Daily Archives: 17/08/2016
L’artiste Mauritanien Yëro Gaynääko : Victime d´une agression de notre gendarmerie nationale
Je revenais de Boghé après une conférence que j’animais sur le Rap et la Résistance pendant deux jours, je n’avais pas fermé l’œil.
J’ai quitté Boghé ce matin et à 12h:15 mn, arrivé au poste de contrôle de la gendarmerie à 25 km de Nouakchott on nous arrête. Je dormais en ce moment précis parce que fatigué. Sans me saluer un gendarme me tire violemment le turban et me demande de l’enlever, chose que j’ai faite, même si mon visage n’était pas assez couvert. Et avant même de me demander ma pièce d´identité il me bouscule et me dit : ”Tu es un drogué”. Parce que tout simplement je n’avais pas assez dormi et j´avais les yeux rouges et le visage enflé de fatigue.
Je l’ai répondu:” Monsieur vous pouvez au moins me saluer et vous n’avez pas le droit de me traiter de la sorte parce que je suis avant tout un être humain, un citoyen de ce pays que vous devez respecter.
Il s’énerve et me dit: ” Pourquoi tu me parles en français descends !”.
Il me sort de la voiture, me conduit dans leur bureau et m’introduit dans une chambre qui les sert de poste pour me déshabiller devant tous les gendarmes et d´autres détenus. Il me bouscule avec une violence inouïe et haineuse et me crie : ” Ce sont des Flamistes et les gens de l´ IRA”.
Sans comprendre les autres se mettent dans la danse. Des pluies de monstruosités sortent de leurs bouches, ils insultent mes parents et me traitent de tous les noms d´oiseaux et crachent sur moi. Ils m’ont pris mon portable et mes lunettes (myope de 5,00 vision de loin), après ce fut une pluie de gifles et des crachas qui m´assaillent.
Je garde toujours ma sérénité, mon calme et refuse de répondre à leur provocation et à leur barbarie. Ils cherchaient certainement un motif valable pour m´accuser ”d´offense à l´autorité publique ou résistance aux forces de l´ordre” mais je suis resté de marbre à leurs coups.
”Étés-vous fils d´un ministre ou du président pour nous parler en français?”. Je leur ai répondu que j´étais un simple et un pauvre citoyen Mauritanien, qui a encaissé tous leurs coups et violences physiques et morales sans réagir et je veux seulement comprendre et savoir pourquoi cette violence et cette injustice?
Satisfaits et fiers de leur acte et sans répondre à mes questions , ils me sortent de la cellule et me remettent mon téléphone sans aucune autre explication. L’un d’eux m´avertit avec une grande impolitesse: ”Si tu ne veux pas encore être torturé il faut quitter les lieux et continuer ton chemin! ”.
J´avais toujours entendu et cru jusqu´à ce matin que les gendarmes étaient d´un corps correcte et juste et qu´ils protégeaient le citoyen et j’avais beaucoup du respect pour ce corps qui était moins visible que les policiers dans des pagailles mais aujourd’hui j´ai découvert ce terrible, hideux et honteux visage de notre gendarmerie nationale.
J’irai jusqu’au bout pour savoir la cause de cette violence pour ne pas dire de cette barbarie même si je sais d’avance que notre justice est très inféodée au pouvoir exécutif et à tout le Système.
Avec le soutien du Fonadh et d’éminents avocats nous sommes toujours dans la procédure pour déposer la plainte qui doit être encore écrite en arabe et qui sera introduite dés demain matin inchaallah au parquet de justice de Nouakchott Nord.
Je ne me plierai pas, je continuerai la lutte, je resterai toujours ferme sur mes principes, je serai la voix des exclus et des opprimés pour une Mauritanie juste et respectueuse de tous ses fils et filles.
#Jokko_sa_famii, engage- toi avec nous si tu as compris cette noble cause!
Yero Abdoulaye Sow
boolumbal
L’Edito du Calame : Manipulations d’humeurs
Rien ne va plus entre le Maroc et la Mauritanie. Du moins, entre leur pouvoir respectif.
Malgré un soutien, actif, au coup d’Etat du 6 Août 2008, le royaume chérifien, qui avait usé de tout son entregent diplomatique, auprès de ses amis et alliés, pour leur faire avaler la « félonie », dixit Ely ould Mohamed Vall, considère qu’il n’a pas été payé en retour. A juste titre.
