc.
De deux, il a, non seulement, négocié avec Jammeh, quand les Gambiens n’en demandaient pas tant et, surtout pas, Barrow, le nouveau président gambien, mais lui a permis (aux frais de qui ? demande la petite voix dans ma tête) de sauver ses biens. De trois, il a échoué. Les duos qui deviennent trios ne réussissent pas toujours. De quatre, Barrow a, vertement, remis à sa place notre Raïs qui s’est empressé de lui rendre la monnaie de la pièce.
De cinq, le Sénégal fait la gueule. De six, nous nous félicitons. De sept, ça devient ridicule. De huit, je ponds cette chronique. De neuf, vous n’en avez rien à fiche. De dix, je m’en fous et je continue. Je reprends donc. Voilà donc le message que notre Président Super Héros et plus encore a passé au monde : « Dictateurs de tous les pays, pas de panique ; vous avez tué ? Vous avez emprisonné ? Vous avez refusé de quitter le pouvoir ? Don’tworry, be happy, vous ne serez pas poursuivis par la justice, vous n’aurez pas de comptes à rendre à votre peuple ; vous pourrez embarquer tout ce que vous avez volé et détourné et partir finir vos jours dans un exil doré, foi de mauritanien ».
Remarquez, de la part du président d’un pays qui n’a jamais jugé ni puni un seul auteur des atrocités commises pendant les années de sang, les années de honte, c’est une attitude « normale ». Pourquoi imposer aux autres ce que l’on ne s’applique pas à soi-même ? CQFD. Résultat de la manip : nous voilà en bagarre avec tout le monde. Nous sommes devenus les sales gosses de la récré. Au nord, avec le Maroc c’est ambiance polaire. Maintenant, le Sud nous boude. A l’Est, après la belle merde que nous avons foutu au Mali, nous assistons à l’implosion de notre voisin.
Dans la sous-région, il nous reste qui ? Le Front Polisario que nous n’avons jamais autant aimé ni caressé dans le sens du poil. Je pense que nous avons gardé de bonnes relations avec la Papouasie Nouvelle Guinée, le Vanuatu, l’Île Hans (allez, allez, on « google »…), l’Île Pourquoi Pas, Tuvalu et Saint -Saint-Kitts-et-Nevis…Ah, j’oubliais. Nous avons notre meilleur ami, le pote, le vrai, celui sur l’épaule duquel on vient raconter ses malheurs et dont les poches sont pleines, l’Arabie saoudite. Vous savez, le pays qui tue au Yémen dans un silence assourdissant, qui affame ses populations…On a les amis que l’on peut.
Bref, voilà un Gambiegate qui est un fiasco total, juste une opération de com à usage intérieur mais qui est révélateur d’un amateurisme dangereux et contre productif. J’entends, de ci, de là, des « On a sauvé la paix ».
Ouais. « On » a surtout sauvé les fesses de Jammeh. Et voilà comment on se fabrique des super héros…La prochaine fois, votre Héros national vous décrochera la lune ? Oui, m’sieur, la lune et même le soleil et même RR245, la dernière nano-planète découverte cette année (si vous la cherchez sur une carte, elle n’est pas loin de 2003 OP32).Tout ça mérite bien deux bandes rouges sur notre futur drapeau national, non ? Salut,
Mariem mint Derwich
le calame
Amina Mohamed : « La RASD est un membre de l’Union Africaine et doit le rester »
La ministre des Affaires étrangères kényane, candidate au poste de présidente de la Commission de l’Union africaine, a reçu Jeune Afrique en marge du 30e Conseil exécutif du Sommet de l’Union africaine.
Candidate à la succession de Nkosazana Dlamini Zuma, la ministre des Affaires étrangères du Kenya, Amina Mohamed (55 ans), s’appuie sur sa longue expérience au sein de l’exécutif et des organisations internationales pour convaincre les chefs d’État qu’elle a le meilleur profil pour ce poste.
