Monthly Archives: May 2016
Youssou N’Dour et le Groupe Futurs Médias en force à Nouakchott
Youssou N’Dour, méga star de la musique au Sénégal, en Afrique et dans le monde, arrive à Nouakchott ce week-end en compagnie de tout le Groupe Futurs Médias (GFM), a appris vendredi la PANA de sources bien informées.
En fait, le staff du groupe de presse dont le musicien, homme d’affaires et conseiller du président du Sénégal, est également le PDG, se trouve sur place dans la capitale mauritanienne déjà vendredi.
Le Roi du M’BALAX se produit samedi en soirée de gala dans un hôtel de la place avec tickets d’entrée dont le prix est fixé à 50.000 ouguiyas (125 euros) et 70.000 ouguiyas (175 euros-VIP).
Un droit d’accès au spectacle jugé trop « cher» et qui a été l’origine d’un débat animé sur les réseaux sociaux à travers lequel de nombreux fans ont étalé leur « dépit amoureux» de ne pouvoir assister à la soirée du samedi 14 mai.
Face à cette « fronde », les organisateurs et la méga star ont trouvé une solution intelligente en programmant un show, qui ne figurait pas sur le programme initial, dimanche après midi à l’Office du Complexe Olympique de Nouakchott (OCO), pour une entrée à 10.000 ouguiyas et 5000 ouguiyas.
Le petit enfant de la Médina, populeux quartier de Dakar des années 1970, débarque à Nouakchott suivant un timing parfait, juste quelques jours après l’arrivée sur le marché d’un nouvel album (Sénégal REKK), venu mettre fin à 6 longues années de « sevrage » des nombreux fans.
La nouvelle œuvre pulvérise actuellement le record mondial des ventes sur « I Tunes ».
Mais au-delà du spectacle musical, c’est tout le Groupe Futurs Médias (GFM), véritable fleuron de la presse privée au Sénégal, qui a transporté ses activités à Nouakchott l’espace d’un long week-end.
Grâce à une antenne décentralisée, la Télévision Futurs Médias (TFM) présente des émissions à partir de la capitale mauritanienne.
Même approche avec la Radio Futurs Médias (RFM), le quotidien l’Observateur et le site d’informations en ligne « IGFM » qui sont les autres composantes du groupe.
Alassane Samba Diop, directeur de la RFM, explique les raisons à l’origine de l’organisation de l’antenne décentralisée «SARGAL Mauritanie » qui signifie « Rendre hommage à la Mauritanie ».
Il s’agit d’une approche basée sur un constat «TFM, RFM, l’Observateur et IGFM sont très suivis en Mauritanie. Ce pays entretient des liens séculaires à tous les niveaux avec le Sénégal.
La stratégie définie par la direction consiste à décentraliser nos activités pour nous rapprocher des téléspectateurs, auditeurs, lecteurs et internautes. La direction du groupe entend poursuivre cette démarche au niveau des autres pays de la sous-région pour briser le cliché suivant lequel nous laissons toujours aux autres médias le soin de véhiculer l’image de l’Afrique ».
Celle-ci comporte également une importante dimension commerciale pour les annonceurs désireux de vendre leur image.
Source : PANA
le calame
Le président du parti Tawassoul face à la presse : « On ne tue pas une idée portée par des hommes et des femmes déterminées »
Dans le siège flambant neuf de son parti, sur la route de la mairie du Ksar, le président Mohamed Jemil Mansour du parti Rassemblement national pour la réforme et le développement (Tawassoul), d’obédience islamiste, est revenu sur les principaux thèmes à l’ordre du jour, notamment le discours du président Mohamed Abdel Aziz le 3 mai dernier à Néma et les sorties intempestives de ses partisans, en particulier l’un des chargés de mission de la présidence de la République qui a miroité en l’air la dissolution de sa formation politique.
« On ne tue pas une idée portée pendant des décennies par des hommes et des femmes déterminées » a-t-il répondu. La salle de conférence du parti Tawassoul, sis au Ksar, avait refusé du monde , mercredi 11 mai 2016. Entouré de quelques uns de ses collaborateurs, le timonier du parti Rassemblement national pour la réforme et le développement, Mohamed Jemil Mansour, a d’emblée tracé les grandes lignes de son intervention, face à un parterre de journalistes dont certains travaillant pour des chaînes étrangères.