Et il n’est d’ailleurs pas le seul en cette situation. Ould Abdel Aziz a, en effet, la fâcheuse manie de considérer qu’il n’est redevable de rien à personne, que tout lui est dû, tombé du ciel. Pas plus le Maroc que quiconque ne fait exception à la règle.
Certes, les relations, entre nos deux pays, ne furent jamais au beau fixe. Mais l’escalade – ou la dégringolade, selon un point de vue plus lucide – n’a réellement commencé qu’il y a trois ans, lorsque la Mauritanie a refusé de désigner un ambassadeur, pour remplacer Mohamed ould Maaouya parti à la retraite.
Pire, elle a ramené sa représentation diplomatique à la plus simple expression, en nommant le premier conseiller ambassadeur à Bamako et demandé, en même temps, le remplacement de l’actuel ambassadeur du Royaume à Nouakchott. Une requête chassée dédaigneusement par le Maroc, invoquant sa souveraineté nationale.
Depuis, les petits gestes d’énervement se multiplient, de part et d’autre. Le Maroc a très mal apprécié que la Mauritanie se départisse, petit à petit, de sa neutralité dans le conflit du Sahara, en prenant fait et cause pour le Polisario, comme lorsque ould Abdel Aziz envoya message de condoléances à la RASD ou quand notre parti-Etat dépêcha délégation, dirigée par un ancien ministre, à l’investiture du nouveau président sahraoui.
La goutte qui a fait déborder le vase fut, probablement, l’affiche du dernier sommet de la Ligue arabe où la carte du Maroc est parue «amputée » du Sahara occidental. Feu de tout bois de la presse marocaine, fustigeant, en termes parfois très peu amènes, le comportement de notre guide éclairé. Même le site le360.ma, dont tout le monde sait qu’il appartient à un conseiller du roi Mohamed VI, s’est mêlé de la partie. En publiant un portrait au vitriol : «Mohamed ould Abdel Aziz ou l’art de se faire des ennemis », qui tire, à boulets rouges, sur l’homme du 6 Août.
Revenant longuement sur le parcours de l’ex-étoilé, de sa naissance au Sénégal à son accession au pouvoir, le site évoque les nombreuses affaires d’argent qui ont émaillé son régime, avec force termes qui en disent long sur le degré de détérioration des relations entre les deux pays. Gageons que d’autres lui emboîteront le pas et que la presse mauritanienne aux ordres ne restera pas les bras croisés devant un tel déferlement de haine. Hier, c’était avec une guerre, aussi stupide qu’inutile, à nos voies ancestrales d’échanges vers le Nord.
Quel demain nous concocte-t-on ? Sans présumer des convoitises, aussi internationales qu’excitées, sur nos richesses minières et pétrolières, faut-il présumer que nous soyons assez imbéciles, Marocains et Mauritaniens, pour laisser cet « on » manipuler les humeurs de nos infatués chefs?
Ahmed ould cheikh
le calame
LA REGION DE LAGOUIRA ET LA CRISE MAROCO-MAURITANIENNE
La nouvelle crise maroco-mauritanienne braque de nouveau les projecteurs sur le sort indécis de la zone de Lagouira, située dans le sud marocain.
Fin programmée de la presse indépendante en Mauritanie : Une victoire à la Pyrrhus
A l’an 280 avant Jésus-Christ, le roi Pyrrhus 1er d’Epire affronta les Romains à la bataille d’Héraclee en Italie. Il remporta la victoire mais son armée essuya des pertes irremplaçables. L’expression «Victoire à la Pyrrhus » désigna depuis ce jour toute victoire obtenue au prix de terribles pertes pour le vainqueur. Le régime actuel a vaincu la presse indépendante par l’arme financière mais au prix d’une perte incalculable, sa démocratie, car «il ne peut y avoir de démocratie sans une presse libre et indépendante ».
La volonté du pouvoir actuel d’en finir avec la presse indépendante n’a cessé de se manifester depuis un certain 6 août 2008, lorsqu’il décida, unilatéralement et sans l’avis de personne, de régner sur le destin du peuple. Mais est-ce la presse indépendante seulement qui était dans le viseur, si l’on voit aujourd’hui la clochardisation générale qui n’épargne ni roturier ni manant ? Hormis les hommes du sérail, ces nouveaux riches brassant des fortunes tirées de la collectivité laborieuse, ces nouveaux banquiers, ces nouveaux hommes d’affaires, ces nouveaux promus qui pillent à la hussarde les valeurs cultivées, les préséances héritées et les vertus enracinées, qui d’autre ne se trouve pas aujourd’hui sur la paille ?