« Mes équipes et moi-même avons visité tous les pays du continent, à l’exception de la Libye et de la Gambie », confie-t-elle. Le 24 janvier, elle s’est entretenue avec le président béninois Patrice Talon à Cotonou. Elle a reçu Jeune Afrique dans l’ambiance feutrée de l’hôtel Sheraton d’Addis Abeba, ce jeudi 26 janvier.
Pourquoi pensez-vous être la meilleure candidate pour ce poste ?
Parce que j’ai une expérience variée au sein du gouvernement kényan, et au sein d’organisations internationales. Dans mon pays, j’ai dû gérer la plupart des grandes réformes. Ce fut un moment difficile de notre histoire, juste après la crise post-électorale de 2007-2008. Il fallait construire un système capable de répondre présent en cas de nouvelle crise. Toute cette expérience peut servir l’Union africaine.
Quels seront les principaux défis du prochain ou de la prochaine présidente de la Commission de l’UA?
La paix et la sécurité, la réforme du financement, s’assurer que le secrétariat est efficace et réactif aux besoins du continent. Il faudra étudier les programmes qui sont actuellement mis en place, décider de ceux qui sont complets ou de ceux qui doivent être améliorés. Il faudra aussi, systématiquement, avoir une longueur d’avance pour répondre aux demandes des populations.
Nous avons un agenda que nous commençons juste à mettre en place. Il faut se concentrer sur sa mise en œuvre pour qu’enfin, les gens puissent apprécier le travail de l’Union africaine.
De quelle réforme l’UA a-t-elle prioritairement besoin ?
De la réforme qui porte sur le financement de notre organisation. Vous ne pouvez pas dépendre des autres pour identifier vos priorités. Il faut être capable de les financer. Ce qui a été décidé à ce sujet lors du dernier sommet de Kigali, la taxe de 0,2% sur les importations, est en ce sens une bonne chose.
Cela n’affectera pas les relations des États avec les autres pays. Ce n’est en rien une violation des règles du commerce international, puisque les importations sont de toutes manières taxées. Cet argent appartient déjà aux pays africains. Il faudra néanmoins être très vigilant sur le choix des secteurs qui seront concernés par cette taxe.
Serait-ce un moyen de répondre aux questions posées par Donald Trump à l’ancienne administration américaine, sur l’efficacité de l’aide extérieure accordée au continent africain ?
Le diable est toujours dans les détails. Nous avons entendu cela à la télévision mais personne n’est venu nous en parler. Nous attendons de voir ce qu’il sera décidé pour juger.
L’élection de Donald Trump vous inquiète-t-elle ?
Nous sommes plutôt inquiets par l’atmosphère globale dans le monde, pas aux États-Unis spécifiquement. Mais encore une fois, nous voulons voir quelles politiques sont mises en place. Faudra-t-il s’en réjouir ou s’asseoir autour de la table pour négocier ? Il est encore prématuré de se positionner.
Que pensez-vous du retour du Maroc dans l’UA ?
C’est un pays fondateur de l’OUA [l’organisation de l’unité africaine, devenue UA en 2002, ndlr], qui fut là pendant très longtemps et qui peut revenir quand il le souhaite. C’est d’abord un désir du Maroc, que nous appuyons.
Sa cohabitation au sein de l’UA avec la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) ne risque-t-elle pas d’être compliquée ?
La république sahraouie est un pays africain, un membre de l’UA, et doit le rester. Tous les membres de notre organisation sont en bons termes. Nous parviendrons à surmonter ces divisions.
Le Kenya fait partie de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom). Pourquoi cette force a-t-elle tant de mal à venir à bout des shebabs ?
Je pourrais vous poser la même question pour tous les pays frappés par le terrorisme. Depuis combien de temps dure l’intervention en Afghanistan ? Ces sujets sont si complexes que nous n’avons d’autres choix que d’y consacrer tous nos moyens.