« En tant que parti, nous avons convoqué cette conférence de presse pour donner notre avis sur les questions de l’actualité chaude, notamment la crise multiforme que vit aujourd’hui la Mauritanie, mais aussi les contradictions présidentielle et les tentatives menées actuellement pour recadrer son malheureux discours de Néma ».
Il considère que le discours politique et les échanges entre acteurs de la scène nationale doivent rester dans les limites du respect et de la responsabilité, soulignant que chacun « doit assumer ses paroles et ses actes ou à défaut avoir assez de courage pour reconnaître ses erreurs et demander pardon à qui de droit ». Un discours clair, dira-t-il en substance, n’a pas besoin de campagne de clarification et d’explication.
« Nous à Tawassoul nous mesurons nos mots et nos actes, puis nous prenons entière responsabilité de ce que nous avons dit ou posé comme action » a-t-il ajouté Pour le président en fin de mandat du parti islamiste Tawassoul, Jemil Ould Mansour, deux camps coexistent sur la scène nationale, celui des démocrates, soucieux du fonctionnement des institutions de la République, respectueux de la diversité du pays et attaché à l’unité de son peuple et à sa cohésion, et celui des partisans du pouvoir, qui se battent pour maintenir le statu quo, qui pillent les ressources, sèment la corruption et la gabegie.
Dans cette situation de dichotomie, le parti Tawassoul par la voix de son président déclare ainsi vouloir clarifier sa position et se déclare adepte du camp des réformateurs et des bâtisseurs.
Une crise multiforme
Pour Ould Mansour, le discours du président à Néma est plein d’insultes, précisant que jamais des insultes n’ont été aussi équitablement distribuées, car elles n’ont épargné selon lui, ni les Harratines, ni les femmes et encore moins l’opposition. Selon lui, la situation générale du pays est marquée par une crise multiforme, économique, sociale et politique.
« La hausse intempestive des prix et le niveau élevé de la vie écrase les faibles et n’épargne maintenant plus les nantis » a-t-il fait remarqué, soulignant qu’à ce rythme, « personne n’écoute plus les chiffres, surtout s’ils n’impactent pas directement dans la vie quotidienne ».
D’ailleurs, précisera-t-il, « nous avons de mauvais souvenirs avec les chiffres », faisant allusion aux « faux chiffres de la Mauritanie dénoncés par le FMI dans les dernières années de règne de Ould Taya. « Ces manipulateurs sont toujours présents avec autant de force dans les postes de commandement » dira-t-il.
Mohamed Jemil Mansour a également relevé les « engagements non tenus du pouvoir », citant les réalisations jamais achevées et éternellement inaugurées, dans le domaine des routes, des industries, citant notamment la fameuse mosquée à 15.000 places qui devait voir jour avant les législatives de 2013. « Le pouvoir actuel est empêtré dans la mauvaise gestion et l’incurie » notera-t-il.
« Il se lamente aujourd’hui sur la baisse du prix des minerais, dont le fer, alors qu’il avait manqué de vision et de prévisions durant la période des vaches grasses lorsque le prix de ces minerais avaient atteint des sommets insoupçonnés » a-t-il noté.
Il a aussi évoqué l’état-civil qui a créé des milliers d’apatrides notamment au sein des rapatriés du Sénégal et de la diaspora mauritanienne à l’étranger. Le problème de l’enrôlement et de l’esclavage constituent pour Mohamed Jemil Mansour les deux plus grands fléaux que le pouvoir actuel a planté sur le dos de l’unité nationale et de la cohésion sociale, soulignant que l’absence d’égalité et d’équité entre les citoyens du pays est le plus grand danger qui peut le menacer.
Selon lui, une nation qui laisse en rade une composante de sa population est vouée à l’implosion, trouvant que les victimes des séquelles de l’esclavage, les Harratines en l’occurrence, doivent bénéficier d’une politique de discrimination positive pour rattraper leur retard historique. Mohamed Jemil Mansour trouve que dans un Etat de droit qui se respecte tous les citoyens sont traités d’une façon égale nonobstant leur appartenance et leur couleur. « En cela, l’Islam offre un modèle parfait de cohésion sociale et d’unité nationale » a-t-il martelé.