Sans recettes, pour cause de méventes cumulées, sans publicité, sans abonnements et sans dons, lorsqu’un beau jour l’Inspection générale d’Etat dans une confusion de rôle et de prérogatives en décida ainsi, de quelle autre source peut s’alimenter la presse indépendante ?
Aujourd’hui, il n’existe plus de quotidiens dans un pays qui en comptait pourtant 13 en 2008. La quasi-totalité a été décimée et les mourants ne peuvent plus se rappeler aux bons souvenirs de leurs lecteurs que par parutions fantomatiques, une fois par semaine pour les plus téméraires, ceux qui refusent encore de passer réellement l’arme à gauche, et pour les autres, parfois une fois par mois ou après deux à trois mois d’agonie. Combien de titres ont disparu ? Les cimetières de la presse indépendante ont reçu en ces années de vaches malingres beaucoup de confrères, morts les armes à la main avec des montagnes de dettes irrécouvrables léguées à la postérité. La presse papier est devenue une rare provision pour les ramasseurs de la CUN, pour les vendeurs de couscous qui n’en trouvent plus pour emballer leur produit, pour les salles de peintures pour véhicules, encore moins pour l’ancienne génération qui aimait tant recevoir ses journaux avec sa tasse de café le matin.
Les radios et les télévisions privées créées dans l’euphorie d’une libéralisation trompeuse de l’audiovisuel se sont hélas tardivement rendu-compte de la mésaventure dans laquelle elles s’étaient engagées. Combien de radios ont disparu, combien sont dans l’antichambre de la mort ? Combien de journalistes en Mauritanie connaissent aujourd’hui la couleur d’une paye mensuelle ? Dans toutes les rédactions du pays, ils cumulent au minimum cinq à six mois, voire une année de travail sans salaire. Les plus robustes, avec des financiers derrière eux, ont réduit les salaires de leurs journalistes au SMIG. A prendre ou à laisser. Vous n’y croyez pas ? Alors faites votre propre enquête.
Mais le pouvoir et ces thuriféraires, s’écrieront «mais il y a le fonds d’aide à la presse ? ». Comme toutes les politiques du pouvoir actuel, le fonds d’aide à la presse n’est qu’une politique de diversion, un humour noir, un sourire au coin, une méprisante aumône. Car que représente 250 millions d’ouguiyas pour 10 chaines de télévision et radios, une soixantaine de journaux, une centaine de sites électroniques, une trentaine d’organisations socioprofessionnelles ? Vous savez la bonne ? 60% de l’enveloppe des 250 millions d’UM vont à l’impression et autres frais. Calculez pour voir le magot à partager. Les plus chanceux ne reçoivent que de quoi tenir une à deux semaines. Puis, c’est la galère pendant une année. Sans aucune recette. Le pire, l’Imprimerie nationale fait de bonnes économies sur le dos de la presse en lui offrant un service d’une si mauvaise qualité que chaque journal édité est un deuil pour les rédactions tellement le produit offert arrache des larmes de rage.
Le journaliste Ely Abdallah, ancien directeur de la rédaction à l’Agence mauritanienne d’information (AMI) vient de publier un billet dans lequel il se demande «pourquoi nos radios arrêtent de diffuser ?» suite à l’arrêt des programmes de Radio Nouakchott après celui de Radio Mauritanides. Il s’est demandé si ces arrêts ne sont pas dus à la situation financière catastrophique de ces antennes ou aux taxes exorbitantes imposées par la Société de télédiffusion, véritable sangsue pour les médias audiovisuels. Il s’est demandé surtout pourquoi le silence de l’autorité de régulation, la HAPA, face à l’inapplication des textes qui régissent le fonctionnement d’un secteur de l’audiovisuel transformé de plus en plus en un énorme bazar où les acteurs peuvent ouvrir boutique ou fermer à leur guise, sans cahier de charges à respecter. Quel destin pour ces dizaines de journalistes qui travaillaient dans ces radios et quel sort pour ces milliers d’auditeurs qui n’ont plus accès à leurs émissions habituelles ? Quel statut enfin pour la radio service public, ni privatisé ni étatisé et qui continue à recevoir des subventions publiques illégalement ?
Source : http://aidara.mondoblog.org
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