Les troupes de l’Amisom ont fait beaucoup mieux que d’autres dans des situations similaires, et auraient pu faire encore mieux si nous lui avions accordé les moyens nécessaires. Mais nous passons notre temps à nous battre pour des ressources supplémentaires. Se procurer un hélicoptère, c’est déjà difficile ! Nous avons besoin du soutien de la communauté internationale et pas de réduire le petit budget de l’Amisom. Si on réduit ce dernier de 20%, son travail sera 20% moins efficace.
Le Burundi a récemment menacé de quitter l’Amisom, ses soldats n’étant pas payés depuis un an à cause des sanctions de l’UE et de l’UA…
Tout le monde doit être traité de la même manière. Les troupes burundaises doivent être traitées de la même façon que les troupes kényanes ou éthiopiennes. La discrimination sur le champs de bataille ne sert personne. Sinon, comment les convaincre de se battre pour une cause importante ?
Le Kenya avait envisagé de quitter la CPI. L’Afrique du Sud a annoncé qu’elle en claquerait la porte, tout comme la Gambie et le Burundi pour des raisons différentes. Les pays africains doivent-ils suivre ces exemples ?
C’est une question de souveraineté nationale. On peut développer une stratégie collective, mais pas l’appliquer collectivement. Chaque pays doit décider pour lui-même s’il accepte de rester ou non. Je respecte la décision de tout le monde.
Michael Pauron et Vincent Duhem
jeune afrique
La CEDEAO répond aux derniers délires du ministre mauritanien des affaires étrangères…
La sortie de crise en Gambie tourne bien partout sauf pour la Mauritanie qui est de plus en plus diplomatiquement déplacée et ridicule à moins de tenir en Gambie de quoi faire dégénérer la sécurité sinon comment comprendre l’immature dernière sortie à Barcelone de Isselkou Ould Ahmed Izidbih hier 23 janvier où, à propos du dénouement d’une crise dans une affaire qui ne concerne que la CEDEAO, l’UA et l’ONU, il a déclaré ceci :
» Il importe de signaler que toute remise en cause des termes de l’accord conclu, en Gambie, sous l’égide des présidents mauritanien et guinéen, par quelque partie que ce soit, a le potentiel de créer une nouvelle « Somalie », en Afrique occidentale. »
http://fr.ami.mr/Depeche-39282.html
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C’est affligeant ! Cela signifie qu’il interdit même à l’ONU, à l’UA et à la CEDEAO de décider sans parler du peuple gambien après une commission de réconciliation nationale promise par le nouveau président Barrow.
Eh ! bien la CEDEAO n’a pas tardé à réagir aujourd’hui 24 janvier toujours de façon diplomatique : les mots du président de la commission Marcel de Souza disent clairement qu’en matière d’amnistie pour Jammeh, ce n’est pas acquis puisqu’il déclare :
» Parlant des demandes d’amnistie et de garantie formulées par l’ancien président gambien pour lui-même, son entourage et ses partisans, le président de la Commission a indiqué qu’elles seront examinées par les instances de la Cedeao, de l’Union africaine et des Nations unies. »
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Quant au nouveau président Gambien, il n’a aucune obligation d’amnistier Jammeh, la CEDEAO » l’appelle à privilégier » , ce qui ne signifie aucune obligation…
» S’agissant du nouveau président gambien, Adama Barrow, le président de la Commission l’appelle à privilégier l’unité nationale et la réconciliation de tous les gambiens, le redressement de l’économie, la consolidation de la paix retrouvée et de la démocratie, tout en évitant les règlements de compte et la chasse aux sorcières. »
http://www.ecowas.int/le-president-de-la-commission-de-la-cedeao-salue-lissue-pacifique-de-la-crise-post-electorale-en-gambie/?lang=fr
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C’est donc bien clair. Aucune résolution de l’ONU ni de l’Union Africaine ni de la CEDEAO n’accorde d’amnistie à Jammeh pour l’instant ni surtout ne le protège désormais contre les recommandations d’une commission de réconciliation nationale gambienne qui aurait d’abord étudié le passif de Jammeh avant de trancher.