On ne touche pas à la Constitution
Abordant la Constitution et ce que le président en a dit à Néma, puis ses partisans par la suite, Mohamed Jemil Mansour juge que les Mauritaniens sont toujours dans l’expectative tant le discours à ce niveau reste flou, ambigu et indécis. A ce propos, il a cité le président du parti UPR (Union Pour la République, parti au pouvoir) qui, interpellé à propos des articles de la Constitution qu’ils veulent modifier, a répondu qu’ils ne les ont pas encore déterminés.
Ou encore le porte-parole du gouvernement pour qui le président donnera une répons à ce propos en 2019, c’est-à-dire vers la fin de son mandat. « A Tawassoul et au FNDU, le jeu du pouvoir par rapport à la Constitution reste imprécis, plein d’allusions et de sous-entendus » a affirmé Mohamed Jemil Mansour qui a mal jugé l’attitude du président Mohamed Abdel Aziz à Néma lorsqu’il exprima son satisfecit par rapport à la sortie antérieure de ses ministres sur le 3ème mandat, allant jusqu’à prendre comme citation les propos de son ministre de la Justice, qui avaient soulevé pourtant un tollé d’indignation sur la scène politique. « A notre niveau, nous disons qu’il n’est pas question de toucher à la Constitution » a déclaré Ould Mansour.
Dialogue politique
Par rapport au dialogue politique, il trouve que Mohamed Abdel Aziz en a déjà fixé la date, dans trois à quatre semaines, défini le contenu, fixé les participants (ceux qui le souhaitent) et dégagé le résultat, à savoir un référendum constitutionnel.
« Comment voulez-vous que l’on participe à un dialogue préalablement plié, dans sa date, son contenu, ses participants et ses conclusions » a-t-il ajouté. Pour Mohamed Jemil Mansour, cette attitude ne fait que donner raison davantage au FNDU qui refuse d’aller à un tel dialogue et exige des préalables de nature à rétablir la confiance.
Il trouve d’ailleurs incongru qu’aux insultes de Mohamed Abdel Aziz à Néma, auxquels se sont ajoutées les insultes de ses partisans lors de leurs multiples sorties télévisées, le pouvoir ait encore le culot de les traiter en partenaires à un dialogue politique.
Sur les allusions de dissolution du parti Tawassoul, diabolisé par le président Mohamed Abdel Aziz qui les accuse d’importer des idées de l’extérieur et vilipendé par son chargé de mission Ould Ahmed Damou lors d’une sortie télévisée, Ould Mansour souligne que Tawassoul est une idée et une idéologie avant d’être un parti politique. « Un groupe de femmes et d’hommes est porteur d’une flamme et d’un programme de société auquel adhèrent aujourd’hui des milliers de Mauritaniens et nous continuerons à exister quel que soit le cadre dans lequel nous évoluerons » a-t-il déclaré.
Cheikh Aïdara
l’authentique
Archives Etat Civil de Kaédi : les habitants accusent, le Hakem récuse
Nous avons été surpris, dans la journée du 11 mai, de trouver jetées dans les rues, aux alentours de la préfecture, des archives du RANVEC (recensement national a vocation d’état civil) de 1998 », a déclaré un habitant de Kaédi, une ville située à environ 400 kilomètres de Nouakchott.
«Quand les gens ont des problèmes d’enrôlement, de recensement pour l’état civil biométrique, ils vont chercher leurs copies de recensement de 1998 à la préfecture, ce sont ces copies qui ont été jetées », dit la même source.
Les habitants de la Capitale du Gorgol accusent le préfet Isselkou Ould Mohamed Sghair qui a été affecté dans cette ville, il y a quelques mois. Ces habitants, selon notre source, « envisagent de manifester contre la destruction de ces archives. »
Nous avons contacté le Hakem de Kaédi. Il a déclaré qu’au niveau de la préfecture, il y a une réorganisation des archives pour plus d’ordre. « Nous avons sélectionné toutes les archives utiles pour les ordonner afin de faciliter le travail », a dit le Hakem.