De quel droit parle la Mauritanie qui n’appartient même pas à la CEDEAO et n’a aucune frontière avec la Gambie au point de promettre des malheurs en Sénégambie comme Poutine parlerait à Obama à propos de la Syrie ? A-t-elle un document signé par quiconque de l’ONU, de la CEDEAO ou de l’Union Africaine ? D’où sort le document que Nouakchott a traduit en arabe pour le passer à la télé aux citoyens mauritaniens ? Et même si ce papier existe, il n’a jamais été ni voté ni signé par aucune autorité citée : est-ce alors à la Mauritanie de décider unilatéralement de la suite à donner à la crise gambienne surtout que la presse de la sous-région crie désormais partout que la Mauritanie, le Tchad et la Guinée sont complices des pillages de Jammeh pour son exil doré en ayant contribué par avions à ce déménagement jamais vu dans l’histoire d’un tyran encerclé par des armées et poussé dehors par l’ONU, l’Union Africaine et la CEDEAO.
La Mauritanie semble persister dans cette voie agaçante tout simplement car elle n’avale pas la perte de son allié contre Dakar et veut imposer ses conditions à la Gambie et à la CEDEAO quant au sort de Jammeh histoire de créer une crise… N’est-ce pas du délire tout simplement car n’ayant rien à perdre vu son tourisme à l’agonie, l’image désastreuse de pays esclavagiste, elle peut créer des tensions avec le Sénégal à l’heure où les deux pays ont en partage du gaz qui devrait être produit pour 2021. Bientôt certains diront que le nouveau port de Ndiago servira aussi de base militaire. De là toutes ces provocations diplomatiques.
Pourquoi la Mauritanie s’emporte-t-elle à ce point dans ce dossier en disant qu’elle a réussi diplomatiquement là où tout le monde a échoué alors que la médiation mauritanienne et guinéenne est arrivée après les contributions de bien d’autres et surtout parce que Jammeh allait finir ficelé ou liquidé quand on voit comment les forces gambiennes ont accueilli les troupes sénégalaises. N’est-ce d’ailleurs pas puéril comme comportement ? Nous valons mieux que l’image que nous donnons…
Les gambiens en avaient assez de ce tyran et aucun des 40% qui ont voté pour lui n’est allé manifester pour lui. Il faut être sérieux. Aucun peuple surtout dominé par la peur ne tient à son bourreau sauf sous le coup du syndrome de Stockholm. C’est vouloir donner un chèque en blanc à tous les tyrans du coin que de faire de cette sortie de crise une sorte de jurisprudence à l’avenir au nom de la paix…
Aziz craint-il pour sa retraite ? Qu’il n’ait rien à craindre, il est le meilleur des militaires qui ont pris le pouvoir en Mauritanie, il est le plus démocrate et le plus respectueux des libertés publiques. Sa seule faiblesse est son manque de courage politique à l’intérieur pour sortir la Mauritanie des archaïsmes qui l’empêchent d’avancer. Au contraire, en politique de cette époque molle, il semble nourrir ces archaïsmes peut-être par ce fatalisme qui gangrène jusqu’à l’esprit des plus éclairés parmi nous qui pensent que notre pays n’est pas gouvernable autrement. Il faut en profiter, gérer le quotidien et tenir le bâton pour éviter le sang. Le reste, inchallah… Aussi si les autres militaires avant lui se pavanent à Nouakchott en toute impunité ou ailleurs, lui ne risque rien en Mauritanie de la part du peuple ou même de l’armée. Il devrait plutôt craindre les redoutables milliardaires qu’il a sur le dos notamment en exil. Contre eux, il vaut mieux ne pas quitter le pouvoir…
Ainsi, dans cette sortie de crise gambienne, au contraire, il faut regretter qu’un tyran ne puisse jamais répondre de ses actes et fuir comme en roi en vidant les caisses. C’est une insulte à la souffrance des peuples. Du baume au coeur des tyrans en exercice…
Ainsi dans cette affaire sénégambienne, désormais plus la Mauritanie s’exprime, plus elle ridiculise les mauritaniens et montre qu’elle avait des intérêts douteux à ne jamais souhaiter la paix et la fraternité entre la Gambie et le Sénégal. Nous agissons dans cette affaire comme si nous perdions une colonie alors que nous n’acceptons pas que quelqu’un ose se mêler de nos affaires internes…
Pour combien de temps, les états de la CEDEAO vont-ils encore rester diplomates avec la Mauritanie qui semble chercher à créer une crise ouverte avec le Sénégal ?