Isselkou Ould Mohamed Sghair a expliqué qu’il y avait dans les dossiers des demandes de recensement de personnes déjà recensées… et que tout est enregistré sur ordinateur pour faciliter la recherche. Pour les nouveaux candidats à l’enrôlement, il leur est demandé, a dit le Hakem, « de fournir les noms de personnes qui se sont recensées en même temps qu’elles. »
Le Hakem a dit avec insistance que tous les documents utiles ont été sélectionnés et classés.
Source: Rédaction Cridem
Nomination de généraux dans l’armée: Une bizarrerie mauritanienne (Première partie)/ Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibecar
Le grade confère à celui qui le porte une aptitude au commandement d’une unité militaire. Dans l’infanterie, le sous-lieutenant et le lieutenant sont formés pour commander une section soit 20 à 30 hommes, le capitaine commande une compagnie soit quatre à six sections, en moyenne 120 hommes, le commandant et le lieutenant-colonel doivent être aptes à commander un bataillon soit quatre à six compagnies, en moyenne 500 hommes.
Le colonel peut prétendre au commandement d’un régiment composé de deux à trois bataillons soit une moyenne de 1200 hommes. Un général de brigade commande habituellement une brigade. La brigade est généralement composée d’une dizaine de régiments soit une moyenne de 10. 000 hommes. Le Général de division commande normalement une division composée de cinq à dix brigades soit une moyenne de 70. 000 hommes.
Les généraux de division, dans le grade le plus élevé de la hiérarchie, peuvent se voir attribuer différents postes, comme chef d’état-major particulier du président de la République, inspecteur général des forces armées et de sécurité, chef d’état-major des armées, chef d’état-major de l’armée de terre, chef d’état-major de la garde nationale, chef d’état-major de la gendarmerie entre autres.
La loi avait fixé conformément à l’article 24 du décret n° 64.134 du 3 août 1964, les limites d’âge supérieures suivantes, aux différents grades d’officiers, au-delà desquelles ils doivent faire valoir leur droit à la retraite : 45 ans pour le sous-lieutenant et le lieutenant, 48 ans pour le capitaine, 50 ans pour le commandant, 52 ans pour le lieutenant – colonel, 55 ans pour le colonel et 58 ans pour le général.
Au début de l’année 1986, certains colonels membres du CMSN, atteints par la limite d’âge au 31 décembre de la même année, avaient demandé au président du CMSN, sachant que l’effectif de l’armée nationale n’autorise pas la nomination au grade de général de brigade, de leur accorder la même limite d’âge que celle du général de brigade. Par décret n° 86-052 du 19 mars 1986, le président du CMSN avait fixé la limite d’âge du grade de colonel à 58 ans.
Le premier général
En 2001, pour la première fois dans l’histoire du pays, le tableau d’avancement des officiers de l’armée nationale va comporter le grade de général de brigade au profit du colonel Moulayeould Boukhreiss, chef d’état-major national, atteint par la limite d’âge à son grade à la fin de l’année.
Il sera nommé le 31 décembre 2001 au grade de général de brigade et, comme la limite d’âge de ce grade est identique à celle de colonel, le général sera mis à la retraite le même jour et sera remplacé à son poste par son adjoint le colonel Mohamed Lemineould N’diayane. Il n’avait porté son grade que pendant vingt-quatre heures. Ce jour – là, le général ne portait aucune décoration, (voir photo).
On comprend que le président du CMSN avait voulu faire cette faveur exceptionnelle à son fidèle ami en le faisant profiter d’une retraite de général de brigade qui n’était d’ailleurs pas très alléchante. Au cours de cette année 2001, le général Boukhreiss avait sollicité le génie de ses officiers pour concevoir la forme à donner au nouveau grade qu’il fallait absolument créer pour la circonstance.
Ses officiers n’ont pas trouvé mieux que de lui proposer un amalgame illisible de décorations avec au milieu deux étoiles pour le général de brigade et trois étoiles pour le général de division, comme pour imiter l’armée française dont les officiers supérieurs et subalternes portent des barrettes comme à la Garde nationale.