S’il y a des tensions qui peuvent être meurtrières dans cette affaire ce n’est pas en Gambie mais à nos frontières entre le Sénégal et la Mauritanie. Peut-être pas jusque-là mais la rupture diplomatique est bien possible et que dire de la suite si l’orgueil de chaque peuple s’y mêle… On imagine la suite comme d’habitude, la Mauritanie dira aux pauvres sénégalais de Mauritanie de rentrer chez eux, elle coupera les vivres aux pauvres pêcheurs sénégalais et elle gèlera toute production de gaz pour fatiguer le Sénégal. Les mauritaniens dans le camp adverse dans toute la CEDEAO en paieront le prix. Des chômeurs et des malheureux de plus pour la Mauritanie.
Créer des tensions avec nos voisins, les nourrir entre les mauritaniens à base d’histoire de noirs, de blancs et maintenant de hratines, y ajouter la tension religieuse, tout cela est une maladie récente bien de chez nous mais qu’on partage avec les régimes les plus obscurs de la planète.
On dirait que ceux qui sont au pouvoir chez nous ont tellement peur de l’avenir pour eux qu’ils communiquent cette peur aux autres. La tranquillité, la coopération sereine et fraternelle avec nos voisins, c’est pour nous une langue étrangère impraticable.
Nous donnons l’impression d’être jaloux de la démocratie sénégalaise, de la tranquillité que vivent ses multiples ethnies, la fraternité des chrétiens et des musulmans, l’hospitalité pour tous, l’image de la Teranga et surtout voir la CEDEAO capable de déplacer une armée pour sauver la démocratie.
Il est vrai qu’en Mauritanie depuis quelque temps la hassadité est la chose la mieux partagée tellement nous sommes devenus malheureux. Le bonheur des autres nous rappelle nos propres malheurs. Pour cela il n’y a qu’un remède : balayer devant notre porte. Nous n’avons aucun conseil à donner à personne alors que nous vivons dans la précarité de l’unité nationale la plus absolue.
Quelle image ont de nous les étrangers quand ils voient ce qui se passe chez nous où l’actualité n’est faite que du FNDU qui parle de tyran pillard, de négro-mauritaniens qui parlent de racisme d’état, de hratines qui parlent d’esclavage et d’exclusion, de maures qui n’ont que le mot arabe à la bouche, de religieux qui font de la politique comme s’ils étaient saoudiens etc. ect.
Nous sommes tous responsables de ce qui nous arrive soit en participant à cette atmosphère soit en ayant démissionné comme dépassés par les événements que nous vivons de plus en plus effrayants pour le vivre-ensemble en Mauritanie malgré nos richesses culturelles et minières.
Il faut pourtant que cela change d’urgence sinon avec un conditionnement psychologique interne qui pousse à la paranoïa, au repli sur soi, la susceptibilité déplacée, la folie des grandeurs, nous finirons comme une réserve de mauritaniens tout bons à intéresser les ethnologues. C’est désormais une question de santé mentale publique…
Le peuple mauritanien dans sa diversité est un peuple en danger pour qui le changement semble être un conte pour enfant car comme disait quelqu’un : pire que le malheur, c’est l’habitude du malheur. Le malheur comme unique perspective, c’est en faire une norme de vie or les mauritaniens comme bien des peuples nobles sont des gens hospitaliers par nature gais, aimant rire, un peuple fier qui sait encaisser en toute dignité, se plaindre comme le racisme n’est pas de chez nous ; tout ce qui nous arrive de mal en matière de vivre-ensemble et de perspective est récent…
Souhaitons le bonheur à nos voisins et occupons-nous du nôtre…