Alors que le colonel a cinq étoiles dorées, le divisionnaire n’a que trois étoiles comme le capitaine et le brigadier n’a que deux étoiles comme le lieutenant. Il aurait été plus cohérent, de continuer dans le processus des étoiles, six étoiles pour le général de brigade et sept étoiles pour le général de division.
Promotion frauduleuse.
La nomination des trois généraux qui vont suivre, est le résultat d’un véritable coup de force contre la réglementation en vigueur, facilité par le premier gouvernement civil après le 10 juillet 1978.
En effet après avoir réussi à réaliser la première alternance pacifique, acceptée par tous, en mars 2007, et s’être débarrassé des gênants boucs émissaires que constituent le président du CMJD et son chef d’état-major, qu’ils étaient obligés d’utiliser le 3 août 2005 pour réussir ce changement dans le respect de la hiérarchie militaire, les deux principaux putschistes, insatisfaits des résultats de la transition CMJD, avaient commencé au début de l’année 2008, à mijoter une reconquête du pouvoir, par la force.
Le 3 août 2005, ces boucs émissaires étaient incontournables. Le président du CMJD étant l’officier le plus gradé dans le grade le plus élevé, sa présence rassurait l’institution, et sa notoriété confortait les soutiens du système. Quant au second, étant l’adjoint du chef d’état-major écarté, il avait l’ascendance légitime, indispensable pour obtenir l’obéissance des commandants de grandes formations, qui d’ailleurs n’étaient pas particulièrement exigeants, ce jour-là.
En mars 2008, informé de l’imminence de sa nomination au grade de général de brigade, ce binôme assoiffé de pouvoir, ayant raté ainsi la première occasion pour accéder à la magistrature suprême, avait profité de la négligence du président de la République, de la naïveté de son premier ministre, qui leur avait prêté main forte, et de l’efficacité de leur joker, au ministère de la Défense, pour faire abroger, les articles 10, 11 et 24 du décret N° 64 -134 du 3 aout 1964 fixant l’avancement des officiers de l’armée nationale, en vue de préparer leur prochaine conspiration.
L’abrogation des articles 11 et 24 n’était qu’une manœuvre de diversion, comme la suppression du sénat annoncée le 3 mai dernier. L’effet majeur recherché par ce binôme, c’était l’abrogation de l’article 10, qui consiste à ramener les conditions d’ancienneté requises pour l’obtention du grade de général de brigade, de 4 à 2 ans, uniquement pour permettre au 2ème mousquetaire, qui ne remplissait les conditions d’avancement à ce grade qu’au 1er avril 2009, d’accéder à ce grade au cours de l’année 2008, en même temps que son compagnon, le 1er mousquetaire, qui lui, remplissait les conditions requises le 1er janvier 2008.
La nomination du premier mousquetaire au grade de général de brigade, seul au cours de l’année 2008, pouvait l’exposer à une nomination au poste de chef d’état-major des armées, étant l’officier le plus gradé dans le grade le plus élevé, fonction qui l’éloignera du poste stratégique de commandant du BASEP, indispensable pour la reconquête du pouvoir. Ne pouvant prendre ce risque, il n’avait d’autre choix que d’aller avec le deuxième mousquetaire, quémander ensemble le premier ministre, en utilisant tous les moyens possibles et inimaginables, pour l’amener à accéder à leur doléance, l’abrogation du texte en question étant exclusivement de sa prérogative.
Cette manœuvre immorale, qui a pour but d’obtenir l’ascendance légitime, indispensable pour asseoir leur autorité sur l’institution militaire, prouve qu’ils avaient l’intention de réaliser leur putsch au cours de l’année 2008. Pour ce faire, ils avaient déniché le troisième mousquetaire, particulièrement docile et obéissant, qu’ils avaient placé à la tête de l’armée nationale et qui devait non seulement se contenter de la dernière place, mais qui devait surtout en être fier.
C’est pour la première fois dans l’histoire des armées du monde, qu’un chef d’état-major élabore une proposition de nomination à un grade supérieur le concernant, qui le place en dernière position après ses subordonnés. C’est une absurdité.
La nomination inopportune, et non méritée, de ces trois mousquetaires au grade de général de brigade, devant une cinquantaine de colonels, remplissant les conditions requises, tous plus anciens- certains de plus de 10 ans – a contribué à décapiter le commandement de l’armée nationale et à ébranler sa pyramide, gage de cohésion, de stabilité et de discipline. Pourtant toutes les dictatures militaires, qui se sont succédé depuis plus d’une trentaine d’années, n’ont jamais abrogé une loi ou un décret, pour satisfaire les caprices d’un homme ou d’un groupe de personnes.
D’ailleurs, le Lieutenant-colonel, président du CMSN en 1980, avait refusé de signer le projet de décision du tableau d’avancement des officiers, qui le plaçait à la tête des nouveaux promus pour le grade de colonel.
Parce qu’il trouvait indécent de signer un acte portant sa propre nomination à un grade supérieur, et avait gardé son grade de lieutenant-colonel jusqu’à sa retraite. Voilà un bon exemple de probité morale, conforme à la déontologie des officiers, qui fait grandement défaut par les temps qui courent.
En entérinant cette supercherie, qui place ce trio conspirateur au sommet de la hiérarchie de l’armée nationale, lui légitimant l’ascendance indispensable pour obtenir l’obéissance de toute l’institution – but recherché en l’absence de boucs émissaires – ce gouvernement démocrate avait ouvert la porte à la conspiration, en traitant avec beaucoup de légèreté, cette chose très sensible et très sérieuse que constitue l’avancement des officiers.
Quatre mois et 16 jours après cette frauduleuse promotion, le 6 août 2008, un général chef d’état-major particulier du président de la République, et commandant du bataillon de la sécurité présidentielle, démis de ses fonctions de chef d’état-major particulier, par décret en date de ce jour, et non de ses fonctions de commandant du BASEP, convaincu par le DGSN, lui aussi relevé de ses fonctions, fait appel, dans un premier temps, à son cousin, un lieutenant – colonel copilote de son état, avec lequel il n’a aucun lien de commandement, pour mettre à sa disposition un peloton renforcé du BASEP, qui lui aussi n’a aucun lien de subordination avec ce copilote, en vue d’arrêter le chef d’état-major national, fraichement désigné, dans son bureau.
Cette humiliante intrusion dans ce haut commandement, que personne n’a dénoncée, démontre que l’armée avait perdu tous ses repères, et que la tribu s’est installée au cœur du système, au détriment de la République.
Dans un deuxième temps, le premier mousquetaire ordonne au troisième mousquetaire, lui aussi démis de ses fonctions, d’arrêter le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur sous sa protection. Celui-ci s’exécuta.
A la fin de la journée, le général de brigade, commandant de bataillon, remplace le président de la République, dans ses fonctions, avec le soutien honteux et ridicule de la majorité des parlementaires, et annule le décret présidentiel le démettant. Une énième junte s’installe et s’arroge le droit, comme d’habitude, de changer la constitution, avec un nouveau mode d’action, préconisé par nos juristes conspirateurs, spécialistes de la chirurgie constitutionnelle.
Cette fois, les 12 membres du Haut Conseil d’Etat s’attribueront seulement le pouvoir exécutif, (12=1). Le parlement détenteur du pouvoir législatif, majoritairement complice de la conspiration, sera maintenu. Paradoxalement, le Président de l’opposition démocratique décida de soutenir ce putsch et réussit rapidement à le faire accepter par une communauté internationale, très indulgente en pareille circonstance.
Si l’article 10 du décret N° 64 -134 du 3 aout 1964 n’avait pas été abrogé dans l’ombre, ces trois conspirateurs n’auraient jamais osé traverser le Rubicon, ce 6 août 2008. C’est donc ce gouvernement civil élu démocratiquement, ainsi que son parlement, qui sont responsables chacun en ce qui le concerne, de cette conspiration, qui a mis fin au rêve démocratique de tout un peuple, meurtri par plus de trois décennies de dictature militaire, et provoqué le saut vers l’inconnu qui s’en est suivi.
Légende de la photo
De gauche à droite: on voit la tête du colonel Boukhary, le colonel SY, le Col Ely Val, la tête du col/medecin Meida, le général Boukhreiss, derrière le général avec casquette le col Sidi O. Sidelmoktar, toujours derrière le général, on voit deux têtes, à gauche le colonel Hawbett et à droite le col Meguet, puis le colonel Oumar Ould Beybecar debout à gauche du général, puis la tête du col Md Lemine O. Taleb, ancien attaché militaire aux USA, puis debout derrière OuldBeybecar, le col Elhadi O. Seddigh, le colonel O. Tweir Ejenna et à l’extrême droite, le futur général Elbourour.
le calame
Nouvelles d’ailleurs : Des Haratines et des lapins…
Les Haratines font trop d’enfants (version azizienne du « se multiplier comme des lapins »), a dit notre Sultan, lors de son discours de Nema. Discours « historique », à mettre aux côtés de moults autres discours « historiques ». Les Haratines font trop d’enfants. Moi, je rajouterai: les Haratines sont pauvres donc les pauvres font trop d’enfants.
Histoire de bien camper le décor et d’arrêter de se prendre les pieds de pseudo-sociologue dans le couscous. Et, comme ils font trop d’enfants, il est difficile de les aider et il leur est quasiment impossible de tous les envoyer à l’école. Ils font trop d’enfants donc ils sont les fossoyeurs de leur propre développement.
Je ne sais pas vous mais, moi, je trouve que le grand air de Néma, la belle de l’Est, lui va bien, à notre Président : il se sent pousser des ailes, plonge, avec délice, dans ce qu’il aime le plus : la rencontre avec le peuple. Soi-dit en passant, ce peuple de Néma, venu, sagement, l’écouter, était constitué, en grande partie, de Haratines qui ont donc appris que, d’un ils se reproduisent trop ; que, de deux, ils se reproduisent trop. Notre Sultan a donc découvert l’eau chaude, à savoir que, plus on est pauvre, plus on a des enfants.
Il a, en plus, inventé le fil à couper le beurre, en affirmant que les Haratines sont des lapins, en plus d’être des Haratines, en plus d’être des pauvres, en plus d’être la communauté la plus malheureuse de notre pays, en plus d’être les exclus.
Quand je vous dis que l’air de Néma y est sûrement pour quelque chose… Nous voilà donc édifiés sur la libido des Haratines, leurs mœurs sexuelles, leurs préférences. De là à ce qu’on nous ponde le Kama Sutra version Nous Z’Autres, il ne manque qu’un poil de c… de chameau. Nous ne sommes pas loin du délit d’atteinte aux bonnes mœurs, là.
Mais revenons à nos « lapins » de Haratines qui ne trouvent rien de mieux à faire que de se reproduire à trop grande échelle. Et qui se sabordent tous seuls. Si vous me permettez, Monsieur/Excellence/Roi de Mauritanie et Commandant en Chef, de vous répondre, je vous dirais ceci : oui, les Haratines ont souvent des familles nombreuses et oui, ils sont les pauvres parmi les pauvres de notre pays.
Et, oui, les pauvres font trop d’enfants. Non pas que les femmes aiment cela mais parce que la pauvreté exclut, de fait, l’accès aux politiques de planning familial. Parce que, quand on est pauvre, on n’a pas accès à l’école. Parce que, quand on est pauvre, on est loin, très loin, des mesures de santé publique.
Oui, les pauvres font trop d’enfants. Et quand on est et haratine et pauvre, on est doublement exclu.
D’abord, une exclusion culturelle, celle que j’appelle de la mémoire : pendant des siècles, les maîtres étaient bien contents que les esclaves aient beaucoup d’enfants, main d’œuvre gratuite et facile. Quand, parfois, ce n’était pas les maîtres qui aidaient à cette natalité galopante. Les oulémas d’antan ont bien ancré ceci dans la tête des esclaves. La leçon a été retenue.
Puis une exclusion économique qui fait, des Haratines de ce pays, les pauvres parmi les pauvres, les miséreux par excellence, les bataillons du tâcheronnat. L’ignorance engendrant l’ignorance, ils ont perpétué des modes familiaux traditionnels. Mais de là à dire que seuls les Haratines font trop d’enfants, je trouve qu’il y a aveuglement. Il suffit de nous promener dans nos familles pour voir que l’apanage de la reproduction infinie n’existe pas seulement chez les Haratines.
Il est un fait établi, aussi, que, plus on est riche, moins on fait d’enfants. Mais, plus on est riche, plus Madame peut se payer la pilule ou le stérilet, et le gynéco qui va avec. Je ne voudrais pas vous vexer, Monsieur, mais si vous acceptiez de jeter un œil du côté de la polygamie, vous remarqueriez ces grandes familles nombreuses où des flopées de gosses courent dans tous les sens.
La famille nombreuse n’est pas l’apanage des Haratines, loin de là. Elle est même quasi la règle. Et moins on est riche, plus on se multiplie. Alors, j’aurais préféré que vous parliez, en général, sans avoir besoin d’indexer, encore une fois, une communauté qui porte beaucoup de choses sur ses épaules, enfermée dans les fantasmes, dans la hiérarchisation de nos sociétés, dans nos regards tout sauf égalitaires.
Être Haratine, est déjà lourd, très lourd comme héritage. N’allez pas y ajouter une sexualité pseudo- débridée. Ce n’est pas aux Haratines d’arrêter de faire des enfants. C’est à l’État d’assurer l’égalité de droits et de traitements à tous ses enfants.
C’est à notre État – cet État dont vous claironnez, partout, qu’il est riche, que tout va bien économiquement chez nous, que nous vivons dans le plus merveilleux pays qu’il soit – de lutter contre la pauvreté ; non pas à coups de plans, de programmes ponctuels qui permettent de mettre le cousin de tel ou tel à la tête de tel ou tel organisme, cooptation entre gens aisés et éduqués et faisant peu d’enfants ; c’est à notre État d’offrir une école digne de ce nom à tous ses enfants, haratines compris, surtout haratines ; c’est à notre État de permettre, aux femmes, l’accès à la contraception gratuite, au planning familial.
C’est à notre État de lutter contre les divorces à répétition qui laissent des milliers de femmes pauvres dans le dénuement total, avec charge d’une flopée d’enfants.
Donnez une vie meilleure aux pauvres et, vous verrez, ils feront moins d’enfants. Apprenez aux femmes la maîtrise de leur corps et de leur sexualité. Apprenez aux hommes l’usage des contraceptifs. Ouvrez les écoles et vous formerez des gens éduqués. Mais, de grâce, n’enfermez pas une communauté dans les clichés les plus bas, les plus ignorants.
On ne parle jamais aussi bien de ce qu’on ignore. Vous semblez donc ignorer beaucoup de choses, ayant eu la chance d’échapper à ce destin de descendant d’esclave. Vous avez, peut-être sans le vouloir, renvoyé les Haratines aux pires clichés d’une présupposée sexualité débridée. De là à laisser penser, à tous les farfelus de notre pays, que les Haratines, étant noirs, sont donc des « lapins » en puissance…
La question des Haratines, ce que vous appelez les « séquelles de l’esclavage », mérite plus de hauteur, plus de courage, plus d’abnégation. Et non pas une série de clichés collés à d’autres clichés.
Oui, les Haratines font beaucoup d’enfants ; oui, ils sont pauvres, extrêmement pauvres. Parce qu’ils sont loin d’avoir accès à une école digne de ce nom. Parce qu’ils sont entassés dans des ghettos à Haratines où misère et violence font bon ménage. Parce qu’ils sont les nouveaux esclaves économiques.
Parce qu’ils portent cette marque « infamante » de l’esclavage passé ou actuel. Parce qu’ils sont notre honte collective. Parce qu’aucun homme politique de ce pays n’a demandé pardon, en notre nom, pour ce crime d’esclavage. Parce qu’ils sont la proie de prêcheurs en tous genres.
Il suffirait de retourner la question et de se demander, tout simplement : « En quoi l’État a-t-il failli dans sa mission d’assurer paix et prospérité à tous ses citoyens ? » ou « En quoi nos mentalités ont-elles permis ces fantasmes sur les Haratines ? » Indexer une communauté n’est pas gérer un pays. C’est tomber dans la facilité. Salut,
Mariem Mint Derwich
le calame